Stellane
Auteur : haniPyanfar
o – o – o – o – o – o – o – o
Deuxième partie : Stellane et Harry Potter.
o – o – o – o – o – o – o – o
Chapitre 8 : L'anniversaire de Stellane.
o – o – o – o
Dimanche 20 mai 2007, tard le soir.
Allongée sous sa couette légère, Stellane repassait dans sa tête les événements qui s'étaient succédés pendant cette mémorable journée.
Son septième anniversaire qui par chance tombait un dimanche.
Une fête magnifique que rien n'était venu gâcher.
Et surtout son acceptation définitive parmi le Peuple Vélaa. Des souvenirs merveilleux ...
... Dont l'un trônait sur le fauteuil, dans un coin de sa chambre : son costume de Vélane ! Des dessous très fins composés d'une chemise et d'un pantalon court en linon délicat. Et une robe longue aux mille plis vaporeux avec de courtes manches papillon et une large ceinture à nouer dans le dos.
Sur le bureau était posée sa couronne de feuilles et de fleurs, la marque de son passage de l'enfance à l'adolescence selon le temps vélaa. Et par terre se trouvaient les sandales de jonc tressé, si rustiques et si confortables ! Une fois qu'on les avait au pied, on ne voulait plus les quitter !
C'était son costume pour la vie ! Elle n'en aurait pas d'autre. Chaque Vélane en recevait un le jour de son septième anniversaire. Il ne se salirait et ne s'abîmerait jamais. Il la protégerait de tout mal. Il grandirait avec elle et ne disparaîtrait qu'après sa mort. Car il était magique. Les Vélaa en avait un aussi mais il était composé d'un pantalon souple et d'une tunique près du corps assez longue.
Pour le tissu, on utilisait le lin. Dans la Forêt Magique, il y avait une grande clairière où il poussait à l'état sauvage. Tous les ans, en été, les Vélaa hommes allaient le couper après la floraison et le mettaient à macérer dans le petit lac voisin, où poussaient également les joncs souples qui servaient à faire les sandales. Le plus dur était ensuite d'écraser les tiges et de récupérer les fibres qui servaient à préparer le fil.
Puis venait le travail des Vélanes. C'étaient elles qui le filaient, l'embobinaient, puis le tissaient sur sept métiers si anciens que plus personne ne savait d'où ils venaient et qui les avaient fabriqués. Selon l'usage qu'on en ferait, elles préparaient de la toile assez épaisse, pour les hamacs par exemple, ou du tissu léger pour les costumes, et enfin de ce linon, si délicat qu'il en était presque transparent, pour les vêtements de dessous.
Les Vélaa ne se servaient pas de teinture mais avant d'être utilisé, le tissu était plongé pendant quelques jours dans un bassin où poussait une longue algue verte. Elle avait la propriété de blanchir tout ce qu'on mettait dans son eau car elle produisait des bulles d'oxygène qu'on voyait bouillonner autour d'elle. Tout se faisait de manière naturelle, sans avoir recours à des produits nocifs. Les Vélaa respectaient trop la Nature pour ça !
Après le rinçage, on mettait les longues pièces de tissu à sécher sur l'herbe au soleil, ce qui fixait définitivement leur blancheur. Puis on les roulait et on les rangeait dans une caverne bien sèche. Quand venait le temps de préparer de nouveaux costumes, on avait de la réserve. Les Vélaa mâles coupaient le vêtement désiré selon un patron unique car il s'adapterait par magie à la personne concernée. Les Vélanes cousaient avec de fines arêtes de poisson en guise d'aiguilles, en portant sur le majeur un dé d'écorce.. Le travail était bien réparti et chacun y trouvait son compte.
Les Vélaa et Vélanes ne possédaient pas la puissance des sorciers. Ils n'utilisaient d'ailleurs pas de baguette magique et ne prononçaient pas de sortilèges mais leur essence même était magique. Tout ce qu'ils faisaient était imprégné de magie, la plus visible étant bien sûr le pouvoir de séduction des Vélanes. Les Vélaa hommes n'étaient "attractifs" que les nuits de pleine lune, surtout pour les Matrimoniales.
Mais bien sûr, Stellane ne pensait pas si loin. Elle revoyait seulement les péripéties de la fête qui l'avaient marquée :
L'accueil chaleureux des adolescents vélaa venus de si loin pour la voir.
L'arrivée solennelle de la Première et de sa suite dans le salon d'honneur du Ministère.
L'expression de surprise et d'admiration de Harry et de tous les invités humains mâles derrière leur vitre protectrice ! Ah ah ah ! Très drôle !
Les discours officiels et la découverte pour la plupart des participants du langage des autres, en particulier des accents chantants de la langue vélaa.
Et puis ce tabouret où elle s'était assise, très impressionnée, toute seule au milieu de la salle, face à la Première pour " l'interrogatoire ". Un moment difficile à passer.
La cérémonie ensuite. Le "sacrifice" qui prouvait qu'elle acceptait de quitter l'enfance pour entrer dans une période nouvelle. Le recours aux quatre éléments. Le fameux costume dont les Vélanes lui avaient expliqué les propriétés magiques. Le serment et la couronne. Et enfin la joie débordante de toutes les personnes présentes pendant la fête qui avait suivi.
Les chants ! Les danses ! Les deux buffets, le sorcier et le vélaa ! Avec bien sûr des boissons sans alcool ! Pas question de déclencher une opération séduction des Vélanes ! Ça aurait été l'émeute ! Même avec la vitre blindée qui isolait les hommes ! Déjà que les vieux sorciers du Magenmagot se tortillaient un peu sur leurs fauteuils, que Ron, Justin et Neville avaient les yeux exorbités et que Harry lui-même bavait un peu !
Mais côté féminin, on rigolait ferme et on chahutait avec les quatre adolescentes et les trois jeunes garçons vélaa venus en délégation pour fêter leur nouvelle compagne ! Même si elle n'était qu'à demi Vélane, ça n'avait aucune importance ! Heureusement, il n'y avait eu aucune transformation et aucun incident.
" Une journée formidable, pensait Stellane en bâillant. Inoubliable ! "
Elle envoya un baiser à la photo magique de son père. Elle pensa un peu tristement qu'elle aurait bien aimé qu'il soit à ses côtés ce jour-là. Elle espérait toujours le revoir mais avec le temps, l'image qu'elle en gardait s'était un peu figée. Elle avait grandi. Sept ans, c'était déjà un âge considérable ! Elle n'était plus une enfant ! D'ailleurs pour la première fois, Mimsy ne dormait pas dans sa chambre ! Elle se tourna de côté et s'endormit. La journée avait été excellente ... longue ... fatigante ... formidable ...
o - o - o - o
Une journée qui avait demandé une préparation minutieuse et causé pas mal de soucis. D'abord, quand la Première avait annoncé l'importance de sa suite. Harry avait alors compris que la cérémonie ne pourrait se faire chez lui. Même en agrandissant les pièces par magie, il n'y aurait pas assez de place. D'autre part le Ministre désirait rencontrer la Première puisqu'elle venait d'être élue par son peuple.
Trois difficultés immédiates : le lieu à choisir, le transport des invités et bien sûr, l'attraction. On ne pouvait demander aux Vélanes de fermer les yeux, comme Griselda Marchebank l'avait exigé un jour dans le Hall du Ministère. Si des humains mâles devaient être présents, il fallait les mettre à part et surtout les protéger.
On avait donc décidé que la cérémonie se ferait dans le grand salon d'honneur du Ministère et qu'une vitre blindée magique isolerait une partie de la pièce. Un sortilège puissant, prononcé par les Langues de Plomb, réduirait considérablement la puissance du charme vélaa sans toutefois l'annuler complètement. C'était impossible.
Le Ministre de la Magie, plusieurs membres masculins du Magenmagot, Harry et ses amis pourraient donc participer de loin à la fête. Mais ils auraient tous un peu chaud et sans doute boiraient-ils sec. Sans alcool cependant ! Trop dangereux pour leur libido et leurs hormones ! C'était ça ou rien.
Le voyage ensuite. Il avait fallu, comme pour la Coupe du Monde de Quidditch, prévoir plusieurs portoloins et les programmer pour l'aller et le retour à des horaires très précis. Pas question de désartibuler les voyageuses avec de fausses manœuvres ! Les atterrissages se feraient sur le toit du Ministère à cinq minutes d'intervalle, le temps pour les arrivants de descendre juste en dessous, au niveau un, où se trouvaient les appartements du Ministre et les salons de réception.
La fête ayant par chance lieu un dimanche, la plupart des employés seraient en congé. Seule serait présente à chaque étage une équipe d'Aurors pour la sécurité. Un fou des Vélanes pourrait chercher à les approcher ! Les couloirs et les escaliers seraient condamnés et les ascenseurs bloqués juste après l'arrivée des invités humains. Tant pis pour les retardataires !
Les sorciers seraient sur place les premiers, les hommes pour se mettre à l'abri, les filles et femmes pour accueillir dignement les visiteuses à leur arrivée. Le Ministre resterait derrière la vitre et serait représenté de l'autre côté par la doyenne, Griselda Marchebank qui parlerait et agirait en son nom.
Seraient aussi présents six autres membres masculins du Magenmagot et six représentantes féminines. Il fallait faire honneur à la Première Vélane en respectant le nombre sacré : sept ! Le choix avait demandé du doigté et de la diplomatie. il y avait eu des rivalités, surtout parmi les messieurs. L'occasion était unique !
Harry avait invité tous ceux que Stellane aimait et qui l'avaient entourée d'affection pendant son enfance. Les Weasley, Arthur et Molly, Ron et Hermione, Bill, Fleur et leur fille Victoire qui avait le même âge que Stellane. Seul Georges avait décliné l'invitation. Il ne participait à aucune fête. Charlie était en Roumanie où il se passait de drôles de choses. Gabrielle serait présente aussi, bien sûr. Elle et sa grande sœur soutiendraient Stellane pendant l'épreuve.
La joyeuse équipe des Aurors dont Harry faisait partie serait là aussi. Pas question de rater un coup pareil ! Hannah et Luna, pour une fois sans son rat, plus Susan et Parvati, les ex-copines et néanmoins amies de Harry d'un côté, Justin de l'autre, avec Neville, chercheur dans une serre expérimentale et Seamus devenu juge suppléant depuis peu. Tous des fidèles et presque tous célibataires ou divorcés, c'est-à-dire aussi volages que Harry. Une belle flopée de copains qui aimaient se retrouver le soir et faire la fête.
Du côté des Vélaa, l'assistance serait nombreuse aussi. Quatre groupes de sept personnes atterriraient sur le toit à intervalles rapprochés. D'abord deux groupes de six Vélanes et un Vélaa, dont on ne savait pas grand chose sauf qu'ils étaient les organisateurs de la fête côté vélaa.
Ensuite un groupe de jeunes adolescents ayant eu sept ans dans les jours précédant l'anniversaire de Stellane, - et c'était une grosse surprise et une immense faveur car d'habitude, ils ne sortaient jamais de la Forêt Magique avant d'être adultes. -
Puis la suite de la Première, toujours composée de six Vélanes et d'un Vélaa.
Et enfin la Première accompagnée, chose exceptionnelle, par Atanase Borodisov, le fils aîné du Comte, représentant le Ministère de la Magie Bulgare et chargé d'aplanir les difficultés s'il s'en présentait, et par les deux demi Vélanes, ambassadrices en pays moldu et interprètes puisqu'elles seules parmi la délégation parlaient couramment l'anglais.
Cependant, des deux côtés de la barrière linguistique, chacun avait été prié de faire des efforts. Les sorciers avaient appris plusieurs phrases en vélaa, en particulier les formules de politesse et quelques expressions plus amusantes qui pouvaient émailler les conversations. Les Vélanes et Vélaa connaissaient une centaine de mots anglais, ils avaient bonne mémoire puisque toute leur culture était orale, mais ils ne savaient pas toujours les assembler correctement.
Les adolescents comptaient sur leur spontanéité et leur jeunesse pour communiquer sans problèmes. Un peu de langage du corps, beaucoup de gestes ... de toute façon, Stellane était bilingue. Et puis pour chanter et danser, pas besoin de parler ! C'était ça qui comptait dans une fête ! Et manger des bonnes choses et découvrir les fameuses boissons pétillantes moldues dont on leur avait parlé ! Ils en rêvaient tous et enfin le grand jour était arrivé !
o - o - o - o
Dimanche 20 Mai 2007, Ministère de la Magie, niveau un, onze heures.
Tous les invités humains étaient présents, vêtus de leur plus beau costume. Dans leur bocal de verre, les hommes arboraient les couleurs de leurs Maisons et sur le parquet ciré, les dames avaient des robes longues en soie ou en satin. Le Ministre portait son uniforme chamarré, robe de sorcier mauve ornée de broderies violettes, ouverte sur un complet noir, avec une écharpe d'argent barrant sa poitrine. Griselda était en gris et jaune puisqu'elle appartenait à la Maison Pouffsouffle.
Il n'y avait que deux enfants, Victoire Weasley en robe rose et Stellane en robe verte. Personne ne devait être habillé en blanc, couleur réservée au Peuple Vélaa. Des elfes du Ministère avaient disposé des chaises et des fauteuils tout autour de la salle. Le centre restait vide.
Près d'un mur, sous un tableau représentant Phineas Duke, célèbre Ministre et réformateur du dix-huitième siècle, une place d'honneur attendait la Première. Sur une estrade basse trônait un superbe et antique fauteuil dont les pieds, les accoudoirs et le haut du dossier étaient sculptés en forme de branches souples et ornés de feuilles. Les coussins étaient vert tendre et moelleux. La Première apprécierait sûrement le privilège de s'y asseoir.
Le Vélaa prendrait place juste à sa droite mais en bas de l'estrade, sur un siège moins prestigieux. Les six Vélanes se répartiraient de chaque côté de la Première. Les Demi Vélanes avaient droit chacune à un tabouret. Ah le protocole ! Cette disposition avait été décidée en vue de " l'examen " que Stellane devrait subir pour son passage à l'adolescence vélaa. Il n'y avait aucune autre décoration dans la salle. Les Vélanes devaient s'en charger.
D'ailleurs le premier groupe arrivait, chargé de gros paquets. En quelques instants, il y eut des fleurs et des feuillages partout. Un agréable parfum de mousse et de forêt se répandit comme une brise fraîche. Certains colis furent remisés dans une pièce voisine, ils contenaient la boisson et la nourriture pour les agapes prévues plus tard.
Le second groupe créa la surprise en arrivant en musique. Le Vélaa frappait des mains en cadence sur un tambour de bois accroché à sa taille, trois Vélanes jouaient de la flûte et les trois autres dansaient en s'accompagnant sur des tambourins. Elles se mirent à évoluer au milieu de la salle et à chanter. Les hommes se rapprochèrent tous de leur vitre protectrice. Harry pensait à l'effet produit avant le match de Quidditch pendant la Coupe du Monde. Il aurait pu sauter par dessus la balustrade pour rejoindre les danseuses sur la pelouse du stade si Hermione ne l'avait pas retenu par le bras !
Les danseuses s'écartèrent pour laisser entrer les sept adolescents. Il y avait quatre jeunes Vélanes et trois Vélaa. L'année avait été favorable au côté masculin des naissances. C'était pour cette raison que l'ancienne Première avait été si furieuse de perdre Stellane ! Ils étaient tous beaux et souriants, tous pareils dans leur costume magique et pourtant tous différents de visage et de chevelure.
Ils saluèrent par une phrase en anglais dite à l'unisson puis s'avancèrent vers Stellane, très émue. Pas d'embrassade, pas de main tendue. Les Vélaa communiquaient par la vue et l'ouïe, pas par le toucher. Ils se présentèrent, Ludane, Regiane, Golvaa, Erviane, Brixaa, Dorgane, Flukaa.
"Je suis Stellane, Narcissa, Orcellane et voici mon amie Victoire, répondit la jeune fille.
Les invités se mirent à rire.
-Vic ... Victo ... ane ? Victane ?
Ils avaient du mal à prononcer son nom, le son oi n'existait pas en vélaa. Par contre, ils répétèrent seulement " Stellane " et montrèrent son front. La frange couvrait à peine la fameuse étoile. Ils riaient toujours et les deux fillettes en firent autant.
La suite habituelle de la Première arriva à son tour. Les six Vélanes et le Vélaa portaient aussi des paquets assez encombrants. Ils les déposèrent le long d'un mur. Tout semblait avoir été prévu pour le bon déroulement de la cérémonie. Les invités sorciers étaient pleins de curiosité. Cette fête promettait de nombreuses surprises.
Puis tous les Vélaa présents se regroupèrent et formèrent une haie d'honneur. Tout se figea. La Première apparaissait à la porte du salon. Elle était magnifique et imposait immédiatement le respect. Elle portait sur la tête une couronne de fleurs blanches en forme d'étoiles.
Aussitôt tous les Vélaa inclinèrent légèrement leur buste et saluèrent d'un geste ample du bras. Instruits par le Protocole, les Humains, même le Ministre, en firent autant. Cela ressemblait à une danse. Il y eut quelques notes de musique, chacun des invités gagna sa place. La réception commençait.
Il y eut d'abord la cérémonie officielle. Le Ministre et les membres du Magenmagot se tenaient bien raides derrière la vitre, en essayant de ne pas avoir l'air trop subjugués par la beauté des visiteuses. Heureusement, des deux côtés, les discours furent brefs. Chaque phrase était traduite par l'une ou l'autre des demi Vélanes. Il fut bien sûr question de bonnes relations et d'amitié entre les peuples, toutes ces belles phrases qu'on échange entre gens de bonne compagnie. Mais chacun savait que la vraie cérémonie était pour plus tard et qu'elle ne les concernait qu'indirectement.
Une journaliste était présente. Elle devait prendre des photos qui paraîtraient le lendemain dans la Gazette du Sorcier. Mais elle utilisait exceptionnellement un appareil moldu. Le charme vélaa pourrait agir sur les lecteurs si l'image était magique et donc animée. Le Ministre et la Première posèrent côte à côte, enfin chacun d'un côté de la vitre. Il y eut des bousculades pour la photo de groupe du Magenmagot, chacun cherchant à paraître à son avantage. Mais Harry avait demandé à ce qu'aucune photo de Stellane ne soit prise. Son anniversaire était une fête privée.
Le temps de la parole terminé, les officiels s'assirent à leur tour. Derrière la vitre, quelques messieurs s'épongeaient le front et se complimentaient intérieurement. Ils avaient tenu bon ! Ils pourraient prendre un air détaché en racontant l'entrevue à leurs épouses ! " Oui, elles sont belles mais de là à se jeter à leurs pieds ! C'est exagéré, je t'assure ! " ... Bon ... Passons ...
Harry et ses amis étaient un peu plus décontractés. Mais la première minute avait été périlleuse. Ils auraient bien tous renié leur célibat pour l'une ou l'autre des belles ensorceleuses ! Dans la salle, Hannah, qui pourtant disait préférer les femmes, avait craqué pour un beau Vélaa aux longs cheveux d'un noir de jais ! Et heureusement que Phinéas Duke ne pouvait pas quitter son tableau ! Il était cramponné au cadre et haletait du désir d'en sortir.
Il se calma un peu quand il vit la Première s'asseoir juste en dessous de lui avec sa suite. Il avait une vue imprenable sur l'assemblée. Les sorciers et sorcières s'étaient installés tout autour de la salle sur les sièges mais les Vélanes et Vélaa n'en avaient pas l'habitude. Ils préféraient la mousse et l'herbe de la Forêt et s'assirent donc en tailleur sur le parquet.
Il se fit un grand silence et la Première appela :
" Stellane Narcissa Orcellane Malfoy Vîîla !
La fillette se leva et, encadrée de Fleur et de Gabrielle, s'avança au milieu de la pièce. Tout avait été réglé d'avance. Harry avait insisté pour connaître les détails de la cérémonie. Il était hors de question qu'on demande à une si jeune fille de prendre des décisions qui l'engageraient pour l'avenir. Elle salua puis prononça d'une voix claire en vélaa puis en anglais :
-Je suis à l'écoute de la Première.
Dans la Forêt Magique, ses "cousins et cousines " avaient dit :
-Je suis au service de la Première.
Ils reconnaissaient ainsi être ses sujets et lui devoir une obéissance absolue.
-Ta mère appartenait à mon peuple, dit-elle, mais ton père était humain. Au moment de ta naissance, il a choisi pour toi. Aujourd'hui, tu as sept ans, l'âge de raison, l'âge de décider toi-même de ton avenir. Le peuple Vélaa par ma voix a une proposition à te faire. Mais avant, nous aimerions mieux te connaître.
Elle s'adressa ensuite à Fleur et à Gabrielle, traduite phrase après phrase par l'une des demi Vélanes.
-Je sais ce que vous avez fait pour cette enfant. Les Vélanes visiteuses ne tarissaient pas d'éloges à votre égard. Vous l'avez entourée d'amour tout en lui donnant une éducation solide. Les démonstrations d'affection ne sont pas d'usage dans notre peuple. Mais Stellane en avait besoin puisqu'elle est à moitié humaine. Nous vous remercions de toutes vos attentions. Nous appellerons sur vous les bontés de la Nature. Laissez-nous maintenant. Nous devons procéder à l'interrogatoire.
Fleur et Gabrielle saluèrent et rejoignirent les autres dames pendant qu'une Vélane apportait pour Stellane un tabouret. Elle s'assit, impressionnée mais attentive. Passée la première minute, cela fut très facile. Chaque Vélane, chaque Vélaa lui posa une question. Elles concernaient ce que les visiteuses lui enseignaient sur les coutumes de leur peuple, sur la Nature et les moyens de la protéger, tout ce qui intéressait la fillette quand elles venaient la voir.
Ses réponses claires, son air enjoué et le plaisir qu'on sentait en elle détendaient l'atmosphère. Il y eut des rires quand elle expliqua certaines choses à sa façon. Tout se passait bien. Derrière la vitre, Harry était rassuré. Puis la Première prit la parole.
-C'est parfait Stellane. Tu es digne du peuple de ta mère. Voici notre proposition. Elle est rarement faite, seulement deux fois dans les vingt dernières années et elle concernait les demi Vélanes qui sont ici présentes. Veux-tu rejoindre le peuple Vélaa tout en restant pour moitié dans le monde humain ? Tu vivrais avec nous une partie de l'année. Tu connaîtrais vraiment la vie des Vélaa. Mais tu continuerais aussi tes études sorcières. Tu pourrais devenir un lien entre les deux mondes. Qu'en penses-tu ?
Cette question avait été débattue avec Harry, Fleur et Gabrielle. Stellane donna la réponse envisagée.
-Mon père désirait que j'aie une éducation humaine. Je dois respecter sa volonté jusqu'à mes dix-sept ans, jusqu'à ma majorité sorcière. A ce moment-là, je pourrai décider par moi-même. Mais je vous remercie d'avoir aussi veillé à mon instruction vélaa. Grâce à vous et à toutes mes tantes visiteuses, je connais mes racines, je sais qui je suis. Je ne peux pas faire plus. Je suis trop jeune.
Il y eut des soupirs parmi l'assistance vélaa et les visages prirent un air de déception. La Première garda un moment le silence puis elle reprit, mais cette fois sans traduction :
-Avant de refuser, écoute ce que j'ai à te révéler. Ta destinée ne t'appartient pas totalement. Tu as été doublement marquée à ta naissance. Sais-tu ce que signifie ton second prénom vélaa, Orcellane ?
-Oui, orcelle veut dire la dernière, l'ultime.
-Et aussi au sens figuré, celle qui de ses mains tendues, referme une ronde. C'est l'une des figures de la danse vélaa. Ta venue au monde était attendue avec impatience. Pour la première fois depuis une centaine d'années, nous aurions atteint notre nombre sacré. Tu étais la trois cent quarante troisième Vélane et même si ta mère pouvait mourir après l'accouchement, ce qui lui est d'ailleurs arrivé, au moins pendant quelques heures, nous aurions formé un ensemble parfait, sept fois sept groupes de sept personnes. Les légendes disent que nous aurions apporté le bonheur sur terre en régénérant de nouveau toute la Nature. Mais ton père t'avait touchée et il a voulu te garder. Depuis, nous avons frôlé le nombre sans jamais l'atteindre. Mais ce n'est pas tout ...
Derrière la vitre, Harry commençait à s'inquiéter. Cet aparté entre la Première et Stellane n'était pas prévu au programme. Il se demandait ce que cela signifiait. Fleur et Gabrielle qui comprenaient assez bien le vélaa avaient l'air tendues. La Première continuait :
... La plus grosse surprise est venue de la marque apparue sur ton front. Cette petite étoile formée de quatre lignes qui se croisent. Je vais t'apprendre quelque chose que tu ignores. Autrefois, quand nous vivions sous terre, nous n'étions pas dans le noir absolu. Au plafond de notre immense caverne brillaient des milliers d'étoiles. Le roc était piqueté de pierres transparentes et au cœur de chacune d'elles, une substance lumineuse dessinait la même étoile que la tienne. De plus, ces lumières se reflétaient dans le lac qui occupait une moitié de la caverne. Nous vivions heureux, dans une douce clarté. Sous le soleil éclatant de la surface, nous en avons toujours gardé la nostalgie. L'étoile est pour nous le symbole de notre vie primaire. Voilà pourquoi tu es chère au cœur des Vélaa.
Elle s'arrêta, elle avait l'air d'attendre une réponse. Stellane ne savait que penser, que dire. Tous les regards étaient fixés sur elle, sur son front, sur ce signe qui la distinguait des autres. Elle était habituée à cette marque particulière mais en connaître la signification profonde pour les Vélaa la troublait. Cela voulait-il dire qu'elle devait les rejoindre ?
Harry aussi avait une marque au front. Et d'après ce qu'elle savait de la grande guerre, neuf ans auparavant, ce signe l'avait contraint à lutter contre Lord Voldemort, le grand mage noir. Il ne fallait peut-être pas contrarier le destin. Devait-elle renoncer en partie à sa vie humaine et choisir de devenir Vélane ? Un choix si difficile alors qu'elle n'avait que sept ans ?
Elle joignit les mains, ferma les yeux et baissa la tête. Harry se leva et se rapprocha de la vitre. Maintenant, il était inquiet. Il se passait quelque chose d'insolite. De là où il était assis, au milieu des dames, comme un pacha, Atanase Borodisov lui fit un signe d'apaisement. Le silence régnait, Les Vélanes et les Vélaa ne bougeaient pas, la Première regardait Stellane avec ... bonté, non comme une souveraine mais comme une mère.
Soudain entre elles, des images voyagèrent. La Forêt, une vaste clairière entourée de sept immenses arbres multicentenaires, une source abondante remplissant un bassin d'une eau claire. Plus loin, un énorme rocher abritant à sa base l'entrée d'une grotte ténébreuse au plafond piqueté d'étoiles. Partout des fleurs, des oiseaux, des insectes bourdonnants. Une brise fraîche qui faisait frissonner les feuilles des arbres. Et les rayons de soleil qui glissaient et miroitaient sur l'eau tranquille.
Les Vélaa dans leur milieu naturel. Se déplaçant avec grâce, chantant ou dansant, Se baignant dans l'eau fraîche, préparant les repas, ou dormant, étendus dans des hamacs de toile suspendus entre deux branches basses. Prenant soin de la Nature de leurs mains magiciennes. Une vie harmonieuse, montrée sous son jour le plus flatteur par une tentatrice !
A quoi Stellane répondit par d'autres images. Une maison de pierre aux murs protecteurs, une chambre douillette, des adultes et des elfes souriants, une école et d'autres enfants, des fous-rires, des jeux et surtout des livres ! ... Des livres ! Des dizaines de livres, sagement rangés dans une bibliothèque, qui n'attendaient qu'elle pour être ouverts et lui offrir leurs histoires. Elle en avait déjà lu beaucoup, elle les avait aimés, elle n'avait qu'une envie, découvrir les autres.
Elle avait su lire très tôt, dès la fin de sa quatrième année. Fleur avait remarqué sa précocité en la matière et avait répondu à ses attentes. Depuis, tous ceux qui venaient la voir lui offraient des livres. Il y en avait de toutes sortes, des contes, des histoires d'animaux, des comptines et des poèmes, des bandes dessinées, certaines moldues. Luna lui avait même donné un livre de cuisine ! Depuis, Stellane tannait Mimsy pour qu'elle la laisse essayer les recettes !
Cette soif de lecture l'avait mûrie. Elle avait un vocabulaire étendu et ses facultés de raisonnement était plus grandes que celles des enfants de son âge. En cela, elle se rapprochait du fameux " âge de raison ", le début de l'adolescence chez les Vélanes. Mais si son esprit était plus développé que celui de la moyenne, elle était encore enfantine par son caractère et ses sentiments. Elle avait besoin de protection et d'amour.
Derrière ses paupières closes, elle essayait d'imaginer une vie sans livres. Sans l'espoir que faisait naître un titre, sans le frisson de la première page, sans la découverte progressive et la plongée dans un autre monde, sans même le simple toucher de la couverture cartonnée et des pages qu'on tourne. Une vie sans livres ...
Et puis, pour elle, les livres étaient intimement liés au souvenir de son père. Elle se souvenait parfaitement de la bibliothèque du Château Borodisov. Elle y avait passé des heures pendant que son père classait et rangeait des centaines de volumes. Elle aimait l'odeur de papier, de parchemin et d'encre mélangés, le froissement des feuillets qu'on tourne, les conversations chuchotées troublant à peine le silence ambiant, toutes ces choses qui faisaient de cet endroit un lieu magique.
Et son père, cet homme qui lui paraissait alors si grand, si puissant, si beau, cette personne unique et superbe qui remplissait son univers, ce compagnon de tous les instants si tendre, si cher à son cœur. - le Maître des livres - Pouvait-elle renier le choix qu'il avait fait pour elle et aller vivre dans une forêt comme une sauvageonne ... comme une héroïne de roman ?
Difficile à envisager ! On était dans la vraie vie ! Et c'était cette vie qu'elle aimait ! Elle se sentait plus humaine que Vélane ! Plus tard peut-être, elle voudrait essayer autre chose. Mais pas maintenant, c'était trop tôt !
Comment expliquer cela à la Première qui avait organisé une telle fête pour elle, sans l'offenser et sans froisser le peuple Vélaa tout entier ? Le silence et l'attente duraient depuis trop longtemps. Elle ouvrit les yeux et se redressa mais déjà la Première reprenait la parole d'une voix douce.
" Ne dis rien, mon enfant. J'ai lu dans ton cœur. Si toi tu n'as pas encore fait ton véritable choix, nous, les Vélaa, nous t'avons élue. Tu es la porteuse de l'étoile. Nous désirons t'accueillir parmi nous et faire de toi une jeune Vélane. Tu n'auras aucune obligation particulière. C'est un cadeau que nous te faisons en souvenir de ta mère. Acceptes-tu de participer à ta cérémonie de passage à l'âge de raison ?
A ce moment, l'une des Demi Vélanes reprit sa traduction. Derrière la vitre, Harry poussa un soupir de soulagement. La cérémonie reprenait selon ce qui avait été convenu et répété à l'avance. Atanase Borodisov ouvrit les mains, l'air de dire " Vous voyez ? Tout s'arrange ! " Les rires et les conversations chuchotées reprirent parmi l'assistance. Et la réponse de Stellane sonna haut et clair.
" Oui, dit-elle avec un grand sourire. Je le veux. "
La Première fit un signe. Aussitôt, Vélanes et Vélaa se mirent en branle. Une organisation parfaite ! Les mystérieux paquets posés le long du mur furent ouverts. Ils contenaient entre autres plusieurs longues pièces de tissu blanc. En quelques instants, une tente fut installée au centre du salon. Le dais était soutenu par deux Vélaa et deux Vélanes, les bras levés, tenant en main un court bâton. Les côtés restaient ouverts pour qu'on puisse voir ce qui se passait en dessous.
Le beau parquet ciré du salon fut recouvert d'une terre noire qui sentait bon les feuilles mortes et la mousse. Au centre, on posa une grande coupe taillée dans un tronc d'arbre et on y versa l'eau d'une grosse corbeille, tressée si serré que l'extérieur restait sec. Tous les Vélaa s'assirent ensuite par terre autour de la tente.
Stellane s'était écartée, laissant la place aux préparatifs. Elle devait attendre qu'on l'appelle. La Première descendit de son estrade et reprit la parole.
-Stellane Vîîla, sept années terrestres se sont écoulées depuis le jour de ta naissance. Es-tu prête à quitter l'enfance et à entrer dans une nouvelle période de ta vie. ?
-Je le suis.
-Il faut le prouver. Quel sacrifice comptes-tu faire pour nous montrer que tu en es digne ?
Stellane avait décidé d'offrir en sacrifice le petit costume folklorique qu'elle avait porté à son arrivée à Londres. Elle y tenait beaucoup mais elle pensait que cet objet " parlerait " aux Vélanes. Elles le connaissaient. Les femmes bulgares le portaient encore les jours de fête. C'était mieux qu'un des jouets anglais offerts par Harry ou par ses amis.
Elle alla le chercher auprès de Gabrielle qui suivait la cérémonie avec envie. Elle aurait bien aimé se trouver à la place de Stellane ! Celle-ci déposa l'offrande aux pieds de la Première et recula. Les musiciens vélaa avaient repris qui leurs tambours qui leurs flûtes et se mirent à jouer en sourdine.
-Voici un précieux témoin de mon enfance, dit-elle. J'accepte qu'il soit brûlé et ne sois plus que cendre et souvenir.
Il y eut des chuchotements et des hochements de tête parmi l'assistance. Les sorciers et les sorcières ouvraient grands leurs yeux et leurs oreilles. La journaliste prenait des notes pour son article. Jamais personne n'avait assisté à une cérémonie vélaa. Voilà qui clouerait le bec à tous ces rétrogrades qui se croyaient supérieurs aux créatures magiques !
La Première prit une grande inspiration. Elle rapprocha ses deux mains et entre elles se forma une boule de feu. Elle la tint un moment sans que la flamme ne brûle sa peau et prononça une courte phrase aussitôt traduite :
-Par le Feu purificateur, premier des éléments ...
Elle projeta la boule brillante sur le petit costume qui se consuma en un éclair. Puis elle ordonna à Stellane d'ôter ses chaussures et d'entrer sous la tente. Elle poursuivit :
-Par la Terre nourricière, deuxième élément ...
Dès que Stellane eut posé ses pieds nus sur le terreau répandu sur le parquet, la musique se fit plus forte. La Première la rejoignit et sortit de sa robe un gobelet de bois. Elle se pencha sur le bassin, remplit le récipient et le tendit à Stellane.
-Par l'Eau vivifiante, troisième élément ...
La jeune fille but jusqu'à la dernière goutte. C'était l'eau de la source qui jaillissait dans la clairière. Elle était pure et fraîche. Puis les quatre porteurs du dais firent monter et descendre doucement leurs bâtons, provoquant sous la tente un vent léger.
-Par l'Air impalpable, quatrième élément ...
La musique se fit plus forte et plus rapide. Les Vélanes et les Vélaa commencèrent à onduler sur place. La Première prit une pose hiératique, ouvrit lentement les bras et se mit à resplendir. Les Humains présents en étaient presque éblouis. Ils se rendaient compte que jusqu'alors, les Vélanes avaient plus ou moins " retenu " leur puissance. Celle-ci éclatait maintenant avec une force telle que même les hommes derrière leur vitre blindée ne pouvaient y résister. Pétrifiés d'admiration, ils ne pensaient à rien d'autre qu'au magnifique spectacle qu'ils avaient sous les yeux.
D'une voix forte, qui couvrait la musique entraînante, la Première conclut l'invocation par ces mots :
-Par notre Magie inaltérable, cinquième et indispensable élément, Stellane Orcellane Vîîla, tu fais désormais partie de notre peuple !
Le rayonnement qui émanait de la Première s'élargit et engloba Stellane qui resplendit à son tour pendant quelques instants. Puis la lueur s'atténua, il n'en resta qu'une trace légère sur sa peau et ses cheveux. Seule, l'étoile de son front scintilla un peu plus longtemps, ressemblant sans doute aux mystérieuses lumières de la caverne.
Il y eut des " Viva ! " plusieurs fois répétés, des applaudissements, des claquements du tambour et des tambourins de bois. Les Vélaa semblaient avoir oublié où ils se trouvaient, ils agissaient comme s'ils étaient dans leur Forêt native. Leur joie était manifeste. Stellane se sentait accueillie avec plaisir par son nouveau peuple. Elle salua la Première puis toute l'assemblée en souriant largement.
-Apportez le costume, continua la Première.
Aussitôt, ses suivantes se dirigèrent vers les derniers paquets non ouverts. La jeune fille attendait cette partie de la cérémonie avec un peu d'inquiétude. C'était un moment délicat pour sa pudeur. Mais tout avait été prévu. La tente fut fermée à l'aide de longs voiles de tissu opaque. Il n'y eut à l'intérieur que la Première et ses six Vélanes.
Elles laissèrent Stellane se déshabiller. Quand elle fut toute nue, elle rougit un peu mais ce fut passager. Tout paraissait simple et naturel. De leurs mains réunies, ses " tantes " puisèrent de l'eau dans la coupe de bois et la firent couler sur son corps et ses cheveux. Elles échangèrent des regards entendus et sourirent en frôlant de leurs doigts les petits renflements recouvrant les ailes écailleuses au-dessus des omoplates, la preuve de la « Vélanitude » de la fillette. Elles la séchèrent avec une pièce de tissu fin. Puis elles entreprirent de l'habiller.
Le petit pantalon de dessous en linon descendait jusqu'à mi-cuisses et se serrait à la taille par un cordon. La chemise sans manches était ample mais pas trop. On s'y sentait à l'aise. La robe magique s'ajustait parfaitement à la grandeur de sa propriétaire. La ceinture une fois nouée était fixée définitivement à la bonne hauteur, juste sous la poitrine, et mettait tout le corps en valeur. Enfin les fameuses sandales de jonc, magiques elles aussi, protégeaient les pieds de toute blessure et de toute souillure !
Stellane ne regrettait qu'une chose : ne pas pouvoir se regarder dans un miroir. Les Vélanes n'en avaient pas, elles se miraient seulement dans l'eau des lacs. Elles passèrent légèrement leurs doigts dans les cheveux de la jeune fille, les laissant retomber librement dans son dos puis elles la tournèrent vers la Première qui approuva d'un signe de tête. A ce moment, les voiles qui fermaient la tente furent relevés et toute l'assistance put admirer la nouvelle jeune Vélane.
Derrière la vitre, Harry avait le cœur un peu serré. Il pensait à Draco et aurait bien aimé que ce soit lui qui assiste à la fête. Où était-il ? La question tournait dans sa tête. Il était toujours vivant. Comme Stellane il en était persuadé. Mais que s'était-il passé ? Quel mystère se cachait derrière sa disparition ? Presque quatre ans déjà et aucune nouvelle !
C'était le moment du serment. Les quatre adolescentes Vélanes et les trois jeunes Vélaa avaient rejoint Stellane. Ils l'avaient déjà fait à leur propre anniversaire mais tenaient à accompagner leur nouvelle " cousine ". La Première reprit d'une voix solennelle :
-Promettez-vous d'aimer, de respecter et de protéger la Nature qui vous entoure, particulièrement tout ce qui pousse de la Terre nourricière, du plus petit des végétaux à l'entité vivante que représente une forêt entière? Garderez-vous les eaux pures et surveillerez-vous le feu et les vents ?
-Nous le promettons, dirent-ils avec un bel ensemble.
-Stellane, l'arbre du temps de ta naissance est le châtaignier. Promets-tu d'en planter au moins un dans ta vie, de le regarder grandir et de goûter à ses fruits lorsqu'il sera parvenu à sa maturité ?
-Je le promets, répondit-elle toute seule d'une voix émue.
-Ces promesses t'engagent et font de toi, non plus une enfant insouciante mais une adolescente responsable de ses actes. Bienvenue parmi nous ! Approche !
Le Vélaa qui faisait partie de la suite de la Première s'était avancé. Il tenait en main une mince couronne faite d'une tige feuillue et de fleurs blanches tressées ensemble. La souveraine la prit et la posa sur la tête de Stellane en disant.
-Sois-en toujours digne, Stellane Vîîla !
De nouveau les "Viva !" retentirent, toute l'assistance vélaa se leva, la musique reprit, vive et entraînante et tout le monde se mit à chanter et à danser. La joie était contagieuse. Une farandole se forma et serpenta autour de la tente. Puis de petits groupes de six s'en détachèrent. Ils s'approchèrent des sorcières encore assises sur leurs sièges mais qui sentaient leurs pieds les démanger.
-Orcelle ! Orcelle ! disaient-ils en tendant les mains.
Fleur, Gabrielle, Victoire, Hermione, Luna, Hannah, Susan et Parvati ne furent pas longues à répondre à l'invite et à refermer les rondes sans même savoir ce que signifiait ce mot. Même Molly, Griselda et plusieurs de leurs compagnes se laissèrent tenter par un tour de piste. Tout le monde riait côté féminin tandis que côté masculin, les visages s'allongeaient et reflétaient l'envie et la frustration. Les membres du Magenmagot, tous un peu machistes, digéraient mal ce monde où les femmes étaient reines !
Parmi eux, Bill Weasley se sentait étrangement à l'aise. Il était le seul à ne pas ressentir l'attraction vélaa. Même lorsque la Première s'était illuminée, il avait pu l'admirer sans être obsédé par son aura. Etait-ce parce que son épouse avait du sang vélaa dans ses veines ou était-ce parce qu'il avait été attaqué par un loup-garou et en portait les marques sur le visage ? Il regardait Atanase Borodisov et aurait aimé être à sa place, de l'autre côté de la vitre.
Puis heureusement vint l'heure du lunch. La Première avait regagné son siège. Elle fit un signe. La musique ralentit puis cessa. De nouveau, on put admirer le sens de l'organisation des Vélaa. En quelques minutes, la tente fut repliée et la terre ramassée. Le parquet brilla de nouveau et les elfes apportèrent des tables rondes qu'ils disposèrent un peu partout.
La moitié fut bientôt recouverte des mets qu'ils avaient confectionnés, en veillant à ne pas utiliser de viande, l'autre moitié de plats vélaa, surtout composés de légumes, de poisson, de crustacés et de fruits. Les petits pains et les gâteaux embaumaient et chacun sentait la faim le tenailler. La cérémonie avait duré près de trois heures ! Il était temps de se réconforter !
Les messieurs ne furent pas oubliés. De leur côté aussi, la nourriture abondait de même que la boisson. Ils purent goûter à différents breuvages, assez corsés pour la plupart bien qu'étant sans alcool. L'élixir de prunelle en particulier brûlait un peu la gorge et une sorte de bière très mousseuse donnait tout de même quelques visions brouillées des choses. La recette très secrète incluait la présence de champignons assez particuliers ...
Quand les estomacs furent contentés, les jeunes reprirent les chants et les danses. Les sorcières entreprirent de montrer aux Vélanes quelques rythmes modernes avec de grands éclats de rire. Stellane s'en donnait à cœur-joie. Quelle fête merveilleuse ! Par contre, plusieurs membres féminines du Magenmagot, un peu épuisées, rejoignirent leurs homologues de l'autre côté de la vitre pour souffler un peu.
Bill se dit qu'il allait en profiter pour vérifier sa théorie, à savoir qu'il était capable de résister au charme vélaa. Il prévint le Ministre et Harry et passa la porte et le couloir communiquant avec le salon de réception. Même s'il fit son entrée le plus discrètement possible, il fut aussitôt remarqué par les Vélanes qui lui jetèrent des regards langoureux. Mais à leur grande surprise, il leur résista et rejoignit Fleur sur la piste de danse.
Une ronde venait de se former et il la referma de ses deux mains tendues. Toutes les autres personnes s'arrêtèrent et le regardèrent avec stupéfaction ! Et toutes applaudirent à la fin de la danse ! Il prit alors la main de Fleur, fit signe à Victoire de les rejoindre et se dirigea vers la Première qui leur sourit. Ils saluèrent et elle prit la parole. Ce qu'elle dit, traduit par une des demi Vélanes, confirma sa théorie.
" Jeune homme, vous avez la chance d'avoir une épouse en partie Vélane. La coutume veut qu'un Humain, séduit par une de nos filles, ne puisse plus s'attacher à aucune autre femme, même Vélane. Vos yeux sont remplis de son image, votre cœur lui appartient pour toujours. Et son cœur est vôtre. Vous et votre famille êtes les bienvenus parmi nous. Je compte sur vous pour servir de lien entre mon peuple et le vôtre, comme le fait de son côté la famille Borodisov. "
La Première n'oubliait pas son rôle de souveraine et de guide des Vélaa. Cette fête devenait l'occasion de nouer des relations nouvelles avec un autre peuple. L'heure n'était plus au splendide isolement, prôné par la précédente Première. Il y avait tout intérêt à s'ouvrir aux autres. Les Vélaa seraient reconnus pour ce qu'ils étaient, de puissantes créatures magiques. Un peu dangereuses pour certains peut-être ! Le tout était de trouver les bons interlocuteurs.
Et justement, depuis le début de la cérémonie, Gabrielle désirait parler à la Première. Peut-être qu'elle écouterait sa requête avec plus de bienveillance que la précédente. Elle avait composé dans sa tête un petit discours en vélaa. Quand Bill, Fleur et Victoire furent partis, elle s'approcha de l'estrade, salua et attendit avec déférence qu'on lui adresse la parole. Le Vélaa parla le premier.
-Que veux-tu jeune fille ?
-Je suis Gabrielle Delacour. Je devrais dire Gabriane puisqu'un quart de sang vélaa coule dans mes veines. Ma grand-mère rencontra jadis un beau Vélaa lors d'une Matrimoniale. Je suis sorcière mais je me sens proche de mon deuxième peuple. Ce que Stellane ne peut faire vu son jeune âge, moi je suis prête à l'accepter. J'aimerais plaider ma cause.
-Parle Gabriane, dit la Première avec bonté.
Le succès de la fête l'avait particulièrement bien disposée. La conversation dura assez longtemps. Gabrielle avait isolé l'endroit du bruit par un sortilège. Une traductrice faisait le lien entre la Première et la quémandeuse. A un moment, Atanase Borodisov fut appelé en renfort. Etant le seul humain mâle de ce côté de la vitre avant l'arrivée surprise de Bill, il était l'objet de toutes les faveurs et il s'amusait énormément. Mais il répondit immédiatement à l'appel de la Première.
Il y eut des concertations et la joie se répandit sur le visage de la jeune fille. Sa demande était acceptée ! L'été prochain, elle pourrait faire un séjour dans la Forêt Magique ! Au titre d'invitée exceptionnelle ! Si l'essai était concluant des deux côtés, d'autres dispositions seraient prises ! Son rêve était en passe de se réaliser !
Mais la fête touchait à sa fin. Il était près de dix-sept heures et les portoloins attendaient sur la terrasse. Avec le décalage horaire, il était déjà tard pour les Vélaa qui retournaient en Bulgarie. La Première partit d'abord après avoir salué le Ministre et l'avoir remercié de son accueil. Le salon de réception se vida peu à peu. De quelques claquements de doigts, les elfes remirent tout en ordre. Les hommes purent enfin quitter leur prison de verre.
Tous les invités de Harry se retrouvèrent ensuite place Grimmauld pour un dernier verre. Du champagne, cette fois, non mais ! Et la journée se termina ... comme toutes les bonnes choses ! On les espère, on les attend. Et puis, elles finissent par arriver et passent comme l'éclair ! Après, il reste juste les souvenirs ... Qu'importe s'ils sont bons ! On peut se les remémorer, les savourer, les rêver même !
La nuit était tombée. Mimsy aida Stellane à enlever son beau costume puis elle se retira en reniflant un peu. Sa " petite " était désormais une " grande " et n'avait plus besoin d'elle pour la bercer en cas de cauchemar ... Allongée sous sa couette légère, Stellane sentait le sommeil la gagner. Une dernière pensée pour son père absent et elle tomba dans les bras de Morphée.
o - o - o - o - o
Lundi 21 Mai 2007. Onze heures. Bureau des Aurors.
" Harry ! ... Hola ! Tu as de petits yeux ! ... Dis-moi, tu te souviens de Millicent Bulstrode, la petite amie de Théodore Nott ? On l'avait interrogée au moment de la disparition de Draco Malfoy mais elle ne savait rien. Elle est là, dans le couloir. Elle tient à la main la Gazette du Sorcier et elle veut te parler. Personnellement. Je la fais entrer ?
o – o – o – o
A suivre.
|