Titre : Et... Musique !

Disclaimer : tout est à moi.

Note : OS écrit pour le concours CROUS 2012 sur le thème de la vie étudiante. Nouvelle envoyée mais pas retenue, dommage. Mais du coup je la partage avec vous. Seule condition : ne pas dépasser les 2500 mots.

Résumé : Une nouvelle année scolaire, une nouvelle vie, toujours la même monotonie... jusqu'à ce que trois notes de musique se frayent un chemin jusqu'à moi.

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Et… musique !

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Dans un soupir je coupe le moteur de ma voiture et sort de l'habitacle. Les mains sur les hanches je me cambre jusqu'à faire craquer mon dos puis fais quelques pas pour me dégourdir les jambes, jetant un regard curieux autour de moi. Ça y est. M'y voilà. Après plus de huit cent kilomètres je suis enfin arrivée. Serrant dans ma main les clefs que le secrétariat universitaire vient de me remettre, je me dirige d'un pas décidé vers le bâtiment en face de moi. Un sac sur le dos, un autre dans la main, je gravis deux étages, jette un regard sur les numéros de porte et pousse celle du studio qui sera mon studio pour cette année et la suivante. Après plusieurs allers-retours, mon coffre est enfin vide et je peux finalement faire un rapide tour du propriétaire.

Le bâtiment est propre quoiqu'ancien, les couloirs sont clairs et lumineux et à chaque étage une dizaine de portes identiques à la mienne cachent une dizaine de studios identiques au mien. Bref, une cité universitaire classique, comme celle que je viens de quitter et comme on en trouve partout en France. Je sens que cette première année de master, tout comme les trois années précédentes en fait, ne sera pas riche en rebondissements, ni en découvertes. Alors que la nuit tombe doucement, je me pose sur le balcon et jette un œil sur le campus juste en dessous. Parfait, je n'aurais pas beaucoup de chemin à faire pour aller en cours demain, c'est déjà ça.

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Trois jours ont passés depuis la reprise des cours et je m'habitue doucement à cette nouvelle ville, à ma formation ainsi qu'à ma promo. Fidèle à mes habitudes de grande solitaire de ces trois dernières années et peu à l'aise avec les gens, je ne sors que rarement le soir, préférant passer mes soirées en tête à tête avec un bon livre. Pour le moment rien n'a perturbé cette tranquille monotonie : cours, devoirs, lecture, dodo. Rien de bien passionnant mais je m'y fais très bien. Je crois même que cette année me sera bénéfique. Bref, une vie étudiante comme ça, c'est le bonheur.

Profitant de la douceur du soir et de la luminosité encore forte, je sors une chaise et m'installe tranquillement pour lire sur le petit balcon de mon studio. Victor Hugo entre les mains, les oiseaux gazouillant tranquillement un peu plus loin, je suis au paradis. Très vite je me laisse emporter dans ce Paris de 1482 aux cotés de Gringoire et des malheureux de la Cour des Miracles et rien ne peut me sortir de cet univers. Soudain, une mélodie s'élève. Quelques notes de musique, douces et envoutantes, un rythme tranquille, comme la soirée, le son inimitable d'un piano parviennent jusqu'à mes oreilles. La curiosité me prend et aussitôt j'en oublie la belle Esméralda aux prises avec le pauvre Bossu pour me pencher à mon balcon. Le son provient de celui du dessous, mais je ne vois rien. Tranquillement, je me réinstalle sur ma chaise, la tournant en direction du son, ferme les yeux et savoure la musique.

Lorsque la mélodie s'arrête et que je rouvre les yeux, je constate que la nuit est tombée. Surprise, je retourne dans ma chambre et jette un œil à mon réveil : il s'est passé 3h depuis que je suis sortie lire ! Complètement envoutée par la musique je n'ai pas vu le temps s'écouler. Heureuse de cet intermède, je me couche plus détendue que jamais alors que les morceaux joués ce soir résonnent encore dans ma tête.

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Je suis aux anges depuis un mois. Mon voisin répète tous les soirs, m'offrant, sans doute sans le vouloir, des concerts qui me ravissent. Comble de la perfection, il chante aussi. C'est comme ça d'ailleurs que j'ai découvert que le mystérieux occupant de l'appartement du dessous était un jeune homme. Parfois, il n'est pas seul, le weekend surtout. De mon balcon j'entends toutes les discussions. Il semble que ce mystérieux voisin fasse parti d'un groupe de musique qui vient répéter chez lui en fin de semaine. Loin de me gêner, cela me ravit, je peux ainsi profiter en toute impunité de cette musique. Et ils sont doués. Très doués même. Au point que maintenant, le soir, j'en oublie mon livre pour me concentrer uniquement sur la musique.

Les morceaux sont aussi différents que magnifiques. Parfois, en semaine surtout, quand il est seul, ils sont doux et tendres, avec ou sans paroles, d'autres fois, essentiellement le weekend, le rythme devient plus mouvementé, plus rythmé, la guitare et le violon se mêlent au piano. Certaines fois je les entends tester de nouveaux morceaux. Les notes s'égrainent, s'arrêtent, reprennent, changent, une voix timide s'élève, se tait, des avis sont donnés puis le tout reprend. Sur mon balcon toujours, je suis aux premières loges. Finalement, coté vie étudiante, cette année sera peut être un peu plus sympathique que ce à quoi je m'attendais !

A force d'espionnage tous les weekends sur mon balcon, j'ai fini par en apprendre plus sur le groupe. Ils sont quatre, une chanteuse et trois musiciens. Le pianiste, qui est aussi mon voisin du dessous chante également. Les deux autres, le violoniste et la guitariste se contentent de jouer. Par contre, je n'ai pas réussit à capter leurs prénoms, seulement celui de leur groupe : « Moonlight ». J'ai appris aussi qu'ils jouent régulièrement le jeudi soir dans un bar du coin. Peut être qu'un jour j'irais les voir… peut-être… Je ne sais pas trop en fait. A force de me contenter de les écouter jouer, je me suis fait des idées sur eux, sur leur groupe, leurs habitudes. Je ne sais pas si je veux briser le rêve en les découvrant vraiment et en me rendant compte qu'ils n'ont rien à voir avec ce que je pensais. D'un autre coté, les entendre réellement en concert, ça doit être quelque chose. Ici la plupart du temps, les morceaux ne sont pas achevés, ou il y a une pause au milieu. Là bas, ce serait pour de vrai !

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Nous sommes jeudi soir. Cela fait deux mois que j'hésite à sortir les écouter jouer en public. Deux mois que le soir je me couche en me demandant comment est l'ambiance là bas ? Comment se passe le concert ? Qui sont-ils vraiment ? Deux mois finalement que je remets au jeudi prochain ma sortie. Je ne sais pas vraiment ce qui me retient, après tout, j'aime leur musique, au point que je me surprends même parfois à fredonner un de leur air ou à chantonner les quelques paroles que j'ai entendue. Il faut dire que j'adore chanter, même si peu de monde le sais. Et les rares qui connaissent ce secret ont toujours trouvé ma voix mélodieuse. J'aime leur musique, je sais donc qu'au fond je ne serais pas déçue par ce que j'entendrais. Alors pourquoi ne pas franchir le pas ? Pourquoi ne pas essayer ? Bien sûr une fois que je serais en face de la scène je lèverai une partie du mystère qui plane sur eux et j'ai peur qu'une fois ce mystère levé, je ne prenne plus autant de plaisir à les écouter jouer.

Je me secoue et chasse ces pensées de ma tête. Si je ne bouge pas maintenant, je me connais assez pour savoir que je ne bougerais jamais. Ça fait déjà trois mois que je suis arrivée, trois mois que je les écoute jouer, trois mois presque, que toutes les semaines j'hésite à aller les voir, c'est le moment de se prendre en main ! Fermant d'un geste décidé, le livre qui me tenait compagnie pour la soirée, je fais un saut rapide dans la salle de bain, démêle mes cheveux, enfile une tenue que je juge correcte pour une soirée en ville et après avoir mis mon manteau, quitte mon studio.

Arrivée devant le bar, dont j'avais repéré l'adresse depuis quelques temps déjà, je jette un œil à ma montre. 20h30, je suis pile à l'heure. Comme quoi, mon sixième sens avait raison, je devais y aller ce soir ! Un peu nerveuse, tant devant le fait que je vais enfin les voir qu'à cause de la foule autour de moi, je rentre dans l'établissement et m'installe au bar. D'ici je vois assez bien la scène, c'est une chance. Les instruments et les micros sont déjà en place. Une grande affiche placardée sur le mur à l'arrière de la scène rappelle le nom du groupe. Puis soudain, les lumières diminuent, des ombres se déplacent sur la scène et les premières notes résonnent. Alors que les spots éclairent les musiciens et la chanteuse, je sens mon cœur faire un bond.

Ok, ils ne sont pas vraiment comme je l'imaginais. En fait, rien ne les démarque d'étudiants normaux. Pas de piercing à tout va, pas de tenues extravagante, pas de tatouages. En même temps, j'aurais du m'en douter, ils jouent un genre de pop, pas de hard rock… Non, leurs tenues sont sans doutes les mêmes que celles de tous les jours, peut-être juste un peu plus solennelles mais sans trop l'être non plus. De là où je suis, je ne distingue pas très bien le visage de la chanteuse, la tête d'un des clients me la cache régulièrement. En regardant autour de moi, je comprends qu'ils sont surtout là pour mettre de l'ambiance, pas vraiment pour donner un concert. En effet, si certains clients, comme moi sont plus concentrés sur la scène que sur leur verre, c'est surtout l'effet inverse qui se produit sur le reste de la clientèle. Des habitués sans doute qui les ont déjà vus.

Finalement, gênée par le bruit des clients réguliers au bar, j'ai quitté ma place pour rejoindre une table vide plus près de la scène. Cette fois je les vois mieux et prend le temps d'observer chaque visage. Celui du violoniste me dit vaguement quelque chose, sans doute quelqu'un que j'ai croisé plusieurs fois sur le campus. Quand à la chanteuse… N'en croyant pas mes yeux, je ne peux m'empêcher d'y porter mes mains pour les frotter. Mais non, quand je les rouvre, le visage de la chanteuse n'a pas changé. C'est un visage que je connais très bien. Et que je suis, ma foi, surprise de trouver ici. Alors que la chanson prend fin, je n'ai toujours pas quitté la chanteuse des yeux, cherchant à comprendre ce qu'elle fait là. Elle, c'est Liz, une amie du lycée. Une des rares personnes qui m'a supporté pendant trois ans et avec laquelle je suis vraiment moi-même. Une amie… ma meilleure amie en fait. Que j'ai perdue de vue pendant les trois ans d'étude que j'ai passé loin d'elle et que je retrouve ici, à plus de huit cent kilomètres de chez nous et de notre ancien lycée. Le hasard fait vraiment bien les choses. Je la vois lever son regard sur moi et ses yeux s'écarquillent soudain. Elle m'a reconnu aussi.

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Cachée derrière le rideau séparant le groupe du reste du bar, je sens la tension monter. Cela fait maintenant un peu plus d'un mois que je suis entrée pour la première fois dans ce bar. Un mois, que j'ai retrouvé Liz, toute aussi surprise que moi de cet heureux hasard. Un mois qu'elle m'a présenté le groupe : Teddy et sa sœur Flora, respectivement le violoniste et la guitariste et Paul, le pianiste, mon fameux voisin. C'est alors que j'ai découvert pourquoi Teddy me disait quelque chose, il est dans ma promo… comme quoi, il était vraiment temps que je sorte, même pas fichue de reconnaitre quelqu'un de ma formation quand je le croise ! Un mois aussi qu'ils m'ont proposé de les rejoindre en tant que deuxième chanteuse. Forcément, « Mademoiselle Liz » n'a pas pu s'empêcher de leur raconter que je chantais plutôt bien à l'époque du lycée, et ils ont voulu me prendre à l'essai, arguant qu'avec une chanteuse en plus les chansons auraient plus de force. Après un mois de répétition, avec le groupe ou en solo afin de rattraper mon retard sur leur répertoire, ce soir c'est le grand soir et je vais faire partie du spectacle.

Autant dire donc, que la tension monte. Bien sûr, je suis heureuse d'être là. J'adore chanter, et je m'entends très bien avec les autres membres du groupe. Teddy m'a même aidé à m'intégrer dans notre promo et même si je suis toujours un peu mal à l'aise, je discute maintenant avec tout le monde. C'est chouette ! Surtout que ma famille, tenue au courant de tous ces changements, me soutient à 100%, trop heureuse de me voir m'épanouir et sortir un peu. Ce qui n'empêche pas que ce soir, je stresse. Et si je n'étais pas à la hauteur ? Et si j'avais un trou de mémoire ? Et s'ils décidaient finalement de ne pas me garder. Après avoir goûté à autre chose que ma solitude, j'ai peur de devoir y retourner. Une main se pose sur mon épaule, la pressant doucement et je me retourne pour tomber sur Paul, et le reste du groupe, un grand sourire au visage. J'ai compris le message : tout va bien se passer. Alors que nous montons sur scène, Liz m'adresse un clin d'œil. Mon angoisse s'est dissipée et je me sens presque planer. D'une main sûre j'attrape le micro et attends les premières notes. Ma voix se mêle à celle de Liz et de Paul alors que le violon et la guitare égrènent leurs notes. Le piano les rejoint enfin et je me laisse porter par la magie de l'instant. J'ai enfin trouvé ma place !

Finalement, cette année m'aura apporté beaucoup : des amis, un groupe de musique et la possibilité de faire ce que j'aime tout en étudiant à coté. C'est un vrai bonheur, à coté duquel j'ai faillit passer sans même m'en rendre compte. Mais cette année m'aura surtout appris qu'il faut toujours faire le premier pas, même si celui-ci ne semble pas facile, même si on a peur. On ne perd rien à essayer et il peut en ressortir de bonne choses. Maintenant que je sais ça, plus jamais je n'hésiterais autant. J'ai découvert une autre facette de la vie estudiantine qui est d'apprendre à faire des choix, bons comme mauvais, d'apprendre à résoudre des situations difficiles, d'apprendre à grandir, tout simplement. Et ça je le dois à « Moonlight » et à ce fameux soir, où une douce musique est montée jusqu'à mes oreilles pour ne plus jamais en redescendre.

FIN

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Merci de votre lecture !

A la prochaine !

Arkady