Qu’est-ce que la mort au final ? Qu’est-ce que la vie ? Les deux sont-ils opposés ? L’un finit, l’autre est infini. Certains pensent que la souffrance s’arrête là ou la mort commence… Mais si la douleur était toujours présente même après… ? Que sait-on de la mort ? Que ce n’est rien qu’un néant noir ? Qu’une lumière puis plus rien ? Que se passe-t-il après ? Restons-nous dans une salle noire ? Une grande salle noire où tout le monde est rassemblé ? Comment pouvons-nous savoir ce qui se passe après la mort ? Nous n’avons qu’une vague idée qui n’est peut-être pas exacte. Personne n’est jamais revenu pour confirmer les hypothèses de chacun. Chacun à sa propre vision d’après. Certains imaginent un Paradis. Où tout est blanc est joyeux. D’autre, un Enfer. Où tout n’est que flammes et démons. Quelques-uns s’imaginent juste une grande pièce sombre. Un néant noir. On dit aux enfants que les morts vivent sur les nuages. Que chaque personne décédée à son propre nuage. Mais, les jours d’été, où sont donc les nuages ? Où sont-ils ? Qui sait ce qu’est vraiment la mort ?
Les vagues s’écrasaient violemment contre les rochers. Eclaboussant au passage les enfants qui jouaient joyeusement dans l’eau. La plage, à cette période de l’année, était pleine d’enfants et de vieux couples. Tous semblaient heureux du soleil qui illuminait leurs journées. Seule une personne restait isolée du soleil. Les yeux baissé, il devait rester dans une chambre sombre. Atteint de Xérodermie pigmentaire, ses parents refusaient de le laisser sortir. Depuis qu’il était tout petit, ses géniteurs lui refusaient le droit de sortir jouer avec d’autres enfants. Depuis le jour où il avait réussit à s’enfuir à travers une fenêtre et qu’il était rentré le soir avec le visage plein de brûlures, il était enfermé dans une vieille chambre sombre. Celle-ci ressemblait d’ailleurs plus à une cellule qu’à une chambre. Aucunes fenêtres, une salle de bain directement reliée et une porte d’entrée constamment verrouillée. Le jeune garçon poussa un soupir. Un enfant de la Lune. Voilà ce qu’il était. Condamné à ne jamais voir le soleil. A n’observé que la Lune. Cet astre qu’il détestait par-dessus tout. Pourtant, il lui ressemblait tellement. Ses cheveux jais, comme le noir de la nuit ; et ses yeux bleu tellement clairs qu’ils semblaient presque gris. Il n’était qu’une reproduction humaine de la Lune. Encore dans ses pensées, le garçon ne fit pas attention à la vieille femme qui l’interpelait.
« Monsieur. Madame votre Mère souhaite vous voir. »
Le concerné hocha distraitement la tête et suivit la vieille femme. Le couloir aussi était sombre. Aucunes fenêtres, rien que des toiles laissant imaginer des paysages enchanteurs. Le jeune adolescent regardait les tableaux avec un air mélancolique. Jamais il n’avait pu voir ces plaines verdoyantes, ces couchers de soleil et ces si belles plages. Il avait toujours aimé voir des photos, des tableaux où était représentée la mer. Il n’avait jamais vu l’océan. Lui qui habitait pourtant à quelques mètres seulement de la côte. Dans ses livres, la plage était décrite comme un lieu magique. Combien de fois avait-il rêvé d’enfoncer ses doigts de pied dans le sable chaud ? De pouvoir admirer un coucher de soleil, allongé sur une longue serviette… Mais il ne pouvait que l’imaginer. Puisqu’il était condamné à rester enfermer toute sa vie, autant essayer d’imaginer à quoi ressemblait le monde extérieur.
La dernière et première fois où il avait réussit à s’échapper de sa demeure, l’hiver venait d’être annoncé. Les flocons avaient déjà commencés leur descente. Le sol vert était recouvert d’un majestueux voile blanc. Le spectacle était magnifique. Mais il ne fut que de courte durée puisque sa mère était sortie à toute vitesse pour le ramener à l’intérieur. La sortie lui avait d’ailleurs value de nombreuses brûlures faciales. Le soir même, il s’était mit à peindre, dessiner sous tous les angles possibles le paysage enneigé. D’autres tableaux, tous aussi beaux les uns que les autres étaient entreposés dans la pièce. Mais aucuns ne semblaient vraiment réels. Que des esquisses irréelles. Des paysages qu’il ne pouvait qu’imaginer.
Arrivé dans l’immense salon, le garçon se posa tranquillement dans un fauteuil. Fixant sa mère de manière dédaigneuse. Cette dernière, contrairement à son fils, arborait une crinière blonde ramassée soigneusement dans un chignon à l’allure stricte. Ses deux orbes obsidiennes, dont on ne pouvait lire aucunes émotions, observaient longtemps celles grisâtres de son fils. Quelques minutes s’écoulèrent jusqu’à ce qu’un raclement de gorge retentisse.
Une jeune fille se tenait sur le côté de la vieille femme. Elle riait légèrement de l’affrontement visuel des deux parents. Ses yeux émeraude rieurs presque cachés par une longue frange brune. Le reste de ses cheveux tressés dans son dos, lui retombant au creux de ses reins. Elle n’avait pas plus de quinze ans. Lorsque le garçon se retourna enfin vers elle, une légère étincelle s’anima dans ses pupilles. La brunette, souriant de toutes ses dents, lui sauta dans les bras.
« Anna, s’exprima le jeune garçon, tu as de nouvelles photos ?
-Oui oui, je les ai mises dans un album. J’en ai des tonnes », ria-t-elle.
Ils se dirigèrent tout deux vers un immense grenier. Les toiles recouvraient les murs plus que dans la chambre du garçon. Des palettes de peintures trainaient sur le sol et des dizaines de toiles vierges étaient déposées contre les murs. Sans attendre plus longtemps, il attrapa l’une toile et se saisit de ses pinceaux. La brunette sortit ses photos. Les yeux de l’adolescent parcoururent l’une des photographies. Un enfant s’amusait à essayer de construire un château de sable tandis que d’autres –plus petits- le regardait avec excitation. Le soleil, teinté d’orangé, commençait à se coucher. La mer était toujours de son bleu enchanteur. On pouvait remarquer les vagues rouler sur le bord du sable. Quelques bateaux étaient aussi présents en arrière plan. Le sourire de l’adolescent s’agrandit et il se saisit de ses pots de peinture. Son amie le regardait avec un sourire en coin.
« Tu aimes vraiment peindre, fit-elle remarquer.
-Ca me permet de faire comme si je pouvais voir l’extérieur.
-Mais avec mes photos, tu le vois l’extérieur, sourit-elle.
-Ce n’est que fictif. Je n’ai jamais vu le vrai extérieur. Je ne sais pas que qu’est la pluie. Ni la chaleur du soleil. Ma chaleur n’est qu’artificielle. »
La jeune fille se tut, regardant son ami avec un air triste.
« Maël, tu sais que si tu sors, tu pourrais mourir…
-Je sais. On me l’a déjà dit assez de fois. Je devrais rester enfermer ici tout le temps.
-Tu veux qu’on sorte cette nuit ? Aller sur la plage… »
Toujours plongé dans sa peinture, le brun ne répondit que d’un hochement de tête affirmatif. C’était devenu une habitude. Il n’avait le droit de sortir que le soir. Où le soleil ne brillait déjà plus. Même lorsqu’il avait réussit à sortir, il n’avait pas vu les rayons du soleil. Juste les rayons ultraviolets lui avaient brûlés la peau. Toutes ses brûlures pour rien au final. Puisqu’il n’avait même pas aperçut ce qu’il voulait voir. Cette étoile si lumineuse, il lui était interdit de la voir. Même en photo. Car c’était comme si le sort s’acharnait sur lui, le soleil ne pouvait pas être prit en photo.
Le soir venu, les deux amis se dirigèrent vers la plage. Assis dans le sable, le garçon commença quelques esquisses du tableau obscur qui s’offrait à lui. Anna le regardait tristement sans rien dire. Le temps passait lentement pour l’un, trop vite pour l’autre. La jeune fille regardait faire ses dessins. Bercée par les vagues et le vent, elle finit par s’endormir sur l’épaule du dessinateur. Ce dernier se mit à rougir face au visage angélique de son amie. Peu à peu, il se laissa entrainer dans les bras de Morphée. Ne faisant pas attention à l’heure.
Il devait être 9 heures du matin. La brunette émergea lentement. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle fut d’abord éblouit par le soleil. La marée avait montée et l’eau lui arrivait presqu’aux pieds. Elle remarqua les passants la dévisager étrangement. La regardant avec horreur. Encore endormie, elle ne comprenait pas. C’est lorsqu’elle entendit un gémissement plaintif s’échapper des lèvres de son ami qu’elle comprit enfin.
Maël était totalement exposé au soleil.
Elle se retourna lentement vers l’adolescent et fut saisit d’horreur. Son visage était entièrement brûlé. Sa pâleur habituelle totalement remplacée par une peau presque brune. Le garçon ouvrit péniblement les yeux et contempla le paysage qui s’offrait à lui. La même plage qu’il avait pu observer de nombreuses fois dans la nuit. Elle lui semblait totalement différente à présent. Le sable jaunâtre qu’il n’avait vu qu’en photo, lui semblait si vif. La nuit, il parait gris et terne. La nuit, tout paraissait triste. Il leva les yeux au ciel et l’observa. Un ciel bleu. Un bleu qui ne ressortait pas bien sur les photos. Sur les photos, les nuages semblaient figés, les oiseaux ne volaient pas. Il pouvait voir le mouvement. Il pouvait sentir le vent chaud sur son visage. Il pouvait voir le soleil. Celui qu’il n’avait jamais vu. Ses lèvres se transformèrent en un véritable sourire. Presque aussi rayonnent que le soleil en lui-même. Il était si beau. Les rayons qui illuminaient la plage, donnant des aspects dorés aux grains de sables et de si beaux reflets dans l’océan. Océan qui était aussi beau que le ciel.
« Maël, murmura la jeune fille, je suis désolée…
-De quoi ? De m’avoir montré ce que je désirais le plus ?
-Mais… »
Le jeune garçon embrassa la joue de la jeune fille et la gratifia d’un énorme sourire. Il se saisit ensuite de son carnet à dessins et de ses crayons et commença à dessiner de nouveau la plage. Il dessinait jusqu’à s’en user les doigts. Rien que pour réussir à capturer la beauté de la plage. Aucun de ses dessins n’avait jamais été aussi beau que ceux-là. Ils étaient réels. Pas inspirés de photos mortes. Il dessinait quelque chose de vivant. Soudain, il se figea.
Sa peau le brulait. Il avait l’impression qu’on le brulait de l’intérieur et de l’extérieur. La même sensation de brûlure que quand on essaye de mettre sa main dans le feu. Mais elle s’étalait sur tout le corps. Jusqu’à son visage. Il enfila rapidement son tee-shirt qui jonchait sur le sol ainsi que sa casquette. Ses yeux brulaient. Il ne voyait presque plus rien. Sa tête lui tournait. Ses membres semblaient engourdis. Il se releva lentement mais il vacilla. Il s’écroula sur le sol, prit de convulsions. Anna le regarda effrayée. Ne sachant pas quoi faire. Elle s’empressa de saisir son téléphone afin d’appeler la mère de Maël. Cette dernière cria à travers le combiné avant de courir vers la plage. L’adolescente pleurait. Les cris de Maël se faisaient de plus en plus forts. L’impression d’être sur un bucher. Il ne pouvait même pas perdre connaissance. La douleur le réveillant à chaque fois. Sa mère le recouvra d’une couverture avant de le prendre dans ses bras pour l’emmener à l’hôpital. La sirène de l’ambulance résonnait dans les ruelles. Grillant les feux rouges, doublant les voitures ; la camionnette accélérait en direction de l’hôpital. La plage se fit plus lointaine dans le paysage. Jusqu’à disparaitre à l’horizon. La brunette regardait tristement son ami évanouit, subissant en même temps les insultes bruyante de sa mère. Cette dernière criait à en perdre poumons qu’elle avait tuée son fils. Qu’elle n’aurait jamais dût permettre à son fils de la fréquenter. Les larmes sillonnaient les joues rougies de la jeune fille. Elle serrait de toutes ses forces la main de son ami. Un air de martyr trainait sur son visage brunit. Des cloques plus claires s’étaient formées sur les pores de sa peau. Il s’était enfin évanoui. Des larmes étaient figées aux coins de ses yeux. Il respirait fort et sa peau était tellement chaude qu’elle semblait fumer.
Une fois arrivé à l’hôpital, Maël ne tarda pas à être transféré dans une salle. Elle ne savait où il était allé. Sa mère ne l’avait pas laissé le suivre. Elle la gifla avant de suivre les médecins. La brune posa sa main sur sa joue, pleurant plus fort. |