Tout était basé sur un simple mythe. La légende raconte qu’un cirque remplit de monstres existe quelque part dans le monde. Personne ne peut y entrer, sauf les individus ayant commis des choses affreuses. Dans ce cas, elles reçoivent une lettre pourpre et un chemin apparait devant eux pour rejoindre l’endroit. Mais avec le temps, le cirque se détraque et finalement on n’avait plus besoin d’avoir fait des choses horribles pour y parvenir. L’itinéraire pour s’y rendre se montre à des personnes quelconques. Personne ne sait ce que devienne les gens qui ont accès au cirque. Un jour, ce fut à mon tour de me rendre au Circus Monster.
C’était un beau matin d’octobre. L’automne venait de faire son apparition et la couleur des feuilles commença à changer en jonglant entre l’orange, le jaune et le marron. J’adore cette période de l’année. La température est tellement parfaite pendant cette saison. Comme tous les matins, je me levais pour aller en cours. Et comme toujours, je traînais des pieds. La motivation n’a jamais été là pour m’aider à me rendre au lycée. Mais ce jour-là, ce n’était pas plus mal. Car si j’avais su ce qui allait arriver par la suite, je serais repartie me coucher. J’allai dans la salle de bain pour prendre une douche. Je me vêtis d’une robe bouffante noire. Des motifs blancs, en forme de papillons, ornaient le vêtement. Je le trouvais magnifique, surement mon plus beau habit. J’enfilai des hautes chaussettes de la même couleur que les dessins puis je saisis une brosse et me plantai devant le miroir. La glace reflétait une jeune adolescente aux longs cheveux noirs avec des mèches blanches – inutiles de préciser qu’elles ne sont pas naturelles. Par contre, mes yeux l’étaient malgré ce que l’on pouvait croire. D’un autre coté, ce n’est pas tous les jours qu’on croise une personne avec les iris colorés de bleu et d’argent.
Je passai ma brosse dans mes cheveux, histoire de les démêler un peu puis descendit dans la cuisine prendre mon petit déjeuner. Ce dernier se composait d’une tartine de beurre et d’un café. Bien que je n’aime pas du tout cette boisson. Dès le repas finit, je partis faire un petit tour sur l’ordinateur pour voir les dernières informations. De plus en plus de personne recevaient des enveloppes pourpres et disparaissaient dans les minutes qui suivaient. Je lâchai un soupir ; dans quel monde vivions-nous ?
J’éteignis l’ordinateur et quittai la maison avec cinq minutes de retard. Cela ne me dérangeait pas du tout de ne pas être à l’heure, mais aujourd’hui, je me dis que si j’étais partit à temps, j’aurais pu vivre une dernière journée normale. Au moment où je poussais ma grille pour pouvoir prendre le chemin vers l’école, le facteur arriva. En s’approchant de ma maison, je remarquais qu’aucun sourire n’était affiché sur son visage. Lui qui affiche toujours une mine joyeuse normalement. Une fois à une distance respectable de moi, il me tendit le courrier. Parmi plusieurs enveloppes s’en trouvait une pourpre. A ce moment-là, j’ai compris. Je le séparai des autres pour y voir le nom affiché : Melkorka Crimsey. C’était le mien. Je levai la tête et regardai le facteur.
« Bon, ben… c’est mon tour, lançai-je avec un faible sourire.
- T’es pas obligée de faire semblant de bien le prendre, Mel', répondit-il en haussant les épaules. A bientôt j’espère. »
Il monta dans son véhicule jaune et me salua avec sa main par la fenêtre. Je lui rendis son signe et avançai. J’avais à présent dix minutes de retard, mais qu’importe. J’ouvris la lettre tout en continuant mon chemin.
« Chère Melkorka,
Si vous lisez ces mots, c’est que vous êtes en route pour votre destination. Vous avez été choisie pour nous rejoindre au Circus Monster. J’espère que vous ne nous en voudrez pas, mais il est impossible d’ignorer l’invitation.
Mlle. Loyale. »
Je levai les yeux de la feuille et regardai devant moi. Juste au bon moment pour éviter le réverbère pourpre sur lequel je m’apprêtais à foncer. Je m’arrêtai net et examinai le poteau. Je ne me rappelais pas qu’il y avait un lampadaire de cette couleur dans la ville où j’habitais. En fait, j’en étais même sûre et certaine. Je regardai autour de moi et aperçu deux lignées de réverbères de la même couleur que le premier. L’endroit semblait sombre alors qu’il était éclairé d’une lumière vert-bleu. La route qui s’éparait les deux rangées était rouge et noire. Bref, tout ça pour dire que je n’étais pas dans la direction du lycée mais dans un lieu inconnu. Je décidai de faire demi-tour, chose que tout le monde aurait sans doute faite à ma place. Seulement, derrière moi, il n’y avait rien. Une absence absolue de tout élément. C’était tout noir. Même si je ne connais pas la couleur du néant, je pense que c’est le meilleur mot pour décrire ce qu’il y avait (ou ce qu’il n’y avait pas) derrière moi.
Je n’avais pas réellement le choix alors je pris la seule route qui s’offrait à moi. Au fur et à mesure que j’avançais, je commençais à apercevoir ce qu’il y avait à la fin du parcours. Je me dirigeais vers un grand chapiteau de cirque. Je me rapprochai de me destination quand soudain, un épais brouillard se leva. Le soleil qui était présent s’était caché et une fine pluie tomba. Je m’arrêtais net car je n’avais pas de visibilité. Je ne voyais plus rien autour de moi et pourtant, je sentais qu’on m’épiait. J’avais l’impression d’être une proie à la merci d’un prédateur. Je l’entendais respirer et se déplacer. Il tournait autour de moi. Ses pas étaient lourds et son souffle saccadé comme celui d’un chien. Une étrange odeur de brûlé vint à mes narines. Son mouvement s’accélérait et une chose noire me frôla. Je commençai à prendre peur. C’était donc ça qui attendait les gens qui vont au Circus Monster : la mort. Je tremblai de froid et d’effroi. Le silence s’était installé. Il n’y avait plus un bruit. Puis deux mains se posèrent violemment sur mes épaules.
« Melkorka ! »
Je sursautai. La voix qui avait prononcé mon prénom ne pouvait pas appartenir à la chose qui m’épiait. Son ton était trop doux et sa sonorité montait dans les aiguës. Je me retournai lentement de peur de me retrouver en face de quelque chose de pas humain. Or, ça l’était. La personne qui avait osé me faire peur était une fille de mon âge environ. Une rousse avec les yeux noisette. Elle était légèrement plus petite que moi. Sa peau était pâle. Le brouillard se leva, la pluie cessa et le soleil refit son apparition. Je lançai des regards inquiets autour de moi pour trouver cette chose qui m’avait frôlé. Rien, il n’y avait rien. Le brouillard commença à se dissiper et les nuages s’éloignèrent pour laisser apparaître la lumière du jour. Je fermai les yeux et inspirait et expirait calmement. Je tentai de faire fuir la peur… J’avais froid, j’étais plus ou moins mouillée et il m’était impossible d’arrêter de trembler. |