Prologue
Adam et Eve Christmas
- Christmas !
Je frêne brusquement en entendant le cri du Capitaine. Manquant d’ailleurs au passage de percuter Eve qui s’empresse de me demander, paniquée :
- Qu’est-ce que t’as fait encore ?
- Comment ça qu’est-ce que j’ai fait ? je m’étonne. Qu’est-ce qui te fais dire que c’est moi qu’il appelle ?
- Parce que je n’ai rien à me reprocher, moi.
- Oh mais moi non plus j’te signale !
- Bon.
- Bon.
On se regarde fixement ce qui pourrait paraître un peu gênant si en réalité on ne cherchait pas tous deux la raison pour laquelle notre Capitaine vénéré serait fâché contre nous. Ou l’un d’entre nous.
Je vous l’accorde, c’est vraiment pas pratique d’avoir un jumeau qui est dans la même maison que nous parce que du coup on se trompe quand on nous l’appelle. Je ne regrette donc pas l’époque où notre sœur Lilith était encore à Poudlard. Je ne vous raconte pas la galère. Bon encore heureux, elle ne partageait pas la même maison que nous. Et j’en suis bien heureux. Elle a beau porté un nom de famille festif, c’est jamais la fête avec elle.
- Christmas boy et Christmas girl ! rugit la voix puissante de Thompson en bas. Descendez ou je viens vous chercher moi-même !
Je vois ma jumelle pâlir tandis que je déglutis. Vu la carrure de notre gardien et capitaine attitré, il faut éviter de l’énerver. Même nous on est pas assez fous pour le faire. Alors on descend, en piqué. Et à peine a-t-on franchi le sol de nos jolies petites pieds que, déjà, on s’écrie en parfaite synchronisation :
- C’est pas nous !
- C’est pas nous quoi ?
- On n’en sait rien mais c’est pas nous quand même.
Thompson nous regarde l’un après l’autre, les sourcils froncés au maximum.
- Fais gaffe, tu vas choper des rides, tiens bon de lui faire signaler Eve.
Je juge bon de confirmer ses propos. A dix-sept ans attraper des rides c’est pas bon pour lui. Surtout s’il ne veut pas finir sa vie célibataire. Quoique je plains déjà ses gosses. Les pauvres. Déjà qu’ils ne maltraitent, nous, ses fidèles et loyaux poursuiveurs. Parce que c’est nous qui souffrons le plus dans cette mascarade. Bah oui, les batteurs sont tranquilles eux au moins. Enfin, quand je dis « les batteurs » je veux plutôt dire LE batteur. Parce que depuis que Joseph Kirke est partit, Black s’est retrouvé tout seul comme un con. Mais en même temps il a pas le droit de se plaindre, lui il lui suffit juste de taper dans les cognards (d’ailleurs j’ai remarqué qu’il prenait un malin plaisir à les envoyer sur son frère). Nous on doit non seulement on doit réussir à attraper la balle mais on doit également éviter toutes les cibles du genre Serpentard/Poufsouffle/Serdaigle mais aussi les cognards. Sans oublier le fait qu’en plus on est censé marquer le plus de points possibles. Mais est-ce qu’on nous remercie ? Non, bien sûr que non. Après tout c’est pas si on était les piliers du match. Mais qui est-ce qui nous vole la vedette ? Et bien les attrapeurs. Alors qu’ils foutent pratiquement rien du match. Bon d’accord, ça doit être compliqué d’attraper le Vif d’or mais est-ce qu’ils se préoccupent des autres ? Non, bien sûr que non.
Faudra qu’on fasse une manif.
- Désolé de casser votre délire, nous sort alors Thompson. Mais j’ai quelqu’un à vous présenter.
Il se décale légèrement pour laisser place à un garçon que ma sœur et moi reconnaissons presque sur le champ.
- Oh mais c’est Thompson junior ! on s’écrie.
C’est le surnom qu’on a donné au frère de notre capitaine vénéré. Pas seulement parce que c’est le portrait craché de son aîné mais aussi parce qu’on a complètement oublié son nom. Mais il me semble qu’il y a un « a » à l’intérieur…
- Vous connaissez déjà mon frère Léon je suppose ?
Ah, en fait non. Thompson nous regarde l’un après l’autre et je sens comme de la crainte dans son regard. Tu m’étonnes qu’il se souvienne de nous, après tout ce qu’on a accompli. Ce n’est pas pour me vanter mais notre quota d’heures de colle dépasse largement celle des quatre Maraudeurs réunis. Mais je les suspecte d’être plus discrets que nous. Enfin bon, nous on est des Gryffondors, des vrais. On a peur de rien.
Enfin sauf du professeur McGonagall mais elle s’est pas pareil, elle est vraiment flippante quand elle le veut. Je peux vous dire qu’on en a bavé avec elle quand on se trouvait collé. Souvent pour rien. Bon d’accord, des fois on la cherché. Par exemple la fois où on a enfermé Oscar Parkinson dans un placard et qu’on a oublié de le libérer. Je crois bien qu’il est resté coincé dedans toute la nuit. Depuis des qu’il passe devant, il fait une crise de panique et part en courant.
En attendant je parle, je parle, mais Thompson prend de nouveau la parole :
- C’est notre nouveau Batteur.
- Ooooooh, lâche ma sœur. C’est Black qui va être content.
C’est vrai qu’il se plaignait d’avoir mal aux bras à force de taper dans le Cognard. Cependant… Il nous suffit d’un seul regard avec ma sœur pour que nous posions chacun notre main sur son épaule en lui déclarant :
- Courage, tu en auras besoin.
Thompson junior se tourne vers Thompson sénior, l’air paniqué.
- Pourquoi ils disent ça Jeff ?
- Laisse tomber frangin, ce sont des crétins.
- Hey ! s’insurge ma sœur. On est pas des crétins.
- Tout à fait. Et puis d’abord c’est qui Jeff ?
- C’est moi, nous réponds calmement le frère de Léon. Jefferson Thompson. Jeff pour faire plus simple.
Ah… C’est vrai qu’à force de les appeler par leur nom de famille on en oubliait parfois qu’ils avaient des prénoms aussi.
- Bon c’est bien beau tout ça et on est vraiment ravis d’apprendre tout ça, mais qu’est-ce que tu nous veux Jeff ?
Aurais-je oublié de préciser que ma jumelle est rancunière et facilement ennuyée ?
- J’aurais besoin de vous pour l’entraîner ?
- Comment ça l’entraîner ? répète Eve.
- C’est vrai ça, on est des Poursuiveurs pas des Batteurs.
Tiens ça rime. Attrapeurs, Batteurs, Poursuiveurs… Vous croyez que c’est fait exprès tout ça ?
- Certes. Mais Black est en retenu et j’aimerais bien que Léon apprenne à viser sur des choses mouvantes…
- Euh… hésite ma jumelle.
- Sans vouloir te vexer…
- On est pas tellement emballé par ton idée…
C’est vrai quoi. Qui est vraiment assez fous pour avoir envie de se faire attaquer par des Cognards ? Pas nous en tout cas. Non, non, sans façon, merci.
- Vous n’avez pas vraiment le choix, nous fait remarquer Thompson.
- On a toujours le choix dans la vie, je rétorque en bombant le torse.
Ce qui est particulièrement ridicule puisqu’il sera toujours et éternellement plus musclé que moi. A croire que les gardiens se sont passé le mot pour devenir du jour au lendemain des armoires à glace. Il pourrait me briser la cage thoracique en un seul coup. A cette idée, je frissonne.
- Pas si je vous expulse de l’équipe si vous ne le faîte pas.
- … T’oserais pas tout de même ? je m’inquiète.
- Tu veux parier ? Je vous ai déjà trouvé des remplaçants.
Eve et moi on échange un regard avant qu’elle ne prenne finalement la parole :
- Bon, bon d’accord.
Thompson ne dit rien mais je suis presque sûr de l’avoir vu esquisser un sourire…
On enfourche donc nos balais. Et le jeu commence… Faut avouer qu’il se débrouille vraiment pas trop mal le gamin. Arriver à contrôler deux Cognards en même temps… J’appelle ça de l’art.
Ou du cochon.
Oui, je sais, c’est merdique… Pas la peine de me huer pour ça, ça arrive à tout le monde des baisses de formes. Même à vous. J’ai beau jouer comme un Dieu, je n’en suis pas moins humain.
… Oh mon dieu, je parle comme Potter. Vite, appelez l’infirmière, l’école doit être mise en quarantaine !
Aïe.
Je m’appelle Adam Christmas et je viens de me prendre un Cognard en pleine tête.
La quarantaine attendra.
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