Lena soupira en arrivant sur le toit de son établissement scolaire. Elle s’appuya sur la barrière et regarda les élèves s’activer dans la cour en dessous d’elle. Le toit était l’endroit du lycée où personne n’allait jamais, aussi elle se sentait à peu près en sécurité. Après avoir assisté à un assassinat, la petite brune était persuadée que les meurtriers essaieraient de la retrouver. En plus, elle avait cassé le nez de l’un deux : elle eut un léger sourire à cette pensée. Mais personne ne penserait à venir la chercher là. Elle fut brusquement interrompue dans ses pensées par des bruits de pas derrière elle, et se retourna vivement.
- Enfin, j’te retrouve ! s’exclama Drake, un sourire aux lèvres. Ca m’a pas trop plu, ce que t’as fait hier. C’était pas poli de s’enfuir comme ça, sans même dire au revoir…
Lena eut tout d’abord le réflexe de reculer, puis se ressaisit. Non, elle n’avait pas peur. Il était tout seul, et elle avait déjà réussi à le blesser. Il ne devait pas être si dangereux que ça : néanmoins, il avait déjà guéri. Elle s’avança vers le blondinet prétentieux et prit un air décidé, les bras croisés contre sa poitrine.
- Toutes mes excuses les plus plates et les plus réfléchies pour avoir tenté d’échapper à quatre meurtriers aux dents trop longues.
Drake prit un air étonné devant l’assurance de la jeune fille. Ses lèvres s’étirèrent en un sourire narquois.
- Tu n’auras pas la chance que tu as eue hier, tu sais.
- Ecoute moi bien, espèce de délinquant juvénile, j’approuve pas du tout le fait que toi et tes petits copains vous vous amusiez à tuer des gens pour boire leur sang. Faire passer ça pour des suicides ? C’est répugnant. Vous me dégoûtez. J’aurais jamais peur de quatre abrutis qui s’éclatent à s’attaquer à plus faible qu’eux. Alors, tu sais ce que je vais faire ? Je vais m’opposer à vous. Je vais montrer votre véritable nature à tout le monde.
- Ah oui ? Je sais pas si tu réalises le fait que nous sommes les quatre personnes les plus populaires de ce lycée. (Il se pencha vers elle et détacha chaque syllabe de sa phrase : ) Et toi, personne ne t’aime. Tu n’as aucun ami.
Lena recula d’un pas, un peu blessée étant donné qu’il avait parfaitement raison. Elle baissa les yeux, se mordillant la lèvre. Toute son assurance venait de voler en éclats. Drake paraissait plus satisfait que jamais et prêt à en remettre une couche.
- J’ai raison, n’est-ce pas ? En plus, si tu essaies de raconter ça à qui que ce soit, personne ne te croira.
La jeune fille releva brusquement la tête et le regarda dans les yeux.
- Qui te dit que je vais leur raconter ? Leur montrer est bien plus excitant !
Elle éclata de rire et s’en alla brusquement, le laissant tout seul sur le toit. « Je suis plus forte. Je suis plus déterminée. Ils ne m’auront pas. Aucun d’entre eux. Je les dénoncerais. Je les ferais tomber de leur foutu piédestal. » Lena se répétait tout cela en marchant d’un pas précipité. Elle ne se laisserait pas faire. Si ils pensaient pouvoir lui faire peur, ils se mettaient tous les quatre le doigt dans l’œil bien profond, et particulièrement le dénommé Drake.
- Alors ? Tu l’as tuée ? demanda Uriel.
Drake ne répondit qu’un grognement, montrant qu’il était particulièrement de mauvaise humeur.
- Je suppose que ça veut dire non. Tu veux que je m’en occupe ? proposa Orlando.
- Non, laissez tomber, déclara finalement Drake. Une mort rapide, c’est trop beau pour elle. Je veux la détruire totalement.
- J’ai entendu dire qu’elle était mal-aimée de tous les gens de sa classe et qu’elle se faisait régulièrement harceler. Qu'est-ce que tu comptes faire ?
- Je veux qu'elle perde tout espoir. La pousser au suicide.
- Comment ?
- J'ai fait quelques petites recherches sur elle, les interrompit Aelfric. Il paraîtrait que ses parents tiennent un petit hôtel à la sortie de la ville, donc...
- Donc, on a qu'à s'inviter là bas quelques temps pour connaître tout sur elle et sur toutes les choses qu'elle a peur de perdre !
- C'est un peu rapide, comme plan, tu ne crois pas ? Demanda Uriel.
- C'est peut-être rapide, mais ça sera particulièrement amusant ! Elle sera folle de rage ! Déclara Orlando.
- Bon, alors c'est décidé.
Lena s'affala sur son lit dès son arrivée chez elle. La jeune fille aux cheveux bruns soupira un bon moment. Dans quoi s'était-elle embarquée ? Une sorte de mini-guerre contre des... Vampires ? Ce simple mot semblait ridicule à l'oreille, et pourtant. Elle avait beau avoir fait la fière, elle n'en menait pas large : elle n'avait aucune idée de comment s'y prendre, et elle doutait même d'être capable à les arrêter. Quelqu'un tapa à sa porte, ce qui la sortit de ses pensées.
- Oui ?
Sa mère entra et s'assit tranquillement à ses côtés sur le lit.
- On a des nouveaux clients.
- Ah bon ?
- Quatre d'un coup, et ils ont pris les chambres les plus chères.
- Q-quatre ?
- Oui. Ils ont l'air d'avoir ton âge, en plus, ou peut être un peu plus vieux, mais ce sont des adolescents. Je me demandais si tu les connaîtrais. Je les ai entendus parler de toi.
- Qu'ont-ils dit ?
- Je n'ai pas vraiment fait attention jusqu'à ce que j'entende ton prénom, mais je crois qu'ils se sont juste demandé si ils pourraient te voir. (Elle sourit.) Ils ont l'air de gentils garçons.
Folle de rage, Lena se leva et abandonna sa mère dans sa chambre pour se diriger vers le troisième étage : là où se trouvaient les chambres les plus chères. Possédant un passe-partout comme tous les autres employés de l'hôtel, elle ne prit même pas la peine de taper à la porte, et entra comme si de rien n'était.
- Qu'est-ce que vous foutez ici, vous ? S'écria-t-elle avant de leur laisser le temps de dire quoi que ce soit.
Drake était debout au milieu de la pièce, comme si elle l'avait coupé en plein milieu d'un discours. Les jumeaux Uriel et Aelfric étaient tranquillement assis sur le canapé et Orlando était assis en tailleur à côté d'eux. Ils la fixèrent dès son entrée, et Drake se retourna vers elle, un sourire effrayant sur le visage.
- Oh, tu es là !
- Oui, je suis là. Mais vous, vous ne devriez pas être là.
Personne ne lui répondit. Drake la fixait, ne lui accordant aucune réponse, la laissant s'énerver encore plus. Comment osait-elle lui parlait sur ce ton ? Il ne savait pas exactement comment il allait se venger, mais c'était devenu sa seule préoccupation. Il prit un air étonné lorsque Lena déclara finalement.
- Qu'importe, après tout. Restez ici si ça vous chante. Vous prendrez un petit déjeuner demain ?
- Quoi ? S'indigna Orlando. T'es pas en colère ?
Elle se tourna vers lui et le regarda sans une once de haine dans son regard.
- Moi ? Oui, je l'étais quand j'ai appris que vous comptiez loger chez moi, mais en fait ça me dérange pas.
- Ah ? Pourquoi ? Demanda Aelfric, intrigué.
- C'est tout simple : comme vous allez payer la chambre, c'est votre argent qui ira dans ma poche. Et moi, je n'ai absolument rien à perdre dans cette situation, j'ai tout à gagner. En plus, le truc qui est bien avec vous, c'est que vous avez pris la chambre la plus chère : si vous restez assez longtemps, ça pourra même me payer mes prochaines vacances. Comme quoi, vous avez beau être des meurtriers, vous pouvez servir à quelque chose de temps en temps, merci, les gars.
Sur ces mots, elle se détourna et sortit rapidement de la pièce, sous leurs regards étonnés.
- Je... Je m'attendais pas à ça, balbutia Orlando.
- Cette fille est folle, marmonna Uriel.
Drake lâcha un long soupir et s'assit sur le lit. Il croisa les bras et fixa ses camarades.
- Ca l'arrange qu'on soit là. On s'est loupés quelque part.
- Faut avouer, quand même, qu'elle a quelque chose de spécial, déclara soudainement Orlando.
Uriel lui administra une légère tape derrière la tête.
- Cette fille, c'est l'ennemi, ne pense pas du bien d'elle !
- Hey ! Protesta la pauvre victime, c'est pas une raison pour utiliser la violence ! Je donnais mon avis, c'est tout.
- Taisez vous ! Ordonna Drake. Qu'est-ce qu'on peut faire, du coup ?
- On devrait rester encore un peu, proposa Aelfric. Et, tuer sa famille, peut être ? Si elle tient beaucoup à ses parents, ça pourrait être intéressant. Enfin, c'est assez dangereux pour nous aussi, ça risquerait d'attirer l'attention des humains, donc il vaut mieux être sûrs que cela vaut le coup.
Lena soupira longuement en retournant dans sa chambre. Qu'ils viennent jusque chez elle ? Elle ne s'y attendait pas. Et ça ne la dérangeait pas, en réalité. Après tout, plus longtemps ils resteraient, plus de bénéfices il y aurait, alors pourquoi se priver ? |