Des coups frappés à la porte de l'Arène réveillèrent Morgane en sursaut. Elle avait pris une potion pour l'aider à s'endormir suite à sa défaite et cela avait apparemment fonctionné puisque douze heures s'étaient écoulées depuis ce moment-là. Sa tête était toujours un peu vaseuse, mais elle mit cela sur le compte du sommeil dont elle venait à peine d'émerger. Au moins, elle ne la lançait plus.
Elle se leva, prit une robe de chambre violine dans son armoire, noua une ceinture en tissu autour de sa taille, puis enfila une paire de pantoufles en fausse fourrure avant de se diriger vers le couloir qui menait à l'entrée. Elle ne remarqua qu'au bout de quelques mètres qu'elle n'avait pas trouvé de mauvaise surprise au pied de son lit, cette fois-ci.
- Agent Jenny ? s'étonna-t-elle en ouvrant la porte.
La femme en uniforme bleu se tenait sur le seuil. Elle exécuta un rapide garde-à-vous en guise de salut, portant sa main gantée à sa tempe, et Morgane s'écarta pour la laisser pénétrer à l'intérieur. La policière secoua cependant la tête d'un air grave :
- Je suis désolée, mais je vais devoir vous demander de m'accompagner au poste.
- Au poste ? Pourquoi ça, je vous prie ?
- A cause de ceci.
L'agent Jenny désigna d'un geste le battant en bois sur la poignée duquel la Championne avait toujours la main de posée. Elle aperçut alors une inscription en lettres écarlates, semblable à celle qu'elle avait trouvé la matinée précédente sur son miroir. Le message, en revanche, n'était pas le même. Celui-ci disait :
Petite loque
- Vous souhaitez que je vienne au commissariat pour un simple tag ? répliqua-t-elle, parfaitement calme, bien qu'elle pestait mentalement contre Morgause. N'est-ce pas un peu exagéré ?
- Ce n'est pas la seule raison de ma visite, Morgane. Vous avez livré un combat contre Jimmy Winster, hier, n'est-ce pas ?
- C'est exact, oui. Une vraie peste, d'ailleurs. En revanche, je ne saisis pas l'intérêt de cette question.
- Il est mort. Nous avons retrouvé son corps ce matin dans la ruelle qui borde votre Arène, celle où se situe l'accès des challengers. Un crime particulièrement odieux, soit dit en passant. Ce pauvre garçon a été dépecé. Il a fallu beaucoup de sang-froid pour commettre un crime aussi atroce.
- Seriez-vous en train de m'accuser, agent Jenny ?
- Je préfèrerais ne pas en arriver là. C'est pour cette raison que je tiens à vous interroger. Malheureusement, beaucoup de pistes convergent vers vous. Celle-ci, pour commencer.
A nouveau, elle montra le graffiti. Morgane se figea : la policière n'avait pas besoin d'en dire davantage. Exactement comme sur le miroir, il ne s'agissait pas de peinture, mais de sang : le sang de la victime de Morgause.
- Suivez-moi, s'il vous plaît.
La Championne emboîta le pas de la femme en uniforme, la respiration régulière, les traits calmes. Elle ne risquait rien. Elle n'avait aucun antécédent avec la justice et si elle lançait les policiers sur la piste de sa jumelle, ils la retrouveraient certainement en l'espace de quelques jours, bien qu'elle soit certainement assez maligne pour réussir à leur filer entre les doigts si elle décidait de faire étalage de toute sa fourberie.
Si elle se moquait bien de ce que les habitants de Safrania pouvaient penser, elle détestait sentir leur regard sur elle alors qu'elle traversait la ville en robe de chambre, sur les talons de l'agent Jenny. Il leur fallut traverser plusieurs rues avant de parvenir au commissariat, où Morgane fut accueillie par une pléthore d'expressions méprisantes.
On l'installa dans une salle d'interrogatoire austère, mais dans laquelle elle se sentit parfaitement à son aise. Le décor grisâtre et lugubre lui rappelait celui de son Arène. Elle ne se départit pas de son calme lorsque la policière prit un siège en face d'elle, de l'autre côté de la table qui les séparait, tandis qu'un homme aux allures de Mangriff restait debout à sa gauche.
- Je voudrais, pour commencer, que vous me racontiez en détail ce qui s'est passé, de l'arrivée de ce garçon chez vous à son départ.
- J'étais dans le vestibule quand j'ai entendu la cloche sonner, coopéra la Championne. J'avais l'intention d'aller me coucher car j'étais malade. Je tenais à peine debout. Au début, d'ailleurs, j'ai même voulu refuser ce combat, mais il m'a menacée d'avertir la Fédération.
- Voilà qui n'a pas dû vous plaire.
- Ils me surveillent de près. Ils attendent la moindre erreur nouvelle de ma part pour me suspendre de mes fonctions.
- Qu'avez-vous fait après cela ?
- Je me suis résignée à accepter un match en deux contre deux. J'allais si mal que j'ai perdu un temps précieux et quand j'ai eu la force nécessaire pour me reprendre en main, je ne pouvais déjà plus combler mon retard. J'ai perdu d'un cheveu.
- Cette défaite a dû profondément vous toucher.
Les yeux de Morgane se plissèrent légèrement. Elle devinait aisément ce que son interlocutrice cherchait à insinuer : bon nombre de dresseurs étaient mauvais perdants. Cela n'avait jamais été son cas, pourtant effectivement, cet échec là lui laissait un goût amer dans la bouche, contrairement à tous les autres.
- Ce ne sera pas la première, ni la dernière, mentit-elle avec sérénité. Si je devais dépecer tous les gamins qui m'ont un jour vaincue, vous m'auriez arrêtée depuis longtemps, agent Jenny.
L'autre garda le silence un instant. Elle était bien forcée d'admettre que ses paroles étaient censées. Pourquoi Morgane aurait-elle tué ce Jimmy Winster plus que n'importe quel challenger ? Elle avait croisé maints insupportables avant lui. Si elle s'était emportée durant le combat, c'était uniquement à cause du bouleversement que le retour de sa soeur causait dans sa vie, sans cela elle aurait conservé son flegme naturel.
- Je veux bien vous croire, à une condition, concéda finalement la policière.
- Laquelle ?
- Celle de vous soumettre au détecteur de mensonges.
La Championne hésita quelques secondes, mais finit par accepter. Elle doutait cependant qu'un tel appareil soit en mesure de fonctionner sur elle. L'aura dégagée par ses pouvoirs était sans doute à même de duper son système.
Elle laissa l'agent Jenny relier son doigt à la machine par le biais d'un outil sophistiqué d'où s'échappait un fil électrique, puis brancha le moniteur à la prise. Il grésilla en se mettant en route.
- Répondez par oui ou non à chacune de mes questions. Dites la vérité. Vous appelez-vous Morgane ?
- Oui.
- Un mensonge, à présent. Etes-vous Championne d'Arène ?
- Non.
Le tracé suivait ses réponses. Pour le moment, il différenciait le faux du vrai. Morgane avait très envie de voir si ses pouvoirs étaient capables de tromper cette technologie, cependant elle tenait quand même davantage à rentrer chez elle sans problème. Elle renonça donc à cette idée.
- Avez-vous tué Jimmy Winster ?
- Non.
Elle ne fit rien de particulier, ne mobilisa pas son énergie, pourtant cette fois, la courbe demeura au même niveau, celui qu'elle avait lorsqu'elle gardait le silence. L'agent Jenny ouvrit des yeux ronds, son collègue également.
- Euh... Savez-vous qui a tué ce garçon ?
Morgane attendit avant de répondre. Elle réfléchissait. Valait-il mieux rechercher sa soeur seule ou lancer à sa poursuite des policiers qui ne possédaient que de très minces chances de la capturer ?
Elle allait ouvrir la bouche quand ses oreilles se remirent à siffler soudainement. Elle porta ses mains à ses orifices auriculaires, arrachant au passage le détecteur de mensonge de son socle qui se fracassa sur le sol en pierre. Elle poussa un cri strident avant de glisser de sa chaise.
- Morgane ? Que vous arrive-t-il ?
- C'est ce bruit... Encore ce bruit ! C'est insupportable ! Arrêtez-le !
Elle hurlait pour tenter de couvrir ses acouphènes qui se faisaient de plus en plus puissants. Elle avait l'impression de perdre le contact avec la réalité, pourtant elle entendait toujours la femme lui parler avec netteté.
- Quel bruit ? A quoi faites-vous allusion ?
- On dirait... des ultrasons. Quelque chose comme ça, en tout cas.
- Appelez l'infirmière Joëlle, vite !
Son collègue se précipita hors de la salle à l'instant même où Morgane s'agrippait au dossier de son siège afin de s'aider à se remettre debout. Elle cligna des yeux à deux reprises : elle avait l'impression que sa vision était devenue plus brillante.
- Vous avez mentionné avoir été malade, hier soir. Est-ce qu'il vous est arrivé la même chose ? questionna l'agent Jenny en lui tendant un verre d'eau.
- C'est... Morgause. C'est elle qui me persécute depuis qu'elle est revenue.
- Morgause ?
- Oui. Ma soeur jumelle. Ça fait quinze ans que je ne l'ai pas vue et elle a soudain refait surface. Je suis convaincue que c'est elle qui a assassiné ce garçon.
- Morgane...
- Ce mot qu'elle a laissé sur la porte d'entrée, c'était une insulte qu'elle m'adressait en combat lorsque nous étions enfant.
- Morgane...
- Déjà hier matin, j'ai trouvé un oiseau décapité au pied de mon lit. C'est elle qui l'a mis là, j'en suis sûre.
- Morgane ! l'interrompit sèchement son interlocutrice. A quoi rime toute cette histoire ?
- Je n'en ai pas la moindre idée. Je crois qu'elle veut se venger, mais j'ignore de quoi. Je n'arrive pas à me souvenir des raisons qui nous ont poussées à nous séparer pour de bon.
- Ne vous moquez pas de moi, s'il vous plait. Vous savez très bien que votre soeur ne peut pas avoir tué Jimmy Winster.
A nouveau, la jeune femme fut victime d'un élancement. Elle se cramponna fermement à la chaise en bois sur laquelle elle était appuyée, mais elle se disloqua sous ses doigts. Sa respiration se fit plus saccadée et, tandis que la douleur la submergeait, elle répliqua :
- Pourquoi ? Vous êtes exactement comme mes parents. Comme ma mère surtout, qui ne voyait en elle qu'une petite sainte. Morgause est complètement folle ! Elle sème le mal et la destruction partout sur son passage. Il faut l'arrêter tant que vous le pouvez encore, sinon elle fera bientôt une autre victime. Elle fait tout ça pour moi, pour obtenir sa revanche.
- Morgane, vous délirez complètement ! Asseyez-vous et efforcez-vous d'attendre l'arrivée de l'infirmière Jo...
- Non ! Il n'est pas question que je reste encore une fois les bras ballants à regarder ma soeur s'en tirer à bon compte. J'en ai assez que personne ne m'écoute, d'être la seule à voir son vrai visage ! Puisque c'est comme ça, je vais me charger d'elle moi-même !
L'agent Jenny n'eut pas l'occasion d'esquisser un mouvement que les yeux de la Championne, de même que le reste de son corps, se voilaient d'une aura verdâtre. Elle concentra son énergie psychique sur la femme, qu'elle projeta contre le mur. Sa tête rebondit contre la paroi brute et elle glissa à terre, inconsciente.
Morgane enjamba ses jambes tendues pour rejoindre la porte, mais celle-ci était verrouillée. Elle plaqua ses paumes contre le métal qui la constituait. Une fraction de seconde plus tard, le battant sautait de ses gonds pour aller s'encastrer de l'autre côté du couloir. Ce bruit attira deux policiers hors de leur bureau.
- Halte ! s'exclama le plus prompt à réagir. Les mains en l'air !
Il dégaina son arme et la pointa sur elle. L'autre l'imita. Il était plus jeune, visiblement à ses débuts dans la police, car ses doigts tremblaient légèrement sur la crosse. Morgane les jaugea un instant. Elle n'avait pas de temps à perdre avec eux.
Ses iris scintillèrent et, alors qu'elle exécutait un geste avec son bras gauche, les pistolets se retournèrent d'un coup pour mettre en joue leur propriétaire respectif. La gâchette oscilla, mais ne fut pas pressée. Elle ne comptait pas les tuer. Contrairement à ce qu'ils songeaient, contrairement à Morgause, elle n'était pas une meurtrière.
Le visage décomposé par la terreur, le regard fixé sur les canons qui les menaçaient, les deux hommes la laissèrent passer, paralysés. Elle n'abaissa les revolvers qu'une fois hors d'atteinte et ils rebondirent sur le sol, où les barillets se vidèrent.
Personne ne tenta de s'interposer à nouveau entre la sortie et elle. Sans doute avaient-ils compris qu'il était impossible de l'arrêter. Sitôt les portes du commissariat franchies, elle se mit à courir. Le martèlement à l'intérieur de son crâne était insoutenable et le rythme de ses foulées n'arrangeait rien à cela, pourtant elle ne ralentit pas l'allure. Elle devait rentrer chez elle, retourner à l'Arène. Elle pourrait y récupérer ses pokémon, dont elle aurait besoin face à Morgause.
Les badauds qu'elle rencontrait sur son chemin la dévisageait. Déjà, avec sa chevelure verte, elle passait difficilement inaperçue, mais en plus vêtue d'une simple robe de chambre, tout le monde ne manquait pas de la remarquer. Ils pourraient informer la police lorsque celle-ci leur demanderait s'ils l'avaient vue passer. Cela ne lui laissait guère de répit.
Parvenue au bâtiment rectangulaire, elle écrasa les touches du digicode de ses appartements privés. La porte émit un cliquetis lorsqu'elle se déverrouilla et Morgane s'empressa de l'ouvrir. Une fois à l'intérieur, elle utilisa le système de commandes principal afin de condamner toutes les entrées de l'Arène, y compris celle des dresseurs située dans l'autre aile.
Elle monta quatre à quatre les escaliers qui donnaient jusqu'à sa chambre, mais dut s'arrêter à mi-chemin quand le sifflement s'accentua dans son esprit. Elle avait envie de se cogner le front contre les murs dans l'espoir que cela cesse, mais elle savait que ce serait inutile. De quel envoûtement Morgause avait-elle usé ? Si elle avait eu la moindre théorie, elle aurait pu tenter d'en annihiler les effets, cependant trouver l'enchantement à l'origine de ses malaises lui prendraient des heures, or elle n'en avait pas suffisamment devant elle. Elle devait retrouver sa soeur avant que la police ne remette la main sur elle.
Elle se précipita dans son dressing afin d'y prendre des vêtements plus décents que ses habits de nuit. Elle s'immobilisa toutefois sur le seuil, la main figée sur l'interrupteur, quand la lumière de l'ampoule éclaira ses affaires de la veille qui gisait sur le sol.
Elles étaient tachées de sang. Apparemment, celui-ci était frais lorsque le tissu était entré au contact du sol, car lui aussi se retrouvait maculé de traces écarlates. Morgane pâlit. Décidément, sa jumelle avait pensé à tout pour la faire accuser. Avec des preuves aussi irréfutables, elle serait la plus parfaite des coupables aux yeux de l'agent Jenny, surtout après sa fugue.
Elle enfila rapidement un pantalon en lin et un pull-over gris avec une paire de bottines dans lesquels elle serait suffisamment à l'aise pour parcourir la forêt. Elle quitta ensuite le premier étage pour retourner dans la salle qui occupait une grande partie du rez-de-chaussée et où ses pokémon pouvaient vaquer à leur guise.
D'ordinaire, elle prenait le temps de leur adresser un petit mot de salutation individuellement, mais là, elle était bien trop pressée pour se permettre ce genre de banalité. Elle se précipita directement vers son Hypnomade, car c'était de lui dont elle avait besoin.
- Il faut que tu m'hypnotises, affirma-t-elle sans détour. Tu es capable de raviver en moi des souvenirs enfouis, n'est-ce pas ? Je veux que ma mémoire remonte à l'époque de mes huit ans. J'ai un véritable trou noir, or je dois absolument me rappeler les raisons du départ de ma soeur. T'en sens-tu capable ?
- Made !
Morgane prit l'un des coussins posés à même le sol, sur lequel son Mentali était jusqu'à présent lové, et s'assit à genoux dessus. L'humanoïde jaune vint se placer face à elle, son pendule à la main. Il l'agita à hauteur de ses yeux. Le mouvement de va-et-vient du pendentif était régulier et les paupières de la Championne ne tardèrent pas à devenir lourdes. Très lourdes.
- Un Rattata !
Le cri de Morgane parvint trop tard pour effrayer le petit rongeur. L'attaque de Feuforêve, destinée à Abra, le heurta de plein fouet alors qu'il traversait la petite clairière dans laquelle elles se trouvaient. Il poussa un couinement apeuré et, complètement déboussolé, se rua dans la mauvaise direction, à savoir vers Morgause.
Celle-ci l'attrapa par la queue, ce qui lui arracha un nouveau cri de douleur. Morgane grimaça : elle avait beau ne pas être un modèle de tendresse, elle n'aimait pas voir souffrir les pokémon, du moins pas sans raison.
- Arrête ! Tu vois bien que tu lui fais mal !
- Tu as raison... Il faut abréger ses souffrances.
Sur l'instant, la fillette qu'était la Championne à l'époque ne saisit pas toute l'ampleur de ses paroles. Même quand elle vit Morgause lever bien haut le Rattata qui se débattait férocement en tentant de la mordre, elle ne réagit pas. Tout ce qu'elle put faire fut d'hurler à son tour lorsque sa jumelle abattit l'innocente créature sur la pierre plate qui se trouvait à ses pieds.
Le sang du pokémon gicla pour venir maculer son pelage et l'herbe aux alentours. Elle venait de lui fracasser le crâne contre un rocher de son plein gré, sans laisser transparaître le moindre regret. Au contraire, un vague sourire étirait même ses lèvres.
- Tu es folle ! s'époumona Morgane, les larmes aux yeux à cause du choc que lui causait la scène et la vision du rongeur sauvagement assassiné. Tu es complètement...
Elle émergea de son souvenir dans un bruit assourdissant de sirènes. La maison était encerclée par les policiers. Ils n'avaient pas perdu un instant pour la retrouver. Elle ne prit pas le temps de remercier son Hypnomade : souffreteuse, elle se traina péniblement vers le tiroir qui contenait ses pokéballs. Hélas, celui-ci était fermé et la clé se trouvait dans sa chambre. Elle ne pouvait pas perdre un temps considérable à monter la chercher. Elle devait fuir au plus vite.
- Restez là et ne vous inquiétez pas pour moi. Les gens qui vont venir n'en ont pas après vous. Normalement, ils ne vous feront aucun mal et si tel est le cas, je vous autorise à vous défendre.
Sans les sphères métalliques auxquelles ses pokémon étaient rattachés, elle ne pouvait pas les emmener avec elle. Ils ne seraient pas assez discrets. La seule qui restait toujours à sa disposition était celle d'Alakazam, posée en évidence sur un petit coussin, lui même placé sur un bureau. La créature psychique était encore convalescente, cependant elle avait besoin de lui.
Il y eut un flash de lumière rouge et il apparut. Il garderait certainement les cicatrices de ses dernières brûlures car, malgré les soins quotidiens que lui prodiguait Morgane, elles ne guérissaient toujours pas.
- Je sais que tu es encore souffrant, mais tu dois m'emmener dans la forêt tout de suite, sinon ils vont m'arrêter. Ma seule chance de m'échapper est de retrouver Morgause avant qu'ils ne me capturent.
Le pokémon la regarda d'un air grave. Il tendit une main dans sa direction, sans lâcher la cuillère sur laquelle ses doigts étaient serrés, et elle plaça aussitôt la sienne à hauteur de son poignet. Elle savait que le Téléport lui demandait beaucoup plus d'énergie qu'autrefois, lorsqu'il n'était qu'un insouciant Abra, et en nécessitait même davantage en fonction de la distance, or sa destination représentait plusieurs kilomètres à vol d'oiseau.
Une vague d'émotions apaisantes s'échappa de l'Alakazam et il cligna fermement des paupières, un signe commun qu'ils avaient pour se rassurer mutuellement. Elle répondit par un hochement de tête. Elle devait avoir confiance en lui.
Au moment où les policiers parvenaient à enfoncer le rideau métallique qui condamnait l'accès à la porte d'entrée, elle disparut avec son acolyte dans une lumière dorée aveuglante. Lorsqu'ils pénétrèrent dans la pièce, elle était déjà loin, sur les traces de sa jumelle. |