Ils arrivèrent devant la Chaumière. Le jour se levait à peine. Il faisait plus frais qu’en France et la température eut l’effet d’une piqure de rappel sur Hermione. Elle était à nouveau chez elle. Enfin.
D’un coup, elle s’arrête et serra le bras de Draco.
« Quoi ? demanda-t-il, alarmé.
- Ma baguette ! J’ai oublié ma baguette !
Draco la regarda, étonné.
- Ta baguette est ici, Granger.
- Quoi ?
C’était à son tour d’être étonnée.
- Tu l’as laissée aux Weasley en partant. Tu ne t’en souviens pas ?
- Non…
Et c’était vrai. Elle avait beau réfléchir, elle ne se souvenait pas avoir laissé sa baguette. Pourtant, ça lui ressemblait bien.
- Mais… Qu’est-ce qu’elle fait ici ? Pourquoi n’est-elle pas au Terrier ?
- Ca, je n’en ai aucune idée. Mais elle était ici, ça, j’en suis sûre. C’est en tombant sur elle que je me suis décidé à venir te chercher.
Mais Hermione ne l’écoutait déjà plus. Elle courait vers la Chaumière. Sa baguette était ici. Elle allait pouvoir à nouveau la tenir, être elle-même.
- Granger, attends !
Hermione s’arrêta net.
- Tu ne peux pas rentrer comme ça, voyons. Tu vas les paniquer. Laisse-moi passer et attends mon signal.
Draco entra dans la Chaumière et la chaleur du feu qui crépitait dans la cheminée l’enveloppa. Il soupira d’aise. Il était contente d’être rentré. C’était chez lui et il détestait être loin de la maison. Mais il était heureux d’avoir ramené Hermione. Il y a avait enfin une chance pour qu’Harry soit de retour. Et puis, Hermione avait été amie avec George et Luna, ils seraient heureux de la revoir. Andromeda aussi, sûrement.
« Daaaaacoooo ! cria une petite voix en accourant vers lui.
Draco attrapa Teddy au vol.
- Ca va, mon petit bonhomme ?
- Ouuui ! T’étais oùùù ? Mamie dit que tu es vilain pa’ce que tout le monde a eu peu’ pa’ce que t’étais pas là.
- Je suis rentré, poussin. C’est tout ce qui compte.
Draco s’avança doucement vers le salon où tout le monde s’était levé et le toisait.
- On peut savoir où tu étais ? lui demanda sa tante.
Mais Draco n’eut pas le temps de répondre que Pansy lui donna une gifle phénoménale.
- Pou’quoi tu fappes Daco ? demanda tristement Teddy.
- Pardon, mon petit loup. Mais ton cousin est un idiot !
- Quand je suis idiot, mamie ne me tape pas !
Cela fit rire Draco qui s’attira à nouveau les foudres de Pansy.
- Il n’y a rien de drôle, Draco ! Ne me fais plus jamais ça ! J’étais morte de trouille !
- Pardon… Je suis désolé de vous avoir inquiété. Ce n’était pas ce que je voulais. Mais j’avais quelque chose d’important à faire et je savais que vous ne m’auriez pas laissé partir si je vous avais dit quoi.
- Très bien, et dmaintenant que c’est fait, on peut savoir ? demanda sèchement George.
- Vous pouvez voir plutôt, répondit Draco en souriant.
Il reposa Teddy et ouvrit la porte d’un sort.
Hermione entra timidement, la tête baissée. Il avait plu et avec le vent elle ne devait plus ressembler à rien. Elle était complètement tétanisée à l’idée de revoir ceux auprès de qui elle avait grandi.
- Hermione.. ? demanda George doucement en s’approchant. C’est… C’est bien toi.
Elle releva la tête et lui sourit. Mais son sourire disparut bientôt dans le cou de George qui venait de la serrer dans ses bras.
- Je pensais ne jamais te revoir, murmura-t-il tristement.
Hermione sentit son cœur s’accélérer dans sa poitrine. Ca faisait longtemps que ça ne lui était pas arrivé. Depuis qu’elle avait dit au revoir à Ron, en fait.
Elle était bien dans les bras de George. Elle n’avait pas envie de les quitter et c’est presque inconsciemment qu’elle lui répondit :
- Je ne pensais pas te revoir non plus. Tu m’as tellement manqué…
George enfonça ses ongles dans le dos d’Hermione.
- Je suis désolé que Ron ne soit pas là, dit-il en sentant son cœur se serrer.
Hermione se détacha finalement de lui et ça lui fit encore plus mal.
- Tu es là, toi, sourit-elle.
Mais au fond, elle était désolée aussi que Ron ne soit pas là…
Dès qu’elle eut lâché George, tout le monde s’était approché d’elle et criant. Mais il n’y avait qu’une personne qu’Hermione avait envie de voir réellement.
Elle était restée dans le fond, ne sachant pas si elle devait s’avancer ou pas. Si sa place était près de son ancienne amie ou non. Mais lorsqu’elle vit Hermione s’approcher d’elle, elle lui offrit son sourire le plus resplendissant.
- Luna… chuchota Hermione en prenant la petite blonde dans ses bras.
C’était, pour elles deux, un câlin réconfortant. Le genre de câlin dont on a besoin dans les coups durs. Les câlins que l’on fait à ses amis quand on ne les a pas vus depuis longtemps.
- Merci d’être revenue… murmura Luna. Tu m’as manqué. Vous me manquez tous. Toi, Ginny, Ron. Harry… Neville…
- Je sais… Je sais…
Elles chuchotaient. Comme si, en parlant plus fort, elles gâcheraient ce moment.
- Vous me manquez aussi… Je n’aurais jamais dû partir…
- L’important c’est que tu sois là, aujourd’hui.
Le reste de la matinée consista pour Hermione à faire connaissance avec ceux qu’elle ne connaissait pas, à prendre des nouvelles des autres.
A midi, Astoria avait préparé un merveilleux repas de fête ce qui toucha l’ancienne Gryffondor. Astoria était vraiment adorable. Draco avait raison, elle était le rayon de soleil de la maisonnée. Hermione voyait en elle la Princesse Aurore parce qu’elle avait de longs cheveux blonds comme les blés, ondulés, qui lui tombaient sur les hanches et des lèvres rouges vermeil. Elle avait la grâce et la gentillesse et Hermione espérait secrètement qu’elle ne soit pas aussi intelligente que belle car alors elle aurait fait partie de ses filles qui ont tout pour elle. Astoria avait perdu ses parents et sa sœur dans des conditions atroces et pourtant une joie immense et communicative émanaient d’elle. Elle était le genre de filles dont on peut tomber amoureux en un battement de cils.
Hermione avait malheureusement que Luna, en revanche, avait perdu le grain de folie qui la caractérisait si bien auparavant. On aurait dit une étoile qu’on avait éteinte et ça brisait le cœur de la brillante sorcière. Il était vraiment qu’elle revienne.
« Luna… ? lui demanda-t-elle doucement, comme pour ne pas la brusquer. Tu as des nouvelles de Ginny ?
- Non… Je suis désolée, je sais que tu aurais aimé avoir des nouvelles de Ron mais nous n’avons eu aucune avec George.
Celui-ci s’est retourné vers elles et leur sourit tristement.
- Ca ne t’inquiète pas.. ?
- Ca fait deux ans, répondit-il en haussant les épaules comme si ce constat expliquait tout. Je pense qu’ils ont fini par partir en Roumanie rejoindre Charlie.
- C’est possible ?
- On fait passer des gens tous les jours à l’étranger, je ne vois pas pourquoi ils n’auraient pas pu.
- Ils ne sont pas recherchés ?
- Pas plus que ça. J’imagine que Jedusor devait s’attendre à plus de loyauté de leur part mais comme ils ne se sont pas engagés suite à la mort d’Harry il a dû les faire passer en seconde zone. On est bien plus recherchés qu’eux, si tu veux mon avis.
- Donc ils savent qui fait partie de l’Ordre ?
- La Résistance, la corrigea sèchement George. L’Ordre est mort il y a longtemps.
- Oui, pardon, la Résistance… Ils savent qui en partie ?
- Oui, dit sombrement Luna. Ils savent exactement qui est là, depuis quand.
Hermione regarda Draco.
- Oui, même lui. Il n’est pas idiot. Il se doute bien que les gens qui disparaissent transitent par ici.
- Et vous avez réussi à tenir tout ce temps malgré ça ?
- Je suis le Gardien du Secret, expliqua George plus calmement. Tant qu’ils ne m’attrapent pas, ils ne peuvent rien faire.
- Et comment tu fais pour ne jamais être attrapé ?
George porta la main à son cou. Il portait sur une chaîne une bague qui avait appartenu autrefois à Fred.
- J’imagine que j’ai une bonne étoile.
Hermione posa sa main sur la sienne. Leurs regards se croisèrent.
- Il serait fier de toi, tu sais. De tout ce que tu fais. Que tu aies continué à te battre. »
George hocha lentement la tête. Il savait tout ça mais qu’Hermione le lui dise lui faisait vraiment beaucoup de bien.
O - o - O
« J’aimerais aller voir Dobby, dit-elle à Luna un peu plus tard.
- Je t’accompagne.
Alors que les deux amies marchaient sur la plage, Hermione osa poser la question qui la démangeait.
- Luna… Ton père… ? Pourquoi n’est-il pas ici… ?
Luna ne répondit pas et poursuivit son chemin jusqu’à la petite tombe de l’elfe. Elle s’agenouilla devant et quand Hermione fut assise à ses côtés, elle se décida à lui répondre.
- J’ai rejoint la Résistance dès que George l’a créée. Avec mon père. Il avait peur pour moi mais il s’en voulait tellement d’avoir trahi Harry qu’il n’a pas osé m’en empêcher et m’a accompagnée. Il a continué à écrire pour le Chicaneur. Il ne voulait pas arrêter même si c’était très dangereux qu’il aille et vienne comme ça… Mais son travail était utile. Ils n’étaient plus que trois au Journal mais ils s’efforçaient de continuer à écrire des choses drôles, juste pour que les gens puissent se détendre un peu de temps en temps. Mais un jour qu’il n’était pas, le bureau a été attaqué et ses deux derniers collègues ont été tués. Mon père avait réussi à récupérer des dossiers confidentiels du Ministère qu’il avait scellés avec sa magie. Quand il a appris la mort de ses collègues, à l’intérieur même de leurs bureaux, il a voulu aller récupérer les dossiers. Il savait que c’était ce que les Mangemorts étaient venus chercher et qu’ils n’arrêteraient pas tant qu’ils n’auraient pas mis la main dessus. On l’a supplié de ne pas y aller, c’était tellement dangereux… Mais il disait que c’était son devoir alors il est parti quand même.
Elle métamorphosa un petit caillou en un bouquet de fleurs qu’elle posa sur la petite tombe.
- Et il n’est jamais revenu.
- Oh, Luna, je suis désolée…
- Ca a été très dur mais George m’a beaucoup aidée. Et puis Draco est arrivé et les choses se sont enchaînés. Plus on était, plus ça devenait vivant dans la Chaumière. Mais parfois, c’est difficile. Quand il fait froid, le soir, et noir, on a l’impression que tous les morts nous entourent. C’est oppressant. C’est comme s’ils n’étaient pas avec nous pour nous aider mais juste pour nous surveiller.
Elles restèrent ensuite un long moment en silence devant la pierre tombale qu’ils avaient improvisé plus de trois ans auparavant.
- Tu viens ? lui demanda finalement Luna. Je commence à avoir faim.
Hermione ne s’était même pas rendu compte que la nuit était déjà tombée.
- Vas-y, je te rejoins dans cinq minutes.
Mais cinq minutes plus tard, Hermione n’avait toujours pas bougé et c’est George qui la rejoignit.
- Tiens, dit-il en s’asseyant et en lui tendant un petit paquet. J’aurais pensé que tu aurais voulu la récupérer plus rapidement que ça.
C’était sa baguette. Hermione détacha soigneusement le papier qui l’entourait. Ses mains tremblaient d’appréhension. Lorsqu’enfin la baguette fut mise à nu, Hermione la prit méticuleusement entre ses doigts. Un frisson la parcourut. Pour la première fois depuis des années, elle se sentait enfin complètement. La magie qui traversait son corps la réchauffa instantanément alors qu’elle n’avait même pas réalisé avoir froid. Elle ferma les yeux et soupira d’aise. Quand elle les rouvrit, elle sourit à George.
- Merci. Merci d’en avoir pris soin toutes ses années. Mais comment ça se fait que ce soit toi qui l’aies ?
- Oh, euh… bégaya George. Je… Je l’ai récupérée. Ron n’en voulait pas donc je l’ai prise. Je me suis dit que ça pourrait toujours servir, essaya-t-il de répondre d’un ton détaché.
- Ron n’en voulait pas… ?
Le cœur d’Hermione s’était serré à cette nouvelle.
- Je suis désolé, je n’aurais pas dû dire ça comme ça. Ne le prends pas mal. C’est juste qu’il avait perdu tout espoir après ton départ. Il n’avait plus envie de rien.
- Même pas de garder un souvenir.
L’amertume semblait avoir remplacé la tristesse dans sa voix mais son cœur était toujours aussi vide. Ron avait voulu l’oublier complètement. Elle s’en doutait mais il avait une différence entre s’en douter et le savoir.
- Merci, en tout cas. De l’avoir récupérée et de l’avoir gardée. Ca me touche beaucoup. »
Hermione embrassa George sur la joue avant de se lever. Celui-ci se mit à rougir comme un enfant et alors qu’elle s’éloignait, il portait sa main à sa joue et caressa la parcelle de peau que les lèvres d’Hermione venaient de toucher.
O - o - O
Le lendemain matin, elle retrouva Draco dans la cuisine. Visiblement, ils étaient les deux lève-tôt de la maison. Tant mieux, c’est à lui qu’elle voulait parler.
« Alors ? Maintenant que je suis ici ? Qu’est-ce que je peux faire ?
- Réfléchir à mon proposition ?
- C’est tout réfléchi. Je t’ai déjà dit non.
Hermione était décidée, bien sûr, mais elle avait envie de faire languir un peu Draco.
- Je ne perds pas espoir. Tu changeras d’avis une fois que tu auras vu ce qu’est la vie ici.
Luna les rejoignit alors à table.
- Bonjour, vous deux, dit-elle en mordant dans un croissant.
- Salut, Loufoca. Bien dormi ?
Hermione donna un coup de pied à Draco.
- Aïe ! Pourquoi tu me frappes ?
- Parce qu’elle croit que ça me dérange que tu m’appelles « Loufoca », répondit Luna, toujours aussi clairvoyante. Ne t’en fais pas, Hermione, ça ne me dérange pas, c’est même moi qui lui ai dit de m’appeler comme ça.
- Oh…
- Je crois que tu me dois des excuses, ronchonna Draco.
- N’en fais pas trop non plus, Malfoy.
Les trois continuèrent à se chamailler comme s’ils avaient toujours été amis quand Pansy et Astoria entrèrent dans la pièce. Pansy était la seule qui n’avait pas semblé réellement heureuse de revoir Hermione et cette dernière pensait que cela s’expliquait par le fait que Draco se soit mis en danger pour venir la chercher.
Et probablement aussi, se dit-elle, parce que maintenant qu’elle était ici, Draco était encore plus proche de la mort.
Assurément, elle en aurait voulu à Pansy si la situation avait été inverse.
- Bonjour. Voilà le programme de la journée. Draco, comme d’habitude. On a un couple avec une femme enceinte qui arrive. Ils vont partir pour l’Italie et rejoindront ensuite Madagascar. La femme est enceinte donc un départ le plus tôt possible. Luna, aujourd’hui c’est Runes avec les ados. Hermione, on s’est dit que le mieux serait que tu t’occupes de la bibliothèque avec Sully et Megan. Megan est trop jeune pour comprendre ce qu’elle cherche vraiment et Sully est un peu perdu.
Elle s’assit et continua plus doucement.
- Draco te l’a peut-être dit mais on est persuadés que pour arrêter Jedusor il nous faudra utiliser l’ancienne magie. George a réussi, après des semaines d’aller-retours, à récupérer tous les ouvrages qui se trouvaient dans le QG de l’Ordre. Mais ça prend un temps fou à les étudier et on est tous déjà très occupés. Peut-être que ça te plairait… ?
- Etudier des livres ? Bien sûr, c’est un job pour moi !
Hermione était ravie. Elle n’était pas prête à retourner sur le terrain, mais ça, elle pouvait le faire. Mais une chose la turlupinait :
- Pourquoi vous l’appelez tous Jedusor et pas Volsushbezgz
Draco lui avait mis précipitamment la main devant la bouche.
- On peut à nouveau se faire repérer en disant son nom.
- Mais on est protégés par le Fidelitas ici.
- On n’est jamais trop prudent, déclara Draco en regardant autour de lui comme pour confirmer ses dires.
- Vigilance constante, ajouta Luna en souriant.
- Et puis c’est aussi pour éviter de prendre l’habitude et de risquer de se tromper en dehors de la maison, ajouta Astoria.
- Et après c’est son nom. Son vrai nom. Pas celui qu’il s’est construit pour faire peur. Le nom qui fait de lui rien de plus que ce qu’il est réellement : un homme. Et un homme peut mourir.
C’était Pansy qui avait parlé. C’était la première qu’elle s’adressait réellement à Hermione qui frissonna. Mais elle ne frissonnait pas car l’ex-Serpentarde l’intimidait. Non, elle frissonna car elle, elle savait.
Elle savait que Jed… Voldemort était désormais tout sauf un homme qui peut mourir. |