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au 31 Mai 21 :
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Ton pire cauchemar
Par Fleur-dEspoir__
Harry Potter  -  Romance/Horreur  -  fr
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Jours maudits

Draco atterrit devant la porte du Manoir Nott. Il prit une profonde inspiration et sonna. A son grand étonnement, ce ne fut pas Théo qui lui ouvrit mais… Daphné Greengrass !

 

- Draco Malfoy, lui dit-elle d’une voix qui semblait pleine de reproches. Je ne pensais pas que tu viendrais.

 

La voix n’était pas celle de Daphné. Elle n’était pas grave et rauque comme dans son souvenir. Celle-ci était douce, mélodieuse, presque chantante.

 

- Astoria… réalisa-t-il.

- Tiens, je ne pensais pas que tu te souviendrais de moi, ni que tu me reconnaîtrais.

 

Draco ne prit pas la peine de répondre à la première partie de la phrase. Il avait une excellente mémoire, et principalement lorsqu’elle concernait les gens qu’il avait pu côtoyer, même de loin. Il était sûr de pouvoir donner le nom de tous les Serpentard qu’il avait croisés durant sa scolarité, et probablement même le nom de la plupart des élèves des autres maisons. Il lui avoua tout de même qu’il l’avait d’abord prise pour son aînée, ce qui la fit rire.

 

- Daphné a quitté l’Angleterre, lui expliqua-t-elle. Elle s’est installée à Paris après ses ASPICS, elle a obtenu un poste de Maître des Potions à Beauxbâtons.

 

Draco se rappelait effectivement que Daphné avait toujours excellé en potions. Elle était loin d’être une élève brillante mais elle parvenait même parfois à les battre à la loyale dans cette matière, Granger et lui, tant elle était douée.

 

- Je suis content pour elle, répondit-il sincèrement. Théodore est là ?

 

Le sourire d’Astoria quitta ses lèvres.

 

- Dans le salon, dit-elle plus sèchement qu’elle ne le voulait. Il finit d’installer les décorations avec Ron. Je ne te montre pas le chemin, je pense que tu le connais.

Ron ? Ron Weasley ? Non, c’était impossible. Comment la belette et Théo auraient-ils pu devenir amis ? Certes, il était parti cinq ans, mais ça ne lui paraissait pas suffisant pour qu’une telle amitié prenne vie.

Astoria s’effaça pour le laisser entrer –enfin- et c’est alors qu’il remarqua son ventre arrondi. Puis, une chose en entraînant une autre, l’alliance qui brillait à son doigt.

 

- Félicitations pour ton bébé, dit-il en souriant.

 

- Euh… Merci.

 

Astoria se demanda si Draco serait toujours si enjoué une fois qu’il aurait compris qui était le père de son enfant.

 

Et en effet, ce ne fut pas le cas. Draco venait de pénétrer dans le salon et il aperçut tout de suite Théodore. Son cœur avait accéléré sa cadence, il était un peu –beaucoup- angoissé, il ne savait pas du tout quoi lui dire. Théo était en train de lancer un sortilège sur une citrouille d’Halloween et c’est alors que Draco la vit. Théo était un vrai gaucher ce qui lui donnait la particularité d’utiliser sa baguette de la main gauche aussi. Et elle était là, la même alliance que celle que portait Astoria. Elle semblait le narguer et Draco sentit son cœur se serrer. Ce n’était pas une vraie jalousie. C’était une jalousie malsaine, égoïste, le genre que l’on ressent quand on découvre que quelqu’un qui nous a aimé est passé à autre chose. Et Draco haïssait cette partie de lui qui aurait voulu que Théo l’aime encore. C’était insensé et profondément égocentrique, ce que Draco espérait ne plus être. Il était heureux que Théo soit passé à autre chose et qu’il soit bien dans sa vie. Cela signifierait peut-être, alors, qu’ils pourraient redevenir amis. Mais au regard noir que Théo lui lança, Draco se mit à douter que cela soit possible un jour. Il se demanda, l’espace d’un instant, si ce n’était pas Astoria qui l’avait invité en réalité, espérant réconcilier les amis d’enfance, mais si tel avait été le cas, la tentative était vaine. Mais Draco se rappelait avoir reconnu l’écriture de Théo sur le parchemin et l’échange qu’il venait d’avoir avec sa femme lui confirmait qu’elle n’y était pour rien.

 

Il n’eut pas le temps de se poser plus de question qu’une voix de son passé résonna derrière lui.

- Mafoy.

Il n’y avait aucune sympathie dans la voix de Weasley. Car c’était bien lui. Draco se retint de demander comment ces deux-là avaient pu devenir amis. A la place il salua la belette et lui tendit sa main. C’était un effort qu’il faisait pour Théo. Probablement inutile. Le rouquin considéra la main tendue quelques secondes avant de la serrer. C’étaient des salutations extrêmement froides.

 

Mais, pour honnête, l’échange avec Nott Jr. n’avait été guère plus chaleureux et ça chagrinait bien plus Draco. Celui-ci lui adressa alors un sourire éblouissant et sincère, mais Théo lui répondit par un bref signe de tête, comme s’il ne l’avait pas encore vu, et lui serra la main d’une manière très protocolaire.

Draco se demanda alors à nouveau pourquoi Théo l’avait invité puisqu’il avait si peu envie de le voir.

 

- Alors, Malfoy, qu’est-ce que tu deviens ?

 

La question de Weasley le sortit de ses pensées et le prit au dépourvu.

 

- Oh, eh bien, je… Je fais des études de médicomagie.

 

Il ne sut pas trop ce qui les choqua le plus. Ses études ou le fait que lui, un Malfoy, ait bégayé avant de répondre. Il faut dire qu’il s’attendait à ce que ses études surprennent ses compatriotes. Elles avaient déjà amplement surpris ses propres parents. Enfin… Non. Ce qui avait surpris ses parents, c’est la maison dans laquelle il avait été réparti à Ilvermorny. Car l’école américaine disposait du même système que Poudlard : quatre maisons dans lesquelles les élèves étaient répartis à leur arrivée. Les quatre maisons des deux écoles n’étaient pas équivalentes mais elles avaient des points communs. Aussi, Lucius et Narcissa Malfoy s’étaient attendus à ce que leur fils, en bon Serpentard aristocrate –certes déchu mais tout de même-, soit réparti dans la maison du Serpent cornu, la maison de l’Esprit, qui accueillait les élèves dont la principale force était l’érudition. Et pourtant, c’était la statue du Puckwoodgenie qui s’était avancée devant Draco. La maison, fondée par James Steward, regroupe ceux que l’on appelle « les Guérisseurs » ; c’est la maison du Cœur. Draco n’avait pas osé dire tout de suite à ses parents à quel point il était fier d’y avoir été réparti. Le désir de soigner les gens lui était apparu comme une évidence pendant la Guerre, lorsqu’il avait été obligé de torturer des gens. A l’époque, il avait dû laisser ses victimes mourir à petit à feu, suivre le Maître hors des cachots, mais il rêvait de rester et de panser les plaies des victimes.

La guerre l’avait changé.

Il voulait devenir quelqu’un de bien, quelqu’un d’utile. Un héros à son niveau. Comme il en rêvait, enfant, avec Théo. Mais la première fois que cette idée de médicomagie lui avait traversé l’esprit c’était lors de sa sixième année à Poudlard. Quand Snape avait soigné les blessures que Potter lui avait infligées avec le Sectumsempra. Draco n’avait jamais ressenti une telle aura magique que celle qui était sortie de la baguette de son professeur à ce moment-là. Il avait été subjugué par cette magie si pure et c’est ainsi que guérisseur était devenu pour lui une vocation.

 

Mais pour le moment, Draco n’avait pas envie que les regards étonnés de Théo et Weasley persistent donc il poursuivit la conversation :

 

- Et vous ?

 

Encore une chose qui les étonna : Malfoy semblait réellement intéressé.

 

- Je suis auror, et Théo langue de plomb. On a étudié dans la même école. C’est comme ça qu’on est devenus amis.

 

Les réponses de la belette étaient sèches, et courtes. Visiblement, ça lui coûtait beaucoup de devoir lui adresser la parole, mais toujours moins qu’à Théo qui n’avait pas encore prononcé un mot. Draco se tourna alors vers lui :

 

- Félicitations, au fait. Pour ton mariage avec Astoria et… votre bébé. Je suis heureux pour toi.

 

- Merci, cracha difficilement Théodore.

 

Ce qui, étonnamment, ne sembla pas choquer Ron. Est-ce que Weasley était au courant de ce qu’il avait fait à Théo ?

Draco avait compris qu’il n’obtiendrait plus rien de Théodore et demanda alors à Weasley si celui-ci était aussi marié. Le ton du rouquin changea en un instant, un sourire béat s’inscrit sur son visage et il répondit d’une voix enjouée qu’il avait épousé, un peu plus d’an an auparavant, Hermione Granger.

Draco retint alors difficilement la question qui lui brûlait les lèvres mais Théo, finalement, prit la parole pour lui demander si lui était marié. Avec beaucoup d’amertume dans la voix. Mais Draco était tout de même ravi qu’il s’adresse à lui.

 

- Oh, euh, non…  -Encore ce bégayement stupide. Pour qui allaient-ils le prendre ?- J’espère revenir en Angleterre à la fin de mes études, donc mieux vaut que je ne m’attache pas à quelqu’un là-bas.

 

Il vit leurs corps se tendrent. Théo d’angoisse -il n’était pas prêt pour le retour de Draco- et Weasley de… de rage, probablement. Lui non plus ne devait pas avoir tellement envie de revoir la fouine dans son environnement.

 

Mais la porte d’entrée sonna à ce moment et les coupa dans leur conversation. Les premiers invités venaient d’arriver. Il s’agissait visiblement de gens du ministère et Weasley les rejoint pour les saluer, laissant à Draco tout le loisir d’admirer la décoration. Il ne savait pas comment Théo avait pu conserver le Manoir finalement même si, probablement, son travail au ministère et le nom de sa femme n’étaient pas étrangers au miracle. Mais une chose était sûre : il l’avait rendu beaucoup moins froid et austère que lorsque Nott Sr était le maître des lieux. Et à l’occasion de la fête, Théo avait chargé le salon de décorations moldues, qui avaient toutefois été ensorcelées pour l’occasion et qui rappelaient à Draco les Halloween à Poudlard, bien loin des réjouissances prévues normalement à Samain, célébration que les Sangs-Purs fêtaient le 31 octobre.

 

En effet, Théo avait fait voler, près du plafond, de grosses citrouilles illuminées au sourire diaboliques. Des bougies étaient posées sur chaque table, chaque meuble du salon. Les dossiers des canapés et fauteuils étaient recouverts de toiles d’araignées que les petits arachnides étaient en train de tisser. Les poignées décoratives des portes de placard avaient été remplacées par de petites chauves-souris qui battaient des ailes. Les vieilles statues du manoir avaient été libérées pour servir les invités et tenaient dans leurs mains différents chaudrons aux liquides colorés. Partout sur la table du buffet, recouverte d’une nappe orange et verte criarde, se trouvaient, dans de petites citrouilles, des friandises de chez Honeyduckes et, probablement, de chez Weasley. La pièce était illuminée aux bougies et aux vieux chandeliers. Au milieu de la table trônait un crâne, qui, régulièrement, ouvrait la bouche pour en faire sortir un rire guttural qui faisait froid dans le dos. Mais le plus impressionnant restaient les ombres, dans le fond de la salle de bal, qui dansaient en attendant les invités. Ça apportait un côté artistique à toute cette décoration que Draco trouvait un peu enfantine. Mais s’il était honnête, il adorait.

 

Il n’avait pas fait attention que pendant son exploration, la salle s’était peu à peu remplie. Visiblement tous les invités étaient arrivés, et même s’ils n’étaient pas nombreux, ils formaient tout de même un groupe raisonnable d’une vingtaine de personnes.

Mais lorsqu’il se retourna, son cœur rata un battement et un rage sourde, une haine enfouie depuis bien longtemps, reprit place en lui, faisant pulser son sang dans ses veines. A quelques mètres de lui se trouvait le héros du monde sorcier, son ennemi de toujours, l’amour de sa vie… le trop célèbre Harry Potter. « Venez vivre vos pires cauchemars » annonçait la carte de Théo. Draco n’aurait jamais imaginé à quel point ce serait vrai. Il n’était pas prêt à le revoir. Quelques heures plus tôt, il avait décidé que deux ans de plus était le temps minimum nécessaire pour se préparer à cette idée. Mais il était là, et Draco ne pouvait plus partir. Le rythme de son cœur s’était accéléré et une fine pellicule de sueur coulait dans son dos. Il ne voyait plus rien. Plus rien d’autre que cette tignasse noire et ces yeux trop verts qui n’avaient toujours pas croisé les siens. Ce sourire, aussi, ce sourire qu’il connaissait si bien, même s’il ne lui avait jamais été adressé. Jamais. Pas une fois. Pas même le premier jour. Draco sentit ses points se serrer et il inspira profondément. Ça faisait cinq ans, bon sang. Cinq ans qu’il avait accepté ses sentiments. Il aurait au moins espéré que les « retrouvailles » seraient moins violentes. Et pourtant, Draco se sentait tiraillé de toutes parts, comme avant : tiraillé entre la haine et l’amour, la violence et la tendresse, la peur et l’excitation. Il aurait eu envie de le frapper et de l’embrasser en même temps. Il devait se retenir, de toutes ses forces, de toute son âme, pour ne pas faire quelque chose de complément ridicule comme aller le voir et le serrer contre lui.

- Tout va bien, Draco ? On dirait que tu as vu un fantôme.

 

La voix dégoulinait d’ironie. Et à cet instant, Draco eu véritablement envie de cogner Théo qu’il n’avait pas entendu arriver.

 

- Tout va bien, préféra-t-il répondre sèchement.

Du moins, c’est ce qu’il aurait dû faire. C’est ce qu’il croyait avoir fait. Mais en réalité, c’était une toute autre phrase qui s’était échappée de ses lèvres :

 

- Qu’est-ce qu’il fait là ?

 

Toute la rage que Draco ressentait était palpable.

 

- Qui ça ? demanda innocemment Théo.

- Arrête de jouer, Théo. Ça fait combien de temps que tu réfléchis à cette vengeance ? Tu savais que je ne serai pas préparé à le revoir. C’était un très bon plan. Alors, combien de temps il t’a fallu ? Cinq ans ? Plus, peut-être même.

Draco était en train de s’énerver après Théo alors qu’il était venu dans l’espoir de le retrouver. C’était complètement idiot, et il le savait. Mais Draco devenait toujours idiot quand il se retrouvait en présence d’Harry Potter.

- T’es vraiment trop con, Malfoy.

 

Oh… Ça, ça faisait mal. Il n’y avait qu’une fois où Théo avait prononcé cette phrase. C’était lorsque Draco l’avait envoyé baladé alors qu’il était venu le voir suite à l’emprisonnement de leurs pères.

Il voulut lui dire qu’il était désolé. Qu’il n’aurait pas dû s’énerver comme ça. Qu’il était heureux d’être ici, et tant pis si son pire cauchemar était dans la pièce. Qu’il était heureux de le retrouver, lui Théo, et qu’il avait ressenti une joie immense en recevant l’invitation. Et surtout, surtout, qu’il était désolé pour la façon atrocement cruelle qu’il avait eue de lui dire adieu. Mais il avait déjà fait le coup de la litanie d’excuses et ça s’était plutôt mal terminé. Alors à la place, il le regarda simplement s’éloigner sans rien dire. Effectivement, il était vraiment trop con.

 

 O - o - O

 

Draco décida de sortir prendre l’air. Il commençait à vivement regretter d’être venu. Il ne comprenait pas pourquoi diable Théo l’avait invité et ne supportait pas l’idée de devoir passer la soirée avec Potter. Il s’assit sur les marches du perron et sortit sa baguette. Il s’amusait à en faire sortir de petites étincelles lorsqu’une voix féminine l’interpella :

- Je peux m’asseoir… ?

 

C’était Pansy Parkison. Draco haussa les épaules pour toute réponse et Pansy s’installa à ses côtés.

- Draco, écoute, je sais que tu m’en veux. J’ai mis longtemps à le comprendre, et surtout à en concevoir les raisons, mais quand j’ai appris que tu avais quitté l’Angleterre, et que tu étais parti sans me dire au revoir, comme si nous n’avions jamais été amis, j’ai réalisé que c’est l’impression que j’avais dû te donner. Je t’ai abandonné quand j’ai compris que le Seigneur des Ténèbres t’avait donné une mission parce que j’avais peur. J’avais peur pour moi, mais j’avais peur aussi pour toi. Je ne voulais pas te voir changer ou… Devoir supporter le fait que tu finirais par te faire tuer. Je savais que tu avais besoin d’aide, je le voyais bien et je n’ai rien fait. Je restais là à te regarder de loin et je le regrette. Ca fait cinq ans que t’es parti Draco et il ne s’est pas passé un seul jour sans que je ne pense à toi…

- T’aurais pu me contacter si je te manquais tant que ça.

 

Draco utilisait l’attaque car il ne voulait pas montrer que les paroles de Pansy le touchaient. Le touchaient vraiment.

- Je n’ai pas osé… Tu me connais, Dray. C’est pas le courage qui m’étouffe, ronchonna Pansy.

Draco rit.

- Je t’en veux pas, Pans’. Tu m’as manqué aussi, tu sais…

Et c’est en le disant qu’il réalisa à quel point c’était vrai. Il ne s’en était pas rendu compte, mais elle lui avait manqué. Elle avait été là, chaque jour, tout au long de sa scolarité. Pour la plupart des gens –et pour lui-même jusqu’aujourd’hui- elle n’était qu’une petite cruche qui riait à chacune de ses blagues. Mais en réalité, elle était son soutien. La personne qui croyait le plus en lui. Pansy, c’est le genre d’amie qui vous voit toujours mieux que vous ne l’êtes, qui vous pousse à vous surpasser. Draco réalisa que s’ils n’avaient pas été plus proches, c’est parce qu’il ne le voulait pas. Mais à partir d’aujourd’hui, ça allait changer. Alors il la prit dans ses bras et elle lui fit un magnifique sourire.

- Très joli ton costume, au fait.

- Oh, merci, répondit Pansy en rougissant.

 

Elle portait une longue robe noire en dentelle, avec de fines bretelles et un corsage argenté. Dans son dos, elle avait fait apparaître de magnifiques ailes noires et une auréole sombre volait au-dessus de sa tête. Ses cheveux, coupés au carré dans le passé, avaient poussé jusqu’à ses hanches. L’ensemble lui donnait un air à la fois angélique et maléfique qui lui correspondait très bien.

- Et le tien aussi, d’ailleurs, ajouta-t-elle en souriant.

- Pansy, ne te sens pas obligée, ria Draco. Je suis à peine déguisée –il portait en effet une longue robe de sorcier noire bordée de soie à laquelle il avait ajouté, histoire de, un col bordeaux et il prétendait être un vampire. Je sais que les moldus voient les vampires comme des êtres affreusement sexy donc c’était le costume le plus adéquat pour moi –Pansy ria à son tour, Draco n’avait pas changé tant que ça finalement- mais le sang qui coule de la bouche et les dents pointues… ça aurait juré avec ma gueule d’ange. Remarque, j’aurais peut-être dû me déguiser en ange justement, on aurait fait la paire.

- Depuis quand connais-tu les traditions moldues ? Et le costume d’ange est déjà pris, mon chou.

 

Quand on parle du loup… Ou de l’ange en l’occurrence. Pansy et Draco furent rejoint par Blaise Zabini qui portait en tout et pour tout un large pantalon blanc bouffant qui, en contraste avec la couleur de sa peau, lui donnait d’après Draco un air affreusement sexy. Comme Pansy, mais dans la couleur de la pureté, Zabini arborait une paire d’ailes une auréole. Alors qu’il s’approchait pour les saluer, Pansy envoya à Draco un coup de coude dans le ventre : « Garde tes yeux dans ta poche » lui dit-elle en souriant, ce qui fit rire Blaise à gorge déployée.

- Vous… vous êtes ensemble maintenant ? demanda Draco, légèrement surpris –pour ne pas dire choqué-, ce qui les fit encore plus rire. Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a de drôle ?

- Ne te vexe pas, mon chou. C’est juste que tu as raté tellement de choses… Nous ne sommes pas ensemble, mais nous ne sommes énormément rapprochés en huitième année et encore plus après Poudlard. On a fait nos études de droit magique ensemble et on espère pouvoir ouvrir notre cabinet l’année prochaine.

- « Zabini’s & Co », déclara Zabini fièrement.

- Oui… Bon, on n’est pas vraiment d’accord sur le nom mais on a encore le temps de trouver.

Draco ria.

- Je suis content pour vous, répondit-il.

Il se demanda alors si c’était la phrase qu’il allait le plus prononcer de la soirée.

- Et toi, alors, lâcheur ? Qu’est-ce que tu deviens ? demanda Blaise.

- J’ai fait ma dernière année à Ilvermorny et depuis je fais des études de médicomagie.

- Ca te va bien, lui dit Pansy avec un sourire dans la voix, et cette simple phrase réchauffa le cœur de Mafloy.

- Tu es bien la première personne à me le dire.

- Eh bien, c’est que les autres sont idiots ! Euh… J’espère que je ne viens pas d’insulter tes parents…

- T’en fais pas, je suis d’accord !

- Tu comptes revenir un jour en Angleterre ? l’invectiva Blaise.

- Dans deux ans, une fois mes études finies.

- Oh, Draco, je suis tellement heureuse ! On va pouvoir rattraper le temps perdu !

Pansy lui avait littéralement sauté dessus et Blaise sourit. Draco était content de le voir. Ils n’avaient jamais été proches, mais, même s’ils ne l’auraient jamais avoué, ils s’estimaient et se respectaient tous les deux beaucoup. Et pour des Serpentard, ce n’était pas peu dire.

 

La porte-fenêtre s’ouvrit sur Ron Weasley.

- Hey, les Serpents, on vous attend pour lancer les festivités.

- Je croyais qu’on ne faisait plus de blagues pourries sur nos maisons, Ron Roi, s’amusa Pansy.

- Désolée, Déesse, mais vous voir tous les trois ensemble, ça m’a rappelé de merveilleux souvenirs.

Pansy et Ron éclatèrent de rire.

- Je ne suis pas une déesse, s’offusqua Pansy ! Je suis un ange déchu.

- Oui, Lilith, si tu veux, peu importe.

 

- Dis-moi, demanda discrètement Draco à Blaise alors qu’ils se dirigeaient vers l’intérieur, depuis quand vous êtes tous devenus amis avec la Belette ?  

- Je ne suis pas ami avec lui, le rassura Blaise. Mais Nott a retourné sa veste quand ils se sont retrouvés dans la même école et Pansy, depuis qu’elle copule avec la belette femelle, elle se sent obligée de fraterniser avec tous les Weasley, et il y en a un tas.

Blaise avait parlé le plus sérieusement du monde et Draco manqua de s’étouffer. Malheureusement, il ne put demander plus de précisions car ils venaient d’arriver dans le salon où ils furent séparés.

 

Finalement, il n’y avait pas tant d’invités que ça –et heureusement moins de Gryffondor qu’il ne le craignait- et ça le fit s’interroger une énième fois sur sa présence ici : Pansy, Blaise, Lovegood, Longdubat, Weasleytte –et Draco avait réussi à se persuader que ce qu’il venait d’apprendre était une blague car elle tenait la main de Potter toujours avec la même attitude de propriétaire qu’à Poudlard-, Weasley et Granger –même mariée, elle resterait Granger, déjà ce n’était plus « Sang-de-Bourbe », il ne fallait pas lui en demander trop-, quelques amis d’Astoria, anciens Serpentard : Emma Drake, Derek Sweazy et Arthur Zeller, et cinq membres du ministère, aurors et langues-de-plomb dont Draco ne prit pas la peine de se souvenir les noms. Oh et… Potter, évidemment. Ils étaient donc dix-huit, ce qui était amplement suffisant pour le blondinet qui n’avait plus l’habitude des cérémonies. A table, il se retrouva entre Lovegood et Astoria, Blaise et Pansy étaient en face de lui. Potter était à l’autre bout de la table, sur la même rangée que lui, si bien qu’il ne le voyait pas et l’entendait à peine. Ce qui était très bien. N’est-ce pas ? 

 

Le premier jeu organisé par Astoria et Théo, qui se déroula pendant le repas, consistait en une version adulte de « trick et treat » : trick or drink. Le jeu était simple. Tour à tour, ils devaient donner le nom d’un sorcier célèbre qui possédait sa propre carte de Chocogrenouille. S’ils n’y arrivaient pas en dix secondes, ils devaient, au choix, boire un verre de Whisky Pur feu ou l’une des étranges petites potions posées au centre de la table. Les potions avaient différents effets qui pouvaient durer moins d’une minute ou plus d’une heure et, bien sûr, on ne savait pas sur quoi on allait tomber. Et certaines étaient vraiment dérangeantes ! Elles pouvaient faire : grandir, rétrécir, gonfler, vomir, voler, rire, chanter, danse ou même se transformer en un mini-dragon. Mais la pire, qui n’existait heureusement qu’en un seul exemplaire, c’était une potion de vérité qui faisait révéler la personne de ses rêves. Aussi, c’est pour ça que Draco décida de ne jamais choisir « trick », quitte à finir complètement saoul. Ils firent ainsi quatre tours de table. Au premier tour, les noms les plus communs furent épuisés : Merlin et Morgane, les fondateurs de Poudlard, les Sorciers de l’Antiquité, leurs anciens professeurs Albus Dumbledore et Minerva McGonagall, etc. Fièrement –et ridiculement si on demandait l’avis de Draco- Weasley et Granger s’entre-nommèrent. Au second tour, Draco proposa Beatrix Bloxam, au troisième, il parvint à citer à la dernière seconde Merwyn le Malicieux mais au dernier tour, il n’avait plus d’autre idée que… Harry Potter –qui étonnamment n’avait pas encore été donné. Il se refusa à le dire et choisit « drink » à la grande déception de tout le monde. Potter avait cité Godric Gryffondor –forcément…-, Albus Dumbledore –sérieusement, Potter ? rien de plus original ?-, Newt Scamander –un peu mieux déjà mais bon ça reste un foutu Poufsouffle- et Bertie Crochue –depuis quand il a une carte de Chocogrenouille, lui ?

Draco ne se souvenait pas parfaitement de qui avait cité qui mais globalement, ils s’étaient plutôt bien amusés. Pansy avait bu deux potions à elle seule –et Draco était certain que, joueuse comme elle l’était, elle avait fait exprès de mettre trop longtemps à chercher. La première fois, elle était tombée sur la potion grandissante et pendant deux minutes et cinquante-trois secondes, elle fit plus de trois mètres de haut et dû sortir dans la cour pour éviter de faire exploser le toit. Au second tour, elle avait bu la potion qui faisait danser et elle passa le reste du repas, debout, à faire des pirouettes autour de la table. Un des employés du ministère sécha au deuxième passage et tomba sur la potion de métamorphose. Heureusement que celle-ci perdit ses effets au bout de quelques secondes car il avait déjà eu le temps de brûler la moitié du canapé. Tous les autres perdants avaient choisi le whisky pur feu, si bien que Blaise avait bu quatre verres –lui aussi avait dû le faire exprès.

 

Après le jeu, Astoria les invita à se rendre dans la salle de bal qui avait été transformée pour l’occasion en salle de cinéma. Il y a cinq ans, Draco ne savait pas ce qu’était un cinéma. Mais aujourd’hui, il vivait aux Etats-Unis et là-bas, les Sorciers étaient ravis d’utiliser la technologie moldue. Théo expliqua ensuite qu’ils avaient choisi de diffuser Massacre à la tronçonneuse parce que beaucoup de films « d’horreur » moldus étaient basés sur ce qu’ils appelaient des « monstres » : vampires, loups-garous, créatures magiques en tous genres et même… sorciers ! L’un des films les plus effrayants était Le Projet Blair Witch. Ils avaient donc choisi un film qui reposait sur ce que les moldus appellent des « pscychopathes » et qui est l’équivalent d’un mage noir dérangé.

 

Blaise, Pansy et Draco s’assirent côte-à-côte, loin des autres. Les deux autres trios restèrent ensemble. Encore une fois, Draco ne remarqua rien de particulier entre Pansy et la Weasleytte. Du coin de l’œil, il vit Théo passer un bras autour de sa femme et ce simple geste l’énerva parce qu’il lui fit tourner les yeux vers Potter qui, lui aussi, avait attrapé la belette femelle. Bon sang, mais ne pouvaient-ils pas se lâcher ! Un peu de tenue en public tout de même.

 

Mais dès le premier quart-d’heure passé, Draco comprit l’intérêt de toucher quelqu’un pendant un film d’horreur et il se colla rapidement à Pansy qui semblait aussi terrorisée que lui. Après la mort de Morgan, qui fit hurler à peu près tout le monde, Draco sortit. « Venez vivre vos pires cauchemars » qu’ils disaient ! « Revivre vos pires cauchemars » aurait été plus juste ! Parce que si les tarés modlus s’amusaient à massacrer les gens avec des troçon… tronçon… bref tronçonquelquechose, Voldemort lui s’amusait à coups de Doloris. Mais les cris étaient les mêmes. Et Draco ne voulait plus les entendre crier. Ces voix enfouies loin dans son esprit. Ces voix qu’il avait dû faire hurler pour ne pas être tué. Il déglutit. Il ne voulait pas se rappeler. Il n’était pas revenu pour ça. Et pourtant il les entendait encore distinctement.

« - Draco, fais sentir à cet escroc l’intensité de notre déplaisir… Vas-y ou c’est toi qui subiras ma colère ! », « – Je vous en supplie, pas ma fille, ce n’est qu’un enfant… Tuez-moi si vous le voulez mais pas elle ! – Oh, mais tu vas mourir, infâme Sang-de-Bourbe, mais tu regarderas avant ta progéniture subir le sort qu’elle mérite. Draco, maintenant ! – Endoloris ! », « Tu le ressens, Draco ce plaisir inouï à regarder les monstres souffrir ? »

Draco se mit à vomir. Ça faisait longtemps que ça ne lui était pas arrivé. Il se rendit à la salle de bain pour se nettoyer et en sortant, il tomba sur Pansy :

- Dray, ça va ?

- Oui, Pans’, ne t’inquiète pas, tout va bien. J’avais juste besoin de me rafraîchir un peu. Le film est fini ?

- Oui, il vient de finir.

A minuit passé, les membres du ministère prirent congé.

 

O - o - O 

 

Les invités restants, c’est-à-dire les ex-Poudlariens, s’assirent autour de la cheminée. Astoria et Théo proposèrent alors de raconter des histoires moldues qui font peur et qui se sont déroulées le soir d’Halloween. Un sortilège fut lancé afin que les récits prennent vie face à eux.

Hermione fut la première à se lancer et les images se mirent à valser devant les yeux de l’auditoire :

- C’était une nuit froide d’automne. Lisa restait souvent seule chez elle le soir car ses parents rentraient tard. La petite maison qu’ils habitaient se trouvait au milieu de la forêt. L’endroit, paisible et silencieux, devenait angoissant la nuit. Pour pallier la solitude et la peur de leur fille, les parents de Lisa avaient accepté qu’elle prenne un chien, Wally. Le 31 octobre, c’était la nuit que Lisa craignait le plus. La nuit des morts. La télévision ne diffusait que des films d’horreur, rien qui puisse la rassurer. Elle décida donc d’aller se coucher tôt, afin de ne pas penser à la présence inhabituelle qu’elle avait l’impression de ressentir. Comme tous les soirs, elle laissa tomber sa main hors du lit, afin que son chien la lèche, pour la rassurer. Quelques heures plus tard, elle fut réveillée par le bruit régulier d’eau qui goutte sur une surface plane. Après avoir réussi à se réveiller suffisamment pour se lever, Lisa se rendit dans la salle de bain et, sans prendre la peine d’allumer la lumière, serra le robinet de la baignoire. Une fois de retour dans sa chambre, elle entendit un bruit suspect mais ne vit personne ni rien de particulier. Il n’y avait que son chien, et le bruit apaisant qu’il faisait en dormant. Elle se recoucha alors et tendit à nouveau sa main à Wally qui la lécha. Elle se rendormit. Mais le bruit des gouttes perturba à nouveau son sommeil. Elle se leva une nouvelle fois, se rendit dans la salle, serra le robinet, se recoucha et laissa son chien lécher sa main. Mais une troisième fois, elle se réveilla. Le robinet gouttait encore. Machinalement, elle se rendit dans la salle de bain et étendit son bras vers le robinet. Mais elle ne pouvait pas le serrer plus qu’il ne l’était actuellement. C’est alors qu’elle remarqua, avec le lever du jour, que le fond de sa baignoire était recouvert d’un étrange liquide rouge. En relevant la tête, elle découvrit le corps de son chien, éventré, qui pendait au plafond, et dont le sang gouttait doucement sur le marbre. Elle trébucha en hurlant et vit sur le miroir, au-dessus du lavabo, écrit avec du sang : « Les humains aussi peuvent lécher ».

 

- Fiouuu ! Sacrée histoire, s’écria Ron et tous hochèrent la tête pour acquiescer.

Astoria fit tourner sa baguette pour désigner le prochain conteur.

- Pansy, c’est ton tour.

- Hum... Ah oui, j’en ai une ! C’est l’histoire d’une petite fille, née un 31 octobre. Pour son huitième anniversaire, elle une poupée en porcelaine. Sa maman se rend donc dans un magasin de vieux jouet et craque sur une magnifique poupée de collection aux cheveux blonds qui porte une robe bleue nuit et un petit gilet de dentelle. Entonnée par le prix excessivement bas, elle l’achète. Le vendeur, un intriguant vieux monsieur, lui fait tout de même une recommandation : ne pas laisser la poupée sortir de sa boîte de verre le soir. Intriguée, la maman quitte la boutique. Dès qu’elle vit la poupée, la petite fille en devint folle ! Mais, chaque soir, elle respectait l’instruction que sa mère lui avait donné et laissait la poupée au rez-de-chaussée, dans sa boîte. Pourtant, dès le premier soir, elle a été réveillée par une petite voix cinglante, qui chuchotait presque. Elle entendait la voix la dire « Je suis à la première marche. Je suis à la deuxième marche. Je suis à la troisième marche ». Apeurée, la petite, comme tous les enfants de son âge, court dans la chambre de ses parents. Sa mère accepte pour cette fois qu’elle dorme avec eux. Le lendemain, son sommeil est à nouveau perturbé par la même voix qui dit cette fois « Je suis à la quatrième marche. Je suis à la cinquième marche. Je suis à la sixième marche ». La petite est affolée et se cache sous ses draps de ses mains tremblantes. Elle essaie de se rappeler les mots de sa mère qui lui avait assuré que la voix était dans sa tête. Le soir suivant, c’est la même rengaine : « Je suis à la septième marche. Je suis à la huitième marche. Je suis à la neuvième marche ». La petite fille est persuadée que c’est la voix de sa poupée et le lendemain matin, elle vérifia donc où se trouvait son jouet. Elle en parle à sa mère qui lui explique qu’une poupée ne peut ni parler ni se déplacer et qu’elle est toujours dans sa boîte en bas de l’escalier. Mais le soir d’après, le phénomène se répète : « Je suis à la dixième marche. Je suis sur le palier ». La fillette retient son souffle. « Je suis devant ta porte ». Elle se blottit sous ses draps. « Je suis en bas de ton lit ». Elle est tétanisée et veut appeler sa mère.  « Je suis tout près de toi », chuchote la poupée en tirant le drap, un grand couteau à la main.

- Wow, ça fait froid dans le dos ton histoire… commenta Emma.

 

Neville fut le suivant conteur.

- C’était un soir d’Halloween comme un autre jusqu’à ce que la famille dont je vais vous raconter l’histoire entende à la radio qu’un tueur en série s’était échappé d’un institut psychiatrique.  Le commentateur enjoignit tous les habitants du quartier à fermer leurs portes à double tour et à ne pas sortir. Il expliquait à la radio que le patient était facilement reconnaissable car il était amputé des bras et des jambes.

Les parents de la famille qui devaient sortir n’étaient plus très rassurés à l’idée de laisser leurs deux jeunes filles seules à la maison. Mais finalement, ils se dirent qu’une fois les portes et les fenêtres bien fermées, il ne pourrait rien arriver. Ils quittèrent donc la maison et très vite, les filles commencèrent à entendre des bruits étranges comme des portes qui grincent ou le plancher qui craque. Et un autre son étonnant : « poum poum tchik » dont elles ne parvenaient pas à distinguer l’origine. Le bruit leur faisait peur et elles décidèrent de dormir ensemble. Mais au bout d’un moment, l’ainée décida d’aller voir d’où venait ce bruit qui ne cessait pas. Mais elle ne vit rien d’anormal et le bruit avait disparu. Elle fouilla le rez-de-chaussée mais ne trouva rien. Elle remonta alors dans sa chambre mais en ouvrant la porte, elle hurla. Sa petite sœur baignait dans son sang. Elle entendit alors à nouveau le bruit « poum poum tchick », plus fort, plus près. Elle se retourna alors et vit un homme qu’elle reconnut tout de suite comme le patient évadé. Il n’avait pas de bras ni de jambes et au bout de ses moignons pendaient toutes sortes de lames. Terrifiée, elle ne parvenait pas à bouger. Il avança alors vers elle en posant ses coudes, un à un, sur le sol : poum, poum. Et traîna son corps le long du parquet : tchick. Il lui sourit dangereusement.

- Ok, je crois que pour l’instant Neville a gagné ! cria Pansy les yeux écarquillés. Elle était vraiment horrible, celle-ci ! Bon, à qui le tour ?

 

Potter fut désigné.

- Je… Euh, je ne connais pas d’histoire…

- Tu devrais être inspiré pourtant, Potter. Tes parents ne sont pas morts un 31 octobre ? Tu ne veux pas nous raconter l’effroyable cri de ta mère qui suppliait pour ta vie ? Il me semble que tu connais l’histoire, pourtant.

Draco avait lâché sa bombe presque sans s’en rendre compte, sans le vouloir. Toute la haine qui était remontée à la surface depuis qu’il avait revu Potter –et avec la belette femelle collée à lui en plus- venait de s’échapper. Et il l’avait regretté immédiatement. Mais c’était trop tard. Le mal était fait. Et il avait jeté un gros froid sur l’assemblée. Les regards allaient de lui à Harry qui s’était figé. Ginny demanda alors à Potter de garder son calme en posant une main compatissante sur son bras qui donna des envies de meurtre à Draco. Mais visiblement, ça n’avait pas suffi à calmer la fureur de l’Elu :

- Et toi, Malfoy, tu n’veux pas nous raconter comment tu te pissais dessus en torturant vos prisonniers parce que ton maître te foutait la trouille ? cracha-t-il. Ou encore la façon pitoyable que t’as eue de t’évanouir quand Nagini a dévoré le Professeur Burbage ? Ou tu pourrais te contenter de celle du lâche qui a fui son pays parce qu’il avait trop peur d’affronter le regard des gens. Même si je n’crois pas que cette dernière fasse vraiment peur, elle est juste affligeante. 

Draco trembla. Il aurait aimé être satisfait de ce moment où le monde entier s’était effacé autour d’eux, comme avant. Mais ce ne fut pas le cas. Il aurait eu envie de répondre, de blesser Potter encore plus, mais la vérité, c’est qu’il en était incapable. Il avait vu la douleur passer dans les yeux de l’homme qu’il aimait, ces yeux qui lui avaient tant manqué, et il ne voulait plus recommencer. Il sentit les larmes lui monter aux yeux alors il sortit prendre l’air. Mais à peine avait-il quitté la pièce qu’Harry le suivit en hurlant :

- Ah non, Malfoy, tu n’vas pas t’en tirer aussi facilement !

 

Ils étaient dans le hall et Potter avait dégainé sa baguette mais il vit que Draco n’était pas disposé à en faire autant, il avait toujours les mains dans les poches et s’efforçait de ne pas craquer.

 

- Qu’est-ce que tu fous ? Sors ta baguette, Malfoy.

- Je ne t’attaquerai pas.

- Comment ça ?

- Je ne suis pas venu ici pour me battre.

- Alors pourquoi t’es venu ? cracha l’Elu.

- Parce que Théo m’a invité.

 

Harry explosa littéralement de rire. A tel point que, pendant quelques secondes, il baissa sa baguette avant de se reprendre.

 

- Qu’est-ce qui te fait rire ?

- Nott et moi, on n’est pas amis, déclara froidement Potter. Mais s’il y a une chose que je sais, c’est que la seule personne qu’il déteste plus que moi, c’est toi.

Les paroles du brun blessèrent tellement Draco qu’il manqua de tomber. Il savait que c’était la vérité mais il ne voulait pas l’entendre. Et surtout pas de la bouche de Saint-Potter.

- Alors c’est vrai ? réalisa ce dernier avec dégoût.

- Quoi ? la voix de Draco tremblait.

- Eh bah… T’es encore plus immonde que ce que je croyais. Et pourtant…

- Bon sang, de quoi tu parles ?!

- Du fait que tu t’sois tapé Nott avant t’enfuir.

 

Le choc pour Draco était immense. Comment Potter, entre tous, pouvait-il savoir ça… ?

 

- … Comment… Comment est-ce que tu le sais ?

- Tu n’essaies même pas de nier.

Un éclair de déception passa dans les yeux d’Harry sans que Draco ne comprenne pourquoi.

- Il l’a raconté à Ron, reprit Potter.

- De toute façon, je ne vois pas en quoi ça te regarde.

 

Encore une fois, Draco utilisait l’attaque pour ne pas montrer qu’il était blessé.

 

- T’as raison, ça ne me regarde pas. Sors ta baguette.

- Non.

- Qu’est-ce qui t’arrive ?

- Je ne t’attaquerai plus. Je ne suis plus comme ça.

- Tu ne sais plus te servir de ta baguette, Malfoy ? demanda ironiquement Harry.

 

Draco lui aurait bien montré qu’il savait parfaitement s’en servir, surtout avec lui, mais il préféra répondre :

 

- Je m’en sers pour guérir les gens, pas les combattre.

Harry rit à nouveau.

- Toi ? Guérisseur ?

- Aussi étonnant que ça puisse te paraître, oui, c’est effectivement le cas.

- C’est tout ce que t’as trouvé pour ne pas devoir expliquer le vrai sens de ton magnifique tatouage ? ironisa Potter.

Draco regarda inconsciemment son avant-bras gauche et serra les poings.

- Bats-toi.

- Non…

- Bats-toi !

- Je ne me battrai pas avec toi, Potter !

- Et pourquoi ça ?

- Laisse tomber… dit Draco d’une voix lasse en retournant à l’intérieur.

 

A peine avait-il franchi les portes du salon que Ginny lui sauta dessus :

- Où est Harry ?

- Je ne suis pas sa mère, Weasley.

- Il est parti à ta poursuite. Où est-il ?

- Il voulait se battre, pas moi, je l’ai laissé. Fin de l’histoire.

Ginny grogna quelque chose mais Draco n’écoutait déjà plus. Il alla s’installer dans un fauteuil et décida de se noyer dans l’alcool. Pansy et Blaise vinrent à ses côtés mais il leur fit comprendre qu’il n’avait pas envie de parler et ils n’insistèrent pas. Quelques minutes plus tard, Ginny revint, sans Potter. Draco l’entendit vaguement dire à ses acolytes qu’il voulait être seul.

 

Un ou deux heures plus tard –il avait perdu le compte-, Potter n’était toujours pas revenu. Draco prit congé auprès de ses amis qui avaient commencé à discuter à ses côtés comme s’il n’était pas là. Sans vraiment savoir pourquoi il se dirigeait là-bas, Draco se rendit au balcon de l’étage, qui donnait sur la cour intérieure. Comme il l’avait prévu, Potter était là.

Il était accoudé à la rambarde et fumait –encore une chose que Draco connaissait grâce à l’Amérique. De vieilles pensées lui revinrent en mémoire : il était douloureusement beau. Ses yeux fixaient le vide et la Lune se reflétait sur une partie de son visage. Draco ne l’avait jamais trouvé aussi splendide. D’ailleurs, il n’avait probablement jamais rien vu d’aussi magnifique que ce spectacle.

 Doucement, il s’avança et se mit dos à la rambarde. En regardant l’intérieur du manoir, il commença :

- A propos de ce que je t’ai dit pendant le jeu… Je n’aurais pas dû.

- C’est la façon Malfoy de présenter ses excuses ? demanda Harry avec sarcasme.

Draco se fit la réflexion que s’il avait réussi à s’excuser facilement auprès de Théo quand il l’avait fallu, c’était beaucoup plus compliqué face à Potter. Il n’avait jamais voulu que cet homme le voit faible, pas même le tout premier jour, alors qu’ils n’étaient que des enfants. Et s’excuser, c’était être faible, n’est-ce pas ? Même pour Potter ?

 

Mais le Survivant le coupa dans ses pensées en lui demandant à nouveau :

- Pourquoi t’es revenu ?

- C’est chez moi, ici.

- C’est pas ce que t’as eu l’air de penser il y a cinq ans.

- J’ai dû choisir entre mes parents et l’Angleterre. Ce n’est pas pour ça que j’étais heureux de partir.

- Hum. Quand est-ce que tu repars ?

- Ca te dérange tant que ça que je sois là… ?

 

Draco regretta sa question à l’instant-même où il l’avait posée.  Il n’avait pas envie de savoir la réponse. Elle lui faisait peur. Et pourtant, il ne s’attendait à quelque chose d’aussi horrible que ce que lui dit Harry, le plus sincèrement du monde :

 

- Pour être honnête, oui. Je n’avais aucune envie que tu reviennes, aucune envie de te revoir. Pour moi, ça fait longtemps que t’es mort, Malfoy, déclara Harry en écrasant sa cigarette et retournant à l’intérieur du Manoir.

 

Draco sentit la rage et la tristesse monter en lui d’un même mouvement. Il sortit sa baguette qu’il serrait de toutes ses forces et plaqua Potter contre le mur.

 

- Si ma simple existence te donne à ce point envie de vomir, pourquoi m’as-tu sauvé la vie ? hurla-t-il.

- Franchement ? Je me demande. Pour les remerciements que j’en ai eu, en plus… cracha son vis-à-vis.

- Parce que c’est ça qu’attendait le grand Harry Potter ? L’Elu ? Que le vilain Mangemort se mette à ses pieds et le remercie de lui avoir sauvé la vie ? Bah c’est raté Potter, parce que dans le fond, t’as raison, t’aurais sûrement mieux fait de me laisser crever.

 

Harry le repoussa violemment.

- Bah tu vois, Malfoy, quand tu veux, tu peux.

Potter avait aussi sorti sa baguette. Comme ils l’avaient fait tant de fois, ils se tenaient en joue l’un l’autre. Leur respiration était saccadée et le sang pulsait dans leurs veines. « Qu’est-ce que tu fais ? Baisse ta baguette ? Tu es en train de menacer l’homme que tu aimes, Draco, le seul, entre tous, que tu ne voudrais plus jamais blesser » disait une petite voix dans sa tête. Mais Draco la fit taire car enfin Harry le regardait. Il le regardait avec ses yeux trop brillants qui donnaient lui l’impression que rien d’autre n’avait d’importance. Et si ça ne devait durer qu’un instant, alors il ferait tout pour que cet instant dure le plus longtemps possible.

 

- Qu’est-ce que t’attends, Potter ? Tu ne te souviens plus de la formule ? Sectumsempra, non ?

- Ta gueule, Malfoy.

- Ouuuh, le lion n’est pas content. Mauvais souvenir, peut-être ? Pourtant, il me semble que c’est moi qui étais le plus mal en point. Tu avais plutôt l’air de te réjouir de me voir baigner dans mon sang.

- Ta gueule ! Harry avait hurlé et s’était jeté sur Draco en même temps. Mais le blond reposait sur une porte et le poids l’ouvrit. Ils tombèrent l’un sur l’autre.

 

Le cœur de Draco battait bien trop vite. Le visage de Potter n’était qu’à quelques centimètres du sien et il sentait son souffle contre ses lèvres. Il dut fermer les yeux pour résister à l’envie d’embrasser Harry mais il sentit qu’il avait perdu le contrôle sur une certaine partie de son anatomie. Potter se releva d’un coup et Draco eut peur que c’en soit la raison. Mais il l’entendit jurer et s’aperçut qu’il essayait d’ouvrir la porte, en vain. Ils étaient apparemment coincés à l’intérieur. Ils n’avaient pas vu, mais sur la porte, à l’extérieur, était gravé « Ici, vous révélerez vos pires secrets ». Potter jura à nouveau et se jeta, une fois encore sur Draco qui était toujours à terre. Mais cette fois, le blond ne se laissa pas faire et les retourna. Il s’assit sur Harry qu’il commença à couvrir de coups. Il n’avait jamais été un adepte de la violence physique mais là il en avait besoin. Il frappait autant qu’il se haïssait, autant qu’il le haïssait. Autant qu’il l’aimait. Et Potter ne faisait rien, il ne se défendait pas. Il… Il pleurait. Et le cœur de Draco se serra à ce constat et son poing se figea en l’air

 

- Pardon… murmura-t-il.

 

Mais il n’était pas sûr qu’Harry l’ait entendu car un bruit venait de retentir dans la pièce. Ou dans sa tête. Il ne savait pas trop. Ça semblait venir de partout à la fois. Et Draco ce bruit, il ne s’en rappelait que trop bien... C’était le bruit des flammes, du feu qui résonne sur le bois. Bientôt il sentit aussi l’odeur, cette odeur atroce d’un corps qui brûle. Il regarda Harry et il vit se refléter les flammes dans ses yeux. Visiblement, il revivait le même moment. Les images des histoires qu’ils s’étaient racontées un peu plus tôt n’étaient rien en comparaison. Draco se revit grimper, grimper, pour essayer d’échapper au feu. Il ressentit à nouveau la peur sans nom lui tordre le ventre. Mais ce n’était pas pour lui qu’il avait peur. La peur laissa place à l’apaisement quand il vit une tignasse noire s’envoler sur un balai. Et puis l’espoir, la joie quand le balai changea de direction. L’angoisse, ensuite, quand il ne parvint pas à attraper la main que Potter lui tendait. Mais la suite… La suite n’était pas comme dans son souvenir.

 

Il se vit tendre la main à la seconde tentative et perdre l’équilibre. Il entendit le cri d’Harry qui hurlait « Non ! » et ça lui brisa le cœur. Ou c’était le cœur brisé d’Harry qu’il sentit. Il ne savait plus trop. Puis il se vit, pendant l’événement qui s’était déroulé quelques heures plus tard, sur le parvis de Poudlard. Il entendit à nouveau la voix froide et terrifiante de Voldemort se réjouir de la mort d’Harry. Il sentit à nouveau ses jambes flageller et son cœur se serrer si fort qu’il se demanda s’il n’était pas lui aussi en train de mourir. Et l’envie d’hurler, de pleurer, mais sans être capable. Et puis les souvenirs, les cauchemars, de l’un et de l’autre s’enchaînèrent, et ils (re)vécurent tous les deux : les morts de Fred, Remus, Tonks, Hedwige, Siruis. La mort de Dumbledore. Les séances de torture. La cérémonie de marquage. La sensation terrible pendant le Sectumsempra. La vie sous l’escalier. Et enfin la nuit terrible à Godric’s Hollow. Draco se laissa retomber aux côtés d’Harry. Il ne savait pas combien de temps s’était écoulé mais il venait de vivre la pire soirée de sa vie. Il entendit Harry pleurer et réalisa que lui aussi, n’avait pas retenu ses larmes.

 

- Pourquoi… ? fut la seule chose qu’il parvint à demander.

 

Il aurait dû préciser, il le savait : pourquoi ça te fait si peur l’idée de me voir mourir ? mais il n’avait pas réussi à parler autant. Et il connaissait la réponse dans le fond. Parce qu’il était un foutu sauveur au complexe du héros.

Mais Harry ne répondit pas. Il se leva et se dirigea vers la porte. « Forcément, elle est ouverte maintenant », se dit Draco.

 

Et c’était le cas.

 

Potter se retourna et lui lança un paquet de cigarettes qui devint bleu en tombant sur le sol.

 

- Rentre chez toi, Malfoy. T’aurais jamais dû venir.

 

Et il referma la porte. Draco ne prit pas le temps de réfléchir, et, les yeux encore plein de larmes, il attrapa le portoloin.

Ce n’est qu’une fois arrivé chez lui qu’il comprit : c’était Harry qui l’avait invité.

 

 
 
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