manyfics
     
 
Introduction Les news
Les règles Flux RSS
La Faq Concours
Résultats ManyChat
Plume & Crayon BetaLecture
Nous aider Les crédits
 
     

     
 
Par date
 
Par auteurs
 
Par catégories
Animés/Manga Comics
Crossover Dessins-Animés
Films Jeux
Livres Musiques
Originales Pèle-Mèle
Série ~ Concours ~
~Défis~ ~Manyfics~
 
Par genres
Action/Aventure Amitié
Angoisse Bisounours
Conte Drame
Erotique Fantaisie
Fantastique Général
Horreur Humour
Mystère Parodie
Poésie Romance
S-F Surnaturel
Suspense Tragédie
 
Au hasard
 
     

     
 
au 31 Mai 21 :
23295 comptes dont 1309 auteurs
pour 4075 fics écrites
contenant 15226 chapitres
qui ont générés 24443 reviews
 
     

     
 
Et si Malfoy était différent, tu l'aimerais quand même ?
Par Koalamutant
Harry Potter  -  Romance  -  fr
2 chapitres - Rating : K (Tout public) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 1     Les chapitres     7 Reviews    
Partager sur : Facebook | Twitter | Reddit | Tumblr | Blogger
Si Draco avait été un cracmol

Et si Malfoy était différent, tu l'aimerais quand même ?

Disclaimer : Rien n'est à moi, tout est à JKR.

Pairing : HP/DM, il y aura éventuellement mention de HG/RW.

Résumé : Recueil d'OS. Harry aime Draco pour et malgré ce qu'il est : beau, arrogant, pénible, cynique, froid. Il l'aime sans contrefaçon, il l'aime tout entier.

Mais si Draco n'avait pas vraiment été Draco, est-ce que Harry l'aurait quand même aimé ?

NDA : Le chapitre 1 s'appelle "Si Draco n'avait pas été un sorcier".

Si l'idée vous plaît, j'écrirai un "Si Draco n'avait pas été beau", "Si Draco n'avait pas été un dieu du sexe", "Si Draco n'avait pas été égoïste", "Si Draco n'avait pas été un lâche", "Si Draco n'avait pas été riche", "Si Draco n'avait pas été un Malfoy".

J'ai envie d'étudier un peu plus ce personnage qui reste mon personnage préféré, et qui continue de me fasciner après toutes ces années à lire des Drarry. Adolescente, je lisais beaucoup de fanfictions où Draco était le stéréotype du Prince des Serpentards, froid-bogosse-inaccessible puis j'ai commencé à lire des fanfictions où Draco était plus humain, où il n'était qu'un homme brisé par la guerre ou son éducation, et je me suis posé la question : Si Draco avait été différent, Harry l'aurait-il quand même aimé ?

Draco sera forcément OOC dans certains chapitres, puisque je le prive d'un de ses caractéristiques principal. Mais rien de mièvre ou de guimauve, c'est pas trop mon truc. Draco reste Draco.

o

Chapitre 1 :

Si Draco n'avait pas été un sorcier

o

La première fois que Draco vit Harry Potter, il avait cinq ans et c'était sur la couverture d'un magazine.

Il demanda à sa mère de lui lire ce qu'il y avait écrit et elle répondit d'une voix douce "Le garçon-qui-a-survécu fête ses cinq ans."

Draco se demanda comment ce bébé, si minuscule qu'il disparaissait dans les bras de sa mère, pouvait avoir cinq ans. Et puis il ne comprenait pas pourquoi les journaux faisaient tout un foin d'un anniversaire : lui aussi avait eu cinq ans récemment, et aucun magazine n'en avait parlé !

o

La deuxième fois que Draco vit Harry Potter, il avait 11 ans et c'était sur le chemin de Traverse.

Sa mère et lui étaient chez Mme Guipure et il se faisait faire des pantalons de mesure pour son départ àl'internat. Son père avait refusé de venir, de toute façon il travaillait trop, mais Draco savait aussi qu'il l'évitait soigneusement depuis qu'il était devenu évident qu'il ne recevrait pas sa lettre de Poudlard.

Draco avait déglutit et avait eu envie de se cacher dans un trou et d'y mourir quand son père lui avait annoncé la nouvelle. Il était un putain de cracmol, les médicomages étaient formels. Aucune magie ne circulait dans son corps, et aucune magie ne circulait jamais.

Il n'irait jamais à Poudlard.

Draco, du haut de ses onze ans, avait su que son père était trop dégoûté pour le frapper jusqu'à la mort, et avait passé deux semaines enfermé dans sa chambre, à ne sortir que pour les repas, qu'il prenait en silence, faisant très attention à ne pas se faire remarquer.

Il avait failli aux espoirs que son père avait placés en lui, il ne serait jamais digne d'être l'Héritier Malfoy.

Mais sa mère s'était battue pour lui. Sa mère, qui l'aimait plus que tout au monde, s'était battue pour que Draco, même s'il ne deviendrait jamais un sorcier, ait une éducation digne de sa naissance. Ainsi, malgré le fait que la date limite d'inscription soit passée depuis des mois, et avec beaucoup de livres sterling versées et de sorts de confusion jetés, elle avait réussi à l'inscrire à l'Oxford Tutorial School, le meilleur collège de tout l'Angleterre.

Quand Harry Potter entra dans la boutique ce jour-là, il ne comprit pas pourquoi il devrait essayer une robe noire -peu seyante sur son corps gringalet de gamin de 11 ans - alors que le petit garçon à côté de lui essayait un pantalon gris tout simple, ainsi qu'une chemise blanche – qui lui allaient vraiment bien, d'ailleurs-.

Il avait demanda la raison de cette différenciation à Mme Guipure qui avait bredouillé quelque chose d'incompréhensible en jetant des regards alarmés à une femme blonde qui se tenait près de la fenêtre, l'air fier. Le petit garçon s'était tourné vers Harry et lui avait jeté un regard noir.

Plus tard, Hagrid lui expliqua ce qu'était qu'un cracmol, et bien plus tard encore, Ron lui expliqua ce que ça représentait pour une famille de Sangs-Purs d'avoir un cracmol à la maison.

Harry, lui, s'était senti triste car il savait maintenant qu'il ne reverrait plus jamais le petit garçon aux yeux gris, qui aurait pu, dans une autre vie, devenir son premier ami.

o

La troisième fois que Draco vit Harry Potter, il avait quatorze ans et c'était à la coupe du monde de Quidditch

Draco était euphorique que sa mère ait accepté de l'emmener. Son père avait prétexté une affaire urgente au Ministère, mais l'adolescent n'en avait cure : ils étaient bien mieux tous les deux sans lui. En plus, il savait même qu'il aurait le droit d'aller demander un autographe à Victor Krum après le match. Il n'aurait pas le droit de l'emporter à l'internat, bien sûr, mais il pourrait le conserver dans sa chambre, au Manoir.

Quand elle vit la famille de rouquins s'installer bruyamment quelques sièges derrière eux, sa mère fit une remarque acerbe comme quoi on acceptait vraiment n'importe qui dans les premières loges de nos jours, mais Draco dit rien car même si les Weasley étaient pauvres et roux, eux, au moins, avaient de la magie dans leur corps.

Ils étaient peut-être sur le podium de la lie de la société, mais Draco, avec sa médaille d'or, les devançait largement.

Il se tourna vers la famille et croisa le regard de Harry Potter, qui le reconnu aussitôt et dont les yeux s'écarquillèrent de surprise.

C'était le petit garçon du chemin de Traverse. Après toutes ces années, il le revoyait enfin. Ce n'était d'ailleurs plus du tout un petit garçon maintenant, mais un adolescent devenu très - très - beau. Le Gryffondor quitta à regret les prunelles orageuses pour passer au nez pointu, aux lèvres roses, aux dents blanches, au menton volontaire, au cou pâle, aux clavicules...

"C'est Draco Malfoy. Drôle de nom hein ? Tu te souviens de lui ? Je t'avais dis que la famille Malfoy n'avait eue qu'un fils et que c'était un cracmol. Il étudie dans un pensionnat à Oxford", fit la voix de Ron à côté de lui.

Ce jour-là, Harry se surprit à regretter d'avoir reçu sa lettre d'admission à Poudlard.

o

La quatrième fois que Draco vit Harry Potter, il avait quatorze ans et le garçon-qui-a-survécu faisait une de la Gazette des Sorciers, aux côtés de Fleur Delacour, Victor Krum, et Cédric Diggory.

Et il détesta cet adolescent malingre et mal peigné qui attirait plus l'attention de son père en un article de journal que lui ne l'avait fait en quatre ans.

Narcissa était tombée enceinte juste après le départ de Draco pour Oxford, mais son fils aîné n'avait pas été surpris : il n'était pas capable d'être l'Héritier Malfoy, il fallait bien que son père ait un autre enfant.

Mais il faut croire que le sort s'acharnait sur Narcissa, car l'Héritier était une Héritière, qu'on appela Cassiopée (1).

Draco aurait dû détester ce bébé qui faisait des étincelles quand elle s'énervait, qui avait de la magie dans son corps alors que lui n'en aurait jamais, mais en fait il la plaignait.

Juste parce qu'elle était née fille, son père ne lui accordait, et ne lui accorderait, pas un regard. Finalement, ils étaient un peu pareil, sa sœur et lui.

C'était Noël de sa quatrième année au Pensionnat, et Draco faisait tout son possible pour rendre son père fier. Il excellait dans toutes les matières, était major de promo à chaque trimestre.

A+ en physique-chimie, A+ en mathématiques avancées, A+ en mathématiques, A+ en biologie, A+ en latin, A+ en français, A+ en littérature anglaise, A+ en sport, A+ en histoire, A+ en géographie, mais son père ne daignait pas accorder un regard à ses bulletins scolaires. C'était sa mère qui les signait et le félicitait.

Draco se mis alors à haïr Harry Potter avec toute la force d'un adolescent de quatorze ans. Dès qu'il rentrait à la maison, il posait des questions à sa mère sur le Garçon-qui-a-survécu, et finit même pas collectionner les articles de la Gazette le concernant – et il y en avait beaucoup-.

o

La cinquième fois que Draco vit Harry Potter, il avait quinze ans et c'était au Cimetière Sorcier.

En Juin, la mère de Draco perdit son cousin, un certain Sirius dont l'adolescent n'avait jamais entendu parler. Andromeda, la sœur de sa mère, vint à la maison pendant que Lucius était à Azkaban, et elle emmena Draco avec elle au Cimetière.

Draco n'avait jamais entendu parler d'Andromeda avant qu'il n'entre en pensionnat, parce qu'elle avait épousé un moldu, un certain Ted Tonks, et que Narcissa avait été forcée par ses parents à couper les liens avec sa sœur.

Mais lorsqu'il s'était avéré que Draco était un cracmol, Narcissa avait mit sa fierté de côté et avait contacté sa sœur afin de savoir quoi faire, car Lucius s'était enfermé dans un mutisme effrayant, et que bizarrement toutes ses amies s'étaient retrouvées très occupées à ce moment là.

Narcissa n'avait jamais eu l'occasion de prendre des décisions dans sa vie mais elle fini par trouver une volonté impressionnante, longtemps cachée sous le masque de l'épouse parfaite, lorsqu'il avait s'agit de défendre son fils.

Draco se demanda pourquoi il devait aller se recueillir sur la tombe d'un homme qu'il n'avait jamais vu et dont il n'avait jamais entendu parler, surtout qu'apparemment il n'y avait même pas de corps dans la tombe – le corps avait juste disparu !-.

Mais il croisa le regard d'Andromeda et n'osa pas poser de questions.

Au fond de lui, Draco aimait bien Andromeda car elle ne faisait jamais de sous-entendus sur sa condition, et qu'elle semblait être heureuse dans le monde moldu, avec son moldu de mari. Ce qui redonnait de l'espoir à Draco. Malgré ce que pensaient ses parents, on n'a pas besoin de magie pour être heureux.

Et puis elle était sa Tante, sa famille. C'était elle qui avait consolé Draco quand, seul et apeuré dans son dortoir à Oxford, il ne savait vers qui se tourner.

C'était elle qui lui avait donné un téléphone mobile et lui avait expliqué comment s'en servir, c'était elle qui l'avait pris chez elle quinze jours avant la Rentrée des Classes pour lui expliquer comment fonctionnait le monde moldu.

C'était elle qui l'emmenait se balader à Londres ou à Oxford pour acheter des livres sur la poésie romantique anglaise, le roi soleil, la botanique, la médecine douce et l'architecture au XIXe siècle.

C'était elle qui avait fait de Draco ce qu'il était, un adolescent qui pouvait vivre sans magie, qui était quelqu'un malgré sa condition de cracmol, alors Draco l'avait suivie sans poser de questions, parce qu'il avait une confiance aveugle en elle.

Quand Draco arriva devant la tombe, il y avait déjà quelqu'un qui se recueillait. Il reconnu tout de suite les cheveux noirs, ébouriffés, caractéristiques de l'objet de l'obsession de son père, obsession qui l'avait d'ailleurs envoyé en prison.

Harry Potter s'était tourné et Draco s'était demandé comment un gamin petit, maigre et faible comme Potter avait pu envoyer son père en prison. Il avait penché la tête sur le côté, étonné, et Potter avait soutenu son regard.

o

La sixième fois que Draco vit Harry Potter, il avait seize ans et c'était à Londres.

Le Seigneur des Ténèbres était en colère contre son Père parce que celui-ci s'était retrouvé à Azkaban et avait failli à une mission qui parlait d'une certaine prophétie ou quelque chose comme ça. Draco avait essayé d'écouter aux portes mais sa mère devait avoir des yeux dans le dos car il ne réussit à avoir que quelques bribes d'informations.

Narcissa, Cassiopée et Draco quittèrent le Manoir la nuit de 2 au 3 Juillet et partirent vivre dans l'ancestrale maison des Black, qui avait été la dernière demeure de Sirius Black – on en revenait encore à lui-.

Draco avait comprit qu'il n'aurait plus le droit de retourner au Lycée d'Oxford. Il passa les deux semaines suivantes à lire dans sa chambre et s'occuper de sa sœur. Sa mère lui avait dit qu'à la rentrée, il irait dans un Lycée du quartier, mais qu'il s'appellerait désormais Leonis Black et qu'il ne pourrait plus se balader après les cours, que ce soit au parc ou à la bibliothèque.

Pour la première fois de sa vie, Draco remercia le ciel d'être né cracmol. Car s'il avait été un sorcier, il aurait eu l'âge de rejoindre les rangs du Seigneur des Ténèbres, comme ces enfants avec qui il jouait quand il était petit : Blaise, Théo, et Pansy. Et comme son père avait déçu le Seigneur des Ténèbres, il aurait sûrement été puni à la place de Lucius, qui était en sécurité en prison.

Draco devait cohabiter avec toute une troupe de Weasley – que sa mère évitait comme la peste, restant cloîtrée dans sa chambre, ne sortant que lorsqu' Andromeda ou sa fille Nymphadora venaient au Square Grimmaurd – et même une sang-de-bourbe, Granger, qui était née moldue mais avec des pouvoirs magiques – elle était, comme lui, une aberration de la nature-.

Mais Draco savait que grâce à ces gens, lui, sa mère et sa sœur étaient en sécurité. Grâce à ces gens, sa mère ne serait pas violée, sa sœur arrachée et élevée en adoratrice du Seigneur des ténèbres, et lui torturé et tué car il n'était qu'un putain de cracmol, inutile et encombrant.

Au début il se cachait dans la bibliothèque ou dans sa chambre, mais il avait fini par tolérer leur présence.

Granger, la sang-de-bourbe, était la plus intelligente de la bande. Avec elle, Draco pouvait parler livres, sciences, médecine, art et architecture. Elle était un peu agaçante avec ses airs de Miss-Je-sais-Tout mais en culture moldue, Draco la surpassait largement alors ce n'était pas trop grave. Et puis elle était la seule à être un peu calme.

Le jeune homme se méfiait particulièrement des Weasley. Ces gens étaient vraiment trop énergiques pour Draco qui avait passé son enfance seul dans un immense manoir et son adolescence entre une salle de classe et une bibliothèque. Fred et Georges Weasley étaient sûrement les pires. Ils passaient leur temps à faire des sottises et à essayer d'espionner les conversations des adultes. Draco devait reconnaître qu'ils déployaient des trésors d'imagination, mais le résultat n'avait pas franchement l'air à la hauteur des efforts fournis.

Ginevra arrivait en deuxième position. Draco devait admettre qu'il n'avait pas un caractère des plus facile, mais cette fille était largement pire. Si elle avait été un élément, elle serait le feu. Elle se mettait en colère si facilement que Draco en était arrivé à éviter de se retrouver dans la même pièce qu'elle et ses frères - il fallait l'avouer, les jumeaux Weasley avaient un certain talent pour faire perdre leur sang-froid aux gens-.

Le blond avait même une fois assisté à un sortilège de chauve-furie particulièrement agressif - il croyait que la magie hors de Poudlard était interdite aux mineurs, mais il était prêt à parier que même un employé du Ministère chevronné aurait peur de Ginevra Weasley-.

Quant aux autres Weasley, il y avait bien Molly qui était toujours gentille avec lui et cuisinait divinement bien - Narcissa disait toujours qu'une femme qui cuisinait à la place d'un elfe de maison était une femme qui ne savait pas où était sa place, mais Draco était toujours content quand Molly l'appelait pour qu'il vienne chercher son plateau repas - hors de question qu'il mange avec cette bande de sauvage qui se faisaient appeler les Weasley-.

Bill et Charlie étaient plutôt sympathiques, mais plus vieux que Draco, qui n'oserait jamais leur parler sans raison. Bill travaillait à Gringotts, et Charlie était dresseur de dragons, ce qui était le travail le plus impressionnant au monde. 

Quand il était plus jeune, Draco avait passé beaucoup de temps à essayer de savoir ce qu'il aurait fait comme métier s'il avait eu des pouvoirs magiques. Et puis en grandissant il s'était rendu  compte que cette question resterait de toute façon sans réponse et que s'il continuait sur cette voie, il allait finir comme son père - un homme dans le déni-.

Hermione avait été la première à entrer dans la bibliothèque que Draco considérait comme sienne. Elle lui apportait des livres de l'extérieur et intimait sévèrement aux jumeaux Weasley de se taire et de sortir de la salle quand Draco avait envie d'étudier ou de lire.

Ronald, le plus jeune des fils Weasley, arriva une semaine après les autres. Il aimait le quidditch, ainsi que collectionner les cartes de chocogrenouilles, comme Draco. Au début, il venait à la bibliothèque à l'heure du goûter avec une part de tarte et une tasse de thé préparées par sa mère et les posait sur la table où étudiait le blond. Ils ne parlaient pas, se contentaient juste d'échanger un regard. Parfois Draco faisait un petit signe de tête pour le remercier et le roux lui souriait. Puis vint le jour à Ronald s'assit à la table et engagea la conversation et Draco se fit donc un deuxième ami.

Le soir où Draco vit Harry Potter pour la sixième fois, il était tard et il partait se coucher après avoir terminé, non sans difficultés, Voyage au bout de la nuit, de Céline.

Draco mettait un point d'honneur à terminer tout ce qu'il entreprenait, même si c'était long, pénible, fastidieux. Il avait décidé de commencer l'ouvrage en français et l'avait terminé en français, même si cette entreprise lui avait coûté une semaine de lecture, deux dictionnaires français-anglais, six feuilles de parchemin et huit bougies.

Potter était assis dans un coin du couloir et se tenait la tête entre les mains. Draco se figea et recula en silence, mais l'autre l'entendit et releva la tête. Son visage était ravagé par les larmes et il ne devait rien y voir tellement il y avait d'eau sur ses lunettes. Draco n'avait jamais vu quelqu'un pleurer comme ça. C'était comme si le monde de Potter venait de s'écrouler.

Alors il tourna les talons et partit en courant jusque dans sa chambre. Arrivé à destination, il ouvrit la fenêtre en grand et regarda les étoiles, tentant de calmer sa respiration. Que son cœur batte plus vite que d'habitude, c'était normal, il venait de piquer un sprint. Mais alors, comment expliquer la boule qui s'était formée dans son estomac ?

Draco revit Harry Potter de nombreuses fois cet Été là. Au début, le blond ne voulait rien avoir à faire avec le type qui avait accaparé l'attention de son père et lui avait volé son enfance. Il avait envie de le frapper, de le mordre, de lui faire mal.

Mais à partir du jour où son père lui avait annoncé qu'il était un cracmol, Draco n'avait jamais plus eu confiance en lui. S'il avait été un sorcier, les choses auraient été différentes. Il aurait pu provoquer Potter, le critiquer, se mesurer à lui.

Mais Draco était un cracmol et il avait beau être plus beau, plus riche, plus classe, plus intelligent, Potter avait la magie, et ça, Draco ne l'obtiendrait jamais, peu importe à quel point il était prêt à travailler pour l'obtenir.

o

La première fois que Draco parla vraiment à Harry Potter, il avait seize ans et c'était trois semaines avant la rentrée.

Draco était encore resté tard dans la Bibliothèque. Il était tombé sur un ouvrage particulièrement difficile et avait tenu à le lire dans la langue natale de l'auteur, car lire une traduction, c'était perdre les trois quart de la beauté du texte.

Il tombait de sommeil et n'avait réussi à lire qu'une trentaine de pages, mais s'était promis de s'y remettre dès le lendemain.

Harry Potter était affalé au même endroit que la dernière fois, et entre temps Draco avait apprit que c'était la porte de la chambre de Sirius Black, cet obscur cousin qui était mort avant même que Draco n'apprenne qu'il vivait.

Draco se figea et pencha la tête sur le côté. Il avait grandit seul, entre une mère effacée et un père absent. Il avait déjà onze ans quand sa sœur était née et n'avait découvert l'affection que tard, alors que sa personnalité était déjà construite. Il s'était fait des connaissances à l'internat, certes, mais plus par obligation que par choix. Pour ne pas se retrouver seul dans la cour de récréation, pour ne pas manger seul au réfectoire.

Il ne savait pas consoler quelqu'un. D'ailleurs, voulait-il vraiment consoler ce type ? Potter avait tout ce que Draco n'aurait jamais : quelle que soit la raison pour laquelle il pleurait, il devait le mériter, non ?

"Tu veux que j'aille chercher Hermione ou Ronald ?" fut la question qu'il parvint à poser.

Aller chercher quelqu'un, ce n'était pas vraiment consoler, si ?

Potter leva la tête et fixa Draco à travers ses larmes. Il secoua la tête et essuya ses yeux à l'aide sa manche.

" Je suis désolé. C'est la deuxième fois que tu me retrouves dans cet état. Tu dois me trouver pathétique".

Draco fronça les sourcils et réfléchit. Avait-il vraiment le droit de trouver quelqu'un pathétique, lui qui était le premier Malfoy a être né sans magie dans son corps ?

" Non, je ne te trouve pas pathétique".

C'était tout ce qu'il réussi à dire. Il n'avait jamais été doué pour communiquer. Potter allait sûrement se foutre de sa gueule. La meilleure chose à faire, c'était tourner les talons et partir s'enfermer dans sa chambre.

"Tu veux t'asseoir ? Ce n'est pas très confortable, mais bon..."

Il se figea. Est-ce que Harry Potter lui avait proposé de s'asseoir à ses côtés ?

Il y eut un moment de silence pendant lequel Potter lui jeta un regard étrange.

"Tu sais que je suis un cracmol ?" Demanda Draco d'une voix blanche.

Potter fronça les sourcils.

"Et alors ?" Dit-il sur un ton de défi.

"Non, je voulais juste que tu le saches, c'est tout", marmonna Draco en s'asseyant à côté de lui.

o

La première fois que Draco fit une potion, il avait seize ans et c'était Square Grimmaurd.

Andromeda avait dit à Dumbledore que son neveu était un petit prodige de physique-chimie et ni une ni deux, on avait installé un laboratoire dans une des chambres abandonnées du troisième étage. La semaine, Draco étudiait le latin, le français, les mathématiques, les sciences économiques et sociales, et le week-end et le soir, il fabriquait des potions pour l'Ordre du Phénix.

C'était le premier contact de Draco avec la magie depuis des années et il était euphorique. Il avait besoin de l'aide d'un elfe nommé Kreattur – quel drôle de nom !- pour faire certaines choses, comme par exemple tourner les potions à l'aide de la magie, mais il lisait les instructions, coupait les ingrédients, surveillait la cuisson, mettait les potions dans des fioles tout seul.

En l'espace de quelques mois, il apprit à confectionner des potions de soin comme des antidotes, mais aussi des potions pour le combat, comme des potions aveuglantes, du felix felicis, une solution de force, du véritaserum...

o

La première fois qu'Hedwige lui apporta une lettre, Draco avait seize ans

"J'ai appris qu'ils t'avaient enrôlé pour faire des potions. Fais attention à toi, ne fais rien que tu ne veuilles pas faire. Harry."

Draco relu la courte missive une deuxième, puis une troisième fois et fronça les sourcils. Qu'est-ce que c'était sensé vouloir dire ?

o

La première fois qu'il vit Harry Potter nu, Draco avait seize ans

Potter, Hermione, Ron allaient revenir pour Noël. Draco ne l'avouerait jamais, mais il était heureux qu'ils soient tous là pour les fêtes, parce que sa mère passait la plupart de son temps dans sa chambre et qu'il n'avait pas le droit d'assister aux réunions de l'ordre du Phénix. Il aimait lire et faire des potions, mais il avait besoin de voir des gens. Il avait bien un ami au Lycée, Jack, mais ce n'était pas pareil. Jack était gentil, sympa, drôle, mais il ne le comprendrait jamais. Parce que Draco était un cracmol et que ça, ça définissait tout ce qu'il était. Il n'appartenait ni à ce monde, ni à l'autre.

Et puis la vérité, c'était que Potter avait manqué à Draco.

Il avait été nostalgique de leurs conversations nocturnes dans le jardin du Square Grimmaurd. Potter et ce genre de personnes qui aime les autres comme ils sont, avec leurs défauts, mais aussi le secrets les plus noirs, et leurs peurs les plus profondes. Potter, c'était l'antithèse de son père, cet homme qui avait rejeté Draco, son propre fils, dès qu'il avait su qu'il n'était pas exactement comme il le voulait.

Avec Potter, Draco se sentait apprécié. Il avait l'impression d'être quelqu'un d'important. Pas important aux yeux de la communauté sorcière, non. Juste quelqu'un d'important aux yeux de Potter. Et c'était suffisant.

Draco avait passé six heures dans son laboratoire afin de finir de préparer un nouveau chaudron de polynectar. Il était épuisé et avait envie d'une bonne douche avant d'aller se coucher.

Il ouvrit la porte de sa chambre et fronça les sourcils en s'apercevant qu'elle était déjà éclairée. Dans le lit au dessus du sien se tenait une masse endormie, cachée sous une immense couverture, et Draco n'aperçu qu'une touffe de cheveux roux – un Weasley-. En face de son lit était posé à même le sol un petit matelas sur lequel se tenait Harry Potter, nu comme le jour de sa naissance.

" Oh ! Désolé ! " Fit Draco d'une voix un peu trop aiguë à son goût.

Il s'apprêtait à tourner les talons quand il se souvint qu'il était dans sa chambre. Entre temps, Potter avait eu le bon goût d'attraper une minuscule serviette de bain et de l'enrouler autour de sa taille.

" Qu'est-ce que vous faites dans ma chambre ?" Demanda le blond en fronçant les sourcils, principalement pour masquer son embarras.

"Je... On est tous arrivés en même temps et il n'y a plus de place nul part", marmonna Potter d'une voix étrangement rauque. "Molly a proposé que l'on dorme dans la bibliothèque mais comme tu y travailles jusqu'à tard la nuit, on n'a pas osé poser nos matelas là-bas... je suis désolé, si on te dérange, on ira dormir dans la chambre d'Hermione et de Ginny".

"Non," s'entendit dire Draco malgré lui, "cette chambre est immense. Il y a bien assez de place pour nous".

Il ne pouvait détacher son regard du torse mouillé de Potter. Une goutte tomba de son cou, passa par un téton rose et vint se perdre dans le nombril. Draco déglutit.

Le brun suivit son regard et vira rouge comme une tomate.

"Ahem... Je vais prendre une douche", marmonna Draco en bousculant Potter.

Il s'engouffra dans la petite pièce et mit l'eau froide. Très froide.

o

La première fois qu'il eut peur pour Potter, Draco avait dix-sept ans

Théodore Nott, un garçon avec qui Draco jouait lorsqu'il était enfant, avait été dépêché par Voldemort pour tuer Dumbledore.

Draco n'avait vu le Directeur de Poudlard qu'une ou deux fois Square Grimmaurd, et ils n'avaient jamais vraiment parlé, mais Potter le considérait comme son mentor et il savait que cette situation était angoissante pour son ami.

Potter n'était pas rentré à Londres depuis Noël mais ils s'envoyaient des lettres tous les jours et même si Draco se demandait encore pourquoi Harry Potter lui accordait de l'attention et s'il n'allait pas un jour lui dire qu'il ne voulait pas être ami avec un cracmol, il sentait son cœur s'accélérer dès qu'il apercevait la chouette blanche aux grands yeux bruns.

Un soir de Juin, la porte du Square Grimmaurd s'ouvrit en grand et Draco entendit un boucan pas possible au rez-de-chaussé. Depuis des semaines, Narcissa, Cassiopée et lui n'avaient pas eu de visites, et il lâcha son livre pour dévaler les escaliers quatre à quatre.

Il aperçut la raison de tout ce chahut et son cœur manqua un battement. Hermione, Ron, Tonks, Lupin et Ginevra tenaient un Harry Potter inconscient.

o

La première fois que Draco embrassa Potter, il avait dix-sept ans

Après avoir passé un mois chez ses moldus, Potter avait recommencé à errer dans les couloirs du Square Grimmaurd comme une âme en peine et il ne laissait ni Hermione, ni Ronald, ni Draco l'approcher.

Celui-ci souffrait de cette situation mais qui était-il pour exiger de Potter qu'il se confie ?

Il n'avait jamais eu à affronter la mort d'un proche et ne saurait pas le consoler, de toute façon. Il n'était pas doué pour dire des choses rassurantes ou réconfortantes aux gens. Il avait passé trop de temps avec ses livres et envisager une amitié avec le Gryffondor tenait de l'ordre de l'utopie.

Il ne pouvait pas vraiment prétendre être son ami. Il n'était pas à Poudlard avec lui, il n'était pas capable de se battre à ses côtés comme Ronald et Hermione, il n'avait rien à lui offrir. Potter ne lui devait rien.

Draco avait été stupide mais la vie s'était chargée de le rappeler à la réalité.

Un soir, Draco sortait de son laboratoire quand il tomba sur Potter, qui était occupé à donner des coups de poings dans la porte de la chambre de Sirius Black.

Le blond se figea et recula en silence. La solution la plus intelligente : tourner les talons et partir. Se préserver. Ne pas s'impliquer. Ne pas souffrir. Ne plus jamais souffrir pour qui que ce soit.

En reculant il heurta un objet posé au sol – les Weasley étaient bordéliques- et Potter tourna la tête vers Draco qui sentit son cœur se serrer à la vue des iris vertes noyées de larmes.

"Je... Désolé... Je m'en vais", marmonna t-il.

C'était la troisième fois qu'il voyait Potter pleurer et il était toujours aussi mal à l'aise. Ce type ne pouvait-il pas s'enfermer dans sa chambre pour faire ça, comme tout le monde ?

"Non ! Attends ! Je... "

Draco sentit la main de Potter sur son avant-bras. Il frissonna malgré lui et lui jeta un regard courroucé.

"Je suis pas ton chien, Potter. Tu ne viens pas me parler quand tu en as envie pour m'envoyer chier quand tu ne veux pas voir ma gueule".

Il avait parlé d'une voix froide qu'il ne reconnaissait pas. S'il ne savait pas que c'était sa bouche qui avait produit ces mots, il aurait parié que son père était dans la pièce.

"Non, ce n'est ce que tu crois, je..."

" Si tu traites tout le monde comme ça, je comprends pourquoi tes moldus t'ont traité comme ils l'ont fait".

Draco ne savait pas pourquoi il avait dit ça. Il se sentait seul, triste, et fatigué. Potter ne lui avait pas parlé depuis des semaines et il avait juste envie d'aller se coucher.

Potter le lâcha comme si sa peau le brûlait et cligna des yeux. Draco vit ses iris s'assombrirent et réalisa que c'était la première fois qu'il voyait Potter en colère.

"Très bien. Casse toi, alors."

Le blond se raidit malgré lui.

"Quoi ?" Lâcha t-il du bout des lèvres.

"Dégage, si t'es pas content. On te force pas à rester."

"Je suis ici chez moi ! " S'exclama Draco d'une voix un peu trop rauque à son goût.

"Tu fais erreur. Je suis ici chez moi. Toi tu es là parce que l'Ordre du Phénix a eu pitié de vous et que t'es trop faible pour protéger ta famille".

Plus tard, Draco se demanda comment lui, Draco Malfoy, fils aîné de la noble ligné des Malfoy, sang-pur de son état et jeune homme plutôt poli et discret, s'était retrouvé par terre, à donner des coups de poings dans la figure de Harry Potter comme si sa vie était en jeu.

Le garçon-qui-a-survécu allait sûrement le prendre pour un sauvage. Mais non ! C'est qu'il répondait, en plus, le con ! Et il se défendait bien, pour un sorcier !

Son père avait toujours dit à Draco que se battre comme un moldu était indigne de son sang mais Draco était incapable de faire de la magie et balancer des coups de poings défoulait bien plus que de balancer des sorts.

Potter lui donna un coup de tête qui envoya le blond par terre. Quand le Gryffondor se trouva au dessus de lui et le tira par le col de sa chemise, Draco ferma les yeux et adressa un adieu silencieux à ses dents de devant, mais ce n'est pas quelque chose de dur qui toucha ses lèvres mais quelque chose de mou et de mouillé.

Éberlué, le garçon ouvrit les yeux et contempla le visage du garçon-qui-a-survécu collé contre le sien.

Plus tard, Draco se demanda pourquoi il n'avait pas profité de cet instant de faiblesse – ou de folie- de la part du Gryffondor pour envoyer son poing faire ami-ami avec la mâchoire de Potter, mais sur le moment, la seule chose qu'il fît fut de presser ses lèvres encore plus fort sur celles du brun, lui arrachant un gémissement de surprise.

o

La première fois que Draco comprit que la guerre était en train de tous les ronger, il avait dix-sept ans

C'était bientôt la rentrée mais Potter, Hermione et Ronald n'avaient pas prévu de retourner à Poudlard. Ils n'étaient pas sensé le lui dire mais Draco était une vraie fouine quand il s'y mettait.

Il sortait de son laboratoire quand un bruit étrange dans la chambre d'Hermione l'attira. Il se racla la gorge pour faire comprendre qu'il passait devant la porte et ralentit le pas. Juste au cas où Hermione ait envie de parler.

Il l'entendit se lever de son lit et lorsqu'elle apparut devant lui, elle était encore plus échevelée que d'habitude. Draco ne pu retenir un sourire.

"Aucun commentaire sur ma coiffure", dit-elle d'une voix morne.

"Tu sais bien que tu es passé au stade de l'indicible", marmonna Draco.

"Viens, Harry et Ron sont dans le jardin, j'ai besoin de prendre l'air."

Le blond haussa un sourcil. D'ordinaire, il était plutôt exlut de leurs réunions. C'était normal, il ne leur en tenait pas rigueur.

Quand ils arrivèrent dans le jardin, Ron était dans le même état qu'Hermione, les cheveux ébourrifés en moins.

Potter laissa Hermione prendre le rouquin dans ses bras et se tourna vers Draco, le regard un peu mort.

"J'ai peur", dit-il d'une voix blanche.

Draco sentit son coeur se serrer.

"Moi aussi", fit-il dans un souffle.

o

La première fois qu'il rencontra Lord Voldemort, Draco avait dix-huit ans

Le mois de Juin était bien avancé et Draco allait passer ses A-levels. Il ne se faisait pas vraiment de soucis car il était une fois de plus Major de promotion. Il avait envoyé les dossiers pour les écoles de droit et attendait les réponses.

Ça faisait trois jours qu'il n'avait aucune nouvelle de Potter, mais après tout celui-ci était en fuite alors ce n'était pas facile de communiquer. Avant de partir, il lui avait donné un parchemin magique qui était relié à un parchemin qu'il gardait toujours sur lui.

Draco n'était pas capable de le faire fonctionner, mais il suffisait que Kreattur ne le touche, pose une plume magique et que Draco dicte pour que Potter reçoive son message.

Ils ne parlaient pas beaucoup de la guerre. Les informations étaient trop précieuses et Draco aurait pu se faire capturer ou être sous imperium pour soutirer des renseignements à Potter. A vrai dire, le blond était soulagé qu'ils n'en parlent pas car au Square Grimmaurd la tension était à son comble et il passait tout son temps libre dans son laboratoire à concocter des potions, donc c'était plutôt agréable de raconter des bêtises sur un parchemin.

Narcissa ne voulait pas que son fils traîne après les cours alors même si Jack avait proposé qu'ils aillent boire un verre pour fêter la fin du trimestre, Draco marchait vite et regardait droit devant lui. Il aimait Londres, la foule permanente, le bruit constant.

Peut-être que quand tout serait fini, Potter et lui pourraient aller se balader à Kensington Garden. Peut-être qu'ils pourraient profiter du soleil et rire de nouveau.

Il tourna à gauche et traversa la rue. Aujourd'hui il passerait par le chemin le plus rapide, car il devait rentrer tôt à la maison pour commencer le veritaserum que Lupin lui avait commandé pour la prochaine lune. Il jeta un coup d'œil au ciel. Il faisait beau, c'était dommage de rester enfermer avec ce temps. Le jeune soupira et se demanda quand tout ça serait fini.

Puis ce fut le trou noir.

Quand il se réveilla, il était dans un endroit où il n'aurait jamais cru remettre les pieds. Il était ligoté, sa tête saignait et il était certain que son bras gauche était cassé, mais il était vivant. Il tenta de bouger mais le mouvement lui arracha un cri de douleur.

Ce fut une voix glaciale, qui lui donna envie de se crever les tympans, qui le sortit de sa torpeur:

"Tiens, tiens, tiens... Regardez qui voilà... L'héritier Malfoy en personne... "

Le jeune homme tenta de regarder autour de lui, affolé. Il avait l'impression que la voix parlait directement dans sa putain de tête.

"Tu vas enfin accomplir tes missions correctement, Lucius ? Maintenant que j'ai ton cracmol de fils ?"

Draco se figea. Il n'avait pas vu son père depuis des années. Il leva la tête et croisa les yeux bleus paniqués de l'homme qui n'avait jamais pu l'accepter.

"Ce garçon n'est plus mon fils depuis qu'il est un cracmol."

Draco sentit son estomac se tordre mais il trouva quand même le courage de relever la tête et de fixer Lucius.

Quelque chose attira son attention dans l'attitude de l'homme. Les épaules étaient trop tendues, les yeux trop écarquillés. Il croisa une nouvelle fois son regard et y lu quelque chose qu'il n'aurait jamais cru lire dans ces prunelles.

La panique.

Alors Draco serra les dents et inclina la tête pour regarder la personne qui avait asservi son père. Il réprima un frisson mais soutint le regard de Lord Voldemort jusqu'à ce que celui pointe sa baguette sur lui et crie :

"Endoloris !"

o

La première fois que Potter lui dit "Je t'aime", Draco avait dix-huit ans

Draco était à St Mangouste dans une section spéciale pour les "non magiques", c'est à dire les cracmols comme lui. Il avait des tubes partout dans le bras et allait être obligé de manger la bouffe dégueulasse de l'hôpital pendant trois semaines, mais à part ça il allait bien.

Pour la deuxième fois de sa vie, Draco était content d'être né cracmol car selon le médicomage, Voldemort l'avait tellement torturé qu'il serait mort s'il avait été un sorcier, car l'endoloris l'aurait vidé de toute sa magie.

Mais son corps n'avait jamais eu besoin de magie pour vivre alors il s'en tirait avec une vilaine cicatrice au front – il s'était apparemment cogné la tête contre la pierre lorsque Lestrange l'avait balancé par terre après l'avoir ligoté-. Il avait entendu Narcissa dire que s'il avait été soigné à temps, la cicatrice aurait disparu mais que comme on ne l'avait retrouvé qu'après la Bataille Finale, la blessure avait eu le temps de marquer sa peau à jamais.

Mais ce n'était pas grave. Draco était vivant et son père aussi, même s'il pourrissait de nouveau à Azkaban. Ils étaient vivants, c'était tout ce qui comptait.

Potter arriva exactement trente-trois minutes après que Draco soit sorti du coma. Ils ne s'étaient pas vus depuis pratiquement un an et le blond pencha la tête sur le côté, examinant le Gryffondor avec attention.

Il avait minci – c'était Molly Weasley qui allait être contente !-, avait un peu grandit -mais Draco était toujours plus grand, il en était certain-, ses joues s'étaient creusées et il ne restait plus rien de l'enfant qu'il avait été. Draco était occupé à fixer les cernes grises qui entouraient les yeux de Potter quand celui-ci s'élança sur son lit.

"Draco ! Merlin, Draco, j'ai cru que... J'ai cru que... Bon sang, je suis tellement désolé... J'ai cru que tu étais... tu étais... On t'a cherché immédiatement après la Bataille mais il y avait des protections partout sur le Manoir et j'ai cru que... "

"Calme-toi, Potter. "

Draco fronça les sourcils. Il avait mal au crâne et Potter s'était assis sur sa main gauche, tirant ainsi sur son bras, ce qui était plutôt douloureux.

"J'ai raté les examens du A-level, bordel", marmonna t-il.

Potter écarquilla les yeux et éclata de rire. Draco pencha la tête sur le côté et haussa un sourcil interrogateur.

"Par Merlin, Draco... Tu as failli mourir de la main de Voldemort, tu es resté dans le coma pendant deux putain de semaines, et tout ce que tu trouves à dire c'est que tu n'as pas pu assister aux A-levels ?" Dit Potter en souriant.

"Je ne suis pas comme toi, moi, Potter ! Je n'ai pas tué le Seigneur des Ténèbres ! Mon nom ne suffit pas pour m'offrir un métier.", répondit le blond en levant le menton. "J'ai travaillé dur pour devenir ce que je suis et je compte pas me laisser abattre par un mégalomane effrayé par la mort".

Potter le regard bizarrement et Draco se sentit très con.

"Tu les aurais eus de toute façon", fit-il avec un sourire.

"Evidemment que je les aurais eu, Potter," fit le blond de sa voix traînante. "C'est juste que j'ai travaillé comme un dingue pour finir Major et que ça me frustre de savoir que je vais devoir redoubler une année à cause de ce connard de Voldemort. Dommage que son corps soit parti en poussière, j'aurais bien aimé pisser sur sa tombe."

"Tu sais, je crois que tu te trompes", murmura Harry d'une voix douce.

"De quoi ?"

"Tu n'aurais pas fini à Serpentard si tu étais allé à Poudlard. Tu es la personne la plus courageuse que je connaisse. Tu aurais été avec moi à Gryffondor".

"Dans tes rêves Potter ! Un Malfoy à Gryffondor... Mon Grand-Père doit être en train de se retrouner dans sa tombe"

"Parce qu'un Malfoy cracmol, c'est mieux peut-être ? "

"Et tu oses en rire en plus ! " S'indigna Draco en fronçant les sourcils.

Harry éclata de rire. Est-ce qu'il était physiquement possible qu'il tombe encore plus amoureux de cet homme ?

"Pour tes A-levels, je pourrais persuader tes professeurs de te les faire repasser, vu que tu étais à l'hôpital..."

"La règle c'est la règle, Potter. Je sais que tu as du mal à intégrer ça mais quand c'est plus l'heure, c'est plus l'heure", marmonna Draco d'un ton morne.

"Oh mais je sais très bien persuader les gens..."

Draco écarquilla les yeux et Harry eut envie de se jeter sur lui pour l'embrasser.

"C'est... C'est interdit de jeter un sort aux moldus" fit le blond d'une voix étrange.

"J'ai tué Voldemort. Je peux bien lancer un petit sortilège de confusion, quand même !"

Le silence qui suivit fût pesant et Harry se sentit très con.

"Tu... Tu ferais ça pour moi ?"

"Bien sûr", répondit le brun. Draco sourit de toutes ses dents et Harry sentit son coeur louper un battement.

"Tu as reçu ça", dit-il soudain en lui tendant trois enveloppes. Le blond sembla hésiter puis les saisit avec empressement et le brun sourit.

"Alors ?" demanda t-il anxieusement.

Draco leva la tête lentement. L'ombre d'un sourire passa sur son visage.

"J'ai été accepté", dit-il d'une voix blanche.

"Où ça ?" fit Harry d'une voix blanche. Il connaissait la réponse mais l'entendre de la voix de Draco le ferait peut-être réaliser...

"Harvard. J'ai été pris à Harvard, bordel !"

...Qu'il allait le perdre...

"Harvard ! Par Merlin, Potter, c'est le plus beau jour de ma vie !"

... Une nouvelle fois.

"Par Salazar. Quand je vais dire à Mère !"

"Je t'aime."

Draco releva la tête et ouvrit la bouche, l'air hébété.

"Pardon ?" dit-il du bout des lèvres.

Harry déglutit et jeta des coups d'oeils paniqués autour de lui, histoire de chercher un trou pour s'y terrer.

"Qu'est-ce que tu as dis, Potter ?"

Allez, Harry, c'est le moment de prouver que tu es un Gryffondor.

"Je t'aime", répéta t-il d'une voix claire.

"Ma parole, Potter, faut qu'un médicomage t'inspecte le cerveau"

"Non, tu ne comprends pas..."

"Tu as dû te cogner quelque part pendant la Bataille Finale"

"Je t'aime."

"Mon pauvre, je te plains vraiment. Ça a l'air grave."

"Draco... Draco, regarde-moi. Je t'aime"

L'espace d'un instant, Harry cru que Draco avait enfin comprit. Mais le blond secoua la tête, perplexe, et posa une main compatissante sur son épaule.

"T'inquiètes. On va s'occuper de toi, Potter. Je te laisserai pas t'échapper de cet hôpital pour déclarer ton amour au premier gus venu."

Il fronça les sourcils, pensif.

"Je n'ai même pas envie de me moquer de toi. Merlin, heureusement que je suis un cracmol, j'aurais fait un Serpentard épouvantable".

Alors Harry comprit.

"Putain, tu le fais exprès ou quoi ? Je t'aime, du con !" dit-il d'une voix un peu agressive.

La mâchoire de Draco se tendit imperceptiblement.

"Ah oui ?" ricana t-il en étalant ses mains sur sa couverture pour les empêcher de trembler. "Et pourrais-je savoir comment toi, Harry Potter, tu pourrais aimer un type comme moi, Draco Malfoy ?"

"Parce que..." commença Harry.

Et il posa un baiser sur les lèvres du blond qui écarquilla les yeux.

"Tu es la personne la plus intelligente que je connaisse..."

Nouveau baiser.

"Tu es drôle, même si d'autres te qualifieraient de cynique..."

Nouveau baiser.

"Tu me comprends..."

Nouveau baiser.

"Tu es courageux, pour un fils de Serpentards."

Nouveau baiser, plus appuyé celui-là.

"Et pour ne rien gâcher, tu es beau comme un Dieu".

"Même avec ma putain de canine qui dépasse ?"

Draco avait essayé de parler d'une voix détachée mais il avait vu dans les yeux de Harry que celui-ci avait entendu le léger tremblement lorsqu'il avait prononcé le mot "canine".

"Surtout avec ta putain de canine qui dépasse".

Alors Draco leva les yeux vers lui et Harry vit qu'il avait enfin comprit.

o

La première fois que Harry Potter prouva à Draco qu'il l'aimait, il avait dix-huit ans

Draco avait fini de faire sa valise. Quand il était plus jeune, il regrettait de ne pas pouvoir faire ses bagages magiquement, mais il avait fini par apprécier le rapport aux objets qu'avaient les moldus.

Lui, il se servait pleinement de ses cinq sens. Il découpait lui-même les aliments, il ne se contentait pas d'agiter une baguette. Il sentait un fruit ou un légume pour le choisir, il ne jetait pas un sort de détection de moisissure dessus.

Lorsqu'il pleuvait, il sentit les gouttes froides sur son visage, lorsqu'il y avait du vent, il regardait le tourbillon de feuilles voleter autour de lui. Lorsqu'il y avait du soleil, il s'asseyait sur un banc et fermait les yeux.

Il avait apprit à attendre, il avait apprit à écouter, il avait apprit à travailler pour obtenir ce qu'il voulait.

Lorsqu'il voyageait, il patientait dans le train en regardant le paysage et en écoutant de la musique, il pensait à des choses agréables. Ou alors il sentait monter le plaisir des retrouvailles entre sa soeur et lui, ou de retrouver la bibliothèque du Manoir. Il ne transplanait pas. Jamais.

Transplaner, c'était ignorer que l'on va voyager. Transplaner, c'était ne pas respecter la nature et ses distances. Transplaner, c'était un peu comme tromper la vie.

"Je veux juste que vous sachiez dans quoi vous vous engagez, Harry, c'est tout."

Draco se figea. C'était la voix de sa mère. Est-ce qu'elle essayait de faire peur à Harry en lui sortant son discours de mère poule ?

" Je sais très bien dans quoi je m'engage, Madame Malfoy."

"Je ne veux pas que mon fils revienne en Angleterre le coeur brisé. Il a dû traverser assez d'épreuves comme ça."

Draco fronça les sourcils. Pourquoi partait-elle du principe que c'était Potter qui allait lui briser le coeur ?! Draco avait, selon lui, un excellent potentiel de briseur de coeur !

"La vie avec mon fils, ça veut dire pas d'enfants à part un bébé chaudron..."

Le blond leva les yeux au ciel et résista à l'envie de se taper la tête contre le mur. Mais qu'on enferme cette bonne femme ! Pourquoi parlait-elle de bébés à Potter ? Ce type ne savait même pas se peigner ! Prendre soin d'un bébé ou même l'envisager était au dessus de ses capacités !

Mais contre toute attente, il entendit la voix de Potter – qui était encore là, le fou- dire :

"Draco est un prodige en potions".

"Prendre le risque d'avoir des enfants qui n'ont pas de pouvoirs magiques..."

Draco ferma les yeux et serra les poings. Si cette femme ne cherchait pas à faire fuir Potter, ça en avait pourtant tout l'air !

"Tant qu'ils sont heureux. Je me fiche que mes enfants soient des sorciers ou des moldus."

"Partager sa vie avec le fils d'un Mangemort..."

"Draco n'est pas responsable des actions de son père."

"Partir de chez vous pour la durée des études de Draco"

Silence. Draco retint son souffle.

"Si la maison nous manque, je nous ferai transplaner pour un week-end. Et on reviendra à chaque Noël."

"Et chaque vacances d'Eté."

"Ok, mais on passera la Saint-Valentin là-bas."

La Saint-Valentin ? S'il retrouvait le petit con qui s'était amusé à jeter un sort de confusion sur Potter, Draco allait lui faire passer un mauvais quart d'heure, Cracmol ou pas !

"Dernière chose."

"Oui ?"

Draco haussa de nouveau un sourcil. Sa mère se prenait-elle pour un touareg qui négocie le prix des dromadaires ?

"Il y a un hôpital à New York qui fait des... expériences sur les cracmols de Sang-Pur."

"Comment ça ?"

"Ils... Ils... Par Salazar, ils essaient de mettre de la magie dans leur corps. Le résultat n'est pas très concluant et c'est extrêmement dangereux. Certaines personnes y laissent la vie. Si jamais Draco en entend parler... Il aura envie d'essayer."

"Pourquoi donc ?"

Le concerné haussa un sourcil.

Pour être normal, Potter. Pour ne plus être un monstre, une anomalie génétique, un putain de cracmol !

"Hé bien... Pour devenir un sorcier, bien sûr. Pour être spécial", fit la voix perplexe de Narcissa.

"Mais Draco n'a pas besoin de magie pour être spécial", dit Harry de sa voix innocente.

Draco esquissa un sourire. Potter était peut être un Gryffondor insupportable et niais, mais c'était son Gryffondor insupportable et niais.

Et ça, ça valait toute la magie au monde.


o



(1) Tous les enfants Blacks portent des noms de constellations.

Voilà, je n'ai jamais écris d'OS, c'est mon premier essai ! Donc si vous avez des commentaires, des conseils, n'hésitez pas :D Bisous.

 

 
 
Chapitre précédent
 
 
Chapitre suivant
 
 
 
     
     
 
Pseudo :
Mot de Passe :
Se souvenir de moi?
Se connecter >>
S'enregistrer >>