Bonjour/soir !
Et voilà la dernière partie de ce premier chapitre qui doit encore être corrigé et relu et retravaillé :p
J'espère que je ne vous ai pas trop perdu entre les personnages et les lieux et que l'intrigue vous aura donné quelques questions mentales.
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Shaheen
-Que le premier témoin s'avance. Ordonna sombrement Amir.
Du coin de l'oeil Shaheen aperçut Yasmin, la mère d'Ashkan, s'avancer vers le tabouret des témoins. Elle était en pleurs et semblait avoir du mal à parler. Puis ce fut un esclaves présents lors du meurtre et un des soldats. Les témoins se succédèrent. Ils étaient des membres de la famille royale, des proches du roi ou des esclaves.
Ils partageaient la même tristesse et la même stupéfaction devant la brutalité des événements. Ils avaient aussi le même discours : ils ne réfutaient pas l'idée que l'orgueilleux prince Shaheen pouvait avoir organisé cette infâme trahison. Tout ceci reposait sur une seule et même preuve : l'écriture et la signature du jeune prince qu'ils reconnaissaient formellement.
Malgré le métal qui coupait ses poignets, la dureté du sol de marbre sous ses genoux et la menace de la lame sur son cou, ce ne fut qu'à ce moment précis que le jeune prince commença à réaliser qu'il courait un danger bien réel.
Les cris de haine s'amplifièrent et les gens se mirent à cracher sur Shaheen sans qu'aucun soldat ne put les en empêcher. Le calme revint cependant lorsque Amir intervint, une main levée en signe de silence.
-La décision de culpabilité appartient au jury.
Le cœur de Shaheen battait la chamade, ses poignets le faisaient horriblement souffrir et il comprit que c'était parce qu'il tirait violemment sur ses chaînes depuis de longues minutes maintenant. Il réussit finalement à croiser le regard de son frère et sentit la peine et la souffrance de l’aîné de voir son cadet à cette place là.
-J'aimerais entendre l'accusé, demanda le nouveau roi.
Un soldat s'avança et retira brutalement le carré de tissu de la bouche de Shaheen. Il prit une longue inspiration, sachant pertinemment que la loi voulait qu'il attende les questions avant de parler. Les insultes murmurées par la foule le piquèrent au plus profond de lui. Il y a quelques heures ces gens étaient ses cousins, ses oncles et ses nièces. Il y a peu de temps ces esclaves venaient lui apporter des figues dans sa chambre et pressaient des linges humides sur son front pour éteindre le bouillonnement de rage dans lequel l'avait plongé le massacre de sa famille.
La rage brûlait toujours dans son ventre et c'était une véritable torture pour Shaheen de ne pas la laisser s'exprimer.
-J'ai du mal croire que toi, mon frère, aies pu faire une chose pareille. J'ai le cœur brisé par ce que j'entends depuis le début de ce procès. Je n'ai qu'une seule question : pourquoi ?
L'accusation contenue dans les mots d'Amir fit au jeune homme l'effet d'un poignard planté en plein cœur.
-Je n'ai aucune réponse à te donner, car ce n'est pas moi !
Le roi hocha la tête en replaçant machinalement sa couronne dorée sur son crâne. Shaheen craqua et brisa le silence provoqué par sa réponse.
-Amir, mon frère ! Penses-tu réellement que j'aurais pu faire ça ? Réfléchis, c'est ce prince aragonien ! C'est lui qui a le plus à gagner en nous tuant et en brisant ainsi notre famille ! Ne te laisses pas manipuler, par pitié !
Sharzad s'éclaircit la gorge.
-Et comment aurait-il fait, ce prince, pour faire rentrer deux groupes de soldats, dont une quinzaine de mercenaires déguisés en aragoniens, dans le pays sans que nous nous en rendions compte ?
Shaheen baissa les épaules, abattu.
-Je n'en sais rien.
-Et comment aurait-il fait pour imiter si bien ta signature et le sceau royal ?
-Je n'en sais rien.
Les gens de la cour se mirent à parler. Pas à son avantage comprit le jeune prince. Il tenta le tout pour le tout.
-Ce n'est pas moi ! Je n'ai rien fait ! Comment aurais-je pu tuer des gens de mon sang ? Me crois-tu réellement coupable ? Si tu as le moindre doute, je t'en supplie, Amir, libère-moi et laisse moi t'aider à trouver les véritables coupables et à nous venger en frères !
D'un mouvement de la main, Sharzad fit signe aux soldats de le bâillonner à nouveau. Amir avait pâlit tandis que Rhyda, qui avait gardé le silence tout au long des témoignages, semblait encore sous le choc de la nuit.
Sharzad se leva et s'adressa autant à Amir qu'à la foule.
-Puisque l'accusé ne veut pas répondre à la question de son Altesse, le Roi, je vais m'y employer. Je sais pourquoi le traître à organiser le meurtre de sa famille. C'est évident : il veut le trône ! Un homme capable de telles atrocités pour prendre le pouvoir ne mérite plus le titre de prince. Il ne mérite ni notre respect, ni de se tenir ici dans la même pièce que nous. Il ne mérite pas de vivre.
Les yeux de la veuve flamboyaient de colère et de haine tandis qu'elle se levait de son siège sous les clameurs approbatrices.
Comme si c'était un signal, les deux autres jurys se levèrent l'un après l'autre pour passer dans la petite pièce attenante à la salle de jugement et qui servait aux délibérations. Shaheen n'en menait pas large. Profitant du fait que le roi n'était plus là pour maintenir le calme, les insultes de la foule fusèrent ; les crachats et les menaces suivirent.
Une éternité plus tard, les membres du jury reparurent devant leurs sièges dorés. Le jeune prince sentit son estomac se retourner brutalement : les prochains mots de son propre frère signeraient sa mort ou la fin de son calvaire.
Amir planta son regard sombre dans le sien. Il n'y avait pas d'émotion dans ses yeux.
-Ma famille a été massacré cette nuit. La lettre retrouvée dans les vêtements des meurtriers accuse mon propre frère. Des membres de la famille royale ont formellement reconnu la signature et l'écriture du prince Shaheen dans cette lettre. Ce seul élément est une preuve indiscutable de culpabilité et une mise à mort serait le châtiment approprié à cette trahison.
Les gens dans la salle crièrent. Ils voulaient du sang. Shaheen sentit son corps se figer d'horreur.
-Cependant, poursuivit le roi en levant à nouveau la main pour réclamer le silence, j'ai perdu ma famille cette nuit et je refuse qu'une autre goutte de sang royal coule aujourd'hui. C'est pourquoi, le jury et moi-même avons décidé de condamner le prince Shaheen au bannissement. Il sera marqué comme un traître au royaume de Jahandar et sera privé de son titre de prince et de l'ensemble de ses possessions. Nous le condamnons à une errance et la mise à mort ne l'attend que s'il tente à nouveau de franchir les portes du palais de Sajara. Ainsi ont parlé le jury et le roi.
Le bruit ne fut bientôt qu'un simple murmure aux oreilles de Shaheen. Une partie de lui refusa de croire ce qui était en train de se passer. Il avait l'impression d'être un simple spectateur d'un cauchemar.
Des soldats s’affairèrent à faire sortir la foule de la salle pendant que d'autres allaient chercher les outils nécessaires à l'application du jugement.
Un soldat l'attrapa par les cheveux et tira son crâne en arrière. Il se laissa faire, inerte et choqué. Il entendit le bruit d'une lame qu'on aiguise et vit des hommes rapprocher le brasero qui se tenait derrière les trois fauteuils d'or. Ses réflexes de sauvegarde se réveillèrent et il tenta de lutter malgré ses deux poignets fixés au sol. Un homme plaça un bras autour de son visage pour le maintenir immobile.
Le tissu sa bouche étouffa son hurlement de douleur quand le poignard chauffé à blanc vient taillader la peau fragile de son visage.
Il sentit son monde se réduire à un brouillard blanc et opaque et si ce n'était le garde qui le tenait toujours, il serait probablement tombé au sol.
Cela ne dura pas longtemps, la marque n'était pas très compliquée à dessiner. Quatre simples traits tracés à vif sur les joues. Deux grandes croix maudites juste au dessous des yeux.
La marque des bannis.
Les larmes brûlantes qu'il n'arrivait plus à retenir rajoutèrent encore à son supplice. Le brouillard qui rognait sa vue s'enténébra, il devint gris puis noir. Bientôt la douleur fut trop intense, Shaheen sombra dans un monde cotonneux et il sentit à peine les deux hommes qui l'attrapèrent sous les bras pour le jeter aux portes du palais.
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THE END of the FIRST CHAPTER :p |