Alexane Summers, adolescente de son état, élève s'efforçant d'être modèle (fichu dyslexie), meilleure amie dont on puisse rêver, claqua la porte du réfectoire de son école. Âgée de bientôt seize ans, elle venait d'entamer le mois de juin de sa première année lycée. Elle venait de se prendre la tête avec la peste de l'école, celle qui se croyait au-dessus de tout le monde parce qu'elle était "la plus belle, la plus à la mode et la plus riche de tout le lycée".

            Cette fille, présente en générale dans toutes les écoles du monde, s'appelait en l'occurrence Manon Peters. Elle était le stéréotype même des sales pestes : grande, perchée sur des talons de quinze centimètres par tous les temps, portant des mini-jupes ou s'il fait froid des jupes plus longues. Ses longs cheveux bruns toujours coiffés à la perfection, ses ongles colorés sans défauts. Elle prenait les autres de haut, les regardait avec un air hautain, ne se mélangeait qu'avec les personnes à peu près comme elle, toujours suivie par des petits chiens obéissant aux moindres caprices... Alexane la haïssait. D'ailleurs, jamais elles ne s'étaient parlé, ce genre de filles n'avaient pas le temps pour des filles comme Alexane, n'ayant pas l'envie ni les moyens de s'offrir des vêtements à la mode ou tentant tout pour ne pas se faire remarquer.

               Et pourtant, en cette journée ensoleillée du 7 juin, alors que les jupes et les robes de toutes les longueurs, les shorts et les bermudas étaient de sortie, Alexane mangeait avec sa meilleure amie à l'abri des regards, dans un coin éloigné du réfectoire. La chaleur dehors était telle qu'elles avaient décidé de rester à l'intérieur où la climatisation avait été actionnée. Les deux jeunes filles se trouvaient d'ailleurs au meilleur endroit pour être dans la fraîcheur. Oui, mais voilà, il n'y avait que là où la climatisation soufflait suffisamment pour être rafraîchi. Et Manon avait décidé que ce serait sa place. Elle était arrivée avec son air méprisant et avait ''sommer'' Alexane et Margot de quitter la table. 

                Face au refus des jeunes filles, Manon avait réitérer son ordre, peu habituée à se voir refuser ce qu'elle voulait. Elle avait ordonné à l'une de ses suiveuses d'attraper Margot et de la faire tomber par terre. Alexane n'écoutant que son instinct à alors bondit, repousser la certaine Ellie et s'était interposée entre Manon et Margot. Elle avait rabaissé la peste qui s'était aussitôt vengée en lui versant son gobelet rempli de smoothie sur la tête. Alexane avait répliqué en lui retournant une gifle, mais manque de pot, l'un des surveillants l'avait surprise. Après avoir passé cinq minutes à se justifier, Alexane et Manon s'étaient vu interdites d'entrer au réfectoire jusqu'à la fin de l'année.

            Ce qui avait mène Alexane à claquer la porte du réfectoire. Elle alla dans les toilettes où elle se passa de l'eau fraîche sur le visage. Elle fut rejointe par Margot quelques secondes après. Elle la remercia de l'avoir défendue. Le reste de la journée se déroula avec seulement des regards noirs de la part des ''partisans'' de Manon.

            Quand la journée fut finie, Alexane et Margot rentrèrent à pied chez elles. Margot vivait aux abords de la ville, Alexane vivait quelques centaines mètres plus loin, à l'abri des regards. L'avantage, c'est qu'elles vivaient respectivement à 2 et 3 km de l'école.

            Quand Alexane se fut assurée que Margot était bien rentrée chez elle, elle reprit le chemin habituel. Mais arrivée à plus ou moins trois cent mètres de la maison où elle vivait seule avec sa mère, Alexane se sentie suivie. Elle accéléra le pas, se retournant de temps en temps. Cependant, elle ne voyait rien... Juste un mauvais pressentiment. Soudain, elle entendit les pneus d'une voiture sur le bitume. Elle fit volte-face et se retrouva devant...

-            Maman !!! Tu m'as fait super peur ! Qu'est-ce qu'il y a ? Je n'ai pas été assez rapide ? Il est quelle heure ?

-            Il faut que tu viennes maintenant ! Tu es en danger ! Nous allons à Montauk, c'est dans l'état de New-York ! Là-bas, nous serons en sécurité si nous parvenons à atteindre la Colline des Sang-Mêlé ! Vite, monte, ils arrivent !

            Prise de panique, Alexane ne réfléchit pas et grimpa à côté de sa mère dans la voiture grise de celle-ci. Elle déposa ses affaires de cours dans la banquette arrière et à peine eut-elle le temps de s'attacher que sa mère roulait déjà en pleine vitesse.

-            Maman... L'état de New-York se trouve à quasiment 100 km d'ici ! Pourquoi devons-nous aller aussi loin ? C'est quoi cette Colline dont tu m'as parlé ?

-            La Colline surplombe une vallée inconnue et invisible aux yeux des mortels normaux. Mais voilà, nous ne sommes pas de simples humaines, nous sommes à moitié déesses toutes les deux ! 

            Le cerveau d'Alexane traita l'information avec difficulté. Il prit plusieurs minutes à tourner et retourner la révélation. La jeune fille avala sa salive difficilement avant de s'écrier :

-            Tu plaisantes ou quoi ???

            C'est alors que la voiture fit un écart après qu'un pied géant soit apparu au beau milieu de la route. Alexane et sa mère eurent juste de temps de voir le fossé sur le bas-côté avant de perdre connaissance.