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Le mât de Provence
Par tchou
Originales  -  Romance/Poésie  -  fr
One Shot - Rating : K (Tout public) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 1     3 Reviews    
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Court texte auquel je suis très attachée. Truffé de fautes et d'erreurs d'inattention ! Mais il restera comme ça, authentique. En souvenir de cette innocence perdue. 

Les chapitres qui suivent sont des suites indépendantes, qui peuvent être lues dans le désordre. Pour restituer un semblant de chronologie, se référer au titre de chaque chapitre !

 ___________________

Le Mât de Provence

 Juillet 2007 : La Mort est un état d'âme M. Jouhandeau 

 

Il regardait les gens passer, la ville reprendre peu à peu ses activités, immense ruche bourdonnante, fourmilière grouillante. Il profitait des derniers beaux jours avant l’arrivée de l’hiver, des rares et timides rayons de soleil, du vent naissant sur sa peau tannée par les années en mer.

 

Le vent. Musique faisant frissonner les plus hauts platanes, coucher marguerites et coquelicots, hurler les loups et grincer les vieilles baraques qui bordaient le parc. Le vent, récital des terres, forêts et montagnes. Différent de ce mouvement atmosphérique qui dressait l’océan tout entier contre un équipage impuissant, différent de ce souffle amenant l’écume au pied des falaises pour la briser contre les lames des rochers. Une simple brise, un Cers doux et réconfortant [1].

 

Le marin se leva avec la difficulté des rhumatismes. Il était rouillé, au moins autant que le vieux bâtiment amarré dans le port. Sa cale y coulait une retraite méritée pour loyaux services. Il avait été fait Musée National, vestige glorieux de la Guerre.

 

Comme chaque jour, il suivait le même parcours. Ses pieds fatigués y étaient tellement habitués qu’il pouvait tout à loisir admirer le monde pour lequel il n’était plus qu’un simple spectateur. Son tour était passé.

 

Le vieux loup de mer redécouvrait toujours le spectacle du panorama avec les yeux avides et le regard neuf du petit garçon qu’il était resté. Une soif de voir jamais assouvie. Ses vieilles années lui avaient au moins apporté une part de sagesse qui le poussait à aimer chaque jour que Dieu faisait, chaque ombre et chaque poussière que Mère Nature donnait.

 

Sauf que cette fois, il était seul. Un voile de nostalgie couvrit momentanément ses yeux bleu délavé. Mais il était heureux. Certes, elle allait lui manquer, mais elle avait eu une belle mort. La plus douce que l’on puisse espérer, celle qu’elle aurait - sans aucun doute possible - aimé avoir.

 

Alors qu’il marchait de son pas pesant, il regarda une dernière fois les gamins. De trois à vingt ans, ils avaient cette insouciante liberté inscrite sur le visage, cette indéniable innocence dans les yeux. Les belles années étaient devant eux, alors que lui savait que le temps se faisait ennemi, et que celui-ci le rattraperai fatalement, un jour prochain. Il se souvint de cette phrase qui disait : « Lorsqu’on est jeune, on pense à la mort sans l’attendre ; lorsqu’on est vieux, on l’attend sans y penser. » Il est avait oublié l’auteur, cependant elle n’en était pas moins véridique. Il était pourtant parfaitement serein. Une belle vie derrière lui, peut-être avait-il été un père trop absent, mais il s’était rattrapé en étant de ces grands-pères gâteux, accompagné par une femme bonne et aimante.

 

Lentement, il se dirigeait vers sa destination finale. Tous les gestes, tous les mots que son oreille durcie percevait lui rappelait son amante. Elle pour qui il avait craqué, dans sa robe verte, frivole, ses cheveux tombant en cascade de boucles régulières d’ébène sur des épaules fines et distinguées. Cette même robe qui laissait entrevoir de délicates chevilles et des mollets joliment arrondis par les années de danse.

 

Même avec les années elle était resté une femme dynamique et joyeuse, au sourire contagieux. Femme forte et comblée. Son épouse, la mère de ses enfants.

 

Voilà, il y était. C’était avec une symétrie parfaite et consternante ainsi qu’une triste régularité que s’alignaient les croix du cimetière canadien. Toutes pareilles. Blanches, veillant sur des corps inexistants. Seuls les noms en lettres d’or écaillées témoignaient de l’existence de ces alliés perdus. Au passage, il salua d’un signe de la tête les noms des camarades enlevés trop tôt par la folie humaine. Des compagnons de misère. Des compagnons d’infortune.

 

Il lui restait quelques mètres. Dès qu’il entra dans le champ de vision de sa famille, sa belle-fille se précipita pour l’aider en lui adressant quelques mots de reproches.

 

 

-Gappy, quand allez-vous enfin utiliser cette fichue canne ?

 

 

Le vieil homme ne prit pas la peine de répondre. Le jeune femme, enceinte jusqu’aux yeux, devrait se contenter de le voir se redresser fortement et adresser à son assemblée un sourire éclatant de vigueur. Certes, elle voulait bien faire ; mais elle n’avait pas encore compris que sa fierté d’antan lui interdisait ce genre de faiblesses. Pas très intuitive. Une gentille godiche, en somme.

 

Il parcourut les derniers mètres toujours cette même trnaquilité. Il ressentait un apaisement profond et son rôle de doyen l’obligeait à communiquer son calme à « ses petits », comme il les appelaient.

 

Une dernière fois, il leva les yeux vers un ciel d’un bleu pur, scruta les revêtements de feu et d’or des peupliers, devinant ici un nid, là un écureuil. Il ferma les yeux et savoura, les odeurs, puis les sons.

 

Tous s’étaient réunis dans un dernier hommage. C’était le jour des dernières fois. Et c’étaient ses dernières minutes. Oui, ils étaient tous là, et lui aussi, il était là. Pour l’Eternité.

 

 

 

[1] Cers : Vent d'ouest ou de sud-ouest dans le bas Languedoc, appelé aussi narbonnais, il amène le beau temps.

 

 
     
     
 
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