Note : J'ai beaucoup hésité avant de le mettre en ligne. J'ai essayé de ne pas tomber dans le mélodramatique, et si c'est le cas, ce n'était pas l'effet voulu. Dans tous les cas, j'espère que vous apprécierez ces cinq petits morceaux de vie.  

Je tiens à préciser que je me suis largement inspirée du film The Fountain de Darren Arronofsky. C'est un très beau film que je conseille à tous de voir. Merci à Phalanx de m'avoir obligé à le préciser, car il est vrai que ce n'était pas correct.

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I. Winter

Lentement, il retire son tee-shirt tout en m'observant attentivement. Son visage s'approche du mien et ses lèvres effleurent doucement les miennes. Sa main commence à me caresser le torse tandis que la mienne se pose sur son coeur.

Ce coeur qui faiblit de jour en jour et qui finira par s'arrêter. Un sourire surgit sur ses lèvres, comme si mon toucher pouvait le guérir, comme si j'étais capable de lui transmettre de l'énergie.

Il revient ravir mes lèvres et finit par s'allonger de tout son long sur moi. Je passe mes bras autour de sa taille et il pose son visage contre mon coeur.

Il soupire de contentement alors qu'il ferme ses yeux. Il se laisse bercer par les battements de mon coeur et finit par s'endormir.

Du lit, je peux voir les flocons tomber. Cela va faire une semaine qu'il neige. Je sais qu'il adore la neige car elle l'a toujours fasciné. Pourtant je la déteste. Elle me fait peur. Elle me rappelle le froid de la mort et le silence qui s'ensuit. Je trouve la pluie plus apaisante.

Pour l'instant, je suis blotti dans ses bras tentant de me réchauffer et rien ne pourra m'en déloger.

II. Spring

Des mois. Cela fait des mois que je cherche une solution. Quelque chose qui pourra le sauver. Je m'enferme dans mon laboratoire durant des heures. Même ma chef de service m'oblige à rentrer à la maison pour passer du temps avec lui. Que je regreterai tous ces moments perdus. Mais si je ne travaille pas, quelles chances a-t-il de s'en sortir? Nous pourrons rattraper les moments perdus une fois qu'il sera guéri, non?

Récemment, j'ai eu quelques résultats encourageants. Je dois les approfondir et tenter une intervention sur la tumeur de ce chimpanzé. Il faut que j'essaye. Il faut que je sache.

Ma chef de service est venue me voir tout à l'heure en disant que qu'il se plaignait de mon absence. Elle m'a donné une semaine de repos, afin que je puisse profiter de lui.

Lorsque je rentre, il est dans la cuisine. Depuis qu'il est malade, il cuisine beaucoup. Je le rejoins et je remarque qu'il a de la farine sur son visage et ses vêtements.

Je m'approche de lui, l'enlace et pose ma tête sur son épaule. Son odeur m'emplit les narines et je le serre encore plus fort.

III. Summer

Lorsque je sors de notre appartement, la chaleur est telle qu'elle me fait suffoquer. Ayant eu un appel urgent de ma chef de service, je dois me rendre au laboratoire et le laisser seul. Apparement le chimpanzé Hope aurait eu un problème suite à l'opération pratiquée la semaine dernière.

Quand je rentre, il fait encore jour. Je n'entends pas un bruit dans l'appartement, ce qui est assez étrange. Il n'arrive pas à rester calme, il faut toujours qu'il s'occupe.

Puis j'entends le léger son de l'eau qui coule. Je le rejoins dans la salle de bain où il prend un bain. Son visage s'éclaire lorsqu'il me voit et il me demande de lui savonner le dos.

Je m'approche de la baignore et plonge ma main dans l'eau. Elle est brûlante. Pourtant il continue de rajouter de l'eau chaude.

Et là je comprends. Sa tumeur a évolué. Son corps ne se rend même plus compte des différences de température.

Alors j'agis comme si je n'avais rien remarqué et commence à lui nettoyer le dos. Je dépose un léger baiser sur sa nuque qui lui fait arracher un soupir.

IV. Automn

Le son régulier du moniteur me réveille. Il est encore profondément endormi et son torse se soulève au rythme de sa respiration.

Depuis son dernier malaise, son état a empiré rapidement. Depuis ce dernier jour où nous sommes sortis afin de profiter des couleurs automnales, il n'a plus bougé de ce lit.

J'ai appris hier que la tumeur de Hope s'est totalement résorbée et que je vais pouvoir tenter de le sauver.

Ses yeux s'ouvrent petit à petit alors que je lui caresse le bras. Mes doigts tracent inlassablement des "je t'aime", comme au début de notre relation où nous jouions à nous écrire des mots sur le bras et nous devions les deviner.

Il soupire de bien-ête lorsque je lui prends la main et pose mon visage dessus. Puis ses paupières se ferment lentement et sa respiration ralentit jusqu'à ce que je n'entende plus rien.

Sa main est toujours attachée à la mienne lorsque le "bip" strident du moniteur se fait entendre.

V. The last winter

Le temps a passé. Le chagrin s'est estompé au fur et à mesure, mais il est toujours ancré profondément en moi.

La perte d'un être cher est comme un carré de sucre dans un café.

Au début, on est confronté à la souffrance de la disparition qui nous paraît insurmontable. Puis le sucre finit par se dissoudre, et la blessure disparaît peu à peu.

Mais comme ce sucre dans le café, le sentiment de vide reste là, nous entourant et ne disparaissant jamais.

Un seul homme a partagé ma vie après sa disparition. Il était très compréhensif et ne me posait aucune question sur lui. Il respectait mon silence et ne cherchait pas à me faire exprimer ma peine des années après. Et je l'aimais pour ça.

Puis un matin, il ne s'est jamais réveillé. La vieillesse avait fait son travail.

A présent il ne reste plus que moi, et je suis enfin prêt.

J'espère que la mort est comme un sentiment de calme infini.

Je ferme les yeux et me laisse-aller.

M'attend-t-il? Personne ne le saura excepté moi.

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