Et une journée de merde pour la table deux, une ! Pourquoi a-t-il fallu que je prenne une option qui me fait avoir sport tous les jours après les cours ? Je devais sérieusement avoir un peu trop fumé les jolis trucs de Ian... Remarque, je m'étais attendu au vieux croulant de l'année dernière, et non pas à un nouveau... Et puis, c'est surtout à cause de mon aptitude naturelle au sport. J'ai beau ne pas aimer, je suis doué, toujours à plafonner à quinze de moyenne. Y'a pas à dire, mais çà fait bien de voir çà sur le relevé de moyenne. Et çà aidera pour le Bac. Dire que la journée avait très bien commencée... Rien à dire, présentation à la classe, explication qu’il ne faut pas me coller et qu'un périmètre de cent mètres m'est nécessaire dans la cour... Bref, l'habituelle rentrée des classes. Mais quand cette surveillante est venue me voir dans ma chambre pour m'annoncer cette magnifique (toujours ironie) nouvelle... Pas envie de faire sport, et encore moins avec lui... Mais comment faire pour que le prof d'option change ? Pour çà, il faudrait que cet Adonis ne veuille plus de moi comme élève, mais comment faire ? Me rendre exécrable ? Non, çà va me retomber dessus après... Ne pas aller à ses cours ? Non plus, je suis studieux, il ne faudrait pas l'oublier. En plus, je suis sûr qu'il est super sympa, sans le moindre problème... Et si je lui en créais un ? Mais c'est çà l'idée ! Bon, maintenant... quel problème ? Allez Saetto (y’a pas à dire, mais j'aime ce surnom), fais marcher tes cellules grises ! Je sais !! Le plus grand problème pour un prof, c'est si un élève tombe sous son charme disons, et encore pire si cet élève est du même sexe ! Bah oui, ce n’est pas très bien vu... Ouais, j'ai trouvé mon idée et je vais la mettre en place dès maintenant, vu que je dois y aller dans une heure... Allez, on se prépare... Ce sera donc pantalon de cuir, noir, moulant comme il faut mon joli fessier, chemise noire en soie ( c'est bien d'avoir des parents riches quand même. ) avec les trois plus hauts boutons non attachés, ma coupe habituelle... çà va être pas mal je pense. Et puis, même si je vais surtout me ridiculiser, le prof va se faire joliment massacrer si mon plan marche. Bon, cher journal, je reprendrais le reste de la journée juste après, pour rendre éternel mes émotions du moment. Allez, un petit au revoir. Bon, c'est officiel, cet Adonis est exécrable, mais encore plus que ce que je pensais, il n'a absolument RIEN fait. Comme si c'était tout à fait normal qu'un de ses élèves mâle le drague... En plus, ce foutu pantalon était vraiment pas pratique pour faire sport, car oui, ce damné professeur m'a quand même obligé à travailler. Et bien sûr, il a fallu que ma tenue augmente la production salivaire de toutes les filles qui me voyaient… Bon, ce professeur va payer ce qu’il vient de se passer, et pas qu’un peu, on va changer la donne, je vais plutôt essayer de savoir grâce à mon réseau de connaissance la chose qui lui ferais le plus mal, et je la lui mettrais sous le nez, pour bien remuer le couteau dans la plaie… Allez, pour me remonter le moral, remontons le temps, çà te dit, cher journal ? Moi, çà me dit, alors je le fais. Tiens, je n’ai jamais écrit dans tes pages jaunies par le temps (dix ans que tu m’appartiens, c’est long non ? Au point que je t’en donne une âme. ) Je ne t’ai jamais raconté comment j’ai rencontré ce blondinet qu’est Ian, je vais le faire maintenant. Nous avions tous les deux six ans, eh oui cher journal, je ne t’avais pas encore. C’est pour cette raison que tu ne connais pas notre rencontre. Nos parents respectifs étaient amis, ils ne le sont plus maintenant, à cause de l’homosexualité de Ian, les parents de ce dernier acceptant cet état de fait, contrairement aux miens. Nous nous étions rencontrés dans une des nombreuses réceptions de Père, je crois que c’était pour fêter une bonne vente. Père avait réussi à vendre une maison réputée comme maléfique, une sorte de « maison du crime », ce qui décourageait les acheteurs, mais Père a réussi, lui. Bref, donc, dans cette réception, je portais mon habituel costume de cérémonie, mais pas lui, ce qui m’avait intrigué, et, à force de parler et de jouer ensemble, on est devenu ami très rapidement, en à peine les deux heures qu’a durée la réception. Mais tu sais, cher journal, le plus intriguant a été notre façon de nous dire au revoir. En fait, nous voulions, dans notre petite tête d’enfant, que cette journée soit inoubliable, mais nous ne savions pas vraiment comment faire, alors nous avons regardé « les grands » pour savoir comment faire, et nous avions vu Père et Mère s’embrasser, enfin, poser leur bouche l’une contre l’autre, et nous avions voulu faire pareil, alors nous nous étions rapprochés l’un de l’autre pour faire pareil. C’était vraiment magnifique, je me souviens encore du goût de miel de ses lèvres, c’est vraiment dommage qu’il ait un service trois-pièces et non pas des airbags, pour parler vulgairement. En tout cas, je me souviens encore des soupirs des invités, nous devions vraiment être mignons. Nos parents respectifs mirent çà sur le compte de notre jeune âge, et qu’à cet âge-là, nous voulons toujours faire comme les grands. En tout cas, après cette journée, nous sommes devenus inséparables. Quand même, çà fait long onze ans, et notre amitié est toujours aussi forte, il n’y a jamais de bas dans cette relation. On a changé, on a évolué, mais notre complicité est toujours restée la même. En tout cas, cela fait du bien de se rappeler le bon vieux temps, allez, il est temps d’aller de coucher. D’autres journées m’attendent, et j’espère qu’elles seront pleines de rebondissements. |