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Pensées meurtrières
Par Psycho-diabolic
Pèle-Mèle  -  Angoisse/Fantastique  -  fr
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Chapitre 11

Vendredi 19 Décembre 20..

     Je m'étais enfuie, je lui avais montré mon côté faible et truffé d'angoisse. Mon être tout entier ne savait plus comment réagir face à cela et surtout à lui... Nos regards s'étaient croisés pour la énième fois mais cela n'avait rien d'attendrissant. Pourtant, lorsque j'avais essayé de m'échapper de lui, il n'avait pas cherché à me poursuivre. Il était resté à sa place, toujours prenant son air flegmatique que je reconnaissais tant bien que mal. Je n'en pouvais plus de toutes ces horripilations qui me secouaient le corps chaque jour qui passait.
     Que me voulait-il ? S'il avait voulu me tuer, il l'aurait fait ! Il en avait eu des occasions pour pouvoir le faire ou peut-être espérait-il me voir souffrir d'inquiétude face à lui ? Je devais peut-être aller de l'avant, laisser mon cœur me guider mais rien de tout cela ne m'aidera puisque j'étais éperdument paralysée à l'idée d'aller faire sa rencontre. Je ne le pouvais pas. Quelque chose m'en empêchait formellement.

     Il fallait oublier ce passage même si cela hantait douloureusement mes pensées. Au lycée, c'était toujours la même chose et les mêmes discussions, les meurtres... Mes meurtres. Personne ne pouvait oublier une chose pareille bien évidemment. Ce jour là, je surpris même un petit groupe de fille qui devait avoir 15 ans pas plus, aborder le sujet.
     Quant à moi, je restais devant mon casier ouvert, faisant semblant de chercher mes affaires. Sans même tourner la tête vers elles, je les observais du coin de l'œil en espérant les entendre.

-Je vous jure, il craint ce lycée ! Et c'est pire depuis que tout le monde est au courant !

-Moi je sais pas si je vais pouvoir rester dans ce lycée

-Ah bon, pourquoi ?

     Je les observais toujours dans mon coin. Ma curiosité allait me faire défaut un de ces jours. Tout en les écoutant, je déposai un cahier dans mon casier quasiment vide, la main tremblante. Une fille à la longue chevelure auburn, dont un de ces poignets était saturé de bracelets, répondit à la fille avec les cheveux dorés :

-Non mais t'as vu ? Six meurtres en seulement quelques mois, ce n'est pas normal et dans le même lycée en plus ! Dès que mes parents l'ont appris, ils ont tout de suite voulu m'inscrire dans un autre lycée.

     J'entendis vaguement le reste, tout s'embrouilla dans ma tête. Les filles qui discutaient tout à l'heure s'en allèrent à l'autre bout du couloir. Leur pas et leur rire résonnèrent tel un écho dans ma tête. Je songeais à ce qu'elles venaient de dire mais pourquoi étais-je soucieuse ? Je ne devrais pas l'être.
     Une voix vibra dans ma tête, puis une main chaleureuse se posa sur mon épaule crispée. Ce qui eut pour conséquence de me faire sursauter.
     Je me retournai inopinément et vis les traits d'une silhouette que je connaissais bien, c'était ceux de Maëwenn. Elle m'avait sorti de mes pensées. J'en fus d'ailleurs soulagée. Mon amie parlait à vive allure comme à son habitude mais je ne compris que la fin qui me semblait être "cadeau pour toi". Un cadeau pour moi ? Avais-je bien entendu ? Voyant que j'étais à moitié endormie Maëwenn reprit son calme et reporta son attention sur moi en articulant chacun de ses mots :

-Kaou, réveille-toi ! Je t'ai offert un cadeau !

J'avais bien entendu mais... Un cadeau ?

-Mais pourquoi ? Lui demandai-je étonnée.

-On est au mois de Décembre je te signale ! Et vu qu'on ne se revoit pas avant la rentrée j'ai pensé que ça te ferait plaisir. Tiens, prends-le.

     Elle me tendit son paquet que je ne pouvais refuser. Sans ajouter un mot, je le déposai dans mon sac. Je consacrerai plus de temps pour voir son cadeau ce soir mais pour le moment, en guise de remerciement je lui dis simplement "merci" en laissant percer un sourire sur mon visage. Puis, nous repartîmes en direction de notre salle de cours. A chaque élève que l'on croisait dans les couloirs, tous chuchotaient à propos de ces crimes et je pouvais percer dans leur regard, une peur intense...

     Une fois la journée passée, je rentrais chez moi tranquillement mais je fus outrée lorsque je vis une personne que je ne voulais pas spécialement voir postée à ma porte. Elle attendait là, un large sourire aux lèvres. Cette personne n'était autre que Jaoven, "le beau séducteur en herbe". Que faisait-il ici ? Et... Oh non, il portait des fleurs. C'était pitoyable toutefois elles étaient magnifiques. Je m'avançais vers lui d'un pas méfiant mais décidé. Les traits de mon visage devinrent plus sombres.
     Sans m'en rendre compte, je mordillais ma lèvre inférieur tout en baissant les yeux et en repoussant une mèche noire qui cachait mes yeux. Quant à Jaoven, il me donna les fleurs, un visage rayonnant dans l'obscurité de ce soir. J'étais servie pour les cadeaux aujourd'hui !
     Ces yeux perçants et brillants à la fois me fixaient. Sa bouche fine se tordit légèrement mais un doux sourire se dessina rapidement sur son visage où je pus voir pour la première fois un vrai visage d'ange. Je m'emparais des roses rouges puis les plaçais sur la table devant une des fenêtres de chez moi. Je levai de nouveau les yeux vers Jaoven qui me considéra toujours de ses yeux ronds.

-Je veux des explications. Qu'est-ce que tu fais là ?

-J'avais quatre heures de libre alors je suis passé par ici avant que tu finisses les cours. Et tu pourrais au moins me remercier pour les fleurs.

-D'accord, merci.

     Je le poussai rudement afin de rentrer mais le garçon me prit le poignet et me tira vers lui. Il m'emmena un peu plus loin. Je fis ce qu'il demandait alors je le suivais en laissant échapper un long soupir. Il m'entraîna non loin d'ici, dans la rue pavillonnaire, entourée de maison qui semblaient vides et de trottoirs rendus humides par la pluie qui étaient tombée récemment. Il me prit ensuite par les hanches :

-Je suis désolé pour l'autre jour au CDI mais tu sais je m'inquiète pour toi. Et t'as entendu parler de ces meurtres ? Ce n'est pas très rassurant tout ça.

     Comme si je n'étais pas au courant ! Puisque c'est moi qui... Que faisait-il ? Ses mains glissèrent le long de mon dos puis sa bouche s'approcha dangereusement de la mienne. Ses mains, posées sur mon postérieur et ses lèvres touchèrent tendrement les miennes puis il commença à m'embrasser passionnément. Les yeux écarquillés, je ne l'avais jamais vu d'aussi près ! Ma main droite partie subitement sur la joue de Jaoven et le gifla tellement fort que le son de mon coup résonna dans la rue.
     J'étais horripilée à l'idée qu'un être prétentieux avait pu m'embrasser ! Où avait-il la tête ? Je fis quelques pas en sa direction. Là où Jaoven était resté interloqué, une main sur sa joue devenue rouge écarlate. Un demi-sourire s'esquissa sur mes traits pâles. Je le vis, il n'osait plus bouger. Ma respiration était cependant saccadée, j'avais du mal à respirer. Je fixais toujours Jaoven du regard. Mes yeux changèrent de couleur sans que je le veuille et une vision apparut. C'était un homme vu de dos, grand, musclé et blond. La vision se passait pendant une fête. Des filles toutes vêtues d'habits très légères abordèrent... Jaoven, celui de ma vision puis celle-ci disparut.

     J'entendis des cris et des sanglots tel un étranglement dans la gorge de celui qui se trouvait au sol puis un craquement peu de temps après. Ce qui me heurta à la réalité actuelle. Je voulais que cela cesse ! Pourquoi ?
     Une voix cabalistique retentit dans mes pensées "Après tout il l'a bien mérité !"
Je criais parmi un hurlement de terreur. NON ! Je tombai au sol, les mains sur ma tête. Mes yeux bleu cendré se noyèrent dans les larmes mais je pus l'apercevoir, lui.

-Alors c'était toi... Tous ces meurtres !

     Je le regardais, les yeux grands ouverts face à lui, qui était en train de souffrir cruellement. Son regard n'inspirait que de la torture à présent, et mes yeux le contemplèrent longuement toujours humides. Je fus ulcérée lorsque j'entendis les toutes dernières paroles de cet ami. En effet, ce fut les seules paroles prononcées par Jaoven avant d'y laisser son âme. Il gesticulait encore dans tous les sens possédé par cette torture interminable. Ses gémissements s'estompèrent petit à petit jusqu'à ce que le silence de ses pleurs revienne.
     Son cadavre gisait sur le sol. Il était recouvert de sang, la peau trouée et déchirée par endroit. Son poignet avait été arraché et du sang dégoulinait de ses yeux encore ouverts. Son torse craquelé et dilacéré là où son cœur sortait à moitié de son organisme vide.
     Il ne faisait plus parti de ce monde désormais. "De toute façon, il en savait trop..." Encore cette voix insupportable qui me submergea une nouvelle fois. Mais pourquoi ? Je ne voulais pas ! Cela s'était passé contre ma volonté !

     Son visage défiguré par la terreur et le mal était mouillé de larme. Quant aux miens de tristesse, les yeux humides et des gouttes perlèrent du coin de l'œil. J'observais le corps inerte et les taches de sang l'entourant, lui. Je rebroussai chemin en courant, le vent frais de Décembre gifla à son tour mes joues, les larmes ne cessant de couler. Ma peine devenue plus profonde sachant que c'était moi. Mais pourquoi j'avais entendu cette voix ? Une fois à la porte de chez moi, je claquai celle-ci d'un geste vif. Ma mère me dévisageant inquiète me demanda de sa voix la plus douce :

-Qu'est-ce que qu'il y a ? Quelque chose ne va pas ?

    Sous l'ébranlement, Je ne lui répondis pas de suite. Je me frottais le front sèchement, ma gorge me brûlait . Ma mère prit une deuxième fois la parole puis je ne discernais plus rien comme un bruit sourd, à la place je distinguais ces mots : "fais-la souffrir, comme tu l'as fait pour Jaoven". Ce n'était pas ma voix mais dans mon inconscient sûrement. Elle avait une voix perçante et inquiétante en même temps. Elle me sifflait dans les oreilles.
     Je fixais ma mère qui s'approchait de moi. Lorsqu'elle se situait à ma hauteur et qu'elle me toucha le front, sa main se retira de mon épaule promptement comme si elle avait eu mal. Or, elle n'avait que deux petites coupures aux doigts. Était-ce moi ? Je m'éloignais de la porte et m'avançais vers une photo qui attira mon attention. Je pouvais remarquer que la petite fille c'était moi avec les deux petites couettes noires et un large sourire radieux ainsi que mes deux parent et mon frère âgé de 10 ans à l'époque. Et aux côtés de mes parents, un homme d'une trentaine d'années environ avec un regard banal, il tenait un autre petit garçon par les épaules mais je ne le connaissais nullement. Il devait avoir mon âge sur cette photo.
     Je détournai alors mon regard de ce cadre lorsqu'une voix, toujours la même, siffla comme un serpent dans mon cerveau :

"Tue-le !"

 
 
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