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Pensées meurtrières
Par Psycho-diabolic
Pèle-Mèle  -  Angoisse/Fantastique  -  fr
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Chapitre 14


Lundi 23 Février 20..

     Ce matin je n'étais pas sûre de mon coup et j'hésitais à aller en cours même si je savais devoir y retourner . J'avais simulé une maladie pendant une semaine après la rentrée des vacances; et j'allais en payer les conséquences un de ces jours. Après tout, j'y pouvais quoi ? Que pouvais-je faire de plus ou de moins ? Cela ne changerait rien à l'histoire. Et oui c'est vrai, j'avais tué... J'avais tué beaucoup de gens que ce soit de ma propre volonté ou au contraire à mon insu, il n'existait aucun moyen pour revenir sur mes pas. A présent, je devais tourner la page notamment celle de Jaoven même si je sentais les larmes me monter aux yeux.
     Mon égard envers lui avait cependant changé, et plus le temps passait et plus je me rendais compte à quel point je pouvais être revêche avec lui. Pourtant il était détestable avec ses airs mais... Je m'en voulais ou plutôt j'en voulais à cette voix qui faisait perdre le contrôle de mon cerveau.

     Désormais, je voulais remonter le temps et faire mon possible pour modifier mes erreurs même si cela était impossible. Du moins, je voudrais être différente et ne jamais avoir hérité ce maudis pouvoir ! Conogan avait bel et bien raison puisque tous les deux avions hérité du même pouvoir des plus étranges qui soit et des plus dangereux.

     A cette heure, je me demandais que pouvait-il faire ? Je ne l'avais pas revu depuis le jour de notre relation sexuelle et là où je l'ai laissé à son sort puis m'être sauvée... Était-il mort ? Je revoyais encore son image... Une image d'adolescent qui se débattait pour survivre face à une folle qui n'était autre que moi. Mais depuis ce jour, des cauchemars par milliers surgissaient lorsque je m'endormais, toujours les même : ces mots, les messages sanglants, cette course folle et sans oublier cette voix... Je sentis une violente secousse agiter mon bras droit puis je me mis à sursauter en émettant un léger son. J'ouvris les yeux promptement et me souvins que je me trouvais en cours de Maths. J'avais sombré dans le sommeil en classe et j'avais repensé à tout cela pendant que je m'assoupissais !

La prof vociféra d'une voix à la fois claire et grave, ce qui me permit de reprendre tous mes esprits.

-Kaourantina, si mon cours vous endort, ce n'est plus la peine de venir ! Vous n'avez qu'à faire comme vos camarades, après tout plus personne n'est en sécurité dans ce lycée. Déjà qu'il manque pas mal d'élèves...

     La prof avait la voix qui tremblait vers la fin et regrettait terriblement cette histoire de meurtres, ça se sentait. Je regardais autour de moi. A droite je vis Maëwenn, les yeux rougis de peine en apprenant la mort de Jaoven. Riwanna juste devant moi, tournée en un quart de tour, presque face à moi. Elle ne semblait pas avoir pleuré mais son chagrin se faisait ressentir. Mes yeux balayèrent chaque recoin de la salle qui paraissait étonnamment vide. Maëlann était là elle aussi, les traits de son visage toujours aussi ronds.
     Quant à Servann et Sollena, les deux jumelles, elles nous avaient annoncé leur départ dans un nouveau lycée suite à la décision de leurs parents. Peut-être bien qu'elles avaient même quitté la Bretagne de peur que ces meurtres les poursuivent dans toute cette belle région. Puis je repensais à Elouan, qui n'avait sûrement pas dû supporter la mort de Jaoven. Je me doutais bien qu'il avait des sentiments pour lui même si je le revoyais plus, cela faisait un bon bout de temps déjà. Vu qu'il n'était pas dans la même classe que moi je le voyais encore moins, peut-être avait-il déjà quitté le lycée lui aussi ? Et tout ça à cause de moi. Tous ces évènements allaient me ronger à l'intérieur et me détruire mais je m'en fichais d'une certaine manière.

     Tout mon regard rivé sur les dizaines de personnes absentes, je pensais à ce qui pouvait arriver ensuite. Me retrouverais-je seule un jour ? Non impossible, Maëwenn sera toujours là pour moi. Celle-ci me fixa et me lança un agréable sourire qui me fit sourire à mon tour et m'apaisa. Néanmoins, je songeais encore à tous ces crimes. Et si l'un de mes amis venaient à mourir par ma faute encore une fois ? Et si la voix prenait entièrement le contrôle de mon corps ? Aurais-je la force de la combattre ? Mes paupières devenaient de plus en plus lourdes et se fermaient peu à peu. Mais une voix à peine audible s'empressa de prononcer des syllabes puis répéta à haute voix qui me fit tressaillir et me réveilla en sursaut : "Tu les as tué, tu peux recommencer !"
Cette fois-ci ce fut ma voix qui émit un drôle de son et je m'écriai haut et fort :

-Non !

     J'aperçus toutes les têtes tournées vers moi, Maëwenn me considérant de son visage offusqué et Riwanna, toujours aussi belle même avec ces affres qui s'étaient emparés d'elle. Cette dernière se pencha vers moi et me susurra tout en espérant que les autres écoutent en même temps :

-Kaou, est-ce que ça va ?

Non, je n'allais pas très bien en ce moment mais au lieu de leur dire la vérité je leur répondis tout simplement :

-Oui oui, tout va bien.

      Mais bien sûr, ce n'était que pur et simple mensonge. En effet, mon front suait de plus bel et mon visage devenait plus pâle que jamais sans cacher que mes mains étaient moites et mes jambes tremblotantes se tortillant, comme si j'étais gênée. La prof continua son cours même si la moitié de la classe n'était pas là. Mais tout devint flou ainsi que les paroles de Riwanna et Maëwenn qui résonnaient dans ma tête tel un bruit sourd. Elle tournait comme si j'allais m'évanouir puis la même voix parla de son air sarcastique : "Comment te sens-tu ?" Celle-ci finit par un ricanement forcé qui me donna le frisson. Je me levais brutalement de ma chaise sans rien dire mais je sentais tous les regards encore plus scandalisés ou plutôt éberlués se poser sur moi.
     Je pris ensuite la sortie. Même la prof ne savait plus quoi dire et pensa préférable de me laisser partir cependant elle ne put s'empêcher d'éructer un hoquet de surprise en me voyant prendre la porte comme une furie.

     Tous les couloirs sans exception étaient déserts peut-être que les seuls élèves restant au lycée étaient en cours. Cela donnait l'étrange sensation de solitude. Je me dirigeai vers les W.C, les yeux humides et mon cœur se décomposant progressivement à chaque pas qui m'éloignait de la salle de cours. Une fois arrivée à destination, la pièce des latrines était occupée par deux filles, une aux toilettes et l'autre qui se maquillait. Son regard se posa sur moi puis elle lâcha son eye-liner et recula de quelques pas sans prendre le temps de ramasser ce qui était tombé. Elle avait peur de moi. Le savait-elle ? Non, après tout, tout le monde se méfiait de tout le monde dorénavant. "Vas-y achève sa peine et ses peurs" avait dit la voix mais je ne voulais pas. Pourtant mes doigts se crispèrent et mon visage s'assombrit. Ma tête se tourna vers la jeune fille contre mon plein gré ainsi que le changement de couleur de mes yeux qui prirent une teinte rouge sang comme à leur habitude avant de commettre un meurtre. Le parfum de ses doux cheveux roux dorés lui tombant telle une cascade sur ses fines épaules me titilla les narines.

     Je sentis un liquide vermeil dégouliner le long de ma joue et une voix vibra en moi "Achève-la tu te dois de le faire, c'est ton devoir !". Son ton était calme mais menaçant. J'entendis un étouffement puis quelques cris de douleur. Et comme toujours il y eut ce déchirement de peau et de chair se décollant de la viande progressivement. Les yeux de ma victime restaient ouverts. Je repris contenance et vis du sang ruisseler sur le carrelage positionné dans la minuscule pièce. Mais il y en avait également dans une des cabines. Le sang coula jusqu'à mes pieds. Des taches rouges avaient giclées sur le mur et commença leur chemin en s'écoulant sur la paroi afin d'atteindre le sol et terminer leur parcours au creux du crâne ensanglanté de l'adolescente.
     Je n'osais pas ouvrir la porte du cabinet de l'autre fille de peur de voir pire. Quant à mes yeux, ils restèrent avec cette même couleur rougeâtre. Le liquide vermeil sur ma peau avait séché pour me faire qu'un mince filet de sang.

     Ma respiration devenait saccadée et de plus en plus forte, cependant elle s'arrêta quand une porte s'ouvrit délicatement et une silhouette mince apparut à l'entrée. Mon corps entier se retourna avec lenteur et ma tête suivit le pas. Mes yeux fixaient cet individu mais ma vision était floue et maintenait un contraste rouge. Je reconnaissais cette personne, c'était Maëwenn. Elle était venue me chercher mais son regard n'exprimait que le désarroi et la désolation. Même à travers ma vision je ne l'avais jamais vu comme cela. Elle semblait horriblement terrifiée notamment lorsque ses yeux se posèrent sur la victime allongée puis vinrent parcourir toute cette scène sanglante. D'abord en scrutant le sang ruisselant tout du long jusqu'à ses pieds puis me contemplant comme si c'était la première fois.

     "Elle en sait trop, tue-la !" Cette voix ! Toujours cette voix ! Je me mis à m'égosiller : Non ! Je ne voulais pas, agrippant ma chevelure de mes mains avec une forte poigne, je m'agenouillai parmi tout ce liquide rouge. Ma vision s'affaissa et moi avec. Je sentis que Maëwenn renforça son étreinte sur moi en se resserrant malgré cette infâme vérité. Mais la voix accéléra ses propos et sa rage se faisait ressentir. Ma tête se laissa tomber en avant.

     Sans quitter les yeux du sol, mes doigts se resserrèrent de mon amie qui lâcha prise avec une douleur crânienne et laissa échapper un cri strident qui me creva les tympans. Des gouttes de sueur se mélangeant aux larmes vinrent s'écraser au sol par dizaine. La sensation que Maëwenn était toujours près de moi était réconfortante mais sa souffrance m'était insupportable. Celle-ci se tortilla de douleur sur le carrelage tacheté. Ses habits étaient couverts de rouge, son cou s'ouvrait en se déchirant par morceau et du sang gicla sur mes joues puis une fontaine de liquide vermeil s'évapora de son bras déchiré.

     Cela me faisait trop peur pourtant je pris les dernières forces restantes pour hurler "Arrête !" Puis... plus rien, plus aucun gémissement, ni même de sanglots. Mon regard s'éternisa devant la fille qui était autrefois mon amie. Je posai une main sur son cou tacheté et ma peau recouverte de son sang à elle. Je ne pus m'empêcher d'éclater en sanglot devant ce cadavre. Ses paupières demeuraient ouvertes comme si elle me toisait encore, mais qu'avais-je fait ? Non ce n'était pas possible ! Je fermais mes yeux pleins de larmes en espérant que tout ceci n'était qu'un simple rêve mais au fond je savais que ce n'était pas le cas. Lorsque je les ouvris, tout cela était bien réel. Mes larmes s'échappèrent une par une et longèrent mes joues pour atterrir sur le visage blême de Maëwenn...

 
 
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