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Easy as pie.
Par WildShelby
Harry Potter  -  Romance  -  fr
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Chapitre 2 - Partie 2

Chapitre 2.
Deuxième partie.

La cafétéria de l’hôpital était un espace gigantesque, semblable à un hangar haut sous plafond, étonnamment lumineux, et dont le choix de couleurs et d’aménagement en faisaient un espace de vie agréable et presque chaleureux, tant pour le personnel médical et paramédical que pour les patients et leur famille. Des milliers de personnes se croisaient là chaque jour, partageaient leurs doutes, leurs peines, leur soulagement ou leurs connaissances et expériences médicales, ce qui en faisait, sans aucun doute, le lieu le plus convivial de cet hôpital.

Chaque midi depuis leur rencontre, à de rares exceptions près, Hermione et Blaise prenaient le temps de manger ensemble. C’était loin d’être facile, et cela requérait même une certaine organisation. Pourtant, ils y prenaient toujours un plaisir certain, et n’hésitaient pas à affirmer que le jour où l’idée de ne pas partager leur déjeuner ne leur ferait ni chaud ni froid, alors il serait temps de remettre en question leur mariage et sa pérennité. Chez eux, à l’hôpital ou près de l’immeuble dans lequel travaillait Blaise, ils trouvaient toujours le moyen de se retrouver. Pique-nique, restes de la veille, charmante brasserie ou terrasse au charme suranné, le lieu importait finalement peu. Ils avaient ce besoin de se voir, de passer autant de temps que possible ensemble, et s’émerveillaient à chaque fois du plaisir que cela provoquait chez eux.

Hermione se hissa sur la pointe des pieds, essayant de repérer la silhouette de Blaise au milieu de la foule bruyante réunie ce midi-là. Grand même lorsqu’il était assis, avec ses yeux en amande, son crâne tondu de près et sa peau d’un noir qu’Hermione trouvait tout bonnement magnifique, il ne fut pas dur de le trouver, assis à une table un peu à l’écart. Les yeux rivés sur son téléphone, il attendait que sa femme le rejoigne, insensible aux perturbations extérieures. La docteure eut un sourire ; s’il l’avait fallu, il aurait été capable de se concentrer au milieu de la plus bruyante des foules, de la plus agitée des manifestations, et même s’il était adepte du calme, il lui préférait la perspective de quelques instants passés avec son épouse. C’était le seul moment de la journée où ils ne faisaient pas que se croiser, et cela leur permettait de ne pas avoir à attendre le weekend pour se parler, pour partager des informations, des vécus, des émotions qu’ils avaient expérimenté pendant la semaine. Leur équilibre était un peu bancal, mais il fonctionnait plutôt bien.

Se rapprochant rapidement de lui, slalomant entre les tables, elle glissa une main légère sur son épaule avant de faire le tour de la table et de s’installer face à lui. Dans son uniforme médical d’un bleu qui n’avait rien de très seyant, elle ne tenait pas la comparaison avec le costume de luxe qu’il portait, comme chaque jour. Il leva les yeux vers elle, et un sourire si sincère éclairait son visage qu’elle sentit ses joues rosir de bonheur.

— Tu es rentrée très tôt ce matin… Tu ne devrais pas travailler, dit Blaise tout en poussant un verre de limonade vers elle, un air de reproche dans la voix.

Elle grimaça.

— Je sais. Ça n’était pas prévu, mais j’ai accepté un remplacement aujourd’hui… je me voyais mal lâcher l’équipe alors qu’ils avaient besoin de moi, en l’absence d’un des médecins.

— Tu vas être épuisée, chérie. Tu es médecin, tu devrais savoir que tu as besoin de sommeil.

— Blaise, je vais bien. Fais-moi juste confiance, tu veux bien ? tempéra-t-elle, légèrement agacée de s’entendre dire la morale alors qu’ils se retrouvaient à peine.

— Excuse-moi…

Il prit sa main dans la sienne, caressant distraitement l’emplacement, sur son annulaire, où aurait dû se trouver son alliance et sa bague de fiançailles.

— J’ai eu Harry au téléphone cette nuit, dit-elle soudain, le faisant hausser un sourcil interrogatif.

— Oui ? Et ?

— Pourquoi ne pas m’avoir dit que tu avais emmené Draco à l’un de ses cours de cuisine ?

— Oh… Ca…

— Quoi, « ça » ?

— C’est un cadeau de Draco, éluda Blaise d’un geste de la main. Il… Il voulait me chambrer et…

— Tu as vu Harry, et tu ne me l’as pas dit ?

— Harry ? Mais Hermione, j’ai réalisé qu’il s’agissait de lui seulement après coup. Je ne l’avais jamais rencontré, et… J’étais un peu gêné de te dire “eh Chérie, tu sais quoi, j’ai passé deux heures dans la cuisine de ton meilleur ami et j’ai pas été foutu de te le dire”.

— Tu aurais, par exemple, pu me dire que ton meilleur ami a couché avec le mien, ça m’aurait évité d’avoir l’air de la dernière des imbéciles lorsque Harry m’a raconté ce qu’il s’est passé ! asséna Hermione, passablement mécontente.

— Que veux-tu que je te dise ? soupira Blaise en passant une main sur son visage. Ces deux-là… Tu connais Draco, je ne savais pas très bien comment t’expliquer qu’à ce rythme, ils vont détruire le monde.

— Tu exagères… souffla Hermione, tout à fait consciente cependant qu’il était loin d’avoir tort.

— Absolument pas. Draco a toujours été tordu, et de ce que j’ai pu voir et de ce qu’il m’a raconté, du moins le peu qu’il a daigné dire, plus ce que tu m’as raconté de ta jeunesse, Harry n’est pas mal non plus.

— Ça ne peut pas leur faire de mal.

— Tu n’en sais rien. Ils sont capables du meilleur comme du pire, avec une très nette tendance pour le pire. Ce sont des aimants à emmerdes, tu le dis toi-même et…

— J’ai invité Harry à dîner. La semaine prochaine.

Blaise leva les bras au ciel en grimaçant, posture comique qui ne masquait pas son exaspération.

— Magnifique. C’est génial.

Hermione fronça les sourcils, mécontente.

— Qu’est-ce que c’est supposé vouloir dire ? Exprime-toi, Zabini.

— Rien du tout. J’ai l’impression que tu joues les marieuses et que… Ce que je dis est idiot, laisse tomber. J’ai encouragé Draco à retourner voir Harry, après la première fois, j’imagine que je suis aussi responsable que toi.

— Blaise, ça n’a pas à être un désastre. Regarde-nous…

— Nous sommes magnifiques.

— Oui, sourit-elle, mais à part cela. Personne ne pensait que nous avions un avenir, et pourtant… regarde-nous.

— Nous sommes infiniment plus… Sains d’esprit que ne le seront jamais ces deux-là.

— Enfin ça ne me dit toujours pas pourquoi Draco s’est senti obligé de t’inviter à un cours de cuisine, minauda Hermione tout en consultant la carte des plats, un œil levé par-dessus celle-ci.

Blaise se tortilla sur sa chaise, mal à l’aise.

— Tu ne veux plus parler de Harry et Draco, tu es sûre ?

— Certaine. J’attends.

— Draco m’a offert ce truc comme une blague, parce qu’il sait que ni toi ni moi ne cuisinons beaucoup…

— Pour mes talents culinaires et moi-même, merci.

— Il est assez nul pour faire des cadeaux, ça ne date pas d’hier. On a choisi le cours de Harry, et…

— Et même à ce moment-là, tu ne t’es pas rendu compte qu’il s’agissait de mon Harry ? Ce n’est pas comme s’il existait des milliers de Harry Potter à Londres, ou même dans ton entourage…

— Hermione, je ne l’ai jamais vu, et je ne suis pas sûr qu’il connaisse mon patronyme non plus.

— Ouais…

Ils se levèrent ensemble, et en silence, se servirent au buffet. Les combinaisons possibles de salades étaient innombrables, mais chacun avait déjà ses préférences. Hermione pencha pour un mélange de riz, de thon, de concombre, de feta et d’olives noires, accompagné d’une sauce à l'échalote, tandis que Blaise se laissait tenter par des tomates, de la mozzarella, des câpres, du mesclun qu’assaisonnait une sauce au basilic et à l’huile d’olive. Après avoir choisi leur pain et rempli un pichet d’eau, ils rejoignirent leur place. La tension était palpable entre eux, accentuée par l’agacement de Blaise que cette ambiance ne soit due qu’à leurs amis et pas à eux directement. Depuis leur rencontre, Draco faisait partie de leur vie. Ils ne le voyaient pas souvent, mais il faisait tout de même l’effort - sans leur épargner ses sarcasmes - d’honorer les invitations qu’ils lui lançaient. Harry, lui, était aux abonnés absents : il n’avait jamais rencontré Zabini, et n’avait jamais réellement cherché à le faire, se cachant derrière ses diverses occupations, excuse à laquelle Blaise n’adhérait pas. Il ne s’en cachait d’ailleurs pas : il trouvait impoli et irresponsable le comportement depuis plusieurs années du meilleur ami de sa femme, et avait fini par faire un trait sur sa présence dans leur vie. Il ne voulait pas d’eux dans son entourage ? Il s’en cognait profondément, tout en sachant que ça n’était pas le cas d’Hermione, qui passait régulièrement du temps au téléphone avec le chef.

Qu’il soit présent dans la vie de Draco… Eh bien, il pensait d’abord à Draco. L’homme d’affaire avait une prestance folle, un style d’une élégance rare et dégageait une aura d’aristocratie qu’il ne cherchait pas à démentir ni à cacher, mais avec tout d’un jeune premier pour ce qui concernait sa vie sociale, à plus forte raison sentimentale. Blaise n’avait fait le rapprochement entre Harry, le chef prodige, et Harry Potter, le meilleur ami d’Hermione, que lorsqu’il avait laissé Draco derrière lui après le cours auquel il avait assisté. L’homme qu’il avait alors découvert était à des années-lumière de ce qu’il avait imaginé : drôle, lumineux, généreux et disponible, et loin de le rassurer, ça avait éveillé toutes sortes de doutes le concernant. Pourquoi un homme aussi agréable et apparemment ouvert ne prenait-il pas plus de temps pour celle qui était supposée être sa meilleure amie ? S’était-il passé quelque chose que ne lui avait pas raconté Hermione, ou la vie s’était contenté, comme elle le prétendait, de les éloigner l’un de l’autre, lentement mais sûrement ? Savoir que Draco, non content de l’avoir vu une fois, avait cherché (et réussi) à le voir une seconde fois, qu’ils avaient passé la nuit ensemble, n’avait en rien apaisé ses questionnements, et il avait préféré laisser cela de côté.

C’était, bien sûr, sans compter sur les appels matinaux que se passaient sa femme et son meilleur ami, seul moyen, un peu tordu s’il devait donner son avis, de garder contact.

— On a grandi tous les trois, Ron, Harry et moi. On était dans le même pensionnat, de l’âge de onze ans à nos dix-sept ans. On a tout découvert, ensemble : les échecs, les colles, les heures de travaux d’intérêt général, les réussites, les premiers baisers, les grandes engueulades et les petits riens qui faisaient de notre quotidien autre chose qu’une suite de jours qui se ressemblaient tous, loin de nos parents, de nos amis d’enfance. Ron est avant-dernier d’une grande famille, il n’y a que Ginny qui soit plus jeune que lui. C’est un champion des échecs, mais sorti de cela, il a tout du cancre : c’est un clown, un amuseur. Je me souviens qu’il avait toujours l’air étonné, émerveillé de tout, mais qu’il était capable de se vexer très vite dès lors qu’il pensait que Harry ou moi le laissions de côté… Ce qui, bien sûr, n’arrivait jamais parce que nous passions notre temps ensemble.

— Tu ne parles jamais de Ron, fit remarquer doucement Blaise.

Hermione sala ostensiblement sa salade, prenant le temps, à travers ce geste, de réfléchir à ce qu’elle dirait ensuite.

— Ron… Ron a eu un accident, au rugby, il y’a de cela quelques années. C’était avant que nous nous connaissions, bien avant. Harry et lui jouaient depuis toujours, à peu de choses près, et adoraient cette brutalité, ce déchaînement de… Testostérones, j’imagine que c’est ce dont il est question, sourit-elle, une nostalgie douloureuse marquant son visage. Ils passaient leurs soirées, leurs week-ends, leurs vacances à s'entraîner et à disputer des matchs, et moi je les accompagnais. J’adorais les voir courir, se disputer la balle et revenir tout crottés et heureux.

Blaise tendit la main, la posant sur celle de Hermione, dont il était perceptible qu’elle avait la gorge nouée. Il savait plus ou moins que Ron avait été son premier amour, mais n’avait jamais réussi à lui tirer davantage de détails. Il n’avait pas non plus insisté ; il n’y avait rien que Blaise trouvait plus important que le respect de l’autre, et cela incluait la capacité à ne pas précipiter des confessions pourtant essentielles à sa compréhension de sa femme.

— Harry a toujours été très bon. Rusé, rapide, il était capable de se faufiler entre les joueurs, et de marquer des essais que personne ne voyait venir. Il a commencé le rugby parce qu’il voulait faire comme son père, James, et que comme lui, il était doué sans avoir rien de plus à faire que de courir et attraper la balle. Ron, lui… Il était moins beau, moins bien fait, moins malin que Harry, plus naïf, aussi, ce qui, quand j’y repense, constitue un véritable exploit, et il voulait se prouver, et prouver au monde entier qu’il était capable de jouer dans l’équipe également. En vérité... Ce n’est pas au monde qu’il voulait prouver quoi que ce soit, c’est à moi.

Elle baissa les yeux, tripotant nerveusement la nappe de papier blanc.

— Il aurait fait n’importe quoi pour m’impressionner, et j’étais suffisamment bête pour le laisser faire. Bref, ce jour-là, il pleuvait des cordes, Harry et lui avaient une belle gueule de bois, et n’auraient jamais dû entrer sur le terrain, mais deux autres joueurs de l’équipe étaient forfait, et ils étaient trop bons pour que le coach décide de se passer d’eux. Ils ont joué avec talent pendant la moitié du match. Leur équipe perdait, mais ils s’amusaient tellement… Je pouvais voir le sourire de Harry, et je devinais plus que j’entendais le rire de Ron. Je crois que seules leurs dents n’étaient pas couvertes de boue, et ils semblaient tellement heureux, tous les deux, que je ne pouvais que l’être aussi.

— Que s’est-il passé ? demanda Blaise dans un souffle.

— Il y’a eu une mêlée, comme souvent au rugby. Sauf que très vite, tout le monde a compris que quelque chose n’allait pas. Les joueurs se sont reculés, ils étaient paniqués, et certains d’entre eux avaient des taches de sang sur leur maillot. On ne voyait que ça, et crois-moi, je n’aurais jamais pensé que ça ressortirait autant au milieu de la boue. Il m’a fallu un moment avant de comprendre que c’était Ron, qui était prostré au sol, et Harry à ses côtés qui essayait de le ranimer. Il n’a jamais ouvert les yeux de nouveau.

— Chérie… Je suis désolé.

— Ron n’est pas mort, poursuivit Hermione, qui ne parvenait plus à cesser de parler, comme si cette histoire avait attendu si longtemps pour être racontée qu’elle se refusait à présent au silence. Au fur et à mesure des jours qui ont suivi, le diagnostic était de plus en plus grave. On a commencé par nous dire que l’hématome de son cerveau empêchait de vraiment voir quels étaient les dégâts, aussi avons-nous espéré, nous sommes-nous convaincus qu’une fois l’hématome disparu, Ron serait de retour. Mais ça ne s’est pas passé comme ça, et on nous a annoncé assez rapidement qu’il était dans un coma si profond que s’il en sortait, ce serait pour ne jamais être Ron à nouveau. Il est condamné à n’être rien de plus qu’un légume toute sa vie, maintenant…

— Il est ici ? demanda Blaise.

— Non… Non, je n’aurais jamais pu travailler ici autrement. Il est à Sainte Mangouste, un établissement privé dans lequel sa famille se fait soigner depuis toujours… Soupira Hermione.

Sans un mot, Blaise se leva, fit le tour de la table, et vint enlacer Hermione, posant son menton sur le haut du crâne de la jeune femme, qui se laissa aller contre lui. Ils avaient une drôle d’allure, tous les deux, mais ils s’en moquaient, parce que cette étreinte était exactement ce dont ils avaient besoin à cet instant précis.

— J’étais un peu jaloux de Ron, depuis toutes ces années, parce que je savais que ça avait été ton premier amour… Je me fais l’effet d’un connard, maintenant, parce que je n’ose pas imaginer comme ça a dû être difficile pour toi.

Hermione renifla.

— Ça fait si longtemps que je ne suis pas allée le voir…

— Tu voudrais lui rendre visite ?

— Je n’en sais rien, hésita-t-elle. J’y allais tous les jours, au début, j’y passais des heures, j’y dormais, parfois, parce que je voulais vraiment y croire… J’allais en cours, je venais le retrouver, et je révisais dans sa chambre. Avec les mois, avec la fatigue, avec mes notes qui chutaient, et son corps, son visage qui changeaient, j’ai commencé à y aller de plus en plus rarement. Je me persuadais que ça n’était que temporaire, que je ne l’abandonnerais jamais, et puis sa famille et Harry m’encourageaient, me soutenaient et me répétaient constamment qu’il fallait que je pense à moi, qu’il n’aurait jamais voulu que j’arrête ou que je loupe mes études pour lui. C’est devenu une obsession pour moi, un besoin de réussir, parce qu’il ne s’agissait pas seulement de moi, mais aussi de Ron.

Les confessions d’Hermione donnaient un sens nouveau à la jeune femme dont il était tombé amoureux, des années plus tôt. Jeune interne à l’époque, c’était une obsédée du travail, capable de passer des journées et des nuits entières à apprendre et à creuser des cours, elle ne lâchait rien tant qu’elle ne comprenait pas le plus petit détail, tant qu’elle n’avait pas intégré chaque facette, chaque nuance, chaque petite exception ou contradiction du corps humain ou des techniques médicales en vigueur. Si cette méthode de travail l’avait épuisée les premières années, elle avait été une alliée inestimable ensuite : la jeune femme avait passé tant de temps à étudier, à potasser le moindre livre, le moindre document, qu’elle avait pris une avance non négligeable sur le programme. En parallèle, ses visites à Ron s’étaient faites de plus en plus rares… Jusqu’à ce qu’elle réalise qu’elle n’y allait plus du temps, se contentant de prendre des nouvelles auprès de Molly, la mère du jeune homme.

Cette dernière, une femme généreuse et dont la bienveillance naturelle était parfois si grande qu’elle en était culpabilisante, n’en avait jamais voulu à la jeune femme : ayant perdu un fils, elle savait que sa douleur était partagée par la petite-amie de ce dernier. Elle l’avait encouragée, l’invitant aux repas de la famille, lui envoyant des cadeaux à Noël et des cartes de vœux au nouvel an, et ne l’avait jamais oubliée pour son anniversaire. Petit à petit, le contact s’était étiolé, se limitant à quelques coups de fil dans l’année, et au souvenir du grand sourire et des étreintes chaleureuses de la mère de famille. Il n’y avait plus qu’avec Harry et Ginny que Hermione avait gardé véritablement contact, ce qui était tout relatif, si l’on comparait avec la relation qu’entretenait Blaise avec Draco.

La jeune femme renifla, serrant un peu plus fort Blaise contre elle. Sa joue appuyée contre le ventre de son époux, elle se sentait en sécurité, mais ça n’enlevait en rien la douleur qu’elle ressentait à l’évocation de Ron. Il lui avait fallu si longtemps pour raconter cette période traumatisante de sa vie, qu’elle ne réalisait pas très bien ce qui se passait. Elle embrassa son ventre à travers la chemise fine qu’il portait, et le repoussa doucement. Il fallait absolument qu’elle mange avant de reprendre son service.

— Comment s’en est sorti Harry ? Demanda Blaise, qui sentait là l'opportunité d’en savoir plus concernant la vie jusqu’alors si secrète de sa femme.

— Harry… Il a voyagé. Il voulait étudier la cuisine, alors il en a profité pour faire le tour du monde. Pour lui aussi, ça a été très dur. C’est bien simple : quand je n’étais pas à l’hôpital, il y était. Ces moments ont fini par ressembler à des réunions de famille un peu glauques : les Weasley étaient là, bruyants et envahissants même dans la douleur, nous aussi, nous discutions, nous échangions sur tout et rien, et tout le monde essayait de faire comme si Ron n’était pas là, allongé, inconscient, le cerveau laissé pour mort et le corps mourant… Lui aussi a fini par diminuer ses visites, mais il continue à aller le voir, de temps en temps. Au début, il me proposait, mais il a arrêté de le faire.

— Il a continué le rugby ?

— Oui… C’était leur passion, à Ron et lui, je me souviens que chaque Noel, chaque anniversaire, ils s’offraient quelque chose en rapport avec le rugby. Un maillot, un bouquin, un ballon, des objets dont je ne connais même pas l’utilité, mais ça les rendait si heureux. Alors Harry n’a jamais arrêté de jouer, même si chaque fois qu’il entre sur le terrain, Ron est avec lui. Son jeu n’a jamais été aussi agressif que depuis l’accident, et la seule raison pour laquelle il n’est pas cassé de partout, c’est parce qu’avec son travail, il n’a pas eu d’autre choix que de prendre ses distances avec ce sport.

La conversation ne s’éternisa guère plus. Hermione parti travailler quelques instants plus tard, avec un baiser pour un Blaise qui, cet après-midi-là, eut beaucoup à penser. Ce n’était pas seulement Hermione qu’il voyait d’un nouvel œil, mais aussi Harry. Il n’avait pas eu une très bonne opinion du brun, d’aussi loin qu’il se souvienne, et le percevait tout à fait différemment maintenant. Il y’avait de quoi : son comportement, chaleureux et agréable, lors du cours de cuisine, ce qu’il réveillait chez Draco, mais aussi la façon dont Hermione, libérée du poids de son histoire avec Ron, parlait de lui, ne correspondaient pas avec ce qu’il avait imaginé qu’il était. Ce n’était pas tellement un problème, en vérité, bien au contraire. En revanche, Hermione ne lui avait jamais donné accès à ces informations, malgré les années passées ensemble, malgré les épreuves qu’ils avaient traversées (et ça n’était pas un problème pour Blaise, il était pragmatique et savait qu’un couple ne pouvait que connaître des bas pour magnifier ses hauts).

C’était un coup dur, parce que la confiance était un point sur lequel il ne transigeait pas. Hermione ne lui avait pas menti, bien évidemment, mais la question se faisait de plus pressante dans son esprit, petite voix sournoise qui le tortura toute la journée, malgré ses occupations professionnelles : que lui cachait-elle de plus ? Quelles étaient les parts de son passé qu’elle n’avait pas partagées avec lui ? Il comprenait qu’aborder le sujet fut douloureux pour la jeune femme, et il ne la jugeait pas. Mais depuis le temps, avec les années, malgré les nuits passées l’un contre l’autre, comment n’avait-elle pas été en mesure de lui annoncer que son premier amour était dans un état végétatif dans une clinique privée londonienne, que son meilleur ami et elle-même avaient été profondément traumatisés par cette épreuve, et qu’il avait ramassé les pots cassés d’un drame dont il n’avait même pas connaissance ?

Blaise jeta son stylo plus loin sur son bureau, repoussant les dossiers sur lesquels il essayait d’avancer depuis plusieurs heures. Il n’avait pas la tête à travailler, malgré les urgences qui s’amoncelaient sur son bureau. L’avocat avait une audience prévue, plus tard dans la soirée, et savait qu’il aurait plutôt intérêt à réussir à se concentrer jusqu’à présent. Ça n’avait jamais été un problème pour lui ; même le jour où il avait prévu de demander sa main à Hermione, rien n’aurait su le détourner de la victoire qu’il prévoyait d’obtenir au tribunal. Il s’était fait une spécialité de la défense groupée de victimes d’escroqueries et de grandes entreprises peu honnêtes, et avait construit son succès sur son implacabilité. Rien ne le faisait jamais reculer, et s’il lui arrivait de perdre, ce n’était chaque fois que pour mieux rebondir. Pourtant, cette fois était différente.

Il se leva, et rejoignit la salle de pause dans laquelle les associés du cabinet pouvaient se détendre. Leurs subordonnés avaient aussi une salle, dont le standing n’avait rien de comparable. Blaise eu une pensée attendrie pour cette époque où il n’était qu’un jeune diplômé qui ne sortait guère du lot sinon pour sa stature impressionnante et la couleur de sa peau, qui détonnait au milieu d’un cabinet très blanc. Il salua distraitement un collègue, absorbé par le café qui coulait du percolateur, par l’odeur réconfortante qu’il diffusait et par la promesse d’un moment d’exception lorsqu’il pourrait enfin le boire. Il n’avait pas le choix, réalisa-t-il. Poursuivre la discussion avec Hermione était inévitable.

— J’ai l’impression de découvrir tout un pan de ta vie dont j’ignorais l'existence… souffla-t-il quelques heures plus tard, alors qu’ils venaient de commencer à manger.

L’après-midi avait été longue pour lui, mais lorsqu’il était rentré chez eux, Hermione avait pris le temps de commander un bon repas Ses talents de cuisinière n’étaient pas développés, mais Blaise s’en fichait : les moments qu’ils partageaient tenaient leur intérêt dans bien plus que la qualité des plats qu’ils mangeaient.

— C’est quand même moi, Blaise. La personne que tu connais, que tu as épousée. Ça ne change pas qui je suis, ça a fait la personne que je suis, je ne vois pas le problème, protesta Hermione vivement.

— Tu ne vois pas le problème ? Je savais que tu ne m’avais pas tout dit, et ça n’était pas un problème, mais est-ce que tu te rends compte de l’ampleur de ce que j’ignorais ?

— Qu’est-ce qui te dérange, exactement ? Ne pas tout savoir sur moi, ou que ça t’oblige à poser un autre regard sur Harry ?

— Tu es injuste. Je n’ai jamais eu d’à priori sur Potter, parce que je ne l’avais jamais rencontré avant que Draco ne nous inscrive à ce cours. Je me suis forgé une opinion sur la base de son absence quasi-totale dans nos vies, dans ta vie, et de la souffrance que je sais que ça provoque chez toi.

— Qu’est-ce que j’aurais dû te dire, alors ? Que mon premier amour est un légume que personne ne peut se résoudre à débrancher ? Que mon meilleur ami souffre encore tellement de cette histoire que c’est à peine s’il parvient à me regarder dans les yeux ? s’écria Hermione en se levant de table, renversant au passage son verre de vin sur le sol.

— La vérité, Hermione. Plus tôt, pas après des années de mariage.

— Cette histoire m’appartient, Blaise. Ce n’est pas parce que tu es une vraie pipelette quand il s’agit de Draco qu’il doit en être de même à propos de mes amis. Et ta réaction confirme la légitimité de mon silence pendant tout ce temps. Maintenant, tu m’excuses, j’aimerais aller me coucher.

 

Repoussant sa chaise, la jeune femme quitta la table, laissant Blaise seul face à des plats encore chauds, un verre de renversé dont le vin gouttait sur le sol, produisant un “ploc” caractéristique insupportable, et la certitude qu’il aurait mieux fait de se taire.

Pour la première fois depuis qu’il connaissait Hermione, il n’avait aucune envie de la rejoindre dans le lit conjugal.

*.*.*.*

Draco était ravi.

Chez un Malfoy, la joie n’impliquait jamais - et surtout pas - la moindre effusion. Pas d’éclats de rire, ils étaient réservés à l’intimité la plus absolue. Pas de grands sourires, ils ne montraient les dents que lorsqu’ils étaient menaçants - et les sourires, les vrais, étaient eux aussi réservés à de rares privilégiés. De toute façon, il était seul, et n’avait personne ni avec qui rire, ni à qui sourire. Cette pensée aurait provoqué un pincement au cœur chez à peu près n’importe qui d’autre, mais Draco n’en avait cure.

Il avait signé plusieurs contrats très juteux dans l’après-midi, qui promettaient de longs voyages à travers le monde, et impliquaient d’importantes chasses au trésor. C’était ce qu’il préférait : partir à l’autre bout du globe, découvrir des zones dont il ignorait parfois jusqu’à l’existence ou au contraire retrouver des villes qu’il en était venu à considérer comme de vieilles amies, et revenir les bras chargés d’œuvres inestimables. Bien sûr, il faudrait considérer l’aspect légal, à propos duquel il ne dérogeait jamais : hors de question de faire sortir illégalement une œuvre d’art appartenant à un pays étranger. Peut-être aurait-il pu gagner bien plus d’argent, s’il avait été prêt à accepter les sommes pharaoniques qui lui étaient parfois proposées, mais c’était l’une des rares valeurs à laquelle il tenait.

Ainsi, plutôt que de fêter sa victoire bruyamment et vulgairement (non pas qu’il ne fut pas capable de finir ivre-mort, mais il n’avait pas besoin d’excuse pour ce faire), il préféra déboucher une bouteille d’un rouge français rare et hors de prix, issu d’un millésime dont quelques collectionneurs chanceux se disputaient les dernières réserves, et qu’il avait reçu en cadeau d’un de ses clients, tout en écoutant une compilation de ses morceaux de blues favoris. Les pieds enfin nus, la chemise détachée et les cheveux plus ébouriffés qu’à l’accoutumée, un verre de vin rouge à la main, il s’était étendu de tout son long sur un fauteuil de détente, les yeux fermés alors qu’il se laissait emporter par les notes lancinantes qui inondaient chaque recoin tant de l’appartement que de son esprit. L’alcool aidant, pourtant, ses pensées commencèrent à divaguer, l’entrainant sur la pente raide du souvenir qu’il avait des mains de Potter. Les yeux de Potter, ses lèvres sur sa queue, sa langue sur sa peau, et son corps, son corps tout entier, dont il n’avait été rassasié qu’un court instant avant que le désir ne reprenne le dessus. Les jours avaient passé, mais Potter se rappelait à son bon souvenir au moment le moins opportun.

Il fronça les sourcils, agacé. De quel droit le chef venait-il gâcher un moment pareil en s’interposant entre Draco, son verre, sa musique et la célébration qu’il avait, après tout, bien méritée ? Ce n’était bien entendu pas vraiment de sa faute, mais ça n’avait pas d’intérêt pour Malfoy. Le fait est que c’était ses mains qu’il avait envie de sentir sur son corps, et qu’il lui apparaissait comme le seul élément qui le séparait d’une soirée parfaite… Et à en juger l’agacement qu’il percevait dans le son strident de la sonnette de sa porte d’entrée, ce n’était de toute évidence pas Potter qui venait le rejoindre.

Draco se leva, étirant sa longue et fine silhouette avec un soupir qui avait tout de félin, et se dirigea sans se presser vers la porte d’entrée. Le bruit de ses pas n’était audible que lorsqu’il marchait, par intermittence entre deux tapis épais, sur le vieux parquet ciré et entretenu avec amour, conférant à la pièce une atmosphère confortable et réconfortante, à mille lieues de son tempérament. Derrière la porte, il découvrit un Blaise presque hagard tant il semblait mal en point, et s’effaça pour le laisser passer, laissant échapper un nouveau soupir, les yeux levés au ciel.

— Miss Je-sais-Tout a été vilaine ? le railla-t-il sans autre forme de procès.

Blaise haussa les épaules, balançant sa veste sur le dossier d’une chaise. Draco fronça les sourcils ; son ami savait qu’il avait le désordre en horreur, et qu’il supportait très difficilement que des vêtements traient sur ses meubles, pour la simple et bonne raison qu’ils partageaient ce trait de caractère. S’il en venait à ne pas accorder d’importance à un détail comme celui-là, la situation était bien pire qu’il ne l’avait imaginé dans un premier temps. Il sortit un verre à vin de l’un des nombreux placards de sa cuisine, et le posa près du sien, sur la table basse, avant de le remplir et de le pousser vers Blaise, qui s’était assis sur le tapis moelleux au pied du canapé, le dos appuyé contre celui-ci. Il ignora le verre, se contentant de regarder le liquide rouge, presque noir, danser dans son réceptacle de cristal.

Draco ne dit rien. C’était inutile, il le savait. La musique continuait à retenir dans la pièce, mais les longues notes paresseuses n’avaient plus rien d’agréables, n’accompagnaient plus une célébration, s’accordant à merveille avec la tristesse du visage de son ami.

— Elle m’a parlé de choses qu’elle n’avait jamais abordées avec moi, fini par dire Blaise.

— Parce que tu lui as tout dit te concernant, peut-être ? Souligna Draco.

— Non… Non, mais ça, c’était important.

— Cf ma question précédente.

— Sois pas con. Elle m’a parlé de son premier amour.

— Et alors ? C’est avec toi qu’elle est mariée, pas avec lui.

— Ouais… Sauf que s’il n’était pas dans le coma depuis des années, sans aucun espoir de s’en sortir ou de se réveiller un jour, c’est probablement avec lui qu’elle serait.

— Bois ton vin, tu as besoin de te saouler, ça t’évitera de dire toutes ces conneries, ordonna le blond.

— Mais c’est quoi ton problème ? s’exclama Blaise en se redressant d’un bon, prenant son ami par surprise. Est-ce que tu peux prendre quelque chose au sérieux, pour UNE FOIS dans ta PUTAIN DE VIE ? Tu me fatigues, Draco, je ne sais même pas pourquoi je viens te parler et te raconter des choses et attendre ton soutien alors que rien ne t’intéresse sinon ton petit confort, ton petit cul, ton vin et ton fric.

— Blaise, bâillonne le fragile qui s’exprime, pose ton cul, et explique-moi clairement quel est le problème qu’on puisse avancer, et laisse ma vie de côté, tu seras gentil, répliqua froidement Draco, son regard de glace fixé sans aménité sur son ami.

Blaise se rassit, bien plus calme. Il but lentement le verre que Draco lui avait servi plus tôt, et poussa un long soupir.

— C’était ridicule, hein ?

— Complètement pathétique, oui, affirma Draco sans la moindre once de pitié.

— Je déteste être comme ça.

— Ne recommence pas, Zabini, ou tu peux repartir tout de suite. Tu adores être avec Hermione, tu aimes Hermione, et la seule raison pour laquelle ça te touche autant, c’est parce que tu te rends compte que tu n’es pas le seul homme de sa vie. Mais être jaloux d’un légume, franchement ? C’est vraiment bas.

— Je pense à ce mec, qui n’a rien demandé à personne, et qui s’est pris…

— Plaît-il ? Tu ne l’as pas blessé toi-même, que je sache. Alors pour la dernière fois : arrête de te morfondre. Tu es en vie, tu vis avec la femme que tu aimes, et qui t’aime, et vous êtes tous les deux en bonne santé.

— Mais…

— Elle pense à lui ? Oui, et alors ? Tu vas me dire que tu ne regardes jamais le cul d’une autre femme dans la rue, ou ses seins ? Je ne comprendrais jamais ta passion pour les seins, d’ailleurs, mais là n’est pas la question.

— Si, mais ce n’est pas pareil…

— Tu ne penses jamais à tes ex, peut-être ? Daphné ? Pansy ? Eleonore ?

— C’est vrai mais…

— Mais ça n’a rien à voir ? Oui, on est d’accord. Alors ferme-là, et bois un autre verre, ordonna Draco en lui remplissant le verre de nouveau.

Assis en tailleur sur le bout du fauteuil, il était d’une beauté presque surnaturelle. Les lumières tamisées de la pièce lui conféraient un petit quelque chose d'irréel. Même si Blaise était indubitablement attiré par les femmes, il aimait les belles choses, et Draco en était une, sans le moindre doute.

— À quoi est-ce qu’on boit ?

— Enfin une question sensée… On boit à mon nouveau contrat.

— Tu repars bientôt ?

— Oui, à priori, je devrais partir d’ici trois semaines. Le temps de tout préparer, de m’organiser pour la galerie, et je m’en vais.

— Tu seras là pour le dîner prévu à la maison, donc.

— Ça dépend… Qui cuisine ?

— Le traiteur.

— Je serai là.

— Connard… Souffla Blaise avant de laisser échapper un rire joyeux, incapable de le retenir.

— Je tiens à ma vie.

Ils burent quelques instants, terminèrent la bouteille et en entamèrent une autre. Bien sûr, ils continuèrent un peu à parler de Hermione, de Ron Weasley, mais jamais de Potter. Pour une raison inconnue de lui-même, Blaise n’indiqua pas à Draco qu’il existait un lien très fort entre Hermione et le jeune chef. Non pas qu’il appréciât particulièrement le brun, mais il voyait chez Draco quelque chose qu’il n’avait encore jamais vu ; une forme d’apaisement qu’un simple coup d’un soir ne provoquait pas en temps normal, que la perspective de voyager ne rendait pas aussi fort d’habitude. En plus de cela, il avait découvert une vérité qu’il se promit de ne pas oublier : parfois, il était important de faire ses découvertes par soi-même, au moment où il est opportun de les faire.

Alors que la nuit grignotait la soirée, que leur rire avait envahi l’appartement et recouvert la musique à plus d’une reprise et qu’ils avaient tous les deux le sourire, que la soirée était réellement devenue une célébration, Draco conseilla à Blaise de retourner chez lui. Même s’il ne répugnait étonnamment pas à l’inviter à rester sur son canapé, il savait surtout que Hermione attendait probablement que son mari se décide à rentrer au nid, et qu’il ne serait pas de bon ton de la laisser attendre jusqu’au petit matin. Il appela un taxi pour lui, lui fourra de quoi payer la course, et l’accompagna même jusqu’au bas de l’immeuble. Pieds nus, les cheveux soulevés par le vent nocturne qui balayait Londres cette nuit-là, il avait quelque chose de spécial, de rare. Une fois la berline noire transportant Blaise éloignée, il s’autorisa un léger sourire ; il n’y avait réellement que pour lui qu’il était capable de tant d’attentions.

Seul, bien trop aviné et un sourire inhabituel aux lèvres qu’il se coucha. Il ne dormirait pas très longtemps, il le savait, mais il restait curieux. Blaise n’avait que bien peu parlé de la situation de l’ex de Hermione, mais à plusieurs reprises, Draco avait senti dans son regard, dans ses attitudes, dans des phrases qu’il ne terminait pas, des mots qu’il interrompait avant de se reprendre, qu’il ne lui disait pas tout. Une intuition, une impression, ou peut-être simplement un peu de cette paranoïa qu’il trimballait comme un boulet à sa cheville depuis des années l’empêchait d’exclure que Blaise lui cachait quelque chose.

Il repoussa un peu le drap, tentant tant bien que mal de se défaire du roulis que l’alcool dans son sang donnait à la pièce. Le geste dévoila à la curiosité de la nuit un tatouage délicat et stylisé, placé sur le bas de son ventre. Le serpent, enroulé sur lui-même, semblait endormi, presque inoffensif. 

 
 
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