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Easy as pie.
Par WildShelby
Harry Potter  -  Romance  -  fr
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Chapitre 5 - partie 1

Chapitre 5.
Première partie.

Draco passa une main dans ses cheveux trempés dans un grognement mécontent.

Humide. Tout n’était qu’humidité.

Sa chemise lui collait à la peau, tant et si bien qu’elle lui évoquait une seconde peau froissée qui produisait des sons gênants lorsqu’il bougeait de trop. La seule chose dont il était satisfait était de n’avoir pas imaginé qu’il serait une bonne idée d’emporter une veste ; pendant que lui fondait littéralement sous la chaleur, étouffante, moite et définitivement trop humide du Queensland, ces foutus australiens allaient et venaient sans paraître indisposés par ce climat complètement déphasé.

Ses cheveux blonds, habituellement parfaitement coiffés, retombaient sur son front, lourds de transpiration. Sur sa nuque, la sueur perlait suffisamment pour qu’il en sente les gouttes se faufiler sous le col de sa chemise blanche. Il passa le bout de sa langue le long de sa lèvre supérieure ; là également, la sueur avait élu domicile. Le corps tout entier du blond s’était fait royaume d’accueil de sa transpiration, et à en juger par les quantités d’eau que sa peau dégageait joyeusement, il soupçonnait également la transpiration de ses voisins d’avoir migré dans son épiderme.

L’odeur, qui lui soulevait l’estomac lorsqu’il la sentait chez d’autres personnes, attaquait son nez par intermittence, par bouffées narquoises. Lui aussi était humain, lui aussi puait la chèvre lorsqu’il transpirait, Il n’y pouvait rien. Depuis des heures, une seule pensée l’obsédait. Une longue douche chaude, la joie de la mousse odorante sur sa peau, la satisfaction d’une odeur de propre, de son corps détendu, de ses cheveux enfin propres. Il pourrait prendre le temps de juste fermer les yeux, de laisser son esprit vagabonder au gré de ses pensées.

Pour l’heure, il n’avait guère d’autre choix que d’écouter les explications fumeuses (mais passionnées) de son hôte sur ses expositions en plein air. L’idée eut été séduisante s’il avait proposé une visite nocturne, une fois la nuit tombée, la chaleur étouffée par la fraîcheur de l’obscurité. Malheureusement pour Draco, et pour sa chemise ruinée, les australiens semblaient très bien supporter la chaleur infernale qui régnait dans leur pays de malheur. À Perth, l’artiste s’était senti séduit par le pays, par son climat clément, par sa population ouverte et accueillante. Il n’était pas du type touriste, il se moquait de l’hospitalité des personnes qu’il croisait, mais Perth n’en avait pas moins fait bonne impression.

Alors qu’ils étaient supposés rester deux jours, Pansy s’était arrangée pour qu’ils séjournent trois jours de plus, et lui avait dévoilé ensuite seulement avoir préparé une série de visites dans d’autres villes importantes, jusqu’à ce qu’ils arrivent à Cairns. Les contacts qu’elle lui avait présentés s’étaient avérés intéressants, prometteurs, même, pour certain, à qui il n’avait pas proposé de contrat mais qu’il avait copieusement baisé après un repas trop arrosé.

L’Australie, malgré son climat définitivement trop chaud et humide pour sa peau claire, ses cheveux pâles et ses yeux gris, était d’une beauté différente de tout ce qu’il avait vu jusqu’alors. Un monde parallèle semblait s’être bâti de lui-même sur ce pays de la taille d’un continent dont les terres n’étaient finalement que peu habitées. Comme chaque fois qu’il se retrouvait dans un endroit aussi marqué par l’histoire, par ses générations oubliées et ses conflits sanglants, Draco sentait monter en lui une forme d’excitation particulière, une soif de connaître l’art local, de se familiariser avec les tendances propres au pays et à ses habitants, à ses autochtones, à ses différentes périodes culturelles et historiques.

Pansy le connaissait parfaitement ; en dépit des cachoteries et de la mauvaise foi assumée avec laquelle elle avait accueilli ses reproches, son choix de parcours était parfait.

Debout près du riche collectionneur, un verre de bière — auquel elle n’avait pas touché — à la main, la jeune femme évoluait avec une aisance qui parfois donnait à Draco le sentiment d’être gauche et tordu, malhabile. Cela en disait long sur la prestance de son associée. Elle lui adressa un regard interrogateur, auquel il répondit par un simple hochement de tête.

— Comme tu le vois, Draco, Mr Chefield a beaucoup d’idées très intéressantes à nous proposer.

— Intéressantes, en effet, acquiesça Draco en portant le verre à ses lèvres.

La mousse blanche annonça la couleur ; le goût ambré de la bière décupla la sensation de fraîcheur qui dégringola le long de sa gorge, et qui ne dura qu’un instant bien trop court à ses yeux.

— Cependant, vous comprendrez qu’il n’y a rien que nous puissions exploiter, une fois rentrés à Londres.

Il jeta un œil aux statues à propos desquels leur hôte les bassinait depuis… Eh bien, trop longtemps.

— Notre galerie, poursuivit Draco de son intonation trainante, est, voyez-vous, très bien telle qu’elle est. Sans parler du fait que nous n’aurions pas la place d’installer une telle exposition d’extérieur… Et qu’elle tient une part importante de son intérêt de sa location géographique.

Le collectionneur écoutait Draco avec attention, et même avec un certain calme, mais ses jointures blanchies sur son verre ne trompèrent pas Pansy, qui tenta de s’interposer en interrompant son ami.

— Ce que Draco veut dire…

— Ce que je veux dire, Pansy, puisque je suis en mesure de le dire moi-même, me semble-t-il, c’est que nous ne pouvons pas collaborer en l’état. Pour ma part, je retiens de notre visite ici la vision incroyable que nous avons sur le reste de la ville et sur la campagne alentours, et je crois que c’est le seul vrai intérêt de votre installation.

— Je ne comprends pas bien, balbutia le collectionneur, je pensais que…

— Vous pensiez que vous signeriez un contrat juteux, parce que vous n’avez pas envisagé une seule seconde qu’il était possible que nous ne soyons pas intéressés par ce que vous proposez. Que je trouve votre collection sans intérêt, et que je n’aie l’intention ni de vous aider à l’agrandir, ni à la faire connaître.

— Miss Parkinson m’a dit que…

— Miss Parkinson ne décide pas. Moi oui. Malfoy.

Près de lui, la fureur de Pansy, glaciale, était perceptible. Nul besoin de se tourner vers elle pour constater que son corps s’était tendu de fureur. Dans sa robe fleurie, légère, dont les pans virevoltaient avec élégance autour de ses jambes fines, elle n’était que colère.

— Tu es le plus gros enfoiré que je connaisse, Draco Malfoy, siffla dangereusement Pansy en s’approchant de lui à grands pas, à l’extérieur de la propriété du collectionneur.

— Je déteste qu’on me force à faire des choses, et si tu n’avais pas décidé de faire les choses à ta façon, sans m’en parler ou me demander mon avis, rien de tout cela ne serait arrivé.

— Tu aurais pu juste… le dire ! s’écria Pansy, les joues rougies par la colère, les yeux brillants de l’humiliation que Draco lui avait fait subir.

— Tu te fous du monde, Parkinson. Je passe mon temps à te le dire.

— Tu passes ton temps à me le dire, mais au fond, cela t’arrange bien que je prépare tout, tout le temps, que je balise le terrain, que tu n’aies plus qu’à arriver, en conquérant, et à faire le beau pour que tout te tombe dans la poche. Des années que j’essaie de me faire une place, de gagner la possibilité de… faire les choses par moi-même, de A à Z. Va te faire foutre, Malfoy, j’en ai marre. 

*.*.*.*

Il était trempé. Chaque couche de ses vêtements avait absorbé la pluie, comme avide de plus d’humidité, si bien qu’il lui semblait que même sa peau était gorgée d’eau. La peau fine du bout de ses doigts était fripée, comme au sortir du bain, de même que ses orteils. La boue, elle, s’était fait un chemin jusque dans ses chaussures, jusque dans ses sous-vêtements, à tel point que c’en était presque risible.

L’entrainement avait été long, fastidieux. Ses poumons avaient hurlé du manque d’oxygène, lui donnant la sensation de lames de rasoir le long de sa gorge, de sa trachée ; la cigarette, la diminution de son rythme d’activité sportive ne pardonnaient pas, et s’il avait pensé passer à travers les mailles du filet, il était maintenant fixé : tout talentueux qu’il fut, Harry Potter n’en était pas moins un humain comme un autre, soumis aux dures lois de la nature.

Si la douleur, l’essoufflement étaient le prix à payer, le plaisir n’en était pas moins intense.

Libre. Fort. Puissant. Ces sensations qu’il n’avait pas le reste du temps, dont il se privait, ou auxquelles il n’avait juste pas accès au quotidien, il les retrouvait sur le stade. Il n’était qu’un jour parmi les autres, mais il était un maillon indispensable dans une chaîne qui se devait de garder une forme d’équilibre si elle voulait être fonctionnelle. Optimale. Entouré de ses coéquipiers, il était à la fois important et dispensable, nécessaire et insuffisant. Qu’il ait le ballon ovale dans les mains, ou qu’il se jette dans la mêlée, son corps tout entier, dans ces moments, bouillonnait d’une excitation, d’une fièvre qui lui hurlait « tu es vivant ». Dans les jours suivants, les courbatures, les traces de coups, les bleus, les griffures et les égratignures maintenaient cette sensation jusqu’à ce que, lentement, mais irrémédiablement, elles s’effacent et qu’il n’ait d’autre possibilité que de se rendre à l’entrainement.

Pour se sentir vivant.

— Tu devrais venir plus souvent, Harry, lui dit Lee, qui se lavait sous le jet d’eau chaude juste à côté de lui.

— C’est vrai, ça, approuva Neville, sous le jet voisin.

— J’essaierai, marmonna Harry alors qu’il faisait mousser son shampoing sous ses doigts.

— Tu dis ça à chaque fois, mais tu ne viens pratiquement plus, fit remarquer Neville d’un ton docte.

Harry lui jeta un regard de travers, qui n’eut d’autre effet que de déclencher un petit rire gêné chez le jeune homme, qui haussa les épaules. Sa bouille pouponne, même alors qu’il approchait tranquillement de la trentaine, lui conférait un air rêveur qui en disait long sur son caractère. D’un naturel doux et calme, il était un atout non négligeable sur le terrain, de ces joueurs dont on ne se méfie pas et qui savent en tirer parti.

Dans les vestiaires comme sur le terrain, il créait souvent, sans toujours le vouloir, l’effet de surprise.

— Je vais essayer, Neville. Je ne peux pas faire mieux.

— Qu’est-ce que tu fais de passionnant qui justifie que tu ne passes pas plus de temps avec nous sur le terrain ? Deux soirs par semaine, c’est tout ce qu’on te demande.

— Je travaille, le soir.

— Jusqu’à quelle heure ? demanda Lee sur le ton de celui qui est décidé à avoir le dernier mot.

— 21h.

— L’entraînement est à 21h30 la semaine pour nous, clama Lee dans un sourire immense.

Harry projeta de la mousse sur son ami, se retenant de rire de bon cœur. Il y avait quelque chose de résolument simple dans le rugby, et les moments qui suivaient.

— Ok… En même temps, vu le niveau de l’équipe, ça ne vous ferait pas de mal que je revienne, s’amusa Harry.

Il empoigna sa serviette, avec laquelle il essuya ses cheveux, puis qu’il noua autour de sa taille.

— Ooooh, les mecs, Potter fait de l’humour !

Les rires fusèrent dans les vestiaires, et son cœur fit ce que fait n’importe quel cœur de n’importe quel homme dans ces situations : il se gonfla de bonheur, cette joie simple et innocente des petits garçons qui, à un moment donné, sont devenus des hommes qui n’ont pas connaissance ni compréhension de tout, qui ne savent pas, qui ne maîtrisent pas tout, mais qui, parce que cela fait partie des codes auxquels on se plie lorsqu’on fait partie de la société, prétendent être tout puissants.

Ces moments étaient précieux, aussi Lee et Neville avaient-ils raison : il se devait de prendre le temps d’être présent, plus souvent, et de s’accorder, ne serait-ce que quelques heures par jour, l’occasion de fuir, de ne plus penser. Juste courir sous la pluie, se jeter dans la boue sous prétexte que cela fait partie du jeu, laisser tomber les barrières, inhibitions, ne plus rien sentir que la brûlure de l’oxygène qui se fraie tant bien que mal un passage à travers des bronches abîmées par la nicotine, par l’âge adulte, par le quotidien et par les mensonges pieux qui s’accumulent et ne sont plus finalement qu’une couche de vernis sur une vérité qu’il n’est plus possible de regarder en face.

— Je sais que c’est difficile pour toi, dit Neville en s’approchant de lui, alors que Harry fumait sa cigarette à l’extérieur du stade.

Les cheveux encore humides, son regard vert contrastait étrangement dans la pénombre.

— De quoi parles-tu, Nev ?

— De Ron. Il nous manque à tous, mais je sais que c’est pire pour toi. Je sais aussi que c’est pour ça que tu ne viens plus…

Harry hocha la tête, silencieux. La fumée lui brûla la gorge alors qu’il l’aspirait, longuement. La recracher ne le soulagea pas.

— Je suis allé le voir la semaine dernière, poursuivi Neville. J’y vais régulièrement… J’essaie. Mes parents sont dans un service voisin, alors… C’est sur ma route.

— Tu continues à aller voir tes parents ?

— J’ai… Mes périodes. Parfois, je suis incapable d’y mettre les pieds pendant des semaines. J’ai le sentiment que ça ne sert à rien, qu’ils sont incapables de me voir, de m’entendre, de se souvenir, de toute façon. Les médecins disent qu’ils sont conscients, tu vois ? Qu’ils se rendent compte, à leur façon. Mais ils ne réagissent pas. Ça me rend… Furieux.

— Toi ? Neville Londubat, furieux ?

— Ouais… J’ai envie de les secouer… Enfin, ça m’est arrivé d’avoir besoin de les secouer, de provoquer une réaction. Quelque chose, n’importe quoi, qui me fasse savoir que ça sert à quelque chose. Que ma présence n’est pas inutile. Mais ça ne servirait à rien, je le sais. Alors il m’arrive de ne pas leur rendre visite. À un moment donné, ça me manque. Ils me manquent. C’est comme… Visiter une tombe, j’imagine. Ça m’aide à exorciser, à dire ce que j’ai sur le cœur, ce que je ne peux dire à personne, sauf à mes parents, parce que, qu’ils soient conscients ou pas, je sais qu’ils ne me jugeront pas. C’est mieux que rien.

— Ca fait des mois que je n’ai pas vu Ron.

— Tu te sens coupable ?

— Oui… Je crois.

Neville sembla sur le point de poser une main sur l’épaule de Harry, mais se ravisa.

— Un jour tu ressentiras le besoin d’y retourner. Prends le temps qu’il te faut, ne culpabilise pas, il ne s’en rend pas compte, et dans ta relation avec lui, il n’y a que deux personnes qui comptent : lui, et toi.

— C’est mon meilleur ami…

— Et alors ? Tu ne vas pas le voir parce que tu te moques de lui, mais parce que c’est trop difficile. Tu as soutenu Hermione, pendant des mois, des années, tu as été présent pour les Weasley, tu as aidé Ginny à lancer son affaire, mais qui était là, pour toi, pendant tout ce temps ? Qui t’a soutenu, toi ?

— Nev…

— Je sais ce que tu vas me dire : tu n’as laissé personne te soutenir. C’est vrai, et certains d’entre nous gardons une certaine amertume à ce sujet. Mais il est temps que tu penses à toi…

Harry souffla sa fumée, les yeux levés vers le ciel. Avec Neville, les discussions étaient simples, évidentes. Fluides. Le jeune homme savait mettre les mots sur ce qu’il ressentait, avec une sensibilité dont ni Hermione, ni Ginny n’étaient capables.

— J’essaie.

— Ça ne suffit pas. Tu essaies de penser à toi comme tu essaies de venir plus souvent au rugby : tu préfères prétendre essayer et échouer, que véritablement prendre le risque.

— Merci pour l’analyse…

Neville eut le bon goût de sembler gêné.

— Je sais que c’est difficile pour toi.

— Et si je ne vais pas le voir ? Si je n’y vais plus, jamais ? demanda Harry en écrasant son mégot du bout de sa chaussure, faisant crisser les gravillons.

— Tu prends le risque de ne plus pouvoir te le pardonner. Un jour, tu te regarderas dans ton miroir, et tu n’y reconnaîtras pas l’homme que tu y vois, parce que cet homme n’aura pas été là pour son meilleur ami alors que…

— Alors que quoi ? Qu’il a besoin de moi ? Il est mort.

— Non, justement. Il n’est pas mort.

— Des machines le maintiennent en vie. Il n’a plus de vie propre, il n’a plus de conscience, il n’a plus de volonté, il n’a plus d’espoir. Il n’a plus rien.

— Et tu ne supportes pas de le voir comme ça… Harry…, murmura Neville, posant cette fois sa main sur l’épaule de son ami, je suis désolé. Quoi que tu décides, personne ne te jugera.

— Merci.

— Par contre, concernant le rugby, toute l’équipe te jugera. Crois-moi, tu n’as pas envie que cette bande de sauvages te juge.

— Tu en fais partie, et tu es sans doute bien plus sauvage que nous tous réunis.

— À ceci près que toi, contrairement à eux, tu caches bien ton jeu, sourit franchement le chef.

*.*.*.*

« Viens en Australie. »

« Pardon ? »

« Viens en Australie. »

« Tu te fous de moi ? »

« Potter, je n’ai pas que ça à foutre. »

« Je ne comprends pas. »

« Comme souvent visiblement. »

« Pourquoi ? »

« La bouffe est délicieuse, les paysages sont superbes, il fait une chaleur insupportable, je suis sûr que ça te plairait. »

« J’ai un métier. »

*.*.*.*

— Votre saumon en croûte, monsieur.

Le serveur déposa diligemment son assiette devant Draco, et s’éclipsa. Le plat était élégant, raffiné, même, mais n’avait aucune originalité. Le saumon, dans sa croûte de pâte feuilletée, avec son oseille, délicate et légèrement acidulée, était un classique dont Draco savait qu’il ne constituait pas une prise de risque. L’anglais, quoi qu’amateur de bonne nourriture, était souvent réfractaire aux nouvelles choses… et le mélange d’influences de la gastronomie australienne n’était pas pour le rassurer.

— Alors, Draco, que pensez-vous de notre beau pays ?

Le client, Arnold Beaumont, n’avait de français que son son patronyme. Tout en lui trahissait la fortune construite sur le tard, après une vie entière au contact d’une frange de la population de laquelle Draco préférait se tenir éloigné. Son ventre proéminent, la couperose sur ses joues et le bout de son nez, ses cheveux rares et ses dents, jaunes et tordues, comme plantées au hasard sur une gencive peu accueillante, témoignait d’années d’excès en tout genre. Même les manières de l’homme étaient saugrenues, malvenues, à des années-lumière de l’élégance à britannique un peu guindée dans laquelle Draco avait baigné sa vie entière.

Face à lui, le blond déployait des quantités de patience dont il n’aurait pas imaginé qu’il les possédait. Sans Pansy, les efforts à fournir étaient forcément plus important. Elle était partie sans un mot, l’avait laissé avec une liste de contact, les billets d’avion déjà bookés, et s’était évaporée, tout simplement. Jamais elle ne s’était attendu à ce qu’il l’appelle, à ce qu’il la rattrape ou lui demande de revenir : ils se connaissaient suffisamment bien, l’un comme l’autre, pour deviner que Draco n’était pas de ces personnes qui revenaient sur leurs paroles. Même lorsqu’ils avaient clairement foiré.

— Disons que la pluie anglaise me manque, avoua Draco en portant une bouchée de saumon à sa bouche.

Le poisson était un peu trop sec, l’oseille trop citronnée, ce qui en gâchait le goût. Tout compte fait, opter pour un plat local aurait peut-être permis d’éviter le massacre de ce qui était pourtant supposé être un classique.

— Le ciel anglais est si gris ! Je ne sais pas comment vous faites, vous, britanniques, pour ne pas juste passer votre temps à grogner et à déprimer.

— Nous passons notre temps à grogner, souligna Draco avant de retirer quelques miettes de pâte feuilletée sur ses lèvres, du bout de la langue.

L’homme lâcha un rire tonitruant. Face à lui, Draco se contenta de porter une nouvelle fourchette à sa bouche. Faire la conversation était un passage obligé.

— Les paysages sont étonnants… poursuivit-il, l’air de rien. Nous n’avons rien de tel, même s’il existe une certaine variété des reliefs qui peut donner le sentiment, à quelques kilomètres de distance seulement, d’être sur deux continents différents.

— Vous êtes beaucoup plus… Chics que nous. Raffinés, même. La classe à l’anglaise, s’exclama l’australien, agitant ses mains dans de grands gestes qui attirèrent les regards des autres clients.

Narcissa Malfoy aurait manqué de s’évanouir, pensa Draco alors que l’alcool sirupeux de son vin réveillait doucement sa gorge. Le choix du nectar, aussi délicieux qu’il fut, n’était pas du tout avisé, offrant un décalage étonnant entre le gras du saumon, l’acide de l’oseille, la générosité de la pâte, et l’épaisseur, le sucre de ce vin qui n’avait rien de la tenue exceptionnelle des vins français auxquels l’artiste était habitué.

Nous sommes dignes, pensa-t-il. Ses lèvres le chatouillaient de former ces mots qui auraient condamné toute chance de poursuivre l’entretien dans de bonnes conditions. Aussi se contenta-t-il d’afficher l’un de ces sourires indolents pour lesquels se clients étaient prêts à se damner. Personne ne s’y trompait : l’honneur appartenait à ceux qui avaient la chance de voir Draco Malfoy accepter de travailler pour eux.

— D’après ce que j’ai compris, les tableaux que vous recherchez ont été dérobés pendant la seconde guerre mondiale par les nazis, énonça-t-il, ralentissant volontairement son débit.

C’était tout à fait basique, mais très efficace : il n’y avait pas de meilleur moyen pour attirer l’attention. Son regard, gris et captivant, se faisait plus doux, plus accrocheur, velours auquel bien peu de personnes résistaient. Tous les enseignements de sa mère resurgissaient dans cette version charmante et sensuelle de Draco ; ses lèvres n’étaient plus pincées, ses sourcils ne se fronçaient pas plus qu’ils ne se haussaient dans une mimique ouvertement moqueuse, et son timbre de voix était celui d’un dandy charmeur. Il ne s’épargnait aucun effort.

Pansy avait beau attirer les clients et les convaincre de les rencontrer, c’est Draco qui ferrait le poisson et le condamnait à une fascination proche de celle qu’ils éprouvaient pour leurs œuvres d’art disparues.

— Les tableaux ont été volés, oui. De ce que je sais, et je pense que vous en êtes venu aux mêmes conclusions que moi, il y’a de fortes chances qu’ils soient maintenant en Argentine. C’est là-bas que bon nombre d’anciens officiers nazis d’importances ont fui après la seconde guerre mondiale. L’amérique du sud est l’un des principaux réseaux d’exfiltration nazie, et c’est en Argentine que l’on a retrouvé la trace de la plupart d’entre eux, même si le Brésil, le Paraguay ou le Chili sont aussi connus pour avoir cachés, bien malgré eux, à la fuite de ces monstres.

— Tout comme le Moyen-Orient, les Etats-Unis et le Canada, releva Draco.

— Je n’y crois pas vraiment. Peut-être éventuellement l’Egypte, mais mes recherches me laissent penser que les Etats-Unis et le Canada sont disqualifiés.

— J’aimerais voir l’ensemble des résultats de vos recherches.

— Je croyais que vous alliez en mener vous-même.

— Oui, c’est le cas, mais étant donné le prix que vous me payez, il me semble plus cohérent de tenir compte de ce qui a déjà été fait. Sinon, je peux aussi vous facturer mes voyages au Brésil, au Paraguay, au Chili, en Argentine et en Egypte. Les résultats ne seront pas garantis, vous perdrez du temps et de l’argent, mais j’aurais voyagé et très probablement noué d’autres contacts professionnels plus intéressants que vous ne l’êtes, expliqua Draco d’un ton doucereux.

— Doucement jeune homme, le tempéra Beaumont en levant les mains dans un geste apaisant. Vos conditions seront les miennes.

— Parfait.

*.*.*.*

La pénombre semblait s’être accrochée à chaque centimètre carré de la pièce.

Le noir, partout, s’était étalé, épais, dense et collant. La lumière n’avait pas caressé l’endroit de ses rayons depuis si longtemps que l’obscurité avait juste repris ses droits, obsédante, envahissante. Les volets, fermés, et les rideaux, tirés sur la porte fenêtre, étouffaient toute tentative du jour de s’infiltrer dans cette glue sombre digne des fonds marins les plus profonds.

Dans un coin de la pièce, on découvrait à tâtons un lit dont les draps, les oreillers et la couette avaient tant été faits et défaits, remués et tordus, tirés et repoussés qu’ils n’avaient plus de forme propre. Ils n’étaient plus que nœuds à l’odeur douteuse, et portaient sur eux le désespoir, la colère et la peine de leur propriétaire. Ce n’était plus tout à fait un lit, à vrai dire, à peine un espace dédié à un sommeil qui depuis longtemps avait cessé d’être réparateur. Le temps ne s’écoulait plus normalement, en témoignait le radio-réveil dont les chiffres lumineux, d’un rouge inquiétant, clignotaient faiblement, comme sur le point de s’éteindre définitivement.

L’atmosphère, pesante, avait avalé tout ce qui dans ce lieu avait un jour paru normal, toute trace de vie humaine saine. Un bureau, probablement acheté lors de l’adolescence, avait autrefois accueilli livre, classeurs et dossiers divers, pots à crayons et objets épars abandonnés là à défaut de les ranger à leur place. Ces objets, porteurs d’une vie, d’une activité de personne adulte, traînaient maintenant au sol, piétinés régulièrement par une personne pour qui ils n’avaient plus d’intérêt. Le geste qui avait précipité leur chute était aisé à imaginer ; sans doute le bureau avait-il été balayé d’un geste plein de colère, de rage, peut-être même de haine, et les objets avaient-ils volé à travers la petite pièce, rencontrant prématurément leur nouvelle place : le sol.

Un peu partout, les pieds du visiteur étaient susceptibles de rencontrer des étoffes roulées en boule, pulls, jeans et chaussettes dont la propreté était difficilement évaluable. À en juger l’odeur que la pièce dégageait, cependant, leur fraicheur était plus que compromise.

Ce n’était plus une chambre ; c’était une grotte, le trou de souris d’une personne qui, dans son désespoir, avait préféré se retirer, n’avait pas eu d’autre choix que de se planquer, se terrer au fond de son trou, de sa planque de personne détruite dont le courage s’était évanoui en même temps que ses espoirs avortés de bonheur.

La femme qui avait ouvert la porte, dans un craquement sonore et inquiétant, poussa un juron.

Helen Crivey était une femme chez qui tout trahissait une forme de fragilité inquiétante, presque maladive. Son teint pâle, ses cheveux blonds, rares et ternes, ses petits yeux larmoyants, et sa posture, retirée et hésitante, lui conféraient une allure frêle. Quoi qu’il fît, elle paraissait sur le point de s’écrouler sous le poids d’une vie trop difficile à porter pour ses épaules tombantes.

Sa main tâtonna sur le mur, à la recherche de l’interrupteur. Elle finit par le trouver, et la lumière, tremblotante et trop jaune, inonda la chambre de son fils ainé, Colin. Elle poussa un profond soupir ; il n’y avait qu’en son absence qu’elle pouvait entrer dans la pièce, le jeune homme préférant rester seul le reste du temps. Il y passait des heures à faire elle ne savait trop quoi, marmonnant, pleurant parfois si fort qu’elle l’entendait à travers la porte. Bien sûr, son cœur de mère tremblait alors, mais le pire restait l’impuissance à laquelle il la condamnait : depuis qu’il lui avait annoncé sa rupture avec Harry, elle devait lutter pour obtenir un mot, un regard, un soupir, même, lui indiquant l’état d’esprit de son fils.

Helen Crivey n’avait jamais vu d’un bon œil la relation de Colin avec cet homme trop charmant, trop drôle, trop imposant, trop vivant.

D’aussi loin qu’elle se souvienne, Colin avait toujours été un petit garçon, puis un jeune homme effacé. Il n’élevait jamais le ton, évitait les disputes à tout prix, préférait reconnaître des tords qui n’étaient pas les siens que de provoquer des conflits, même justifiés. Il avait fait ce qu’on attendait de lui, passé des examens qui ne l’intéressaient pas mais qu’on lui avait vivement conseillés, avait fait les efforts minimums pour s’en sortir, et s’était fondu dans la masse grouillante et rassurante de la norme. C’était un garçon moyen qui n’avait pas l’ambition de devenir autre chose, qui n’avait jamais émis le souhait de devenir quelqu’un.

Cependant, Helen Crivey avait remarqué chez son fils des tendances inquiétantes, et ce dès son plus jeune âge. Il était obsessionnel. Il se passionnait pour des choses, des personnes, des objets, mêmes, desquels il ne parvenait ensuite pas à se détacher… Jusqu’à ce qu’une autre obsession prenne naissance dans son cerveau torturé.

Il y avait eu, lorsqu’il était encore enfant, sa passion dévorante pour la pâte à modeler. Helen était ravie qu’il s’intéresse à une activité manuelle, lui qui était si maladroit. Elle lui avait acheté de la pâte de toutes les couleurs, de toutes les textures, testant les nouvelles gammes, les accessoires les plus fantaisistes, et l’avait accompagné dans son obsession. Elle qui n’avait que peu de revenus, était logiquement ravie que l’intérêt de son fils, habituellement si renfermé, se soit fixé sur une activité peu coûteuse et largement accessible à leurs maigres moyens.

Son obsession n’était apparue à sa mère que lorsque l’enseignante de son fils l’avait contactée, lui expliquant, sur le ton de ceux qui savent mieux que vous comment élever votre enfant, qu’il était anormal qu’il refuse de se séparer de ses pots de pâte, et ce quelle que soit l’activité en cours. Helen avait eu droit à tous les détails : les hurlements de Colin lorsqu’il avait fallu laisser ses pots de côté pour aller à la piscine, ses colères lorsqu’on avait tenté de lui expliquer qu’il n’en avait besoin ni pour aller aux toilettes, ni pour sa sieste, ni au moment de passer à table. On ne lui avait pas épargné non plus les détails de son agressivité lorsque ses petits camarades avaient voulu jouer avec lui.

L’humiliation avait été si vive que Helen avait jeté jusqu’au dernier pot de pâte, ignorant les pleurs, les supplications, les cris de son fils, son petit corps qu’il avait cogné contre les meubles, roulé au sol.

Ça n’avait été que la première d’une longue liste d’obsession et de fascinations diverses qui avaient toutes ceci en commun que Colin n’avait pas de limites.

Aussi, lorsque le jeune homme, si heureux que ses joues s’étaient durablement teinté de ce qui, en temps normal, aurait pu passer pour une adorable teinte rosée, avait présenté Harry à sa mère, cette dernière avait immédiatement compris deux choses : le chef finirait par quitter son fils, et les conséquences sur la santé mentale de celui-ci seraient pires que tout ce qu’il avait connu… et lui avait fait subir.

Pendant des mois, elle avait vécu dans une attente anxieuse d’un jour qui ne pouvait qu’arriver. Il suffisait de voir Harry. L’homme était ambitieux, dégageait un charme tranquille qui séduisait immanquablement la plupart des personnes qu’il rencontrait. Il était drôle, spirituel, semblait à l’aise en société, dégageait une forme de pureté, de naïveté, presque, qui se retrouvait dans une maladresse sauvage, animale, qui était plus séduisante qu’exaspérante. Il se cognait à un meuble ? Tout le monde trouvait cela attendrissant, jusque dans ses jurons. Il était passionné, dans tout ce qu’il faisait : la cuisine, le rugby, la musique…

Tout ? Non. Pas Colin.

Helen n’était pas aveugle : Harry n’avait jamais été passionné par Colin comme Colin l’était par lui. Il n’avait jamais parlé de Colin, ou regardé Colin avec cette étincelle dans le regard qu’il avait lorsqu’il parlait de Hermione, ou de Ron, de Ginny, des Weasley, ni même de rugby ou de cuisine. Tout juste était-il poli, attentif, mais d’une manière qui semblait forcée, singée, même, qui mettait Helen mal à l’aise plus qu’autre chose.

Colin ne voyait rien. Il avait emménagé chez Harry, expliquant à sa mère que c’était le grand amour, qu’ils allaient certainement se marier, déménager, avoir des enfants, mais pas de chien (auxquels il était allergique — formulation élégante pour dire qu’en réalité, il en avait une peur bleue). Il flottait sur un nuage de bonheur, d’euphorie, à tel point qu’il en était parfois inquiétant, trop excité, trop heureux, trop enthousiaste.

Mais Helen n’avait rien dit, parce que Helen était cette femme convaincue qu’elle était impuissante, que son seul pouvoir était sa bienveillance.

Helen avait juste attendu que l’histoire prenne fin, conscience qu’à ce moment, il lui faudrait ramasser Colin à la petite cuillère.

Ce jour était arrivé.

Et Colin l’avait entraînée dans son enfer.

*.*.*.*

Harry l’avait prévenu : il serait en retard.

C’était une constante chez ce gamin depuis son plus jeune âge. Déjà, lorsqu’il était supposé l’emmener à l’école, quand Lily et James travaillaient et ne voulaient pas réveiller le garçonnet trop tôt pour l’emmener chez une nourrice qui serait de toute façon bien moins fun que Sirius, le faire se lever, se laver, s’habiller et déjeuner dans les temps relevait du quadrathlon*. Avec les années, les choses n’avaient guère changé, sauf lorsque Harry travaillait. C’était peu ou prou le seul moment où il parvenait à être à l’heure (et l’effort lui en coûtait, il suffisait dans ces cas-là la rougeur de ses joues et le record de désordre dans ses cheveux).

Mais il aimait ce gamin, c’était plus fort que lui.

Il l’aimait depuis qu’il l’avait vu, minuscule et fragile, ses yeux déjà d’un vert profond tel qu’il n’en avait jamais vu, même dans le regard de Lily, ses cheveux déjà noirs, déjà drus, ses petits poings qui se serraient autour de son auriculaire comme si sa vie en dépendait. Il n’avait eu de cesse de l’aimer, ce petit garçon minuscule dont les pleurs le réveillaient pourtant au milieu de la nuit, à l’époque où il vivait chez les Potter, et où il se levait pour lui donner son biberon, surpris parfois par Lily ou James qui se contentaient de sourire et de retourner se coucher.

Il l’avait aimé plus encore lorsqu’il avait fait ses premiers pas, qu’il avait baragouiné son prénom avec la même ferveur que lorsqu’il avait dit « maman » ou « papa », lorsqu’il avait couru vers lui, à la sortie de l’école, sans même s’offusquer de l’absence de sa maman, qui avait autorisé Sirius à lui faire cette surprise. Il avait aimé son rire, qui s’était transformé avec les années, d’enfantin à adolescent, incertain, avant de devenir celui, habité, d’un adulte qu’en plus d’aimer de toutes ses forces, il respectait profondément.

Il avait aimé ses premiers doutes, sa voix hésitante lorsqu’il lisait ses premiers mots, les lettres tremblotantes de son prénom sur la toute première carte de vœux qu’il lui avait offerte, il avait été jusqu’à aimer sa stupide crise d’adolescence, quand il n’était plus en accord avec rien ni personne, quand il prenait un malin plaisir à provoquer son père, à ignorer sa mère, et quand lui, Sirius, était son seul repère, complice de toujours d’un petit garçon qui avait grandi dans un foyer qui l’aimait si fort qu’il l’en avait parfois étouffé.

Encore aujourd’hui, alors que Harry traversait une phase de « petit con prétentieux », s’il fallait en croire James Potter, dont la particularité était, entre autres choses, d’être le petit con prétentieux en chef, tant dans sa famille que dans son entourage, Sirius l’aimait, et le soutenait, plus que jamais. C’est pour cette raison, mu par un doute, une intuition, un frisson lorsqu’il l’avait laissé dans son appartement, quelques jours auparavant, après trop de bières, de discussions à cœurs ouverts et de conseils malavisés de la part d’un parrain dont la vie personnelle ressemblait au désert de Gobi, que Sirius avait décidé de rester à Londres.

Avoir une maison en plein cœur de Londres, square Grimmaurd, était un atout non négligeable : il pouvait garder un œil sur Harry, faire évoluer son activité professionnelle, et retrouver une vie plus stable. L’itinérance était un choix, et l’avait toujours été, mais Sirius n’avait plus exactement vingt ans, et aussi douloureuse que fut cette découverte, elle n’en était pas moins irréversible.

Harry faisait figure d’excuse. Une très belle, et très noble excuse, mais une excuse tout de même.

Bref, Harry était effectivement en retard, mais il avait invité Sirius à utiliser la clé qu’il possédait de son appartement, aussi était-il arrivé un peu avant l’heure prévue.

Il n’était pas un grand cuisinier, et ne comprenait pas très bien d’où venait le goût de son neveu pour cette activité à laquelle il préférait, pour sa part, les commandes aux traiteurs du coin. Mais Harry s’épanouissait dans sa cuisine, et si cela impliquait qu’il restât un peu plus tard que prévu dans ses cuisines, alors… Il pouvait bien le supporter.

Sirius comprit immédiatement que quelque chose n’allait pas, lorsqu’il poussa la porte d’entrée. Il y’avait une lourdeur dans l’atmosphère, quelque chose qui, inexplicablement, le suffoqua presque instantanément. Il n’eut pas le temps de faire un pas dans l’appartement que déjà, il était soufflé par l’explosion.

Sirius Black avait toujours aimé Harry Potter.

Y compris lorsqu’il mourut à sa place. 

 
 
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