Chapitre II - La méthode Zack Fair : "Va voir Hadès si j'y suis"

Cloud avait le désir violent d'embrasser la terre ferme s'il avait été seul tant le trajet lui avait parut insupportable dans tous les sens du terme. Il descendit du cargo vers les derniers, prenant le soin de laisser loin devant lui les bandes de Djess et de Vayne. Il se remit à penser avec amertume à Zack qui l'avait laissé une fois de plus tout seul pour rejoindre ses sois-disant amis du SOLDAT et alla chercher son sac dans la soute à bagages. Ceci fait, il le mit en bandoulière et partit rejoindre les autres membres de son groupe, à quelques mètres loin d'eux ceci dit. Devant lui, Zack riait de plus belle aux côtés du roux et de deux autres hommes.

Je ne suis qu'un idiot…

Si le blond avait le choix de ne pas avoir à les suivre gentiment comme un mouton, il serait probablement partit seul de son côté sans aucun remord. Mais les bungalows qui leurs avaient été accordés n'étaient qu'une résidence à chambres multiples et il n'y avait pas trente-six milles façons d'y accéder. Et lui-même d'ailleurs ne savait aucunement pas où cette fichue résidence pouvait se trouver. D'où la contrainte de les suivre et surtout, de le suivre, lui. Des congés offerts par la Shin-Ra, c'était une chose qu'il fallait noter dans le calendrier. Par petits lots, une dizaine d'hommes plus ou moins pour éviter un sous-effectif soudain, tous les membres de leur armée hormis les recrues de moins de trois mois partaient hors de Midgar pour une semaine de repos. Bien sûr, afin de les contrôler jusqu'au bout, il était inutile de préciser que leur destination était imposé et là où ils logeaient appartenait à la compagnie… "Redonner de la bonne humeur aux troupes" avait été leur argument. Et bien que léger et trop subjectif pour venir de la Shin-Ra, ça n'avait tout de même pas été refusé par personne.

"Aerith ? Pour sûr que je la connais. Cette fille est un ange."

"Eh, qui est-ce qui ne serait pas un ange pour un charmeur comme lui ! "Zack, le dragueur fou du secteur sept", hmm, ça sonne bien !"

"Pourquoi n'essaye-tu pas le secteur six, Zax ? Là où les filles piquent comme des abeilles…"

"Idiot. Tu as entendu mon surnom ? C'est pas "Zack le bourdon"…"

Tout comme pour le sort d'Aphasie, Cloud se demanda soudainement pourquoi personne n'avait pensé à faire un sort de surdité pour ne pas à avoir à entendre des bêtises pareilles. Et entendre l'association des mots "filles" et "Zack" le mettait d'autant plus mal à l'aise. Tout le monde connaissait sa tendance masculine à vouloir charmer les belles jeunes filles qu'il croisait, ce qui d'ailleurs le mettait hors de lui quand il y réfléchissait d'avantage. Un grand "Pourquoi" s'était mis à clignoter tel une pancarte lumineuse dans sa tête à la Gold Saucer. Il n'avait jamais pensé avoir une telle possessivité avec un ami, encore moins envers la gente féminine, et cela venait presque à l'en effrayer.

Qu'il aille draguer où il veut, qu'il soit le grand ami de qui il veut, je m'en contrefiche.

Pourtant, son visage n'en fut pas moins triste. Alors qu'il continuait à marcher, il voyait autour de lui les touristes et les habitants de l'ardente ville en perpétuel mouvement qu'était Costa Del Sol qui les regardaient passer avec une certaine curiosité mêlée à de l'inquiétude. Alors que certains restaient stupéfaits voire même émerveillés de voir ces soldats d'élite, d'autres au contraire prenaient leur présence comme un signe du diable : voir autant de SOLDAT ensembles ne présageait en temps normal rien de bon. Toujours était-il que Cloud n'aimait définitivement pas attirer l'attention sur lui ou son groupe.

Alors qu'il continuait son chemin en remontant au passage son grand sac qui était retombé de son épaule, il se fit rejoindre à toutes jambes par un jeune homme essoufflé au bras gauche rougit par l'effort de transporter son sac aussi vite. Le blond tourna distraitement la tête vers lui. A première vue, il avait l'air d'avoir le même âge que lui et ses cheveux courts qui tombaient en mèches devant son visage étaient d'un blond plus foncé que lui. Rassuré de ne plus être le dernier, le retardataire eut un sourire gêné.

"Je crois bien que nous sommes tous les deux les plus jeunes du groupe !" lança t-il avec gaieté.

"Sans doute" répondit sans émotion Cloud.

"C'est même sûr, tous les autres sont déjà de seconde classe ou ont dix-huit ans minimum. Enfin, on n'a pas finit d'avoir Vayne sur le dos… C'est vraiment de la malchance que tu as eu, dans le bateau."

"Les nouvelles vont vites à ce que je vois."

"Assez oui. Il faut dire que nous ne sommes pas beaucoup !"

Cloud ne répondit pas. Être un groupe de neuf personnes en s'incluant était déjà énorme pour lui.

"Au fait, dis moi…"

"Qu'est-ce qu'il y a ?" s'impatienta t-il.

"Toi et Zack…"

Une vague de frisson malgré la température de saison de Costa l'envahit à l'entente d'un quelconque lien entre lui et son ami qui l'ignorait on ne pouvait mieux depuis qu'il l'avait laissé seul dans le cargo. Quelle ânerie avait-on bien pu encore dire sur eux ?

"Quoi ?" demanda t-il avec un léger agacement.

"Tu vois, avec toutes les rumeurs délirantes qui courent sur votre sujet, eh bien je ne sais plus trop quoi et qui croire et… Oh, ça ne changera pas ma vie mais… Vous deux… vous êtes…"

"Amis, rien de plus" acheva Cloud d'un ton sec.

A peine eut-il finit sa phrase que devant, le grand homme aux cheveux bruns hirsutes s'était arrêté subitement. Il se retourna alors vers les deux adolescents qui le regardaient avec une grande méfiance et un petit rire malveillant de sa part se fit entendre. A peine plus loin, la troupe de l'homme aux cheveux noirs corbeau s'arrêta à son tour, surprise de n'entendre aucun mouvement derrière elle et tous se retournèrent également, curieux de savoir ce qui empêchait les autres de progresser. Lorsqu'ils s'aperçurent que le grand brun était au centre du problème, des soupirs d'exaspérations fusèrent. Zack quant à lui observait silencieusement la scène, l'irritation au sang. Vayne ne l'avait donc pas assez embêté aujourd'hui ?

"Alors, les mauviettes ? C'est quoi ces messes basses de petites filles ?" les provoqua le brun. "Bah, venant de vous, c'est pas si étonnant quand on y réfléchit…"

"Content de voir que tu y arrives, à réfléchir."

Du tac au tac et d'une voix bien lasse, Cloud n'avait pas…réfléchit une seule seconde à ce qu'il venait de dire et qui signait prématurément son arrêt de mort. Ce qui le dérangeait d'autant plus, c'était tous ces regards de crainte et d'admiration tournés vers lui. Djess, lui, semblait plutôt impressionné et s'était penché vers l'oreille à Zack pour lui murmurer avec un vif enthousiasme :

"Tu ne m'avais pas dit qu'il pouvait avoir de la répartie, ton blondinet."

Le brun haussa les épaules en levant un sourcil vers lui. Qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire, que Cloud en ait ou pas ? Et quelle utilité de faire une remarque aussi intelligente avec une situation pareille ? Les pensées de Zack étaient partagées entre un "Bien joué, Cloud" et un "Tu n'aurais pas dû dire ça". Il s'avança inconsciemment de quelques centimètres.

"Héhéhé…" Vayne parut enfin comprendre. "Hein, attends, répètes un peu pour voir, tapette ?!"

Ceci étant dit, il ne lui laissa pas même le temps de lui répondre qu'il s'était déjà rapproché dangereusement de lui d'une allure menaçante, les traits de son visage froncés, lorsque promptement la nouvelle connaissance du jeune Strife s'interposa et se plaça devant ce dernier. Malgré ses quelques tremblements, il avait un air déterminé et avait écarté les bras comme un signe de protection. Vayne, médusé, arrêta son poing qui avait commencé à fendre l'air. De son côté, une onde de jalousie s'était emparée de Zack en voyant ce mioche qui défendait son Cloud. Une jalousie qui se transforma bien vite en remise en question. Pourquoi n'était-ce pas lui qui le défendait ?

"Fous lui la paix" dit l'intervenant, résolu.

Cloud le regardait avec des yeux ébahis. Jamais il ne se serait attendu à un tel geste de sa part, lui qui venait à peine de le connaître.

"Sinon quoi ?" le nargua Vayne.

Il ne se soucia pas du misérable obstacle que représentait le jeune homme aussi il le poussa avec un rictus mesquin aux lèvres aussi facilement qu'on pousserait une feuille de papier. Le jeune tomba mollement sur le sol mais Cloud malgré tout ne cilla pas ni ne recula. Il sentait la colère, un sentiment d'injustice monter en lui et se contentait de la contenir en lui-même, en se disant qu'il n'avait aucune chance face à un tel homme en face de lui. La voie étant à nouveau libre et sans encombre, Vayne s'approcha d'un pas sûr du blond et lui prit brusquement le menton qu'il releva vers lui. Zack, toujours aussi silencieux, serra les poings et les dents. Avec amusement, Djess qui avait habilement remarqué ce geste de colère, ramena ses lèvres près de son oreille.

"Un gage si tu lui viens en aide, Zack. Alors ? Tentant, n'est-il pas ?"

Le première classe eut un frisson soudain. Qu'est-ce que c'était censé vouloir dire, était-ce un…défi ? Il ne savait cependant pas quoi faire. Marcher dans le jeu en intervenant et ainsi alimenter les rumeurs les plus folles et malveillantes sur eux deux ?Espérer que Cloud s'en sorte tout seul face à un individu de deux têtes plus grand que lui ? Impensable. L'espoir avait beau faire vivre, il n'en n'était pas plus convaincu que ça. Il redoutait le genre de gage que le roux pourrait lui imposer. Quelque chose de bien humiliant et stupide, la définition même d'un gage. Mais merde, l'amitié ça servait à quoi sinon aider l'autre ?

"On va bien s'amuser toi et moi, mon beau. Y'a pas à dire, t'es plutôt bien foutu pour un mec, pas étonnant que tu ai Zack à tes pieds" sortit Vayne d'une voix grave et suffisamment basse pour que seul Cloud puisse l'entendre.

Une expression de dégoût s'empara du visage du blond. Il lui sembla qu'il n'avait jamais aussi vite détesté à ce jour autant ses camarades qui ne faisaient rien pour l'aider, ni même pour aider à relever l'autre jeune qui s'était débrouillé seul. Zack… Toujours lui qui revenait dans la bouche des autres. Il le détestait, ce Zack, lorsqu'il n'était pas avec lui ! Il les détestait tous. Seul le garçon de son âge avait eut l'audace de s'interposer, alors que Zack ne faisait strictement rien à part regarder comme un spectateur. Et comme si ça ne suffisait pas, ils s'étaient tous arrêté dans une rue déserte de Costa où seul un chien errant dormait près d'une poubelle… Tant de pensées se bousculaient dans sa tête et Vayne s'apprêtait à vouloir le frapper. Il s'en doutait, il voyait son bras qui commençait à monter… Cloud ne détacha pas pour autant son regard du sien.

"Ca suffit ! Ce n'est pas moi que tu voulais frapper tout à l'heure ? Alors qu'est-ce que tu attends, ça sera sans doute plus exaltant plutôt que t'en prendre à des SOLDATS de troisième classe. Retiens bien en tout cas, je ne me répéterais pas : laisse-les tous les deux tranquille où c'est un rapport que je te colle et mon Épée Broyante avec, ai-je bien été clair ?"

Cloud, rempli d'incompréhension, regardait maintenant avec des yeux ronds celui qui venait de prendre la parole alors que Vayne, grommelant, le lâcha sans ménagement. Il revint vers ses deux compagnons sans accorder un seul regard à celui qui s'était avancé de quelques bons mètres d'eux et tous les trois prirent de l'avance. Zack, soulagé, les mains sur les hanches comme il faisait habituellement, fit demi-tour vers sa bande d'amis où Djess le regardait d'un air plus que railleur. Le brun ne s'en préoccupa nullement, persuadé d'avoir fait la meilleure chose à faire et il avait repris la marche en suivant de près la bande d'agitateurs. Interdit, Cloud s'était mis à re-suivre le mouvement sans oublier d'adresser un timide "merci" à l'autre jeune auquel il ne savait toujours pas le nom.

Ce fut dans un silence quasi total si on oubliait le bruit de pas traînant dans la poussière, le sable et la terre sèche, que le restant du chemin se fit. Vayne jetait des regards noirs à quiconque le regardait, Zack tout autant énervé que lui, tentait de retrouver seul sa mine joyeuse habituelle et Djess s'était perdu dans une réflexion intense dont le SOLDAT de première classe ne voulait surtout pas savoir l'objet. Pour finir, Cloud se disait que finalement, il ne détestait pas autant que ça son ami en public tandis qu'il marchait à côté de celui qui l'avait aidé en premier.

Ce fut donc cette atmosphère tendue et nerveuse qu'ils finirent par arriver à destination, l'homme à la chevelure d'ébène finalement en tête de file. Ils s'étaient tous retrouvés dans un endroit légèrement en retrait de la ville devant un lot de gîtes à l'architecture moderne entourés par une forêt de palmiers, d'acacias et d'autres arbres typiques des régions à grande chaleur estivale. Dans une forme de carré, les bungalows se rejoignaient tous par un petit corridor extérieur. Au milieu de cette forme, un bungalow beaucoup plus grand que tous les autres avait également un lien direct avec les autres. Quand on y prêtait l'oreille, on pouvait entendre le chant des rares oiseaux de la ville. Et quand Cloud se retourna, il s'aperçut que la mer ne devait être qu'à peine cinq minutes de la résidence. Il n'y avait pas à dire, la Shin-Ra habituée au luxe pouvait avoir bon goût quelquefois.

Les réactions ne se firent pas attendre. Un ami du Première Classe, du nom de Dray, émit un long sifflement d'admiration.

"Waouh ! Eh beh, ils se sont pas foutus de nous pour ce coup-là ! J'ai trop de mauvais souvenirs de la dernière fois où ils nous avaient envoyé dans une auberge paumée toute délabrée…"

"Aah, Dray. Ne me parle plus jamais de Corel dans un endroit pareil" se moqua un autre, portant le nom de Keele.

"Les taudis de Midgar font pâles figure à côté" sortit Djess, rayonnant. "Rassure-moi un instant, vieux, tu t'es pas gouré d'endroit au moins ?" demanda t-il moqueur en s'adressant au brun.

"C'est bien là" assura Zack. "Résidence secondaire Shinra Inc. : Bahamut Lagoon."

"Sty-lééééé !" remarqua Vayne en s'adressant à Régis et Arsal qui ne firent qu'approuver d'un mouvement de tête.

Les deux blonds quant à eux ne dirent rien devant tant de sophistication de la part de la Shin-Ra, se contentant d'observer chaque coin silencieusement. Leur manque de réaction fut remarqué par tout le monde et au moment où Dray, sans doute le plus tolérant du groupe, allait les bombarder d'une vague de questions diverses et variées, une jeune demoiselle d'une vingtaine d'années fit son apparition. Elle était très belle avec son joli teint hâlé et ses longs cheveux noirs ondulés. Souriante, d'une taille fine et élancée, elle portait un fin débardeur et un paréo vert et rouge. Dans ses mains, elle tenait tout un trousseau de clé détachable et quelques papiers. Dray se serait mis à baver si Keele ne lui avait pas envoyé un joli coup de coude dans les côtes.

"Bonjour ! Je vous souhaite la bienvenue au Bahamut Lagoon, messieurs" dit-elle poliment avec un grand sourire. "Voyons voir… Qui est l'heureux homme du nom de Zack Fair s'il vous plait ?"

"Heureux je n'en sais rien mais c'est moi, mademoiselle" lui répondit le Zack en question en s'avançant vers elle.

Keele sembla surpris un moment. Il avait attendu stupidement un "Je serai plus heureux si vous vouliez dîner avec moi ce soir" ou "Vous ne savez pas la chance que vous avez de me voir". Mais rien ne venait. Zack serait-il malade ? Cloud s'était posé la même question.

"Alors c'est vous le responsable de cette joyeuse troupe ? Tenez, ceci sont les clés de chaque chambre et celle-ci, celle de votre salle commune. Celle-ci se trouve au centre, vous voyez ? Et toutes les chambres la rejoignent. Elle comprend une cuisine, une salle à manger et un grand salon tandis que chaque chambre sont attribuées de salle de bain et de sanitaires. Vous me suivez ?"

"Je vous suis très bien."

"Parfait. Si vous avez le moindre problème, contactez-moi, mon numéro est écrit sur ces fiches ainsi que mon adresse, je compte sur vous pour ne pas hésiter."

"Ne vous inquiétez pas, j'en ferai mon affaire personnelle"assura Zack sur un ton étrange.

La jeune femme rit doucement.

"Je vois. Et bien, comme vous êtes tous présent, ma place n'est plus ici. Alors passez tous un bon séjour à Costa Del Sol et profitez bien de vos vacances !" finit-elle avant de partir en faisant un grand signe de la main pour au revoir.

Ils la regardèrent tous partir, sans dire un mot. Quand elle disparut finalement de leur champs de vision, pratiquement toute l'attention se porta sur le détenteur des clés qui avaient pour certains comme un certain avant-goût de paradis. Pourtant, Zack ne bougea pas d'un seul geste, même malgré la chaleur qui les gagnaient peu à peu et rendait quelques front moites. Enfin, tout solennel, il s'adressa à tous les autres qui commençaient sérieusement à s'impatienter, loin de comprendre la réaction et la manière d'agir de leur chef de groupe. Mais Cloud en voyant un air aussi faussement grave ne put que craindre quelle idiotie Zack allait bien pouvoir sortir cette fois-ci.

"Joyeuse troupe, huh ? Je compte sur vous. Le premier qui me fait chier durant ce séjour, c'est un aller sans retour au plus profond de la Rivière de la Vie que je lui offre."

Il marqua un temps d'arrêt, sous des regards remplis d'incrédulité de ses coéquipiers, d'hostilité pour ceux qui se sentaient visés. Tant d'incompréhension et d'attention accordée pour lui seul le fit sourire jusqu'aux oreilles.

"Je suis beau, n'est-ce pas ? Oh bon, c'était pour rire, aucun humour, vraiment. Il ira juste voir Hadès en personne, c'est tout. Rien de bien méchant… On y va ou quoi ?"

"Pardon ? Je ne suis pas sûr d'avoir bien compris ta dernière question" intervint Djess. "Vois-tu, même si on voulait y aller sans toi, on ne pourrait pas, Ô heureux Zack…"

"Ben tiens, qu'est-ce que tu crois. Ralala, mais qu'est-ce qu'on ferait sans moi" reprit Zack tout fier.

"Peut-être serait-on déjà rentré" proposa Cloud d'un ton las tandis que le jeune à côté de lui eut un rire discret.

"Ah, il est drôle lui. Moi je vais te dire une chose : sans lui, tu ne serai pas là à nous casser les pieds." répondit sèchement Arsal en se prenant en prime un lourd regard noir de la part du première classe.

"Nous disions donc, un aller, un… Bref, plus sérieusement…" commença franchement l'homme aux cheveux noirs de jais.

"Douce Shiva. "Sérieux" ? J'ai bien entendu le mot "Sérieux" ?"

"Djess, la ferme, tu seras gentil, merci. D'après les feuilles que la gentille dame m'a données…"

"Et il sait lire en plus. C'est un homme ça, un vrai." surenchérit le roux.

"Et toi un abruti fini, un vrai. Mais noyez-le, quelque chose ! Bon, il y a deux bungalows pour trois et deux pour deux personnes, ce qui est richement intelligent d'ailleurs. Non mais c'est vrai quoi, à quoi pensait l'architecte quand..."

"Excellent, Zack architecte, j'imagine la tête des maisons !"

"Mais ta gueule, bon sang !"

"J'ai l'impression de voir Highwind, le fameux pilote de Rocket Town, en face de moi" s'esclaffa Keele, imité discrètement par Arsal.

"Mais c'est pas possible… Enfin, mathématiquement correct, si ma maîtresse ne m'a pas mentit quand j'étais tout petit, il y en a un qui sera tout seul dans son gîte. Alors mettez-vous tous d'accord quant à la répartition, personnellement je m'en fous." reprit et finit Zack encore un peu amusé.

Les huit autres hommes se regardèrent plus ou moins, réfléchissant un instant. Pour Cloud la question ne se posait pas vraiment. Le jeune à côté de lui n'avait pas l'air bien méchant ni agressif et semblait le plus potable de tous, alors tant qu'à faire. Enfin ceci dit, être seul ne le dérangerait pas pour autant, loin de là, aussi il adapterait selon les circonstances. Il s'épongea du revers de la main son front qui devenait de plus en plus moite sous la chaleur torride de cette fin d'après-midi ensoleillée. Il jeta un rapide coup d'œil sur le SOLDAT de première classe sans savoir que celui-ci le fixait intensément déjà bien avant. Leur regard se croisèrent à peine que Cloud reporta le sien aussitôt ailleurs, gêné sans réellement savoir pourquoi. A quoi pouvait-il bien penser pour l'observer avec autant d'insistance, désirerait-il faire chambre…avec lui ? Cloud rougit de suite couleur pompon Mog à une telle pensée. Mieux ne valait pas être avec lui…

Régis finit par s'avancer vers Zack.

"On prend un gîte à trois, Vayne, Arsal et moi" dit-il d'une voix remplie de neutralité.

"Tout au fond à gauche, là-bas" répondit Zack en lui donnant un porte-clé. "Et n'oubliez pas."

"Quoi donc..?"

"Un aller sans retour."

"On n'y manquera pas…"

Vayne, Régis et Arsal, les bagages en main, prirent le chemin indiqué et disparurent du champs de vision du blond. Une affaire de réglée.

"Tu t'en fous, c'est bien ça ? Très bien. Keele, Dray et moi, on se met ensemble" dit alors Djess moqueur.

"C'est pas vraiment comme si ça m'étonnait" assura le brun.

"Allez, fais péter les clés avant que mon corps n'explose sous la chaleur par ta faute et surtout avant que je ne t'envoie un Feu2 sur ta joyeuse frimousse."

"Hey, toujours au rang deux, à ce que je vois. Oh bon ça va, te fâche pas… Première à gauche."

"…Si tu préfère un Trembl3, c'est selon ton envie, Zack. Comme ça, tu seras déjà en face d'Hadès pour signer un contrat d'embauche avec lui, hein, qu'en dis-tu ? Bon, vous v'nez les gars ?"

Djess, Keele et Dray partis, il ne restait plus que trois personnes à l'entrée de la propriété du Bahamut. Cloud voyait le jeune qui regardait rêveusement les nuages, attendant certainement que les deux autres prennent une décision. A sa droite, Zack attendait, anxieux. Coud regarda alors tour à tour les deux hommes, ne sachant pas quoi penser et finit, dans un soupir qui en disait long, par opter une solution radicale. Un bungalow pour une personne, c'est ça ? Pourquoi se creuser la tête plus longtemps. Après tout, il serait peut-être même mieux en solitaire, sans personne pour lui chercher des embrouilles, sans personne pour l'embêter. Et sans personne pour le taquiner…Tant pis. Il reprit son sac qu'il avait posé pour le remonter sur son épaule et s'approcha d'un pas indécis vers Zack.

"Je ferai chambre à part, seul" lui annonça t-il en tentant de le regarder dans les yeux, sans grand succès.

"Tu..tu en es sûr ?" lui demanda le brun, nettement déçu. "Je veux dire, laisser Rozel…"

"Tu ne vas pas le mordre, si ? T'es quand même pas comme les autres ?" sortit le blond d'un ton cassant.

"N..non. Tiens, c'est la baraque au fond à droite…"

"J'ai comme l'impression que ça te pose un problème, Zack."

"Pas du tout… Rozel, ça ne te dérange pas d'être avec moi plutôt qu'avec lui ?"

"Hein ? Oh, moi, du moment que je ne suis pas avec les six autres imbéciles" répondit simplement l'interpellé.

"Heu, je vois…Très bien. Cloud, repose-toi bien, tu as tout le temps que tu veux. Tu es en vacances après tout" sourit timidement Zack.

"On appelle ça comme ça…"

Cloud prit les clés que son ami lui tendait et d'un pas nonchalant, il s'éloigna des deux hommes qui le regardaient partir. Le blond avait envie de se traiter d'idiot jusqu'à la fin de ses jours. C'était probablement la seule occasion qu'il aurait pu avoir pour dormir avec lui…euh, à côté de lui, enfin dans la même chambre quoi. Et puis mince à la fin, il aurait dû s'y attendre. Des vacances à l'eau, depuis le début, il les avait prévues ainsi alors pourquoi quelque chose de bien pourrait lui arriver… Malgré tous ses raisonnements, Cloud n'en pensait pas moins qu'il n'était qu'un idiot né pas même fichu de ne pas se préoccuper des rumeurs et du regard des autres. Ces rumeurs de pacotille qui disaient qu'ils étaient tous les deux ensemble… Et une baffe intérieure en plus, une. Ne pouvait-il donc jamais penser à autre chose qu'à Zack ? C'en devenait exaspérant.

Le bruit d'une personne qui cours le ramena sur terre et soudain une main se posa sur son épaule, lui faisant ainsi comprendre qu'il devait s'arrêter, ce que le blond fit. Mais quand il se retourna, il avait l'impression que l'ironie du sort était définitivement de son côté et semblait lui confirmer que Zack était définitivement indispensable à chaque seconde de son existence. Le brun reprit rapidement son souffle et se mit à chercher ses mots à la vue d'un Cloud impatient, une main sur la hanche. Gêné, il finit par se gratter la nuque.

"Heuuuum…"

"…Zack ?"

"Catediraitdalleràlamer'vecmoidemaiiin ?"

"Hein ?"

Zack respira un grand coup.

"Je voulais savoir en fait si tu voulais bien m'accorder un peu de ton temps demain pour aller à la mer. Avec moi."

"Avec toi ?"

"Oui. Avec moi."

"Avec toi…avec toi ? Ou avec tes grands amis en prime dans la pochette surprise ?" demanda le blond, sceptique.

"Non, pas du tout, juste toi et moi. Tous..tous les deux. Je t'avais bien dit que je m'occuperai de toi, non ?" répondit Zack, gêné de plus belle en se passant une main distraite dans ses cheveux.

"Dans ce cas, pourquoi pas" répondit alors Cloud dans un petit mais sincère sourire.

"C'est vrai, Cloudy ? Ah merci, c'est trop gentil, je t'aime !"

C'était tombé, comme ça. Boum. Gros silence de mort, comme si Hadès était déjà passé sans consulter maître Fair. Le blond quant à lui déglutit avec très grande difficulté. Quelqu'un lui aurait dit que les Chocobos étaient une espèce en voie de disparition qu'il n'aurait pas même réagit. Mais Zack ne parut pas comprendre sa réaction. Après tout, il l'avait juste remercié, lui qui avait tellement eu peur de le mettre en colère après ce qui s'était passé dans la rue de Costa, avoir un "oui" était donc un véritable soulagement. Alors pourquoi le blond semblait si… Il ne savait même pas quelle expression avait pris son ami. Au bout de quelques secondes, Cloud rit nerveusement.

Mais quel idiot je fais. Prendre ça aussi sérieusement…

"N'exagère pas. Et puis, ne me remercie pas pour ça, c'est normal. Nous sommes amis, non ?" sourit maladroitement Cloud.

"O..oui" répondit Zack, hébété par une question doté d'une réponse aussi évidente.

"Très bien. Dans ce cas, à plus tard. Le voyage m'a retourné le ventre pour un bon temps je pense."

"Profite bien de te reposer, Cloudy. Demain sera une journée bien remplie !" assura le brun avec un profond entrain.

Cloud, encore troublé inutilement selon lui par une paranoïa précoce, se contenta de lui sourire en guise de réponse et reprit son chemin qui le menait à son gîte après avoir salué son ami d'un bref signe de la main. Zack resta un moment planté à l'endroit où le blond l'avait laissé. Quand soudain ce fut le déclic. Le style de déclic qui vous dit qu'il y a des jours, vous feriez mieux de vous taire. Mais aussi le genre de déclic qui fait réellement clic dans le cerveau et vous fais rendre compte d'une évidence. Cloud avait dû prendre ça pour une phrase d'adoration hyperbolique typiquement féminine, comme ces filles qui se disaient des "je t'adôôôôôôre de trop" à tour de bras. Et pourtant, Zack s'était rendu compte qu'il ne l'avait pas dit innocemment, ce petit bout de phrase, qu'il en pensait chaque mot et qu'il l'avait sortie dans un élan de réelle joie. Et que "apprécier" ne devenait plus la seule définition du verbe aimer envers son amitié pour Cloud…

Certains auraient sans doute alors paniqués, d'autres en auraient honte tandis que d'autres encore n'auraient jamais voulu le reconnaître. Il n'en fut rien de tout cela pour le jeune homme. Au contraire, un sourire rempli d'un sentiment nouveau s'étira doucement sur ses lèvres, un sourire qui n'était encore jamais apparut et le rendait plus mignon encore. Heureux d'être enfin en harmonie avec ses propres sentiments sur lesquels il pouvait mettre un nom, il tourna les talons aller ranger -organiser le mieux possible au moins- ses affaires dans sa chambre qu'il partageait donc avec Rozel. Sur son chemin cependant, il recroisa une tête rousse qui s'était déjà changé en meilleur circonstance de la température des lieux ce qui fit froncer les sourcils au brun. Il se rapprocha de lui avec un air presque machiavélique.

"Tututu, laisse-moi deviner avec qui tu cohabites" railla t-il.

"C'est inutile, Djess. Tu serais profondément déçu" lui répliqua Zack sur le même ton.

"Ne me fais pas croire que tu as un bungalow à toi tout seul ? Si ?"

"Rozel Vald est avec moi. Allez, fais pas cette tête-là, je t'avais prévenu que tu serais déçu."

Le roux ne répondit pas tout de suite.

"Je vois. Alors tu t'es fait jeté, comme c'est triste. Aussi, maintenant que j'y pense, comme tout le monde est fatigué je propose de mettre le gage à exécution demain vers la soirée, après manger, tout le monde sera là comme ça. Et n'essaie pas d'être absent, finit Djess plus sèchement avant de le dépasser en sens opposé à sa route.

L'homme à la chevelure d'ébène s'était immédiatement lancé dans la requête d'oublier au plus vite les paroles fort amicales de son..ami. Lui qui était de si bonne humeur, il n'allait certainement pas se laisser abattre par l'idée d'un gage qui allait être, il le sentait bien, des plus gé-ni-al et qui allait joyeusement plomber toute la soirée. Mais il ne laisserait personne gâcher sa semaine de congé. Personne. Et bizarrement, il sentait aussi que beaucoup de soupes au Chaudron Noir allaient pourtant se faire…