Annonce : Voici le cinquième chapitre qui n’a pas trop tardé comparé aux autres ^^ Je ne promets toujours rien pour la suite, mais si la grève des enseignants continues (ce que je n’espère quand même pas), elle arrivera sûrement plus vite que prévue. Maintenant, bonne lecture ;) Chapitre 5 : Conversations intéressantes Après avoir quitté précipitamment la base, ils avancèrent en file indienne à travers la forêt dense, suivant rigoureusement le cours d’un des nombreux affluents du Rio Negro. Celui-ci s’enfonçait profondément dans la forêt vierge, et c’était le seul moyen pour eux de ne pas se perdre, jusqu’à ce qu’ils soient peut-être obligés de s’en écarter pour prendre une autre direction. Le groupe progressait lentement à cause de la densité de la végétation aux alentours. Rafael était obligé de casser quelques branches de temps en temps pour faciliter le passage des porteurs, qui ne pouvaient écarter les feuillages par eux-mêmes puisque leurs mains étaient occupées à tenir les charges en équilibre sur leur dos courbé. Ginny et Blaise marchaient juste derrière leur guide et l’aidaient parfois dans l’arrachage des branches, tout en discutant de choses et d’autres. Quant à Harry qui suivait de près leurs pas, il n’écoutait que d’une oreille distraite leur conversation, trop occupé à jeter des petits coups d’œil fréquents par-dessus son épaule, puis de soupirer bruyamment lorsqu’il tournait de nouveau la tête vers l’avant pour voir où il mettait les pieds. Il recommença son manège une bonne dizaine de fois avant d’enfin prendre une décision. Après tout, il était assez grand pour faire ce dont il avait envie. Et ce dont il avait envie à cet instant, c’était de lui parler, et personne ne pourrait l’en empêcher. Sauf peut-être... Il observa attentivement Ginny qui riait à une blague de Blaise. Ginny avait un peu tendance à se mêler de choses qui ne la regardait pas et cela devenait de plus en plus fréquent ces temps-ci, ce qui agaçait profondément le brun. Mais même s’il le lui avait rappelé plusieurs fois, sans pour autant qu’elle y change quelque chose, il ne pouvait tout de même pas se résigner à la critiquer sur le fait qu’elle ait essayé de le retenir sur le bateau. Après tout, elle détestait Malefoy depuis toujours et il était difficile pour lui de la juger pour cela, vu qu’il avait lui même haï le blond à une certaine époque. Il observa la rousse un long moment, perdu dans ses pensées, puis, après avoir vérifié qu’elle était bien trop occupée pour faire attention à lui, il ralentit soudain l’allure avant de faire carrément demi-tour. Ce fut évidemment à ce moment-là que Ginny Weasley décida de tourner la tête pour s’assurer que Harry les suivait toujours de près, et lorsqu’elle s’aperçut de la direction que prenait son petit ami, elle stoppa net dans l’intention de faire également demi-tour pour le ramener auprès d’elle et l’empêcher, une fois encore, de discuter tranquillement avec l’ex-Serpentard. Mais la divine intervention de Blaise fut une bénédiction pour le brun qui put tout à loisir aller parler à Drago sans crainte d’une éventuelle interruption par une sangsue rousse. Car, en effet, celui-ci, ayant vu du coin de l’œil Harry faire demi-tour, empêcha la rouquine d’intervenir en détournant son attention d’un léger coup de coude pour qu’elle admire le magnifique ara posé tranquillement sur une haute branche d’un arbre. Ginny s’extasia faussement devant la beauté de l’oiseau. Mais en fait, derrière ses paroles dénuées de sentiments, elle bouillonnait de rage pour avoir été retenu à l’instant même où elle s’apprêtait à empêcher Harry de s’éloigner. Bien sûr, elle ne put rien dire à Blaise pour ne pas paraître malpolie devant un ancien « camarade » d’école. De plus, il n’y était sûrement pour rien, le pauvre. Il avait seulement voulu éveiller sa curiosité en lui montrant ce stupide piaf aussi inintéressant qu’un Veracrasse. Mais elle ne pouvait s’empêcher tout de même de lui en vouloir un peu. S’il continuait comme ça, elle n’allait plus pouvoir surveiller Harry autant qu’elle le voudrait, et elle s’avait que le brun s’éloignerait d’elle petit à petit, jusqu’à le perdre complètement... Harry avançait difficilement à contresens de la marche. Il réussit tout de même à passer devant les trois porteurs qui marchaient péniblement, penchés sous le poids de leurs charges, et il les regarda quelques instants avec une pointe de pitié dans ses yeux verts. Il aurait préféré utiliser la magie, en jetant un sortilège de lévitation ou de réduction, par exemple. Mais Rafael était un Moldu, et même si ça ne l’aurait pas déranger de lui dévoiler le fait qu’ils étaient des sorciers, les lois du secret, que ce soit anglaises ou brésiliennes, elles, l’en empêchaient. Et puis, il est vrai que les Moldus étaient assez dur, voire impossible à convaincre lorsqu’ils ne croyaient pas, mais surtout, ne voulaient pas croire en quelque chose qui leur paraissait totalement insensé, et qui, pour eux, n’existait pas. Quant bien même ils les croiraient, le choc de cette découverte serait sûrement long à encaisser, et tout le monde savait que « le temps, c’est de l’argent ». Harry regarda donc passer les porteurs qui ne rechignaient même pas de leur lourde tâche, puis, il continua sa route, franchissant rapidement les quelques mètres qui le séparaient de Malefoy. Lorsqu’il arriva enfin à sa hauteur, il ne put réprimer un sourire satisfait. Il n’avait pas été stoppé par Ginny, ni par ses branches qui s’accrochaient à sa chemise blanche et l’empêchaient parfois de se frayer un chemin, tout était parfait ! Il ne fut même pas déstabilisé par le regard glacial et les traits du visage de Drago qui s’étaient crispés à son approche. Pourtant, tout dans l’attitude du blond portait à croire qu’il était loin d’être heureux de la venue de Harry à ses côtés. Il railla d’ailleurs de son habituel ton traînant : - Tu te goures de chemin, Potter ! L’Eldorado, c’est par là, indiqua-t-il en tendant le bras en face de lui. Il te suffisait pourtant de suivre le guide qui était juste devant ton nez, avant que tu ne te décides soudain à changer de direction. Tu aurais dû rester là-bas, car je doute que tu arrives à voir d’ici, myope comme tu es. A moins que tu ais déjà peur d’affronter la jungle amazonienne et que tu retournes déjà à la base. Je suis sûr que le Yankee sera ravi de t’accueillir. Une pointe de jalousie avait légèrement fait vibrer sa voix, mais Harry ne fit guère attention, trop occupé à s’imaginer un Drago plus jeune, avec l’uniforme de Poudlard, en train de le provoquer encore et encore, jusqu’à ce qu’il réagisse enfin. Ce monologue de railleries venait de lui prouver que Malefoy n’avait en rien perdu son côté provocateur et qu’il maniait encore avec habilité les répliques qui font mouche. Mais contrairement à ce que Drago s’était attendu, Harry n’en fut nullement vexé. Il continua de le fixer avec ce petit sourire énervant qui s’était agrandi au fur et à mesure de ses paroles. - Je vois que tu n’as pas perdu ta langue, Malefoy, répliqua à son tour Harry. Je commençais à m’inquiéter, comme tu n’as pas ouvert la bouche depuis que nous nous sommes vus... Puis, il se retourna pour reprendre la marche dans le bon sens, à la différence qu’il était à côté du blond cette fois. Passablement étonné, Drago était tellement content que Harry soit venu le voir de lui-même, sa joie était tellement intense, qu’il ne put empêcher un sourire de venir effleurer ses lèvres. Il tourna la tête de l’autre côté pour le cacher à Harry, et lorsqu’il regarda de nouveau vers le brun, le sourire avait complètement disparu, mais ses yeux brillaient tellement, que même quelqu’un comme Harry qui n’avait jamais acheté le décodeur des émotions malfoyennes aurait pu comprendre ce que Drago ressentait vraiment. - Qui te dit que j’ai envie de marcher à tes côtés ? rajouta-t-il, ses paroles contrastant fortement avec ce que ses yeux montraient. - Toi, tu n’en as peut-être pas envie, mais moi, si, répondit Harry sans se départir de son sourire. Alors, tu peux toujours aller marcher ailleurs, mais ça ne servira pas à grand chose puisque je te suivrais jusqu’à temps que tu veuilles bien me parler. Drago fut encore une fois surpris. Non seulement, Harry venait le voir, mais en plus, il insistait pour rester avec lui tout au long du trajet. Peut-être que finalement, cette expédition se passerait beaucoup mieux que ce qu’il avait prévu... - Et qu’est-ce que je suis censé dire ? demanda-t-il. - Je ne sais pas... N’importe quoi, répondit le brun en haussant les épaules, du moment que tu ne recommences pas ton imitation de la carpe. C’était très effrayant pour moi de ne t’entendre prononcer le moindre mot tout à l’heure. J’ai cru un instant que tu étais devenu muet, ce qui, avouons-le, aurait été une situation proche de l’Apocalypse ! Et devant l’air interrogateur que prenait le visage de Drago, Harry s’expliqua : - Eh bien, oui. Un Malefoy qui n’ordonne, ni ne se vante, ni s’insulte, ça tient du miracle ! Puis, il eut un petit rire où pointait une légère nervosité. Harry ne savait pas très bien encore si l’ex-Serpentard allait être vexé par ses propos ou pas, mais apparemment, ce ne fut pas le cas, à son grand soulagement. Il n’avait vraiment pas envie de s’attirer les foudres du blond dès le premier jour. - Et un Potter qui vient délibérément se faire insulter par un Malefoy, ça tient de la débilité profonde, répliqua alors Drago. Cette fois, Harry ria sans crainte et Drago eut même un léger rictus de satisfaction. Il leur était très agréable de pouvoir se provoquer de cette façon, c’est-à-dire, avec amusement. Cela leur arrivait très souvent lorsqu’ils se retrouvaient au Quartier Général après les réunions de l’Ordre du Phénix. Bien sûr, il y avait des limites à ne pas franchir, et même s’ils les avaient débordées quelques fois, ils avaient vite appris à ne pas y remettre les pieds. Drago fut heureux de retrouver cette sorte de complicité qu’ils avaient réussi à créer d’antan, et même Harry se surprit à penser que ça lui avait manqué. - Alors, dis-moi... commença le brun beaucoup plus à l’aise à présent. Qu’est devenu le grand Drago Malefoy ? Celui-ci ouvrit la bouche dans l’intention de répondre qu’il était devenu une loque, mais il se retint au dernier moment, préférant mettre de côté le fait qu’il pouvait être faible. Et puis, il ne voulait pas non plus répondre à toutes les questions qui allaient sûrement fuser pour satisfaire la curiosité de l’ex-Gryffondor. - Pas grand chose... choisit-il de dire, alors. - Comment ?! s’exclama Harry. Le magnifique Drago Malefoy n’est pas encore devenu Ministre de la Magie ? Il jeta un regard amusé en direction du blond, mais celui-ci était trop concentré à ne pas se prendre les pieds dans les nombreuses racines des arbres pour faire attention. - Pas besoin de rajouter un adjectif stupide devant mon nom, dit-il d’un ton dur. Drago Malefoy aurait suffit. Harry fut si étonné par les propos de son vis-à-vis qu’il trébucha sur une branche morte qui traînait par terre. Malefoy aurait-il changé autant que ça pour ne plus apprécier d’être mis en valeur ? Mais il n’eut pas le temps de réfléchir à la question plus longtemps, la voix du blond s’élevant de nouveau dans les airs. - Nous savons déjà tous les deux à quel point je suis exceptionnel, c’est donc inutile de le répéter. Harry éclata à nouveau de rire, ce qui fit bondir le cœur de Drago qui ne put s’empêcher de sourire. Le brun le remarqua et, s’il en fut étonné, il ne le montra pas. En tout cas, il avait à présent la preuve que Malefoy resterait toujours le même dans le fond, et en un sens, ça le rassurait. Après tout, mieux valait que certaines choses restent inchangées. - Sinon on m’a bien proposé le poste de Ministre, mais j’ai préféré laisser ma place à Kingsley Shacklebolt, continua Drago. Il est, certes, moins compétent que moi, mais je pense toute de même qu’il fait du bon travail. Après tout, c’est un ancien Auror très compétent... Harry eut un large sourire face aux vantardises de l’ex-Serpentard, mais il ne s’en formalisa pas le moins du monde, au contraire. - Je ne te savais pas si généreux, Malefoy ! s’exclama-t-il faussement étonné. Laisser ton poste de Ministre à quelqu’un d’autre est un acte admirable ! Je vais de surprise en surprise, dis-moi ! - Et il y a encore tant de choses que tu ignores à mon sujet, Potter, répondit le blond avec un petit rictus au coin des lèvres. Son sourcil droit, levé au maximum, disparaissait derrière quelques unes de ses mèches blondes qui lui retombaient sur le front, et il fixait Harry avec une telle intensité, que celui-ci se mit soudainement à rougir en balbutiant des mots incompréhensibles et en détournant son regard sur une grosse araignée qui montait rapidement la cime d’un arbre. Il ne savait pas vraiment pourquoi, mais les yeux gris du jeune homme le mettait étrangement mal à l’aise. Il avait parfois l’impression qu’ils le détaillaient avec une envie gourmande, presque... sauvage, ce qui avait été le cas à l’instant. Et comme à chaque fois, il essayait de se convaincre que c’était un effet de son imagination, mais la lueur de désir dans les yeux de Malefoy revenait alors le hanter. Drago, qui avait remarqué la gêne de l’ancien rouge et or et qui s’en félicitait, préféra alors changer de sujet et demanda à son tour : - Et qu’est devenu le célèbre Harry Potter ? - Pas grand chose... imita Harry qui était ravi de se changement de conversation. - Comment ?! répéta Drago sur le même ton faux qu’avait pris le brun quelques minutes plus tôt. Le spectaculaire Harry Potter n’est pas devenu chef de la Section des Aurors ?! Harry lui jeta un petit coup d’œil amusé, auquel Drago répondit. - Eh non ! On m’a également proposé le poste, mais je l’ai aussi laissé à quelqu’un d’autre. - Pourquoi ? demanda le blond totalement perdu. Je croyais pourtant que c’était la carrière dont tu rêvais ! Enfin, c’est ce que j’ai entendu dire... - C’est vrai... admit Harry en soupirant. Mais je me suis rendu compte après la guerre que ce n’était pas le genre de vie dont je voulais mener. Je veux dire... J’avais à peine 18 ans quand j’ai dû tuer pour la première fois... Bon, d’accord, son sort était mille fois mérité et je ne regrette absolument pas ce que j’ai fait. Mais aujourd’hui encore, je pense que j’étais trop jeune pour assumer tout ça, et lorsque la guerre s’est enfin finie, eh bien, je n’avais plus très envie de continuer à me battre, alors j’ai laissé tombé mon projet de carrière chez les Aurors. Il avait dit cela comme une sorte de confidence, comme s’il racontait pour le première fois un secret gardé depuis bien des années. Et en fait, c’était un peu le cas, puisque Drago n’avait jamais su le point de vue de Harry dans toute cette histoire. Pendant longtemps, il avait cru qu’il était heureux et fier d’être le centre d’attention de tout le monde et d’être mis ainsi sur un piédestal. Même lorsqu’il est entré dans l’Ordre du Phénix et qu’il savait que la tâche de tuer Voldemort n’était pas si simple, il n’avait jamais vu ou entendu Harry se plaindre ou craquer sous la pression. Mais il avait tout de même deviné les sentiments de Harry face à cette guerre, même s’il ne lui en avait jamais parlé... - Et... qu’as-tu fait ensuite ? demanda Drago, en essayant de cacher de mieux qu’il put son avidité à savoir. Il regrettait un peu de s’être laissé aller à la curiosité, mais il n’avait pu s’empêcher de poser tout de même la question. Après tout, il avait passé pratiquement une année entière à rechercher la moindre trace de vie du Sauveur sans jamais y parvenir, alors il était normal qu’il soit plus qu’intéressé par ses mystérieuses activités après la guerre. - Eh bien, j’ai quitté l’Angleterre pour aller m’installer à Seattle où j’y suis resté pendant environs un an et demi, enchaînant petits boulots sur petits boulots. Là-bas, j’ai rencontré Mike Anderson qui... - Oh là ! Attends ! Anderson ? coupa le blond totalement abasourdi. Le Mike Anderson ? Archéologue de renom et écrivain fidèle de la collection Voyages & Sensations. - Euh... Oui... Tu as l’air de bien le connaître, on dirait, sourit Harry. - Un peu que je le connais ! J’ai la collection complète de ses livres ! s’exclama Drago enthousiaste. Il a le parcours archéologique le plus impressionnant de toute l’histoire ! Enfin, c’est ce qu’on m’a dit... se reprit-il, un peu tard, en s’apercevant qu’il avait montré un peu trop d’excitation à une nouvelle qui aurait dû le laisser indifférent. Harry souriait intérieurement en se rappelant l’expression qu’avait eu Drago quelques instant plus tôt, comme si on avait annoncé à un enfant que Noël avait été avancé. Mais sachant très bien que cela allait gêner le jeune homme, il ne fut aucun commentaire sur ce qu’il venait de voir (même s’il savait que c’était un de ces moments rares qu’il fallait à tout prix graver dans la mémoire car il ne se reproduirait sûrement jamais). - Enfin voilà, continua-t-il alors. Je travaillais à l’époque dans une petite librairie qui, par chance, était celle où Mike avait l’habitude d’aller. En plus, c’était un ami de mon patron, il me l’a donc présenté et on a rapidement sympathisé. Il savait que je m’intéressais déjà beaucoup à l’archéologie, il m’a donc proposé de venir avec lui à Vancouver où il venait d’être engagé comme professeur dans l’une des plus prestigieuses universités. Drago remarqua que Harry n’avait pas une seule fois mentionné le nom de la belette femelle et il se posa alors tout un tas de questions. Que faisait-elle pendant ce temps ? Etait-elle à Seattle avec Harry ? Ou bien, l’avait-t-elle rejoint plus tard ? A Vancouver, peut-être ? Mais il mit de côté ces nombreuses questions, sachant que cela paraîtrait bizarre s’il les lui posait. - Tu es donc parti avec lui ? - Oui. Il m’a enseigné beaucoup de choses pendant les deux ans où je suis resté à Vancouver. Ensuite, j’ai passé une licence d’histoire géo que j’ai réussi avec mention, annonça Harry, fier de lui. - Et tu es devenu archéologue en seulement deux ans ? interrogea Drago stupéfait. - Oh, non ! Je ne suis pas archéologue. Il m’aurait fallu beaucoup plus d’année d’études pour cela et je n’avais pas vraiment envie de m’attarder là-dedans. Même si le métier d’archéologue aurait été beaucoup plus intéressant... - Qu’est-ce que tu fais alors ? - Je suis explorateur. Je parcours le monde à la recherche d’endroits ou de peuples encore inconnus. Malheureusement, de nos jours, il n’y a plus grand chose à découvrir, et depuis deux ans et demi que je fais ce métier, je ne peux me vanter d’aucune découverte. Harry lui sourit tristement avec un haussement d’épaules, comme pour dire que ce n’était pas grave, mais Drago savait à quel point cela pouvait être désespérant de ne jamais rien trouver. Lui même avait déjà expérimenté le fait de revenir les mains vides, mais c’était parce qu’il était encore novice dans le métier. A présent qu’il avait acquis l’expérience nécessaire, il revenait toujours avec une ou deux babioles qui lui rapportaient assez d’argent pour survivre jusqu’à la prochaine mission. Mais lui avait l’avantage de rechercher les trésors, et là où il allait, il y en avait forcément. - Et toi ?... Tu ne m’as pas dit ce que tu faisais exactement, lança soudain Harry. Le cœur de Drago fit un bond à la remarque du brun. Il avait tellement redouté cette question qu’à présent, il ne savait plus quoi répondre. D’habitude, il n’hésitait pas à mentir effrontément lorsqu’un tiers la lui posait, mais il ne voulait pas mentir à Harry, même s’il savait très bien que celui-ci ne s’en apercevrait sûrement pas. Il avait connu un certains nombres d’explorateurs et d’archéologue au cours de sa carrière, et tous s’accordaient à dire la même chose : que les chasseurs de trésors sont des voleurs. Pour eux, ces gens-là devaient être mis en prison comme de vulgaires cambrioleurs qui s’introduisent dans les maisons et volent tout objet ayant de la valeur. Car, c’est un peu ce qu’ils faisaient dans le fond. Ils s’introduisaient dans les temples ou les sépultures et prenaient tous les objets pouvant rapporter une jolie somme d’argent. Mais Drago n’aimait pas spécialement être décrit comme cela. Après tout, il faisait un dur travail de recherche et d’investigation pour arriver à trouver et prendre ces objets tant désirés. Mais il ne pouvait pas non plus nier le fait qu’il les vole, puisqu’il n’avait le consentement ni du peuple, ni du pays auxquels ils appartenaient. Il hésita un long moment avant de donner sa réponse et espérait secrètement que Blaise n’ait pas déjà cracher le morceau à la belette femelle. - Eh bien... Je m’occupe de trouver et de ramener certains objets de valeurs historiques pour... euh... les partager avec les gens du monde entier... Pitoyable... Il aurait voulu se mettre des baffes tellement c’était pitoyable. Il avait bien démarrer pourtant, omettant le fait qu’il volait ces objets, au lieu de les prendre avec autorisation, et aussi qu’il les vendait à de riches particuliers. Car c’était, avant tout, là le point principal de discorde entre les chasseurs de trésors et les archéologues, le fait de placer les reliques dans un musées ou non. Enfin, en tout cas, il s’était complètement embourbé vers la fin et s’il avait été à la place du brun en cet instant, il se serait ri au nez. Mais Harry étant Harry, il n’était pas vraiment étonnant que tout cela lui échappe et qu’il préfère remarquer : - Aaah ! Tu es un chasseur de reliques en fait ? Plutôt de trésors, pensa Drago avant de dire d’une voix un peu hésitante au début : - On peut dire ça comme ça... Là encore, ce n’était pas un mensonge, et c’était beaucoup plus convaincant que ce qu’il avait dit quelques secondes plus tôt. Après tout, les chasseurs de trésors et les chasseurs de reliques recherchaient la même chose. La seule différence (et pas des moindres) était que les chasseurs de reliques cherchaient des objets pour leur valeur historique et les chasseurs de trésors, eux, c’était pour leur valeur financière. Mais tout objet ayant une valeur historique avait forcément une valeur financière, cela revenait donc au même au final. De toute façon, il était inutile de tergiverser pendant des heures, mieux valait donc changer de sujet, et de préférence, rapidement.. - Tu vis dans le monde moldu d’après ce que j’ai cru comprendre. - Oui, confirma Harry. Mais j’utilise toujours la magie, même si c’est beaucoup moins fréquent qu’avant. Par contre, je ne me déplace jamais sans baguette ! - Encore heureux ! s’exclama Drago choqué qu’on puisse dire une telle chose. Tous les sorciers qui sortent sans baguette sont des suicidaires ! La seule fois où ça m’est arrivé de ne pas prendre ma baguette, j’ai failli me faire renverser par un camion, un pot de fleur a loupé de peu ma tête et je suis tombé sur Pansy Parkinson qui, par on ne sait quel miracle, avait décidé de se promener du côté moldu. Il parait qu’elle avait eu la sensation que quelque chose de bien lui arriverait. Bien pour elle, peut-être, mais pas pour moi... Harry ne put se retenir de rire plus longtemps et il le laissa éclaté, celui-ci se répandant en écho dans la forêt inhabitée. - Peut-être était-ce le fait que ce soit un Vendredi 13... Blaise me dirait sûrement que oui, mais je ne me fis pas trop à son jugement, il a tendance à voir le malheur partout... Tout ça pour dire que jamais plus je ne sortirais sans baguette magique. - Donc, si j’ai bien compris, toi aussi tu vis du côté moldu ? demanda le brun un peu sceptique. - Tu as très bien compris, Potter, sourit Malefoy. Ça t’étonne tant que ça ? - Non... Enfin, oui, un peu en fait. Et Blaise ? - Blaise ? s’exclama le blond. C’est le plus cinglé de nous deux. Avant, il critiquait Arthur Weasley pour sa passion des Moldus, mais maintenant, lui ne peut plus se passer de sa télévision, et il trouve que le micro-onde est la meilleure invention moldu qui soit. Un vrai taré, finit-il dans un murmure à peine perceptible que Harry avait tout de même réussi à entendre, et qui le fit d’ailleurs beaucoup rire. - Et toi, alors ? Tu ne possèdes aucun objet moldu ? - Le téléphone, et c’est déjà bien suffisant. Pas besoin de s’encombrer de choses inutiles, alors qu’on a déjà tout ce qu’il faut avec la magie. - C’est vrai, répondit Harry avec un petit sourire amusé. Ils n’ouvrirent plus du tout la bouche ensuite, marchant en silence avec pour seuls bruits de fond le craquement des branches tombées à terre qu’on piétine, le frôlement des feuilles sur les vêtements et l’écoulement de l’eau suivant son cours. Au bout d’un long moment de silence, Harry le rompit pour poser une question qui le taraudait depuis le début et qu’il n’osait pas demander jusque là, à cause de la gêne qu’elle causerait forcément à son interlocuteur. - Au fait... Pendant que j’y pense... Pourquoi m’as-tu enlacé ? Drago, qui avait naïvement cru que Harry aurait oublié ce piteux moment de faiblesse de sa part, fut un instant déconcerté par la soudaineté de la question. Cela le fit d’ailleurs trébucher contre une racine d’arbre et une idée germa alors dans son esprit. - Ne prends pas tes rêves pour la réalité, Potter ! s’exclama-t-il soudain. Je ne t’ai pas enlacé, j’ai simplement trébuché. Et comme tu étais en face de moi, je me suis raccroché à ton cou. C’est aussi simple que ça. Son explication aurait pu être convaincante s’il n’y avait pas une aussi grosse lacune : le temps qu’il avait passé dans les bras de Harry. S’il avait vraiment trébuché, il se serait tout de suite relevé, mais là, il y était resté un certain temps et d’ailleurs, s’ils n’avaient pas été interrompu par la Weasley, il serait resté plus longtemps. Harry, naïf mais pas stupide, l’avait bien remarqué et il s’arrêta net pour se mettre face à Drago qui se retourna également vers lui. - Alors, comment se fait-il que tu sois resté aussi longtemps « accroché à mon cou », comme tu le dis si bien, contre-attaqua le brun, les yeux plissés, un sourire au coin des lèvres. Drago, prit au dépourvu, réfléchit à vitesse grand V pour trouver une excuse potable, mais il ne trouva rien de tellement pertinent à dire. Ils restèrent un bon moment face à face, les yeux dans les yeux, jusqu’à ce qu’ils soient interrompus par l’arrivée impromptue de Ginny. - ... ramasser du bois ? - Hein ? Pardon, Ginny. Qu’est-ce que tu disais ? demanda Harry en regardant Drago s’éloigner d’eux à regret. Celui-ci avait préféré fuir plutôt que de se retrouver en compagnie du couple dont il redoutait plus que tout les débordements d’affection. Il savait que Ginny ne se gênerait pas pour enlacer ou embrasser le brun devant lui et qu’elle s’amuserait même à le narguer de sa position de « petite amie officielle de Harry Potter ». Il alla donc rejoindre Blaise qui commençait à installer le camp pour la nuit. - On campe ici ? - Tu n’as pas entendu Rafael ? s’exclama le noir. Il l’a pratiquement hurlé tout à l’heure. Mais c’est vrai que tu étais trop occupé à regarder Potter dans le blanc des yeux pour entendre quoi que ce soit. Blaise lui fit un petit clin d’œil complice, mais Drago ne fit que hausser les épaules comme si tout cela n’avait aucune importance. Pourtant, il ne pouvait nier que son ami avait raison. Il s’était totalement perdu dans les yeux verts de son ancienne Némésis, oubliant tout ce qui se passait aux alentours. Il n’y avait plus eu qu’eux l’espace d’une seconde, jusqu’à ce que l’autre belette vienne tout gâcher... Il réfléchit alors à la façon dont il pourrait se débarrasser d’elle - en l’étranglant et en la jetant au fleuve, en la ligotant et en la laissant à son triste sort, ou simplement en la perdant dans la forêt -, mais Blaise reprit : - Tu as eu une conversation intéressante avec lui ? - Plus ou moins, répondit-il, essayant de paraître indifférent alors que rien que le fait d’entendre le son de sa voix l’avait rendu heureux. Au moins, je sais ce qu’il a fait pendant ces cinq années où il a disparu du monde de la sorcellerie. Tu ne devineras jamais ! Il était... - A Seattle, avant de déménager à Vancouver, finit Blaise. Il n’y a pas que toi qui a eu une conversation intéressante, sourit-il. Weasley m’a tout raconté. Weasley... Alors cette petite pimbêche était avec lui tout au long de ces années. Bien sûr, il s’en était douté, mais la réalité était beaucoup plus douloureuse que ses simples suppositions. Comme à son habitude, il ne laissa rien paraître de cette blessure profonde qui lui avait tailladé le cœur et il promena son regard vers le fleuve dont le bruit couvrait le silence pesant qui s’était installé entre Blaise et lui. Le noir, qui avait deviné la souffrance cachée de son ami, s’empressa alors d’ajouter : - Ne t’inquiète pas, elle n’était pas avec lui. Drago releva brusquement la tête, surpris mais heureux de cette nouvelle, mais Blaise continua : - Enfin, elle n’était pas tout le temps avec lui. - Qu’est-ce que tu veux dire par « elle n’était pas tout le temps avec lui » ? s’énerva le blond, son cœur tombant dans sa poitrine. Elle était avec lui, oui ou non ? - Eh bien, elle a déménagé aux Etats-Unis avec lui, mais pendant qu’il était à Seattle, elle, finissait sa scolarité à Salem. Cette année-là, ils ne se sont vus que lors des vacances scolaires. Ensuite, après avoir eu ses ASPIC, elle est parti le rejoindre à Seattle. Mais comme tu le sais sûrement, six mois plus tard, il a emménagé à Vancouver. Elle a alors voulu l’accompagner, mais elle avait commencé des études de Médicomagie et il a insisté pour qu’elle continue. Pendant les deux ans qu’il a passé là-bas, ils ne se sont vus que les week-ends, et après, plus rien. Il est parti voyager et elle n’a eu que des nouvelles irrégulières par hiboux. A la fin de sa troisième année, elle a abandonné ses études pour aller le rejoindre. Et voilà, tu sais tout. Drago ne savait pas très bien s’il devait être énervé contre cette rouquine qui était sans cesse collée à Harry comme Nagini pouvait l’être à Voldemort, ou au contraire, être heureux qu’ils aient passé aussi peu de temps ensemble au cours de ses cinq longues années. Il eut tout de même le cœur plus léger à l’annonce de cette nouvelle et regarda en direction du couple qui était en train de ramasser du bois. - Eh, Dray ! Ça t’embêterait de venir m’aid... Argh ! En montant la tente, Blaise s’était pris les pieds dans un des piquets, avait perdu l’équilibre et était tombé sur le morceau de toile à moitié tendu. Drago, qui riait à gorge déployée, observa un moment son ami en train d’essayer de se dépêtrer de la tente qui s’était effondrée sur lui. Puis, lorsqu’il s’aperçut qu’il n’y arriverait pas tout seul, il l’aida à se relever. - Rah ! Si seulement on pouvait utiliser la magie, râla-t-il une fois debout. Au loin, Harry, dont l’attention avait été détournée par le rire cristallin du blond, scrutait les deux compères avec un petit pincement au cœur. Si seulement... oOoOoOoOoOoOoOo La nuit était tombée rapidement sur le camp qu’ils avaient fini d’installer au prix de nombreux efforts. L’obscurité les entourait à présent et la seule source de lumière provenait du feu qui ronflait bruyamment au milieu des tentes et des sacs de couchage. Toute l’équipe était rassemblée autour de ce feu et discutait ou mangeait joyeusement. C’était Ginny qui, habituée à cette tâche, s’occupait de la nourriture et Drago devait bien admettre que sa cuisine n’était pas du tout mauvaise, comparée aux plats infectes qu’ils se préparaient, lui et Blaise, lors de leurs missions. Bien sûr, il préférait être torturé jusqu’à ce que mort s’en suive plutôt que de l’avouer haut et fort. Tandis qu’il dégustait silencieusement son repas au côté de Blaise, Rafael et Harry discutait de la prochaine route à suivre. Drago les écoutait d’une oreille attentive, et lorsqu’il eut enfin fini son assiette, il vint se poster discrètement derrière eux pour essayer de distinguer les cartes sur lesquels ils étaient en train de tracer leur itinéraire. - Je pense que nous devrions aller de ce côté-là du fleuve, expliqua Rafael en montrant une fine ligne qui serpentait en remontant vers le nord. Il est beaucoup moins dangereux de s’y aventurer que l’autre embranchement. Je ne connais personne qui l’ai jamais emprunté par la voie des eaux. - Eh bien, raison de plus pour qu’on le prenne, non ? affirma Harry. - Je ne sais pas... hésita le Brésilien. Et vous ? Qu’en pensez-vous ? demanda-t-il soudain en se tournant vers Drago qui sursauta légèrement, surpris qu’on fasse tout à coup attention à lui alors qu’il croyait avoir été discret. - Euh... Je ne sais pas non plus quel chemin prendre, mais je crois que l’on devrait d’abord arriver entre ces deux embranchements du fleuve avant de faire d’autres projets, répondit-il prudemment. Il n’avait nullement envie de dévoiler l’existence de la carte à Rafael, pour le moment tout du moins. Non pas qu’il n’est pas confiance en lui, mais il ne préférait pas en parler tout de suite, surtout pas en présence des trois porteurs qui mangeait bruyamment à côté. Ces derniers avaient beau dire qu’ils ne comprenaient pas un mot d’anglais, il était facile de mentir et d’écouter discrètement leurs conversations. Ils n’auraient ensuite aucun mal à voler la carte et à partir à la recherche du trésor par leurs propres moyens. La seule personne en qui il avait suffisamment confiance pour lui montrer le morceau de parchemin était Harry, mais il doutait fortement que Ginny le laisse seul à seul avec lui plus d’une seconde. Même avec l’aide de Blaise, Drago pensait à juste titre qu’elle ne se laisserait pas avoir deux fois. La preuve en était qu’à chaque fois qu’il s’approchait du brun, ne serait-ce que pour prendre un objet qui se trouvait à proximité de lui, elle arrivait en trottinant rapidement et entamait une discussion avec lui pour l’empêcher lui-même de lui parler. - Sage décision, dit alors Rafael en lui offrant un de ces magnifiques sourires. Mais contrairement au guide, Harry le regardait d’un air soupçonneux. Il savait que les deux ex-Serpentards lui cachaient quelque chose, et cette chose devait être sûrement très importante pour leur expédition, sinon ils ne seraient pas là avec eux. Mais même s’il s’était promis de ne pas brusquer les choses en leur laissant le temps d’avouer par eux-mêmes, la curiosité le démangeait tellement qu’il ne put s’empêcher de dire : - Tu es sûr et certain de ne pas savoir dans quelle direction aller ? insista-t-il. Son regard était si intense, si perçant, que Drago se sentit comme hypnotisé, mais il réussit tout de même à articuler un « non » qui était tout à fait sincère puisqu’il n’avait pas réussi à déchiffrer tous les codes de cette maudite carte. Tout ce qu’il savait pour le moment, c’était qu’il devait se rendre à l’endroit précis où était situé la croix, c’est-à-dire, là où Francisco de Orellana et ses hommes avaient campé il y a plus de quatre cents ans. Et cette croix était justement placé entre ces deux embranchements dont venait de parler Harry et Rafael. Une fois arrivé là-bas, il espérait trouver un autre indice qui lui permettrait de continuer la route vers l’Eldorado et surtout, vers l’or. Après s’être difficilement détaché des yeux trop verts de Harry qui l’observait toujours du coin de l’œil, Drago s’assit près de leur guide sur un gros morceau de bois, installé non loin du feu. Il prit une longue branche posée par terre et s’amusa à attiser le feu, plus pour s’occuper les mains que pour véritablement réveiller l’intensité des flammes. - Tout à l’heure, je vous ai entendu dire que nous allions nous arrêter dans un village, commença le blond. C’est vrai ? - Oui. Mais ne vous inquiétez pas, rassura Rafael, les indiens de ce village sont totalement pacifiques. Ils sont habitués à la présence des hommes blancs sur leur territoire, ils ne vous feront aucun mal, je peux vous l’assurer. Sauf si, bien sûr, vous les attaquez. Le Brésilien ria de bon cœur à sa petite plaisanterie, mais il arrêta vite lorsqu’il s’aperçut que son interlocuteur ne suivait pas. - Avons-nous réellement besoin d’y aller ? Je veux dire... On a tout ce qu’il faut pour camper, nous n’avons donc pas besoin de l’hospitalité des indiens de la région. - Outre leur hospitalité, ils nous fourniront des pirogues, répliqua le guide légèrement contrarié. Ce qui nous sera très utile pour voyager plus rapidement. Comme ça, au lieu de deux jours et demi de marche, nous arriverons à l’embranchement du fleuve en seulement une journée. - D’accord, concéda Drago, j’avoue que c’est très intéressant et très pratique surtout, mais ne risquons-nous pas de perdre plus de temps à nous rendre dans ce village plutôt que d’aller directement vers notre but ? Rafael sourit en remarquant que Drago ne perdait pas de vue le sens de ses priorités. - Ne vous inquiétez pas. Le détour que nous ferons n’est pas si énorme que vous semblez le penser. Et devant l’air sceptique qu’affichait le blond, il expliqua : - Il y a une rivière qui se jette dans ce fleuve à quelques kilomètres d’ici. Le village se trouve sur l’une de ces rives. Il y en a pour à peine une heure de trajet en plus, peut-être deux. Mais cette perte de temps sera tout à fait négligeable une fois que nous aurons les pirogues, finit-il en se levant comme si cet argument était indiscutable et clôturait ainsi leur conversation. Je pense que nous devrions tous aller nous coucher, à présent. Nous avons une longue route à faire demain et nous devons nous lever tôt. Alors, je vous souhaite une bonne nuit à tous. Les autres lui répondirent en chœur, puis, Rafael alla s’installer sur un des deux matelas fins et inconfortables pour deux personnes qui étaient disposés en ligne à environs trois ou quatre mètres du feu. C’était là qu’il devait dormir avec les trois porteurs qui, habitués à camper en plein air, préféraient passer la nuit dehors plutôt que d’être enfermé dans l’un de ces petits morceaux de toile où ils seraient forcément serrés. Les quatre Anglais, quant à eux, étaient répartis dans les deux tentes montées l’une à côté de l’autre et assez loin du feu pour ne pas qu’il y ait un risque d’incendie. Drago, qui se dirigeait vers l’une d’elle, fut accompagné par Blaise, qui partageait sa tente. Celui-ci était en train de râler à voix suffisamment haute pour n’être entendu que de Drago. - Non mais, t’entends ça ! Il nous prend pour des gosses ou quoi ? Même ma propre mère ne m’a jamais dit d’aller au lit ! - Ça, c’est parce que ta mère était trop occupée à boire son verre de vin en réfléchissant à comment elle pourrait assassiné son prochain mari sans se faire attraper par la brigade de police magique, plaisanta le blond. - Peut-être, mais au moins, je me couchais à l’heure que je voulais. Et c’est toujours le cas aujourd’hui ! Alors, si j’ai envie de faire une nuit blanche, je fais une nuit blanche ! - Eh bien, fais une nuit blanche si ça te chante, dit Drago, le comportement puéril de son ami le faisant sourire. - Eh bien, c’est ce que je vais faire ! s’exclama Blaise, déterminé. Mais à peine quinze minutes plus tard, il était en train de dormir profondément, à moitié couvert par les couvertures. Drago voulut le réveiller pour lui faire remarquer que « faire une nuit blanche » ne signifiait pas « ronfler la bouche ouverte », mais il s’abstint au dernier moment, préférant le laisser se reposer. La nuit était parfaitement calme et seul le léger bruit de l’eau et les ronflements des personnes dormant au camp perçaient le silence de la forêt. C’était une nuit parfaite pour bien dormir, sans le bruit habituel des voitures ou d’autres choses qui caractérisait si bien les nuits en ville. Pourtant, Drago n’arrivait pas à s’endormir. Il était allongé sur le dos, les bras croisés derrière la tête, guettant le moindre bruit trahissant une quelconque activité sexuelle, en provenance de la tente d’à côté : celle de Harry et de Ginny. Bien sûr, il ne pouvait les empêcher d’avoir des rapports, après tout, ils étaient ensemble, et il était normal pour un couple apparemment heureux (ça le tuait de le penser) de faire l’amour. Mais il se disait que si ça arrivait, alors il pourrait peut-être les interrompre en entrant dans leur tente en prétextant n’importe quel excuse qui lui viendrait à l’esprit. Par contre, ce genre de plan ne marchait généralement qu’une fois, pas deux, alors il fallait qu’il trouve une autre solution s’ils venaient à recommencer, ce qui serait sûrement le cas. Enfin, cela relevait de l’hypothèse pour le moment puisqu’il n’entendait que les ronflements incessants de son ami qui dormait à côté de lui. A moins qu’ils aient pensé à utiliser un Sortilège d’Impassibilité... songea-t-il amèrement c’est sur cette pensée peu réjouissante qu’il finit par s’endormir. Voilà, j’espère que ce chapitre vous a plu et je vous dis à bientôt pour le prochain ;) Bisous à tous !! |