Chapitre 5 Ma délivrance et mon tourment Je me revois, là dans ce parc, debout à te regarder t’éloigner lentement de moi. Des sensations se bousculent en moi, mon cœur bat à un rythme effréné et pourtant notre rencontre a eu lieu il y a plus d’une semaine. J’ai pris peur mon ange, cette proximité soudaine m’a autant ravi qu’effrayé. Tout est confus dans mon esprit… Tu es devenu mon adrénaline, mes paquets de cigarettes n’ont pas bougé depuis que tes yeux se sont plongés dans les miens. Tu me fascines. La beauté que tu dégages m’impressionne à un tel point que j’en ai pris peur. Je suis partagé entre admiration et effroi. Et je reste là, allongé au pied de mon lit, à même le sol, les yeux rivés sur le plafond. Qu’es-tu en train de faire de moi ? J’ai peur, peur que cette frénésie que tu provoques en moi ne soit que le fruit d’une illusion, que tu ne sois finalement pas capable de maintenir mon pauvre cœur en vie… Rassure-moi mon ange, promet-moi que tu en prendras soin et je m’abandonnerai à toi. Racontes-moi ce qui rend ton regard si sombre et mystérieux, et je te raconterai comment tu as su me faire renaître. Ton image obsède mes pensées. Je ferme les yeux et la sensation de la chaleur de ta main dans la mienne me revient en mémoire. Un frisson parcourt le long de mon corps rien que d’y penser à nouveau. J’aimerais te revoir, j’aimerais que tu me touches à nouveau, que le son de ta voix si grave me berce, et que tes bras m’encerclent pour ne jamais plus me lâcher… Et je suis là à nouveau, dans ce parc qui a provoqué notre rencontre. Je suis là mon ange, je t’attends, j’ai surmonté ma peur tu vois ? Je me sens prêt à surmonter n’importe quelle épreuve pour toi. Je suis prêt à te revoir, en vérité, je ne demande que ça. Oui je suis là, debout sous cette pluie fine à attendre que le destin provoque à nouveau notre rencontre. Et je fixe cette porte qui nous a séparé la dernière fois que nous nous sommes vus. Il est midi et tu ne sors toujours pas de cet endroit clos. Je t’attends mon ange. Le cœur battant à tout rompre, envahi d’espoir mais aussi de peur. J’ai un nœud à l’estomac, si je ne me retenais pas, des larmes longeraient mes joues tant l’émotion est forte. Mon cœur se meurt d’impatience. Les arbres tournent autour de moi, tu es à la fois ma délivrance et mon tourment, les choses qui m’entourent n’ont plus aucune importance pour moi. Tout est flou et sans grand intérêt. Il n’y a plus que toi et cette porte qui nous sépare l’un de l’autre. Midi vingt, mes espoirs commencent à s’évaporer mais je reste debout dans cette allée ignorant les passants qui grouillent autour de moi. Une heure moins vingt, la porte s’ouvre enfin. Mon cœur fait un bond et accélère son allure déjà vive. Tu sors enfin. Un parapluie noir cache la moitié de ton visage mais je sais que c’est toi. Tu ne viens pas vers moi. M’aurais-tu oublié ? Aurais-tu oublié notre rencontre ? Tes pas se dirigent vers d’autres rues, mon cœur s’affole, je ne sais plus quoi faire. Et sur un coup de tête je me mets à te suivre. Tu marches d’un pas rapide, je dois adapter chacun de mes pas aux tiens pour ne pas te perdre dans le tumulte créé par toutes les personnes présentes dans les rues. Enfin, tu t’engouffres dans une petite rue et ralentit ton rythme. Où te diriges-tu ? Tu t’arrêtes enfin face à un immeuble et, comme un voyeur, je me cache dans un recoin sombre pour que tu ne te rendes pas compte de ma présence. Ma vision s’obstrue de plus en plus, mon cœur s’agite encore un peu plus et de multiples questions me traversent l’esprit. Je jette un œil dans la rue, te vois entrer dans le bâtiment et te suis à nouveau. Tu montes les escaliers puis arpentes les couloirs, et de nouveau tu t’arrêtes. Une porte s’ouvre et tu me quittes à nouveau. Chacune de nos séparations sont une torture pour moi. Les cheveux et les vêtements trempés je reste au milieu de ce couloir à me remettre en question. Qu’est-ce que je fais là ? Comment peut-on être aussi obnubilé par une personne au point de la suivre ? Et toi, que fais-tu dans cet appartement ? Y es-tu seul ? Je m’approche lentement de la fameuse porte, lui fais face et, d’un geste indécis, je lève ma main jusque la sonnette et appuie malgré toutes mes appréhensions : il faut que je sache. Je n’ai pas beaucoup de temps à attendre avant que quelqu’un ne m’ouvre. Un sourire rayonnant m’accueille et pourtant je reste béat. Je n’arrive pas à en croire mes yeux. - « Bonjour ! Que puis-je faire pour vous ? » Alors c’est pour elle. Pour elle que tu marchais si vite. Pour elle que tu as oublié notre rencontre. Les larmes me montent aux yeux et, avant qu’elles ne franchissent leur limite pour ensuite glisser le long de mon visage, je m’enfuis en courant. Et je cours, sans regarder derrière moi, sans me soucier du fait que la pluie ait cessé. Je cours pour fuir ma douleur et celle-ci court après moi. Ma délivrance et mon tourment… |