Tout commence par un épisode assez délicat de ma vie, je veux bien sûr parler de mes parents. Comme tout les parents, ils faisaient ce qu’ils leur semblait le mieux pour moi. Mais ils auraient dû revoir leur vision de l’éducation et de la bonne relation parents-enfants. Chaque jour que je passais avec eux était une horreur, chaque minute une épreuve, chaque seconde un fardeau. On dit que les adolescents sont horribles vis-à-vis de leurs parents, je ne suis pas d’accord. Il n’y a aucun adolescent qui est odieux naturellement avec ses parents, il faut toujours une phrase, un geste, pour que les adolescents ne se sentent pas en confiance avec eux. C’est à ce moment que les ennuis commencent, dans la mesure où la relation n’est plus une relation familiale.

Ce fut mon cas. Je ne peux pas leur en vouloir, ils faisaient ce qu’ils leur semblait le mieux. Mais un mieux pour certains est un pire pour d’autres. Pas une journée ne se passait normalement, je devenais fou! Pas une seule fois, on ne m’a félicité pour une bonne action que j’avais eu le malheur de faire. Pas une seule fois, on ne m’a dit qu’on m’aimait pour ce que j’étais, et non pas pour la chose que je devais être pour eux. Pas une seule fois, ils ne m’ont laissé avoir une vie d’adolescent normal.

Je ne leur ai rien dit, mais leur attitude me décevait au plus haut point. Je les aimais malgré tout ce qu’il faisait pour m’enfoncer, mais je ne pouvais pas leur dire, les mots restaient bloqués au fond de ma gorge, je ne parvenais pas à faire sortir le moindre son. J’ai bien essayé de leur écrire, mais la lecture n’est pas vraiment leur fort, si bien que ma première lettre a fini à la poubelle après lecture, et une nouvelle dispute a éclaté.

Pourquoi se battre tout le temps pour des causes perdues? C’est pour cela que j’ai décidé de ne plus me battre pour ce genre d’idioties. Notre relation n’en était que plus exécrable. Ils ne comprenaient rien, ce n’était pas mon problème. Pour eux, je n’étais qu’une bouche de plus à nourrir, avec les frais qui allaient avec. Mais bon…

Après quoi, j’ai vraiment commencé à devenir odieux avec eux, afin de leur montrer à quel point ils l’étaient avec moi. Je pensais que j’allais les faire réagir, à vrai dire, je jouais ma toute dernière carte. Raté! Ils ne comprenaient pas, de toute façon, ils ne comprenaient jamais rien! Les disputes, les insultes, les coups, toutes ces choses devinrent alors beaucoup plus violentes et de plus en plus souvent.

Je n’avais plus le choix, je me devais de m’en aller. Le ras-le-bol qui s’était emparé de moi était plus fort que tout, je ne pouvais plus continuer comme ca. Rassemblant quelques affaires, les plus importantes à mes yeux et à mon cœur, je leur écrivais que je pensais me débrouiller seul à partir de maintenant. Prenant mon courage à deux mains, je m’élançais dans la nuit froide, en direction d’un endroit où habiter. Je n’avais que faire des éventuels avertissements qui arriveraient peut-être par la suite, il fallait que je m’en aille le plus rapidement possible…