Pourquoi continuer à vivre après tant de souffrances? Ma vie était finie, c’était écrit dans le grand livre de celle-ci. Je décidais alors d’essayer de rattraper mes erreurs comme je le pouvais. Je ne me droguais plus, j’arrivais à réguler ma consommation d’alcool, je fumais toujours autant mais j’avais pris l’habitude. Tout allait donc pour le mieux! Je recommençais à voir mes amis, je reparlais à mon aimée. Tout était bien. Mais la peur d’être abandonnée arriva bien vite. Je faisais donc en sorte d’être le plus souvent avec mes amis pour ne pas me sentir seul. Mais j’avais la détestable impression qu’ils ne m’aimaient pas, qu’ils pouvaient très bien se passer de ma présence. Je ne supportais pas ça. Comment pouvait-il me laisser ainsi? Je ne sais pas ce qui m’a pris sur le moment, mais je leur en voulais pour ça, mais pas assez pour les renier totalement… La seule méthode que j’ai trouvé pour me procurer un certain bien-être était l’automutilation. Je m’entaillais les bras pour me faire mal. Ca fait un bien fou de se faire du mal. Sans pour autant être masochiste, je me tailladais régulièrement les bras afin de rester « calme ». Je ne mangeais plus, je me scarifiais. Quelle vie! Puis, un jour, j’ai décidé qu’il fallait en finir. Mes soi-disant amis n’étant plus là pour moi, mon aimée ne voulant pas de moi, plus rien n’avait d’importance. Il fallait en terminer maintenant. Un jour, m’éloignant précipitamment, faisant croire que j’avais une chose urgente à faire, je m’en allais dans un coin où j’étais sûr d’être seul. Sortant la lame dont je me servais pour m’entailler les bras, je l’appuyais contre mon poignet, cherchant le meilleur endroit pour être sûr de couper la veine. Je voulais en finir rapidement. Chaque son, chaque vision, chaque seconde passée sur cette terre maudite m’insupportait. Il n’y avait personne autour de moi. Je respirais lentement, sachant que je vivais mes dernières minutes. Mon poignet était tendu au maximum pour être sûr de ne pas rater mon coup. Je n’en pouvais plus! Tout plutôt que de continuer à vivre cette vie-là. Lorsque la lame sectionna la veine d’un coup sec, je ne pus malheureusement pas arrêter le cri de douleur qui sortit alors de ma bouche. Je devais surement avoir coupé un tendon dans la foulée, car la douleur était disproportionnée par rapport à ma blessure, mais je n’en avais cure par la suite. Le sang coulait, coulait, coulait… Lentement tout d’abord, jusqu’à ce que le flux de liquide tiède qui coulait le long de mon poignet devienne vraiment important, à tel point que le sol taché de sang en devenait glissant. J’avais réussi ma sortie, il me fallait trouver un endroit où mourir tranquille… Je marchais vers ma mort. Je fis quelques pas afin d’essayer de m’éloigner avant le fatal dénouement de mon geste. Mais je ne pouvais pas aller très loin et je le savais. Je sentis alors mes jambes trembler, de plus en plus fort, jusqu’à ce que celles-ci ne puissent plus supporter mon poids. M’effondrant alors à terre, j’entendais que mes amis, qui m’avaient entendus crier, arrivaient. Les cris d’effroi, les mains qui relevaient ma tête, tout ça semblait si loin. Je voyais leur visage, je les voyais me parler, mais plus le sang quittait mon corps, plus les sons et les images devenaient faibles et floues. Je m’en voulais, car je ne m’étais pas rendu compte qu’ils avaient toujours été là pour moi, et qu’ils l’auraient toujours été si j’avais encore la vie sauve. Une larme coula le long de ma joue tandis que les griffes de la mort se refermaient sur moi. Je vis une dernière fois mes amis, celle que j’aimais. J’entendis leur voix une dernière fois. Puis la mort me prit totalement, alors que leurs pleurs résonnaient encore à mes oreilles. |