L’explosion. Brusque, puissante et dévastatrice. « Je… J’ai un jumeau… - Oui… Il prend ma main, la serre gentiment. M’embrasse le nez. J’ai un jumeau… Un jumeau… « Tu… T’es comme moi… murmuré-je faiblement. - Oui… Un jumeau… Un frère. Un frère jumeau… Gott… Je ne le connais pas… Il sait tout de moi. Merde alors, j’ai embrassé mon frère ?! Il me connaît… par cœur ! Tout ! Et moi… moi je ne m’en souviens même plus… « Mais… Je ne poursuis pas, incertain… « Hm ? - Tu… Tu m’aimes… ? Quand même… ? Malgré que… - Shht… Il rit un peu, me caresse le front tendrement ; il a les mains chaudes… Je rougis, et gémis. « Bien sûr, Schnecke… Je t’aime. Je sens mon jumeau – c’est tellement étrange de penser ça – se redresser de moi, et s’asseoir. Il me prend dans ses bras. Je me laisse aller dans son étreinte. J’ai l’impression de le voir malgré ma cécité, de pouvoir distinguer son regard doux sur moi, à l’image de ces mains qui me délassent le dos. Et il est beau… « Je n’vis que pour toi, tu sais ? Juste pour toi… T’es ma raison de vivre, Schnecke… ! Je me sens rougir, et mon cœur bat plus vite. Je me racle la gorge pour me débarrasser de ce papillon au creux de mon ventre. « Tu… hem, tu m’as observé… ? - Oui. - Longtemps ? - Non. Pas assez. Ça n’sera jamais assez, murmure-t-il en embrassant mes mains, tendre. Suçotant légèrement la pulpe de mes doigts. Je soupire, c’est agréable… « Jamais ? chuchoté-je d’une voix un peu tremblante. - Jamais. Je me sens dans le flou. Totalement. Tout se défait, se construit autour de moi. La seule chose qui reste stable est ce garçon si doux, ce jumeau si… amoureux. Il m’aime réellement, ça se… « voit »… se sent… « Zwil’… - Hm ? Son souffle caresse maintenant ma paume. « J’crois que… Oui, j’crois que j’t’aime… Je reçois un baiser sur la joue. Ça ressemble à un remerciement… Je me cale un peu plus contre lui, et on reste un moment comme ça. L’un sur l’autre, l’un contre l’autre. A se reposer, à se découvrir. Je le découvre. Un peu. Pas assez selon moi. Alors, au bout d’un moment, je me redresse, et tourne la tête vers là où je crois qu’il y a sa tête. Ça me fait tellement de ne rien voir… Je veux le connaître ! « Je veux te voir. Silence. Mon cœur bat vite. « S’il te plaît… ! Ma voix est presque suppliante. Un peu plus et j’aurais honte de moi. Il me caresse le front, m’embrasse doucement la mâchoire. Sa main est chaude, je gémis. C’est bon. Il est doux. Il me prend tendrement les mains, et les pose sur, euh… quelque chose de chaud… et palpitant. Je bouge un peu mes doigts. Une bosse. Elle… descend ? Elle revient à sa place, maintenant… C’est quoi ?? Je retire rapidement mes mains, hésitant. Je… sais pas comment faire… Et si je lui faisais mal ?! Je l’entends soupirer, et le sens se détendre contre moi. Son souffle caresse ma joue, doucement, presque sensuellement, et sans vraiment pouvoir dire d’où me vient cette certitude, je sais que c’est pareil pour mon… euh, jumeau… Lui…. « Touches-moi, gémit-il en reprenant mes mains dans les siennes. Vas-y… Tout c’que tu feras, je le voudrais… Il fait doucement remonter mes mains vers son corps. « Tout… Je… Il plaque mes mains sur lui, sur sa peau. « … t’aime… Sa gorge ronronne sous mes doigts, la peau se tend et vibre doucement. J’adore. C’est génial. J’ai… envie de le toucher. Je veux le savoir. L’apprendre. Et ne jamais l’oublier. Ses propre mains se posent sur mes hanches, caressent doucement l’extérieur de mes cuisses. Je frissonne. Sa peau paraît cent fois plus chaude que la mienne. Je remonte un peu mes doigts, lentement. C’est chaud, doux. Je sens le grain de la peau, régulier, sous mes doigts. J’effleure tout doucement, juste du bout des doigts. Je n’veux pas lui faire mal. Non. Alors j’essaie d’être le plus doux possible. Comme lui l’est avec moi. Ferme et rassurant. Mes doigts touchent quelque chose de dur. Je remonte encore un tout petit peu, et j’atteins son menton. Les côtés de son menton. Je redescends. Pas trop vite, non. Il ne faut pas se précipiter, sinon je vais louper des choses. Doucement. Lentement. Soigneusement. Je veux le découvrir. Autant que lui me connaît. Je veux tout savoir de lui. Jusqu’au moindre grain de beauté. Sa pomme d’Adam se meut sous mes doigts, légèrement. C’est agréable… Je le lui avoue, dans un chuchotement, émerveillé. Sa gorge se tend, se crispe, se gonfle ; sa pomme d’Adam se déplace… Je me sens puissant, à sentir sa gorge se mouvoir sous mes mains. Cet endroit si fragile, si vital… Je souris doucement. Je tremble un peu, mais remonte le long de son cou. Mes pouces se touchent alors que je sens l’arrondi de sa gorge. Il est fin. J’entends - et je sens - sa respiration calme, il est détendu sous mes doigts, je ressens sa confiance… comme un énorme cadeau, quelque chose qui réchauffe le cœur, et ça me fait du bien… je me souviens de rien, mais j’ai mon jumeau. Ses mains qui cajolent mes hanches m’apaisent. Peu à peu. Au même rythme que je prends de l’assurance. Je dessine l’angle de sa mâchoire, ferme et bien droit. L’os est marqué, mais pas trop saillant quand même. Je glisse vers le menton, sans fossette. Je dévie de la bouche - pas encore, non… - savoure le velouté de l’épiderme… « Tu as la peau douce, soufflé-je doucement. Il renâcla doucement vers le nez. « Merci… *~* Peu de mots. Il avait fermé les yeux, totalement offert… Vulnérable à son jumeau. A la personne qu’il aimait le plus au monde. Les mains chaudes qui parcouraient tendrement son visage lui procuraient une sensation jamais éprouvée auparavant : il se sentait merveilleux sous ce toucher délicat - précautionneux. Comme si son frère avait peur de le casser. De se blesser… C’était doux, bon, et par-dessus tout, extrêmement sensuel… Peu à peu son corps s’éveillait face aux caresses du jeune homme, se tendait tout entier vers ce contact, l’appréhendait, l’attendait, le réclamait. Il soupira et crispa brièvement ses mains sur les hanches fines de son jumeau lorsque celui-ci caressa - enfin ! - de ses pouces, ses pommettes. C’était si bon, il devait se faire violence pour ne pas haleter et gémir. Il ne voulait pas brusquer son compagnon, lui faire peur. *~* Toujours aussi doucement, je parcoure lentement sin visage, dessinant le nez fin et long, effleurant le bas des oreilles toutes douces, découvrant le grain de la peau, plus fin, plus… presque féminin. Evitant la bouche, et les yeux. Pas encore. Je sais même pas si je pourrais toucher aux yeux… J’ai trop peur de lui faire mal, mais surtout je… moi, je suis aveugle maintenant… Je me stoppe. Je suis aveugle. Comment vais-je faire ? Je n’vois plus rien… Comment marcher, parler avec les autres, et… rire ? M’amuser ? Comment… ? Les mains de mon frère se rappellent à moi, frictionnant mes cuisses plus fort. Le frisson qui me parcoure, chaud, semble s’infiltrer dans mon cœur, et me redonner de la force. « Merci… Il m’octroie une douce caresse dans le creux de la hanche qui me fait ronronner. Je caresse ses pommettes aves mes pouces, pendant qu’il me câline silencieusement. Il semble ressentir mes pensées, c’es troublant mais réconfortant. Je ne serais pas seul. Je n’affronterais pas ce calvaire seul. Il sera là. Ses mains redescendent sur mes cuisses, reprenant leur paresseux mouvement. Mon moment de blues est passé. Pour l’instant. Je redescends lentement sur sa gorge, encore. Mes doigts dessinent sa pomme d’Adam. Ça me subjugue. Cette petite chose mouvante, dure mais recouverte de douceur… C’est fascinant… Il paraît tellement merveilleux, tellement parfait… Sous mes doigts, un grain de beauté s’est dessiné, sans que je puisse - ou veuille - le localiser précisément. Ses mains sur mes hanches m’encouragent calmement à continuer. Me poussent, me soutiennent. Il est génial. Sous mon passage naissent quelques frissons, courts ou longs, des crispations brèves de ses doigts sur ma chair… J’adore. Cet instant me semble exceptionnel. Comme si le reste de ma vie se jouait ici. Juste à ce moment-là. Alors que je suis installé sur les cuisses de mon frère, mes propres jambes dans son dos, occupé à le caresser, le toucher - le découvrir. Comme si ces quelques minutes de caresses, de douceur et d’apprentissage étaient en train de décider ce qui va se passer pendant toutes les années à suivre, jusqu’à ma mort. Un moment exceptionnel Comme je n’en revivrais jamais. Doucement, j’ose frôler les sourcils, que je devine épais… Virils. Je descends, tout doucement, lentement, pour profiter… pour retarder. Ses yeux… Mes yeux… Nos yeux… car il sera les miens maintenant… Ses yeux… Mes doigts frôlent ses paupières, closes sur les yeux papillonnants, je serre les dents. Ses yeux… - - - Alragan ! |