Je me suis réveillé très tard dans la mâtiné, le lendemain. Je n'étais pas franchement au mieux de ma forme et il a fallut un moment pour que je me rappelle que j'avais un rugbyman dans mon salon. Il était plus de onze heures, était il réveillé ? Je me suis habillé en vitesse et ai descendu les escaliers de ma petite maison pour retrouver Henjak avachis sur le canapé. Cela m'a consterné. Je me suis approché de lui et l'ai secoué - Debout ! Lui ais je crié. - Putain mais tu me casses les burnes ! M’as t il rétorqué en me tournant le dos. Tu vois pas que j'suis mort et que ma tête est prête à exploser ? - Rien à foutre ! Lève toi et va prendre une douche, tu pues. Il s'est redressé sur le canapé en lâchant un "Putain !". J'ai souris mais je voyais bien que je l'emmerdais plus qu'autre chose. Je lui ai montré la salle de bain et lui donnait quelques fringues de mecs. - C'est à qui sa ? Me demanda-t-il - Mon ex. - Tu vis avec des fringues de ton ex ? - Ta gueule. Va te laver. Là, il a sourit. Je l'ai poussé dans la pièce. Je n'avais aucune envie d'expliquer que je ne pouvais pas jeter ses fringues, alors autant qu'elles servent à quelque chose. En attendant, je me suis installé dans ma cuisine et ai préparé un petit déjeuné. Toute ma vie, j'ai été nulle en cuisine. Je dois être la seule personne au monde à avoir réussi à faire griller des pâtes. Oui, des pâtes. Depuis mon divorce, de un, je n'ai plus personne qui me cuisine quelque chose et de deux, il faut bien faire à manger à mes enfants qui ont respectivement 4 et 2 ans. Habiter seule sa vous apprend à faire la cuisine, et autre chose que des pâtes ou des plats tout prêt. J'ai disposé sur la table, entre autre, des céréales de toutes sortes (c'est sa d'avoir des gosses) ainsi que de nombreux jus de fruit et j'ai commencé à préparé une pâte à crêpe lorsque Henjak est reparu, en caleçon, les cheveux humides. Il n'avait visiblement passé que cinq minutes sous la douche - Je ne mettrais pas les fringues de ton ex. - Ok, trimballe toi à poil si tu veux. - Je ne suis pas nu, je suis à moitié nu ! - Tes fringues pues Henjak, fais quelque chose ! - C'est bon, je rentre chez moi bientôt ! - Tu arrêtes de boire ? - Ta gueule. Je me retourne vers lui, passablement énervée, les mains sur les hanches et lui balance - Henjak, je vais être clair. Tu pourrais être aimable, c'est la moindre des choses parce que je t'ai hébergé ! Tais toi j'ai pas finis ! L’interrompais je. Si je ne t'avais pas hébergé, tu aurais fini la gueule dans le caniveau à vomir tes tripes ok ? Et là, je suis en train de faire des crêpes et je suis une sous merde en cuisine, alors si tu veux en profiter, sois gentil et agréable ! Il m'a regardé de haut en bas avant de ricaner et de dire un simple ok. Je suis retournée à ma pâte à crêpe, mes mains tremblaient légèrement, comme à chaque fois que je m'énervais.Après un court silence, Henjak s'est levé et a quitté la pièce. Je me suis retenu de lui demander ce qu'il allait faire, mais après tout, il était assez grand pour se débrouiller tout seul. Lorsque le demi de mêlée est revenu, j'avais réussi à faire un tas conséquent de crêpes. Certaines étaient grillés, d'autres déchirés ou trop épaisses, mais l'intention y était. Henjak est passé par le comptoir et à voler discrètement, ou presque, une crêpe. J'ai posé mes crêpes sur la table en ajoutant sucre, nutella et sirop d'érable et me suis assise. - Tu fais quoi de ta vie ? Me demanda Henjak, la bouche couverte de sucre. - Je bosse et j'élève mes gosses, lui répondis je en me prenant une crêpe qui ressemblait plus à un pancake qu'a autre chose. - Whouaw, tu as une vie passionnante ! - Henjak, ferme ta gueule. - Tu me trouves insupportable ? - Non, réaliste. J'ai une vie de merde, je sais. - Sa te dirais pas de bouger ton joli cul un peu ? Ricana-t-il. - Oh Henjak, laisse mes fesses en paix. Tu crois que sa me plait d'avoir une vie de merde ou quoi ? Sincèrement, sa me fais chier de passer mes soirées à faire des coloriages ou à regarder la télé ! - Ok. Ba tu sais quoi, on va faire un deal ma petite. - Attend, rectification ! Je ne suis pas petite, c'est toi qui es grand ! Ce n'était pas parce que je fais simplement un mètre soixante qu'il devait me traiter de petite fille sous prétexte qu'il avoisinait le mètre quatre vingt. Vingt centimètres, ce n'est pas grand chose comme différence .- Bref, poursuivit il. J'arrête de boire si toi, tu t'éclates un peu dans ta vie. T'as quel âge déjà ? Vingt six ans ? - Vingt huit. - Pareil. C'est pas parce que t'as deux mômes qui braillent, bavent, hurlent et courent partout que tu dois te priver du reste de ta jeunesse. D'ailleurs, je ne les ai pas vu, ils sont où ? - Chez leur père. - Bon, tape m'en cinq, j'viens de te faire une super offre ! - Matt, tu dis sa parce que t'as la gueule de bois et que c'est ultra désagréable. Tu serais sobre et sans mal de crâne, t'aurais rien dit ! - Peut être. Je le regarde avec insistance. Il ricane et baisse la tête. J'avais donc raison. Dès qu'il ira mieux, Matt Henjak s'en ira, oubliant son mal de tête, ma petite personne et se remettra à boire. Il oubliera cette soirée où une fille triste et dont la vie est triste a elle aussi bu pour oublier sa vie de merde. Il oubliera cette soirée où une fille triste l'a ramené chez elle sans se préoccuper de rien d'autre que de son sort. Il oubliera que cette fille pense que seul lui peut changer sa vie et en faire quelque chose. Il oubliera tout. Tout, et surtout moi. Henjak mangeait vite et beaucoup. Cela faisait un moment que j'étais la plus grosse mangeuse de la maison. Henjak m'a battu à pleine couture. J'ai eu tout juste le temps de manger cinq crêpes qu'il avait déjà finis le tas.- Tu manges comme un porc Henjak, t'en a partout !Il prit un sopalin et s'essuya la bouche majoritairement entourée de sucre et de nutella. Henjak tourna la tête pour regarder par la fenêtre et je pus à loisir admirer la partie de son crâne qui était rasée. Il n'avait pas rasé le coté entier, cela faisait plutôt un tiers de sa surface crânienne. La forme était vraisemblablement triangulaire et pouvait se vanter d'avoir une lisière. C'était très original mais pas franchement esthétique. Henjak avait eu toutes les coiffures possibles et imaginables. Ses cheveux en avaient vu de toutes les couleurs, de toutes les formes. Du blond au violet, en passant par des rayures et des crêtes, Henjak faisait parler de lui grâce à ses coiffures affriolantes, vu que sa carrière patinait un peu. Il changeait de club sans avoir son mot à dire ; il ne pouvait pas faire sa star, en quelque sorte. Henjak ne savait pas où il jouerait l'année prochaine, il ne savait pas s'il allait jouer en fait.J'ai vaguement abordé le sujet avec lui, ce qu'il allait faire, en préparant une nouvelle pâte à crêpe. Il haussa simplement les épaules et plongea son doigt dans la pâte avant de le mettre dans sa bouche. Je savais qu'il faisait semblant de s'en foutre, que cela le touchait. Quand on joue au plus haut niveau, on ne veut jamais en redescendre. La chute est très dure. Henjak n'avait pas envie de parler de sa, je n'allais pas le forcer.Le téléphone se mit à sonner et j'ai quitté, à regret, mes crêpes : - Allô ? - Hey ! C'est Luke, j'te dérange ? - Non, non. Ca va ? Que puis je pour toi ? - En fait, avec Brooke, on a été invité en week end chez mes parents. Tu pourrais garder Tamati et Astyn ? - Tu peux pas les prendre avec toi ? Il a hésité. D'habitude, je dis oui tout de suite et je viens les chercher, même au milieu de la nuit. - Ba je préférai pas trop. Tu peux ou pas ? Me demanda-t-il. C'est moi qui ai hésité cette fois ci. J'avais chez moi un alcoolique qui pouvait devenir violent et qui avait une semi gueule de bois. - Je sais pas Luke, tu me prends au dépourvu... - Mais sa te dérange jamais d’habitude ! S’impatienta-t-il. Tu fais jamais rien, tu peux les garder ! - Et si, pour une fois, je fais quelque chose ? - Y a quelqu'un chez toi ? - Sa ne te regarde pas ! Tu gardes Astyn et Tamati ! Et j'ai raccroché. Je n'avais pas envie d'avoir deux marmots dans les pattes aujourd'hui; j'en avais un de vingt six ans. Je suis retournée dans la cuisine et je fus très surprise de voir Henjak se débattre avec la poêle et une crêpe qui ressemblait plutôt à un pancake. Je n'ai pas pu retenir un fou rire. Il s'est retourné et, vexé, a arrêté sa préparation culinaire. Il a quitté la pièce, me laissant littéralement sur le cul. Je l'ai suivi, j'avais peur de l'avoir vraiment vexé. Il est entré dans la salle de bain, moi toujours sur ses talons. Il a saisit un ancien tshirt de Luke et m'a dit - T'as trente secondes pour te préparer, je t'emmène dans la meilleure crêperie de Christchurch ! - T'en as pas marre de manger des crêpes ? - Tais toi et vas t’habiller ! - Mais je suis habillée ! - Habille toi mieux alors ! - Henjak ! Il est sortit, un sourire aux lèvres, et m'a fait un clin d'oeil. C'est assise sur un muret avec le demi de mêlé que je savourais une des meilleures crêpes que j'ai jamais mangées de ma vie. La meilleure crêperie de Christchurch celons Henjak était en fait un simple stand en face de la mer. Les Australiens avaient une vision bien à eux de ce qu'était une crêperie. Le mistral faisait virevolter mes cheveux, ces derniers n'hésitaient pas à atterrir dans le nutella. Henjak était en fait quelqu'un de très sympathique ; il suffisait de gratter un peu sous sa carapace de solitaire qui déteste toute compagnie pour trouver quelqu'un de gentil et drôle, quoique un peu taquin mais cela ne me dérangeait pas outre mesure. - Hey Matt, pour ton deal là, on fait comment ? - Ba c'est facile. Tu sors et moi j’arrête ! - De boire ou de sortir ? - Les deux. Parce que quand je sors, je bois. - Ok. Et si j'y arrive pas ? - T'y arrives pas à quoi ? - A m'amuser en sortant ? Henjak soupira en secouant la tête, sur jouant un peu son rôle de désespéré. - Alors je vais devoir habiter chez toi et te surveiller en permanence ! De toute façon, mon proprio me vire dans deux semaines. - Je suppose que je n'ai pas le choix. Je te surveillerai aussi, si je te vois avec une bouteille d'alcool dans la main, tu sentiras mon pied au cul et tu dormiras dans le jardin ! Henjak a ricané. Je ne devais pas trop lui faire peur, dis comme sa .- Ok ma p'tite. Je m'installe quand ? - Quand tu veux ! |