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au 31 Mai 21 :
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Waves of Green
Par Corps Etranger
Originales  -  Général  -  fr
1 chapitre - Rating : K (Tout public) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 1     5 Reviews    
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Chapitre 1
- Pourquoi la mer ?
- Les souvenirs.
- Je ne te suffis pas ?
- Tout est relatif.


Il posa son regard sur elle mais n'atteignit pas ses yeux.
D'un geste lent, il réajusta la bretelle de son débardeur sur son épaule nue.
Tâches de rousseur.
Même s'il ne s'occupait pas d'elle, il n'aimait pas que quelqu'un d'autre que lui ait accès à sa peau.


- Demain ça fera deux ans.
- ...
- Notre rencontre.
- ...
- Tu ne t'en souvenais pas.



Il s'en souvenait.
Meth se souvenait toujours.
Toujours de tout.
Tout ça ce n'était qu'une question de fierté en vérité.
Jouer l'homme, ne pas faire dans le sentimentalisme, le romantisme absurde, tous ces trucs.
Mais ouais, Meth se souvenait de tout.


- Tu portais une robe verte.
- Quoi ?
- Vert pomme. Elle était vert pomme et c'est tout ce que tu portais. Le vent l'a soulevée, tous les gars du bahut t'ont reluqué le cul, mais moi j'ai pas bougé. J'ai fixé ton visage, le rougissement au coin de tes joues. Tu as eu un minuscule sourire, et tu as ris très fort. Comme si finalement, rien n'était grave.
- Elle était jaune.
- La pomme ?
- La robe.
- Non. C'était vert pomme. Acide.



Elle entoure le torse de Meth avec ses bras, et pose ses mains gantées sur son ventre.
Elle a toujours eu la peau fragile, Sarah. Toujours.
C'est encore une enfant. Une enfant rebelle, en colère, au bord du gouffre.
Dans les mots elle veut fermer son cœur à tous les emportements, mais dans les faits, il n'en est rien.
Le cœur de Sarah, il est aussi gros, aussi beau, aussi fracassant que tous les bateaux qui perdent leurs voiles au bout de leurs regards.


- Un orage arrive, Sarah.
- Ma robe était verte.
- Tu ne perds pas le fil.
- Mieux vaut ne pas perdre le fil. Avec toi, je suis vite perdue.
- Tu es une gosse capricieuse.
- Une gosse amoureuse.
- C'est pareil. L'amour, les caprices. Dans le même panier.



Sarah resserre ses mains sur le ventre de Meth, et il sent un peu ses ongles s'enfoncer dans sa chair.
Il a appris à ignorer la douleur qu'elle pouvait lui infliger.
Car ça n'avait rien de méchant.
Elle voulait juste avoir la certitude de lui faire aussi mal avec ses ongles qu'il lui en faisait avec ses silences.


- Tu étais la petite nouvelle. On t'attendait tous.
- Toi aussi ?
- Non. Je n'ai jamais rien attendu de la vie. Encore moins des filles.
- Connard.
- Tu étais en seconde A. Moi en Terminale D. Je ratais mon bac pour la seconde fois, et je perdais mes mots.
- Où sont-ils, maintenant ?
- Sur ta nuque. Le long de ta colonne vertébrale. Au creux de tes reins. Sur l'éternité de tes cils.
- Tu ne te rends pas compte du poids de tes phrases, n'est-ce pas ?



Elle embrasse le lobe de son oreille, le mord un peu.
La morsure d'un chaton à un loup.
L'orage bousille l'horizon, Sarah sursaute, se cache dans les méandres du dos de Meth.
Sa veste sent les vagues, le cidre et la cigarette à la menthe.
Ils en fument souvent sous les étoiles, sans avoir l'impression de se pourrir les poumons.


- Je suis tombé amoureux de toi.
- Quand ?
- Je t'ai vu prendre une fleur en photo. J'ai trouvé ça atrocement mignon et ridicule à la fois.
- Je cherchais à faire dans le minimalisme.
- Tes photos sont toujours floues. Cet après-midi là, je suis arrivé derrière toi, je t'ai prise par la taille, je t'ai embrassé, ta langue m'a répondu et tu m'as giflé.
- Un jour je serai une grande photographe, et tu t'en mordras les doigts. Je serai une artiste et tu feras la manche.



Meth voulait lui dire de continuer de rêver.
Parce que lui, il ne rêvait plus depuis longtemps, ses sommeils étaient noirs et vides.
Souvent le corps de Sarah s'étendait près du sien, son dos découvert, le M. tatoué sur la clavicule.
La cendre de sa cigarette brûlait ses poignets, le S. près des veines, bleues, vertes et violettes.
Toutes ces couleurs et le noir de son prénom.
Déjà 2 ans.


- Sarah.
- ...
- Tu entends l'appel des vagues ?



Meth saute de son rocher, remonte son jean sur ses mollets.
Ses pieds, ses orteils s'enfoncent dans le sable, il est froid, très froid, mouillé et plein de coquillages qui lui strillent la plante des pieds.
Le vent du large fait gonfler sa veste, il a le torse d'un géant, il avance vers l'écume, alors Sarah elle prend son appareil.
Et puis sans même viser, elle la mitraille, sa seule inspiration, sa seule issue de secours.
Sa seule bouée.
Un dernier flash et l'eau s'infiltre sous les vêtements de Meth.
 
     
     
 
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