Prologue J'étais alors ce que j'ai toujours haï. Source d'une nouvelle race. Source de nombreux mythes. J'étais le commencement de tout et de rien. J'étais affreuse ! Un monstre ! Une inhumaine. Le commencement de cet état, était la fin de l'autre. La fin de ma vie. La fin de tout. La fin de nous, tu m'as dis d'y croire, j'y crois. Sauve-moi !
Chapitre 1 : On a toujours dit que la vie était source de problèmes, la mort source de peurs, l'existence source d'envies, de craintes, de défis. On a toujours dit que le fantastique est une histoire faisant hésiter sur les phénomènes, ou encore ce qui revient aux créatures magiques, mythiques. Mais tout cela est faux ! Je le sais comme bien d'autres. Qui ne sait pas à vrai dire que ces mythes affreux n'existent pas ? Moi je le sais. Qui d'autres ?
Je regardais mon bloc-note, heureuse. Voila qui allait clouer le bec aux fans du nouveau livre fantastique. Un livre sur les fantômes, des êtres revenant parmi les vivants pour empoisonner ceux qui ont encore la chance ou malchance d'être là encore.
Moi je dirais chance. Je n'ai rien contre la vie, elle vaut la peine d'être vécue. Moi, je suis une jeune fille de taille moyenne, corpulence moyenne, une fille moyenne. Mon nom aussi est très moyen: Lucy, combien avant moi se sont appelées ainsi ? Combien de livres parlent du nom moyen qui est le mien ? Je suis en terminale L. D'où l'importance des ouvrages dans mon univers, et les questions de mon subconscient en faisant part. L'étude des langues, dont j'en emploie cinq couramment : Français, Anglais, Espagnol, Allemand et Roumain. Mais je commence à apprendre le Chinois, qui devient important maintenant.
C'était bon, le dernier jour au lycée était derrière moi. L'année avait à peine débuté, et je devais déménager. Chez moi, ça arrivait fréquemment. Mon père était traducteur/guide pour les voyages. Il partait tranquillement dans un hôtel et aidait les résidants. Et en plus il gagnait beaucoup ! Ma mère quant à elle était actrice. Mes deux parents ne faisaient pas beaucoup attention à moi. Ma mère plus je dois dire, elle me voyait parfois et était maternelle ces moments-là. C'était rare. Je déménageais donc, aucun regret. De toute façon je n'avais pas eu le temps d'avoir d'amis. J'emménageais donc en Amérique du Nord, Seattle. Le temps tournait généralement à la pluie dans ces régions. Un peu comme nous à Paris. Rien de bien horrible.
Ma mère me regardait dans le rétroviseur, elle était rayonnante, je ne comprenais pas pourquoi. Je fermai mon bloc-note et lui rendis un sourire doux, cachant ma frustration. Elle ne sembla pas s'en rendre compte et elle regarda de nouveau la route. Je n'aimais pas être devant, j'avais l'impression d'être gardée. Alors que derrière j'étais dans mon habitacle, sereine et seule.
- Lucy, on est arrivée.
Je regardai anxieusement ma nouvelle maison. Toujours aussi belle. Je ne l'avais jamais vue, mais ma mère avait toujours le même gout en matière de maison. Si elle n'était pas d'un blanc immaculé, avec des fenêtres énormes pouvant offrir la lumière du dehors au dedans, et s'il n'y avait pas au moins trois étages -comme celle là- (inutile et ça casse l'effet ironique de la phrase) ma mère n'en voulait pas. Donc c'était le même genre de maison, la même que les dix d'avant.
- Je l'ai achetée !
Cette affirmation me fit hoqueter de surprise. Maman n'achetait jamais. Parce qu'elle m'avait promis que le jour où elle achèterait, ce serait notre dernière maison. On ne déménagerait plus. Je soupirai doucement. Maman me mettait encore plus la pression, si je n'avais pas d'amis, si j'étais haïe par tous, ce serait pour ... toujours. Enfin, pour la scolarité entière, pas de déménagements tous les deux mois, de nouvelles personnes, de nouveaux pays, plus rien.
- Tu es heureuse ?
Je méditai sur sa phrase et acquiesça. C'était vrai après tout, j'étais heureuse, à ma façon. Je ne le faisais jamais voir, mais je l'étais. On avait une belle maison, je resterais sûrement assez longtemps pour avoir des amis. Peut-être que cette fois j'allais en avoir. Peut-être avec de la chance. Ma mère me tendit mes valises, je les pris et montai au dernier étage, qui était toujours le mien. Et rien ne pouvait changer cela. Je soupirai en ne voyant ... rien. Il y avait tout juste un lit et rien d'autre. J'ouvris ma valise sur mon lit et attendis. Ma mère monta et remit sur pied l'armoire que j'utilisais tout le temps. Je l'aidai et elle me dit, un large sourire aux lèvres:
- Tu ne parles pas beaucoup aujourd'hui. Tu es triste ? - Non, répondis-je en constatant que c'était vrai. Je suis très heureuse. Pourquoi ? Es-tu devenue dépendante de ma voix ?
Ma mère pouffa, magnifique, que je ne pouvais m’empêcher d’envier. Puis elle secoua la tête et ses cheveux blonds cendrés tombèrent sur ses yeux bleus clairs.
- Ma chérie, demain je t'achète une nouvelle armoire, tu viens, tu es obligée. - A quelle heure ? demandai-je en riant. - Dix heures ça te va ?
Je souris de toutes mes dents et lui répondis d'une voix amusée par l'anticipation de sa réaction:
- Bien sûr comme ça je raterais le premier jour de cours.
Ma mère rigola de nouveau en se tapotant la tête. Décidément elle était vraiment ... enfantine. Elle soupira et me dit :
- C'est vrai ! Oublie ! Je t'emmène et vais toute seule t'en acheter une. Tu me fais confiance ?
Elle parlait seulement du design de l'armoire. J'acquiesçai en sachant qu'elle ne prendrait jamais quoi que ce soit d'embarrassant. Elle me sourit une dernière fois et descendit. Je devinais qu'elle continuait de débarrasser le coffre de la voiture. Ma mère était comme ça, elle restait pour parler de ce qu'elle avait en tête, puis partait. Mais ce n'était pas un reproche, juste une constatation.
Je rangeai mes affaires dans ma vieille armoire en bois qui serait dès demain réduite en buches pour la cheminée. Cela pouvait sembler idiot de ranger mes vêtements, mais je m'ennuyais fermement. Mon armoire allait être recyclée, en quelque sorte. J’adorais regarder le feu crépiter. Ma mère le savait. A chaque maison, elle faisait attention à ce qu’il y ait une cheminée, pour moi. Elle choisissait donc une maison avec une cheminée en plus, sinon pas de maison. C'était ridicule, je le savais. Mais j'en étais presque dépendante. Après avoir rangé, je descendis d'un étage, il était presque à moi celui là aussi. C'était celui des créations. Il y avait mon piano. Les déménageurs avaient dû le mettre dans la maison avant notre arrivée, comme pour mon lit à baldaquin. Je touchai le rebord du piano, puis les touches. Je m'assis et commençai à faire un morceau de Mozart. Puis du célèbre allemand Jean-Sébastien Bach. Je m'amusai comme ça puis jouai quelques notes et accords au hasard. J'éxécutai un morceau magnifique. Je continuai à l'améliorer quand la fatigue s'empara de moi et ... que je m'endormis dans un gros Fa #.
Le lendemain, quand je me réveillai j'étais dans mon lit. Je soupirai, heureuse, quand ma mère m'embrassa tendrement sur le front. Elle me laissa et je me levai. Je me lavai et l'eau brûlante coulait sur ma peau blanche devenue d'un rouge soutenu par la brûlure douce. Je me séchai rapidement et me mis du crayon noir sous mes yeux, ce qui les rendit plus sombres. J'étais clairement le contraire de ma mère : j'avais les cheveux lisses grâce à l'eau, bruns, les yeux verts sombres soulignés maintenant d'un trait noir, la peau blanche -ma mère plus bronzée que moi. J'étais habillée ... telle une fashion comme diraient les parisiennes qui étaient censée être mes amies. Ce n'étais pas mon style, moi, j'étais plus du genre simple mais sombre, mais je ne voulais pas que ça se voit. Me fondre dans la masse, c'est tout.
Quand j'arrivai au lycée, on me regarda étrangement. Je leur souris mais rien à faire. Je fonçais donc en direction du secrétariat où ce qui servait de cela. Je n'y connaissais rien, j'étais nouvelle. Horrible. Un jeune homme aux cheveux blonds/châtains sans être cendrés était là. Je le regardais perplexe et lui demandais:
- Êtes-vous un pion ? - Non mademoiselle ... Demens ?
Sa voix était très belle, celle qu'on ne pourrait pas oublier même si on le voulait. Elle n'était pas grave, on avait même l'impression que ce jeune homme n'avait pas mué. Pourtant il faisait ma taille. Je lui souris et acquiesçai. Il rit doucement, à cette instant je me trouvais bête. J'arrêtai de sourire et mis mon masque d'indifférence. Le jeune homme blond me dit :
- Je m'en doutais. Seule une française peut demander cela. Il n'y a pas de pion ici, enfin, pas exactement, c'est compliqué. J'ai été appelé pour vous emmener en cours et pour que vous ne soyez pas perdue. - Ce sont deux choses différentes ? A part dans les couloirs, je ne peux pas être vraiment perdue.
Il ria de plus belle devant ma question. Elle devait être si idiote pour lui.
- Demoiselle Demens, perdue au sens de ce qu'on fait au État-Unis. Par exemple vous pouvez passer votre permis de conduire et avoir une voiture, vous avez dix-sept ans, donc, vous pouviez même l'avoir il y a un an.
Je remarquai alors qu'il parlait doucement, j'étais touchée par cette intention. Même si ce n'était pas indispensable. Je lui dis que je parlais couramment sa langue et que j'avais appris leur "tradition" et que son aide était peut-être de trop, mais il ne sembla pas changer d'avis. A sa guise. Il me conduit bien gentiment à ma salle de Chimie, il entra même dans la salle et ... je dus m'assoir à ses côtés. On avait donc les cours de Chimie, d'Anglais et d'histoire en commun. Il m'invita à le rejoindre à la cafétéria. Je ne refusai pas sa proposition et m'assis entre lui et l'un de ses potes, un joueur de basket apparemment, brun.
- Hein d'moiselle Demens vous venez à notre p'tite soirée d'min ?me demanda le basketteur la bouche pleine.
Je ne savais pas comment faire pour décliner sa proposition. Je décidai alors de jouer la carte de l'innocence.
- Je m'appelle Lucy, et je ne peux pas, je dois aider ma mère pour le déménagement et tout ... - Pff ! Ces gosses de riches ne savent plus s'amuser ! rétorqua le brun qui parlait cette fois la bouche vide.
Je me levai, pris mon plateau et commençai à partir. Mais James -le blond de l'accueil- me rattrapa et essaya de me calmer. Pourtant ses tentatives empreints d'amusement m'énerva plus encore, et je lui dis de m'oublier. Il me lança alors avant de repartir vers sa table :
- Quand on veut pas s'amuser un peu, on ne s'habille pas comme si on le voulait ! Sa phrase n'avait pas de sens. Depuis quand, de plus, l'habit faisait-il le moine ? Je soupirai en vidant mon plateau, je n'avais presque rien mangé.
J'arrivai chez moi, j'étais énervée mais je ne voulais pas inquiéter ma mère pour rien, je montai donc sans un mot. Elle ne remarqua rien, elle était plongée dans un rôle d'après elle difficile à jouer. Je ne comprenais rien à son jeu. Je m'installai dans ma chambre et vis ma nouvelle armoire, blanche en bois, pas très différente de l'autre. Ma mère avait déjà déplacé mes vêtements, je fis mes devoirs et me rendis compte que quelque chose était sur l'armoire. C'était un mot de ma mère.
Salut ma chérie, tu ne m'as pas dit quand tu rentrais. Je suis donc désolée que tu sois rentrée seule. Je t'ai achetée quelque chose en plus, tu le trouveras près de la cheminée au deuxième étage, troisième porte à droite. Ne me demande pas pourquoi la cheminée est au deuxième, je n'en ai aucune idée. Tu ne l'as pas vue hier la cheminée n'est-ce pas ? Je t'aime mon bébé, A bientôt.
Son écriture pouvait sembler basique, je la trouvais merveilleuse. Comme dirait Maman : " mon écriture est assez illisible et grosse." Mais je m'en fichais. Rien n'importait moins que l'écriture. Je descendis donc au deuxième et pris la troisième porte à droite. Un tapis rouge sang était tout près d'un feu aux flammes rouges, jaunes, oranges et bleues. Je m'approchai du feu magnifique et vis une boite. Je la saisis et l'ouvris. J'en sortis un magnifique ordinateur portable. Ma mère avait écrit un autre mot, je posai l'ordinateur doucement sur le sol et lus:
Ma chérie aimes-tu ton cadeau ? Je l'espère. J'ai branché internet et je t'attendrais en bas pour te mettre le téléphone. Ton père est d'accord, et il vient demain. Il va te le dire de toute façon, je t'ai remis ton ancienne adresse mail. Gros bisous, Maman.
Maman me surprenait. J'allumai l'ordinateur. Je le positionnai sur mes jambes de telle façon que je n'avais pas mal. Je partis sur ma messagerie. J'appuyai sur le lien et vis le message de mon père, à part lui, personne ne m'aurait écrit. Je le lus :
Lucy, tu ne le sais peut-être pas mais demain j'arrive à la maison. Prépare-toi. Ton père.
Je rigolai devant ce bref message. Papa ne faisait jamais de grand discours, il le faisait seulement en traduction. Je souris et écris, moi-aussi, un bref message :
Bonjour papa, Maman vient juste de me mettre au courant. Repose-toi bien dans l'avion, et à demain.
Je n'exigeais pas de réponse de sa part. Il allait être heureux. Il m'aimait bien évidemment, mais les conversations se résumaient souvent avec lui à de simples : "Salut, ça va ?", "Oui et toi ?", " Oui" et c'était tout. J'aurais été choquée s'il m'avait fait un monologue de quinze lignes. Et que répondre à mon message ? Rien.
Je naviguai sur le net en ne cherchant rien de particulier. Puis je pensai à James. J'avais tout raté pour le premier jour de cours. Heureusement on était Vendredi, demain pas d'école. J'irais m'acheter des affaires dignes de moi, des vêtements dignes de mon caractère, simple et difficile, paradoxale, sombre. J'irais même jusqu'à mystérieux. Je souris à mes pensées, puis tapa sur le navigateur :
Faux semblant.
La recherche s'exécuta et je tombai sur un site parlant de chauve-souris. Le site s'appelait : Les Vampires. Je riai doucement en appuyant sur le lien. J'appris alors que les vampires, étaient des chauves-souris se nourrissant de sang parfois humain. Et les vampires des mythes étaient aussi venus d'une maladie, maladie au soleil. Je n'aimais pas lire des choses comme ça, je quittai le site et éteint mon ordinateur. Je m'endormis en repensant à cette histoire de chauve-souris, et en pensant que demain, serait un autre jour.
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