Bonjour, bonjour ! Et voilà, je l'avais dit, un OS à chaque fête, voilà donc celui pour la nouvelle année ! Pas très joyeux non plus, je sais --' J'en profite pour vous souhaiter une bonne année 2o1o, une bonne santé, plein d'inspiration, de yaoi et de chocolat ! :D Sur ce, bonne lecture à tous ! Pairing : MattMello évoqué, MattNear à sens unique. Note : Near peut paraître un peu OOC, j'en suis désolée. Et Matt me semble un peu trop girouette sur les bords... Good choice ! Here we go ! La musique répétitive et entraînante du jeu commença alors à se diffuser à travers les hauts parleurs du téléviseur acquis au Noël précédent. Le petit plombier rouge sautait et courait, explosait des tortues mutantes et avalait des champignons qui dans le monde réel seraient fortement déconseillés à la consommation. Les pixels défilaient sans discontinuer, le personnage si célèbre de Nintendo réussissant toutes les épreuves avec brio, sauvant une nouvelle fois cette cruche de princesse blonde. Bien que cette princesse ne soit pas aussi intelligente, et que son style vestimentaire n’était pas aussi… Noir, il ne pouvait s’empêcher de se dire qu’il aimerait bien être à la place de Mario. Lui au moins avait retrouvé sa bien-aimée. La musique s’éteignit en même temps que la console, ayant une énième fois terminé ce jeu. Il soupira, et sortit un paquet de cigarettes de sa poche. Le bâton de nicotine à la bouche, la fumée ne tarda pas à emplir la petite pièce qui l’avait vu grandir depuis ses six ans. Une pièce conçue pour deux. Mais l’un des pensionnaires était parti, depuis un moment déjà. Un an, voilà plus d’une année entière qu’il passait loin de son ami. Enfin, que son ami passait loin de lui, parce que lui n’avait pas bougé. Resté dans sa chambre depuis ce jour funeste, ce jour de pluie ou il l’avait vu pour la dernière fois. Ces yeux d’un bleu électrique si vivants auparavant, si vifs, étaient emplis d’un désespoir et d’une colère telle qu’il en avait eu peur. Ses gestes étaient précipités, hésitants, tremblants. Le reste de ses souvenirs étaient embrumés, comme emportés par la fumée qui emplissait ses poumons abimés. Sa petite main encore enfantine tendue vers cet éclat doré qui lui échappait, qui s’éloignait dans la nuit noire malgré ses protestations. Adieu, Matt. Ces deux derniers mots, les derniers sortis d’entre ces lèvres tremblantes, la voix autoritaire qui se brisait sur la dernière syllabe, qui n’acceptait aucune réplique. Le silence qui s’était installé dans la pièce fut brisé par des éclats de rire et des bruits de pas précipités dans le couloir. Les autres enfants logeant à la Wammy’s étaient tous très excités, c’était la fête dans la grande bâtisse de Winchester. Après tout, la saint Sylvestre, c’est qu’une fois par an. Matt adorait le nouvel an, avec Mello, c’était l’occasion de faire des farces en tout genre, et de se gaver de bonbons, de chocolat et autres pâtisseries sans se faire réprimander par la surveillante générale. Et les crises de foie auquel il était sujet étaient un peu comme sa punition de s’être gavé comme une oie. Mello lui, avait un foie en béton, aussi il abandonnait la perspective d’aller profiter de la première journée de l’année pour rester au chevet de son ami. Matt n’avait jamais eu de nouvel an heureux depuis la mort de ses parents, et ne comptait pas en avoir de nouveau. Mais Mello avait tout chamboulé. Mello avait réussi à redessiner un sourire sur sa bouille d’enfant cachée par de grosses lunettes d’aviateur oranges. Mello avait réveillé le farceur qui se terrait au plus profond de son cœur malmené. Mello avait illuminé sa vie. Mais Mello n’était plus là. La Wammy’s semblait vide sans la tornade blonde qui lui servait de meilleur ami. Matt ne sortait plus, les yeux rivés à longueur de journée sur son écran, il ne sortait qu’à contre cœur, pour assister aux cours qui lui semblaient bien insipides depuis que l’accro au chocolat ne s’amusait plus à envoyer des boulettes sur un Near toujours aussi inerte. D’ailleurs, il n’avait plus vu Near depuis un moment. A croire que la fuite de Mello avait engendré l’enfermement de Near dans l’enquête qui lui avait été confiée. L’albinos était tellement plongé dans ses recherches sur Kira qu’il ne venait même plus en cours. Mais Matt n’en avait cure. Après tout, qu’est-ce que Near représentait pour lui ? Rien. Ou bien un souffre douleur. C’est vrai ça, si Near n’avait pas existé, Mello serait premier. Mello serait resté. Mello l’aurait autorisé à le suivre. Le jeune Near endossait alors la responsabilité de la fugue de Mello dans l’esprit de Matt. Ding Dong… Les coups de onze heure. Plus qu’une heure avant 2006. Cette année, Matt avait prévu de partir à son tour. Il allait avoir seize ans en février. Ainsi il avait décidé de partir vers mi-janvier. Il avait déjà fait ses bagages, mais comptait laisser les fêtes se terminer avant d’essayer de retrouver son ami. Il n’avait aucune piste, rien, mais il savait ce qu’il devait chercher : Kira. Si il le cherchait, il finirait par trouver Mello. Matt se rendait bien compte qu’il fonçait dans l’obscurité, mais il s’en fichait royalement. Plus rien ne le rattachait à la Wammy’s à présent. Il éteignit sa troisième cigarette avec un soupir. A ce moment là, un bruit se fit entendre. Quelqu’un frappait à la porte. Matt grogna. « C’est pas la peine Roger. Je ne sortirai pas. » Silence. Trois nouveaux coups. Matt réprima un soupir de mécontentement. Trois nouveaux coups. Le rouquin râla et se leva enfin. Il n’était pas particulièrement patient. Il ouvrit la porte d’un coup sec. A sa grande surprise, ce n’était pas le vieillard souriant qui servait de directeur à l’établissement qui lui faisait face, mais un petit être aux cheveux d’ivoire. Matt en resta bouche bée. C’était pas souvent que Near se déplaçait jusque devant sa porte. Matt l’avait d’ailleurs rarement vu se déplacer. Voir Near courir restait du domaine de l’illusion et du rêve. « Near ? » parvint-il à articuler Le concerné leva ses orbes grises vers lui, le perçant de son regard inexpressif. D’une main, il tortillait son irremplaçable mèche bouclée au dessus de son oreille. « Qu’est-ce que tu veux ? » demanda Matt pour briser le silence pesant Near tressauta et baissa les yeux avant de répondre. « Je… Je peux… rester avec toi ? » Matt écarquilla les yeux de surprise. Il se pinça le bras, peut-être par simple réflexe, mais il faut avouer que ce n’était pas dans les habitudes de l’albinos de vouloir un peu de compagnie, surtout la sienne. Matt eut un moment d’absence avant de céder le passage à Near. Après tout, une présence humaine, même s’il s’agissait de Near, ne lui ferait pas de mal. Near ne se fit pas prier et alla s’asseoir sur la moquette encombrée. Il ne fit aucune remarque sur l’odeur persistante de tabac. Matt s’installa sur l’unique lit qu’il restait dans la chambre et observa Near du coin de l’œil. L’albinos était plus insondable que jamais. La tête basse, la masse de cheveux blancs cachait ses grands yeux noirs rivés sur le sol. Matt remarqua des poches violettes sous les yeux du jeune homme. Il remarqua également que ses traits enfantins s’étaient légèrement estompés, plus durs et plus adultes qu’auparavant. Matt s’assit en tailleur face à Near et le lorgna derrière ses verres oranges. Son regard croisa celui de l’albinos qui se détourna. Il nota que l’unique photo de Matt et Mello était encadrée et accrochée au mur face au lit. « Il te manque, n’est-ce pas ? » dit-il d’une voix neutre Matt hocha la tête, oui, Mello lui manquait affreusement. « Et tu comptes le rejoindre, n’est-ce pas ? » Nouveau hochement de tête. Near soupira. Sa petite main blanche se perdit à nouveau dans ses cheveux. « Dis-moi Near… Pourquoi tu es venu ? _ Pour… Parce que… Je sais que tu pars. _ Et alors ? _ N’ais-je pas le droit de te dire au revoir ? _ Non ! » Near leva brusquement la tête vers le rouquin qui avait hurlé. Matt, des larmes aux yeux, s’était mis debout et fusillait le plus jeune du regard. Il n’en revenait pas. L’albinos qui lui avait pris Mello daignait enfin se rendre compte de sa présence ? Il ne l’avait jamais considéré comme important auparavant, ne lui avait jamais accordé un regard, pas une parole, rien. Et ce soir, il venait comme s’ils étaient amis ? Matt ne pouvait le supporter. Sa main se leva et frappa la joue de Near. Une marque rouge se forma sur la peau blanchâtre, mais son propriétaire ne broncha pas. « Near, sors d’ici. » Il ne bougea pas. « Maintenant. » Toujours aucun mouvement. « Near ! » Tremblement, puis les deux orbes grises se levèrent vers le rouquin. Near se leva et de mit à la hauteur de Matt. Il tendit la main et attrapa la sangle des lunettes qui mangeaient la moitié du visage de son interlocuteur, et tira. Matt ne fit pas un geste, et les lunettes chutèrent, dévoilant son regard vert vif, embué et fuyant. « Je vais m’en aller, puisque tu le veux. Mais avant, je peux… » La voix encore enfantine de l’albinos s’éteignit et il se blottit contre le pull rayé du rouquin. Matt, surpris, ne bougea pas, se contentant d’observer Near, qui l’enlaçait de ses bras frêles. Il eut un léger sourire, après tout, il ne devait pas être aussi insensible que ça. Il lui rendit son étreinte, serrant le corps maigre du rival de son meilleur ami, qui resserra son étreinte. Quelques minutes plus tard, Near le lâcha et se dirigea vers la porte. La main sur la poignée, il réprima un sanglot, le même qu’il avait refoulé quand Mello était parti en hurlant. « N’oublie pas, quand tu reverras Mello, de le serrer contre toi, je suis sûr qu’il en a besoin là où il est. » Matt ne dit rien, il se contenta de poser sa main sur l’épaule de Near. « Promis, je n’oublierai pas. » Un sourire se dessina sur les lèvres de l’albinos. Matt grava cette image dans sa mémoire, loin de savoir que ce serait le dernier sourire qu’il verrait sur le visage de Near. Que ce serait simplement la dernière fois qu’il le voyait. « Tu verras, quand ce sera fini, on reviendra tous les trois à la Wammy’s, et Mello réussira à te battre aux examens ! » dit-il de ce ton enjoué qui était sien du temps où Mello était là Near se tourna vers Matt et répliqua de sa voix claire et trop sérieuse pour un jeune de quatorze ans « J’aimerais te croire Matt. » Il se retourna de nouveau et passa le pas de la porte. Avant qu’il la referme, le regard vert émeraude de Matt croisa l’argenté de Near, un dernier éclat d’argent qui transperça le cœur du rouquin, lui rappelant fortement un bleu envoûtant. Ding dong... Des hurlements de joie se firent entendre dans le reste de la grande bâtisse. Les douze coups de minuit n'avaient pas fini de retentir que Near s'effuyait déjà. "Bonne année, Near." souffla-t-il L'albinos était en train de refermer la porte, il s'arrêta dans son geste et soupira. Il attendit la fin des douze coups, et tira le panneau de bois en prononçant deux derniers mots à l'attention du rouquin. « Adieu, Matt. » |