Aujourd’hui, je suis seule. Cette rue marchande est bondée, et moi je suis seule. Il n’y a personne, juste moi au milieu de tous ces gens, qui passent et repassent sans arrêt. Leur visage se ressemblent tous, ce sont des étrangers. Et un énorme poids enserre ma poitrine, comme d’habitude, renforcé par cette sensation d’étouffement intense. J’étouffe, je n’aurai pas dû sortir aujourd’hui. C’est ce que j’ai pensé d’abord, mais je me suis forcée à sortir « pour voir du monde ». Je savais bien pourtant, c’est toujours la même chose dans cette rue. En plus aujourd’hui, je n’ai pas vu le soleil. Le ciel était couvert d’affreux nuages gris, sans aucune once de bleu…La sensation d’être en boite aussi, m’a oppressée. Je le savais, mais je suis sortie. Je dois être masochiste… Je me suis assise, là où j’étais, dans la rue déserte bondée. La tête me tournait, j’avais le souffle court, la gorge nouée, et bouche pâteuse. Et j’avais mal. Je ne sais plus où j’étais exactement dans cette rue, toujours est-il que toute la population présente me regardait, comme un seul œil. Le même… Et dans cet œil, je ne vis que mépris, et froideur. Je ne sais pas à quoi je m’étais attendue, mais de toutes façons, je n’étais pas déçue. Ce regard ne fit que confirmer ce que je pensais. Ils m’ont prise pour une folle, moi qui avait croisé mes bras autour de mes genoux, et qui me balançais d’avant en arrière, comme une petite fille. Mais aucun n’est venu vers moi, je suis restée seule. Je le savais, mais je suis sortie… J’ai levé la tête, et j’ai senti des gouttes fraîches, il commençait à pleuvoir. J’étais parfaitement consciente d’avoir une capuche, mais à ce moment-là, ça n'avait pas d'importance pour moi J’ai enfoui la tête dans mes genoux, et j’ai continué à me balancer. Il fallait que je pleure encore, ce n’était pas fini... La pluie se mêlant à mes larmes, ma solitude est partie, petit à petit. Un peu comme si, j’avais senti qu’on était solidaire avec moi: le ciel pleurait, les arbres pleuraient. Tout, tout autour de moi pleurait, les immeubles dégoulinaient, leurs pierres coulaient et moi … Moi…. Moi aussi, je coulais … |