Bonjour à tous ! Voici le premier chapitre de cette fiction, après un prologue qui j'espère vous a plu !
Comme précédemment : Cette fiction parle du célèbre manga Bleach, avec comme personnages principaux le couple ByakuyaXRenji, que j'aime beaucoup. Cette fic sera updatée régulièrement (normalement).
Le rating est T pour la future présence de lemons légers, si ça change je préviendrai. Les personnages appartiennent tous (malheureusement ) à Tite Kubo.
Enjoy!
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Renji soupira. Il était encore de corvée paperasse avec son capitaine. Malgré le soleil étincelant, l'odeur douce des fleurs de cerisier, le ciel bleu sans un nuage et la température plus qu'agréable, il était forcé de rester là, assis devant un bureau, à cocher de petites cases sur des formulaires qui traitaient de sujets aussi passionnants que la consommation de papier ou l'état des charpentes de la sixième division.
Pour faire passer le temps, en faisant tourner son stylo entre ses doigts, il commença à associer un adjectif à chaque chose qui l'entourait. Le ciel était bleu, le papier qu'il avait devant lui, chiant, la pile de papiers identiques à côté de son bureau, beaucoup trop haute, et son capitaine, beau. Oui, beau. Lorsque cette pensée avait pénétré son esprit pour la première fois, Renji avait bien sûr commencé à douter de sa santé mentale, mais au fil des mois, il avait dû reconnaître que son capitaine avait une grâce certaine dans sa manière de tenir son pinceau, dans ce pli de concentration qui barrait légèrement son front alors qu'il lisait un rapport. Il avait remarqué qu'il gardait son dos bien droit lorsqu'il écrivait, et que ses cheveux retombaient de manière un peu désordonnée sur sa nuque – ce qui donnait terriblement envie à Renji de tendre la main et de les remettre en place. Oui, son capitaine était à tomber, mais tous ceux qui se faisaient la même réflexion oubliaient bien vite cette beauté en sentant l'aura glaciale qui émanait du capitaine Kuchiki. Mais là, sans aura glaciale, le tableau était parfait. Un seul élément y manquait… et n'y manqua pas bien longtemps. L'habituel claquement de langue du capitaine pour le rappeler à l'ordre arriva bien vite – comme toujours lorsque son lieutenant l'observait – et Renji arrêta de regarder ledit capitaine, feignant de se concentrer sur le formulaire qu'il lisait depuis un bon quart d'heure et qu'il n'avait toujours pas commencé à remplir.
Renji se demanda en voyant le ciel bleu pourquoi son capitaine s'acharnait à faire la paperasse de l'année au printemps, alors que lui ne demandait qu'à sortir et profiter du renouveau de la nature. Esprit de contradiction, sans doute. En effet, Renji voyait mal son capitaine profiter du printemps. Il semblait bien plus disposé à profiter du froid glacial de l'hiver, qui s'accordait parfaitement avec le caractère du noble.
- Abarai, arrête de rêvasser, fit ledit capitaine d'un ton polaire, comme pour confirmer les pensées de son lieutenant. Travaille.
Un peu embêté de s'être fait réprimander, le shinigami aux cheveux rouges détourna les yeux puis les reporta sur son supérieur.
- Oui, Capitaine, répondit-il sans aucune conviction.
Il se remit à « travailler », c'est-à-dire passer le plus clair de son temps à fixer un point au-delà du formulaire qu'il faisait semblant de lire, le regard perdu dans le vide, l'esprit vagabondant joyeusement. Il y passa ainsi plusieurs dizaines de minutes, jusqu'à ce qu'il sente un regard réprobateur assez insistant fixé sur sa personne. Avec un long soupir de pure souffrance – tel était le travail administratif pour lui – Renji releva la tête et regarda son supérieur.
- C'est l'heure de l'entraînement des nouvelles recrues. Je te donne l'autorisation de le superviser, fit le capitaine avec un mépris souverain sous les yeux abasourdis d'un Renji qui ne croyait pas à ce qu'il venait d'entendre. Le capitaine lui permettait d'échapper à la paperasse ? Lui ? C'était du délire total, il devait avoir mal entendu…
- Cap… commença-t-il avant de bien vite s'interrompre, ne voulant pas ruiner la chance inespérée qui lui était offerte. J'y vais tout de suite !
Renji se leva, salua et sortit du bureau sous le regard impassible du chef de la sixième division. Ledit chef s'autorisa un soupir une fois la porte fermée et la certitude acquise que personne ne pouvait l'entendre. Ce travail le fatiguait tout autant que Renji mais à la différence de ce dernier, il ne le montrait pas… En plus, faire un tel travail à cette période de l'année lui permettait de se concentrer sur des affaires triviales, au lieu de penser encore et toujours à LA date, celle où sa bien-aimée l'avait quitté définitivement… Date qui s'approchait à grands pas, d'où la dévotion du capitaine pour son travail.
Toujours en s'assurant que personne ne pouvait le voir, Byakuya se passa une main sur les yeux. Il était fatigué… Cela faisait plusieurs nuits qu'il dormait peu et mal – et il savait que cela n'irait pas en s'arrangeant – et qu'il travaillait beaucoup pendant la journée. Il aurait dû prendre du repos, il le savait, mais n'avait aucune excuse valable et ne voulait pas paraître faible aux yeux des autres. Parce que « dix-neuf ans, c'est bien assez pour faire son deuil », comme il le lisait parfois dans les yeux des autres capitaines ou de ses serviteurs. Le seul qui le comprenait un peu était son vieil ami et ancien capitaine, Ukitake Jyuushiro. Mais il était souffrant ces temps-ci, donc Byakuya ne pouvait aller lui parler… Sa garde-malade attitrée, Kiyone , veillait de bien trop près à la santé du capitaine Ukitake pour autoriser une visite, fusse-t-elle celle du capitaine aux yeux d'onyx.
Avec un autre soupir à fendre l'âme, le capitaine de la sixième division se remit à la lecture et à la rédaction si ennuyeuse de ces rapports, bien que tout le monde semble penser qu'il appréciait cela. Les imbéciles. Ils se permettaient de le juger sans le connaître vraiment. Byakuya soupira une dernière fois avant de se replonger dans son travail. « Conclusions de l'examen des parquets des chambres des membres de la division »… Passionnant, en effet.
Renji rentra au bureau trois heures plus tard de bien meilleure humeur. Il avait massacré des nouveaux et un de ceux qui les encadraient « pour donner un exemple », avait même échangé quelques coups de sabre avec Ikkaku qui passait par là – lui, quand il y avait de la baston, on pouvait toujours compter sur sa présence ! – et finalement avait pris un bain bien relaxant. Bref, il se sentait tout à fait d'attaque pour entamer une nouvelle pile de paperasse – résolution qui tiendrait, comme toujours, au maximum dix minutes à partir du moment où il s'assiérait à son bureau. Il ouvrit avec enthousiasme la porte du bureau qu'il partageait avec son capitaine… et eut un temps d'arrêt sur le seuil.
Cette fois, nul capitaine bien droit qui traçait avec grâce sa signature sur un rapport lambda, ses cheveux légèrement dérangés qui lui donnaient envie de les remettre en place. Non, cette fois son capitaine avait les bras croisés sur son bureau et la tête posée sur ses bras, et semblait… profondément endormi ? Renji n'en croyait pas ses yeux. Bon, il savait bien entendu que son capitaine n'était pas un robot – quoique – et qu'il avait certainement besoin de manger, boire, aller aux chiottes et dormir comme tout le monde, mais il y avait une différence entre le savoir et le voir !
Renji restait sur le seuil de la porte, indécis quant à la conduite à tenir. Il lui fallait réfléchir – oui, réfléchir, acte inhabituel pour un Renji en pleine santé mais parfois indispensable, comme à ce moment précis – et analyser la situation avec calme et méthode. Premièrement, son capitaine de glace n'aimerait certainement pas qu'on le voie dans cette situation… Renji ferma la porte du bureau derrière lui. Ensuite il s'approcha, incertain. Devait-il le réveiller ou le laisser dormir ? S'il le réveillait, le capitaine serait encore fatigué, mais d'autre part, le laisser dormir ne serait-il pas encore plus mal pris par ledit capitaine ? Et si un visiteur arrivait à l'improviste et contemplait lui aussi ce spectacle ? Le noble ne lui pardonnerait jamais ! Que faire ?
Le lieutenant prit le parti de s'avancer, doucement, vers le bureau de son capitaine endormi.
- Capitaine.. ? Appela-t-il d'une voix douce, comme pour déjà tenter de l'amadouer s'il était de mauvais poil au réveil.
Mais cet appel n'eut aucun effet sur l'homme aux cheveux de jais, qui restait plongé dans le sommeil. Renji le détailla un peu mieux. Il avait l'air moins froid, moins inaccessible lorsqu'il dormait, que son front n'était plus barré d'un pli soucieux et que ses yeux d'onyx étaient cachés par deux paupières pâles. Ses cheveux tombaient en désordre autour de son visage, et ses lèvres entrouvertes ne demandaient qu'à être rejointes par d'autres lèvres… Renji se donna mentalement une claque. Qu'était-il en train de penser ? Il ne devait pas, c'était son capitaine après tout ! Pire, c'était Byakuya Kuchiki, ce noble inaccessible pour tous, a fortiori pour le chien du Rukongai qu'il était !
Après quelques minutes de contemplation, Renji posa sa main sur l'épaule de son capitaine, qui se réveilla en sursaut. Il se redressa, l'air… effrayé et perdu ? Était-ce possible ? Renji douta avoir bien vu car après une fraction de seconde, son capitaine referma les yeux puis les rouvrit lentement, son masque d'impassibilité à nouveau revenu sur son visage. Il se redressa et posa sur son lieutenant un regard froid – dont l'effet était considérablement atténué par son Kenseikan de travers et les marques rouges des plis de son vêtement sur sa joue – il était vraiment mignon comme ça, pensa Renji avant de se donner une nouvelle claque mentale.
- Renji, tu as du travail, dit posément le capitaine, comme s'il ne venait pas de se faire prendre en flagrant délit d'ennui profond – il s'était même endormi sur ses papiers, la honte.
- Oui, Capitaine, balbutia le lieutenant aux cheveux rouges, ne sachant trop où se mettre dans cette scène surréaliste.
Renji rejoignit rapidement son bureau, s'assit et se mit au travail sans protester pour une fois, trop content d'avoir une occupation qui lui permettait d'éviter le regard meurtrier que lui lancerait à coup sûr son capitaine, s'il ne faisait que tenter de l'observer alors qu'il remettait son Kenseikan en place ou qu'il frottait doucement sa joue pour en effacer les traces. Même si Renji ne pouvait pas regarder – il tenait à la vie, quand même – le son lui suffisait amplement pour imaginer ce que faisait son capitaine… Et l'imaginer lui suffisait amplement pour perdre toute envie de travailler.
Byakuya, de son côté, se demandait ce qu'il avait fait aux dieux pour mériter une telle punition. Il ne faisait que son travail, et devait subir la honte de s'y être endormi, et d'avoir été trouvé ainsi et réveillé par son lieutenant ! Pire, il était certain que le lieutenant en question avait vu son expression au réveil, lorsqu'il cherchait encore à faire la distinction entre son rêve – une pièce sans porte ni fenêtres où il était enfermé, qui se rétrécissait toujours plus, jusqu'à venir l'étouffer – et la réalité… Mais, s'il tentait d'en parler à qui que ce soit, Byakuya se ferait un devoir et un plaisir de le réduire en bouillie jusqu'à ce qu'on ne puisse plus rien reconnaître du shinigami aux cheveux rouges en voyant son cadavre. Et ledit shinigami devait très certainement en être conscient, au vu du soin qu'il prenait à remplir les formulaires. Byakuya soupira. Cet épisode allait mieux faire avancer le travail que n'importe laquelle des menaces qu'il aurait pu employer sur Renji quelques heures plus tôt. C'était quand même malheureux qu'il ait besoin de cela pour arriver à un résultat…
Les deux hommes travaillèrent – ou firent semblant de travailler, selon la personne visée – jusqu'en début de soirée. Depuis une quinzaine de minutes, Renji s'agitait sur sa chaise, pressé de pouvoir partir. Lorsque son capitaine lui lançait un de ces regards froids dont lui seul avait le secret, le shinigami aux cheveux rouges se calmait momentanément, avant de se remettre à s'agiter une ou deux minutes plus tard. Il ouvrait l'encrier, le refermait, prenait un rapport, ne le réglait pas et en prenait un second dans une vaine tentative de trouver un sujet intéressant, avant de se remettre à regarder son capitaine, attendant le moment fatidique où celui-ci craquerait, et lui donnerait l'autorisation de s'en aller.
Byakuya comprenait bien, de son côté, le manège de son lieutenant, et même si celui-ci l'exaspérait, il décida de ne pas céder. Et puis quoi encore ? Avait-on vu un Kuchiki céder face aux exigences de quelqu'un de moins noble et de moins gradé que lui ? Non, et Byakuya ne comptait pas créer un précédent fâcheux – du moins de son point de vue – dans l'histoire de sa famille. Enfin, un deuxième précédent fâcheux, car le premier n'était autre que son mariage avec Hisana… Et le sujet qu'il avait soigneusement tenu à l'écart de ses pensées y revint en force, par la faute de cet abruti de lieutenant qui ne pouvait pas se tenir tranquille. Byakuya consentit à lui accorder un regard neutre, que son lieutenant prit comme une invitation à parler… grossière erreur.
- Capitaine, il est six heures…
L'interpellé haussa légèrement un sourcil, et Renji, mal à l'aise, fut bien forcé de poursuivre, tentant de paraître assuré aux yeux de son capitaine.
- Puis-je reprendre le travail demain.. ? Je… suis invité à une fête à la onzième ce soir…
Deuxième grossière erreur de Renji, face à un Byakuya impassible et qui pourtant savourait sa victoire. Il tenait l'occasion de se venger de son vice-capitaine pour l'avoir fait penser à sa bien-aimée en plein travail. Il haussa un peu plus le sourcil, incarnation parfaite de l'expression « … et tu y crois en demandant ça ? », avant de répondre d'un ton impassible.
- Lieutenant Abarai, vous avez passé quatre heures à superviser l'entraînement aujourd'hui. Il est donc parfaitement normal que vous passiez quatre heures de plus à traiter ces dossiers.
Byakuya vit avec satisfaction son lieutenant se taper la tête contre le bureau, avant de se remettre au travail avec force de soupirs et de mauvaise volonté. Il pouvait sans peine imaginer que le shinigami aux cheveux rouges pensait qu'il était un tortionnaire, et songea tristement que c'était certainement lui, Byakuya, le plus torturé des deux. Et que lui, sa torture n'était pas passagère. Avec un léger soupir, il se remit lui aussi au travail.
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