Titre : Pupazzo.
Auteur : haniPyanfar
Disclaming : Lieux et personnages appartiennent à la Vénérée et Vénérable Joanne K. Rowling et à quelques autres.
Pairing : Devinette.
Rating : T
Époque : Théoriquement, début de la cinquième année à Poudlard mais j'ai un peu bouleversé les évènements, les dates et les personnages. C'est de la magie. Tout est possible.
Dédicace : A toutes et tous les auteurs de HPfanfics, en particulier à tous les Drarrystes.
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Notes de l'auteur.
One shot : Gepetto 2010 ... Ben non, je plaisante, le concours est clos depuis perpète !
En fait, j'avais commencé cette fanfic dès l'annonce de ce nouveau challenge. Comme d'habitude, j'avais l'introduction, c'est à dire l'entrée et les hors d'œuvre,.et la conclusion, dessert, café et pousse-café. Je connaissais la recette du plat de résistance, j'avais tous les ingrédients nécessaires pour le mitonner, j'avais même les épices particulières, le gingembre, la marionnette, l'essence dithyrambique et la pincée de bicéphale.
Mais j'ai été soudain prise d'une sorte de mélancolie tenace. Aucune force, aucun courage, pas la moindre petite envie ! Chacune de nous a connu ça au moins une fois dans sa vie d'auteur. Impossible d'aligner trois lignes. Calamité et décadence !
Je me suis donc aéré la tête avec les fics des autres. C'était tout bon mais peu constructif pour mon pauvre petit one shot en panne. Et puis, à quelques jours de la proclamation des résultats, voilà tout à coup l'inspiration qui revient et l'enthousiasme qui va avec.
Alors bon ... Cette histoire s'appelle « Pupazzo » et non « Gepetto » qui était l'idée première. C'est une mini fic en trois parties parce que comme d'habitude les mots ont coulé tout seuls sans que le bon sens et la raison fassent barrage.
Et c'est une T, donc pas de scènes osées, pas de slashs, du yaoi léger bien qu'il soit question de pelotage et de bécotage. J'espère seulement que ça vous plaira quand même.
Mon seul but est de vous faire sourire, au moins un petit peu. Pleurer ou rire, c'est le lot quotidien de nous autres Drarrystes. Alors bonne lecture. Enjoy.
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Pupazzo : première partie.
Draco Malfoy jubilait. Il avait « eu » Peeves ! Le poltergeist de Poudlard pendait grotesquement au beau milieu du Hall, immobile et sans défenses, au bout des invisibles ficelles magiques. Quand les Poudlardiens de tous âges et de toutes Maisons sortiraient de la Grande Salle après le déjeuner, ils allaient avoir une bonne surprise ... Peeves ! PEEVES ! L'horrible petit machin ricanant ! Le lanceur d'encriers ! Le péteur et le roteur le plus grossier du siècle ! Le pourrisseur de vie ! Là ! Devant eux ! A leur mercy !
Les tomates trop mûres, les quignons de pain sec et les pluches d'orange allaient voler, les œufs aussi et peut-être la farine comme l'année dernière, quand les « Septième Année » avaient fêté leur Père Cent ! Bataille rangée dans le Hall entre Griffondors et Serpentards ! Raaah ! Le pied ! Rusard en avait explosé de rage ! Faut dire que sa Miss Teigne s'était retrouvée transformée en crêpe ambulante pour avoir reçu quelques munitions égarées comme par hasard ! Ha ha ha ! Bidonnant ! Pourvu que les Serpentards se dépêchent !
Le vilain petit bonhomme était le premier être magique que Draco parvenait à capturer. Depuis la rentrée, il avait essayé sur les fantômes mais l'extrémité des fils ne collaient pas à leurs corps évanescents. Et comme il était visible tant que les gratte-culs, enfin les petits bidules crochus, n'étaient pas fixés à leur cible, il s'était fait vertement engueu ... enguirlander par le Moine Gras sur qui il avait tenté son premier essai. Le spectre malotru l'avait traité de Blanc Bec ! Lui ! Un Malfoy ! ... Bon, oublions !
Echec cuisant aussi avec les elfes de maison. Il avait bien alpagué Fluffy ... ou Debby ... ou Snoopy ... ils avaient de ces noms, je vous jure et d'abord ils se ressemblaient tous avec leur gros nez en betterave, leurs yeux de navet et leurs feuilles de chou d'oreilles ! Mais c'était malin, ces ersatz de légumes ! Les seuls êtres magiques à pouvoir transplaner dans Poudlard ! Dès qu'il se sentaient collés par les fils, ils « plopaient » et pfft ! ni vu ni connu j' t'embrouille ... Enfin que dalle !
Ça ne marchait pas non plus avec les armures et les statues. L'extrémité des fils les engluait mais impossible de leur faire exécuter le moindre mouvement. Pas drôle ! Et les personnages des tableaux ne semblaient rien ressentir. De temps en temps, ils faisaient un petit geste de la main, comme s'ils voulaient se débarrasser d'un ridicule grain de poussière mais ils continuaient à discuter entre eux ou même à dormir comme si de rien n'était. Décourageant !
Enfin ça avait permis à Draco de s'exercer un peu sans attirer l'attention. S'agirait pas que quelqu'un découvre son petit secret ! Déjà qu'il avait piqué ce « truc » dans le grenier interdit du manoir ! Si ça se savait, il allait se faire décapiter, démembrer, désartibuler, dessouder et puis brûler vif par son paternel !
Ouais, il avait vu une histoire comme ça chez Blaise qui avait une « létésivion » et un lecteur de « védévé » moldus, et qui achetait des « flims ... slims », bref passons ... d'horribles histoires de vampires et de loups-garous comme si y en avait pas assez dans leur monde à eux pour aller en chercher aussi chez les débiles de l'autre côté ! Enfin ça faisait passer la soirée.
Et puis ils n'étaient pas vilains, les monstres ! Le Jasper par exemple ! Il en ferait bien son petit quatr'heures ! Et aussi l'Edward, le beau gosse qui ressemblait à s'y méprendre à Cédric Diggory, celui qui avait eu un accident l'année dernière, à la fin de la Coupe de feu. Beaux yeux, jolie chute de reins ... hmmm ... appétissant le vampire !...
Ben quoi ? Oui il était gay ! Tout le monde ... heu d'accord, personne ne savait ça. Il courait la gueuse comme tous les hormonés de son âge. Fallait bien faire comme les copains ! Il avait quinze ans que diable ! N'empêche qu'il préférait un beau petit cul de garçon à une plantureuse devanture de fille ! Na !
Mais ça, il ne l'avouerait à personne, même pas sous la torture ! Quoi il n'avait jamais essayé ! Attends un peu ! Il avait le temps non ? De toute façon, il avait décidé que ce serait pour cette année sans faute ! Et ce « truc muche » qu'il avait déniché au grenier allait bien l'aider, du moins au début pour les premières expériences. C'était frustrant de ne jamais pouvoir approcher un garçon d'assez près pour l'embrasser. Mmmm ... Ça devait fondre sous la bouche comme un chamallow au gingembre ! Le premier petit clampin qu'il choperait ...
Mais revenons un peu à nos moutons, à Peeves pendu au milieu du Hall et à son probable bombardement par des projectiles divers. Si seulement quelqu'un pensait aux Bombabouses ! Mais oui ! Les enfoirés de rouquemoutes, les siamois Weasley ! C'était sûr ! Ils en avaient toujours « in the pocket » ! Et aussi des crottes de doxys et de la morve de troll en bâton ! Et ce seraient eux qui se feraient punir par la Dolorès Ombrage !
Putain quelle calamité cette bonne femme ! Mais son père lui avait recommandé d'être bien sage et bien poli avec elle ! Sournoises et viles manœuvres politiciennes entre Lucius « Regard-glacial » Malfoy et le Ministère ! Heureusement qu'il pourrait se payer de la distraction avec ce trésor volé ... emprunté dans le recoin secret, derrière la porte interdite, au fin fond du grenier du manoir.
C'est vrai ça ! A quoi ça servait que son père lui apprenne des sortilèges de magie presque noire si c'était pas pour s'en servir ! Le Alohomoramora par exemple, qui ouvrait tout, mais absolument tout même ce qu'il ne fallait pas ! Et le Pepetrificatum qui immobilisait n'importe quoi, mouches comprises, dans un rayon de cinq pieds six pouces pendant onze minutes, quatorze secondes et dix-sept centièmes, hein ? C'était fait pour les Scrouts à pétard ?
Alors oui, il était monté en douce au grenier ! Ça le démangeait depuis trop longtemps ! Pire qu'une puce sur le dos du bichon de sa mère ! Oui, il avait alohomoramoré la porte taboue et tout pétrifié à la ronde, même le vieux hibou tout déplumé qui logeait sous les tuiles ! Oui il avait ouvert des yeux comme des soucoupes quand il avait vu ce qui était planqué là ! Oui il l'avait prise ... avec des gants en peau de dragon tout de même ! Faut pas plaisanter avec les trucs trop innocents pour être honnêtes !
Et il l'avait emportée dans sa chambre.
Une simple boîte en bois; rectangulaire, verte, entourée d'un nœud de satin argenté poussiéreux, portant en écriture cursive le mot « Pupazzo »
Pupazzo ? Késaco ? Draco avait secoué ... doucement ... fort ... Juste un petit bruit, des objets mal rangés qui cognent ensemble ... Il avait regardé dessus, rien de plus que le mot Pupazzo, en italique. Sur les côtés, rien. En dessous ... Ah en dessous, une étiquette un peu décollée, un peu déchirée, portant un texte en ... c'est de l'italien ça ?
« Leggere con attenzionne » ... Ben en voilà des manières ! Traiter les gens de con, comme ça, de but en blanc ! Légère ? Attention ? Alors ça ne doit pas être dangereux s'il faut juste une attention légère ! Si ça se trouve, c'est juste un truc qu'on a oublié là depuis des siècles ! Tiens justement une date : 1881. C'est vieux ça ! Et père dit toujours que les objets perdent toute magie au bout de cent ans. J'ouvre ? J'ouvre pas ? Allez, j'ouvre !
Draco avait dénoué le nœud de satin ... Là ... Tout doucement ... Baguette en main au cas-z-où ... Mais ... Ah bah ! Tout ça pour ça .... Deux croisillons de bois ... Des espèces de longues ficelles avec au bout des petites boules pourvues de minuscules crochets ... Jamais vu un truc pareil ... A quoi ça pouvait bien servir? Ah un petit livre ... Chouette ! Des dessins ! Pas besoin d'avoir étudié les langues étrangères ...
Et des dessins animés en plus ! Mais non ! Pas comme les « mangras ... mankas ... gambas ... », ces machins japonais dont raffolait Théodore, ces histoires de super héros aux super pouvoirs où tout le monde meurt à la fin ! Ou pas puisqu'un de ces foutus ... ah mangas durait depuis au moins cent épisodes. C'était lassant à la fin !
Sauf que quelquefois, ils étaient tentants, ces « bishônen » avec leurs grands yeux de toutes les couleurs, leur nez pointu un peu comme le sien et leur petite bouche rouge ! Tous avec des noms à coucher dehors, des « Chan »-ci, des « Tsu »-là, ou des «Yoko-Yumi-Yaka » à la pelle mais tout de même, juste des personnages de papier, pas très « palpables ». Et « palper », Draco Malfoy en avait bien envie ... et peloter, pétrir, caresser, pincer ... juste un petit peu ... et aussi lécher, sucer, aspirer, mordiller ... tout quoi ! La totale !
Oui, parce que mordiller, ça le faisait pour les filles, dixit Crabbe, le grand costaud genre homme des bois, le suborneur de donzelles en pâmoison ! Elles lui tombaient dans les bras comme des fridules dans une toile d'Aragog et ensuite elles parlaient en soupirant de ses suçons d'amour et de ses affolantes mordillures. Qu'est-ce qui faut pas entendre !
Bon, le grand Vincent se prenait aussi quelques vents de temps en temps mais moins que Goyle, qui se consumait d'amour pour la Mirabella Swann, une Serdaigle de septième année, une poseuse qui le regardait comme ... qui ne le regardait même pas d'ailleurs ! Il l'appelait sa Déesse Étoilée, sa Fée des Forêts Lointaines, son Ondine aux yeux pers ! Il lui envoyait des poèmes dithyrambiques, le nigaud, et ça la faisait rigoler ... Punaise de poison de saleté de fille !
Mais revenons à cet intéressant petit livre magique. Pas besoin de sortir de Poudlard pour comprendre ... Comprendre qu'on avait mis la main sur un trésor et que c'était pas pour des prunes que la boîte verte au ruban d'argent était planquée dans ce recoin du manoir ! Qui l'avait cachée-là ? Un ancêtre Malfoy de retour d'Italie peut-être ? Un manipulateur de première, en tous cas, dans tous les sens du terme.
Oui parce que avec un Pupazzo, on attrapait tout ce qu'on voulait -- ou presque -- et ensuite, on lui faisait faire n'importe quoi. Il suffisait de bien suivre les instructions données par les dessins : tenir un croisillon dans chaque main, secouer les ficelles et les envoyer vers la cible à capturer comme le fil d'une canne à pêche. Un peu d'adresse et hop ! La « chose » était à vous, immobile, muette et docile Une MARIONNETTE !
Et le summum de l'histoire, c'était que le sortilège ne laissait pas de traces dans sa mémoire ! Mieux que l'Obliviate ! Quand il prenait fin, au bout de 9 minutes, 9 secondes et 9 centièmes, Draco avait vérifié avec l'horloge parlante magique, le machin capturé se « réveillait » et ne se souvenait de rien. Genre ahuri, hébété, hagard ! Ha ha ha ! Trop drôle !
Enfin Draco n'avait essayé jusqu'à présent que sur des animaux et aujourd'hui sur Peeves, mais ça devait être pareil avec les humains. Oui, ben bon ! Les humains ce serait pour plus tard. D'abord des trucs faciles. Fallait qu'il se fasse la main ! LES mains ! Ses mains fines et blanches et aristocratiques de Malfoy ! Et il n'avait même pas besoin de gants en peau de dragon ! A mains nues qu'on secouait le Pupazzo !
En plus, à ce moment-là, pour qu'on ne vous remarque pas, vous étiez désillusionné, quasiment invisible ! C'est vrai ça, les marionnettes mari-marionnent mais on ne doit jamais voir le marionnettiste qui tient les fils ! Là par exemple, pour « avoir » Peeves, il s'était posté dans le couloir en haut des escaliers, contre la balustrade et personne ne pouvait le voir. Une gracieuse colonne et un rebord de pierre sculptée, voilà ce qu'il était en apparence ! Génial !
Bien sûr, maintenant il avait de l'entraînement ! Le premier truc qu'il avait « pêché », c'était le vieux hibou du grenier. Il lui avait fait faire des figures acrobatiques en vol, des loopings, des vrilles, des passages sur le dos ... Le volatile avait mis une semaine à s'en remettre. S'il s'en était remis ! Il avait l'air tout bizarre maintenant ...
Ensuite, il avait fait défiler dans le parc du manoir les deux paons blancs de son père. Au pas de l'oie, les pin-paons ! Et plus vite que ça ! Il les détestait. Toujours à faire la roue et à crier « Léon Léon ». Pouvaient pas dire autre chose non? « Vive les Sangs-Purs ! » par exemple ! Draco avait essayé mais la Nature a ses limites. Dommage dommage !
Tout ça pour dire que, dès que les petites boules crochues étaient fixées dessus, le sujet captif était en votre pouvoir. Et d'après les dessins animés, vous pouviez le faire bouger, parler, chanter, danser même ! On murmurait l'action à accomplir, on agitait les croisillons et pouf ! ça marchait ! Pas plus difficile que ça ! Enfin dans la limite du possible. Il avait tenté de faire miauler le bichon de sa mère mais là encore, il s'était heurté à une mauvaise volonté évidente. « Aou » oui, « Mi-Aou » non ! Bof !
Bon, c'était pas tout ça mais les minutes tournaient et tout à l'heure, Peeves serait « réveillé » avant de subir la honte et l'opprobre de se faire couvrir de détritus divers. Ce déjeuner traînait en longueur ! Tous des ventres sur pattes ces Poudlardiens ! Ah ! Enfin ! Une fille qui sortait en finissant de manger une pomme. Une Pouffsouffle, la Susan Bones ! Très bien ça ! Elle allait rameuter sa bande de dégénérés du cerveau. La fête pouvait commencer ! Tant pis pour les Serpentards ! Z'avaient qu'à être les plus rapides !
Le premier machin que reçut le poltergeist fut donc un beau gros trognon de pomme. Il fut suivi de beaucoup d'autres projectiles, verts, jaunes, rouges, caca d'oie ou lie de vin, jusqu'à ce que tout à coup, un, deux, trois rugissements se fassent entendre simultanément. Peeves sortait du Pupazzo en braillant des insultes. Rusard accourait en beuglant de fureur. Et Dolorès Ombrage qui avait reçu « par hasard » la dernière tomate trop mûre glapissait un sortilège qui fort heureusement n'atteignit personne.
Ce fut la ruée Les élèves s'égaillèrent dans tous les sens Le lieu du crime se vida à une vitesse vertigineuse. Les trois hurleurs restèrent seuls au milieu de la poubelle immonde qu'était devenu le Hall de Poudlard. Ils se regardèrent, impuissants. Et d'une seule voix, ils lancèrent à la fois le soupçon, le jugement et la condamnation. « Les jumeaux Weasley ! »
Bien que totalement innocente, l'entité bicéphale fut punie et rumina une prochaine vengeance. .
Draco Malfoy avait filé sans demander son reste dès que les longues ficelles s'étaient rétractées jusqu'à lui. Il avait couru jusqu'à la statue toute proche de Grégory le Hautain et avait dissimulé la boîte verte derrière le socle. Il y avait là un renfoncement connu de très peu de gens. C'était sa mère qui lui avait révélé cette cache secrète. Autrefois, Lucius et elle y déposaient en douce leurs billets d'amour. Ah ! Folle jeunesse !
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Une semaine plus tard, Draco était fin prêt pour passer à la vitesse supérieure c'est-à-dire pour harponner son premier humain ... ou sa première humaine. Il ne serait pas trop regardant pour ce galop d'essai. Fallait juste voir comment ça se passerait. Les fioritures, ce serait pour plus tard. Il avait repris son poste en haut du couloir dominant le Hall. C'était dimanche, il n'y avait pas cours. Un isolé finirait bien par se pointer au bon endroit au bon moment.
Tiens justement ! La cible idéale ! Des baskets bleues, une robe à fleurs vertes, des radis roses aux oreilles, le Chicaneur à la main ... Lunatik Lovegood soi-même ! Elle marchait lentement ... les yeux dans le vague ... Trop facile ! Draco lança les fils. Ils frôlèrent la Serdaigle et ... se rétractèrent sans s'accrocher à elle ! Merde et remerde ! Qu'est-ce qui avait foiré ? Surtout qu'elle avait levé la tête et s'exclamait :
«Tiens Malfoy ! Qu'est-ce que tu fais là-haut ? Tu as perdu quelque chose ?
--Mon Ronflack Cornu préféré ! Tu l'aurais pas vu par hasard ?
--Non, mais si tu veux, on peut le chercher ensemble ! »
La peste soit des filles de tout âge, de toutes conditions et de toutes couleurs ! Retraite stratégique en vitesse ! ... Pourquoi ça n'a pas marché ? Aurais-je fait une fausse manœuvre ? Voyons ! Consultons l'oracle ... heu le petit livre ... non ... c'est bien ça ... croisillons dans les mains .... lancer des fils ... alors pourquoi ?
Assis par terre à côté de la statue du Hautain, Draco tournait et retournait la boîte verte en cogitant de tous ses neurones. « Shit et reshit ! » murmura-t-il. Oui, c'était un truc que Blaise disait quand quelque chose n'allait pas ! Blaisou connaissait trois mots de langues étrangères et s'en servait à bon escient. Machinalement, Draco regarda la fameuse étiquette qui le traitait moqueusement de con. Et la dernière ligne lui sauta aux yeux !
« Utilizzo Pupazza su una ragazza. »
Mais bien sûr ! Utiliser Pupazza sur une fille ! Les deux autres mots que Blaisaille connaissait, c'était « bellissima ragazza » ! Il les disait d'un air coquin en croisant une nana du genre Gabriella Montès la Serdie ou même Victoria Anelka, une Pouffie ! Son camarade Serpentard avait vraiment des goûts douteux ! Mais bon, tout le monde n'avait pas la « classe » d'un aristocrate homo comme lui !
Alors, ça voulait dire que le Pupazzo ne marchait qu'avec les garçons ! Mais c'était tout bon, ça ! La gent femelle pouvait aller se rhabiller ! Et même se déshabiller si elle voulait ! Ça ne lui faisait ni chaud ni froid, les Vénus de pacotille ! Ah ! Parlez-moi d'un bel Apollon, au corps bronzé, aux muscles bien dessinés et aux cheveux bouclés ! Tiens ! Faudrait qu'il essaye de cramponner le Justin Finch Fletchley ! Pas mal le Pouffsouffle !
Mais alors ... ça n'était pas UN ancêtre qui avait rapporté le Pupazzo d'un voyage au pays du chianti, des raviolis et du salami ! Ce devait être une de ses aïeules ! C'est qu'il y en avait des drôles dans la lignée des Malfoy ! ... Draco connaissait son arbre généalogique par cœur. Une flopée de Sangs « Nickel » mariés à des Sangs « Pur Chrome ».
De toute façon, celles et ceux qui avaient osé déroger à cette loi de bronze ou d'airain avaient été biffés et effacés, leur branche sciée et brûlée, leurs noms frappés du sceau de l'indignité. Alors, voyons ... scrutons notre ascendance féminine immaculée ... Quelle Malfoy du passé avait pu rapporter, sans doute utiliser puis cacher le « trésor » maintenant retrouvé ?
Liatrix au Cœur-de-Pierre ? Agrippa Trois-Mornilles ? La Capricieuse - ou était-ce la Capiteuse - Aliénor ? Guenièvre Cuisse-Légère ? Mmmm ... Plus probablement Brunehaut la Laide, une exception parmi les dames Malfoy réputées pour leur charme et leur beauté.
... Brunehaut, l'arrière-arrière-grand-tante aux cinq maris qui, selon la tradition familiale, l'avaient bécotée, mignotée, chouchoutée, qui avaient fait ses trente-six volontés, comme des pantins, l'un après la mort de l'autre évidemment, et sans rechigner !
Au fond, quelle importance ? Le principal était ailleurs. Garçons de Poudlard, gardez-vous de droite ! Gardez-vous de gauche ! Ou plutôt gardez-vous d'en haut ! Draco Malfoy entrait en chasse et ça allait guignoliser sous le grand lustre du Hall ! Pourvu que ça marche et qu'il n'y ait pas un nouvel empêchement de rapter en rond !
Mais non ! Tout alla comme sur des roulettes et le Serpentard rapta !
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Au début, il ne sut trop quoi faire des garçons qu'il péchait à la mouche ... à la ligne ... au lamparo ... Non non, pas à la drague ! Avec le Pupazzo, inutile de draguer, le poisson se jetait de lui-même dans les filets. Il se dégota donc plusieurs jolis spécimens et tenta quelques actions de base ... De loin ... Il n'était pas encore prêt pour tripoter ou consommer.
Il fit trotter en rond autour du Hall Anthony Golstein, le Serdaigle aux yeux bleus, qui en eut le tournis pendant plusieurs jours. Il laissa en plan fixe pendant les neuf minutes un Cormac McLaggen à la bouche ouverte et à la langue pendante, parce que c'était juste une erreur de tir. En fait, il visait le Justin Finch Machin et l'avait raté. Le Griffie en garda longtemps un air ahuri qui lui allait particulièrement bien.
Il suggéra à Owen Cauldwell de chanter l'hymne de Poudlard haut et clair. Hmm ... Un peu trop jeune, le môme, sa voix était en train de muer et dérapait dans les aigus. Il s'attaqua même à un Serpentard, William Harper, qui l'avait malencontreusement bousculé dans le couloir menant aux cachots et ne s'était pas assez platement excusé. Il lui souffla juste : « Danse ! » et il en rigola tant que la colonne et la rambarde qui le désillusionnaient semblaient vibrer.
Et c'est à ce moment-là que l'idée directrice de son apprentissage de marionnettiste lui vint : il allait faire chanter et danser ses pantins ! Ce serait comique ! Il se débrouillerait pour qu'il y ait des spectateurs en nombre, ainsi son absence passerait inaperçue ... Et surtout, il ferait chi ... enrager sans risques la pénible, l'insupportable Ombrage qui venait tout juste de pondre le Décret d'éducation numéro 13 interdisant à Poudlard toute forme de musique sans son autorisation expresse!
Et donc, un samedi après-midi, juste après le déjeuner, Draco Malfoy, bienheureux possesseur d'un Pupazzo jubilatoire autant que mystérieux, captura Ernie MacMillan, un garçon de son âge, plutôt du genre coincé, et murmura en secouant légèrement les fils : « Chante et danse ! » La surprise fut totale. Après trois secondes d'immobilité, le Pouffsouffle se redressa, dos droit, tête droite, il mit ses mains sur ses hanches et ouvrit la bouche.
Le son nasillard qui en sortit était celui d'une cornemuse et Ernie se lança dans une gigue endiablée. Il levait haut les genoux, sautait en avant, en arrière, glissait en pas chassés sur les côtés, tendait la main comme s'il avait une cavalière et tout cela sur un rythme parfait, en vrai Ecossais pur malt qu'il était. En quelques instants, la salle à manger se vida et tout autour de lui, un cercle de spectateurs se mit à battre des mains en cadence.
Ce ne fut pas la seule surprise ! Au bout d'une minute, une fille s'avança, Mandy Brocklehurst, une Serdaigle au visage de porcelaine et aux cheveux auburn, du genre mignonne. Elle prit la main de Ernie et ils continuèrent la danse en couple. C'était bluffant ! C'était magique ! C'était stupéfiant et en haut des escaliers, un Serpentard sidéré contemplait le spectacle que son sortilège secret avait créé.
Les professeurs étaient sortis à leur tour. La plupart d'entre eux avait l'air ravis, sauf évidemment Severus Snape qui grimaçait. Minerva MacGonagall se balançait très légèrement en rythme et Fillius Flitwick battait discrètement la mesure. La Dolorès Ombrage, quant à elle, essayait de forcer les rangs des spectateurs mais elle ne parvenait pas à avancer.
La femme en robe rose écumait de rage et ne pouvait rien faire. On aurait dit qu'une barrière aussi efficace qu'un Protego isolait les danseurs et que rien ni personne n'avait le pouvoir de les arrêter. La gigue dura à peu près neuf minutes. Puis sur une dernière note de cornemuse, Ernie et sa cavalière se saluèrent et s'immobilisèrent, à peine essoufflés. Des applaudissements nourris et des acclamations sans fin s'élevèrent.
Les deux danseurs parurent sortir d'un songe. En haut de l'escalier, les fils s'étaient rétractés. Le charme du Pupazzo était terminé et il était bien plus grand que ne le pensait Draco ! Il n'en croyait pas ses yeux et ses oreilles. D'un tout petit sort murmuré, il avait déclenché « ça », un truc aussi énorme que « ça » ! C'était inouï, incroyable, inimaginable, dément ! ... Ça en ouvrait, des perspectives !
Il fonça mettre la boîte verte sous la protection du Hautain, descendit en vitesse rejoindre ses camarades et tapa dans ses mains comme tout le monde, jusqu'à ce que la Ombrage menace de coller toute l'école pour la prochaine sortie de Pré-au-Lard.
Ernie et Mandy furent punis jusqu'à la fin du mois. Durement punis. Ils portèrent longtemps sur leurs mains une phrase écrite en lettres de sang : « Il est interdit de danser la gigue à Poudlard »
Mais pendant leur retenue, ils apprirent à se connaître et tombèrent amoureux l'un de l'autre.
Ce fut le premier couple qui se forma grâce au Pupazzo et il fut suivi de plusieurs autres.
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La vie reprit son cours. Draco Malfoy se dit sagement qu'il ne fallait pas abuser des bonnes choses et surtout qu'il ne devait pas renouveler « ça » trop souvent. Trop risqué ! Il se conduisit donc en Serpentard de base.
Il brilla en Potions, ricana en Soins aux créatures magiques, s'évertua à attraper le vif d'or au Quidditch et se montra parfaitement obséquieux devant Madame Ombrage en Défenses contre les Forces du Mal. Il n'en pensait pas moins que le pseudo enseignement de la dame à la veste rose était complètement nul mais il aurait fait semblant de se couper la langue plutôt que de l'avouer. Heureusement que son père lui avait appris les sortilèges de base !
Comme d'habitude, Serpentards et Griffondors s'affrontèrent au détour des couloirs, en regards, en paroles ou même carrément à coups de poings, sous l'œil désabusé des Serdaigles et celui résigné des Pouffsouffles . La routine quoi ! Sauf que quelques jours avant la fin du premier trimestre, Draco sentit l'envie de jouer au Pupazzo le démanger.
Il se rappelait le fameux bal de Noël pendant la Coupe de Feu et avait envie de titiller la Ombrage, parce que faire des courbettes devant ce fléau de la nature pour obéir à son père était une chose mais fallait pas exagérer non plus ! La mégère aux joues trop roses avait besoin d'une bonne leçon. Sa manie de pondre des Décrets d'éducation commençait à bien faire !
Donc, Draco Malfoy, le sourire aux lèvres et une boîte verte posée discrètement à ses pieds, se posta un jour, à la fin du déjeuner, dans la galerie en haut des escaliers du Hall. Il guetta et en fut récompensé. Neville Londubat, le stupide Griffondor, bon à rien ou plutôt mauvais à tout, sortit de la grande salle, pour son malheur avant les autres. Le pantin parfait !
Un tournemain, un sortilège « Chante et danse » soufflé et ... ET ... L'écho de cent violons s'échappa d'une bouche entrouverte et le presque Cracmol se mit à tournoyer. Un bras gracieusement tendu au niveau de ses épaules, l'autre autour de la taille d'une partenaire imaginaire, le visage souriant légèrement penché de côté, le foutu Griffondor VALSAIT ! Et le pire, c'est que c'était beau et qu'il faisait « ça » bien !
De nouveau, le public accourut. Les professeurs arrivèrent en riant sous cape, sauf Snape impassible et la Dolorès en pétard. Même Dumbledore était là et il marquait la cadence en balançant ses mains. Une fois encore, une fille s'approcha du danseur et s'accorda à ses pas. Cette fois c'était Hannah Abbott, la Pouffsouffle. La durée fut la même, environ neuf minutes, après quoi les danseurs se « réveillèrent ».
« Non non, Madame Ombrage ! Pas de punition irréfléchie cette fois, prévint le Directeur avant que la harpie n'ouvre la bouche. Nous avons affaire à un phénomène nouveau et mystérieux. Notre professeur d'Enchantements va en déterminer la cause. Si la faute n'incombe pas aux élèves, il est injuste de les punir. Mesdemoiselles, messieurs, veuillez quitter le Hall en silence. Monsieur Flitwick va chercher d'où provient ce sortilège. »
Ce petit discours avait donné à Draco le temps de ranger la boîte et de rejoindre en douce le groupe des Serpentards. Les derniers mots du professeur Dumbledore lui donnèrent des frissons dans le dos. Le vieux schnock était peut-être cinglé mais sa puissance magique était grande. Celle du minuscule professeur d'Enchantements aussi. Et si ... Mais non ... Jusqu'à présent, le Pupazzo avait été indétectable.
Draco aurait été rassuré s'il avait entendu ce que Filius Flitwick grommela dans sa barbe quand il fut seul au milieu du Hall.
« Ah ! Tu m'as traité de demi-portion et de minus, punaise d'Ombrage ! Tu peux toujours te gratter pour que je te dise d'où vient ce sortilège, vieille peau de vache ! Même si je le savais, je ne te le révèlerais pas. De toute façon, je ne vois aucune trace magique, aucun résidu de maléfice ... Il se passe ici quelque chose de bizarre mais à priori, ce n'est pas dangereux s'il s'agit juste de faire danser un couple d'élèves ... Peut-être une résurgence du pouvoir de Rowena Serdaigle ! Elle aimait la musique dit sa légende ! Va pour le phénomène inexpliqué ! »
Le soir au dîner, le Directeur annonça gravement aux professeurs et aux élèves réunis dans la salle à manger que le Hall de Poudlard était frappé d'un EVAMA dORNE, un Enchantement Visuel et Auditif à Manifestations Aléatoires, d'Origine Récente et Non Elucidée. Ce n'était pas dangereux et ça passerait tout seul comme la grippe H1N1. La prochaine fois, que tout le monde danse ! Ça dérouillerait les articulations et ça dériderait les neurones !
L'explication donnée d'un ton solennel cloua le bec de la Dolorès Ombrage, même si sous son gilet de peluche rose, elle était prête à exploser comme une grenade trop mûre.
Ce soir-là, Neville Londubat demanda à Hannah Abbott si elle voulait bien sortir avec lui et elle répondit « Oui » en rougissant joliment.
Sous son baldaquin, dans le dortoir des Serpentards, Draco Malfoy jubila tout seul, bien égoïstement. Le Pupazzo était vraiment génial ! Il remettrait « ça » après les vacances et plutôt deux fois qu'une !
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Janvier arriva avec son lot de surprises, bonnes ou mauvaises. Madame Dolorès Jane Ombrage, nommée Grande Inquisitrice par le Ministre lui-même, arpentait d'un pas conquérant les couloirs de Poudlard, fourrant son nez renifleur partout, distribuant punitions et retenues à qui bon lui semblait, surtout aux Griffondors, et vidant petit à petit les sabliers de leurs rubis, de leurs topazes et de leurs saphirs tout en remplissant au contraire celui aux émeraudes. Il n'y a pas de petits profits, c'était une ancienne Serpentarde.
Elle songeait à se faire aider dans son travail de purification de Poudlard par une Brigade Spéciale avec à sa tête Draco Malfoy qui lui cirait si joliment les pompes. Le dit Draco Malfoy était travaillé, lui, par tout autre chose. Pendant les vacances, il avait brusquement grandi et embelli. Il plaisait et il s'en rendait compte. Pas besoin finalement de se décarcasser, les filles soupiraient et se retournaient sur son passage. Il laissait faire.
Ainsi, les grandes de « sixième et septième année », même la belle Pénélope Deauclaire, le regardaient avec convoitise. Elles le frôlaient en passant, lui passaient la main dans les cheveux, lui caressaient la joue en murmurant d'une voix languide : « Qu'il est mignon ! » Les plus jeunes béaient d'admiration et les filles de son âge lui envoyaient des mots doux sur du parchemin rose et parfumé. D'ici à ce qu'il soit officiellement nommé « Sex symbol de l'année », y avait pas des kilomètres !
Bon d'accord, il aurait préféré que ce soient des garçons qui lui fassent des avances. Mais pour la gloire et le fun, les filles c'était déjà bien. Si on ne peut pas avoir ce qu'on veut, on prend ce qu'on a sous la main et Draco Malfoy songeait sérieusement à mettre sa main, ses mains, quelque part. Pansy, par exemple, lui lançait des œillades incendiaires et Millicent poussait sur son passage des soupirs énamourés. Autant commencer par là, ça restait dans la famille, si l'on peut dire.
Il flirta avec l'une puis avec l'autre, sans trop de conviction mais quoi ... faut pas faire le difficile pour les premières fois. L'une avait la poitrine avenante et l'autre un arrière-train rebondi. C'était toujours ça de pris. De quoi parle-t-on, croyez-vous, dans les dortoirs de garçons, entre « hommes » ? De Quidditch et de nanas ! Draco pouvait maintenant gloser sur les deux sujets avec ses copains en sachant de quoi il parlait !
Chacun y allait de son couplet sauf Blaise qui restait discret sur ses amours. Mais Théo avait avoué qu'il en pinçait pour Simonetta Faucett. Bon, tous les goûts sont dans la nature, c'était une Serdaigle mais ça restait acceptable. Draco se dit qu'il allait faire à son camarade le coup du Pupazzo, histoire d'activer un peu la chose. On était à la mi janvier, dehors, il faisait un froid de Détraqueur, c'était le moment de se réchauffer.
Il œuvra donc pour le bien de son camarade Serpentard et le captura un dimanche après le déjeuner. « Chante et danse » rigola-t-il en tenant fermement les croisillons de bois. Et là ! Baoum ! L'explosion ! Un torrent de décibels ... batterie endiablée, guitares électriques en folie ... et le rock and roll prit possession de Théo et accessoirement du Hall de Poudlard. Le grand lustre de cristal en frémit de toutes ses pampilles.
La salle à manger se vida en moins de temps qu'il n'en faut pour dire Quidditch et les Poudlardiens bouche bée virent une sorte de feu follet faire sur la mosaïque de l'entrée des figures acrobatiques avec beaucoup de grâce et un rythme époustouflant. Il fut rejoint par ... Ginny-la-rousse ! Non mais c'est pas vrai ! La Weaslette de Griffondor ! Et elle y allait de bon cœur, la gamine ! Avec ses cheveux roux en sarabande, elle ressemblait à un écureuil sautant de branche en branche ! Elle et Théo ... s'harmonisaient !
Gagnés par la folie de la danse et avec l'autorisation de Dumbledore en tête, les plus hardis se joignirent à eux et neuf minutes durant, la musique de sauvages secoua les vieux murs, les tableaux, les armures et même une colonne de pierre en haut de l'escalier. Raaah ! Elvis pouvait reposer en paix ! Bien vivant, le rock and roll !
Ombrage vira au rose saumon et de la fumée sortit de ses oreilles. Ne pouvant punir la fille pour la danse, elle l'inculpa d'indécence parce qu'elle avait montré ses jambes jusqu'aux cuisses mais elle ne fit aucune remontrance au jeune Serpentard. Ce n'était pas sa faute s'il avait été possédé par ce sortilège incontrôlable, cet ...ERA ... DORA ...DEVASTA surgi de nulle part.
La jeune Griffondor fut mise en retenue avec des lignes douloureuses à copier pendant trois samedis après-midi. A chaque fois, Théo vint l'attendre à la sortie avec un flacon d'essence de Murlap apaisante. Quand la punition se termina, Ginny Weasley, la jolie rouquine, tira la langue à ses trois enquiquineurs de frères et ronronna dans les bras musclés de son beau rocker. Au grand dam de Draco Malfoy qui n'avait pas prévu cette issue ... heu ... heureuse.
Mais du coup, cela lui donna des idées saugrenues. En utilisant les dispositions que le Pupazzo semblait avoir pour la formation des couples - ce qui était logique si on se référait à Brunehaut la Laide et ses cinq maris - le Serpentard, en pouffant de plaisir anticipé, décida de se faire ... entremetteuse ? ... marieuse ? ... non, pour un homme on disait accordeur. Ça se faisait beaucoup en Irlande lui avait dit un jour sa mère, qui cherchait une bichonne pour sa boule de poils en rut.
Début février, la chance sourit au Serpentard. Il guettait un beau spécimen mâle du haut de son escalier et vit arriver Roger Davies, le capitaine de l'équipe de Serdaigle. Ça, pour être beau, il était beau, le Roger, tout à fait le genre de Draco. Grand, brun aux yeux bleus, une fossette au menton, toujours le sourire aux lèvres ... Niais, le sourire mais on ne demande pas aux beaux garçons d'avoir inventé la poudre de Cheminette ! Hétéro malheureusement vu ses nombreuses conquêtes féminines.
D'un lancer de fils que lui aurait envié un pêcheur à la mouche, Draco harponna son objectif et éructa le « Chante et danse » en se gondolant par avance. Le beau brun se figea, son dos prit une jolie courbure arrière, tout sourire disparut de son visage qu'il tourna bien raide vers son épaule gauche et de ses lèvres entrouvertes s'exhala le son nostalgique d'un bandonéon accentué par la note plaintive d'un violon. Seul au milieu du Hall, portant en lui toute la mélancolie du monde, Roger Davies entama ...
... Un Tango argentin ! Oh ! Merlin tout puissant ! Le truc langoureux par excellence ! Le parfait piège à filles ! Sauf que là, c'était le Serdaigle de mes deux qui allait se faire piéger ! Ah ! Divino Pupazzo ! Tu sais que je t'aime, toi ? Alors alors, quelle nana bien conne allait succomber aux charmes du beau ténébreux ? Elles accouraient toutes, aussi avides que des piranhas encerclant une proie sanglante.
Et paf ! Qui c'est qui se retrouve entre les bras du latino de banlieue ? La Cho Chang ! Et ils dansent, et ils enchaînent figure sur figure, et ils glissent, et elle le vampe, et il la regarde comme s'il allait la bouffer toute crue ! La grande parade du sexe et de l'amour ! Le nirvana ! Le pied ! Et les autres qui regardent et n'osent pas s'en mêler tellement c'est proche de la perfection !
Les minutes passent, le miracle se poursuit. Même la Dolorès est stupéfiée sur place ! Elle a peut-être du sang espagnol dans les veines, qui sait ? Et tout à coup, Draco remarque là, dans un coin reculé du Hall, un garçon au visage attristé. Tiens, d'où il sort celui-là ? Ça fait un paquet de jours qu'il n'a pas pensé à lui et qu'il ne l'a pas vu traîner avec sa bande dans les couloirs du château.
Il doit se planquer la plupart du temps car l'espèce de crapaud au collier rose le harcèle sans arrêt et lui colle punitions sur punitions. Draco l'en plaindrait presque, s'il avait le temps ! Mais pourquoi fait-il cette tête ? Par Salazar ... le Balafré serait-il amoureux de la belle Cho ? Hé ben, tu peux aller te rhabiller chez Tout Nu, Griffondor à la manque ! Trop moche, trop maigre, trop jeune surtout ! Tu ne fais pas le poids face au beau Davies !
Mais tant que j'y pense ... qu'est-ce qu'il devient le fameux Elu du monde sorcier ? Depuis le début de l'année, il est inexistant, incolore, inodore et sans saveur. D'ailleurs, la Gazette du Sorcier dit qu'il a le cerveau dérangé. Il prétend que le plus grand Mage noir de tous les temps est ressuscité d'entre les trépassés et qu'il reconstitue son armée de Mangemorts.
N'importe quoi ! Son père le saurait si c'était le cas. Il était un fervent partisan de Vous-Savez-Qui, il a même sur le bras gauche une Marque noire, pas très jolie d'ailleurs, qui prouve son allégeance au Maître des Ténèbres, à celui qui autrefois voulait redonner le pouvoir aux Sangs-Purs et rabattre le caquet de tous ces Sangs-Mêlés et surtout des Sangs-de-Bourbe ...
Distrait par ces réflexions bien éloignées de la musique et de la danse, Draco fut surpris par la fin du Tango. Déjà les fils se rétractaient pendant qu'en bas, les applaudissements éclataient. Vite, ranger la précieuse boîte verte au pied du Hautain et rejoindre les autres ! Draco se poserait des questions existentielles sur le foutu Griffondor une autre fois !
Cho et Roger se firent les yeux doux puis ils passèrent rapidement aux choses sérieuses. Pelotage et bécotage sont les activités de base des jeunes gens des deux sexes et même du troisième et du quatrième. Draco en rêvait et quelquefois le matin, il constatait que ça le travaillait. Dur.
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Et ce fut le jour de la Saint Valentin. Dés le matin, l'école se pouffsoufflisa Les cartes dégoulinantes de mièvrerie et les boîtes de chocolat enrubannées changèrent de mains. Certains en recevaient beaucoup, Draco Malfoy fut de ceux-là. Et parmi les mots doux parfumés à la violette des filles, il eut la surprise de trouver un message viril venant d'un ... Serdaigle. Eddy Carmichael lui déclarait sa flamme.
« Je sais que tu aimes les filles, lui disait-il en substance, mais tu verras, c'est bien meilleur avec un garçon. Viens ce soir à la Tour d'Astronomie. Je te montrerai ce que c'est que ... baiser ? » Mais il est fou celui-là ! Pour qui il se prend, le Serdie de mes deux ? Draco Malfoy lança un regard malveillant vers la table voisine et vit un éphèbe aux longs cheveux noirs lui faire une œillade engageante.
N'importe quoi ! Il haussa les épaules et fit semblant de jeter la carte. Mais en son for intérieur, il se dit qu'il avait peut-être l'occasion de ferrer un poisson plus à son goût que la Éloïse Midgen qui lui avait envoyé des chocolats en forme de cœur et le contemplait de loin avec des yeux de merlan frit. Aussi, le soir, au lieu d'aller à ce rendez-vous foireux, il se colla en haut du Hall et, Pupazzo en main, il guetta son prochain gibier.
Carmichael, qui l'avait vu quitter discrètement la Grande Salle, en sortit à son tour, un sourire de victoire aux lèvres. Mais des petits machins crochus l'engluèrent au passage et une voix ironique susurra sous le grand lustre. « Chante et danse, beau brun ! Montre-nous ce que tu sais faire ! » Une, deux secondes d'immobilité et le Serdaigle fut pris de folie, une folie totalement contagieuse.
Il se mit à crier : « Hey Macarena* ! » Et il entama un chant dans une langue étrangère. « Dale a tu cuerpo alegria Macarena ... Hey Macarena ! » Il faisait en même temps des gestes avec ses bras et il sautait en rythme en ayant l'air de bien s'amuser. D'ailleurs, Draco se sentait tout à coup des fourmis dans les pieds.
Les élèves jaillirent de la Grande Salle et à peine en étaient-ils sortis que la fièvre de la danse les prenait. Bientôt, le Hall fut rempli d'une foule de jeunes qui chantaient et dansaient en choeur dans un ensemble parfait. Puis madame Chourave arriva et elle se joignit aux élèves, suivie des autres professeurs. C'était miraculeux ! Tout le monde s'y mettait, même Albus Dumbledore, même Severus Snape ! Oui oui ! Vous avez bien lu ! ... et même ... Oh ! Joie et Allégresse ! Même l'abominable Ombrage en chaussures roses !
Personne ne résistait à la Macarena ! Pas même un blond désillusionné couleur de muraille, aux mains pourtant encombrées de deux croisillons de bois. Et je te lance les bras en avant ! Et je te mets les mains sur la tête, les hanches, les fesses ! Et je te fais des quarts-de-tour pendant que les fils magiques s'emmêlent un peu mais tiennent bon ! C'était dément ! Et ça dura neuf minutes et quelques broutilles de secondes. Après quoi, tout le monde s'arrêta, se regarda et éclata de rire.
Tout secoué par un fou-rire intarissable, Draco fonça ranger sa boîte merveilleuse et se glissa parmi les autres, ni vu ni connu j' t'emb ... Ah oui, je l'ai déjà dit ... bon, j' t'emberlificote alors !. Des couples se formaient. Les Valentins et les Valentines du jour s'enlaçaient par la taille et quittaient le Hall pour pouvoir se conter fleurette à l'aise dans tous les coins sombres du château. Les professeurs s'éloignaient en essayant de reprendre un air sérieux mais c'était dur, sauf pour Snape ! .
Draco se sentit agrippé par la main et avant de disparaître dans un couloir, il eut le temps de voir la Dolorès, pétrifiée sous le lustre de cristal. Sa rage était si forte que les pampilles tremblaient au dessus de sa tête et faisaient en s'entrechoquant le bruit délicat du cristal qui se brise. Le Serpentard eut le temps de penser : « Pourvu qu'elle le reçoive sur le nœud nœud rose de sa perruque la garce ! » avant qu'une bouche humide ne se pose sur la sienne.
Que ? Quoi ? Qu'est-ce ? Carmichael avait-il osé ? Draco repoussa rudement la personne qui se collait à lui. Ouf ! Ça avait de la poitrine ! Une fille ! La Éloïse aux grands yeux pseudo-candides et aux lèvres hardies ! Beurk ! Le blond jeune homme eut une grimace de dégoût et colla une beigne à l'ambitieuse qui se mit à pleurnicher ! Il la planta là et parcourut d'un pas raide les couloirs du château pour regagner la Salle Commune de Serpentard. Non mais !
Il croisa tout ce que Poudlard comptait en âge de flirter. Ça se pelotait et ça se bécotait dans tous les coins. Des petits anges ailés tentaient de voler d'un couple à l'autre, poursuivis par le Baron Sanglant déchaîné qui les faisait exploser en plein vol. Ah ! On s'en souviendrait de la Saint Valentin de cette année ! Guimauve et Pouffsoufflerie à tous les étages ! La Macarena avait fait des ravages dans les corps et dans les cœurs !
Draco se sentait tout de même un peu solitaire parmi tous ces gens enlacés. Mais il découvrit qu'il n'y avait pas que lui à n'avoir pas trouvé son âme sœur d'un soir. Au détour de la galerie qui donnait sur le parc, il aperçut ... mais oui ! Un Griffondor esseulé, le Balafré soi-même, qui soupirait à fendre l'âme. Il ne résista pas à la tentation.
« Alors, Sang-Mêlé, personne n'a voulu de toi, ce soir ?
-- Je te retourne le compliment, Sang-Pur . Tu es seul toi aussi. On pourrait se consoler ensemble ? »
QUOI ? Mais qu'est-ce qui arrivait au monde si les rebuts de l'humanité se mettaient à avoir de l'humour ? Draco Malfoy se drapa dans sa cape et sa dignité réunies et s'éloigna sans daigner répondre. Et puis quoi encore ! Quoique ... Il faillit le regretter. Il n'était pas si mal, le petit Griffon, au clair de lune ...
Et Draco Malfoy hocha la tête en se disant que la Macarena de Carmichael avait vraiment des effets collatéraux pervers.
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A suivre.
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*La Macarena : Danse collective. Paroles et musique de A. Romero Monge et R. Ruiz. Tube de l'été 1996 en France et ailleurs ...
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