SAMEDI 26 OCTOBRE 1996 - SOIREEAlbus Dumbledore ne s’était jamais senti aussi las de toute sa vie, et Dieu sait qu’elle avait été longue. Il avait vécu de très nombreuses épreuves, parfois éprouvantes, où il avait perdu de nombreuses personnes chères à son cœur mais maintenant, à son âge, il n’arrivait plus à trouver la force. Durant toute sa vie, il avait cherché à vaincre la mal au profit de l’amour, à rendre le monde dans lequel il habitait meilleur pour lui et surtout pour ses semblables et aujourd’hui, il avait l’impression d’avoir misérablement échoué. Voldemort était très près de Poudlard et ce n’était qu’une question de temps avant qu’il n’arrive à s’infiltrer. Un petit garçon innocent avait été assassiné à Pré-au-Lard et maintenant, l’un de ses professeurs…
Un homme en qui Dumbledore avait entièrement confiance. Un homme qui lui avait donné des informations précieuses sur Voldemort et ses plans, un homme qui était un très grand sorcier, un homme qui avait aidé Harry Potter à pouvoir vaincre un jour le Seigneur des Ténèbres. Et maintenant, cet homme n’était plus là. Et Dumbledore devait se poser les bonnes questions, des questions qu’il croyait avoir résolu depuis des années déjà… Des questions désagréables, des questions dérangeantes, des questions qui mettaient le doute sur tout ce qu’il avait construit à Poudlard.
Lequel de ses professeurs l’avait trahi ?
Lequel des cinq ? Minerva ? Pomona ? Filius ? Sybille ? Horace ?
Il enfouit son visage entre ses mains et ne bougea plus. Dans quelques minutes arriveraient un Auror délégué par le Ministère. Il serait forcément seul, tous les autres étaient réquisitionnés par le Ministère. Dumbledore espérait sincèrement qu’on lui enverrait une personne intelligente et capable. Il voulait étouffer cette affaire au plus vite, sans l’ébruiter. Bien sûr, Dumbledore aurait pu s’en occuper lui-même, mais il ne s’en sentait vraiment pas capable. L’Ordre du Phénix et la gérance de l’école lui prenait tout son temps… Dumbledore soupira.
Il faudrait vraiment trouver le meurtrier rapidement. Vraiment très rapidement. Dumbledore avait du user de toute son habileté pour garder l’école ouverte cette année alors que Voldemort était officiellement de retour et qu’il était certain de s’attaquer au château. Mais le Ministère avait finalement donné son accord, si les systèmes de protections étaient renforcés au centuple. Mais maintenant qu’un crime
moldu avait eu lieu à l’intérieur même du château, l’un de ses professeurs, un homme important pour Dumbledore…
Quelqu’un frappa à la porte du bureau du vieil homme. Celui-ci caressa lentement sa barbe argentée, pensif. Durant quelques minutes, il ne dit rien, perdu dans ses pensées. Les coups retentirent à nouveau dans la pièce, plus secs et plus nombreux. Dumbledore consentit alors à murmurer :
-Entrez.
La porte s’ouvrit et à la stupéfaction de Dumbledore, Hermione Granger entra dans la salle, un air déterminé sur le visage.
-Miss Granger… ?
-Bonsoir, Professeur Dumbledore.
-Puis-je savoir comment vous êtes rentrée ici ? demanda Dumbledore.
Hermione eut un pauvre sourire.
-Professeur… pardonnez-moi de vous dire ça, mais vous n’avez jamais été très doué pour trouver les mots de passe.
Dumbledore lui rendit son sourire.
-Que me vaut l’honneur de votre présence à une heure si tardive ?
Le sourire de la jeune femme s’effaça instantanément. Elle s’approcha du bureau et s’assit avant de murmurer calmement :
-Je suis au courant de la mort du Professeur Rogue.
-Vous êtes ?
-Enfin, nous les sommes, corrigea Hermione. Tous. Des bruits circulent, des rumeurs et j’ai vu l’attitude des professeurs au dîner… D’ailleurs, le Professeur Rogue n’était pas présent.
Dumbledore eut un long soupir et Hermione se dit qu’elle ne l’avait jamais vu aussi fatigué.
-C’est bien ce que je craignais. Savez-vous comment l’information est parvenue jusqu’aux oreilles des élèves ?
-Pas la moindre idée, Professeur. Mais c’est à ce sujet que je suis venue vous parler.
Dumbledore haussa un sourcil. Hermione continua.
-Je suppose que le Ministère est déjà prévenu et qu’il va vous envoyer un Auror, ou une personne pour enquêter sur le meurtre du Professeur Rogue -car c’en est bien un, n’est-ce pas ?
-Oui.
-J’aimerais l’aider. En toute honnêteté, Professeur, je me sens inutile ici et je suis consciente de mes capacités. Je sais aussi le tort que cette histoire peut faire à l’école et je ne pense pas qu’un seul homme puisse arriver au bout de cette affaire en temps et en heure. J’imagine que le conseil d’administration que vous soupçonnez probablement d’être à la solde de Voldemort va rapidement exiger la fermeture du château.
-Comment diable savez-vous ça ?
-N’oubliez pas que Harry, Ron et moi avons passé l’été que quartier général de l’ordre et que nous avons des oreilles… Mais peu importe cela, ajouta Hermione en rougissant, laissez-moi vous aider.
Dumbledore la considéra un moment mais ne dit rien.
-Le Ministère n’est pas obligé de le savoir, ajouta précipitamment Hermione et en fonction de la personne que l’on va vous envoyer, peut-être que cela ne lui posera pas de problèmes… Je veux juste l’assister dans l’enquête, les interrogatoires… Et peut-être qu’à nous deux, nous arriverons à des conclusions satisfaisantes assez rapidement pour étouffer l’affaire.
-Miss Granger… Je veux que vous soyez pleinement consciente dans quoi vous vous embarquez. Severus Rogue a été violemment assassiné et le tueur n’a apparemment pas eut peur de prendre des risques, vu le nombre de témoin qu’il y avait à quelques mètres de la scène du crime.
-Ne vous inquiétez pas, Professeur, répondit Hermione d’un air digne. Je veux m’engager dans cette guerre. Et je ne pense pas que vous soyez en position de refuser de l’aide… et surtout pas une intelligence comme la mienne.
Elle rougit violemment devant sa propre audace mais garda son air neutre. Dumbledore eut un sourire franc et décida :
-Très bien Miss Granger, mais il va falloir voir ça avec l’enquêteur officiel… Il ne devrait plus tarder, je pense.
-Pouvez-vous me dire ce que vous savez, en attendant ?
-Je préférerais attendre qu’il arrive pour ne pas avoir à le répéter…
-Bien entendu.
Pendant deux minutes, Hermione fixa ses genoux, dans un silence presque complet. Dumbledore finit par dire :
-Bien sûr, il faudra que vous manquiez vos cours pendant un temps, mais vu votre niveau scolaire, je ne pense pas que cela soit un soucis…
-J’ai déjà officieusement terminé le programme mais je pourrais toujours glaner une ou deux heures pour faire les devoirs exigés par les professeurs, je suppose…
De nouveaux coups se firent entendre à la porte. Hermione se leva alors que Dumbledore demandait d’entrer. Un grand homme noir, à l’allure imposante, drapé dans une robe violette sombre, un anneau d’or à son oreille, entra alors dans la salle. Dumbledore eut un sourire radieux, se leva, et alla l’accueillir.
-Kingsley. Mon ami.
Il lui serra la main et lui adressa un visage chaleureux que l’Auror lui rendit. Il jeta un coup d’œil à Hermione qui s’était levée à son tour et lui avait fait un salut de la main, avant d’interroger silencieusement Dumbledore du regard. Celui-ci lui intima de s’asseoir.
-Je vais vous expliquer, Kingsley.
Kingsley s’assit à côté de Hermione, croisa les jambes et attendit que Dumbledore commence. Celui-ci resta silencieux un instant.
-Kingsley, j’aimerais que durant votre enquête, vous preniez Miss Granger avec vous. Ne vous méprenez surtout pas, j’ai une totale confiance en vos compétences, mais j’ai peur que le travail soit trop conséquent pour une seule personne, comme me l’a fait justement remarqué Miss Granger. L’assassin de Severus Rogue doit être vite appréhendé. Je vais recevoir dés demain des lettres du Conseil d’administration, du Ministère et surtout, des parents d’élèves et je vais avoir du mal à gérer tout ça, surtout si l’affaire s’éternise… Vous n’y voyez pas d’objection, Kingsley ?
-Aucune, répondit celui-ci. Je connais le tempérament de Miss Granger et j’ai entendu plusieurs échos sur sa remarquable intelligence, précisa-t-il en la regardant, un sourire aux lèvres. Je serai ravi de l’avoir à mes côtés…
-Merci, Mr Shacklebolt, dit Hermione en détournant le regard tout en rougissant.
-Kingsley, Hermione, nous sommes partenaires maintenant.
-Très bien, Kingsley. Pourriez-vous nous mettre au courant de l’affaire, Professeur Dumbledore, s’il vous plait ?
-J’avais prévu une réunion entre certains professeurs cette après-midi, avec le Professeur Rogue, McGonagall, Flitwick, Slughorn, Chourave et Trelawney. Je… sentais depuis quelques jours que l’unité entre les professeurs que j’essayais de créer faiblissait grandement. Ils suspectaient Severus d’être un Mangemort, je le sais et je ne voulais pas de ça, de ces suspicions malsaines qui auraient finit par éclater au mauvais moment. Cette réunion était pour mettre les choses à plat. Je devais y assister à la base, mais j’ai eu un rendez-vous de dernière minute au Ministère que je ne pouvais pas manquer…
-Ensuite ?
-Du peu que je sais, je ne me suis entretenu avec personne, la réunion a bien eu lieu, mais je ne sais pas ce qu’il s’y est dit. Après, Severus serait allé aux toilettes de la salle des professeurs et quelques minutes plus tard, Horace qui n’obtenait aucune réponse a ouvert la porte avec un sort et l’a trouvé mort…
-Comment a-t-il été assassiné ?
-Étranglé, en apparence… Si on m’avait dit que Severus Rogue serait assassiné par étranglement, je ne l’aurai jamais cru… C’est tellement absurde qu’un sorcier de son niveau soit tué comme ça, mais c’est un fait. Severus Rogue est mort. Il est mort…
Dumbledore se perdit dans ses pensées. Pendant deux minutes, Kingsley et Hermione n’osèrent pas le déranger.
-C’est tout ce que je sais, termina finalement Dumbledore. Pompom a déjà commencé l’autopsie, je pense qu’elle a du la terminer…Vous devriez aller la rejoindre.
Hermione et Kingsley se levèrent et se dirigèrent vers la porte.
-Attendez, murmura Dumbledore. Pensez-vous avoir un quelconque résultat à la fin de la semaine ? Ou lundi, mettons ?
-Dans deux jours ? faillit s’étrangler Kingsley. Vous n’êtes pas sérieux, Al…
-Nous ferons de notre mieux, Professeur Dumbledore, coupa Hermione. Vous pouvez compter sur nous.
Dumbledore sourit alors que Kingsley faisait une grimace. Deux jours !
-Je n’ai aucun doute là-dessus, dit Dumbledore. Bonne chance.
-A vous aussi, Monsieur.
Ils allèrent rejoindre l’infirmière.
*
Il était bientôt vingt trois heures et Poppy Pomfresh était exténuée. Cela faisait une vingtaine d’années qu’elle travaillait et jamais il ne se passait une journée sans qu’un élève ne soit envoyé à l’infirmerie. Travailler en tant qu’infirmière dans une école de sorcellerie était loin d’être ennuyeux : les erreurs des élèves étaient nombreuses et imprévisibles ! Elle avait du à de nombreuses reprises ajuter des remèdes pour répondre à certaines situations mais elle n’avait presque jamais besoin d’envoyer ses patients à l’Hôpital Saint-Mangouste.
Lorsqu’on lui apporta le corps de Severus Rogue, dans la plus grande discrétion, elle ne fut pas aussi surprise qu’elle l‘aurait imaginée. Elle était consciente que Voldemort n’était pas loin et qu’il pouvait attaquer Poudlard à tout moment. Quoi de plus normal qu’il ait réussi à infiltrer l’école et à provoquer un meurtre ? Pompom ne doutait pas un instant que Voldemort était lié à cette histoire. Comment cela pourrait en être différent ? L’infirmière soupira de dépit alors que Hermione Granger et Kingsley Shacklebolt entraient dans la salle.
-Miss Granger ? s’étonna Poppy. Quelque chose ne va pas ?
-Tout va bien, merci. Dumbledore m’a demandé d’assister Mr Shacklebolt durant son enquête…
-Oh, donc vous venez…
-C’est exact.
-Suivez moi, je l’ai mis au fond dans une petite pièce adjacente, pour ne pas qu’on le voit…
-C’est intelligent de votre part, remarqua Kingsley, mais le secret n’est plus important maintenant. Les élèves sont déjà au courant.
Pompom soupira.
-Pauvre Albus.
Elle sortit un trousseau de clef de sa poche et ouvrit la porte. La pièce était de très petite taille, il y avait à peine la place pour qu’ils puissent entrer à l‘intérieur tous les trois. Hermione laisse longtemps son regard fixé sur le corps de son ancien professeur, recouvert d’un drap blanc jusqu‘au coup, illuminé par quelques chandelles.
-Nous vous écoutons, dit Kingsley.
-Je peux déjà vous confirmer qu’il est mort par étranglement, cela ne fait aucun doute, il y a plusieurs marques autour de son coup. De grandes marques, probablement des mains d’hommes, mais une femme de grande taille ferait aussi bien l’affaire. J’ai quand même fait une autopsie plus profonde du corps et j’ai découvert un narcotique, un somnifère en réalité, en grande quantité. J’ai pu l’analyser et il s’agit de Potrale. Disponible en vente libre pour les troubles du sommeil. Il n’est pas dangereux en tant normal s’il est pris avec de l’eau froide mais la chaleur accentue extrêmement son effet et à haute dose, cela peut être mortel à long terme, mais la victime n’est pas morte d‘empoisonnement. J’ajouterais que c’est un somnifère qui a un goût très prononcé, mais qu’il existe en plusieurs parfums…
-Café, j’imagine ? suggéra Hermione.
-Tout à fait, approuva l’infirmière.
-Vous avez pensez à analyser la tasse dans laquelle il a but ?
-Bien entendu. Du café décaféiné, où l’on retrouve du Potrale… J’ai également analyser la cafetière qui contenait le déca et là aussi il y en avait beaucoup…
-Soit le meurtrier est stupide, ce qui est peu probable vu les circonstances du meurtre, soit Severus était le seul à boire du décaféiné, remarqua Kingsley.
-Je peux le confirmer, dit Poppy.
-Bien. Autre chose ?
-J’ai analysé ses vêtements… Et j’y ai trouvé de la terre.
-De la terre ?
-Oui, continua-t-elle. Cela m’a surprise aussi. Je l’ai étudié un peu plus et j’ai découvert quelques minéraux assez particuliers, uniquement utilisés pour la botanique…
-Intéressant, murmura Hermione. Autre chose, Mrs Pomfresh ?
-Non. Voulez-vous voir ses effets personnels ?
-S’il vous plait.
Elle s’éloigna une minute et revint avec plusieurs pochettes en plastique.
-Voilà tout ce qu’il y avait avec le corps.
Hermione nota sur son carnet tout ce que le défunt avait possédé. Sa baguette magique, bien entendu. Une clef, celle de son bureau, probablement. Un peu de monnaie. Quelques feuilles de parchemins vierges…
-Rien de bien intéressant qui ne nous avance à rien, bougonna Kingsley en prenant la clef du bureau. Nous aurons besoin de ça pour fouiller son bureau, ajouta-t-il. Sinon, vous n’avez rien à dire à ce sujet ?
-Non, on retrouve bien ses empruntes sur chacun de ces objets et c’est tout.
Hermione et Kingsley remercièrent l’infirmière et sortirent de la salle. Sans se concerter, ils se dirigèrent vers le bureau du professeur Dumbledore.
-Une petite discussion avec le Professeur Chourave s’impose, murmura Hermione.
*
Dumbledore avait eut la bonté de prêter son bureau à Hermione et Kingsley pour leurs interrogatoires s‘ils le désiraient, mais aucun des deux enquêteurs ne souhaitait envahir Dumbledore. Il était allé faire chercher le professeur Chourave et les deux enquêteurs attendaient patiemment dans la bureau tout en discutant.
-Alors ? demanda Kingsley en souriant. Verdict ? Qui a fait le coup ?
-Sybille Trelawney.
-Hein ?
-Et bien quoi ? A question stupide, réponse stupide !
-Hum, vous avez raison, mais que pensez-vous de tout ça pour l’instant ?
-Absolument rien. Severus Rogue a été assassiné par étranglement et apparemment on a cherché à l’affaiblir avec un narcotique qu’on a subrepticement glissé dans sa cafetière, ce qui renforce le fait que l’assassin devait connaître la victime, donc un professeur. Mais toutes ces questions liées au moment du crime, nous aurons les réponses durant l’interrogatoire. Quoi qu’il en soit, nous venons d’apprendre par l’infirmière qu’elle avait trouvé sur le corps de la terre caractéristique aux serres, donc au Professeur Chourave. Donc nous allons l’interroger.
-Vous ne trouvez pas ça un peu trop facile ?
-Que voulez-vous dire ?
-Et bien… déjà, assassiner un professeur de manière moldu, c’est étrange, mais je trouve ça trop simple… Faire tomber de la terre sur le corps !
-C’est tout à fait possible.
-Oui bien sûr, mais il est aussi probable pour l’assassin d’être allé chercher au préalable la fameuse terre dans les serres pour ensuite en laisser sur le corps, incriminant ainsi le Professeur Chourave.
-Vous suggérez la préméditation, dans ce cas.
-La présence du somnifère est une preuve flagrante qu’il y a eut préméditation.
-Oui, vous avez raison. Mais le Professeur Chourave n’a jamais été une personne… disons, très soignée. Cela ne m’étonnerait pas qu’il y ait eut effectivement de la terre sur les vêtements et qu’elle en ait fait tombé sans qu’elle ne s’en aperçoive sur le corps, si c’est elle qui l’a tué… Mais pourquoi l’aurait-elle fait ?
-Hum, murmura Kingsley, pensif. La salle des professeurs n’a pas bougé d’un poil depuis la découverte du cadavre, il faudra voir s’il n’y a pas de la terre là où le Professeur Chourave est allée. Si on en trouve, les probabilités pour qu’elle ait commis le crime augmentent, mais sinon… elles diminuent .
-Oui, nous verrons, mais commençons plutôt l’interrogatoire, je l’entends frapper à la porte.
-J’espère vraiment que c’est important, grogna le Professeur Chourave en entrant dans la pièce d’un pas pressant et en s’asseyant sur le premier siège venu, il me reste encore des copies à corriger et…
Elle s’interrompit en voyant la présence de Hermione.
-Par Merlin, que faites-vous là Miss Granger ?
-J’assiste Mr Kingsley Shacklebolt.
-Mais, marmonna Pomona, dans quel but ?
-Vous êtes au courant, dit Kingsley avec une once de sarcasme dans la voix, qu’il y a eut un meurtre dans ce château… Vous avez découvert le corps, il me semble ?
-Ce n’est pas tout à fait exact, répondit Pomona. C’est le Professeur Slughorn qui l’a trouvée en premier, puis Minerva, Filius et moi.
-Pourriez-vous nous raconter, en détail, le moment du crime ?
-Si vous insistez… Dumbledore avait prévu une réunion vers quinze heures, il me semble. J’ai pris mon temps au déjeuner et j’ai engagé la conversation avec le Professeur Slughorn… Il était très intéressé par mes travaux, un homme de goût si vous voulez mon avis… Bref, nous sommes arrivés ensemble dans la salle des professeurs, Minerva, Filius et Severus étaient déjà présents… Sybille nous a rejoint juste après et la réunion a commencé.
Pomona s’agita légèrement sur sa chaise, mal à l’aise. Hermione le remarqua.
-De quoi avez-vous parlé ? demanda-t-elle.
-Hum, et bien, de choses et d’autres.
-Mais encore ? s’impatienta Hermione.
-Écoutez, s’énerva Pomona, je suis votre Professeur, je n’ai aucune raison de répondre à vos questions.
-Ici, je ne suis pas votre élève et vous n’êtes pas mon Professeur, nous sommes deux adultes et je suis chargée, avec Mr Kingsley, de mener cette enquête, sous ordre de Dumbledore alors s’il vous plait, répondez à ma question.
-Si vous le prenez comme ça, bien sûr, bougonna Pomona. Nous avons parlé du budget adressé à chaque matière, surtout la mienne et celui des Potions, nos avis divergeaient. Et puis…
-Sachez, précisa Kingsley, que nous allons interroger chaque professeur présent sur les lieux, alors inutile de cacher des faits, ils seront forcément révélés…
-Rogue nous a tous accusé de le prendre pour un Mangemort, dit Pomona précipitamment. Il a dit que nous le pensions tous mais que ce n’était pas vrai… Il a aussi ajouté qu’il y avait bien un Mangemort infiltré, mais que ce n’était pas lui… Il visait un professeur, sans aucun doute.
-Avez-vous une idée de qui il parlait ?
-Et bien… Il a suggéré que Filius et Horace avaient des choses à cacher
-Tiens tiens, intéressant, murmura Hermione, il n’a rien dit de plus à ce sujet ?
-Non, il a terminé son café et il est allé aux toilettes, nous laissant seuls avec ses révélations…
-Qu’avez-vous fait ensuite ? Vous tous ?
-Heu… Filius est allé se chercher un café, puis Minerva, ensuite je suis allé chercher des feuilles… Non, Horace est d’abord sortit de la salle des professeurs avant. Ensuite c’est Sybille qui est allé chercher du thé mais elle s’est trompée il me semble donc elle est retournée en chercher. Horace est revenu au bout d’un moment et il est allé tambouriner à la porte des toilettes, celles qui sont publiques étaient toutes prises apparemment. Il est venu nous dire que Severus ne répondait pas, il a alors ouvert la porte… et je vous ai déjà dis la suite.
Elle soupira et son regard se perdit dans le vide, comme si elle revivait la scène.
-Pouvez-vous nous décrire la salle des professeurs, s’il vous plait ?
-C’est très simple, il y a trois parties. La première est reliée vers l’extérieur et c’est là où se tiennent les réunions. Il y a une seconde salle, annexe, plus petite où se trouvent la machine à café, de quoi écrire… Et c’est aussi dans cette salle que l’on peut accéder aux toilettes.
-Y a-t-il une fenêtre dans ces toilettes ? demanda Hermione.
-Heu oui, assez petite mais quelqu’un pourrait probablement entrer par-là… Mais il faudrait arriver en balais pour y parvenir…
-Comment était le corps lorsque vous l’avez découvert ?
-A moitié par terre, à moitié sur la cuvette…
-Plutôt près de la porte ou de la fenêtre ?
-De la porte il me semble…
Hermione lança un regard à Kingsley.
-Professeur Chourave, avez-vous remarqué un détail… intéressant à signaler ?
-Non, je ne pense pas, répondit-elle en réfléchissant.
-Quel genre de café Severus Rogue avait-il l’habitude de boire ?
-Du décaféiné, c’est le seul avec le professeur Sinistra à en boire. Nous autres buvons du café normal, sauf Sybille qui boit du thé…
-Que pensiez-vous de Severus Rogue ? demanda vivement Hermione.
-Heu… Nous étions collègues… n’est-ce pas suffisant ?
-Comment étaient vos relations avant le meurtre ? Ces derniers temps ?
-Nous nous sommes disputés, avoua Pomona, durant la réunion.
-A quel sujet ?
-Il… il a dit que peu d’élèves s’intéressaient à ma matière, ce qui m’a énervé. Je lui ai alors dis des choses peu sympathiques et c’est à ce moment-là qu’il a commencé à nous accuser de le prendre pour un Mangemort.
-Vous-même le pensiez vous ? demanda Kingsley.
-Je ne sais pas si… il est mort, voyez-vous.
-Professeur, interrompit Hermione, Severus Rogue est mort et si nous voulons faire la lumière sur cette affaire, il ne faut pas hésiter à nous dire tout ce que vous savez et pensez.
-Vous posiez-vous des questions à son sujet ? demanda à nouveau Kingsley.
-Non aucune, j’étais persuadée qu’il était un Mangemort.
-Pourquoi ?
-Il avait toujours l’air de se moquer de nous, de se ficher de notre situation, comme si cela l’amusait… Il avait été un Mangemort autrefois, qu’est-ce qui nous prouve qu’il était de notre côté maintenant ?
-Dumbledore le croit.
-Dumbledore n’est qu’un homme, coupa glacialement Pomona, et il peut se tromper. Moi, c’est ce que je pensais.
-Et pourtant, c’est lui qui a été assassiné…
-Oui, concéda Pomona, c’est étrange et peut-être que je suis trompée, à la réflexion. Je ne vois pas qui peut l’avoir tué…
-Un professeur, à l’évidence.
Pomona releva vivement la tête.
-Un professeur ? Que voulez-vous dire ?
-Le crime a été commis dans les toilettes des professeurs seulement accessibles par ceux-ci et je ne pense pas qu’une tierce personne soit entrée à part vous, le Professeur McGonagall, Flitwick, Slughorn et Trelawney… Bien sûr, le meurtrier pourrait être arrivé par la fenêtre, mais c’est peu crédible… Un samedi après-midi, le parc devait être plein, on aurait forcément vu le meurtrier arriver en balais, non ?
-Oui, c’est possible, murmura Pomona en fixant Hermione.
-C’est donc l’un de vous cinq, conclut Kingsley.
-Pardon ? Je suis suspecte ?
-Bien évidemment ! Vous étiez là, non ? Et d’après ce que vous nous avez dis, vous avez tous été seul un moment dans la salle annexe pour avoir perpétré le crime, n’est-ce pas ? Vous avez eut la possibilité d’avoir tué Severus Rogue et d’après ce que j’ai entendu, le mobile…
-Et alors ? Tout cela ne sont que des spéculations cracha Pomona. Évitez d’accuser sans preuve.
-Nous ne vous accusons pas, Mrs Chourave, répondit Kingsley, du moins pas encore…
-Que voulez-vous dire ? demanda Pomona en rougissant.
-Nous avons trouvé de la terre sur le cadavre de Severus Rogue, de la terre qui provient de vos serres… Vous avez une explication ?
-Je, murmura Pomona, stupéfaite…
-Vous êtes-vous penchée sur le corps ?
-Non, répondit-elle, hébétée, Dumbledore est arrivée, nous sommes allés à sa rencontrer, c’est Minerva qui a vérifié qu’il était bien mort… Mais ça ne prouve absolument rien ! s’exclama Pomona en réfléchissant à toute vitesse. N’importe qui peut entrer dans mes serres. Il suffit de les déverrouiller avec un sort… Le meurtrier a sûrement voulu me faire accuser !
-C’est possible bien entendu, mais pourquoi vous en particulier ? Le meurtre a été prémédité, donc l’assassin avait pris au préalable de la terre si l’on suit votre raisonnement. Mais aviez-vous un quelconque grief contre Severus Rogue ? Un différent absolument connu de tous, hormis le fait que vous le croyiez être un espion ?
-Absolument aucun !
-Alors pourquoi vous, et pas quelqu’un d’autre ? Minerva McGonagall, par exemple ?
-Je… l’assassin a probablement du se dire qu’il était plus facile de laisser un peu de terre qu’autre chose… que cela faisait plus naturel, non ?
Hermione hocha de la tête et Kingsley sourit.
-C’est possible, répéta-t-il. Bien, nous vous remercions, Mrs Chourave. Vous pouvez aller dormir, il est tard.
-Plutôt corriger mes copies, murmura-t-elle en sortant du bureau.
Le silence régna durant quelques minutes. Au bout d’un moment, Hermione murmura :
-Des perquisitions seront nécessaires, n’est-ce pas ?
-Qu’esperez-vous trouver ?
-N’importe quoi, à vrai dire, répondit Hermione. Que pensez-vous de son témoignage ?
-Honnête, dit Kingsley en se frottant le menton. Et ce qu’elle dit est possible…
-Certes, mais où est la vérité là-dedans ?
Kingsley lui adressa un sourire.
-Ça, il faudra le savoir avant lundi.
-Oui, dit fermement Hermione en fronçant les sourcils. Je suis fatiguée et tout le monde doit dormir… Nous continuerons demain matin.
-C’est plus sage en effet. Il faudrait se déléguer les taches, vous ne croyez pas ?
-Oui. Demain, je me charge de parler à Harry, il avait un rendez-vous avec le Professeur Rogue hier, deux fois d‘ailleurs, peut-être a-t-il apprit quelque chose…
-Très bien, de mon côté, j’irai interroger les gargouilles pour voir si elles n’ont vu personne entrer dans la salle des professeurs, mais je doute trouver quoique ce soit de ce côté-là.
-Nous verrons bien mais je ne pense pas non plus.
Ils se saluèrent devant le bureau de Dumbledore et partirent chacun de leur côté.
*
Au même instant, Harry Potter se réveillait en sursaut dans son lit, une main plaquée sur sa cicatrice. Elle lui brûlait intensément. De grosses goûtes de sueurs coulaient sur son front et il haletait rapidement. Son meilleur ami fut réveillé par le cri qu’il poussa et lui demanda prestement :
-Harry ? Ça va ? Qu’est-ce qu’il y a ?
-C’est… Voldemort… J’ai rêvé de lui, dit-il, le regard perdu dans le vide.
-Et… que se passe-t-il ?
-Il… était vraiment fou de joie. Il jubilait, comme si un grand bonheur lui était arrivé… Quelque chose qu’il attendait depuis longtemps.
Il se laissa retomber sur ses oreillers et regarda son ami, inquiet lui aussi. Quelle que soit la raison pour laquelle Voldemort était heureux, ce n’était forcément pas bon pour eux.