Harry Potter était dans un état comateux. Penché au dessus de son bol de café matinal, de la confiture de fraise coulant de sa tartine sur sa main qu’il tenait négligemment, Harry essayait tant bien que mal de rattraper quelques secondes de sommeil. Il avait vu inlassablement Voldemort exploser de rire, ravi. Sa cicatrice en forme d’éclair lui avait alors perpétuellement brûlé le front. Lorsque sa montre avait sonné sept heures du matin, il s’était décidé à aller prendre son petit-déjeuner, seul. La grande Salle était presque totalement vide, ainsi que la table des professeurs.

Hermione le rejoignit quelques minutes plus tard. Elle s’assit à côté de lui, en silence, et attendit patiemment qu’il remarque sa présence. Malgré tout, Hermione, ayant beaucoup de travail ce matin,  décida d’accélérer discrètement les choses… en beurrant le plus bruyamment possible un biscotte. Harry sursauta lorsqu’il entendit la dite biscotte exploser dans la main de son amie à qui il fit un pauvre sourire.

-Hey, salut Hermione.

-Bonjour, Harry, tu as l’air fatigué ce matin.

-Pas seulement l’air, bougonna-t-il. Je n’ai pas arrêté de rêver de Voldemort cette nuit… ma cicatrice me fait atrocement mal mais ça va un peu mieux maintenant. C’est supportable.

-Voldemort ? Que faisait-il dans ton rêve ?

-Je ne sais pas si c’était vraiment un rêve, répondit Harry en réfléchissant. Ça ressemblait surtout aux visions que j’ai souvent quand je suis éveillé, qui ne durent que quelques secondes… J’imagine que c’est ça et après je n’ai pas pu m’empêcher de le rêver encore et encore… Bref, Voldemort était fou de joie. Il riait aux éclats, c’était terrifiant.

Hermione fronça les sourcils. Il faudrait qu’elle en parle à Kingsley.

-Très bien, murmura Hermione, je préviendrais Kingsley…

-Kingsley ? s’étonna Harry. Il est ici ? Et comment ça se fait que tu le vois ?

-Dumbledore m’a chargé de l’assister dans l’enquête sur le meurtre du Professeur Rogue.

-Alors c’était vrai…

Ils restèrent silencieux une minute. Harry semblait partagé entre plusieurs sentiments mais Hermione décida de ne pas l’interroger là-dessus.

-Il a été assassiné hier après-midi et comme tu as eu cours avec lui le matin et juste après le déjeuner, il faut que tu me racontes… Enfin, que je sache tout de l’emploi du temps de Rogue.

-Très bien alors, je suis allé à mon premier cours d’Occlumencie vers sept heures, il a du durer une petite heure je pense. Rogue était déchaîné ce jour-la, je ne sais pas pourquoi, j’ai eut énormément de mal à repousser ses sortilèges et bien sûr il était furieux… Bref, on s’est un peu engueulé et il m’a dit de partir et de ne pas être en retard pour notre second cours… Et en chemin…

-Oui ? l’encouragea Hermione.

-Attends… Il me semble avoir croisé deux personnes. Une grande femme habillée de vert, blonde je crois, qui m’est vite passée devant, mais je n’ai pas vu qui c’était… Et puis je suis tombé sur Slughorn. Il voulait parler à Rogue il m’a dit, heu non, il m’a juste demandé où il était, et je lui ai répondu. Je suis ensuite remonté et j’ai croisé Dean qui m’a bien emmerdé. Bref j’ai dormi jusqu’au repas et vers midi et demi je suis allé le rejoindre. Le cours a à peine duré vingt minutes ! Mais j’ai repoussé trois fois de suite ses sortilèges, il était plus content que d’habitude. Il m’a congédié, apparemment il avait encore du travail…

-Quand aurait du être ton prochain rendez-vous ?

-Heu… Il ne me l’a pas dit je crois. Non non, j’en suis sûr à la réflexion, il m’a juste renvoyé en me disant quelque chose comme « ce n’était pas aussi pathétique que d’habitude ». Et c’est tout, je suis retourné dans la salle commune.

-Merci Harry, dit Hermione en mordant à pleines dents dans son toast. Je vais chez Dumbledore, j’espère y trouver Kingsley.

-Présente lui mes amitiés de ma part ! hurla Harry alors que la jeune femme partait en courant.


Kingsley regardait les gargouilles d’un air désapprobateur. Celles-ci lui adressaient un visage aussi moqueur qu’une gargouille peut proposer. Par moment, elles répondaient aux questions de l’Auror et à d’autres, elles l’ignoraient totalement. Jusque là, Kingsley n’avait pu obtenir aucune information.

-Besoin d’aide, Kingsley ? demanda Hermione qui venait d’arriver.

-Bonjour, Hermione, marmonna Kingsley. En effet, je n’arrive à rien et pourtant cela fait dix minutes que je suis là…

-Bonjour, dit Hermione en s’adressant à l’une des gargouilles, mon ami vous a-t-il précisé que nous agissons au nom de Dumbledore ?

Elle n’eut aucune réponse.

-Répondez simplement à une question et nous vous laissons tranquille et il est inutile de mentir, nous vérifierons vos dires… Hier après-midi, non durant toute la journée plutôt, une personne autre qu’un professeur est-il rentré ?

-Non, marmonna une des deux gargouilles.

-Nous ne laissons passer que les professeurs de cette école, ajouta la seconde.

-Bien, conclut Kingsley en soupirant. Je comptais allé faire un tour dans le bureau de Rogue, ça vous va ?

-Oui, tout à fait répondit Hermione.

Arrivé dans les cachots, Kingsley sortit la clef qu’il avait récupéré lorsqu’ils étaient allés à l’infirmerie. Ils entrèrent en silence et commencèrent à fouiller. Hermione décida de s’attaquer en priorité au bureau.

-Tiens, murmura-t-elle en trouvant un magnifique livre noir et épais sous une pile de parchemins, qu’est-ce que c’est ?

Elle l’ouvrit avec soin et regarda les premières pages. Un sommaire, écrit très petit, qui listait par ordre alphabétique toutes les potions existantes et digne d’intérêt selon Severus Rogue. Elle en regarda quelques unes au hasard et compris que dans ce cahier, Rogue avait noté toutes les découvertes qu’il avait fait sur différentes potions, découvertes qui n’avaient jamais été publiées. Hermione lut pendant plusieurs minutes certains passages, extasiée. Elle aurait pu continuer pendant des heures mais un cri de surprise la fit sursauter.

-Qu’avez-vous trouvé, Kingsley ? demanda Hermione en levant à contre cœur les yeux du livre.

-La poule aux œufs d’or, répondit Kingsley en souriant tout en montrant un petit livre vert foncé. Son journal intime.

Sous le regard sévère de la jeune femme, Kingsley fit exploser le cadenas et ouvrit prestement le journal. Il passa rapidement les premières pages qui dataient d’il y a fort longtemps (il remarqua que Rogue n’écrivait pas régulièrement). Il survola les dernières pages et constata que Rogue prenait plaisir à rabaisser certains élèves jusque dans son propre journal intime.

-Oho, dit Kingsley.

Hermione se pencha par-dessus son épaule et lut à son tour les trois petits mots qui avaient retenu l’attention de Kingsley.

Trafic de Slughorn.

-C’est la dernière chose qu’il a écrit, remarqua Kingsley, et durant la réunion il a remarqué que Slughorn avait quelque chose à cacher… C’est moi où c’est trop beau pour être vrai ?

-C’est tout à fait possible. Slughorn avait apparemment le mobile et la possibilité de tuer Rogue. Lorsqu’il est allé le chercher aux toilettes… qui nous dit qu’il ne l’a pas tué à ce moment-là ?

-Peut-être, murmura Kingsley, mais il ne s’est écoulé que quelques secondes selon Chourave avant qu’il ne cri. Il aurait fallut qu’il soit très rapide.

-En effet, dit Hermione, pensive, mais il a tout à fait pu voler de la terre dans les serres pour faire accuser Chourave…

-Comme tous les Professeurs, Hermione, cela ne prouve rien, soupira Kingsley. Et si nous allions l’interroger ?

-Très bien.

Alors que Kingsley quittait la pièce, elle jeta un dernier coup d’œil au livre qui contenait toutes les découvertes de Severus Rogue. Elle le prit et le rangea soigneusement dans un tiroir. Elle soupira, puis consentit à suivre Kingsley vers les appartements de Horace Slughorn.

-Avez-vous la moindre idée de l’heure qu’il est ? s’insurgea Horace Slughorn en nouant avec fureur la ceinture de sa robe de chambre. Cela fait à peine dix minutes que je suis levé ! Je n’ai même pas eu le temps de faire mon bain de pied !

-Heu… Nous sommes désolés, Professeur Slughorn, mais nous avons des questions à vous poser au sujet du meurtre…

-Ah, ça, répondit Horace avec un reniflement dédaigneux. Cela n’aurait pas pu attendre après le petit-déjeuner, non ? Nous sommes dimanche, pour l’amour du ciel ! s’écria-t-il, comme si cela expliquait tout.

-Professeur, dit durement Kingsley en faisant un pas, nous agissons pour le compte du Ministère de la Magie ainsi que Dumbledore et nous n’avons surtout pas que ça à faire. Dans votre propre intérêt, je vous conseil de coopérer.

-Que voulez-vous dire ? demanda vivement Horace en rougissant.

-Laissez-nous entrer et vous le saurez peut-être. Mais d’abord, vous devez répondre à certaines questions.

-Très bien, bande de petits…

-Pas un mot de plus, Mr Slughorn, n’oubliez pas que je suis un représentant de la loi.

Il dominait Horace de toute sa hauteur et sa voix grave lui donnait quelque chose de si effrayant que Horace s’empressa de les laisser entrer chez lui.

-Professeur, commença Hermione, racontez-nous votre journée d’hier s’il vous plait.

-C’est très simple, je me suis levé assez tôt, j’avais des copies à corriger en retard… Vers sept heures ou je ne sais plus très bien, je suis allé voir Severus pour lui… demander un conseil en potion. Enfin bref, continua-t-il précipitamment, j’ai croisé Mr Potter et je lui ai demandé où était Severus, il m’a confirmé dans mon idée. Je suis donc allé le voir au bureau mais cet impertinent à refusé de m’ouvrir, il était occupé soi-disant… Alors je suis retourné dans mes quartiers jusqu’à l’heure du repas. Ensuite, en début d’après-midi, je suis retourné le voir et en chemin j’ai croisé… comment s’appelle-t-elle déjà ? Rita Skeeter, c’est bien ça.

-Vous avez croisé qui ??

-Rita Skeeter. Ne me regardez pas comme ça, dit-il en fixant Hermione, je n’ai pas la moindre idée du pourquoi elle était là. Bref, elle m’a dit qu’elle avait quitté Severus et qu’il ne voulait pas être dérangé donc je n’ai pas insisté, je savais que je pourrais le voir à la réunion de l’après-midi… Je suis donc allé faire une petite sieste puis je me suis rendu dans la grande Salle pour prendre un petit café. J’y ai trouvé Pomona et nous avons discuté herbologie… Nous sommes allé ensemble vers la salle des professeurs par la suite.

-Comment s’est passée la réunion ?

-Pas très bien, répondit Horace en tripotant sa moustache. Je me suis un peu disputé avec Pomona ensuite, mais rien de bien grave. Par contre, elle s’est franchement énervée contre Rogue qui l’a, il faut le dire, insultée. C’est là qu’il nous a tous montré du doigt en disant qu’il n’était pas un Mangemort contrairement à ce que pense la rumeur publique. Il a précisé… que l’espion était une autre personne et j’ai bien sûr vite compris qu’il faisait allusion à l’un d’entre nous.

-Il n’a rien dit d’autre… en particulier ? demanda Hermione en jetant un regard complice à Kingsley.

-Non, non, rien du tout, affirma Horace.

-Juste pour vérifier, pouvez-vous nous dire ce que vous avez tous fait après que Severus Rogue soit allé aux toilettes ?

-Laissez-moi réfléchir une seconde… Filius s’est levé le premier pour allé prendre un café, Minerva l’a imité ensuite… Puis je suis parti à mon tour et il me semble qu’en partant, Pomona s’est levée aussi mais je ne sais pas ce qu’elle a fait… Je suis allé aux toilettes mais elles étaient toutes prises, donc je suis revenu et tout le monde était assis à table des professeurs, exceptés Severus bien sûr. J’avais très envie de… bref, je suis allé taper à la porte des toilettes et Severus ne répondait pas donc j’ai demandé conseil aux autres professeurs.

-Quelles ont été leurs réactions ?

-Minerva m’a clairement signifié qu’elle n’apporterait pas son aide. Filius m’a semblé intrigué et Pomona s’en est fichée royalement. La rancune tenace, je suppose… Sybille, et bien, c’est Sybille. Complètement évaporée, comme d’habitude. Je suis donc allé ouvrir la porte, tout seul et je suis tombé sur son corps… J’ai trébuché, crié il me semble et Pomona, Minerva et Filius sont arrivé. Juste après, c’était Dumbledore qui entrait. C’est à peu près tout je crois.

-Merci pour ce compte rendu, Professeur. Nous pouvons maintenant passer à des choses plus intéressantes…

-Heu… Oui ? interrogea Horace tout en commençant à transpirer.

-Tout d’abord, avez-vous une petite idée du mobile de l’assassinat ?

-Heu… c’est votre métier, ça, il me semble…

-Peu importe, l’avis des gens est toujours intéressant à entendre. Nous ne refusons l’aide de personne… Alors ?

-Et bien… Severus a accusé l’un d’entre nous d’être un Mangemort, ça me semble évident, non ? Le traître en question se sentant menacé, il a fait ce qu’il avait à faire… Sckouik ! ajouta Horace en faisant un geste éloquent.

-Et vous savez qui peut être ce traître ?

-Pas la moindre idée à ce sujet, inspecteur. Tous les professeurs me semblent digne de confiance… Mais il faut avouer que Minerva semblait bizarre…

-Comment ça ?

-Elle paraissait vraiment énervée et si je me souviens bien, lorsqu’elle est partie chercher son café, elle est revenue les mains vides…

-Intéressant…

-Mais tant que j’y pense, par rapport à Skeeter, Minerva est restée une bonne partie de la matinée dans le Hall, elle était stressée à cause du départ de Dumbledore il me semble… Elle a probablement du voir et parler avec votre journaliste.

-Merci Professeur, nous lui poserons la question tout à l’heure.

-Mon interrogatoire est finit ? demanda Horace avec espoir.

-Malheureusement pour vous, non, nous avons d’autres questions à vous poser. Tout à l’heure, nous sommes allés faire un tour dans la bureau de Dumbledore et nous sommes tombés sur son journal intime, caché dans l’un de ses tiroirs…

-Vraiment ?

Sa moustache frémissait et son front commençait à suer franchement.

-Oui, vraiment Professeur. Et devinez ce qu’il y avait écrit ? <i>Trafic de Slughorn</i>.  Avez-vous une explication, Monsieur ?

-Je… Non.

-Écoutez, Professeur, dit Hermione, il est inutile de chercher à nier. Severus Rogue était un homme très intelligent…

-Pas tant que ça, sinon il ne se serait pas fait assassiner ! coupa froidement Horace.

-…Et s’il a écrit ça dans son journal, continua Hermione en ignorant la remarque du Professeur, c’est que ce trafic existe bel et bien. J’imagine qu’il s’agit d’ingrédients ? Du genre assez chers et rares que l’on peut trouver dans la forêt interdite ou dans les serres dangereuses du Professeur Chourave ?

-Je…

-Dites-nous la vérité, Mr Slughorn, dit Kingsley. Si vous n’avez pas commis ce crime, c’est ce que vous avez de mieux à faire si vous voulez vous en sortir. En cachant des informations, vous vous rendez suspect…

-C’est… c’est juste pour l’argent, avoua Horace. Je récupère certains ingrédients tels que du crin de licorne ou d’autres choses dans le genre facilement transportable. J’ai un ami à Pré-au-Lard qui me fait transférer tout ça grâce au train. Je ne sais pas qui reçoit ce que je récolte mais le bénéfice est très acceptable… Et c’est sans conséquence.

-Pour vous, certainement, grinça Hermione.

-Mais plus maintenant, ajouta Kingsley. Vous vous rendez compte que ce petit trafic vous met directement en suspect numéro un ? Rogue au courant de votre manège, qu’il suggère durant la réunion, détail que vous avez volontairement omis de nous dire et juste après il est assassiné… étrange, non ?

-Vous n’avez aucune preuve pour étayer cette théorie absurde !

-Exact, soupira Hermione. Dans cette affaire, nous manquons de preuves directes…

-Vais-je être poursuivi à cause de ça ? gémit le Professeur. Je n’ai fait de mal à personne !

-Disons que si vous n’êtes réellement pas notre meurtrier et que vous arrêtez ça définitivement et tout de suite, nous pouvons oublier cette histoire…

Kingsley se tourna vers Hermione.

-Nous avons tout dit, je pense. Allons dire bonjour à cette chère Minerva !

Ils trouvèrent Minerva McGonagall en train de prendre son petit-déjeuner dans la grande Salle. Kingsley remarqua rapidement que Hermione était beaucoup plus intimidée devant sa Professeur de métamorphose que devant son Professeur de potions. Mais il ne lui en tenait pas rigueur, elle l’avait eut comme enseignant depuis presque sept ans et il était vrai que Minerva était très impressionnante, surtout lorsqu’elle est contrariée…

-Très bien, maugréa Minerva en fixant Hermione et Kingsley. Posez-moi toutes les questions que vous voulez, je n’ai rien à cacher, mais sachez tout de même que je me fiche de cette histoire.

-La mort de Severus Rogue ne vous attriste donc pas ?

-Pour être tout à fait franche, non. J’ai toujours été persuadée qu’il travaillait pour Voldemort.

-Vous ne faites donc pas confiance à Dumbledore ?

-Bien sûr que si, répliqua-t-elle froidement. Mais Rogue était un grand sorcier malgré tout, il aurait très bien pu tromper Dumbledore, non ?

-Et son meurtre ? Cela ne vous choque pas qu’un professeur ait commis un acte pareille à l’intérieur de l’école ?

-Une personne inconsciente ou stupide, sans aucun doute. Une telle histoire ne  peut faire que du tort à Dumbledore et à l’école. Mais ce qui est fait est fait. Avez-vous une idée sur l’identité du criminel ?

-Peut-être bien. Pouvez-vous nous parler de votre journée d’hier ?

-Je me suis levé très tôt. Dumbledore allait partir pour la journée et je ne voulais pas qu’il y ait le moindre problème au château. J’ai donc décidé de faire une ronde, surtout aux alentours du Hall, pour voir qui sortait et surtout rentrait… Rita Skeeter est arrivée assez tôt, mais je ne sais pas à quelle heure exactement.

-Assez tôt ? s’étonna Hermione. Vers huit heures vous voulez dire ?

-Je ne sais pas, Miss Granger, et je crois même que c’était un peu plus tôt. Bref, j’ai échangé quelques mots avec elle.

-De quoi avez-vous discuté ?

-Quelle importance ? s’impatienta Minerva.

-Nous savons qu’elle est allé voir Severus peu de temps avant son meurtre, il y a peut-être quelque chose là-dessous… Même sûrement…

-Je lui ai demandé ce qu’elle faisait là, elle m’a répondu qu’elle faisait une enquête sur le meurtre du gamin qui s’est fait assassiné à Pré-au-Lard.

Hermione se frappa le front. Comment pouvait-elle avoir oublié ça ? Deux meurtres moldu en peu de temps ! Et elle avait lu un article la veille là-dessus en plus !

-Bien, continuez.

-Elle m’a dit qu’elle devait interroger Rogue sur ça, mais je ne sais pas à quel sujet précisément. Mais elle semblait vraiment sûre d’elle… Bref, je l’ai laissée partir au bout de quelques minutes et elle est descendue dans les cachots.

-La femme que Harry a croisé en sortant de son cours, murmura Kingsley.

-Autre chose ?

-J’ai continué ma ronde dans les environs un moment puis je suis retourné dans mes quartiers. Je n’ai plus revu Rita et je n’ai pas vu Rogue avant la réunion…

-Quelles étaient vos relations avec Severus Rogue ? Peu avant sa mort, je veux dire ?

-Filius a du vous le rapporter, répondit Minerva sèchement, alors oui, nous nous sommes disputés peu avant le début de la réunion.

-Merci pour cet aveux professeur, nous n’avions pas eut encore le loisir d’interroger le Professeur Flitwick… Une dispute, vous dites ?

Minerva leur lança un regard assassin.

-Au sujet d’un fauteuil, dit Minerva. Il voulait absolument s’asseoir dans celui de Dumbledore. Je me suis vivement opposée à ça pour des raisons évidentes. Non, mais quelle impertinence ! Finalement, il est allé s’asseoir ailleurs.

-Comment avez-vous pris sa déclaration, durant la réunion ?

-Laquelle ? demanda Minerva avec ironie.

-Lorsqu’il a suggéré, non plutôt affirmé, que l’un d’entre vous était un Mangemort, espion pour Voldemort…

-Très mal, pour être franche, et j’aurais bien aimé savoir sur quoi il se basait pour dire ça… Mais je suis totalement persuadée qu’il mentait.

-Pourquoi aurait-il fait ça ?

-Pour semer le trouble dans nos esprits. Il adorait nous voir désorientés, il affichait toujours alors un petit sourire méprisant…

-Vous ne l’aimiez pas du tout, remarqua simplement Kingsley.

-Non, je ne dirais pas ça. Quoique… J’ai toujours pensé qu’il était un Mangemort, malgré ce que croyait Dumbledore, et ses manières ne me plaisaient pas, donc oui, je ne l’aimais pas. Mais j’ai toujours éprouvé du respect pour ses compétences magiques… Durant ses temps libres, il approfondissait les potions que d’autres avaient crées. Alors que les alchimistes cherchaient par tous les moyens à créer de nouvelles potions, lui il cherchait leurs points faibles, et comment les améliorer.

-Oui, nous avons trouvés le carnet dans lequel il tenait ses notes durant la fouille de son bureau, dit Hermione. Mais revenons en aux faits. Lorsque Rogue s’est retiré, vous êtes allé vous chercher un café, non ?

-Heu… oui, c’est possible, murmura Minerva en réfléchissant, je ne m’en souviens pas pour être honnête…

-Nous avons déjà interrogé deux professeurs et c’est ce qu’ils nous on dit, donc cela doit être vrai. Pourquoi avoir fermée la porte lorsque vous y êtes allé ?

-J’ai fais cela ? s’étonna Minerva, toujours pensive. Je ne m’en rappel pas non plus, je suis désolée.

-Lorsque vous êtes revenu dans la salle des professeurs, continua vivement Kingsley, vous n’aviez pas de café entre les mains alors que c’est ce que vous alliez chercher. Une explication, peut-être ?

-Je l’ai bu sur place, à l’évidence, remarqua froidement Minerva.

-Pourquoi avoir fait une chose pareille ?

-J’étais assez énervée et… intriguée par la révélation de Severus. Je ne savais pas quoi en penser… Je devais être perdue dans mes pensées, si bien que je l’ai bu là-bas. Satisfaits ?

-Non, Professeur, mais j’imagine que nous n’apprendrons rien de mieux de votre part… je me trompe ?

Elle ne répondit rien, se contentant de fixer son élève d’un air de défi.

-Du moins, ajouta Hermione, pour l’instant.

-Quelle déception, soupira Kingsley en sortant de la salle des professeurs en compagnie de Hermione. Nous n’avons rien trouvé durant cette perquisition ! Il n’y avait pas de terre ni dans la salle principale, ni dans la secondaire, ni dans les toilettes. La fenêtre était fermée de l’intérieur, impossible à ouvrir de l’extérieur, et il faudrait que la personne soit vraiment mince pour se glisser à travers.

-Peut-être, répondit Hermione. Mais nous avons pu voir que la porte des toilettes peut être facilement ouverte et fermée grâce à un sortilège, donc n’importe lequel des professeurs a pu le faire, si Rogue était effectivement dans les vapes. Cela ne demande qu’une minute d’ouvrir, presser ses mains et refermer la porte tout en revenant avec un café, du thé, des feuilles ou même les mains vides…

-Avez-vous un penchant pour l’une des trois personnes que vous avons déjà interrogé ?

-Impossible de montrer quelqu’un du doigt pour l’instant, nous n’avons toujours pas tous les interrogatoires… Mais pour l’instant, nos trois protagonistes ont un mobile, plus léger pour certain, mais il existe. Chourave a eut une assez violente altercation avec la victime juste avant, mais le meurtre a été prémédité donc la raison ne doit pas être celle-la, surtout qu’on a pas trouvé de terre ailleurs que sur le corps, ce qui laisse penser que la terre a été déposée après le meurtre pour incriminer Chourave. Slughorn… avait un excellent mobile, oui, surtout que l’on sait que Rogue était au courant de son trafic d‘ingrédients. Mais si c’est bien lui l’assassin, il a été bien imprudent. Pourquoi prendre le risque de commettre un meurtre aussi violent, ce qui est peu crédible lorsque l’on connaît sa personnalité d‘ailleurs, sans savoir s’il n’a pas laissé des notes derrières lui (notes que l’on a découvert facilement), ou que Rogue ait parlé à une autre personne ?

-Et Minerva…

-Elle détestait Rogue et ne s’empêche pas pour le montrer, surtout après sa mort. Encore une fois, est-ce une preuve ? Minerva McGonagall est une femme intelligente, alors pourquoi montrer autant d’animosité ? Bien sûr, cela pourrait être une stratégie pour nous induire en erreur… Mais comment savoir ?

Ils restèrent silencieux pendant quelques minutes.

-Ce que j’aimerais vraiment, murmura Hermione avec lenteur, c’est parler avec Rita Skeeter. Ce qui sera nécessaire, bien entendu. J’ai le sentiment… qu’elle va beaucoup nous en apprendre.

-Il y a quelque chose de vraiment étrange, murmura Kingsley. Elle est arrivée très tôt le matin d’après McGonagall mais selon Slughorn, elle est partit après le déjeuner. Pourquoi est-elle restée des heures et des heures dans les cachots ? Elle avait des questions à poser à Rogue, mais cela nécessite-t-il une demi-douzaine d’heures ? Et surtout, pourquoi Rogue était-il tant indisponible ? On ne l’a pas vu au petit-déjeuner, ce qui laisse penser qu’il a mangé très tôt, et personne ne l’a vu au déjeuner… De plus, il a refusé de voir Slughorn par deux fois, alors qu’il voulait apparemment lui parler de son trafic si l’on se fit à son journal.

-Oui, tout cela est vraiment mystérieux, murmura Hermione, et Rita Skeeter a forcément la réponse à plusieurs de ces questions.

-Je vais immédiatement lui envoyer une lettre, dit Kingsley. On se retrouver pour le déjeuner ?

-Très bien, à tout à l’heure. Je vais voir si Harry va mieux…

Tout en réfléchissant, ils partirent tous les deux dans une direction différente.


Harry Potter zigzaguait dans l’un des nombreux couloirs de l’école. Il venait de prendre un très léger petit-déjeuner tardif et n’avait pas eut le cœur -ni l’estomac- de regarder son meilleur ami Ron engloutir une vingtaine de tartines anormalement beurrées. Il s’arrêta de marcher quelques minutes, s’appuyant contre les pierres froides du murs, ignorant totalement où il se trouvait. Sa cicatrice lui faisait toujours un peu mal et sans qu’il n’en connaisse la raison, il se sentait un peu malade. Comme si ses membres étaient un peu engourdis.

-Harry Potter ?

La voix venait de briser le silence presque total du couloir. Elle était claire, assez stridente et surtout un peu angoissante. Harry se retourna lentement pour répondre à la personne qui venait de l’appeler. Il allait ouvrir la bouche quand un puissant sortilège le frappa à la poitrine. Le jeune homme partit en arrière et s’écrasa violemment contre le mur. Un second sortilège le frappa de plein fouet, mais cette fois à la tête. Sa cicatrice le brûlait tellement qu’il aurait fait n’importe quoi pour que la douleur cesse.

Et elle cessa. Derrière lui, assez loin, il entendit un voix de femme hurler son prénom, puis des pas pressés. Sa meilleure amie, Hermione Granger, se pencha au dessus de lui et se mit à le gifler doucement d‘abord, puis plus fermement. Il entendit :

-Harry  ! Harry ! Est-ce que ça va ? Réponds ! Qui t’as fais ça ?

Harry chercha à se rappeler mentalement le peu d’information qu’il savait sur son agresseur. Il avait eut le temps de voir une touffe de cheveux blonds, une robe verte pomme et des ongles horriblement longs… Son nom flasha dans son esprit, comme une de ses visions sur Voldemort.

-Rita Skeeter !