LE VENIN DU SERPENT
I - Un discours à la Shaitana.
SAMEDI 26 OCTOBRE 1996 - MATINEE
Du haut de son mètre soixante-quinze, un sourire conquérant aux lèvres, Rita Skeeter se dirigeait vers l’imposante porte d’entrée de l’école de Sorcellerie Poudlard. Elle était vêtue comme à son habitude d’un long manteau vert pomme qui scintillait au soleil éclatant du début de matinée. Au bout de ses doigts épais aux ongles crochus et vernis se trouvait son célèbre sac à main en écailles de crocodile violettes, contenant sa désormais redoutée Plume à Papote. Ses cheveux d’un blond platine étaient coiffés en chignon au dessus de sa nuque et ses talons de la même couleur marquaient le rythme de ses pas sur le sol.
Rita Skeeter impressionnait autant par son extraordinaire charisme qu’elle dégoûtait par les méthodes qu’elle employait. Elle n’hésitait pas, grâce à ses articles, à réduire à néant les réputations de toutes les personnes qui faisaient parler d’elle dans le monde de la sorcellerie. Elle s’employait toujours à trouver le petit détail que personne ne remarquait, la moindre erreur passée pour frapper le plus fort et le plus radicalement. Oui, Rita Skeeter était à la fois admirée, parfois enviée, mais aussi haie par une grande partie de la communauté magique.
Mais le pire -ou le meilleur de son point de vue-, c’est qu’elle prenait plaisir à ça. Elle n’était pas follement passionnée par le journalisme comme beaucoup de ses collègues. Non, ce qu’elle adorait dans son métier, c’était rechercher sa proie et pouvoir refermer ses griffes sur elle. Être consciente d’être haie par tous ne la dérangeait pas et elle jubilait à chaque fois qu’elle découvrait le visage des personnes qu’elle incriminait dans ses articles. Rita Skeeter n’avait jamais été une brillante sorcière mais avait toujours eu soif de pouvoir, de domination et grâce à la presse à scandale, elle pouvait laisser libre court à sa nature.
Rita s’arrêta devant la lourde porte d’entrée et laissa échapper un faible soupir. Elle se lançait un défi de taille, elle le savait. Son adversaire serait vraiment coriace et il lui faudrait utiliser des trésors d’habileté pour arriver à ses fins. Mais elle y parviendrait, elle n’en doutait pas une minute. Jusqu’à présent, personne ne s’était montré plus forte qu’elle. Et elle n’était pas prête de laisser cela arriver. Un bon nombre de personnes avait tenté de la faire tomber de son piédestal mais tout le monde s’y était cassé les dents. Une fois, malgré tout, une jeune fille de Poudlard avait découvert son secret, mais elle était arrivée à limiter les dégâts. Rita pouvait continuer à écrire, tant que ça ne concernait pas elle et ses amis.
La journaliste poussa la porte grinçante et reçu avec une joie non dissimulée la vague de chaleur qui émana du hall d’entrée. Même si l’on n’était qu’en automne, le temps était frais à l’extérieur. Le hall était bien illuminé, les murs recouverts de tableaux et d’armures austères, comme à son habitude. Les ombres projetées par les torches attachées aux murs et le grand lustre principal donnaient à la pièce une ambiance à la fois inquiétante et chaleureuse. Rita eut un léger frisson lorsqu’elle pénétra dans la pièce et faillit sursauter lorsqu’un main lui tapota l’épaule, sans ménagement.
Minerva McGonagall, qui avait la chance de faire à peu prêt la même taille que la personne qui lui faisait désormais face, gratifia Rita de son regard le plus méprisant. Sa lèvre inférieur tremblait et elle semblait avoir toutes les peines du monde pour se retenir de se mettre à hurler. Rita, en apercevant le professeur, esquissa un mince sourire. Un obstacle supplémentaire, rien de plus. Mais elle n’était pas contrarié par cette rencontre inopinée. Minerva serait très bien en « exercice d’introduction ». Il fallait bien à Rita un peu d’entraînement avant de s’attaquer à Severus Rogue. Même pour elle, ce ne serait pas facile.
Rita, arborant cette fois son plus beau sourire hypocrite, fit un geste négligé de la main en s’exclamant avec emphase :
-Minerva ! Quelle surprise ! Quel bon vent vous amène ?
Celle-ci grimaça et grinça entre ses dents :
-Je travaille ici, Rita. Mais vous, que faites-vous ici à cette heure matinale ? Non, que faites vous ici, tout court ? Vous n’avez aucune autorisation…
Rita refit un geste dédaigneux avec sa main libre et répondit d’une voix faussement fâchée :
-Allons, Minerva, ce n’est pas comme si j’étais un Mangemort ! Je suis juste venue voir un de vos collègues, il n’y a vraiment aucun… -Comment êtes vous rentrée ici, coupa McGonagall ? Le sourire de Rita faiblit un instant, mais elle reprit vite contenance. -Quelle question stupide, Minerva ! Par la porte, enfin. Où puis-je trouver Severus ? J’ai besoin d’avoir un entretien avec lui. -Ne faites pas comme si vous n’aviez pas compris ma question. Comment êtes-vous arrivée ici ? Rita lui lança un regard noir et lui répondit un peu plus sèchement qu’elle ne l’aurait voulu : -Quelle importance ? Je suis là et c’est tout, et je ne vous veux aucun mal. J’ai un article à faire, Minerva ! Ne vous mettez pas en travers de mon chemin. Vous n’en avez pas le droit. -Un article, vous dites ? Ainsi vous avez repris votre plume empoisonnée ? Nous ne vous avions pourtant pas vu, ou plutôt lu, pendant un certain temps… -Voyons, Minerva, minauda Rita, un grand sourire aux lèvres, ne me dites pas que vous n’avez pas eu d’échos de mon article sur Scrimgeour, vous me vexeriez, il a été retentissant il me semble… Mais peut-être que vos… occupations vous prennent trop de temps ? La professeur de métamorphose posa ses yeux perçants sur le sac à main de Rita. Les mains de celle-ci étaient crispées dessus et Minerva ne doutait pas un instant que si elle se risquait à répondre, une plume ainsi qu’un carnet apparaîtraient aussitôt. Il ne fallait pas commettre d’impair. Surtout pas aujourd’hui. -Vous savez que Dumbledore ne veut pas vous voir au château, éluda Minerva. Il vous l’a dit, il me semble, il y a deux ans. -Oui, mais c’était il y a deux ans, comme vous l‘avez correctement précisé, répondit calmement Rita. Les choses ont changé et j’ai entendu dire que notre cher directeur avait du s’absenter pour la journée, exceptionnellement… Un rendez-vous diplomatique avec je ne sais quels autres vieux sorciers barbants. N’ais-je pas raison ? -Comment savez-vous ça ? interrogea Minerva avec une sincère surprise. -J’ai mes sources, comme tout bon journaliste qui se respecte. Mais peu importe, vous n’avez pas le droit de m’ordonner de partir. Je mène une enquête, Minerva, et je dois voir Severus. Vous êtes forcément au courant du meurtre de ce petit garçon d’une dizaine d’années à Pré-au-Lard, Minerva, hum ? -Pourquoi est-ce que cela vous intéresse-t-il tant ? Nous sommes en guerre. Il ne se passe pas une journée sans que l’on déplore des morts, sorciers ou moldus, causés par Voldemort et ses sbires. -Mais là, les facteurs sont différents. Pré-au-Lard, avec Poudlard, est l’un des derniers lieux vraiment sécurisé de Grande Bretagne, aucun Mangemort n’y a été aperçu depuis des années… Et je ne vois pas pourquoi un petit garçon inoffensif aurait été assassiné par un Mangemort. Ils sont peut-être stupides, mais pas au point de compromettre leur position comme cela… -Et alors ? Qu’est-ce qui vous captive tant alors ? -Mais vous ne lisez jamais la presse, Minerva ! Cet enfant a été poignardé ! Assassiné avec une violence rare ! Est-ce digne d’un sorcier ? Trouve-t-on fréquemment des meurtres « moldus » dans un village cent pour cent anglais ? Non, Madame ! -Et que viens faire Severus dans cette histoire ? demanda Minerva. Cette conversation commençait à l’intéresser et elle en oubliait presque la présence inopportune de Rita Skeeter. Le sourire de celle-ci s’élargit. -Ca, c’est mon affaire, Minerva. Mais je compte bien proposer un article… disons, dans cinq jours ? Soyez attentive, cela devrait être retentissant… oui, vraiment… Elle eut un dernier sourire, énigmatique, et avant que Minerva n’ait pu protester, elle se précipita vers les escaliers menant aux cachots. Songeuse, la professeur de métamorphose la regarda partir, avant de se diriger lentement vers les escaliers du deuxième étage. *
Une lueur rouge brillait dans le regard de Severus Rogue alors qu’il visait Harry Potter de sa baguette. Ses yeux étaient plongés dans celui du Survivant et tous deux se demandaient qui cilleraient en premier. Harry se concentrait le plus possible, cherchant à fermer son esprit. Rogue, quant à lui, attendait le bon moment pour attaquer. Il devait rester concentrer, même si Potter était loin d’être à son niveau. Lentement, Rogue leva sa baguette et sans prévenir, il hurla : -Legilimens ! Harry reçu le sortilège comme une gifle. Il ne s’attendait vraiment pas à ce que Rogue lui lance le sort avec autant de puissance, avec autant d’ardeur. Sa tête partie en arrière sans qu’il ne puisse la retenir et immédiatement, des dizaines de souvenirs confus envahirent sa tête. Harry essayait de les bloquer mais c’était peine perdue. Il se revoyait en train d’affronter un dragon gigantesque et noir, de se battre contre Malefoy dans le Poudlard Express, d’embrasser Cho Chang, tout ça encore et encore… Il n’arrivait pas à l’arrêter et très vite, sa cicatrice lui fit horriblement mal. Il ne put s’empêcher de hurler. -Non, Potter ! Il avait accentué le dernier mot en brisant le sortilège qui les unissait. Harry s’écroula à genoux sur le sol, haletant et releva difficilement la tête pour faire fasse à Rogue. Son visage était à la fois déformé par la joie et la fureur, comme s’il prenait plaisir à voir le jeune Potter à genoux devant lui, mais furieux qu’il ne réussisse pas ses exercices. Rogue redirigea sa baguette vers Harry et le força à se relever. Ses jambes le remirent debout malgré lui et alors que Rogue faisait demi-tour vers son bureau, il s’appuya contre le mur pour ne pas retomber. -Vous ne faites aucun effort, Potter ! Aucun ! Vous n’essayez même pas ! -C’est faux ! protesta vivement Harry, la respiration toujours saccadée. C’est vous qui faites tout pour que je sois épuisé ! C’est de votre faute, vous faites exprès de lancer le sortilège le plus puissamment possible ! -Mais qu’est-ce que vous croyez, Potter, gronda Rogue en se rapprochant de lui comme un chat vers sa proie, vous pensez donc vraiment que le Seigneur des Ténèbres va être clément avec vous ? Vous croyez qu’il va commencer doucement pour vous laisser une chance de survivre ? Vous êtes ridicule, Potter ! Si vous aviez une once de courage, vous admettriez au moins cela ! -Espèce de… -Silence ! Harry se mordit si violemment la lèvre que du sang se mit à couler le long de son menton. Il porta sa main droite à sa bouche tout en lançant un regard acide à Rogue, mais se tut. Celui-ci arborait un sourire triomphant et montra la porte du doigt. -Sortez. Et ne soyez pas en retard pour votre prochain cours d’Occlumencie après déjeuner, je n’ai pas que ça à faire de la journée. Harry ne se le fit pas dire deux fois et poussa la porte miteuse du bureau de Severus Rogue. Alors qu’il sillonnait les couloirs des cachots, exténué, il ne remarqua par la grande femme blonde qui le dépassa en courant. En revanche, il aperçut facilement l’homme de la taille d’un cachalot au visage de morse qui se dirigeait vers lui. Il lui barrait presque totalement le chemin, aussi, Harry consentit à s’arrêter et à lui adresser la parole. -Bonjour, professeur Slughorn… que puis-je pour vous ? Il avait dit ça avec toute la politesse dont il était capable, mais Slughorn perçu tout de même de l’animosité dans sa voix. Sa moustache frémit alors qu’il s’exclama : -Et bien, mon garçon ! Vous n’avez pas l’air de bonne humeur ! Et pas très bien en point non plus, ajouta-t-il en fronçant les sourcils alors qu’il inspectait la blessure que Harry s’était lui-même infligé à la lèvre. Auriez-vous vu par hasard Severus ? Je veux dire, le Professeur Rogue ? Il est d’habitude dans la salle des professeurs à cette heure-ci, mais là… -Je viens de le quitter, il est dans son bureau… -Ah ! s’écria joyeusement Slughorn, je comprends mieux votre mauvaise humeur à présent ! Et bien, merci Harry. Harry s’écarta pour laisser passer son ventripotent professeur et se dirigea vers sa salle commune. Durant tout le trajet, il pesta contre les mauvaises idées de Dumbledore et les détestables professeurs aux cheveux gras. *
Alors que Harry se faisait torturer par Severus Rogue, Hermione Granger était en plein dans la contemplation d’un vieux grimoire qu’elle venait de terminer dix minutes plus tôt. Elle avait passé plusieurs heures avec la bibliothécaire, Mrs Pince, pour le retrouver au fin fond d’une étagère poussiéreuse, mais cela en avait valu la peine. Pour le commun des mortels, cet ouvrage aurait été mortellement ennuyeux : Propriétés magiques des viscères d‘espadon androgyne du nord-est de la Suède, datant du XVIème siècle. Hermione eut un soupir heureux alors qu’elle caressait une énième fois la couverture. Elle resta ainsi, avachie dans l’un des fauteuils de la salle commune de Gryffondor, appréciant l’agréable chaleur qui émanait du feu de cheminée. Elle se dit qu’elle aurait pu rester des heures comme ça, légèrement somnolente, dans le calme de la salle commune. Tous les élèves étaient en train de prendre leur petit déjeuner mais elle n’avait pas faim. Hermione avait préféré rester seule dans la tour des Gryffondor pour terminer son livre, dans ce calme presque parfait. Seuls les crépitements du feu et les ronronnements de Pattenrond se faisaient entendre. Mais c’était des bruits doux, apaisants, qui ne dérangeaient pas Hermione. Quelques minutes passèrent avant que Ron ne rentre dans la salle commune, l’air songeur. Il semblait plonger dans la lecture d’un journal et n’avait pas remarqué la présence de Hermione qui avait levé les yeux vers lui, interrogateurs. Ronald s’assit machinalement en face de son amie et continua de lire. Cet état de concentration, se disait Hermione, était inhabituel chez lui, mais elle n’osait pas l’interrompre. Il semblait vraiment plongé dans sa lecture… un peu comme elle, quelques minutes auparavant. Elle attendit patiemment qu’il ait terminé, tout en caressant affectueusement la tête de son chat. Ron finit par lever son visage du journal et se rendre compte de la présence de la jeune femme. Il esquissa un mince sourire d’excuse et murmura : -Salut Hermione, je ne t’avais pas vu… -Oui, j’ai remarqué, s’amusa-t-elle. Des nouvelles… intéressantes ? Elle avait murmuré ça d’un ton inquiet, comme si elle redoutait la réponse. Depuis qu’ils étaient rentrés à Poudlard en septembre, Voldemort avait multiplié les attaques dans le pays. Des dizaines de sorciers mourraient chaque jour et la hantise de tous les élèves du château était d’apprendre la mort d’un de leur proche dans la gazette du sorcier, le matin, au petit déjeuner. Hermione, elle, était à moitié rassurée. Elle avait su anticiper les évènements qui allaient se produire durant sa sixième année et pendant l’été, elle avait expédié ses parents en Afrique. Elles les savaient en sécurité, jusqu’à ce que Harry en finisse avec Voldemort… -Hein ? Intéressantes ? Atroces, tu veux dire ! Il avait dit ça d’un ton réellement choqué. Hermione se leva prestement de son fauteuil et alla rejoindre Ron pour se pencher par-dessus son épaule. Elle fronça les sourcils alors qu’elle disait d’une voix froide : -Ron, tu es sur la page sportive. -Hein ? Oui, et alors ? Tu as vu ? Condillacus a été racheté par les Étoiles Filantes ! Et a un prix totalement outrageant ! Non, mais tu as vu le prix ? Exaspérée devant tant d’immaturité, Hermione arracha la Gazette du Sorcier des mains de son ami -qui la regarda faire, ahuri- et retourna s’asseoir pour consulter les nouvelles du jour. -Encore une nouvelle attaque, murmura-t-elle pour elle-même et cette fois-ci, elle a touché directement les moldus… Je me demande comment ils vont faire pour cacher ça à la population anglaise bien longtemps… Hum, et il y a eut encore plusieurs émeutes suite à l’article de Rita Skeeter sur Scrimgeour… ah, celle-la. Elle fit une grimace dégoûtée avant de continuer sa lecture. -Ah, l’Allemagne s’est enfin décidée à nous envoyer des renforts, ce n’est pas trop tôt… Mais les États-Unis restent toujours obstinés, ils refusent de nous proposer de l’aide… Ca ne les concerne pas, il paraît, tss tss… Ah, et il n’y a aucun avancement sur le meurtre du petit Sigmund Typhon… -Sigmund qui ? C’est quoi cette histoire ? -Sigmund Typhon. Ron, il faut vraiment que tu t’actualises un peu ! -Que je m’actualise ! s’exclama-t-il, outragé. Ce n’est pas parce que je manque un tout petit meurtre de rien du tout parmi les dizaines qui se produisent chaque jour… -Un tout petit meurtre, coupa Hermione, qui s’est produit à quelques kilomètres d’où nous sommes alors qu’aucun Mangemort n’a été aperçu depuis des lustres. -Peu importe, répondit Ron, énervé. Rend-moi mon magazine, je veux finir mon article sur les cuvettes mutantes. -Je ne peux pas croire qu’ils publient encore ça ! -Que veux-tu, murmura Ron en attrapant le magazine que son amie lui lançait, il en faut pour tous les goûts. -Pour tous les âges, oui, grinça Hermione. Ron allait répliqué mais il fut interrompu par un brouhaha assourdissant. Harry, franchement furieux, essayait de se débarrasser d’un Dean clairement déchaîné. -Dean, pour l’amour du ciel et pour la dernière fois, ça suffit ! Harry avait ponctué sa phrase en sortant sa baguette. Il la pointait d’un air menaçant sur Dean et la drôle de lueur qui brillait dans ses yeux indiqua au garçon qu’il fallait mieux le laisser tranquille pour le moment. -Oh la la, Harry, qu’est-ce que tu peux être rabat-joie parfois ! -Il n’existe pas de mots adéquats dans notre langue pour exprimer ce que je voudrais dire à ton sujet mais je pense que la ferme ptit con s’en approche un peu. Un peu. Maintenant, dégage. Dean rougit violemment alors que Ron explosait de rire. Harry plissa les yeux et défia son camarade de lui répondre à nouveau, mais celui-ci préféra battre en retraite et sans oublier de lui lancer un regard méprisant, il sortit de la salle. Immédiatement, Harry laissa tomber son bras le long de son corps et sans prendre le temps de ranger sa baguette, il s’affala dans un divan à côté de Hermione. Il laissa échapper un long soupir fatigué et Hermione devinait qu’il était exténué. -Ta cicatrice te fait encore des misères ? demanda-t-elle d’une voix prudente. -Tu ne peux pas imaginer, répondit Harry en se frottant les yeux. Et je ne te parle même pas de mes cauchemars… Et les cours de Rogue n’améliorent pas les choses. -Tu es sûr qu’il ne cherche pas à t’affaiblir pour que Tu-Sais… -Ron, coupa Harry, nous en avons déjà parlé. Dumbledore lui fait confiance… Et je ne pense pas qu’il cherche à m’affaiblir, il est toujours furieux quand je n’y arrive pas… Mais c’est dur, très dur, il ne me fait pas de cadeaux. Harry soupira une nouvelle fois. Hermione lui adressa un sourire compatissant. -Je monte me coucher, dit Harry alors que ses amis affichaient un visage stupéfait. Je suis crevé et j’ai un autre cours avec Rogue après le déjeuner… Heureusement, nous sommes samedi… Ron, tu m’attendras pour le devoir de divination ? -Tu veux dire, le devoir-où-on-est-censé-analyser-je-ne-sais-quoi-mais-où-on-va-tout-inventer ? demanda Ron, un sourire amusé aux lèvres. -Celui-la même, répondit Harry. -Disons que dans ce domaine je suis assez doué, alors va te coucher, je vais coucher les idées sur papier, t‘auras plus qu‘à recopier ensuite… -Merci Ron, murmura Harry avec un sourire sincère. A tout à l’heure. Il monta dans son dortoir et lorsqu’elle entendit la porte claquer au dessus d’elle, un frisson lui parcouru tout le corps. Elle attrapa son devoir de métamorphose qu’elle avait déjà finit pour le relire, mais elle n’arrivait pas à se concentrer. Sans qu’elle n’en connaisse la raison, elle avait un mauvais pressentiment. Elle jeta un regard vers Ron mais celui-ci allait apparemment parfaitement bien. Il s’amusait à jeter des boulettes de papier sur un Pattenrond de moins en moins amusé.
*
SAMEDI 26 SEPTEMBRE 1996 - APRES-MIDI
Horace Slughorn avançait dans un des nombreux couloirs sombres des cachots, une main dodue collée sur son gros ventre, un air de chien battu plaqué sur le visage. La langue de mouton proposée au repas de midi ne l’avait vraiment pas réussi A la première bouchée, il avait su que ses douleurs intestinales allaient reprendre mais il s’était quand même un peu forcé. Un peu. Dumbledore lui avait tendu le plat trois fois et il avait à chaque fois eu du mal à le repousser.
Et dire qu’on va y avoir droit au dîner en salade Il laissa échapper un gémissement plaintif et se dirigea vers ses quartiers. Lorsqu’il avait accepté la proposition de Dumbledore d’enseigner à Poudlard, il aurait du aussi exiger, en plus d’une augmentation de salaire, d’avoir des menus adaptés à ses besoins. Le matin, le café était toujours tiède, la confiture de mangue manquait et le bacon, a en jugé par son goût, devait venir de Colombie. Mais jamais il n’avait réussi à se plaindre à Dumbledore… Il paraissait parfois tellement terrifiant que vous en restiez pétrifié. Mais aujourd’hui, Horace était décidé. Ce soir, lorsque Dumbledore serait revenu, il irait se lamenter des mauvais traitements que les elfes de maison faisaient subir à son estomac. Il tourna à l’angle d’un couloir et faillit entrer en collision avec Rita Skeeter. La journaliste fit une habille pirouette et parvint à éviter de tuer un animal en voie de disparition, le morse. Horace, qui ne reconnut pas immédiatement à qui il avait à faire, se répandit en excuse : -Madame, veuillez accepter toutes mes excuses, je ne vous avais pas vu, heureusement que votre grâce et délicatesse ont réussi à empêcher ce fâcheux incident qui, j’en suis sûr, nous… -Ce n’est rien, répondit Rita en souriant. Je ne crois pas avoir le plaisir de vous connaître, Monsieur… ? -Horace Slughorn, Maître des potions, pour vous servir. D’un geste rapide, il attrapa la main de Rita dans le but de déposer un baiser dessus mais la journaliste, tout aussi rapide, arriva à enlever sa main à temps. Elle ne tenait pas à la perdre dans les profondeurs de sa moustache. -Rita Skeeter, enchantée de vous rencontrer professeur. -Rita… Skeeter ? Mais vous êtes la journaliste ? Que faites-vous ici ? Son regard affichait une franche incrédulité. Le sourire de Rita s’élargit. Il fit frissonner Horace. -Je suis allée voir votre collègue, Severus Rogue, j’avais… quelques questions à lui poser. -Ah ? Il est donc dans son bureau ? Parfait, je vais lui rendre une petite visite, j’ai quelques petites choses à lui demander. Il n’a pas voulu m’ouvrir ce matin… -Hum, désolée de vous décevoir Mr Slughorn, mais il m’a dit qu’il avait beaucoup de travaille, c’est pourquoi j’ai du prendre congé, je doute qu’il vous reçoive. -Et bien, soupira Horace en faisant un mouvement avec sa main qui faillit frapper Rita, tant pis, je ne pourrais pas le manquer à 15 heures, nous avons une réunion… Mais oh ! je ne veux pas vous retenir. -Ce n’est rien, répondit Rita. Et bien, au revoir Monsieur. -Oui, au revoir. Elle fit volte fasse et s’effaça dans les cachots. Il la regarda partir, amusé par sa démarche très féminine et singulière. Il mit quelques secondes avant de se rendre compte qu’elle s’était trompée de chemin. Il fit un mouvement pour la rattraper mais se ravisa. Après tout, elle trouverait bien la sortie toute seule ! Il retourna tranquillement dans son bureau, tout en pensant au bon verre d’hydromel qu’il allait déguster. *
Minerva McGonagall regardait Severus Rogue d’un air courroucé. Celui-ci s’était assis dans le siège mœlleux du bout de table et affichait un sourire satisfait, tout en arrangeant avec un plaisir évident les nombreux coussins violets qui constituaient le fauteuil. Minerva s’approcha vivement du professeur de défense contre les forces du mal et lui demanda sèchement :
-Que faites-vous assis là, Severus ?
Celui-ci ne lui adressa même pas un regard et son sourire s’accentua légèrement. Il termina d’arranger ses coussins et lui répondit doucement :
-Bonjour, Minerva, je n’ai pas eu le plaisir de vous croiser au déjeuner.
-Évidemment, vous…
-Peu importe cela, répliqua-t-il froidement, peut-on savoir où se situe votre problème ?
-Mon problème, Severus, est que ce fauteuil est celui du Professeur Dumbledore et que par conséquent, vous n’êtes pas autorisé à vous y installer. Mais ceci, vous le savez déjà depuis une quinzaine d’année que vous enseignez dans cette école. Je réitère donc ma question : Que faites-vous assis là, Severus ?
-Je suis flatté d’observer que vous vous souvenez avec une telle exactitude le nombre d’années que j’enseigne ici mais comme vous avez du le constater, Minerva, Albus est absent aujourd’hui… Pourquoi ne pourrions-nous donc pas profiter de son fauteuil si confortable ? -Dans ce cas… -Il vous revient à vous parce que vous êtes directrice adjointe et moi un simple enseignant de sous-catégorie, que vous soupçonnez d’ailleurs d’être un Mangemort ? Minerva se retourna vivement et inspecta la salle des professeurs. Par bonheur, elle était presque vide. Seul Filius Flitwick était présent et il était bien trop occupé par les copies qu’il corrigeait. Minerva se retourna lentement vers son collègue et murmura doucement : -Je n’ai jamais pensé une telle chose et encore moins dite, grinça-t-elle entre ses dents. -Ne me mentez pas Minerva, ne me mentez pas, je le vois toujours. Vous avez à chaque fois alors ce petit tic détestable lorsque vous cherchez à me tromper… Vous vous mordez intérieurement la lèvre ce qui est fort peu discret… Mais je vois bien que cette histoire vous énerve, aussi je vais vous laisser le siège du directeur. Me permettrez-vous de prendre un coussin ? Filius les réquisitionne tous pour arriver à la hauteur de la table habituellement… -Je ne ferais rien de tel, souffla Minerva. Ce fauteuil est celui de Dumbledore et aucun d’entre nous ne doit s’y asseoir pour la bonne raison qu’aucun de nous n’est le directeur de cette école excepté Dumbledore ! L' incident est clos. Elle accentua particulièrement ce mot, jeta un regard acide à Rogue et tourna les talons, à l’instant même où Pomona Chourave entrait dans la salle, accompagné par un Horace Slughorn particulièrement enjouée. -Comment ! Vous avez réussi à cultiver de l’absinthe musquée ! Avez-vous la moindre idée de la valeur que ça a ? -Sincèrement non, Horace, répondit Pomona, ravie. Si cela vous intéresse… -Bien entendu ! s’exclama Horace qui en frémissait de la moustache. -Et bien… J’ai du passer tout l’été pour arriver à un résultat correct pour arriver à augmenter la production. Ce qui est étrange c’est que cette plante s’obstinait à ne pousser que dans le Vallon d’Hanswick -vous savez, ce ravissant petit endroit qui se situe non loin de Londres (magnifique en automne) - Bref, grâce à mes recherches, j’ai découvert qu’elle poussait grâce à un élément particulier à l’endroit que l’on ne peut trouver qu’avec la parité de deux éléments chimiques extrêmement toxiques qui, si on les exposent à l’air… -Place ! Place ! Sybille Trelawney entra en trombe dans la salle des professeurs, bouscula Horace qui émit un gémissement scandalisé, et s’étala vivement sur la table. Elle déposa une bouteille de couleur noirâtre à la propreté douteuse puis coucha rapidement ses cartes. Severus la regardait du bout de la table d’un air dégoûté. Sybille prit quelques instants à retourner et classer ses cartes tout en ponctuant ses découvertes par des soupirs théâtraux avant de s’exclamer devant la stupeur générale : -Ah ! Je le craignais ! Le thé va encore augmenter ! Elle rempocha ses cartes et fit mine de partir. Minerva mit quelques secondes avant de réagir et s’écria : -Sybille ! Attendez ! Sybille ! Nous avons une réunion, vous vous souvenez ? -Mais, Minerva, marmonna Sybille plaintivement, le thé… -Le thé attendra bien une petite heure, assura Minerva qui retenait avec la plus grand difficulté la demi-douzaine de répliques cinglantes qui lui venaient à l’esprit. -Vous croyez ? -Puisque je vous le dis. Asseyez-vous là, nous sommes tous présents. Enfin, tous les professeurs que Dumbledore a exigé pour cette réunion inopinée… -Vous comprenez, se justifia Sybille alors que tout le monde cherchait à l’ignorer, j’ai eu une sorte… d’intuition. Il fallait que je lise dans mes cartes. On ne refuse pas les requêtes de son troisième œil, ajouta-t-elle en pointant son front avec son index. -Bien ! s’exclama Minerva en regardant tous les professeurs présents, un petit sourire d‘excuse aux lèvres. Je n’ai pas pu m’entretenir avec Dumbledore ce matin, quelqu’un connaît-il le but de cette réunion ? Hochement de tête négatif général de la part des professeurs. Filius, néanmoins, proposa une réponse : -Hum… Il y à quelques jours, j’ai entendu Albus se plaindre de… et bien, il trouvait que le morale des troupes s’affaiblissait. Peut-être que cette réunion est faite pour crever les abcès ? -Mais dans ce cas, Filius, dit Severus, pourquoi tous les professeurs ne sont pas présents ? -Nous représentions les matières principales, répondit Pomona. -Je ne considère par la divination comme une matière principale, remarqua Minerva avec répulsion. -Encore une fois, vous manifestez autant de délicatesse envers mon art qu’un hippogriffe dans un magasin de porcelaine dit Sybille en lançant un regard navré à la Professeur de métamorphose, comme si elle était désolée pour elle. -Peu importe, intervint Horace, le but premier de cette réunion, autant la mettre à profit. L’un d’entre nous a-t-il quelque chose à dire ? Une remarque quelconque ? Pomona fit tourner quelques secondes une plume d’oie entre ses doigts de manière nerveuse, tout en la fixant, avant de dire rapidement : -Oui, moi, je trouve scandaleux que la matière de Horace ait un budget plus important que la mienne, surtout lorsque l’on voit ce qu’en font les élèves, sans vouloir te vexer bien sûr Horace ajouta-t-elle rapidement en fuyant son regard. Les autres professeurs la regardèrent, légèrement stupéfaits. -Que voulez-vous dire ? -Et bien il est de notoriété publique que peu d’élèves utilisent les ingrédients mis à leur disposition… à bon escient. C’est souvent du gaspillage alors que dans ma matière non, chaque plante à son utilité pratique ensuite, mais je n’ai presque jamais ce qu’il faut pour en avoir suffisamment pour pouvoir m’en occuper assez longtemps pour qu’elles aient un quelconque intérêt au final ! -Que proposez-vous, alors ? demanda sarcastiquement Horace. Comment voulez-vous que nos élèves apprennent ? Vous voulez que je fasse une seule et unique démonstration et que le cours soit fini ? Où que, voyons voir, je mette un groupe de cinq élèves mettons, par chaudron ? -Ne soyez pas ridicule, répondit Pomona avec un geste dédaigneux de la main. Toujours est-il que je trouve le partage… injuste. -Pomona, murmura Severus d’une voix doucereuse, vous savez que… soyons réaliste, que très peu d’élèves portent un intérêt à votre matière… La professeur de botanique rougit violemment. Elle allait répondre lorsque la voix fluttée du professeur Flitwick l’interrompit : -Allons allons, Messieurs Dames ! Il est… -Ah non, Filius ! l’arrêta Pomona, je ne vois pas pourquoi je devrais me taire devant tant d’impertinence ! Elle lança à Rogue un regard noir : -Vous serez ravi d’apprendre que beaucoup d’élèves approuvent votre… votre promotion au poste de Professeur de défenses contre les forces du mal. Ils sont en effet fou de joie de savoir que l’an prochain vous nous quitterez… Ce poste est bien maudit, n’est-ce pas ? -Pomona ! s’outragea Minerva. -Laissez, Minerva, répondit Severus sans perdre contenance. Je vais répondre et dire ce que Pomona pense tout bas et n’ose pas dire tout haut. Non, je vais simplement dire ce que vous pensez tous, sans exception. Son sourire s’effaça et son regard se durcit. -Vous êtes tous persuadés que je suis un Mangemort et les élèves aussi apparemment - à moins qu’ils ne se réjouissent de ma future mort prématurée à la fin de l’année ? Bref, je sais ce dont vous êtes persuadés et je n’en ai que faire. Dumbledore me fait confiance, et cela depuis des années, pourquoi cela ne vous suffit-il pas ? Non, ne dites rien, cela aussi je m’en moque… Il avala une gorgée de son café décaféiné qu’il avait prit avant de s’asseoir sur le siège de Dumbledore et fit une grimace. -Bien sûr, vous n’avez que ma parole, et celle de Dumbledore, mais je trouve gonflé, non scandaleux que je sois le seul professeur de cette école considéré comme un paria… N’est-ce pas, Horace ? Ou encore tiens, Filius ? Les deux nommés rougirent violemment et lancèrent un regard d’incompréhension à l’ancien Maître des Potions. Son sourire réapparut alors. -Oh bien sûr, vous avez raison sur une chose… Il y a bien un espion dans nos rangs, très proche d’ailleurs… Mais seulement, ce n’est pas moi. Reste à savoir qui c’est. Il avait dit ça d’un ton indifférent, en haussant les épaules, avant d’avaler le reste de son café. -Infect. Il faudra que je me plaigne aux elfes de maison. Bon, et bien, je vais me… rafraîchir, dit-il avec un ricanement. Mais continuez la réunion sans moi, si vous voulez. Il s’éleva et s’engouffra dans la deuxième pièce adjacente à la salle des professeurs où se trouvaient les toilettes. Les cinq professeurs encore présents se regardèrent, incrédules et, dans un murmure silencieux, comprirent que la réunion était terminée. Sans en être pleinement conscient, ils se jetèrent tous un regard de suspicion. Tous. *
Le Professeur Flitwick remua une ou deux minutes sur son siège, mal à l’aise. Comment avait-il osé ! Il fulminait intérieurement mais ne fit rien paraître. D’un ton un peu trop enjoué pour les circonstances, il demanda : -Un café ? Quelqu’un ? Il eut quelques murmures négatifs. Minerva, elle, l’ignora totalement. Elle était plongée dans ses pensées. En vérité, son cerveau marchait à toute allure. Elle réfléchissait intensément. Son regard était perdu dans le vague et bien qu’elle semblait absente, ses doigts tapaient nerveusement sur la table. Filius s’en alla dans la pièce d’a côté et revient avec une tasse de café chaud et une bonne part de gâteau à la citrouille. L’odeur du nectar brûlant vint au nez de Minerva qui s’exclama : -Du café ! Voilà ce qu’il me faut ! Du café. Elle se précipita dans la salle annexe et claqua violemment la porte. Horace lui lança un regard désapprobateur, comme si la porte était l‘unique responsable de ce bruit désagréable, et demanda au Professeur de Sortilèges : -Avez-vous remarqué si les toilettes étaient libres, Filius ? -Non, répondit celui-ci en réfléchissant, je n’ai pas vu Severus donc je suppose qu’il les utilisaient. La porte était fermée… -Merci. Il se tourna vers Pomona et ajouta : -J’espère très chère que vous serez toujours là à mon retour et que nous pourrons reprendre notre charmante discussion sur votre mine d’o… sur l‘absinthe musquée. -Mais bien sûr ! s’exclama Pomona avec un sourire radieux, comme si elle avait oublié l’incident diplomatique arrivé quelques minutes plus tôt. Tiens, je vais tout noter sur papier… Alors que Horace sortait de la salle des professeurs pour aller aux toilettes, Pomona se précipita à côté pour chercher du papier. Elle croisa en chemin Minerva qui revenait les mains vides, paraissant encore plus énervée qu’avant. Elle s’assit sur le premier siège venu, cacha sa bouche entre ses mains et se mit à marmonner tout bas. -Tout va bien, Minerva ? -Quelle question stupide, vraiment, Sybille, répliqua sèchement l’interpellée sans lui accorder un regard. Je vais bien sûr parfaitement bien. Elle avait dit cela d’un ton sans réplique. Pomona revint dans la salle, un paquet de feuille à la main et se mit à écrire frénétiquement. -Bon, très bien…Je vais me chercher du thé, dans ce cas… Elle revint quelques secondes plus tard avant de s’exclamer, furieuse : -Ah ! Quelle absurdité ! Du thé Hollandais ! Il est vraiment temps que les elfes de maison apprennent que le thé Hollandais n’a aucun goût et surtout, qu’il est terriblement mauvais pour la divination ! Elle retourna chercher les bonnes feuilles et se mit à boire le liquide brûlant avec un plaisir évident. -Aaaah. Voyons ce qu’elles ont à révéler… Et quelle marque de thé il faudra à l’avenir acheter… Horace Slughorn, essoufflé, fit son retour dans la pièce. -Toutes prises. Toutes ! Quand je dis que cette langue de mouton était infecte ! Un poison, oui Monsieur ! Il se dirigea d’un pas furieux vers les toilettes des professeurs et tambourina à la porte. -Severus ! Cela fait dix minutes que vous êtes cloîtré là-dedans, sortez ! A côté, Pomona avait engagé la conversation avec Filius. -Alors comme ça, demandait le vieil homme, vous avez mis une retenue à Halldebury ? C’est pourtant un excellent élève dans ma classe ! Et très attentif. -Peut-être dans la votre mais dans la mienne, il a faillit tuer un Géranium Dentu. Il a amené du chocolat en cours, vous vous rendez compte ! C’est mortel pour cette magnifique plante que je fais venir d’Italie. -Dis donc, intervint Horace qui était revenu entre temps, vous savez où est Severus ? -Toujours aux toilettes, il me semble, répondit Minerva avec acidité. Nous l’aurions vu s’il était sorti. -La porte est fermée, dit Horace nerveusement, et il ne répond pas… Minerva releva vivement la tête et lui lança un regard suspicieux. Filius eut un regard sincèrement étonné et Pomona fit mine qu’elle n’en avait rien à faire en haussant les épaules. Sybille quant à elle était totalement plongée dans la lecture de ses feuilles de thé et n’avait même pas conscience de la conversation. -Vous croyez… qu’il faut ouvrir la porte ? -Faites donc, Horace, mais ne comptez pas sur moi, dit Minerva. Je ne tiens pas à trouver Rogue dans une… posture pareille, furieux de surcroît. Elle avait dit ça avec un dégoût évident. Horace grogna mais son estomac gargouilla si fort qu’il trouva le courage nécessaire. Il retourna vers la porte des toilettes et murmura un sortilège. La porte s’ouvrit légèrement… -Severus ? … Ne désirant pas trop s’approcher, Horace poussa délicatement la porte du pied. Ce qu’il vit lui glaça le sang. Le corps de Severus Rogue, drapé dans l’une de ses célèbres robes noirs, avachi contre la cuvette des toilettes, une expression horrifiée sur le regard, les yeux injectés de sang et violacés. Un cri monta aux lèvres de Horace et il s’effondra en arrière. Il entendit derrière lui des bruits de chaises que l’on déplace et des pas précipités. Minerva, Pomona et Filius firent irruption dans la pièce. Dans la salle d’à côté, Sybille Trelawney inspectait une dernière fois ses feuilles de thé. Elle fixa un long moment le fond de sa tasse avant de s’exclamer : -Oh mon Dieu ! Je le savais ! Elle attrapa le récipient et se précipita dans l‘autre pièce. -La Mort ! Je le savais ! Regardez par vous-même, c’est là ! N’avais-je pas raison depuis le début ? Elle s’arrêta en voyant les visages décomposés. La tasse lui échappa des mains lorsqu’elle aperçut le corps devant elle. Derrière elle, Sybille entendit une voix rauque et amicale prononcer : -Bonjour tout le monde. Il y a quelqu’un ? Albus Dumbledore était de retour. Seulement… trop tard. |