Episode 3: La confiance retrouvée Au sous-sol du QG des Olders, une nouvelle dispute éclate entre le Premier et le Deuxième à propos du devenir de leur dernier agent, leur Joker: Duo Maxwell. -Il est hors de question que tu le fasses abattre! Je me suis donné trop de mal pour que tu ruines les efforts de toute une vie parce que mon poulain a changé de camp! Je ne le permettrai pas! -Mais je ne te laisse pas le choix et je me fiche pas mal de tous tes efforts. 02 met en danger notre organisation et nous nous devons de l’exécuter. Cela en va de même pour Treize Kushrenada. L’avez-vous retrouvé? -Non, monsieur, répond le Troisième. Depuis Athènes, il se fait très discret. -Bon, tant pis. Pour en revenir à l’affaire Maxwell, je veux que ce soit réglé avant la semaine prochaine. Et profitez-en pour régler son compte à Yuy également. Il est une épine dans mon talon! Rassurant ses quatre collègues, le rire du Premier retentit dans la salle froide et sombre. * * * Hôpital Central de Manhattan, New York -Alors M.Maxwell? Toujours parmi nous? -Comme tu peux le voir, Susan! Mais franchement, je commence à me faire chier sérieux. Tu sais pas quand est-ce que je pourrais sortir? -Ne me faîtes pas ces yeux-là, M.Maxwell, vous savez parfaitement que ça ne marche pas avec moi… J’ai entendu votre médecin dire que vous pourriez sortir d’ici deux jours. Ne désespérez pas. -Tant que t’es là, Susan, je ne risque rien! Toujours pas de visiteur pour moi, hein? -Non, je suis désolée. Mais ne désespérez pas, il viendra bientôt, je le sens. -Dieu t’entende, Susan! Le jeune patient lui adresse un dernier sourire avant que l’infirmière ne quitte la chambre puis se renfonce dans son lit, profondément abattu. Depuis la fusillade durant laquelle il lui a sauvé la vie, Heero Yuy, le nouveau président du Groupe W, ne lui a pas rendu visite. Duo ne sait que penser: il espérait que Heero lui pardonne ses actes passés et son appartenance à OZ; ainsi, leur relation évoluerait. Mais il semblerait que le Japonais soit rancunier. « Et voilà, mon vieux. Encore un qui te passe sous le nez. Remarque, depuis Solo, tu devrais être habitué…Peut-être attend-il que tu l’appelles? Que tu t’excuses? Ou peut-être qu’il ne souhaite plus te voir du tout et dans ce cas tu fermes ta gueule et tu retournes à ta petite vie de merde! » Duo pousse un lourd soupir de découragement: décidément, ses amours sont voués à l’échec. * * * Bunker de l’Unité de Sécurité Spéciale de Heero Yuy, sous-sol du siège du Groupe W, Manhattan, New York La salle circulaire située au sous-sol de l’immeuble est l’un des lieux les mieux protégés du siège du Groupe W. En effet, les murs et la porte sont blindés et seules quatre personnes connaissent le code d’accès à cette pièce. Les murs sont couverts d’écrans plasma et d’armoires métalliques qui contiennent les dossiers les plus explosifs de la compagnie. Au centre, quatre ordinateurs à écran plat trônent sur une table en verre dépoli. Assis derrière son ordinateur, Heero consulte les dossiers de presse concernant les agissements douteux de Odin Lowe, feu son père adoptif. Récemment, le corps d’un ancien employé du laboratoire Wing Gen’ a été retrouvé, affreusement mutilé. Ayant eu vent des pratiques peu orthodoxes de son paternel quant aux manipulations génétiques, Heero a décidé d’enquêter sur ce meurtre qui entache son entreprise. Mais malgré l’aide de Trowa, Quatre et Wufei, les preuves ne s’amassent pas aussi vite que prévu. Perdu corps et âme dans le travail depuis la fusillade à laquelle il a échappé, Heero tente ainsi d’oublier le visage du jeune américain qui l’a sauvé d’une mort certaine. Son attitude n’a pas échappé à ses amis et inquiète surtout le jeune arabe blond qui, d’une manière bien étrange, semble être constamment au courant des humeurs et des sentiments qui agitent ses compagnons. -Je crois que nous devrions nous rendre sur les lieux pour évaluer la situation de plus près, déclare Wufei en refermant une chemise jaune posée devant lui. Il y a encore trop de zones d’ombre dans cette affaire. Nous ne connaissons pas le nombre exact de personnes impliquées ni le nom de celui qui tire les ficelles… -C’est Treize, lâche Heero. -Treize? s’étonne Wufei. Mais comment est-ce possible? Il est recherché dans presque tous les états du monde. Il ne prendrait certainement pas le risque de sortir maintenant… -Et bien il semblerait qu’il ne soit plus aussi prudent qu’auparavant, remarque Trowa. J’ai là un rapport de police qui dit avoir aperçu un homme correspondant à son signalement il y a moins de deux jours dans les Antilles françaises. Il était accompagné de deux ou trois gardes du corps et semblait sur le qui-vive. -Il a peur, fait remarquer Heero. C’est bien. Je suis d’accord avec Wufei sur le fait d’aller voir toute cette affaire de plus près. Je vais donc devoir repousser le Big Board et prévenir Réléna de reporter tous mes rendez-vous d’ici à quinze jours. Je ne sais pas combien de temps prendra cette opération, mais je veux qu’elle mette fin aux agissements frauduleux de la Wing Gen’. Je compte sur vous pour m’accompagner incognito. -Aucun problème, Heero, l’assure Quatre. -Rassemblez vos affaires et on se retrouve au jet d’ici deux heures. J’ai une petite chose à régler d’abord. Il se lève et quitte le bunker. Quatre le suit du regard et ferme les yeux. -Il s’est enfin décidé, murmure-t-il. Il était temps… -Que dis-tu? lui demande Trowa. -Rien, le rassure le blond. Je pensais tout haut. On dirait que nous sommes bons pour un nouveau voyage… -Ne me dis pas que cela te déplaît, je ne te croirais pas! -Mais cela ne me déplait pas le moins du monde. Surtout si nous y allons ensemble… (1) Se rendant compte de ce qu’il vient de révéler, Quatre détourne la tête pour cacher la soudaine rougeur qui lui monte aux joues. -A moi aussi cela me fait plaisir, l’assure Trowa. Surpris, l’arabe relève le visage et plante son regard azur dans l’unique émeraude visible de son ami. Une profonde sincérité envahit alors son cœur et la joie s’installe confortablement au creux de son estomac. Ce voyage risque d’être très intéressant. * * * Hôpital Central de Manhattan, New York Le soleil de la fin d’après-midi entre à flots dans la chambre vide du jeune patient victime d’une fusillade. Les rayons dorés balaient la surface du petit bureau sous la fenêtre et nimbent d’un doux halo les objets renversés sur la table de chevet. La tablette où est posé le plateau repas n’est plus que débris et les vestiges du dîner sont dispersés aux quatre coins de la pièce. Déboulant à toute vitesse dans la chambre, Susan ne se rend pas immédiatement compte du désordre: -M.Maxwell! M.Maxwel! Il est là! Il est là! M.Yuy est à l’acc… Oh mon Dieu! Découvrant sans aucun doute les vestiges d’une bagarre, l’infirmière reste pétrifiée sur le seuil de la pièce. Elle reprend finalement ses esprits et entre, évitant précautionneusement les débris de vaisselle et de bois. Elle jette un coup d’œil dans la salle d’eau adjacente, dès fois que son patient farceur ait décidé de lui jouer un mauvais tour une fois de plus. Mais non, la salle de toilette est vide. Résignée, Susan ressort de la chambre et se cogne à une personne qui, elle, désire y entrer. -Oh, excusez-moi. Je ne vous… Oh! Vous êtes M.Yuy, n’est-ce pas? Intrigué d’être reconnu par une personne qu’il ne connaît pas, Heero se méfie. Il se reprend bien vite en se souvenant que depuis trois semaines, sa photo est sur toutes les premières pages des journaux et magasines people. -Oui, effectivement. A qui ai-je l’honneur? -Je suis Susan, l’infirmière attitrée de M.Maxwell. Il m’a énormément parlé de vous. -Puis-je le voir? -Malheureusement non. -Et pourquoi donc? -Parce qu’il vient d’être kidnappé. Il m’avait prévenue que cela pouvait arriver. Et que, le cas échéant, je devais vous en avertir. Intrigué, Heero hausse un sourcil peu convaincu. Ignorant la vague d’inquiétude qui grandit au fond de lui, il demande: -Mais pourquoi moi? Sa famille doit être prévenue… -M.Maxwell n’a pas de famille. Il est orphelin de naissance. Je le connais de par ses nombreux séjours ici, suite à des bagarres ou autres… La fin de sa phrase ne laisse aucun doute quant aux « autres » circonstances durant lesquelles Duo a pu être blessé et Heero ne laisse rien paraître de la tempête de sentiments qui l’anime: inquiétude, colère, peur… Observatrice, Susan remarque son indécision. -M.Maxwell vous fait confiance. Je sais qu’il est un témoin gênant pour ses employeurs, qu’il sait trop de choses. Il m’a fait part de quelques-uns uns de ses soupçons sur une certaine filiale clandestine de manipulation d’ADN aux Antilles. Je suppose donc que ses ravisseurs font partie de cette filiale. -Je pense que cela a à voir avec l’affaire sur laquelle mes hommes et moi enquêtons en ce moment. Mais je ne vois pas pourquoi ils s’en prennent à M.Maxwell? s’interroge tout haut le Japonais, étonné que l’infirmière en sache autant. -Je ne prétends pas connaître toute l’histoire – je ne suis pas indiscrète à ce point-là – mais il me semble que quelque chose de spéciale vous lie. La manière dont il parle de vous, cette confiance aveugle qu’il vous témoigne… Je suppose que ses ravisseurs ont l’intention de vous atteindre à travers lui. -Et bien, ils se feront recevoir. Au revoir, Susan. Et merci. -Mais de rien. Ce fut un plaisir. Mais ne commettez pas d’imprudence: M.Maxwell ne me le pardonnerait pas! Esquissant un sourire de remerciements, Heero se détourne et rejoint sa voiture. « Si c’est moi que tu veux, Treize, tu vas être servi. Mais je ne te pardonnerai pas ce nouvel affront. » Il monte en voiture et décroche immédiatement son téléphone portable. -Allô, Trowa? L’opération est annulée. On se retrouve au bunker dans quinze minutes. Préviens les autres. Il raccroche, ne laissant pas le temps au français de répliquer. * * * Bunker de l’USS de Heero Yuy, sous-sol du siège du Groupe W, Manhattan, New York -Que se passe-t-il Heero? s’inquiète Quatre dès l’arrivée de son ami. Pourquoi avoir reporté l’opération aux Antilles? Ignorant ses questions, Heero se dirige vers son écran personnel et y fait apparaître un fichier. Quelques instants plus tard, la photo d’un jeune homme d’environ vingt ans occupe les écrans muraux. Ses yeux rieurs, son sourire franc et sa longue tresse châtain aux reflets dorés lui attirent immédiatement la sympathie du jeune arabe. -Qui est-ce? demande Trowa. -Duo Maxwell, répond Wufei. Tu m’avais demandé une enquête sur lui il y a environ dix jours. Je suppose que ses activités lui ont posé des problèmes… -Maxwell! C’est le jeune homme qui t’a sauvé la vie la semaine dernière, n’est-ce pas? s’informe Quatre. Comment va-t-il? -C’est bien lui. Et il a été enlevé. Son infirmière, une brave femme qui l’a soigné à de nombreuses reprises, m’a informé du fait qu’il était au courant des agissements de la Wing Gen’ aux Antilles. Je soupçonne donc Treize d’être derrière ce kidnapping. Si cela ne vous fait rien, je souhaite enquêter et retrouver Duo. Un long silence suit cette déclaration. Wufei et Trowa jettent à leur patron et ami un regard qui en dit long sur leurs pensées, tandis que Quatre porte une main à son cœur. -C’est d’accord pour moi, Heero. Je commence par où? demande Quatre. -Je sais qu’il va souvent au Touch, un bar dans les quartiers mal famés de Manhattan. Tu n’as qu’à aller te renseigner là-bas. Mais n’y va pas seul, le coin est pourri de racailles. -Je t’accompagne, annonce Trowa. A deux, on pourra mieux se défendre (2) -Je me charge de faire une enquête plus approfondie sur lui et je te tiens informé, déclare Wufei. -Merci. Je remonte à mon bureau. J’ai deux mots à dire à Réléna. Peut-être le connaît-elle un peu. Leur adressant un dernier regard de remerciements, il quitte le bunker, l’angoisse désormais installée au plus profond de lui. Quatre, qui a bien entendu ressenti le malaise du Japonais, se tourne vers Trowa et rencontre un regard interrogatif. -Il tient à lui, lâche-t-il en guise d’explications. Bon, allons-y! * * * Le Touch, bar de Manhattan, New York Ils ont à peine passé la porte que l’atmosphère chargée de fumée et de relents d’alcool les prend à la gorge. Peu habitué, Quatre tente tant bien que mal de contenir une soudaine crise de toux. Trowa ne semble pas s’en formaliser et saisissant le jeune arabe par le coude, il se dirige d’un pas alerte vers le bar. Ils prennent chacun un tabouret et le Français fait signe au barman qu’il souhaite commander. -Ce sera quoi? demande ce dernier d’une voix bourrue. -Une bière, annonce Trowa. -Un thé glacé, ajoute Quatre… avant qu’un regard dissuasif de Trowa ne le fasse changer d’avis: Euh… un soda! Le serveur se retourne et Trowa en profite pour examiner les lieux. De la bagarre qui a eu lieu une dizaine de jours plus tôt, il ne reste aucune trace: les tables et les chaises ont été remplacés, les verres sont de nouveau en un seul morceau et les bouteilles de Ricard, rhum, sake et autres whisky trônent derrière le bar sur une grande étagère devant un miroir. Reportant son attention sur le jeune homme assis à ses côtés, le Français se rend compte que ce dernier n’est guère à l’aise dans ce genre d’établissement. Nerveux, il triture ses mains et c’est limite s’il ne s’arrache pas les ongles. Posant une main rassurante sur son genou, Trowa se penche à son oreille: -Ne t’en fais pas, on sera reparti avant longtemps. Et cesse de te tordre les mains, tu vas te faire mal, ajoute-t-il en lui prenant les mains. Inspirant un bon, coup, Quatre parvient à évacuer son stress. Il serre brièvement la main de Trowa puis pose sa propre main sur le genou de son ami, le remerciant. -Voici vos verres, annonce la voix toujours aussi peu aimable du barman. Autre chose? -Et bien, puisque vous le demandez, s’enquit Quatre, on voudrait avoir quelques renseignements sur un jeune homme qui vient souvent ici. -Un jeune homme, hein? questionne le barman. Et il ressemble à quoi? -Il est à peu près de ma taille, les cheveux longs tressés, les yeux bleu-violet rieurs et un grand sourire, décrit Quatre en repensant à la photo que Heero leur a montrée au bunker. -Ha, lui! Mais il ne rit jamais! Ou du moins pas quand il vient ici. Je l’ai vu deux ou trois fois, et à chaque coup, mon bar était en miettes. Ce mec est incroyable: il connaît des techniques de combat que toutes les bandes du coin lui envient. -Quand l’avez-vous vu pour la dernière fois? demande Trowa. -Je l’ai pas r’vu depuis la bagarre d’il y a dix jours. Il avait pas l’air bien en partant avec son pote. C’est bizarre que vous me demandiez de ses nouvelles… -Comment ça? l’encourage le Français. -Et bien, je sais plus trop… Quelques minutes et vingt dollars plus tard, les deux amis ressortent du bar, les nouvelles fraîches du barman tournoyant dans leur tête. * * * Bureau de Heero Yuy, étage privé, siège du Groupe W, Manhattan, New York -Alors, qu’avez-vous appris? -Que nous ne sommes pas les seuls à rechercher Duo. Il y a deux heures, alors que tu étais à l’hôpital, deux mecs louches sont allés au Touch questionner le barman. Il leur a dit qu’il ne l’avait pas revu depuis la bagarre, mais qu’il devait être à l’hosto. Il nous a fait une description des deux gars. Je lancerai une recherche en rentrant au bunker. -Très bien, je vous attends. Heero raccroche. Ne sachant que faire, il décide de lire son courrier plutôt que de se morfondre en attendant que le temps passe. Il saisit les enveloppes triées par Réléna: des invitations à des œuvres de charité, à des galas et à toutes autres sortes de repas ennuyeux du même genre. Pourtant, l’une des cartes attire son attention: il n’y a aucune en-tête sur l’enveloppe et le papier est noirci de crasse. « Bizarre, Réléna ne se permettrait jamais de laisser ça sur le bureau. Elle le mettrait directement à la poubelle. » Heero prend l’enveloppe, la déchire et en sort une petite carte. Dessus, des lettres découpées dans des journaux sont collées de manière à former un message. Demain, à 06h00, RDV au centre de Central Park Venez seul, ou bien votre ami pourrait perdre la vie. Pris d’une soudaine angoisse, Heero retourne lentement la carte…et retient un cri de stupeur: la petite carte est en fait une photo polaroid, sur laquelle on peut voir un jeune homme pieds et poing liés allongé sur un vieux matelas; son visage est en sang et est quasiment méconnaissable. Mais la longue tresse qui s’étale derrière lui sur le lit ne laisse aucun doute à Heero. Au-dessous, une dernière indication: 10, 000, 000,000. Retenant un cri de rage, Heero se lève précipitamment de son siège et part en courant au bunker. * * * Bunker de l’USS de Heero Yuy, sous-sol du siège du Groupe W, Manhattan, New York Poussé par la rage et la peur, Heero pénètre en trombe dans la salle et se précipite sur son ordinateur. Il se connecte immédiatement au Net et parvient à infiltrer le réseau mondial des services secrets internationaux. Pendant plus de quinze minutes, il fouille, infiltre, passe et charge des centaines de fichiers dans la mémoire surpuissante de son ordinateur. Piochant une disquette quelconque dans la pile posée à sa droite, il enregistre ses recherches et fait le tri. Une heure plus tard, il lève enfin le nez de son écran, ayant trouvé comment, où et par qui est retenu Duo. Regardant autour de lui, il remarque alors que Quatre, Trowa et Wufei sont là, chacun devant son écran respectif. Etonné, il leur lance un regard dubitatif. -Cela fait déjà 45 minutes que nous sommes rentrés, l’informe le Français. -Hn, répond Heero. J’ai trouvé. -J’espère bien, rétorque Wufei, vu le temps et l’énergie que tu as dépensée depuis que tu es sur ta bécane, j’ose croire que ce n’est pas pour rien. -Bien que Duo soit au courant des agissements de Treize à la Wing Gen’, je doute qu’il l’ait fait enlever. Je pencherai plutôt pour la bande de loubards que Duo a mise au tapis au Touch pour me protéger. J’ai reçu cette photo au courrier du matin. Il leur tend la photo et attend quelques secondes qu’elle ait fait le tour de la table. Quatre retient un cri de surprise et regarde Heero d’un air désolé. Un geste de la main de ce dernier lui signifie de ne faire aucun commentaire. Le blond repose la photo et attend la suite des explications. -Je compte aller le récupérer. Il est hors de question que je le laisse aux mains de ces ivrognes dégénérées. -Nous t’accompagnons, annonce Wufei. J’admets ne pas être vraiment pour cette opération, mais si c’est ce que tu souhaites, il n’est pas question que tu y ailles seul, c’est trop dangereux. -Wufei a raison, enchaîne Trowa. Ca sent le piège à plein nez. Notamment en raison de la rançon qui s’élève exactement au montant de ta fortune. Tu n’y vas pas seul. Heero, bien que touché par cette démonstration d’amitié, manque refuser. Il ne compte pas perdre un ami de plus. Mais un coup d’œil au regard implorant de Quatre et il acquiesce. « Ce gars me perdra » pense le Japonais, devant le jeune arabe en mode chibi. D’un même mouvement, les quatre compagnons se retournent vers les armoires métalliques appuyées contre les murs, les ouvrent et y piochent leurs armes préférées: deux revolvers pour Heero; une mitraillette et un fusil à pompe pour Trowa; une paire de cimeterres en acier trempé pour Quatre; un grand sabre pour Wufei. Armés et parés à l’assaut, la petite troupe sort de l’immeuble en direction du lieu de rendez-vous. * * * Central Park, Manhattan, New York -Il arrive. Détachant son regard du corps meurtri allongé dans la pièce adjacente, la grande brute reporte son attention sur l’extérieur, tombant sur la silhouette fine et distincte du japonais tant attendu. Il remarque, soulagé, que celui-ci tient à la main une mallette métallique. -Bien, approuve-t-il, il semblerait qu’il soit devenu raisonnable. Espérons que sa servitude aille plus loin... Un sourire concupiscent flotte sur ses lèvres alors que ses yeux détaillent avidement le corps fin et gracieux qui s’approche. Il retient difficilement un bruit de bête en rut depuis trop longtemps et ordonne à ses acolytes d’ouvrir la porte. Heero entre lentement, s’attendant à être attaqué à tout instant. Avisant une table au milieu de la pièce, il s’avance et pose humblement la mallette en acier dessus. Mine de rien, il a déjà repéré les trois silhouettes ‘cachées’ dans l’ombre en plus des deux qui lui ont ouvert, ainsi que la seconde porte derrière laquelle est vraisemblablement retenu Duo. Avant même que la voix bourrue s’élève dans la pièce, Heero se retourne et fixe l’homme dans le coin: -Hum, il semble que je ne sois pas aussi discret que je ne l’aurai pensé. Aucune importance, balaie-t-il en s’approchant de Heero plus rapidement que ce dernier l’en aurait cru capable, je ne souhaite pas être discret dans ce que je compte vous faire subir à tous les deux. Surpris par la vitesse de déplacement de la grande brute, Heero n’a pas le temps d’esquiver qu’une grosse main se saisit de son poignet et lui tord le bras pour le coucher face contre table. Il sent alors l’haleine pestilentielle de son ‘hôte’ lui chauffer la nuque alors qu’il s’apprête à lui parler: -Je compte m’amuser avec vous deux pour vous punir de votre insolence de la dernière fois. Le sentant se pencher encore plus sur lui, Heero se contracte et lui envoie un formidable coup de boule qui lui éclate le nez. Se retournant prestement, le Japonais assène un coup de pied tournant qui assomme la grande brute. Les quatre autres semblent se réveiller en voyant leur chef à terre, mais ils n’ont pas le temps de le toucher que chacun se retrouve à genoux, une arme différente sous le nez. Confiant la garde de sa proie à Trowa, Heero se précipite dans la pièce adjacente. L’odeur du sang l’assaille immédiatement et il s’approche de Duo tous les sens en alerte. Précautionneusement, il lui délie les pieds et les poignets avant de le retourner sus le dos. Son visage tuméfié par de nombreux coups est presque méconnaissable. Portant sa main à sa gorge pour vérifier son pouls, Heero remarque que les cicatrices de ses blessures pas balle se sont rouvertes, expliquant la perte de sang importante. Il ne perd dès lors pas de temps et prend Duo dans ses bras avant de précipiter au-dehors, laissant soin à ses amis de s’occuper du sort des kidnappeurs. * * * Hôpital Central de Manhattan, New York Duo ouvre doucement les yeux pour ne pas être agressé par la lumière des néons au-dessus de son lit. Son esprit est encore confus mais il parvient néanmoins à reconnaître sa chambre d’hôpital. Un léger sourire fleurit sur ses lèvres, bien vite éteint lorsque les fils de ses cicatrices le tirent immanquablement. « Note à moi-même: ne pas rire quand on a le visage couturé. » Sa poitrine lui fait mal et un gros pansement encercle son crâne. Cherchant la pendule des yeux, il tourne imperceptiblement la tête vers la droite mais s’arrête lorsqu’une douleur aiguë lui vrille l’épaule. Serrant les dents, Duo revient en position initiale et pousse un profond soupir de découragement. Il arrive tut de même à atteindre le bouton d’appel des infirmières et à appuyer dessus. Moins de trente secondes plus tard, Susan entre dans la chambre, un grand sourire aux lèvres et les joues roses. Rien que cette vision ramène la joie de Duo: cette femme est un concentré de bonne humeur. -M.Maxwell, enfin de retour parmi nous? -Je suis sûr que je t’ai affreusement manqué, Susan! -A peine, M.Maxwell, à peine. Vous savez, on a eu pas mal de boulot en trois jours et puis… -Et puis quoi? demande Duo anxieux. -Disons que je n’ai pas été la seule à vous surveiller… Le suspens laissé dans la phrase de l’infirmière ne passe pas inaperçu à l’oreille exercée de Duo qui ne tarde pas à tanner son amie afin d’en savoir plus sur les personnes qui l’auraient surveillé. Susan adore le torturer. -Et bien, celui qui est resté le plus longtemps est un petit blond avec de magnifiques yeux bleu azur et un léger accent arabe. Ensuite, il y a eu un chinois très rigide et pas commode, un grand brun avec une drôle de coupe de cheveux et pour finir… -Oui? s’impatiente Duo. -Un superbe Japonais avec de grands yeux bleus trèèès inquiet sur votre état! -Yattaaaa! S’exclame l’Américain. Son exclamation de joie se termine très vite suite à une violente douleur dans la poitrine. Inquiète, Susan se précipite et le rallonge aussitôt dans les draps. -Doucement, M.Maxwell, vous n’êtes pas entièrement remis. Je vais vous chercher de quoi déjeuner et je reviens dans un petit quart d’heure. -Merci, Susan. L’infirmière sort dans la seconde et percute une nouvelle fois une personne souhaitant entrer. Levant les yeux, elle croise le regard bienveillant de deux perles bleu de nuit. Un sourire de connivence naît sur les deux visages et en passant à côté du visiteur, Susan lui glisse à l’oreille: -Cela fait longtemps qu’il vous attend… Surpris, le visiteur lève un sourcil mais pénètre néanmoins dans la chambre éclairée par les rayons du soleil de ce début de matinée. * * * Bunker de l’USS de Heero Yuy, sous-sol du siège du Groupe W, Manhattan, New York Quatre entre dans la pièce alors que ces deux amis sont installés devant leur écran, à la recherche des renseignements demandés par leur patron et ami avant que ce dernier ne parte rendre visite à une certaine personne de leur connaissance. Silencieux, le jeune arabe prend place devant son propre écran et enclenche le moteur de recherche. Au bout de quelques minutes, n’y tenant plus, il demande confirmation de ses doutes: -Rassurez-moi: Heero est bien aller voir Duo? Seul Trowa daigne relever la tête au ton presque suppliant de son ami. -Oui, il est parti il y a environ une demi-heure. Vous avez dû vous croiser. Un immense soupir de soulagement lui répond, soulignant encore davantage l’inquiétude du blond à l’égard des relations de son patron. Quelques minutes plus tard, un murmure résonne dans la pièce: -Alors tout va bien… * * * Hôpital Central de Manhattan, New York Intimidé par la prestance de son visiteur, Duo se fait tout petit dans le lit bien blanc. Voyant que son vis-à-vis ne semble pas décidé à prendre la parole, Duo prend la parole: -Ecoute, Heero… Euh… Je suis désolé de t’avoir entraîné là-dedans… Et je comprendrai si… Si tu m’en voulais… Je veux juste que tu saches que… Que je m’en veux d’avoir pu te faire du mal et… Euh… Enfin voilà quoi… Rouge de honte du discours pour le moins décousu qu’il vient de faire, Duo n’ose regarder son interlocuteur. Heero, prenant les choses en main, s’assoit sur le bord du matelas et relève doucement le visage de celui qui lui a sauvé la vie. -Je ne t’en veux pas, Duo. Je crois seulement qu’il est temps de jouer franc jeu. Autant toi que moi, tu ne crois pas? Incapable de prononcer un mot tellement l’émotion de savoir que Heero ne lui en veut pas lui noue la gorge, Duo se contente d’acquiescer. -Je ne sais pas exactement par où commencer, avoue le Japonais. Cela fait quelques années que je ne me suis pas senti aussi proche de quelqu’un. Lorsque tu es arrivé, tu as chamboulé tout cet équilibre que j’avais mis en place, et la carapace de mes émotions s’est fissurée. Je ne t’en veux pas cependant. Cela m’a fait du bien de m’ouvrir un peu et je ne t’en suis que plus reconnaissant. Duo n’en croit pas ses oreilles et il aurait bien sauté au cou du jeune homme si ses côtes n’étaient pas en aussi mauvais état. Jugeant que son tour d’explications est venu, il prend une profonde inspiration et se lance. -J’ai été envoyé par les Olders, les chefs de OZ, pour pirater ton ordi perso. La meilleure manière d’y parvenir était de… Te séduire. Je pensais y être parvenu, mais l’ennui c’est que… Je me suis attaché. C’est pour cela que je suis parti ce soir-là. Je ne pouvais pas aller à l’encontre de mes sentiments… Je ne pouvais pas te trahir… Ensuite, ils m’ont appelé chez moi pour me ‘congédier’ et ils ont envoyé une équipe à ton bureau et chez moi histoire de nous liquider. La suite, tu l’as connais: sauvetage, hosto, kidnapping, sauvetage et hosto. Ma vie est un éternel recommencement! Il éclate de rire et s’effondre sur le matelas. Mauvaise idée les fous rire quand on a des côtes cassées. Amusé, Heero laisse un léger sourire naître sur ses lèvres. Lèvres que Duo a immédiatement envie de posséder. Retrouvant son sérieux, il fixe Heero dans les yeux et sa voix se fait rauque: -Ne souris pas comme ça, s’il te plait: c’est beaucoup trop tentant. Heero obéit immédiatement et Duo retrouve le sourire. Seulement, un voile est passé dans son regard, et il trouve un écho dans les yeux du Japonais. -Duo, commence Heero, je suis désolé, mais je ne suis pas prêt à commencer quelque chose de sérieux pour le moment. Tout va beaucoup trop vite à mon goût. -Mais je n’ai jamais dit que cela serait sérieux, réplique le natté. -Alors tu te trahirais toi-même, et cela je le refuse. Néanmoins, j’aurai une proposition à te faire… Intrigué et intéressé, Duo écoute attentivement la proposition de son ami Japonais, déçu tout de même de ne pouvoir approfondir plus que prévu ses relations avec le chef d’entreprise. * * * Bunker de l’USS de Heero Yuy, sous-sol du siège du Groupe W, Manhattan, New York Trois jours plus tard, une véritable tornade met sens dessus-dessous le bunker alors que Wufei vient tout juste d’y faire le ménage. Aussitôt, une tempête de jurons résonne dans la pièce tandis que Heero y entre à son tour. Immédiatement, Quatre et Trowa se précipite sur lui afin de lui demander des explications sur la présence de l’énergumène américaine dans leur sanctuaire. -A partir d’aujourd’hui, Duo Maxwell fait partie intégrante de l’USS, déclare-t-il d’une voix posée et assurée. Sans attendre le moindre commentaire de la part de ses compagnons, il ajoute: -Préparez vos affaires, nous décollons dans une heure. -On va où? interroge Duo encore tout frétillant. -Aux Antilles. Tournant les talons, il ressort, manquant de peu le sourire complice de Quatre mais n’échappant pas au cri de pure joie poussé par un Américain survolté vite suivi d’une incroyable bordée de jurons chinois, le tout sous le regard légèrement désespéré de Trowa et le rire cristallin de l’Arabe. * * * Le QG des Olders est devenu une véritable fourmilière en l’espace de quelques jours seulement. Et pour cause, Treize Kushrenada est toujours introuvable et le Joker a rejoint l’équipe de sécurité de Heero Yuy, le plus grand ennemi de OZ depuis la disparition de Odin Lowe, feu son père adoptif. Les disputes de plus en plus fréquentes entre le Premier et le Deuxième ne font qu’appesantir l’atmosphère déjà lourde de frustration. -Reprenons dans le calme, je vous prie, supplie le Quatrième. -Treize aurait été repéré dans les Antilles françaises, commence le Cinquième. -Et l’USS a quitté les USA il y a un quart d’heure à bord du jet privé de Yuy, direction les mêmes Antilles, continue le Troisième. -Je doute que cela soit une coïncidence, fait remarquer le Deuxième. Yuy doit avoir fait le lien entre Kushrenada et les manipulations génétiques pratiquées à la Wing Gen’. Je suppose qu’il va tenter d’y mettre fin. -Alors nous allons profiter du fait que tout ce joli monde soit réuni là-bas pour nous en débarrasser, annonce calmement la Premier. Et je ne tolèrerai aucune objection, déclare-t-il à l’intention du Deuxième. Penaud, ce dernier n’ajoute rien mais n’en pense pas moins. Dernièrement, les ordres radicaux de son collègue lui plaisent de moins en moins, notamment ceux concernant la liquidation de son poulain. Alors que tous sortent de la salle de réunion, le Deuxième décide de tout tenter pour protéger le Joker de la folie du Premier. To Be Continued (1) Vive les lapsus de Kitty-Kat! Il est trop choupi quand il s’y met… (2) Mais oui bien sûr! Et moi je suis la Reine d’Angleterre! Vive les bonnes excuses… Achevée le 25 avril 2004. Dernière modification le 05 février 2005. |