C’est vendredi aujourd’hui et les élèves sont tous plus motivés que jamais, car c’est le dernier jour de classe avant le week-end. De plus, le groupe commençait à 9h cette fois. Les cours du matin passèrent plus vite que prévu, et ils se retrouvèrent rapidement tous les huit, à table, une magnifique assiette de riz et de steak sous leur nez.
— C’est à moi de choisir le sujet de discussion d’aujourd’hui, dit Kévin. On va devoir trouver une définition pour chaque matière que l’on pratique ici. Ça vous va ?
Les signes d’approbations et les sourires satisfaits suffirent pour répondre à sa question, pourtant rhétorique.
— Bien, je donne une matière et vous lui associez une définition. C’est Frédéric qui commence : le Français.
— Matière enseignant la littérature humaine permettant de développer un talent prononcé pour le sommeil approfondi.
Des gloussements firent surface à cette table, et Frédéric sourit, fier d’avoir produit l’effet désiré.
— Pas mal, dit Kévin. Benjamin, SCHH (Science Culturelle et Historique Humaine).
— Facile. Matière étudiant l’histoire des humains, de l’antiquité jusqu’à maintenant. Elle permet de faire évoluer notre imagination. En effet, l’ennui permet de la développer et d’approfondir ses capacités de création.
— Pas faux… Julie, l’SEV.
— Science des Etres Vivants. Matière observant et instruisant le fonctionnement des organismes monstres, animaux et humains ; et leur modes de vie depuis l’aube des temps. Parfaite matière pour pouvoir développer son sens artistique du dessin, et pas seulement sur les schémas en rapport avec le cours. Moi, par exemple, j’ai réussi mon tout premier dessin de griffon en SEV.
— Ah bon, toi aussi tu dessines en cours ? demanda Jack. Petite délinquante va. Moi je dessinais seulement quelques centaures par-ci, des petits dragons par-là…
— Vous êtes tous des rebelles ma parole, s’étonna Tom. Comment fais-tu pour avoir une aussi bonne moyenne en dessinant en classe, Jack ?
— La mémoire ! Elémentaire, mon cher Tom.
— Mouais, pas convaincu moi, dit Kévin. Bon suivant, Samya : technologie moderne.
— Matière d’une simplicité déconcertante expliquant comment se servir d’un ordinateur plasmique, ou d’un écran à projection holographique. Un simple cours informatique, ou comment trouver le temps de pirater le système informatique du collège pour obtenir les réponses d’un DS.
— Ou révéler les véritables passions quelque peu loufoques de monsieur Taihen à travers tout l’établissement, ajouta Benjamin.
Des cris de dégoût se firent entendre, venant de la part de tous les occupants de la table. Benjamin se mit à rire, à l’unisson avec son frère. Les autres furent totalement dégoûtés, apparemment tous avaient imagin… compris la même chose.
— Benjamin c’est dégueulasse ! cria Kévin. On est à table.
— Mais je ne fais que révéler au grand jour la vérité, dont l’existence était déjà, apparemment, connue de tous.
— Sans commentaires. Bon Jack, à ton tour. Donne-nous ta définition de chimie.
— …Matière étudiant les réactions moléculaires et atomiques, où comment faire exploser le lycée par pure innocence. En plus de ça, cette matière nous donne l’opportunité de développer notre observation et notre déduction en résolvant le mystère irrésolu jusqu’à ce jour : vu la surdité et la demi cécité de notre cher prof de chimie, peut-on en déduire qu’il ait ingurgité les solutions de certaines expériences faites par les élèves ?
— Tu as oublié son haleine de chien insupportable, dit Maxime. C’est horrible, dès qu’il est près de moi j’ai l’impression que je vais mourir asphyxié.
— Tout à fait vrai, acquiesça Samya.— 100% d’accord, compléta Kévin…
Ils se regardèrent tous, silencieusement. 1, 2, 3, 4… Julie esquissa un sourire, 5, 6 7, 8… Tom le remarqua et se mit à glousser, 9, 10… fou rire général. Voici la nouvelle matière, l’étude du développement de la contagion du rire, très importante et fortement rependue chez les adolescents.
— Ahlala… Bon, Tom à toi. Les mathématiques.
— Matière étudiants toutes les notions de géométrie, d’arithmétique, de calculs algébrique... C’est une matière aussi importante qu’intéressante. Il n’y a rien d’autre à ajouter.
— Tom, soupira Julie, t’es pas drôle. Ça casse l’ambiance, t’es vraiment trop sérieux sur ce coup là.
— D’accord avec Julie, laissons les femmes parler pour une fois. Notre intello préféré aurait pu faire un petit effort cette fois et dire ce qu’il pense vraiment de ce cours long et ennuyeux.
— Mais J’AI dit la vérité. C’est vraiment ce que je pense, d’ailleurs vos autres définitions sont toutes un peu exagérées, sauf pour la chimie.
— Tom, tu m’inquiètes sérieusement là, s’exaspéra Benjamin.
— Moi je suis du coté de Tom, dit Max. C’est vrai que les mathématiques c’est génial alors arrêtez de le morfondre .
— Maxime a changé de camp, cria Frédéric. Sale traître ! Surtout venant d’un cancre.
— Moi je dis qu’il fallait s’y attendre de la part de la calculatrice humaine, soutint Jack.
— Oh, vous allez arrêter avec ce surnom débile ?
— Non !
La réponse fusa directement, de la part de toutes les personnes assises à table, puis les rires revinrent. La fin du repas se passa tout aussi bien, comme le reste de la journée. Le soir après les cours, la « bande » organisa une sortie au bowling. Rien de tel qu’une bonne soirée entre amis après une lente et pénible semaine au collège. Comme ils étaient huit, ils firent deux équipes de quatre :
- Equipe n°1 : Benjamin, Julie, Max et Tom - Equipe n°2 : Samya, Kévin, Frédéric et Jack
Le tournoi faisait rage et les scores étaient serrés. On entendait des cris de partout et pas seulement venant du groupe des adolescents. L’équipe n°1 avait l’avantage jusqu’au moment où Samya en eu marre de perdre. Elle passa très vite de sa nature passive à… plus qu’active : une Samya super excitée venait de faire son apparition. Elle était plutôt du genre sérieux et à peu près sage mais elle n’aimait pas perdre pour autant. La grande fille brune changea de comportement d’un seul coup. Sa mine sérieuse disparut pour faire place à une vraie peste, en pleine crise d’hystérie. Sa nature lunatique assez prononcé surprenait toujours les gens au début, enfin, effrayait plus qu’autre chose, mais ils finissaient par s’y habituer. Soudainement, elle se mit à crier tellement fort que toute la salle se tourna vers elle :
— Allez bande de mollassons des genoux, il faut gagner cette partie, ou je vous ferais faire des pompes ! On met plus de force dans ces bras de mauviette et VITE !
— Heu… Samya, se risqua Tom, un peu moins fort s’il te plait : tout le monde nous regarde.
Kévin sourit pauvrement. Apparemment, Tom n’était toujours pas habitué, lui.
— Attention, Samya en mode surexcitée a refait surface. La sage et calme Samya laisse place à une cinglée hystérique, on est sûrs de gagner maintenant.
— Oui, mais quand même, elle n’est pas super discrète.
La concernée, l’ayant entendu, se tourna vers Kevin avec des yeux vraiment, mais alors vraiment, vraiment terrifiants :
— Kévin ! Qu’as tu dit à Tom? J’ai cru entendre quelques mots qui ne m’ont pas plu. Suivant ta réponse je devrais peut-être te « corriger » !
Julie, totalement désorientée, avait sûrement du mal à s’imaginer Samya battre Kévin qui était un colosse, blond certes, mais plein de muscles comparé à elle. Pourtant, Kévin parut assez effrayé lorsqu’elle dit ça. Jack et les jumeaux éclatèrent de rire presque immédiatement comparé aux autres qui continuaient à regarder, perplexes, les deux adolescents se faire face. Après une claque magistrale de Samya à Kévin, la partie reprit de plus belle et l’équipe n°2 remonta très vite grâce à elle. A part le caractère… spécial de cette dernière, la soirée fut assez calme et sans embrouille, mais ça ne dura pas vraiment, les ennuis arrivaient.
Au bout d’un certain temps, une bande de géants arriva dans la salle du bowling, puis se dirigèrent dans la direction du groupe. C’était cinq hommes vraiment grands, d’environ une tête de plus que Kévin. Ils étaient tous habillés de la même façon : pantalons larges, T-shirts amples, casquettes et lunettes noires… Un peu dans le style des rappeurs : ils ne semblaient vraiment pas commodes. Sérieusement, on aurait dit des pit-bulls.Quand ils furent à côté d’eux, le plus grand s’adressa à eux d’un ton peu plaisant :
— Dites les morveux, vous êtes sur notre piste là. Alors vous allez gentiment déguerpir si vous ne voulez pas d’ennui, OK ?
« Ah les ennuis… Ils vous suivent partout, où que vous alliez. »
Kévin, qui n’aimait pas trop se faire traiter de « morveux » le regarda droit dans les yeux avec un air de défi, bien que le fait de devoir lever la tête pour parler à son interlocuteur le déstabilisait : il n’avait pas beaucoup l’habitude au collège.
— Je ne vois pas pourquoi on vous laisserait notre piste alors que nous sommes là depuis bien plus longtemps que vous, il y a plein d’autres pistes libres alors prenez en une autre.
— Toi, lui répondit le plus petit, tu la fermes. On a dit qu’on voulait cette piste et on l’aura, d’accord morveux ?
— Ouais, si tu ne veux pas d’ennuis tu te tais et t’obéis bien gentiment.
Jack murmura discrètement à Kévin :
— Arrête de les chercher. Ne faut pas s’attirer d’ennuis ici. On leur laisse la piste comme ça ils nous laisseront tranquille.
— Jack a raison, ajouta Samya, redevenue sage. On leur laisse la piste, de toute façon notre équipe a gagné et il commence à se faire tard.
Kévin, à la surprise générale, cria d’un coup :
— On n’a pas à se laisser faire ! Bon sang, y’en a marre de se faire marcher sur les pieds et de faire l’air de rien.
— Kévin ! hurla Jack, ce qui surprit tout le monde encore une fois, tu ne vas pas bien ? Tu sais très bien qu’on ne doit pas se faire remarquer ici, et encore moins se lancer dans une bagarre totalement inutile, alors calme toi et on se barre !
— JACK ! Y’en a marre qu’on se fasse passer pour des lâches, toi y compris mais, comme d’habitude, tu fais ton pacifiste.
Samya et les jumeaux se mêlèrent à la dispute tandis que Julie, Tom et Max restèrent silencieux, ne comprenant rien, comme le groupe des « pit-bull ».
— Kévin tais toi ! Pour une fois Jack a raison, et arrête de l’agresser tant qu’il n’est pas en tort.
— Non, répondit ce dernier. Je continuerai de l’agresser tant qu’il n’aura pas compris ce que je lui dis. N’est ce pas, sale lâche !
Sous l’effet de ce mot Jack grimaça et baissa la tête. Ben, Fred et Samya tentèrent de le raisonner. Jack vit que tous les regards étaient tournés vers eux et dit à Kévin d’un ton assez bas :
— Tu sais très bien pourquoi je fais mon « pacifiste ». Je pense avoir assez de raison pour ça.Assistant à la dispute, tout le monde semblait perplexe et ne comprenait pas vraiment ce qui se passait. Le plus grand des rappeurs demanda :
— Hem… on ne vous dérange pas au moins ?
— VOS GUEULES ! Vous ne voyez pas qu’on discute ? Répondirent les cinq ados en cœur.
Surpris, mais surtout vexé de leur réaction, l’homme frappa violement la mâchoire de Kévin, qui s’écrasa par terre.
— Oh non… dit Jack. Comme si on avait besoin de ça.
Julie alla voir s’il allait bien mais Benjamin la retint en secouant la tête. Kévin se releva et, bizarrement, il souriait. Après avoir remis sa mâchoire en place il dit sur un ton assez joyeux :
— C’est ce que j’attendais !
Sur ces mots il porta un violent coup au ventre de son adversaire et profita du fait qu’il soit plié en deux pour porter un coup de coude dans le dos, qui le mit à terre, puis l’homme perdit conscience. Les quatre amis du colosse se précipitèrent sur lui et, sautant sur l’occasion, les jumeaux allèrent aider Kévin. Le reste de la bande restait à sa place sans rien faire. Jack, lui, serrait les poings et tournait le dos au combat. Il tremblait.Benjamin pris une canette de coca qu’il avait sous la main et la lança fortement, atteignant la tête de l’un des agresseurs qui porta ses mains à sa tête en hurlant de douleur. Il en profita pour lui assener un coup à la tempe, puis son adversaire s’effondra, inconscient. Fred donna un coup de pied ravageur à l’un des autres hommes et l’envoya ainsi voler deux mètres plus loin.Les deux derniers, voyant qu’ils ne faisaient pas le poids profitèrent de l’occasion pour attaquer les deux filles. Cette fois, ce fut Samya et Jack, malgré lui, qui entrèrent en action. Samya sortit un magnifique uppercut à l’un des deux géants qui s’écrasa sur les sièges derrière lui. Jack n’y alla pas de main morte non plus et opta pour un coup avec plus de style: il donna un coup de pied, par le bas, qui fit élever son adversaire de quelques centimètres au-dessus du sol puis le propulsa sur la piste de bowling avec ses deux paumes ouvertes. Il atterrit au milieu des quilles.
— STRIKE ! crièrent Ben et Fred en cœur, riant.
— Et après c’est à moi que tu dis de faire doucement, grogna Kévin.
Jack ignora la remarque et se tourna vers les autres pour leur demander s’ils n’étaient pas blessés. Samya s’approcha de celui qui avait pris le coup de coude dans le dos pour vérifier qu’il n’était pas gravement blessé. Quand elle fut à coté de lui, elle aperçut un tatouage sur son épaule. Elle l’examina puis courut de façon plutôt précipitée vers les quatre autres hommes. Ils avaient exactement le même : il représentait une faux avec un crâne juste en dessous.Sous l’expression dubitative de ses amis, elle sortit un petit ordinateur tactile de son sac et commença à faire quelques recherches d’un air affolé. Les autres se regardèrent entre eux, sans comprendre son comportement puis Tom demanda :
— Heu… Samya ? Tu fais quoi là au juste ?Cette dernière ne répondit pas, trop concentrée sur son petit écran.
— SAMYA ?!
— Il y a une chose qui m’intrigue, finit-elle par dire. Cet homme a un tatouage qui me dit quelque chose et les quatre autres l’ont aussi.
Kévin et les jumeaux se raidirent et Jack sortit de son isolement psychologique et se tourna vers Samya avec un regard anxieux. Max, n’ayant pas remarqué la réaction de ses amis, demanda à Samya :
— Et alors ? C’est quoi le problème ?
Silence total...
— Hé ho ! J’ai posé une question.
Personne ne répondit et le silence s’installa de nouveau. On n’entendait que le bruit des doigts de Samya sur l’écran tactile et les bruits ambiants habituels d’une salle de bowling. Ce fut Jack qui rompit ce silence insoutenable.
— Tu… tu ne crois pas que c’est…
— Si, le coupa t elle. Je pense que c’est ça.
— Et zut… s’exclama Kévin. La gaffe !
— Tu l’as dit !
Max, ne comprenant rien, s’écria :
— MAIS DE QUOI VOUS PARLEZ ?! Expliquez nous bon sang !
— Eh bien, commença Fred. On pense que …
— On pense plus, c’est une certitude, déclara soudainement Samya.
Tout le monde se tourna vers elle. Elle avait fini de taper sur son clavier tactile et se décala de son écran pour que tout le monde puisse le voir. Là on apercevait le fameux tatouage avec écrit, à coté et en gros :
GANG RECHERCHÉ
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Voilà! Pour la prochaine fois, je publierai 2 chapitre en même temps, parce que le chapitre 3 est assez court. J'attend vos avis avec impatience :) |