Disclaimer : Tout m'appartient !
Avertissement : Ne lisez surtout pas ça si vous cherchez une histoire sérieuse et vraisemblable.. et ça va empirer à chaque chapitre ! Seul le prologue paraît normal.
___________________________________________________________________
A la sortie du long tunnel, la lumière inonda le wagon, frappant presque avec violence ses occupants. La fillette plissa ses yeux bleus dont la pupille s’était rétrécie, et voila son visage d’un rideau de cheveux sombres comme l’aile du corbeau.
« Nous y sommes presque. »
Emily lança un regard terne au vieil homme entre ses cheveux, et marmonna en réponse quelques mots légèrement larmoyants :
« Je veux rentrer chez moi.. »
« Tu n’as plus de chez toi. » trancha le vieillard sèchement, en redressant ses petites lunettes dorées sur son grand nez.
Voilà à quoi se réduisit leur conversation durant le long trajet. Emily colla son front à la vitre, regardant ce paysage tout nouveau défiler, d’un air boudeur. Elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’elle faisait là, de qui était cet homme, de ce qu’il lui voulait, ni d’où il pouvait bien l’emmener. Elle renifla discrètement. Car elle avait eu le temps de comprendre que l’homme n’aimait pas que l’on pleure devant lui, et n’était pas de ceux que l’on pouvait attendrir avec des larmes. Elle avait pourtant de quoi pleurer.
Elle n’avait pas de parents. Ou du moins, pas de vrais parents. Tout ce dont elle se souvenait, c’était d’avoir changé régulièrement de famille d’adoption, car elle était « mal élevée » et « asociale ».
Et deux jours plus tôt, ce vieil homme en redingote était apparu avec des papiers et des paroles, et avant qu’elle n’ait pu comprendre ce qui lui arrivait, voilà que l’homme l’emmenait en prétextant être son tuteur, son parrain, ou quelque chose dans ce genre.
Maintenant, elle était fatiguée, elle avait froid, elle avait faim, elle s’ennuyait et elle commençait à être en colère. Coulant un regard à son « tuteur », elle le scruta. Il avait des cheveux gris, de petits yeux noirs, de gros sourcils pas coiffés, un nez crochu comme les sorcières, et il était tout ridé. Leurs regards se croisèrent, et Emily fronça le nez avant de lui tirer la langue.
« Je vous déteste ! »
Son cri fut couvert par celui du train qui s’arrêtait en crissant, manquant de la faire basculer de la banquette. Le vieil homme se leva dignement, saisit d’une main sa petite valise, et de l’autre la fillette brune, sans cérémonie. Emily grimaça. La main sèche et osseuse enserrait la sienne en un étau étonnamment puissant, comme s’il voulait lui broyer les os.
La suite fut confuse. La fillette, complètement désorientée, suivait son ravisseur en jetant des regards effarouchés à droite et à gauche, paniquée. Son cœur battait à tout rompre. Après avoir acheté quelques mauvais sandwichs, ils montèrent dans un bus, puis un taxi, puis dans une voiture garée au bord du chemin battu. Les immeubles et les maisons se raréfiaient, tandis que la nuit tombait. Ils s’arrêtèrent au beau milieu de nulle part au moment même où le soleil disparaissait à l’horizon.
Emily frissonna et ferma son blouson avec un « zip » sonore, et se colla au vieil homme, même si elle le détestait. Elle avait toujours eu peur du noir. Et justement, l’obscurité enflait, envahissant tout le paysage montagneux, obscurcissant les herbes et les arbres. Elle entendait mille bruits étranges autour d’elle, des bruits de fuite d’animaux furtifs, des battements d’ailes.. Elle leva les yeux vers l’homme, battant des cils, et attendant une explication. Est-ce qu’il allait l’abandonner dans la forêt, comme dans les contes ? Elle se mordillait la lèvre et allait poser les questions qui la démangeaient, quand le vieillard fit un geste du bras.. Il faisait signe à quelqu’un.
Emily put voir effectivement au loin approcher une silhouette sombre tenant une lanterne à l’ancienne. Un homme, visiblement. Qui portait une longue cape noire claquant au vent. Mais ce qui la figea de surprise, alors que la silhouette approchait et se faisait plus distincte, fut la longue chevelure d’un blanc éclatant, au longues, interminables mèches ondulant comme au ralenti. Son visage pourtant, bien que d’une pâleur inquiétante, était celui d’un jeune homme d’une vingtaine d’années, aux traits doux et fins. De chacun de ses gestes émanait une étrange grâce, une étrange beauté presque irréelle.
Emily en oubliait de respirer, les yeux levés vers le nouveau venu qui s’arrêta juste devant elle.
« Emily Cade.. »
Sa voix semblait résonner en elle, même s’il n’avait fait que murmurer. Elle acquiesça bêtement, et pensa enfin à refermer sa bouche béante, alors que le jeune homme se penchait sur elle, ses longs doigts fins gantés de soie noire venant frôler sa joue.
« Bienvenue chez moi, ma douce Emily.. » continua-t-il d’une voix suave, faisant rouler le prénom sur sa langue.
Le trouble de Emily s’accentua lorsque l’homme esquissa un sourire. Un sourire qui lui fit froid dans le dos. Un de ces sourires de fou, de froid calculateur.
« Qui êtes-vous ? » articula-t-elle finalement d’une voix un peu trop aiguë. La main glissa le long de sa joue, s’infiltrant dans ses cheveux noirs.
« Blythe Cade.. » souffla-t-il, une lueur amusée dansant dans ses yeux d’un rouge sombre.
« … Ton ancêtre. » ajouta-t-il. |