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Qu'est ce que pour nous, mon coeur
Par Darkecho
Originales  -  Romance/Erotique  -  fr
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27 Octobre 1871, Londres

Note : Ce chapitre est grandement inspiré de certaines scènes du film, sorties de leur contexte, ainsi que certaines citations du livre.

                         *********************************

Dorian Gray POV

27 Octobre 1871, Londres

- Sir Gray, montez je vous en pries. Nous vous attendions.

Avec un signe de tête pour le cocher, je grimpais dans le fiacre, et m'asseyais sur une banquette de velours, en face de Lord Henry Wotton et Basil Hallward.

Henry Wotton… Cet homme était le mélange d'un maître en matière en pensée, d'un compagnon, d'un mentor et d'un séducteur. La relation ambigüe que nous entretenions était la recette parfaite entre un grand respect mutuel, une attirance et une répugnance mutuelle. Il était totalement captivé par mon corps, j'étais séduis par son esprit.

Basil quand à lui, était un peintre extrêmement doué. Certainement le plus doué que je connaissais. Il avait peint mon portrait à notre rencontre, et il m'avait suffit de regarder un seul instant cette peinture pour savoir qu'il avait capturé mon âme. Il était également, après avoir peint son œuvre, tombé follement amoureux de moi. Il n'y avait aucun doute sur cela, Basil avait les yeux remplit d'une passion splendide lorsqu'il me regardait, et n'hésitait pas à déclarer : "Dorian, vous êtes une véritable perfection", ce qui revenait à la description d'Henry, pour qui j'étais la représentation d'un nouvel hédonisme.

Cependant, bien qu'étant touché par toutes ces marques d'admiration, je ne pouvais m'attacher, ni à l'un ni à l'autre de ces hommes, simplement parce qu'aimer, m'arrêter avec l'un d'eux, ou avec n'importe qui d'autre était pour moi synonyme de perte de touts les expériences que je voulais tester.
Les conseils avisés de Henry me donnaient d'ailleurs l'envie de continuer sur cette voie. Il ne cessait de me répéter : "Avec votre personnalité et votre physique, il n'y a rien que vous ne puissiez faire."

Et en effet, jeunesse et beauté m'ouvraient toutes les portes. Grâce à ces deux qualités, je visitais depuis quelques mois les plus sombres quartiers de Londres, les soirées les plus chères, les endroits les plus sensuels, pour combler les plaisirs dont mon corps était nouvellement adepte. Je ne connaissais pas une seule personne sans toute l'Angleterre aussi prête que moi à offrir à son corps tous les désirs qu'il proposait.

Ainsi, je connaissais le goût de la sueur, du sang, du désir et de la souffrance, tout autant de délicieuses merveilles charnelles dont je ne pouvais plus me passer.

Les plaisirs auxquels je m'exposais m'étaient facilités par Henry, qui connaissait Londres mieux que n'importe qui. Grâce à lui, je pouvais pénétrer chez les hommes les plus fortunés comme dans les faubourgs les plus douteux.

Ce soir là, Henry voulait nous emmener, Basil et moi, dans un bordel que nous ne connaissons pas. Et tandis que le fiacre filait à travers les ruelles obscures, Basil et moi nous demandions ce que la soirée nous réservait.
Je sentais, malgré mes questionnements, l'excitation qui me faisait tourner la tête et qui créait, par salves, des nœuds dans mon estomac.

Lord Henry, comme à son habitude, ne laissait rien paraître sur son visage impassible. Ni sourire, ni sourcils froncés, rien qui puisse me laisser sous-entendre quoi que ce soit.

Le silence était total dans la petite cabine feutrée, et à part Basil, qui me lançait parfois de longs coups d'œil, nos regards étaient perdus dans le paysage qui défilait par la petite fenêtre.

- Dorian, à quoi pensez-vous ? demanda finalement Henry.

Je ne répondis rien, mes pensées se concentrant sur le lieu qui se rapprochait. Je ne voulais pas qu'il puisse se douter que ce qu'il me proposait me plaisait. A ses yeux, j'étais le pauvre jeune homme de 23 ans, malléable et stupide, qui n'avait aucune capacité quand il était seul. Je faisais mon possible pour lui montrer que peu importe, qu'il soit avec moi ou non, j'étais bien capable de vivre sans lui.

Enfin, le fiacre s'arrêta dans une rue peu éclairée, devant une ancienne bâtisse, fermée par de grosses portes en bois. Nous sortîmes, Henry lança une pièce au cocher, et le fiacre reparti silencieusement. Basil regardait autours de lui, l'air étonné, tandis que je suivais Henry, qui ouvrit les deux portes de bois qui fermaient le bâtiment.

A l'intérieur, des entremêlas de corps s'agitaient sur les sofas recouverts de luxueux velours usé par les âges, ou derrière les paravents de bois précieux.

Nous entrâmes dans la pièce, qui servait de hall et de pièce principale en même temps. Au dessus de nous s'élevaient de nombreux balcons, mezzanines et escaliers.
Basil faisait courir son regard partout dans la salle, étonné par tant de perversion et d'exhibition. Henry quant à lui, était déjà en compagnie d'une jeune femme dénudée.
Et moi, étonné comme à chaque visite d'un nouvel endroit, j'observais avec plaisir.

Cet endroit rassemblait tous les aspects de la luxure. Les jeunes femmes collées aux hommes à l'air lubrique, la nourriture abondante sur les tables en bois, les lourdes tentures et tissus qui recouvraient tous les meubles, l'alcool qui passait de bouche en bouche, les corps couverts de sueur qui se serrent et se desserrent au rythme des respirations saccadées, les gémissements discrets et étouffés venant des chambres…

C'était dans cette ambiance secrète et calfeutrée, chaude et sensuelle, que je me sentais le mieux. J'avais le sentiment de puissance que je n'avais nulle part ailleurs. Je n'avais pas à penser à quoi que ce soit, mon corps me dirigeait grâce à ses pulsions. J'agissais sans remords. Comme le disait Henry, "personne n'a besoin de savoir".

Je retrouvais mes réflexes, et laissais mon pardessus aux mains d'une servante, aussi dénudée que les autres femmes. Je m'avançais vers l'un des sièges recouverts de velours et me servis grandement d'un bouteille à la délicate couleur ambrée. Je m'enivrais du goût puissant de la boisson, ne m'occupant pas du couple de femmes s'affairant à m'enlever ma chemise. J'étais habitué à ce genre de choses, et leurs démonstrations de volupté ne m'intéressaient plus.
Ayant fini mon verre, je laissais les deux jeunes filles caresser mon ventre et mes jambes, et je levais la tête.

Sur la balustrade, au dessus des canapés, Basil me regardait les sourcils froncés. Je me dégageais de l'emprise de mes deux prétendantes, et couru dans les escaliers, me rhabillant come je pouvais.
J'arrivais sur la balustrade, là ou Basil me regardait, l'air mi-furieux, mi-déçu. Je sentais ses yeux qui détaillaient les pans défaits de ma chemise, mes cheveux défaits…

- Dorian… Regardez vous… Vous devenez comme Henry ! Vous ne réfléchissez plus, vous êtes devenu insensible !

Je sentais l'immense déception dans sa voix, et dans ses yeux sombres. Il me semblait enfin comprendre pourquoi Henry avait emmené Basil avec nous ce soir là. Il voulait que Basil me voit, soit déçu, et se décide enfin à briser les liens qui nous unissaient.

Cependant, je n'avais pas à me décider entre Basil et Henry, qui étaient pour moi, deux amis très proches.

- Ecoutez, Basil, il est vrai que ce soir, je ne m'encombre de rien. Mais Lord Henry n'y est pour rien mon ami. J'essaye simplement de sortir de mon esprit certains tourments qui me hantent.

Le ton suave de ma voix avait quelque peu calmé sa colère.

- Et quelles sont ces hantises ?
- Il y en a tant… Mais l'une des principales me revient tous les jours : Que puis-je faire pour vous montrer à quel point je vous suis reconnaissant, vous remercier de tout ce que vous avez fais pour moi, depuis mon arrivée à Londres…

Son visage était totalement empli d'étonnement, tandis que sans savoir réellement pourquoi, je me penchais vers lui pour poser ma bouche contre la sienne.

Il me regarda, effaré, et je craignis qu'il se mette à crier, alors que, contre toute attente, il m'embrassa à son tour, et serra ma taille de ses délicates mains de peintre.

Je sentais enfin ce que Basil retenait depuis qu'il me connaissait, toutes ses envies qui explosaient sur mes lèvres et ma langue

Même si mille fois j'avais embrassé femmes et hommes, la passion véritable avec laquelle Basil montrait son affection me touchait énormément, beaucoup plus que tous ces êtres sensuels qui agissaient sans sentiments.

S'écartant finalement de moi, les yeux clos, le souffle court, il posa sa main sur mon visage en murmurant :

- Dorian… Dorian je vous en pries, ne devenez pas comme Henry… Vous êtes la perfection incarnée, la beauté, le raffinement, l'intelligence… Ne gâchez pas ce que l'on vous offre.

Sa voix douce effaçait toutes mes autres pensées.

- Je vous aime Dorian. Vous le savez. Et même si je sens que j'ai donné mon âme entière à un être qui la traite comme une fleur à mettre à son habit, comme un bout de ruban pour sa vanité, comme la parure d'un jour d'été, j'espère vous avoir au moins montré ce qu'est d'aimer réellement. Car c'est grâce à cela que vous verrez le monde tel qu'il est vraiment. Je vous en pries, laissez l'influence d'Henry de côté…
Je ne pus m'empecher de lui répondre "Vous savez, mon ami, que les jours d'été sont bien longs…" avant de l'embrasser une seconde fois, serrant contre moi son corps ardent.

Commentaire de l'auteur : Le prochain chapitre marquera le début de la fin pour Rimbaud, et le début de sa nouvelle vie.

 
 
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