Chapitre II

'Malfoy,

J'ai réfléchi à ce que tu m'as dit, je voudrais bien qu'on se revoie… HP'

Je relus ma lettre et la jugeai vraiment stupide. Ça faisait presque une demi-heure que j'essayais de trouver quelque chose à lui envoyer. Je ne savais pas quoi écrire. Tant pis, c'était tout ce que j'avais en tête. J'étais sur le point de l'accrocher à la patte de ma chouette quand on frappa à la porte. L'individu n'attendit pas que je lui permette d'entrer. La porte s'ouvrit sur un Draco Malfoy tout souriant. Il avait entre les mains un plateau plein de nourriture qu'il déposa devant moi sur le bureau. Je restai bouche bée.

-Voilà le petit déjeuner ! Du café et des croissants bien chauds…ne regarde pas la nourriture comme ça, je t'assure, ce n'est pas empoisonné !

-Qu'est-ce que tu fais ici ?

-J'ai quelque chose pour toi !

Il agita une enveloppe devant moi.

-C'est quoi ?

-Tu verras après, pas ici. On y va ?

-Quoi ? Ou ça ? Qu'est ce qui te fait croire que je veux partir avec toi ?

- Je te l'ai déjà dit, je te connais beaucoup plus que tu ne le crois Harry !

Il me prit la lettre d'entre les mains et la déplia. J'étais trop abasourdis pour l'en empêcher. Il me regarda et dit sur un ton moqueur :

- Qu'est-ce que je te disais ? Eh bien voilà je suis là maintenant ! Je t'ai manqué ? On y va ?

-Je te rappelle que je travaille.

-Retrouve-moi dehors dans cinq minutes, le temps d'avaler tout ça… mais c'est comme tu veux bien sûr. Si tu as envie de périr ici pendant des heures et des heures à étudier des dossiers passionnants, je ne te retiens pas.

Il me laissa avec son signe de main habituel, cette fois il y ajouta un clin d'œil. Je ne pus me retenir de sourire après son départ. J'avais pour lui une étrange admiration, pour sa liberté, sa spontanéité. Il avait raison, je ne voulais pas passer une journée de plus dans ce bureau trop étouffant. J'avais besoin de sortir de prendre une bouffée d'air frais. Je passais par une période vraiment difficile et j'avais besoin de briser la routine dans laquelle je me suis emprisonné. Rien n'allait plus dans ma vie. Mon mariage battait de l'aile, je passait plus de temps à me disputer avec Ginny qu'a discuter, je ne savais plus qui j'étais et pourquoi je vivais. C'était une des raisons qui m'avait poussé à écrire à Malfoy. Cinq minutes plus tard, on marchait côte à côte.

- Alors Malfoy qu'est-ce que tu as pour moi ?

- D'abord, tu peux m'appeler Draco et puis regarde par toi-même.

Il me tendit l'enveloppe. J'en sortis un paquet de vielles photos jaunies.

- Oh attends, me dit-il en me les prenant des mains. Je ne crois pas que tu sois déjà prêt à voir celle-ci.

Il en prit une et la rangea soigneusement dans sa poche. Cela éveilla ma curiosité mais j'étais trop absorbé par le reste des clichés pour réagir.

- J'espère que tu ne regrettes pas de m'avoir rejoint aujourd'hui. Je me suis dit que ses photos pouvaient t'aider à mieux visualiser le passé.

- Non, je ne regrette pas.

- Qu'est-ce qui t'a décidé ? L'enveloppe et ta curiosité je parie.

- Pas seulement. Je t'avoue que la dernière fois j'ai retrouvé quelques morceaux de ma mémoire en ta présence. Je me suis dit que ça pourrait se reproduire.

- Je sais

- Comment ça tu sais ?

- Je lis dans tes pensées !

Je regardai une à une les photos. Toutes avaient été prises à Poudlard. Je reconnus la grande salle avec son plafond qui changeait selon le temps, les escaliers qui bougent dont on ne peut jamais prédire les caprices à l'avance et aussi certains clichés du parc et du terrain de Quiditch. J'eus soudain très envie de voler. Ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas utilisé un balai.

- C'est vrai que j'étais plutôt bon en Quiditch ?

- Plutôt bon ? Tu parles ! Tu étais l'un des meilleurs attrapeurs à Poudlard… Ça ne veut pas dire que tu jouais mieux que moi !

-Vraiment ? Je croyais qu'on battait presque tout le temps Serpentard.

- Moi j'appelle ça de la chance.

-Mauvais perdant… et ça c'est quoi ?

Je pointais une gargouille du doigt.

- Le bureau de Dumbledore se trouve juste derrière.

Rogue nous a conduit jusqu'à l'entrée du bureau de Dumbledore. Il a prononcé le mot de passe et la gargouille a libéré le passage. Une fois la porte franchie, un escalier colimaçon en bois nous a élevé lentement.

- Potter, je voulais te dire que je crois quand même au retour de Voldemort.

- J'imagine que tu as déjà choisi ton camp !

Je l'ai regardé avec défi. Il n'eut pas le temps de surenchérir car on était déjà arrivé. C'était une belle et grande pièce circulaire pleine de petits bruits bizarres. Les murs étaient recouverts de portraits d'anciens directeurs qui somnolaient tranquillement dans leurs cadres. Dumbledore était assis derrière un énorme bureau aux pieds en formes de serres. Il paraissait préoccupé.

- Asseyez-vous. Mr Malfoy est déjà au courant de tout. Je t'avais déjà dit Harry que je me préparais à un retour de Voldemort et maintenant c'est arrivé, tu en as été le seul témoin direct. Tu sais qu'il ne faut pas compter sur l'aide du ministère. Ils n'oseront jamais nous croire, c'est parce qu'ils ont peur. Ils ne veulent surtout pas gâcher leur illusion de sécurité. Tu es en danger. On est tous en danger Harry. Il faut connaitre chacun des projets et des déplacements de Tu-Sais-Qui. Seuls ses serviteurs peuvent avoir accès ces informations. Tu vois ce que je veux dire ?

J'étais perplexe. Pourquoi me parlait-il de cela en présence de Malfoy?

- Un espion ?

- Voilà, tu commences à comprendre. Il faut quelqu'un en qui il peut avoir confiance.

- Mais qui le trahirait quand même…

- …parce que cette personne n'est pas ce qu'il croit. Il pensera que ce n'est qu'un fidèle mangemort comme les autres. Il faut que ça soit quelqu'un de discret, et d'indispensable à Voldemort.

- Comme qui ?

- Lucius Malfoy était l'un des mangemorts les plus proches du seigneur des ténèbres.

- Lucius espionnerait Voldemort pour nous ?

- Non Harry…son fils, Draco. Sa présence à Poudlard peut le rendre important aux yeux de Tu-Sais-Qui.

Draco a hoché la tête. Je me suis demandé pourquoi Dumbeldore lui ferait confiance. Le directeur a dû remarquer ma confusion. Il me dit :

- Je sais qu'il n'y a jamais eu une grande entent entre vous deux mais c'est un point positif. Il faut que tout le monde croie que vous êtes ennemis.

La scène s'était un peu embrouillée dans ma tête. Quelques secondes après, c'était redevenu clair mais j'étais seul avec Dumbledore.

- Professeur, on ne peut pas lui faire confiance. C'est un complot. C'est l'idée de Voldemort, il veut nous contrôler.

- Non Harry…c'est mon idée. J'y pensais depuis très longtemps déjà. Avant même que vous ne vous rencontriez. Votre rivalité était prévue d'avance. Fais-moi confiance.

Je ne savais pas comment le prendre. Je ne me suis jamais senti aussi désorienté. Cédric avait disparu devant mes yeux, Voldemort était de retour et Dumbledore m'avait manipulé. Je me suis demandé ce qui se serait passé si Malfoy n'avais pas fait autant d'effort pour paraître ignoble. J'aurais peut être accepté son amitié et je serais surement à Serpentard. Tout aurait pu être diffèrent.

Depuis, j'ai remis en question mon jugement sur Malfoy. Apres tout, tout ce que je connaissais sur lui était peut être une façade créee par le directeur. Mais rien n'avait changé entre nous et je me suis souvent surpris à me demander à chaque fois qu'il se moquait de moi s'il le pensait vraiment ou si s'était juste un rôle à jouer.

J'allais ouvrir la bouche pour parler à Malfoy de ce que j'avais vu mais il me devança :

- Attends, Harry, promet moi que tu ne me poseras pas de question sur le passé, qu'on ne parlera pas des souvenirs que tu es en train de retrouver.

- Pourquoi ?

- Tu découvriras que j'ai mes raisons. Je veux que tu apprennes tout, tout seul.

Je te le promets.

On marcha un moment en silence jusqu'à ce que je me rende compte que je n'avais aucune idée de l'endroit où on devait aller.

-Ou est-ce qu'on va ?

-J'espère que tu tiens toujours sur un balai, on va savoir une fois pour toute qui de nous est le meilleur attrapeur.

-Tu lis vraiment dans mes pensées !

Draco m'emmena sur un terrain de Quidditch qu'il avait loué pour la matinée. On se procura deux balais. J'enfourchai d'abord le mien et essayai de prendre de l'altitude. Je fis quelque tours dans l'air avec attention puis en constatant que j'avais gardé une bonne maitrise de l'envol j'accélérai un peu. Le vent me fouettait le visage et je sentis mes yeux picoter. Je retrouvais des sensations que j'avais perdues depuis longtemps. J'atterris à côté de Malfoy.

- Je crois que je suis prêt. Tu peux lâcher le vif d'or.

- Il y a du vent. On va essayer quand même mais sois prudent.

- Il y a trop de vent. Il va falloir annuler l'entrainement d'aujourd'hui.

Il eut des protestations mais le capitaine avait raison, le vol était presque impossible dans un temps pareil. Le terrain se vida quelques instants après. Je suis resté jusqu'à ce qu'il n'y ait plus personne. Malfoy m'observait depuis les gradins. Après m'être assuré qu'il n'y avait personne, je suis allé le rejoindre. Il m'a parlé de Voldemort . Il m'a dit que le manoir des Malfoys était maintenant son quartier général.

- Pourquoi tu fais tout ça ? Pourquoi tu as choisi d'être contre le seigneur des ténèbres plutôt que du côté de tes parents ?

- Parce que j'ai aussi des raisons d'en-vouloir à Tu-Sais-Qui. Mes parents et le reste des mangemort ne sont que ses prisonniers, j'ai vu mon père commettre les pires crimes pour lui. Maintenant, il est en train de mettre en place une armée faite de ses esclaves. La guerre ne va pas tarder à se déclencher.

Je lui ai parlé de l'armée de Dumbeldore, cette organisation secrète qu'on avait créée afin d'apprendre à nous défendre. Je lui ai proposé de s'entraîner avec nous parce que c'est lui qui en avait le plus besoin mais on n'était pas censés traîner ensemble. On s'est alors mis d'accord pour qu'on s'entraîne rien que tous les deux et on s'est donné rendez-vous le soir même à la salle sur demande. Je n'ai jamais parlé du plan de Dumbeldore, pas même à Ron ou a Hermione, je leur ai dit que j'étais en retenu afin d'expliquer mon absence.

Le vif d'or virevolta à la hauteur de mes yeux comme pour me narguer et disparut de mon champ de vision. On s'élança à sa poursuite. On était au même niveau et on volait l'un à côté de l'autre. En une fraction de seconde je me rendis compte que je ne voyais plus la petite balle. Draco avait déjà changé de direction il tendit la main et saisis le vif.

- Ce n'est pas de ma faute je manque d'entrainement !

- Mauvais perdant…

- Bien joué !

- Spero patronuuuuum

La masse informe argentée de filaments qui sortait de la baguette de Malfoy a pris la forme d'un aigle royal. J'étais content qu'il ait enfin réussi à créer un patronus.

- Bravo ! bien joué.

Il avait une expression que je ne lui connaissais pas auparavant. Un sourire qui n'avait rien d'ironique ou de moqueur et un regard plus brillant que jamais.

- Merci Harry. Tu es vraiment un bon professeur !

- Tu as bien travaillé aussi !

On s'est regardé et on a ri. Ça faisait presque deux mois qu'on s'entrainait environs deux fois par semaine. Derrière les murs de la salle sur demande, on était plus ces deux personnes qui passaient leur temps à se battre. Il y avait une véritable entente, toujours accentuée par l'ironie de Draco bien sûr. Une amitié particulière se mettait en place. Je dirais même que c'était plus qu'une simple amitié.

On joua au Quiditch jusqu'à midi. On alla ensuite déjeuner et je regagnai mon bureau vers quinze heures. Je dus simuler une indigestion alimentaire afin d'expliquer mon absence. J'avais du courrier sur mon bureau. Une lettre de Ginny, ou elle me rappelait de faire les courses pour ce soir et une photo. C'était la photo que Draco avait cachée le matin. Je crus que mon cœur cessa de battre. Sur la photo, Draco me serrait dans ses bras, il déposait un baiser tendre sur mes lèvres. Le Harry de la photo rougissait, moi j'ai failli m'évanouir, je passai du blanc au vert et puis finalement, je rougit. Un message était écrit au dos du cliché :

Retrouve-moi au cimetière de LaRock demain à 18h. DM

Le cimetière ? Pourquoi ? Décidément, Draco Malfoy ne cessera jamais de me surprendre.

Il se fait tard. Je commence à avoir vraiment froid. Le soleil va presque se coucher et je suis seul dans un cimetière au milieu de nulle part. Je sais qu'il va venir. Il m'a dit qu'il viendrait et je ne doute pas de sa parole. Je lui fais confiance. Il faut que je lui parle. Je crois entendre un bruit. Je me retourne. Je retiens ma respiration. C'est juste un chat, assis sur une pierre se relève et s'éloigne. Je peux lire avec effroi le nom écrit dessus avec des lettres gothiques :

'Draco Malfoy '

A suivre.