Merci à E.T. d'avoir remarqué que j'avais oublié de poster le dernier chapitre alors qu'elle l'avait déjà fait sur FP...
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Chapitre 3
La nouvelle jeune femme sorti par le même chemin et retrouva son cheval qui attendait paisiblement son retour. Il trottina vers elle en hennissant, elle grimpa sur son dos et prit la direction du château. Quand elle arriva près des écuries, elle entendit crier.
- Madame ! Monsieur ! Venez vite, Mademoiselle est de retour !
Elle vit ses parents se précipiter à sa rencontre, marquer un temps d’arrêt et la serrer dans leurs bras à l’étouffer.
- Mais que ce passe-t-il ? demanda-t-elle.
- Mais enfin, cela fait près de 3 jours que tu as disparue !
- Quoi ??? Autant que ça !
- Rentrons, fit le comte.
Ils se rendirent tous dans la bibliothèque. Elle n’osait pas poser la question qui lui brulait les lèvres, où était il ?
- Tancrède ? Commença son père.
- Non, Morgiane, maintenant ; Tancrède n’est plus désormais…
Elle leur raconta son extraordinaire expérience. Ils l’écoutaient religieusement, des larmes coulèrent sur leurs joues car ils avaient perdu un fils, mais dans le même temps, gagné une fille.
- Papa, maman, où est Archibald ?
Elle guettait leur réponse rongée par l’inquiétude.
Ils lui sourirent un peu gênés.
- Il est retourné chez sa tante.
- Pourquoi ?
Son père s’éclaircit la gorge.
- Hum, quand tu as disparue, nous avons pensé que tu avais fait une « bêtise », nous étions désemparés, et je l’ai chassé en l’accusant d’être la cause de tout ceci. Il paraissait très malheureux lui aussi, mais je ne pouvais plus supporter de le voir, j’aurais pu faire une chose que j’aurais regretté.
- Je comprends, il est parti… tu as les clés de ma Lamborghini ?
- Mais, c’est pour tes 25 ans !
- Et bien je prends de l’avance, je crois que j’ai pas mal mûri ces dernières 72 heures !
Sa mère la pris dans ses bras et la contempla avec fierté.
- Tu es magnifique, ton Archibald a beaucoup de chance…
- Merci maman.
Elle se vit dans le miroir et sourit, elle était sûre d’elle, plus que jamais, et prête à tout pour le conquérir.
- Vient avec moi.
Elles montèrent dans la chambre.
- Je voulais te parler sans ton père… voilà, hier matin j’ai senti mon cœur se serrer et un souffle froid le transpercer, d’après ce que tu viens de nous expliquer, ça doit être quand tu es… mort, je sais que ton père l’a ressenti aussi, même s’il ne m’en a rien dit. Bref, quand ton ami est descendu pour partir, je suis allé le voir, il se sentait si coupable, en voyant sa tête, j’ai immédiatement su que nous n’avions pas été les seuls à te croire mort… il était livide, j’ai cru un moment qu’il allait s’évanouir, il avait l’air si désespéré, son visage est si expressif le pauvre chou.
Elle lui sourit tendrement.
- Va vite le retrouver, il t’aime mais ne le sait pas encore. Ai confiance, tu as changé mais tu es resté « le » même, il lui sera impossible de te résister !
Elles rirent de bon cœur toutes les deux, et choisirent quelques vêtements que Morgiane rangea dans un petit sac de voyage. Elle prit la route 15 minutes plus tard pour la capitale.
°oOo°
« Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici :
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci. »
Enfermé dans le noir depuis la veille, les premières stances de ce poème de Baudelaire tournaient dans sa tête. C’était le milieu de la nuit et il n’arrivait pas à dormir. Pourquoi avait-il fait ça ? Il était mort maintenant, il le savait, il avait même cru qu’il l’entrainerait avec lui dans la tombe, tant sa douleur avait été intense, comme si on lui déchirait le cœur. Il ne se rappelait pas avoir autant souffert du décès de ses propres parents, pas aussi viscéralement. Etait-ce parce qu’il avait vu son âme ? Ou parce qu’il y avait autre chose, qu’il n’arrivait pas à nommer ? Il ne désirait plus qu’une chose : oublier, laisser derrière lui cet été funeste, allait il devoir fuir à nouveau, était-ce une fatalité pour lui, trouverait-il un jour le repos ? Des questions, encore des questions, trop de questions, et si peu de réponses… Il sombra lentement dans les bras de Morphée, enfin.
- Non, lâche-le ! Ne part pas !
Il se réveilla en sursaut, trempé de sueur. Il soupira, essayant de retrouver son souffle, c’était un cauchemar… Il regarda l’heure : 8h06. Il retomba sur l’oreiller, il avait quand même réussi à dormir un peu. Il se leva et parti directement sous la douche, les dernières images de son rêve le poursuivirent jusque là… l’eau ne les chassa pas plus.
- Merde à la fin !
Il sorti de la salle de bain, s’habilla et sorti de la maison. Il prit machinalement le métro et s’arrêta plusieurs stations après, vers Les Halles. Il entra dans un bar et commanda une bière alors que la plupart des clients en était seulement au café. Il prit sa tête dans ses mains, il se voyait, les yeux rivés dans ceux de Tancrède, passer ses doigts dans ses doux cheveux blonds puis un énorme dragon blanc apparu et l’enleva sous ses yeux, l’enserrant dans ses griffes, alors qu’il s’envolait rapidement au loin, il lui courait après en s’époumonant avant de tomber d’une falaise.
- J’aurais mieux fait de ne pas roupiller, grommela-t-il.
Il saisit son téléphone portable et appela quelques potes, manque de chance, ils étaient tous en vacances hors de la ville ou occupés. Il soupira de lassitude. Il avait un goût de cendre dans la bouche, vida d’un trait ce qui restait dans son verre et en demanda un autre. Il frissonna, il n’avait pas remarqué la TV allumée sur une chaine musicale et comble de malchance, il reconnu Sing for absolution. Il ferma les paupières, elle était passée en boucle, ad nauseam, le jour où il avait disparut pour ne jamais revenir, il ne l’avait jamais entendue auparavant, mais la connaissait par cœur maintenant…
“(…) Tiptoe to your room / A starlight in the gloom
I only dream of you / And you never knew
Sing for absolution / I will be singing
And falling from your grace (…)”
Il se réfugia dans les toilettes pour ne plus l’entendre, cela lui rappelait sa lâcheté, il aurait dû rester avec lui, ne pas obéir, l’empêcher par tous les moyens de mettre fin à ses jours… Qui lui donnerait l’absolution ? Il ne trouvait même pas grâce à ses propres yeux… il fallait qu’il arrête de broyer du noir, ou il allait devenir fou, mais comment échapper à sa conscience ? Il ressorti et se rassit à sa table pour finir sa bière. Il s’abima quelques instants dans la contemplation du liquide ambré, l’alcool ? Mouais, bof… encore qu’une bonne biture peu parfois ( ?) remettre les idées en place, il en aurait surement besoin, dans un premier temps du moins, ça l’empêcherait de trop penser…
°oOo°
Le monstre orange rugissant avalait les kilomètres à un rythme effréné, la jeune femme s’interrogeait, beaucoup de questions restaient en suspend malgré tout. Allait-il la (le) reconnaître immédiatement ? Cela n’avait pas été le cas pour ses parents, aussi elle doutait qu’il n’en fut pas de même pour lui. Comment allait-elle s’y prendre alors ? L’aborder et lui dire « salut, c’est moi Morgiane ex-Tancrède tu me reconnais ? », non bien sur, complètement ridicule ! Le charmer, ou mieux attirer son attention pour qu’il la drague ? Elle n’avait aucune expérience en la matière, elle avait été un garçon très sage malgré les nombreuses sollicitations… et pas mieux en tant que fille !
Elle avait une sensation étrange, comme si la mémoire de Tancrède s’était diluée pour laisser place à la sienne, sans pour autant vraiment s’effacer, cela n’était pas très confortable, mais elle ne voulait pas voir son « passé » disparaitre entièrement, elle devait lutter, surtout pour garder ce qui concernait Archibald…
Elle arriva à l’hôtel particulier que possédait sa famille assez tard, aussi elle décida de se reposer et de commencer à élaborer une stratégie de conquête dès le lendemain matin, elle n’avait pas de temps à perdre.
Elle se leva de bonne heure et prit rapidement son petit déjeuner, la nuit portait conseil, et elle avait le début d’un plan… il était encore trop tôt pour appeler son « fiancé », et ex-meilleur ami, qui fréquentait la même école du temps où il était garçon. Hector était son double : même stature, même beauté, mais il était aussi noir de cheveux qu’il était blond et ses yeux gris changeants lui conféraient un magnétisme incroyable. Elle n’était pas sensé connaître Archibald, mais lui oui, elle allait donc s’en servir pour l’approcher, ce n’était pas très correct, mais en amour comme à la guerre ! Une chose l’ennuyait un peu, elle n’avait plus la même connexion avec l’anglais qu’avant, surement car elle ne le côtoyait pas dans cette vie…
Mais elle se sentait plus forte, moins vulnérable, plus confiante et aussi un peu plus retors en femme, peut-être était ce dû aux millénaires de domination masculine ? Les hommes, si sûrs de leur supériorité avait forgé sans le vouloir leur caractère, leur plus grande résistance psychologique, leur abnégation. Décidemment, elle était définitivement mieux en femme !
Elle se détaillait dans le miroir de la salle de bain, elle n’avait pas encore eu l’occasion de se voir ainsi, elle s’examina sous toutes les coutures. Il devrait l’aimer ainsi et elle ferait ce qu’il fallait pour cela… Une fois pomponnée, elle descendit et prit son téléphone.
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Il avait mal à la tête, c’était le principal inconvénient de la cuite, la gueule de bois… Il était rentré tard et avait passé la journée à trainer de bar en bar pour finir sur un banc public à cuver avant de se réveiller et de revenir chez sa tante. La pauvre était très inquiète pour lui, mais emmitouflé dans sa tristesse, il n’en n’avait cure… Il avait du mal à comprendre pourquoi cette mort l’affectait à ce point, il se sentait responsable, certes, mais quand même, tout était allé si vite, pourtant il n’avait pas été « méchant » et avait essayé de compatir.
- Ouille, des aspirines, par pitié !
Il se traina jusqu’à la salle de bain, pris les médicaments et se doucha pendant une bonne demi-heure. Il fallait qu’il mange ou il allait gerber, foutue hypoglycémie… il déjeuna et s’avachi devant la télévision, les programmes étaient tous plus débiles les uns que les autres, il zappait de téléachats, en séries archi rediffusées, sans compter les jeux bidons et les docus animaliers.
Qu’allait-il faire maintenant ? Pas seulement aujourd’hui, plus tard aussi, son stage était à l’eau et ça ferait tâche sur son CV… il espérait que Morteterre sénior serait clément, ce qui n’était pas gagné d’avance, il pouvait ruiner sa vie rien qu’en bougeant le petit doigt. Il se demandait ce qu’il avait pu dire à Tancrède ce jour là, car c’est à la suite de son intervention qu’il était parti, il lui avait fait partager sa peine, Dieu seul sait comment. Il était bientôt midi, sa tante allait rentrer du boulot, il réchaufferait le gratin de légumes pour elle, il n’avait pas faim. Il remonta dans sa chambre et se recoucha.
Vers 17h00 il rouvrit un œil et, constatant qu’il allait mieux, se dit qu’il n’avait pas consulté ses e-mails depuis longtemps et alluma son portable. Il n’y avait pas grand-chose, ah si, un message collectif des étudiants de son école qui invitait tous ceux qui se trouvaient dans la capitale à une soirée dans un resto plutôt chicos à 20h00 puis dans une boite branchée, le soir même. Pourquoi pas ? Ca lui changera les idées de voir quelques têtes connues, de parler un peu et de ne pas picoler seul, mais il sauterait le resto, il n’avait pas les moyens, surtout maintenant.
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La première partie de son projet se passait comme prévu, Hector avait gobé son histoire et lancé cette invitation avec d’autres copains, restait maintenant à savoir si Archibald allait venir, une inscription était requise pour le restaurant. Elle était inquiète, et s’il ne venait pas ? Elle aurait surement à tenter une approche plus directe… pour tromper son angoisse, elle prit la carte de Paris et banlieue pour repérer où il était grâce à son pendule, elle le localisa facilement à son adresse officielle et respira, au moins il n’était parti ailleurs. Mais son aura, au lieu d’être blanche, était violette trahissant son état émotionnel perturbé.
Elle lâcha l’objet en cristal et la lueur s’éteignit. Avait-elle encore en elle assez de Tancrède pour se connecter avec lui et percevoir ce qui le mettait dans un tel état ? Elle reprit le médiateur et se concentra sur lui, la lumière vira à nouveau au violet, mais elle n’arriva pas à établir le contact. Elle s’affola, elle était en train de le perdre, comment était-ce possible ? Son amour faiblissait-il ? Elle respira pour se calmer un peu et essaya de réfléchir posément. Qu’y avait-il de différent entre sa vie actuelle et l’autre… elle se rappela ce que le Conseil des Sages lui avait dit, que ses parents, Archibald et lui/elle ne l’oublierait pas, alors pourquoi ? S’étaient ils trompés ? Soudain, elle eu comme une illumination, et si le fait de ne pas le connaître dans cette vie faisait qu’elle ne pouvait pas être amoureuse de lui ? C’était plutôt logique en fait, c’était Tancrède qui était éperdument épris pas elle, elle ne savait même pas à quoi il ressemblait ! Egoïstement, elle éprouva un certain soulagement, s’il ne l’aimait pas, elle n’en souffrirait pas…
Néanmoins, par égard à son existence passée, elle devait le faire, aussi elle s’habilla de façon recherchée, classe et sexy, car si elle voulait le séduire, elle devait être au top. Elle su qu’elle avait atteint son but en voyant des étoiles se mettre à briller dans les yeux d’Hector quand il passa la prendre. Ils arrivèrent sans encombre, mais en retard, au restaurant où elle constata dépitée après les présentations, qu’il n’était pas là… son plan n’avait pas fonctionné, mais tant pis, elle était au bras d’un mec sublime et comptait bien s’amuser quand même.
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Il était en avance, aucun des étudiants qu’il connaissait n’étaient encore arrivé. Il s’assit au bar et commanda une vodka orange, il avait droit à un certain nombre de consommations avec l’invitation, cela ne lui coûterait pas trop cher de se torcher ce soir, il ruminait toujours des idées noires. Un groupe débarqua, discutant joyeusement, il reconnu Léo et lui fit signe.
- Salut mon pote ! Je te croyais en Bretagne chez Morteterre.
- Ouais, il y a eu un petit problème et j’en ai profité pour revenir ici quelques jours, mentit-il.
- Rien de grave ?
- Non, répondit-il laconique. Et toi alors, rentré ou pas encore parti ?
Ils continuèrent ainsi sur un ton badin, quand une deuxième fournée fit son apparition. Son sang ne fit qu’un tour en voyant la jeune beauté accompagnant Hector. Léo le laissa pour rejoindre les autres assis sur les canapés. Le jeune homme ne pouvait détacher ses yeux de la blonde.
- Waouh, d’où il la sort celle là, murmura-t-il, elle est...
Il ne trouvait pas de mots assez forts pour la décrire : sublime, magnifique, époustouflante, merveilleuse… son cœur s’était emballé et il était sur d’avoir rougi de la tête aux pieds tant il avait chaud tout à coup.
- Qu’est ce qui m’arrive ?
Une petite rouquine boulotte qui en pinçait pour lui s’approcha et le salua.
- Archibald ! Je suis contente de te voir ici…
Elle commença à lui raconter des choses qu’il n’entendait même pas, ne lui prêtant aucune attention. Elle s’en rendit compte et vit son regard rivé sur Morgiane, et assena fielleuse.
- Oh, tu as vu ? Hector est venue avec sa fiancée, ils vont bien ensemble non ?
Il émergea en comprenant ce qu’elle venait de dire.
- Euh, oui… c’est qui ?
- Morgiane de Morteterre, tu ne l’as pas rencontré au château, chez son père ?
Ce fut comme si le tonnerre avait éclaté au dessus de sa tête.
- Morteterre… répéta-t-il ébahi, ils ont une fille ? Réussi-t-il à articuler, en s’agrippant au bar pour ne pas tomber.
- Ben, oui, t’es bizarre tu sais, ça va ?
- Oui, oui, t’en fait pas, un peu de fatigue c’est tout.
Lassée de faire seule la conversation, elle parti. Il continuait de regarder son coup de cœur à la dérobée, elle le fascinait, mais Carole se trompait, Tancrède était leur unique enfant, elle avait confondu, ce devait être une cousine… il s’aperçut qu’il serrait son verre si fort que ses jointures blanchissaient.
L’objet de toute son attention se leva gracieusement et s’avança vers le bar, arrivée près de lui, elle remarqua le sceau sur sa main et se tourna vers lui un sourire aux lèvres. Celui-ci disparut instantanément quand leurs regards s’accrochèrent. Ils s’étaient figés, incapables de prononcer le moindre mot ou de bouger. De petites étincelles ressemblant à de minuscules feux d’artifices apparurent autour d’eux, les lumières de la salle eurent des ratées et s’éteignirent. Il y eu des cris et ils secouèrent la tête dans un même geste et la lumière revint. Ces manifestations magiques firent renaitre des sensations chez le jeune homme qui se reprit comme une gifle les paroles de la rousse « Hector est venue avec sa fiancée… Morgiane de Morteterre ».
Il blanchi, se leva hâtivement malgré ses jambes flageolantes et sorti presque en courant de la boite. Les larmes coulaient sans retenues sur ses joues, cela faisait si longtemps qu’elles étaient contenues, qu’elles se déversaient en torrent, les sanglots oppressaient sa cage thoracique. Ses yeux… il aurait juré que c’était ses yeux, elle lui ressemblait comme une jumelle. Il s’adossa à un mur pour reprendre sa respiration, ferma les paupières et se laissa glisser au sol, les 2 visages se superposaient et il comprit enfin la raison de son affliction, Tancrède avait réussi à trouver le chemin de son cœur, mais il s’en rendait compte trop tard…
La jeune femme, le cœur battant à tout rompre le regarda déguerpir sans réagir. C’était quoi ça ? Elle avait été complètement retournée par ce type, elle était surprise de sa réaction aussi soudaine qu’intense. Hector l’avait rejointe en voyant la scène.
- Ca va, il t’a importuné ?
- Non, je ne sais pas ce qu’il a eu, il est parti d’un coup… qui est-ce, tu le connais ?
- Bien sur, nous étions dans la même classe, c’est Archibald Rochester.
-QUI ??
Elle se précipita à sa suite, laissant son fiancé planté là, désarçonné.
Elle courait malgré ses hauts talons, c’était lui ! Elle le retrouvait enfin et il s’enfuyait, pourquoi ? Le flot de sensations qui l’avait envahi quand leurs yeux s’étaient croisés lui avait fait monter le rouge aux joues et surtout (re)découvrir ce sentiment violent et doux à la fois, impérieux et délicat, qui s’était épanoui comme une fleur enchantée après la pluie dans un désert aride, s’emparant d’elle sans lui laisser la moindre chance de s’échapper... Elle l’aperçut enfin assis par terre et s’approcha en tremblant.
- Archibald ?
Elle vit qu’il pleurait, s’accroupit devant lui et lui tendit un mouchoir en papier. Il s’essuya et se moucha discrètement. Ils se relevèrent.
- Merci… tu sais qui je suis ?
Elle lui sourit.
- Je me suis renseignée quand tu es parti. Ca va mieux ?
- Je ne sais pas, non en fait, mais excuse moi, ça n’a rien à voir avec toi.
- Tu te trompes, ça me concerne directement au contraire.
Il la regarda étonné et fut à nouveau frappé par la ressemblance. Son pouls s’affola de plus belle et il frissonna, son trouble allait grandissant.
- Je… je ne comprends pas. Qui es-tu ?
- Je suis Morgiane de Morteterre.
Les traits du garçon se crispèrent.
- Es-tu vraiment la fille de Geoffroy et Aliénor ?
- Oui, bien sur.
- Et… Tancrède ?
Il paraissait si perdu et malheureux. Comment lui faire réaliser qui elle était et tout l’amour qui l’habitait, simplement régénéré par son regard, sans entrer dans de grandes explications ? Soudain, une réminiscence de Tancrède refit surface. Elle sourit, elle avait trouvé…
- Donne-moi ta main.
Elle la posa sur son cœur et fit de même avant de murmurer : lectum in anima mea in corde lectus / Credo Non vereor…
FIN
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L'illustration a été faite par la personne à laquelle cette histoire était destinée. |