Le blondinet et le brun déboulèrent dans la salle de musique n°3, essoufflés et les yeux pétillants de joie. Délaissant leurs clientes, les autres membres du cercle les rejoignirent et les pressèrent de questions. Honi leva une main, signifiant qu’il ne pouvait pas encore parler, plié en deux pour reprendre son souffle. Mori s’appuya contre la colonne la plus proche et passa une main sur son front en sueur en jetant un regard circulaire dans la salle. Il espérait sans trop y croire mais si les médecins avaient dit vrai…
- Yuna vient de nous appeler, déclara enfin Honi en se redressant. Les médecins disent que la tumeur se résorbe. Toute seule. Ils veulent lui alléger son traitement.
Il rit et fondit en larmes, la nervosité qui le rongeait ces dernières semaines le quittant soudainement. Mori lui posa une main sur la tête, muet comme à son habitude mais d’émotion cette fois-ci. Leur cousine allait s’en sortir.
- Comment l’expliquent-ils, demanda Kaoru, sceptique. - Certaines tumeurs disparaissent sans que l’on puisse savoir pourquoi, répondit Kyoya. Mais de nombreux médecins pensent que ce phénomène se produit grâce à la volonté du malade. Une maladie ne se combat pas uniquement avec des traitements. Il faut croire en la vie. - Je pense que sa colle bien à la personnalité de Yuna, confirma Tamaki. C’est une battante. - C’est vrai. Elle ne s’est jamais laissée aller même dans les pires moments de sa vie, ajouta Mori.
Il surprit tout le monde de par la longueur de sa tirade et le sujet en lui-même. Cela pouvait dire tout et n’importe quoi. Mais Kaoru avait comprit à quoi il faisait référence
Les deux sempaïs savaient que le jeune homme était au courant de ce qui était arrivé à la jeune fille dans son enfance et avaient été soulagé de constater que son comportement à son égard n’en avait pas était changé, si ce n’était qu’il avait beaucoup de respect pour elle. Il n’en avait parlé à personne, même pas à son jumeau, chose qui l’avait fait énormément culpabiliser sur le moment mais après réflexion, il s’était dit que ça ne regardait que la jeune fille et qu’il n’aurait pas dû être au courant à la base. Alors, il s’était tu, faisant comme s’il ignorait.
- Il n’empêche qu’elle reste fragile, dit-il enfin. - Oui, Yuna est très sensible, lui accorda Honi. - Et si on lui préparait une fête de bienvenue, proposa soudain Haruhi. Elle devrait faire sa rentrée dans la classe de Tamaki et Kyoya la semaine suivant le bal du cercle, non ? - Oui. On pourrait la présenter à ce moment-là, approuva le King, enchanté. - Et on lui ferait jouer du violon, dit Honi, enthousiaste. - C’est décidé, alors, déclara Tamaki. Nous présenterons Yuna au monde lors de notre bal.
Tous approuvèrent joyeusement avant de retourner à leur poste, auprès des clientes qui commençaient à s’impatienter. Mori et Honi s’assirent sur un canapé, à l’écart pour souffler. Ils ne s’étaient toujours pas remis de la nouvelle.
- Elle continue à nous épater, fit Mori. - Et ce n’est pas fini, à mon avis, répondit son cousin en soupirant d’aise. Tu crois que nos parents sont dans le même état que nous, ajouta-t-il en riant. - Sûrement. Je crois que Yuna a une place particulière pour toute la famille. - C’est vrai. En même temps, c’est la seule fille. - Exact.
Ils se sourirent et se décidèrent à rejoindre la table où leurs premières clientes les attendaient impatiemment. Tous les membres du cercle eurent le droit à un interrogatoire mais aucun ne dévoila la raison de leur étrange comportement, eux qui faisaient passer le confort de leurs hôtes avant eux, en général, les avaient laissé en plan à l’arrivée de leurs aînés.
- Vous le découvrirez lors de notre bal, dans une semaine, glissa stratégiquement Kyoya.
Poussés par la curiosité, les élèves, filles ou garçons, ne manqueraient pas l’évènement. Car l’information ne tarderait pas à faire le tour du lycée. Et il fallait à tout prix qu’ils satisfassent leur clientèle sinon, cela nuierait à leur réputation.
A la fin de la journée, il demanda discrètement aux jumeaux de commencer à dessiner plusieurs modèles de robes pour la jeune fille et à leurs sempaïs de demander dans le plus grand secret à leurs mères ses mensurations. Tous approuvèrent et se donnèrent rendez-vous le lendemain à la pause déjeuné pour décider de la marche à suivre. Car Yuna ne devait pas se douter de ce qu’ils lui préparaient. |