Quand ma prof de français nous a demandé de raconter un coup de foudre, voilà ce que j'ai écrit, hautement inspirée par un passage du roman La disparition de Richard Taylor d'Arnaud Cathrine.
Et j'avais une certaine envie de partager cette petite chose.
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14 septembre 2011 (mercredi), 21h07
J’ai croisé l’amour de ma vie aujourd’hui. Dès le premier coup d’œil je suis tombée amoureuse d’elle, de son air fatiguée, de ses yeux à demi fermés, de ses longs cheveux coiffés à la va-vite, de ses mains tachées d’encre, de ses baskets délavées et de ses dents qui croquaient dans son pain au chocolat.
Ma vie en a été totalement bouleversée. Tout ce qui m’avait paru important jusque-là, mes peurs, mes joies, mes malheurs, tout ça n’était rien. Il n’y avait plus qu’une seule chose qui comptait à mes yeux, et c’était elle.
Je ne pensais plus correctement, j’avais peut-être oublié de respirer et je crois bien qu’à l’intérieur de moi tout avait décidé de changer de place.
Elle ne me regardait pas et je me suis demandé comment c’était possible qu’elle ne sente pas que l’air entre nous avait changé de consistance, comment c’était possible qu’elle ne sente pas mon regard sur elle alors que mes yeux n’avaient jamais regardé à ce point-là, comme s’ils voulaient absorber son image. Je me suis surtout demandé comment c’était possible qu’elle reste impassible alors qu’elle était subitement devenue le centre de mon existence.
Il fallait qu’elle me regarde, il fallait qu’on s’embrasse, là, tout de suite, il fallait juste que l’on se reconnaisse l’une l’autre et on serait heureuses pour le reste de notre vie.
Mais je suis restée pétrifiée et comme incapable de réagir face à la puissance de ce qui m’assaillait. Je savais que je n’ouvrais pas la bouche et pourtant j’avais la sensation de l’appeler de toute ma force.
Mais mon appel silencieux n’a pas suffi et elle est sortie du RER à Notre-Dame sans m’avoir seulement vue.
Les portes en se refermant m’ont donné un coup violent dans l’estomac. Jamais je ne m’étais sentie si seule. Je suis restée suffocante et les larmes aux yeux, si troublée que j’ai failli rater ma station.
Si je la revois, il faut que je lui parle. Je ne sais même pas à quoi ressemble sa voix. |