Stellane
Auteur : haniPyanfar
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Quatrième partie : Draco, Stellane, Harry
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Chapitre 19 : Vélanes
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De mai 2008 à mai 2009.
Juillet 2008. Bulgarie.
Répondant à l'invitation du comte Borodisov, Draco, Gabrielle et Stellane s'envolèrent pour Sofia au milieu du mois de juillet. En arrivant à l'aéroport de Londres, le jeune homme se souvint de son premier voyage en avion et de sa terreur ce jour-là. Il partait en exil forcé dans un pays lointain, c'était la première fois qu'il prenait un moyen de transport moldu - qui plus est dans les airs ! - et il ne savait pas comment il serait accueilli à l'arrivée. Il avait encore en tête l'horreur des procès et au bras la douleur du sceau de Justice, " l'Interdict " qui le privait de sa magie pour cinq ans.
Mais finalement c'était loin dans le passé, tout s'était arrangé après bien des péripéties et c'était une famille heureuse qui débarquait à Sofia où Greta les attendait. La jeune sorcière allemande était restée en Bulgarie. C'était la bibliothécaire et la secrétaire du Comte à plein temps. Elle était parfaitement intégrée dans le pays où tout le monde trouvait normal le fait qu'elle partage la vie d'une autre jeune femme blonde. Elle était heureuse de revoir Draco et sa fille. Elle disait que l'enfant à l'étoile lui avait porté bonheur.
Stellane aussi se souvenait de son premier voyage, cinq ans auparavant. Elle regardait son père et lui serrait la main bien fort. Gabrielle souriait. Elle était ravie de retourner chez les Vélanes. La Première les avait invitées, elle et Stellane, à venir en visite dans la Forêt Magique. Sans Draco bien sûr ! Même avec le plus puissant des sortilèges de protection, il ne résisterait pas au charme de la tribu vélaa réunie. Mais le comte Borodisov lui avait donné sa parole. Sa femme et sa fille seraient de retour au bout de deux jours. Il n'était pas question de garder l'enfant contre la volonté de son père. La Première avait engagé sur ce point l'honneur des Vélaa.
Toute la Maisonnée était présente pour accueillir les visiteurs. Ce n'étaient qu'exclamations de bienvenue et embrassades. Le comte, la Comtesse et leurs deux fils étaient là pour recevoir leurs invités. Atanase, l'aîné des garçons, secondait son père dans ses affaires, en particulier pour la fabrication du fameux élixir de plantes apéritives, spécialité de la Maison. C'était un bel homme, tout le portrait de son père à l'exception de la moustache. .
Le second fils, Nicolaï, venait de terminer après Durmstrang ses trois années d'études en pharmacopée magique. Il avait vingt ans et des yeux de braise. Il fit la conquête de Stellane et ce fut réciproque. C'était encore une enfant mais son ascendance vélaa lui donnait des airs d'adolescente. Elle en jouait un peu, pour rire, même si les Borodisov étaient insensibles au charme vélaa. Nicolaï se prêtait au jeu et lui donnait toutes sortes de surnoms affectueux.
Le deuxième et le troisième jour de la visite, ce fut la fête au Château. On célébrait le mariage de deux membres de la Maisonnée. Un jeune sorcier appartenant à la famille du Comte et travaillant à la distillerie épousait une lointaine cousine de la Comtesse, une jolie fille employée aux cuisines. Ce fut pour les Malfoy l'occasion de découvrir les coutumes bulgares. La date du voyage avait d'ailleurs été choisie pour qu'ils puissent profiter de cette occasion particulière.
En fait, il y eut deux cérémonies : d'abord le mariage classique au village puis le lendemain, les épousailles sorcières devant le Comte qui était le Chef de la Famille. Les habitants du pays ignoraient que ceux du Château étaient sorciers. Un puissant sortilège dissimulait tous les phénomènes magiques et les transformaient à leurs yeux en activités tout à fait normales. La première fête fut donc traditionnelle. Elle avait lieu l'après-midi.
Pour aller du Château au village, les jeunes hommes, le futur marié en tête, montaient des chevaux aux harnais décorés de pompons rouges. Les dames et les invités suivaient dans des chars à bancs ornés de fleurs et de rubans. La mariée portait une robe non pas blanche mais rouge, ornée de galons bleus et jaunes à l'encolure, aux manches et à la base. Son voile, retenu par un diadème, était rabattu en partie devant son visage. Il ne serait relevé par le fiancé qu'à l'échange des consentements devant l'officier d'état civil.
Des violoneux précédaient le cortège. Après la cérémonie et la signature du registre par les mariés et les témoins, il y avait eu un vin d'honneur sur la place du village avec des poulets rôtis, des pâtisseries, des brioches et de grandes miches de pain chaud censées porter bonheur aux nouveaux époux. Tous les habitants du village y étaient conviés. Les mariés avaient ouvert le bal en prenant la tête d'une farandole. Le jeune homme brandissait un drapeau rouge où les prénoms des deux époux avaient été brodés par les femmes de la famille. - La couleur rouge était en Bulgarie synonyme de joie et de bonheur. - Les musiciens infatigables menaient la danse. La fête avait duré jusque tard dans la nuit.
Mais elle avait repris le lendemain au Château. Dans la bibliothèque où Draco avait passé une grande partie de ses cinq années d'exil, le Comte avait reçu le consentement sorcier des nouveaux époux et avait consigné la nouvelle union dans le Livre d'Or de la Maison. Le repas de mariage avait réuni toute la famille dans la cour du Château, autour de longues tables couvertes de victuailles de toutes sortes. Les danses en farandoles avaient repris. Les jeunes s'en donnaient à cœur joie. Le Comte, la Comtesse et ses fils, accompagnés de leurs invités anglais, avaient alors rejoints le salon pour prendre le café ou le thé selon les préférences et se reposer un peu.
Stellane était ravie. Elle n'avait jamais assisté à une telle fête. Elle en parla avec Nicolaï. Elle n'avait pas oublié la langue bulgare qu'elle parlait dans son enfance et qu'utilisaient aussi certaines de ses Tantes Vélanes.
-Comme j'aimerais avoir une aussi belle cérémonie quand je me marierai ! Le mariage de mon père avec Gabrielle était beaucoup plus simple ! Je voudrais des violons et les charrettes avec les fleurs ! Et aussi que mon fiancé ne puisse pas entrer dans ma chambre sans offrir des pièces d'argent à ma marraine ! Ah c'était trop drôle quand ils faisaient semblant de marchander ! Et quand les témoins ont dansé sur les tables ! Et tous les cadeaux exposés près de la cheminée comme à Noël ! Tiens, je viendrai me marier en Bulgarie s'il le faut ! Mais je veux un beau mariage !
Nicolaï lui répondit sur le ton de la plaisanterie :
-Je te prends au mot, ma petite rose de mai ! M'épouserais-tu plus tard, quand tu seras une jeune fille à marier ? Je t'attendrai , tu sais, si tu dis oui et je te ferai la plus belle des fêtes !
-Ah je suis bien trop jeune pour y penser ! Je veux d'abord m'amuser, rire et aussi étudier. Voudriez-vous d'une épouse ignorante ? Non, n'est-ce pas ! Nous en reparlerons dans dix ans !
-Tant pis, j'aurai été le premier à te demander ! Prends garde cependant ! Tu pars demain pour la forêt Magique. Tous les garçons vélaa te diront de revenir après ton quatorzième anniversaire. Pour eux, à ce moment-là, tu seras en âge de participer aux Matrimoniales. Mais ils ne te demanderont pas en mariage ! Vélanes et Vélaa sont volages. Ils ne forment pas de couples unis comme chez les Humains. Ils s'aiment tous entre eux, ils sont solidaires les uns des autres mais ils ne connaissent pas le grand amour.
-Si quelquefois, le contredit Gabrielle. Zinellane, la mère de Stellane, était amoureuse de Draco. Elle ne l'avait vu qu'une fois et elle ne l'avait pas oublié. On raconte leur histoire comme une sorte de légende le soir, pendant les veillées. Il y a même une chanson qui dit que de leur union est née une nouvelle étoile. Ils la chanteront sans doute quand nous irons leur rendre visite.
-Je suis contente qu'ils n'aient pas oublié ma mère, reprit Stellane. Je ne l'ai jamais connue et ça me rendait triste quand j'étais petite. Mais heureusement il y a eu mon père, ajouta-t-elle en souriant tendrement à Draco. Et Mimsy. Et maintenant Gabrielle. J'ai eu beaucoup de chance. J'espère être une bonne mère pour mes enfants, plus tard, après mon mariage.
-... En Bulgarie, avec des violons et des charrettes ornées de fleurs … rajouta Nicolaï en se mettant à rire,
Ils continuèrent à plaisanter un moment. Gabrielle et la Comtesse souriaient. Draco avait l'air plus pincé. Parler mariage ! A une fillette de huit ans ! Mais le lendemain, alors que Stellane et Gabrielle étaient parties en visite chez les Vélanes, le Comte en discuta plus sérieusement avec Draco.
-Une alliance entre nos deux familles ne serait pas une mauvaise idée. Pour ma part, j'y serais favorable. Qu'en pensez-vous ?
-Oh ce n'est pas à moi de décider ! Le jeune médium des Fils du Vent - vous le connaissez, toute la tribu venait parfois voir Stellane quand elle était petite - hé bien il a prédit que Stellane aurait des choix à faire et qu'elle prendrait ses décisions seule. Et puis je vous rappelle qu'elle n'est pas de Sang sorcier Pur. Elle est à moitié Vélane.
-Justement ! Je pense que notre immunité au charme vélaa vient de lointaines alliances entre certains de mes ancêtres et des Filles de la Forêt. Ce serait renouer avec les traditions anciennes. Oui, je sais, il est beaucoup trop tôt pour en parler. Et comme vous le dites, ce sera à elle de décider. Mais sachez que mon épouse et moi, nous ne nous opposerions pas à cette union. Au contraire. Nicolaï aura du mal à trouver une épouse de Sang Pur. Il n'en a pas rencontré une seule qui lui convienne pendant ses dernières années d'études. Elles sont comme imbues de leur supériorité et de plus, elles détestent les Vélanes. Enfin, ne parlons pas d'événements aussi lointains. Qui sait ce que l'avenir nous réserve ?
Le Comte avait toujours été un bon vivant, qui suivait le principe du Carpe Diem. Mais ses responsabilités lui imposaient de poser à l'avance des jalons pour assurer le bonheur et la sécurité de sa famille. Il avait une nombreuse parentèle à charge dans sa Maisonnée. Et c'était son devoir de s'en occuper. Heureusement, Atanase était fiancé à une jolie sorcière de Sang Pur, la dernière des six filles d'une famille qui était bien contente de s'en déb ... de la marier car elle avait une toute petite dot. Et en plus, ils s'aimaient !
Draco, lui, était plutôt surpris par cette conversation. Stellane n'avait que huit ans et déjà un premier prétendant ! C'était comme dans les familles royales où les mariages étaient arrangés à l'avance et servaient surtout à consolider les alliances et les liens familiaux. A cause de son étoile au front, sa fille était unique et convoitée. Prédestinée pour ainsi dire. Comme Potter. … Comme Harry ... Et sa particularité l'exposait plus que d'autres. Il lui faudrait veiller sur elle comme sur un trésor. Avait-il bien fait de la laisser partir dans la Forêt Magique ?
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Draco n'avait aucun souci à se faire. Gabrielle et Stellane avaient été accueillies parmi le peuple vélaa dans l'enthousiasme. Ils étaient tous là, les Vélaa des lacs et des sources, les Vélanes des fleurs et des forêts, les enfants, les adolescents, les adultes. Même celles et ceux qui étaient occupés à des travaux lointains avaient tenu à revenir pour voir enfin leur petite sœur à l'étoile. Il y avait aussi les deux Demi Vélanes qui avaient pourchassé Draco et sa fille en Angleterre jusque dans le manoir Malfoy. Mais elles obéissaient maintenant à la nouvelle Première, beaucoup plus accommodante que l'ancienne.
Isabellane avait vingt ans, elle était d'origine française et avait fréquenté BeauxBâtons pendant trois années avant de rejoindre les Vélanes. L'autre s'appelait Gaëllane, elle avait vingt-six ans. Elle était originaire d'Irlande et n'avait jamais été que dans les écoles moldues. Sa mère avait déchiré sa lettre pour Poudlard. Mais une de ses cousines lui avait révélé qui était son père et lui avait parlé des Vélanes. Maintenant, c'étaient elles qui faisaient le lien entre le peuple vélaa et les sorciers, quand c'était nécessaire.
Au contraire de Stellane, elles avaient toutes les deux un père Vélaa et une mère sorcière, qui s'était trouvée sur place par hasard une nuit de Matrimoniale. Jusqu'à l'âge de quatorze ans elles avaient vécu avec leurs mères mais ensuite, à leur majorité vélaa, elles avaient librement choisi de rejoindre le peuple qui leur convenait le mieux. Il faut dire que leur beauté et leur charme leur avaient valu bien des jalousies chez les sorciers comme chez les moldus. Maintenant, elles étaient ambassadrices entre les différents mondes. Et pour la visite de Stellane, elles participaient à la joie générale.
Les moissons étaient faites, le lin coupé trempait dans le petit bassin, les cueilleuses avaient ramassé les fruits des bois, fraises, myrtilles, framboises, mûres et noisettes, les pêcheurs avaient récolté les fameux petits poissons de rivière, les seuls animaux que leur régime végétarien leur permettait. On les ferait cuire sur des pierres chaudes. Les musiciens avaient sorti leurs instruments, on allait faire un festin et puis chanter et danser. Enfin toutes les conditions étaient réunies pour organiser une fête.
Ce ne serait absolument pas une bacchanale débridée ! La prochaine Matrimoniale était prévue en août. Les hormones de tous étaient au repos. Et on ne boirait que de l'eau ou des simples jus de fruits pressés. Cependant, comme l'avait prédit Nicolaï, les trois Vélaa adolescents qui avaient assisté au septième anniversaire de Stellane, l'invitèrent à revenir après ses quatorze ans. Il y aurait une fête spéciale pour leur première Grande Nuit, ils entreraient alors dans le monde des adultes. Ce serait merveilleux de célébrer ça ensemble non ? Stellane riait sans répondre, toute contente d'être aussi bien accueillie parmi eux.
Il n'y avait en effet pas de mariage, pas de couples définitifs ou même provisoires parmi le peuple vélaa. Les unions étaient libres le temps d'une journée et d'une nuit spéciales. Les hommes Vélaa étaient alors très sollicités et des Vélanes aventureuses séduisaient des humains qui ensuite mouraient d'amour pour elles. Ce n'était pas leur faute, elles agissaient ainsi sous l'influence de la pleine lune et n'y pensaient plus ensuite. On ne pouvait les taxer de perversité, c'était simplement dans leur atavisme.
Par contre, les sentiments qui liaient ces êtres magiques entre eux étaient faits d'une amitié indéfectible, ils s'offraient les uns aux autres assistance et protection, sans aucune réticence. Il n'y avait nulle jalousie, nulle haine parmi eux. Et ils faisaient montre de beaucoup de tendresse envers les enfants. Les seules occasions où ils reprenaient leur allure première de monstres ailés étaient quand quelque chose d'extérieur à eux les agressaient, par exemple l'ambiance électrique de la Coupe du Monde de Quidditch ou la naissance hors norme de Stellane. Sinon, c'était un peuple paisible et serein en accord avec la Nature.
Le soir, au cours du repas, la Première fit appeler Stellane auprès d'elle et lui posa une question.
-Jeune fille, as-tu déjà planté l'arbre de ta naissance, un châtaignier je crois ? Il lui faudra de nombreuses années avant ses premiers fruits. Tu ne devrais plus tarder maintenant.
-C'est prévu pour bientôt, répondit-elle avec un sourire. Avant, quand j'habitais chez Harry, il n'y avait pas de jardin. Maintenant, il y en a un derrière le manoir de mon père. J'y travaille souvent avec Gabrielle. Je n'ai pas oublié les leçons de mes Tantes.
-Je m'en suis occupé, reprit Gabrielle. Dans la pépinière moldue où je travaille, j'ai sélectionné un châtaignier qui a juste l'âge de Stellane. Elle le plantera au prochain mois de novembre, quand le temps de prendre racine sera venu. Elle a les mains vertes, ajouta la jeune femme avec un sourire. Tout ce qu'elle sème pousse à merveille.
-C'est bien jeune fille, dit la Première. N'oublie jamais les bienfaits que nous apportent les plantes et veille à protéger les eaux.
Stellane avait ensuite rejoint son groupe. Elle s'était installée avec les jeunes qu'elle connaissait. Dans sa robe de Vélane, elle leur était semblable. Elle se sentait bien avec eux. Ils s'étaient assis en rond et avaient allumé un petit feu au centre de leur cercle. La jeune fille avait été surprise de voir les flammes s'échapper de leurs doigts sans les brûler. Elle en était incapable. Mais dans l'ensemble elle ne sentait pas dépaysée.
Pour la nuit, on lui avait préparé un hamac entre deux branches d'arbres. Les coussins moelleux étaient remplis d'une mousse odorante et un simple drap de lin épais la protégeait de la fraîcheur de l'air. Au-dessus d'elle, il n'y avait que les feuilles murmurantes et la voûte céleste remplie d'étoiles. Elle avait dormi d'un sommeil sans rêves et au matin, elle avait apprécié le petit déjeuner. Les Vélanes avaient confectionné de délicieux petits gâteaux avec la première mouture des céréales fraîchement récoltées.
Puis il y avait eu " la cérémonie ". Pour la première fois, Stellane allait pénétrer dans la fameuse caverne d'origine des Vélaa. Ce n'était qu'à quelques minutes de marche de la clairière. Un énorme roc dominait les arbres. Une source et un petit ruisseau bouillonnaient à son pied. Une longue ouverture s'ouvrait comme une bouche au ras du sol et à l'intérieur, un sentier serpentait en pente douce entre les blocs de rochers. Il faisait sombre mais tout au bout du chemin, on distinguait une lumière diffuse.
Tout à coup, on arrivait dans une immense caverne. Le sol était recouvert d'un sable presque blanc et au loin brillait l'eau noire d'un lac. Le plus surprenant, c'était la voûte rocheuse. Elle était piqueté de milliers de petites pierres brillantes. Et toutes ces pierres contenaient une étoile semblable à celle qui ornait le front de la fillette. C'étaient elles qui éclairaient la caverne et se reflétaient dans l'eau du lac.
Stellane s'arrêta au milieu de la grotte. Gabrielle et la Première étaient à ses cotés et tout le peuple vélaa s'était réparti autour d'elles en silence. Soudain, la frange de cheveux s'écarta d'elle-même sur son front et son étoile, la marque qui lui avait donné son nom, se mit à briller comme les autres. C'était juste une petite lumière dorée au milieu de milliers d'autres mais parmi toutes les personnes rassemblées, elle était la seule à la posséder.
Il y eut des murmures de surprise puis la Première donna un signal. Elle se mit à frapper dans ses mains. Tous et toutes l'imitèrent, Stellane comme les autres. Et la voûte rocheuse s'illumina. Les petites étoiles scintillèrent de plus en plus fort, l'eau du lac fut agitée de frémissements et les reflets coururent à sa surface comme des feux follets. Puis des centaines de petits poissons d'argent se mirent à sauter hors de l'eau et à faire des cabrioles. Autrefois, ils servaient de nourriture aux Vélaa et Vélanes Primaires. Maintenant, sous leur forme humaine, ceux-ci appréciaient plus les fruits de la nature mûris au soleil.
Tant que durèrent les applaudissements, les poissons dansèrent et la lumière fut resplendissante. Elle l'était aussi au front d'une petite jeune fille figée par la surprise. Elle la voyait et la sentait, elle en avait les larmes aux yeux. Puis la lumière diminua et quand le silence revint, les petits points brillants reprirent leur aspect premier et l'eau du lac redevint étale. Au front de Stellane, l'étoile s'éteignit, il lui resta juste un léger picotement. Elle avait au cœur un sentiment de bonheur et aussi de crainte. Que voulait dire cette manifestation magique ?
"N'aie pas peur, dit la Première en posant la main sur son épaule. Les étoiles t'ont simplement reconnue comme l'une des nôtres. Quoi que tu fasses dans le futur, tu seras toujours la bienvenue parmi ton peuple. Tu es Vélane comme l'est aussi Gabrielle. C'est la caverne qui choisit qui est digne de notre peuple. Ton signe particulier est un plus. Tu as peut-être une grande destinée parmi nous. L'avenir nous le dira. Car les humaines et particulièrement les sorcières te jalouseront toujours. C'est pourquoi il vaudrait mieux que tu restes parmi nous. Mais je connais ton désir. Demain Gabrielle et toi vous repartirez au Château. Cependant n'oublie jamais cette caverne et sois fière d'être Vélane. "
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De septembre à novembre 2008.
C'était la rentrée pour Stellane et aussi pour Harry. Il avait décidé de prendre des cours de perfectionnement pour devenir plus tard Supervisor, c'est à dire spécialiste dans une branche particulière de la magie. Il avait choisi le domaine des baguettes magiques et à ce titre, il allait suivre une formation très poussée avec les Langues de Plomb du Département des Mystères. Il travaillerait normalement quatre jours par semaine et le reste du temps, il serait en stage. Malheureusement, il lui faudrait aussi bûcher tard le soir.
Ses amis lui avaient demandé quelle mouche le piquait. Il avait une vie facile et joyeuse ! Quelle drôle d'idée de se donner à nouveau tant de mal et pour quelle raison ? Il n'avait rien à prouver ! C'était un excellent Auror ! Justin, Neville et les autres protestaient ! Il ne pourrait plus sortir avec eux ou alors moins souvent ! Il allait finir tout seul, comme un vieux célibataire endurci !
Seul Ron trouvait que c'était une bonne idée. Et d'ailleurs lui aussi allait se spécialiser. Dans la détection et l'ouverture des caches invisibles et des passages secrets. Enfin il était un peu poussé par Hermione. Elle prétendait qu'ils ne pouvaient pas rester simples Aurors toute leur vie. Ils devaient avoir de l'ambition ! Elle-même se perfectionnait sans cesse. Sinon c'était la routine et l'encroûtement garantis !
Harry se remit donc au travail, encouragé d'ailleurs par Stellane qui lui trouvait l'air triste. A dire vrai, le jeune homme s'ennuyait. Depuis un moment déjà, les sorties entre copains ne l'amusaient plus autant. Il buvait plus et draguait beaucoup moins. Il ne savait pas pourquoi mais les filles le laissaient maintenant assez indifférent. C'était toujours la même chose ! Il fallait baratiner un peu, ça finissait au lit et c'était tout. Harry commençait à trouver sa vie morne et vide et donc, il avait décidé de la remplir par le travail.
Il aimait bien tout ce qui tournait autour des baguettes magiques. Leur composition, leurs bois, leurs cœurs, leurs propriétés, leurs possibilités et leurs interdits. Comment les utiliser à leur maximum ou au contraire, comment brider leurs pouvoirs. Le domaine était vaste et très intéressant et les travaux pratiques nombreux. La maison square Grimmauld résonnait parfois de bruits étranges et s'illuminait de diverses couleurs. Heureusement que cela n'était pas perceptible par les Moldus de la rue !
Bizarrement, Harry avait trouvé un soutien assez inattendu. Draco Malfoy, mis au courant par Stellane, lui avait proposé d'être son partenaire pour les exercices pratiques. En souvenir des leçons que Harry avait données à " Yann Kerrye " pour lui faire retrouver la mémoire, avait-il dit. Le salon leur servait de terrain de jeu et souvent, à la fin de la séance, il y avait deux sorciers épuisés et hilares dans une pièce en désordre qu'il fallait remettre en état d'un bon Réparo.
Ce n'était pas tout. Draco cherchait dans la bibliothèque du manoir des livres consacrées aux baguettes magiques et les prêtait à Harry. Certains de ces ouvrages étaient rares et précieux. D'autres flirtaient un peu avec le côté obscur de la force mais pour combattre la Magie Noire, il fallait la connaître à fond, disait le Serpentard. Elle n'avait en elle-même rien de diabolique, c'était son utilisation par des sorciers malveillants qui lui donnait sa mauvaise réputation. *
La nouvelle complicité entre l'ex Mangemort et Harry Potter fit naître quelques rumeurs. Les collègues Aurors du Griffondor et les instructeurs Langues de Plomb lui en firent la remarque. Mais Harry ne céda pas. Il répondit simplement que Malfoy avait changé, que la guerre était loin et que chacun avait droit à une seconde chance. D'ailleurs Draco - ben oui, il l'appelait par son prénom ! - Draco et sa famille se réinséraient petit à petit dans le monde sorcier. Pour redresser les finances - et la réputation - des Malfoy, le jeune Serpentard avait un bon projet.
C'était une idée qui avait germé dans son cerveau quand il avait visité les nombreuses chambres vides du manoir. Du temps il travaillait à la Sardine - Merlin que c'était loin ! - il avait vu défiler les nombreux clients de la partie hôtel. Il s'était dit qu'il pourrait transformer une partie du manoir en " relais château " pour des sorciers étrangers fortunés, qui viendraient par exemple visiter le fameux site magique de Stonehenge. Le grand cercle de pierres était assez proche du manoir. Ce serait une source de revenus intéressante et cela redonnerait du lustre à leur nom.
Draco avait trouvé un appui auprès d'Anthony Golstein. Le Serdaigle lui avait parlé de ses travaux de modernisation dans un antique Château en Ecosse. Les MacDougal étant désargentés, Morig, l'aîné des enfants, avait transformé la demeure familiale en " relais de luxe " pour les sorciers chasseurs ou pêcheurs, amateurs de Whisky Pur Feu ou de bières typiques. Le concept avait du succès. Le " MacDougal " faisait partie d'un circuit touristique incluant même une promenade sur le Loch Ness au cas où le monstre qui l'habitait serait d'humeur folâtre.
Draco avait discuté avec Anthony des aménagements nécessaires. Cela représentait une grosse dépense mais Narcissa s'était mise de la partie. Elle se voyait bien en grande dame, accueillant sur son perron des visiteurs venant de tous les pays du monde. La barrière de la langue ? Pas de problèmes ! Il suffisait d'engager un gobelin polyglotte ! Un gobelin ! Dans la fière demeure Malfoy ! Où autrefois les elfes de maison étaient traités comme de la vermine ! Et où Gripsec avait été retenu prisonnier par le Lord Noir ... Mais Harry Potter avait raison. Les temps avaient changés. Le Maître des Ténèbres n'était plus là pour distiller la haine. Il fallait avoir foi en l'avenir.
Harry Potter … Harry ... Draco y pensait souvent. L'attirance de " Yann Kerrye " pour le Griffondor n'avait pas disparu quand Draco avait récupéré sa mémoire. Au contraire. C'était devenu un sentiment fort. Non pas un simple désir sexuel - même si leur séance d'un soir lui avait laissé un souvenir mitigé, mi douleur mi plaisir - mais quelque chose d'absolu, de définitif.
Draco Malfoy était un homme de vingt-huit ans, dans la pleine maturité de son âge, conscient de ses responsabilités, marié, père d'une fillette de huit ans, mais il était aussi profondément amoureux d'un autre homme, son ex ennemi, devenu maintenant son ami. Et Draco Malfoy n'en avait nulle honte, nul remords, nul regret. Il n'y avait pas lieu d'en avoir.
Il avait fait un mariage de raison pour le bonheur de sa fille. Son épouse était au courant de ses sentiments mais il lui avait juré respect et fidélité. Il ne la tromperait jamais. Il n'avait révélé cet amour qu'en deux occasions, une fois à Harry et il ne reviendrait pas sur la question et l'autre fois à Gabrielle le jour où ils avaient eu une discussion franche et loyale à propos de leur mariage. Il s'était lié en toute connaissance de cause mais en même temps, il se sentait libre.
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Retour arrière, automne 2007
Le premier septembre, Stellane avait repris l'école. Gabrielle venait régulièrement au manoir pour l'aider dans ses devoirs et pour continuer son éducation de Vélane comme elle le faisait chez Harry. Quand il était trop tard pour repartir le soir, elle dormait sur place dans une chambre d'ami. Draco était très aimable avec elle. Il la considérait comme une amie. Mais pas plus que Harry, il ne songeait à lui faire la cour. Cependant, leurs relations prêtaient à confusion et déjà les mauvaises langues se livraient à des insinuations et à des ragots. Les Malfoy n'avaient pas bonne réputation. Adélix Bulstrode avait entendu un groupe de sorcières médisantes en parler sur le Chemin de Traverse. Elle l'avait signalé à Narcissa pour la mettre en garde.
La mère de Draco avait alors joué le rôle de marieuse. Dès le mois de septembre, alors qu'elle n'avait pas encore recouvré la raison, elle avait remarqué le charme de la visiteuse. Un soir, alors que Gabrielle s'apprêtait à repartir pour Londres, elle surprit le sourire complice qu'échangeaient la jeune femme et son fils. Son esprit se mit à battre la campagne. Y avait-il anguille sous roche entre ces deux-là ? Elle se prit à rêver de mariage et de petits-enfants à venir. Le lendemain, à l'heure du thé, elle leva les yeux de sa dentelle et lança paisiblement sa bombe :
-Draco, tu devrais épouser Gabrielle. Même si elle n'est pas de Sang Pur, elle est digne des Malfoy. Vous vous plaisez, n'est-ce pas ? Et elle aime beaucoup Stellane. Je l'ai observée, c'est une jeune fille en tous points parfaite. Ce serait pour moi la belle-fille idéale. Je suis sûre que ton père approuverait ce projet. Qu'en dis-tu mon fils ?
Draco, qui n'y pensait même pas, fut stupéfait par la proposition de sa mère. Il répondit évasivement mais elle revint plusieurs fois à la charge. Un jour, elle en parla directement à Gabrielle qui fut aussi surprise que Draco. Alors, ils décidèrent d'en parler en privé avec franchise. La jeune femme révéla au jeune homme que son corps, proche de celui des Vélanes, ne produisait des hormones féminines que deux jours par mois, à la pleine lune. Draco avoua sans détour son amour impossible pour Harry Potter.
A partir de ces révélations, ils conclurent un pacte. Ils feraient un mariage de raison. Ils passèrent entre eux un accord secret, exprimé dans leurs vœux de mariage : s'aimer, se respecter, être fidèle. Ils annoncèrent leurs prochaines fiançailles à Narcissa qui en fut très heureuse, Quelques jours plus tard, Lucius rentrait au Château, la mère de Draco recouvrait la raison et trouvait toujours son idée excellente.
Le mariage avait eu lieu au huit décembre 2007. Chacun des époux respecta ensuite les termes du contrat. Draco Malfoy était un Serpentard et on aurait pu penser qu'il prendrait quelques libertés avec cet accord secret. Il en prit mais uniquement en pensées, jamais en actes. Il considérait avec orgueil qu'il faisait tout ce qu'il pouvait pour ceux qui comptaient dans sa vie mais qu'en échange, il avait le droit d'aimer qui il voulait en secret. Le jour il était Malfoy, la nuit, il se permettait d'être Yann-Draco. et de rêver à quelques jours de vacances heureuses
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Et ce fut le moment où Stellane planta un châtaignier dans le parc de son père.
Dimanche 23 novembre 2008.
Il faisait un temps idéal. Le soleil d'automne était de la partie. Aucune gelée en vue. Il avait plu la semaine précédente. Le sol était frais et propice à la plantation. Toutes les conditions étaient réunies pour que la plantation de l'arbre soit couronnée de succès. Gabrielle avait choisi le lieu avec soin, au milieu d'une pelouse, dans un endroit protégé du vent et des grands froids de l'hiver.
Timothy avait creusé le trou quinze jours auparavant, juste à la bonne profondeur, pour que la terre soit bien reposée. L'arbre avait été extrait de la pépinière et transporté avec soin dans un pot. D'ailleurs l'employeur de Gabrielle était présent. Il se rendait bien compte que sa collaboratrice préférée était du genre spécial et aussi tous ces gens de son entourage, mais quelle importance ! Les amoureux des plantes étaient tous des amis et la petite jeune fille qui allait planter l'arbre avait " le don " il en était sûr.
Comme le jour du mariage, il y avait là ce couple plus âgé, une dame encore très belle et très fière, et son époux, un monsieur d'une belle prestance, mais qui devait s'appuyer sur elle pour se tenir droit. Le pépiniériste se demandait seulement pourquoi ils portaient des robes longues comme en avaient autrefois les seigneurs sur les tableaux anciens. Enfin chacun s'habille comme il veut.
Les jeunes époux étaient d'allure plus moderne mais eux et leurs invités portaient des grandes capes de diverses couleurs. Il faisait froid bien sûr mais ces vêtements n'étaient plus à la mode ! Le pépiniériste reconnaissait plusieurs personnes qui avaient assisté au mariage. Un grand rouquin avec sa femme et leur petite fille, une femme très belle, très attirante et son mari portant une balafre sur le visage. Eux avaient une fille et un petit garçon.
Et puis il y avait d'autres jeunes gens tous à peu près du même âge. Il ne les avait jamais vus. Des amis de longue date sans doute, avec des visages aimables. Et les quatre derniers invités, là, cachés derrière les autres ! Ils avaient de drôles de têtes. Ils étaient tout petits, avec de grandes oreilles et un nez comme une grosse pomme de terre. Ils portaient des costumes de domestiques à la mode d'autrefois. L'un d'eux avait un tablier de jardinier bleu noué autour de la taille. Il y avait même une fille avec un bonnet à dentelle posé entre ses oreilles. Bizarre tout de même !
On était à la fin de novembre, juste entre deux pleines lunes, un temps idéal pour les plantations. Bien sûr, ça aurait même été mieux deux jours plus tard, pour la Sainte Catherine où tout bois prend racine, mais le mardi, tout le monde travaille et la petite devait aller à l'école. Alors le dimanche c'était bien aussi ... Soumis à un léger sort de Confusion, le pépiniériste ne situait pas très bien les personnes et les événements.
L'héroïne de la fête était justement en train d'installer le châtaignier bien droit dans le trou, elle repoussait ensuite la terre avec une drôle de pelle ouvragée qui devait servir autrefois pour les cendres dans les cheminées. Les petits serviteurs bizarres l'aidaient, les spectateurs applaudissaient et riaient. Une jolie cérémonie ! Cet arbre avait trouvé sa place, il serait sûrement soigné avec amour.
Voilà, c'était fini, le père embrassait sa fille avec tendresse et il y avait cet autre homme brun avec des lunettes fines qui la prenait aussi dans ses bras. Ah ! Gabrielle avait bien de la chance ! Dommage qu'elle soit obligée de s'absenter pendant l'été ! Tout le monde avait l'air heureux ! Belle famille ! Braves gens ! Et si maintenant on allait arroser la plantation de l'arbre avec autre chose qu'un pichet d'eau pure ? L'ami des arbres devait repartir avec sa camionnette tout de suite après l'apéritif. Il ne pouvait abandonner sa chère pépinière trop longtemps !
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Ce fut ce jour-là que Harry Potter découvrit la force et l'étendue du sentiment qu'il portait à Draco Malfoy. Cet après-midi là en fait, après un bon repas pris entre bons camarades - oui, on pouvait dire ça, même s'il n'y avait qu'un Serpentard pour plusieurs Griffons, Serdaigles et même Pouffsouffles -. Exactement au moment où Poky et Timothy servaient le café, les alcools et les liqueurs dans le petit salon, à côté de la salle à manger.
Les parents Malfoy n'avaient pas assisté au déjeuner. Lucius était fatigué, enfin il avait surtout du mal à voir son manoir envahi par une bande de jeunes gens appartenant à des Maisons ... enfin pas à Serpentard, dont quelques-uns étaient plus ou moins moldus, bien que maintenant le Sang Pur ne soit plus aussi en vogue qu'autrefois. Enfin Lucius et Narcissa s'étaient retirés dans leur appartement pour que les jeunes puissent s'amuser entre eux.
Car Stellane avait tenu à inviter toutes les personnes qui s'étaient occupé d'elle dans son enfance. Harry bien sûr, en premier, et ses deux elfes Kreatur et Mimsy, Bill, Fleur et leurs enfants, Victoire et Dominique, Ron, Hermione et la petite Rose, et tous ces aimables garçons et ces gentilles filles qui venaient la voir de temps en temps avec des cadeaux plein les mains. Neville, Justin, Seamus, Parvati, Luna - et son rat - Susan, Hannah, ils étaient tous venus " dans l'antre du dragon " selon le mot d'esprit de Justin qui n'en ratait pas une.
Il est vrai que le manoir Malfoy avait laissé de mauvais souvenirs à certains d'entre eux, à Hermione et à Luna en particulier. D'ailleurs cette dernière avait demandé si elle pourrait descendre faire un tour dans le souterrain où elle avait été retenu prisonnière avec Gripsec et Ollivander pendant la guerre. - Toujours la même ! - Cela avait jeté un froid mais Anthony Goldstein, que Draco avait invité aussi pour faire bonne mesure, avait répondu qu'on y avait installé une cave à vins et à whisky, une resserre pour les fruits et légumes et une conserverie pour les fromages. Si le manoir devenait un " relais château " il lui fallait une bonne réserve pour ses provisions.
La discussion avait dévié vers des sujets plus frivoles. Le déjeuner cuisiné et servi par Poky et Timothy - Délicieux ! Très réussi ! - cet excellent projet d'hôtel de luxe - Bonne idée, le gobelin pour traduire les langues ! J'en connais un à Gringott qui en parle dix ! - les lieux touristiques du coin ... - Ah ! Il faudra qu'on aille tous un jour à Stonehenge ! - On ferait un vœu ! - C'est magique là-bas ! - toutes ces phrases futiles qu'on peut dire pour jeter des ponts entre gens de bonne compagnie, pour tout simplement entrer en communication avec son entourage.
Assis dans un fauteuil, un verre à la main, Harry avait perdu le fil de la conversation. Il regardait tous les convives et ça lui semblait stupéfiant de voir toutes ces personnes réunies en ce lieu. Ils se connaissaient tous, ils se fréquentaient ou se voyaient régulièrement. Ils avaient suivi les évolutions de leurs vies, leurs réussites, leurs échecs, leurs joies, leurs peines ... Il en manquait certains. Dennis Crivey par exemple assistait en tant que reporter à un important match de Quidditch. Godstein leur était moins proche. Il était toujours accaparé par son travail. Mais ils formaient tous ensemble un véritable cercle d'amis.
A l'exception de Draco Malfoy.
Exilé, disparu, réapparu, éloigné d'eux.
Réprouvé. Solitaire. Muet lui aussi dans un autre coin du salon.
Souriant mais lointain. Beau. Grave. Attirant. Unique.
Harry le regardait et soudain les autres disparurent dans un vague brouillard.
Les voix se mélangèrent et bourdonnèrent sans aucun sens.
La lumière s'atténua partout, sauf autour de lui.
Qui semblait nimbé d'une aura claire.
La seule personne importante présente dans cette pièce.
Lui. Draco Malfoy.
Le cœur de Harry fit un bond. Il comprit soudain. C'était une évidence.
Il n'y avait que " Lui ".
Son visage fin. Sa voix charmeuse. Ses cheveux d'un blond si pâle. Ses yeux gris qu'il avait vus si rieurs quand il était Yann Kerrye.
Son corps souple. Sa peau si blanche.
Son humour particulier. Sa force et sa faiblesse à la fois.
Ses tentatives pour le séduire. Ses baisers. Leur union ce soir-là ...
Et cet aveu qu'il lui avait fait après avoir retrouvé sa mémoire ...
Draco Malfoy aimait Harry Potter. Il l'avait dit.
Et Harry Potter savait maintenant qu'il aimait Draco Malfoy.
Pourtant, c'était un homme et il n'était pas homo ...
Non, ce n'était pas " un homme " qu'il aimait, un être masculin avec les attributs qui vont avec. C'était bien plus que ça.
Au delà de son sexe, Draco Malfoy était la " personne humaine" pour qui son cœur battait. Celle qui enflammait son esprit, son corps, son être tout entier.
Son double, son complément, sa moitié.
Il ne savait pas trop comment dire ça, il n'était que Harry Potter, quelqu'un de simple, quelqu'un qui n'était pas porté naturellement vers l'introspection, les grands mots et les tourments de l'âme.
Il était juste lui-même, un jeune homme qui aurait eu une existence tout à fait banale si un Mage Noir maléfique ne l'avait pas désigné comme son adversaire.
Il était juste Harry Potter.
Et il était amoureux de Draco Malfoy.
La surprise le cloua sur son fauteuil. Il devait avoir l'air un peu égaré. Heureusement personne ne faisait attention à lui. Et surtout pas un jeune homme blond qui ne regardait pas de son côté.
Mais tout à coup une main passa plusieurs fois devant ses yeux pendant qu'un voix disait plus fort que nécessaire :
"Harry ! Harry ! Tu dors ? Les bons repas et le Whisky pur feu ne te réussissent pas. Regarde ! Le rat de Luna fait ami ami avec Anthony ! C'est le coup de foudre mon vieux ! Lovegood va enfin trouver son âme sœur ! Allez viens ! On va tous faire un tour de jardin pour nous dégourdir les jambes avant de rentrer à la maison.
Un coup de foudre entre Luna et Anthony ? Hé bien ce n'était pas le seul de la journée ! Où étaient les éclairs et le tonnerre ?
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Harry vécut le reste de la journée dans du brouillard. On accusa le Whisky Pur Feu et on lui proposa la potion anti gueule-de-bois qui n'eut aucun effet. Le jeune homme semblait ailleurs. Il parla de fatigue et rentra tôt dans sa maison place Grimmault. Il se sentait à la fois très bien et plutôt mal. Ce fut pire quand le soir tomba. Et la nuit qui suivit ce jour fut l'une des plus mauvaises de sa vie.
C'était une chose que de découvrir qu'on aimait quelqu'un, par un bel après-midi d'automne, après un bon repas, entouré d'amis, au milieu de discussions joyeuses qu'on n'entendait même pas, avec sous les yeux l'objet de son amour auréolé d'une lumière diffuse.
C'en était une autre que de se retrouver seul, dans cette maison où il avait passé de si belles vacances, avec la personne qu'il aimait sans le savoir … ou plutôt sans vouloir le reconnaître. Tout lui rappelait les heures heureuses où lui et Yann étaient si proches, où son jeune invité tentait de le séduire et où il avait finalement répondu à ses désirs. Ces moments où ils avaient ri ensemble, où ils s'étaient lancé des sortilèges, où il avait même joué à cache cache avec la cape d'invisibilité.
Quand Harry entra dans sa salle de bain, le souvenir de leur étreinte lui sauta à la mémoire. Il revoyait le corps mince et nu, la peau blanche, il entendait presque les soupirs et les râles de plaisir. C'était le nom de Draco qu'il avait crié au moment de la jouissance ! Et dans la chambre en face, ils s'étaient endormis dans les bras l'un de l'autre. Il avait ensuite piqué une crise, d'accord, mais il restait tant de bons moments … des baisers accompagnés de champagne et de fraises …
Couché dans son lit en chien de fusil, Harry souffrait le martyre. Il brûlait de désir. Son sexe était dur. Il gémissait de frustration et les images du passé tourbillonnaient dans sa tête . Il aurait donné la moitié de sa vie pour sentir à ses côtés un autre corps chaud et pouvoir passer la main dans ses blonds cheveux. Il tourna la tête de tous côtés et mordit l'oreiller, il tambourina des deux poings le bois dur du lit. Brusquement il se leva en hurlant de rage et se précipita sous la douche pour tenter de se calmer. Mais là aussi, les souvenirs l'attendaient. Et l'eau qui coulait sur ses joues avaient sur ses lèvres un goût de sel.
Petit à petit, il reprit possession de lui-même. Avec amertume, il pensa que par obstination, il était passé à côté du bonheur. Mais il n'y avait plus rien à faire. Yann était redevenu Draco. Il avait retrouvé mémoire et famille. Il était heureux. Même si c'était extrêmement dur, il fallait l'accepter. Ce n'était pas la première fois que la vie lui jouait un mauvais tour. Elle ne l'avait pas gâté, entre son enfance chez les Dursley, son adolescence sous la menace de Voldemort, son mariage raté et sa vie de célibataire volage !
Ah il y avait tout de même eu les bonnes années où il s'était occupé de Stellane … Stellane … Cette enfant merveilleuse qui avait donné un sens à sa vie. Jamais il ne lui ferait le moindre mal. Et à Gabrielle non plus. Son amour pour Draco resterait secret. Il se conduirait en Griffondor, courageux et exemplaire. Son métier d'Auror lui avait appris à porter un masque d'impassibilité. Le jour, il offrirait au monde un visage serein. Ce qu'il ferait la nuit n'appartiendrait qu'à lui.
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De décembre 2008 à mai 2009.
La vie suivit son cours. Harry s'investit totalement dans le travail. Il sortit de moins en moins le soir. Il passa le réveillon de Noël avec les Weasley et le jour de l'An avec les Malfoy. Stellane était ravie ! Rien sur le visage du Griffondor ne révélait ses sentiments nouveaux pour le père de la fillette. Lui aussi avait appris à dissimuler. Voir Draco Malfoy, discuter avec lui de baguettes magiques ou autres, s'entraîner en sa compagnie lui suffisait.
Cependant, à partir de mars, ces séances d'exercices pratiques ne furent plus suffisantes. Harry Potter était devenu trop fort pour le Serpentard. Il s'était jeté dans le travail à corps perdu et progressait à une telle vitesse qu'il put affronter Funestar, le chef des Langues de Plomb lui-même, tant son niveau était élevé. Il passa les épreuves d'examen à la fin du mois de mai et fut reçu avec les félicitations du Jury.
Dans un autre domaine, celui des passages secrets, Ron Weasley fit aussi des étincelles. En visitant pour les besoins d'une enquête une maison sorcière abandonnée depuis la fin de la guerre, il découvrit une chambre close avec une impressionnante collection de livres interdits et d'objets ensorcelés. Cela lui valut un article élogieux dans le bulletin des Aurors et dans la Gazette du Sorcier. A part en ces deux occasions, on ne parlait plus beaucoup des anciens de la guerre. Ils s'étaient tous plus ou moins rangés et Harry Potter ne faisait plus la Une de Sorcière Hebdo avec une nouvelle conquête à son bras.
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Au cours du mois de mai qui verrait son neuvième anniversaire, Stellane eut la surprise de recevoir des petits cadeaux venus de divers pays du monde. Des sorciers du Swaziland, du Pérou, du Bhoutan et de Laponie lui envoyèrent des grigris, des talismans en forme d'animaux sculptés, des petits objets ayant une fonction de protection assez mystérieuse pour le commun des sorciers. Tous étaient marqués d'une étoile.
Les Malfoy apprirent ainsi que l'histoire de Stellane était plus ou moins connue aux quatre coins du monde. Draco s'en inquiéta. Mais Harry le rassura. Par le Ministère de la Magie, il avait appris que cet envoi de cadeaux était une coutume assez répandue. Les sorciers de nombreux pays adoraient les belles histoires, ils se les racontaient à la veillée, elles se propageaient et chaque conteur l'embellissait à sa guise. Ils envoyaient ensuite des présents en guise de lointain salut aux héros de ces légendes. Les oiseaux porteurs de ces lointains messages se reposaient dans la volière en attendant les réponses.
Le présent le plus étrange fut celui envoyé par le sorcier d'une peuplade des Philippines. Il offrait à " L'Etoile " un superbe collier de coquillages, agrémenté d'une demande en mariage pour son fils, l'aîné de ses vingt-quatre enfants. La jeune fille serait accueillie dans sa tribu comme une princesse. Elle n'aurait rien d'autre à faire que de donner naissance au plus grand nombre possible de garçons. La lettre était écrite dans un anglais fantaisiste et ornée de magnifiques dessins de fleurs.
C'était la deuxième demande en mariage de Stellane, ce ne serait sans doute pas la dernière et ça la fit beaucoup rire. Son père et Gabrielle s'en amusèrent moins. Cette renommée risquait-elle de monter à la tête de la fillette ? Mais non, elle était trop jeune pour prendre tout cela au sérieux. L'ennui, c'était qu'elle allait être obligée de leur répondre à tous et de leur offrir à son tour un petit cadeau. Quelque chose qui soit personnel sans l'être trop.
Gabrielle trouva la solution : un parchemin portant en en-tête une photographie magique de Stellane en robe de Vélane, posant à côté de son châtaignier. La fillette y écrivit une phrase de remerciements, la signa et la renvoya par les oiseaux porteurs des messages. Un perroquet vert et rouge, un condor, une chouette lapone et un faisan doré prirent leur envol. Le toucan des Philippines apporta aussi ses regrets. Elle ne pouvait accepter la demande en mariage.
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Ete 2009.
Draco ne restait pas inactif et son projet de " relais château " était bien avancé. Les aménagements des diverses chambres étaient terminés. La magie avait ses bons côtés. Gringott accepta l'idée de déléguer un gobelin traducteur lors des visites de sorciers étrangers. Moyennant finances bien entendu. Mais Ragnok, leur chef, était secrètement content de cette reconnaissance de leur valeur. Leur réputation s'en trouvait améliorée.
Et ce fut l'arrivée des premiers clients, un couple de jeunes sorciers ukrainiens en voyage de noces. Ils restèrent quatre jours et tout se passa parfaitement bien. Narcissa en robe vert et argent les accueillit sur le perron avec beaucoup de grâce, Draco présenta le gobelin en le nommant Monsieur Brorig. Les amoureux passèrent beaucoup de temps dans la chambre dite " nuptiale " - bleue et blanche -. Ils y prirent même leurs déjeuners, discrètement servis par Poky.
Le soir, ils firent honneur au dîner familial que Lucius présidait en tant que maître de maison. Gabrielle y assistait ainsi que Stellane. Toutes les deux illuminaient la salle à manger de leur charme vélaa. Il fallait donner à ce repas une allure familiale qui serait la " marque " de leur hospitalité. Les " invités " allèrent un après-midi à Stonehenge pour renouveler leurs vœux de mariage au milieu du cercle de pierres. Ils repartirent, enchantés de leur séjour. C'était une réussite totale et Draco se demanda s'il n'allait pas spécialiser le manoir, pour les voyages de noces justement.
Il y eut des visites tout l'été. Mais Draco, Gabrielle et Stellane s'absentèrent deux fois. D'abord pour aller rendre visite à Ma Kerrye. L'ex Yann était resté en contact avec celle qui lui avait servi de mère pendant quatre ans. Il voulait lui présenter son épouse et sa fille. Cela fit du remue-m&nage à la Sardine ! Gidéon le vieux pêcheur en était tout esbaudi !
L'autre fois, c'était pour un deuxième voyage en Bulgarie. Draco avait promis au Comte Borodisov de revenir le voir. Il lui apporta une série de livres anciens concernant les élixirs, la distillation du Whisky Pur Feu et une flore des plantes secrètes de Cornouailles, semées et cueillies par les fameux lutins qui n'étaient pas seulement de vilains petits farceurs. Ils passèrent de bons moments dans la bibliothèque du Château pendant que Gabrielle et Stellane rendaient visite au peuple Vélaa.
Quand les jeunes Malfoy étaient en voyage, Narcissa prenait la relève. C'était pour elle une sorte de résurrection. Elle tenait admirablement son rôle d'hôtesse. Et elle était comme son fils d'une politesse remarquable envers les gobelins. Elle savait qu'ils avaient défendu sa fortune contre le Ministère et aussi contre Hamish Pritchard pendant les années noires. L'adversité ouvre les yeux, et le Sang Pur ne vaut pas grand chose quand le malheur vous frappe. Il faut trier entre les bons et les mauvais amis.
C'est pourquoi Narcissa accueillait toujours avec autant de plaisir les quatre dames de " l'ouvroir ". Elle avait même organisé une exposition de leurs travaux dans l'un des petits salons du manoir. Les peintures d'oiseaux à l'aiguille sur soie d'Adélix Bulstrode avaient beaucoup de succès et un riche couple de sorciers argentins lui en acheta plusieurs. La mère de Millicent en fut heureuse. Elle ne roulait pas sur l'or.
Puis les tapisseries au petit point de Clélia Flint et les patchworks de Gustine Baddock firent le bonheur des sorcières de passage Il y eut aussi des commandes pour les mantilles de Georgina Crabbe et même pour la dentelle de la maîtresse de maison. Draco n'avait pas pensé à ça au départ mais là aussi, cela devenait une spécialité du " Malfoy " dans les tours opérators. C'était à la fois une renaissance et une reconnaissance de cette ancienne famille, tombée en disgrâce après la guerre.
La seule ombre au tableau était Lucius. Les années d'Azkaban l"avaient profondément marqué. Il se fatiguait vite et participait peu à la nouvelle vie du manoir. Heureusement, il y avait le jardin ... et Timothy ! Là aussi, le malheur avait ouvert les esprits. Les gobelins, les elfes de maison, les Sang Mêlé et même les Moldus comme le pépiniériste n'étaient pas des êtres inférieurs à mépriser mais des personnes à respecter. Enfin, avec modération, pour un Sang Pur aussi imbu de sa personne que Lucius Malfoy l'était autrefois. Mais l'amélioration était sensible.
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De septembre 2009 à mai 2010.
Enfin des jours, des semaines et des mois sans soucis notoires ! Stellane avait de très bons résultats scolaires et son père lui donnait des cours particuliers de magie pour la préparer du mieux possible à Poudlard. Gabrielle peaufinait son éducation de Vélane en lui apprenant surtout à dissimuler son charme, pour ne pas l'exposer à l'envie et à la jalousie. La fillette savait parfaitement accommoder son regard et dompter la magie de ses yeux. C'était une enfant tout à fait normale qui allait à l'école et saluait poliment les clients du manoir.
Le relais château " Malfoy " avait pris son rythme de croisière. Le Ministère y avait même organisé un séminaire pour préparer la prochaine coupe du monde de Quidditch qui devait avoir lieu au Brésil. Le département des Sports Magiques était mobilisé pour la composition de l'équipe nationale en vue de la victoire ... si possible. L'Auror Potter, spécialiste des baguettes magiques, avait été appelé en renfort. La magie brésilienne était puissante, il fallait la connaître pour pouvoir l'affronter en toute connaissance de cause.
Il fut donc question d'envoyer Harry en stage au Brésil, puis dans différents pays qui seraient leurs adversaires de match. Le jeune homme était d'accord. Sa vie avait pris un nouveau cours. D'abord avec ses études sur les baguettes magiques, puis avec la découverte de son " attachement secret " à Draco Malfoy. Ce sentiment ne le rendait pas malheureux, au contraire. Harry trouvait qu'il embellissait sa vie.
Il n'en attendait rien. Draco était marié mais ils étaient tout de même liés par l'affection qu'ils portaient tous les deux à Stellane. C'était ainsi. Un équilibre à préserver entre ce qu'on aimait, ce qu'on avait et ce qu'on ne pouvait pas avoir. Harry avait vingt-neuf ans, un riche passé et un bel avenir. Un métier intéressant, une vie relativement calme, quelques brèves flambées hormonales qui le faisaient rechercher une aventure féminine sans lendemain, mais surtout des amis véritables et une gamine attachante nommée Stellane. Et aussi Draco Malfoy. Donc Harry Potter se considérait comme un homme chanceux. Ce n'était pas donné à tout le monde.
Le coup de Trafalgar lui tomba donc dessus sans qu'il s'y attende. C'était pendant un stage d'une semaine à Paris. Une rencontre inattendue. Une relation ancienne.
Cho Chang.
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A suivre.
* Artoung donne cette explication de la Magie Noire dans sa fic Expatrié. Allez vite la lire !
En effet, ce n'est pas la Magie qui est mauvaise. C'est le mauvais sorcier qui l'utilise.
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