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Et si..
Par ANosEspoirs
Harry Potter  -  Action/Aventure/Général  -  fr
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    Chapitre 2     Les chapitres     6 Reviews    
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La répartition

La porte s'ouvrit immédiatement. Une grande sorcière aux cheveux noirs, vêtue d'une longue robe vert émeraude se tenait dans l'encadrement. Elle avait le visage sévère des gens qu'il vaut mieux éviter de contrarier, pensa aussitôt Harry.

-Professeur McGonagall, voici les élèves de première année, annonça Hagrid.

-Merci, Hagrid, dit la sorcière, je m'en occupe.

Le hall d'entrée du château était si grand que la maison des Dursley aurait pu y tenir toute entière et le plafond si haut qu'on n'arrivait pas à l'apercevoir. Des torches enflammées étaient fixées au mur de pierre, comme à Gringotts et face à eux, un somptueux escalier de marbre permettait de monter dans les étages.

Guidés par le professeur McGonagall, ils traversèrent l'immense salle au sol dallé et entrèrent dans une petite salle réservée aux élèves de première année. Harry entendait la rumeur de centaine de voix qui lui parvenaient à travers une porte située sur sa droite. Les autres élèves devaient déjà être là. L'exiguïté des lieux les obligea à se serrer les uns contre les autres et ils restèrent debout en silence, lançant autour d'eux des regards un peu inquiets.

-Bienvenue à Poudlard, dit le professeur McGonagall. Le banquet de début d'année va bientôt commencer mais avant que vous preniez place dans la Grande Salle, vous allez être répartis dans les différentes maisons. Cette répartition constitue une cérémonie très importante. Vous devez savoir, en effet, que tout au long de votre séjour à l'école, votre maison sera pour vous comme une seconde famille. Vous y suivrez les mêmes cours, vous y dormirez dans le même dortoir et vous passerez votre temps libre dans la même salle commune. Les maisons sont au nombre de quatre. Gryffondor, Poufsouffle, Serdaigle et Serpentard. Chaque maison a sa propre histoire, sa propre noblesse, et chacune a formé au cours des ans des sorciers et des sorcières de premier plan. Pendant votre année à Poudlard, chaque fois que vous obtiendrez de bons résultats, vous rapporterez des bons points à votre maison, mais chaque fois que vous enfreindrez des règles communes, votre maison perdra des points. A la fin de l'année scolaire, la maison qui aura obtenu le plus de points gagnera la Coupe des Quatre Maisons, ce qui constitue un grand honneur. J'espère que chacun et chacune d'entre vous aura à cœur de bien servir sa maison, quelle qu'elle soit. La cérémonie de la Répartition aura lieu dans quelques minutes en présence de tous les élèves de l'école. Je vous conseille de profiter du temps qui vous reste avant le début de cette cérémonie pour soigner votre tenue.

Le regard du professeur s'attarda sur Neville dont la cape était attachée de travers et sur Ron qui avait toujours une tache sur le nez. D'un geste fébrile, Harry essaya d'aplatir ses cheveux.

-Je reviendrai vous chercher lorsque tout sera prêt, dit le professeur McGonagall. Attendez-moi en silence.

Elle quitta la salle. Harry avait la gorge serrée.

-Comment font-ils pour nous selectionner ? demanda-t-il à Ron.

-J'imagine qu'ils vont nous faire passer des tests. Fred m'a dit que ça faisait très mal, mais je crois que c'était pour rire.

Harry eut un haut-le-corps. Des tests ? Devant tout le monde ? Alors qu'il ne savait pas faire le moindre tour de magie ? Il regarda autour de lui : les autres élèves avaient l'air terrifié, eux aussi. Personne ne disait grand-chose, à part Hermione Granger qui chuchotait à toute vitesse qu'elle avait appris par cœur tous les sorts possibles et qu'elle se demandait bien lequel il faudrait jeter. Harry s'efforça de ne pas écouter ce qu'elle disait. Jamais il n'avait ressenti une telle appréhension, même le jour où il avait du rapporter à la maison son carnet scolaire dans lequel il était expliqué que la perruque d'un de ses professeurs avait mystérieusement pris une couleur bleu vif et qu'on le soupçonnait d'y être pour quelque chose. Il gardait les yeux fixés sur la porte. A tout moment, maintenant, le professeur McGonagall allait entrer et l'emmener vers son destin fatal.

Tout à coup, des cris s'élevèrent derrière Harry. Il se retourna et resta bouché bée, comme les autres. Une vingtaine de fantômes venaient d'apparaître en traversant le mur du fond. D'un blanc nacré, légèrement transparents, ils flottaient à travers la salle sans accorder un regard aux élèves rassemblés. Ils paraissaient se disputer. L'un d'eux, qui ressemblait à un petit moine gras, lança :

-Oublions et pardonnons. Nous devrions lui donner une deuxième chance.

-Mon cher Frère, n'avons-nous pas donné à Peeves toutes les chances qu'il méritait ? répondit un autre spectre, vêtus de hauts-de-chausse et le coup entouré d'une fraise. Il nous fait une horrible réputation alors que lui-même n'est pas véritablement un fantôme. Tiens, qu'est-ce qu'ils font ici, ceux-là ?

Le fantôme venait probablement de se rendre compte de la présence des première année, et durant le silence qui s'en suivit, il entendit une voix lui murmurer :

-J'ai un fantôme, chez moi. Ils ne font que déambuler toute la journée, et en plus, ils n'ont aucune pudeur.

Harry se retourna et vit Drado avec un air amusé sur le visage. Il avait du voir la panique s'inscrire sur son visage au moment de l'annonce de la repartition, et semblait vouloir le détendre un peu.

-Aucune pudeur ? demanda Ron qui avait entendu ses paroles.

-Ils rentrent dans la pièce comme ça, sans se soucier de ce que tu peux y faire, expliqua-t-il donc. Même dans les salles d'eaux !

Ron et Harry eurent une petite grimace, et Harry voulut répondre, mais le professeur McGonagall rentra dans la pièce.

-Allons-y, maintenant, dit-elle d'une voix brusque. La cérémonie va commencer.

Un par un, les fantômes quittèrent la salle en traversant le mur opposé.

-Mettez-vous en rang et suivez-moi, dit le professeur aux élèves.

Harry éprouvait une sensation bizarre, comme si ses jambes s'étaient soudain changées en plomb. Les trois garçons, ainsi que la file des élèves, quittèrent la salle, traversèrent à nouveau le hall, puis franchirent une double porte qui ouvrait sur la Grande Salle.

-Du calme, lui chuchota Drago. Ca ne peut pas être si terrible.

Harry, pas tout à fait rassuré, hocha quand même la tête, et regarda la pièce dans laquelle ils étaient entrés.

L'endroit était étrange et magnifique. Des milliers de chandelles suspendues dans les airs éclairaient quatre longues tables autour desquelles les autres étudiants étaient déjà assis, devant des assiettes et des gobelets d'or étincelants. Au bout de la salle, les professeurs avaient pris place autour d'une autre table.

Le professeur McGonagall aligna les première année face à leurs camarades derrière lesquels se tenaient les professeurs. Dans la clarté incertaine des chandelles, les visages les observaient tels des lanternes aux lueurs pâles. Dispersés parmi les étudiants, les fantômes brillaient comme des panaches de brûme argentée. Gênés par les regards fixés sur les nouveaux, Harry leva la tête vers un plafond d'un noir de velours, parsemé d'étoiles.

-C'est un plafond magique, dit Hermione dans un souffle. Il a été fait exprès pour ressembler au ciel. Je l'ai lu dans L'Histoire de Poudlard.

On avait du mal à croire qu'il existait un plafond. On avait plutôt l'impression que la salle était à ciel ouvert.

Harry regarda à nouveau ce qui se passait devant lui lorsque le professeur McGonagall installa un tabouret à quatre pieds devant les nouveaux élèves. Sur le tabouret, elle posé un chapeau pointu de sorcier. Le chapeau était râpé, sale, rapiécé. La tante Pétunia n'en aurait jamais voulu chez elle.

Peut-être allait-on leur demandé d'en faire sortir un lapin ? pensa soudain Harry. Tout le monde, à présent, avait les yeux fixés sur le chapeau pointu. Pendant quelques instants, il régna un silence total. Puis, tout à coup, le chapeau remua. Une déchirure, tout près du bord, s'ouvrit en grand, comme une bouche, et le chapeau se mit à chanter.

Je n'suis pas d'une beauté suprême

Mais faut pas s'fier à ce qu'on voit

Je veux bien me manger moi-même

Si vous trouvez plus malin qu'moi.

Les hauts-d'formes, les chapeaux splendides

Font pâl'figure auprès de moi

Car à Poudlard quand je décide,

Chacun se soumet à mon choix.

Rien ne m'échapp' rien ne m'arrête

Le Choixpeau a toujours raison

Mettez-moi donc sur votre tête

Pour connaître votre Maison.

Si vous allez à Gryffondor

Vous rejoindrez les courageux,

Les plus hardis et les plus forts

Sont rassemblés en ce haut lieu.

Si à Poufsouffle vous allez,

Comme eux vous s'rez juste et loyal

Ceux de Poufsouffle aiment travailler

Et leur patience est proverbiale.

Si vous êtes sage et réfléchi

Serdaigle vous accueillera peut-être

La-bàs, ce sont des érudits

Qui ont envie de tout connaître.

Vous finissez à Serpentard

Si vous êtes plutôt malin,

Car ceux-là sont de vrais roublards

Qui parviennent toujours à leurs fins.

Sur ta tête pose-moi un instant

Et n'aie pas peur, reste serein

Tu seras en de bonnes mains

Car je suis un chapeau pensant !

Lorsqu'il eut terminé sa chanson, des applaudissements éclatèrent dans toute la salle. Le chapeau s'inclina pour saluer les quatre tables, puis il s'immobilisa à nouveau.

-Alors, il suffit de porter le chapeau ! murmura Ron en direction de Harry. Fred m'avait parlé d'un combat avec un troll.. J'ai bien envie d'aller lui casser la figure !

Harry et Draco échangèrent un sourire, mais Harry se sentait toujours un peu mal. Essayer un chapeau valait beaucoup mieux que d'essayer de jeter un sort, mais il aurait preferé ne pas avoir à le faire devant tout le monde. Le chapeau l'impressionnait et Harry ne se sentait plus le moindre courage. S'il avait existé une maison pour les élèves au bord de la nausée, il y serait allé tout de suite.

Le professeur McGonagall s'avança en tenant à la main un long rouleau de parchemin.

-Quand j'appellerai votre nom, vous mettrez le chapeau sur votre tête et vous vous assiérez sur le tabouret. Je commence : Abbot, Hannah !

Une fille au teint rose avec des nattes blondes sortir du rang d'un pas mal assuré. Elle alla mettre le chapeau qui lui tomba devant les yeux et s'assit sur le tabouret.

-POUFSOUFFLE ! cria le chapeau après un instant de silence.

Des acclamations et des applaudissements s'élevèrent de la table située à droite et Hannah alla s'y asseoir, parmi les autres étudiants de Poufsouffle. Harry vit le fantôme du moine gras lui faire de grands signes enthousiastes.

-Bones, Susan !

-POUFSOUFFLE ! cria à nouveau le chapeau.

Susan se hâta d'aller s'asseoir à coté d'Hannah.

-Boot, Terry ! appela le professeur McGonagall.

-SERDAIGLE ! cria le chapeau.

Cette fois, les applaudissements s'élevèrent de la deuxième table à gauche. Des élèves de Serdaigle accueillirent Terry en lui serrant la main.

Brocklehurst, Mandy fut également envoyée à Serdaigle. Brown, Lavande fut la première se retrouver à Gryffondor. Une ovation monta de la table située à l'extrême gauche. Les jumeaux se mirent à siffler d'un air joyeux pour saluer son arrivée.

Bulstrode, Millicent fut envoyée à Serpentard. Des acclamations s'élevèrent de la deuxième table à droite et il alla s'y asseoir rapidement.

Il commençait vraiment à avoir la nausée maintenant. Il se souvenait des séances pendant lesquelles on composait les équipes sportives dans son école. Il était toujours le dernier à être choisi, non parce qu'il était le plus mauvais, mais parce que personne ne voulait prendre le risque de lui manifester la moindre sympathie en présence de Dudley.

-Finch-Fletchey, Justin !

-POUFSOUFFLE !

Harry remarqua que le chapeau prenait parfois le temps de la reflexion avant de se décider. Finnigan, Seamus. Le garçon resta assis presque une minute entière avant que le chapeau ne l'envoie à Gryffondor.

-Granger, Hermione !

Hermione courut presque jusqu'au tabouret et enfonça frénétiquement le chapeau sur sa tête.

-GRYFFONDOR ! cria le chapeau.

Ron émit un grognement.

Harry eut soudain une de ces horribles pensées qui accompagnaient généralement les états de panique. Et s'il n'était pas choisi du tout ? S'il restait là avec le Choixpeau sur la tête sans que rien ne se passe et que le professeur McGonagall finisse par lui annoncer qu'il y avait une erreur et qu'il devait rentrer chez lui par le prochain train.

Lorsque Neville Longdubat, le garçon qui ne cessait de perdre son crapaud, fut appelé, il trébucha et tomba en s'approchant du tabouret. Le Choixpeau mit longtemps à se décider. Enfin, il cria « GRYFFONDOR ! ». Neville se précipita aussitôt vers ses camarades sans enlever le chapeau de sa tête et dut revenir le donner à McDougal, Morag sous les éclats de rire.

Lorsque son nom fut appelé, Draco resta figé une fraction de seconde, et Harry put percevoir un petit soupir. Il s'avança alors vers le tabouret, d'un air assuré, mais Harry remarqua son poing serré contre sa jambe. Dès qu'il lui eut frolé la tête du jeune homme, le chapeau s'écria « SERPENTARD » et l'autre garçon eut un sourire amusé.

La mine satisfaite, Draco alla rejoindre ses amis Crabbe et Goyle qui avaient été envoyés à Serpentard, eux aussi.

-Moon.. Nott.. Le professeur McGonagall appela les noms qui commençaient par « P ». Parkinson.. Les jumelles Patil.. Perks, Sally-Anne.. et, enfin..

-Potter, Harry !

Il décida d'imiter Draco, et poussa un léger soupir avant de sortir du rang. Il entendit des murmures qui s'élevaient dans toute la salle.

-Elle a bien dit Potter ?

-Le Harry Potter ?

Avant que le chapeau lui tombe devant les yeux en le plongeant dans le noir absolu, Harry eut le temps les têtes qui se tendaient pour mieux le regarder.

-Hum, ce n'est pas facile, dit une petite voix à son oreille. C'est même très difficile. Je vois beaucoup de courage. Des qualités intellectuelles, également. Il y a du talent et.. ho ! ho ! mon garçon, tu es avide de faire tes preuves, voilà qui est intéressant.. Voyons, où vais-je te mettre ? Serpentard, qu'en dis-tu ?

Harry hésita un instant. Ron allait aller à Gryffondor, c'était sûr. Et que lui avait dit Hagrid ? Que tous les mauvais sorciers sortaient de Serpentard ? Non, il ne pouvait pas y aller.

-Non ? dit la petite voix. Tu es sûr ? Tu as d'immenses qualités, sais-tu ? Je vois dans ta tête, et Serpentard t'aiderait singulièrement sur le chemin de la grandeur, ça ne fait aucun doute.

En parlant, les pans du chapeau s'étaient relevés, et il avait pu voir une fraction de seconde le visage de Draco. Tout à coup, il se sentit serein, et se fia au chapeau.

-Ah ? tu changes d'avis ? Très bien. C'est une très bonne décision que de t'envoyer à.. SERPENTARD !

Harry entendit le dernier mot résonner dans toute la Grande Salle. Il ôta le chapeau et si dirigea, les jambes tremblantes, vers la table des Serpentard qui applaudissait alors. Il s'assit en côté de Draco, qui avait l'air vraiment heureux de retrouver son récent ami.

A présent, il voyait distinctement la Grande Table des professeurs. Hagrid, qui était assis à l'une des extrémités, lui fit un clin d'œil en levant le pouce, bien qu'il eut l'air contrarié par quelque chose, Harry n'aurait su dire quoi. Ce dernier lui sourit. Au centre de la table, trônait dans un large fauteuil d'or massif Albus Dumbledore en personne. Harry le reconnut immédiatement, grâce à la carte qu'il avait trouvée dans le Chocogrenouille. La chevelure argentée de Dumbledore brillait avec autant d'éclat que les fantômes. Harry reconnut également le professeur Quirrell, le jeune homme émotif qu'il avait rencontré au Chaudron Baveur. Il portait un grand turban violet qui lui donnait un air bizarre.

Il ne restait plus que trois élèves à répartir. Turpin, Lisa fut envoyée à Serdaigle, puis ce fût le tour de Ron. Il avait le teint verdâtre et Harry croisa les doigts sous la table. Un instant plus tard, le chapeau annonça :

-GRYFFONDOR !

Harry eut envie d'applaudir mais se retint en voyant les regards étranges que lui lançaient ses camarades de maison. Il vit sa famille le féliciter tandis que Zabini, Blaise, fut envoyé à Serpentard et qu'il s'asseyait en face de lui.

Il eut soudain une petite pointe de regret de ne pas avoir été choisi pour Gryffondor, tellement ils paraissaient joyeux tous ensemble, et Draco perçut son malaise. Il lui lança un regard engageant, confiant, et désigna Ron d'un signe de tête. Celui-ci souriait à Harry d'un air radieux, et Harry se sentit un peu mieux.

Le professeur McGonagall roula son parchemin et emporta le Choipeau. Harry contempla alors son assiette désespérément vide et se rendit compte à quel point il était affamé. Les Patacitrouilles qu'il avait avalées lui semblaient bien loin.

Albus Dumbledore s'était levé, le visage rayonnant, les bras largement ouverts. On aurait dit que rien ne pouvait lui faire davantage plaisir que de voir tous les élèves rassemblés devant lui.

-Bienvenue, dit-il. Bienvenue à tous pour cette nouvelle année à Poudlard. Avant que le banquet ne commence, je voudrais vous dire quelques mots. Nigaud ! Gras-double ! Bizarre ! Pinçon ! Je vous remercie !

Et il se rassit tandis que tout le monde applaudissait avec des cris de joie. Harry se demanda s'il fallait rire ou pas.

-Il est.. un peu fou, non ? demanda-t-il à Draco qui arborait un air sceptique.

-Oui. Certains disent que le génie et la folie ne vont pas l'un sans l'autre, mais pour moi, il est juste fou. Si tu veux mon avis.

Et alors qu'Harry méditait ces paroles, les plats se remplirent de victuailles. Il en resta bouche bée. Les assiettes disposées sur la table débordaient désormais de roast-beef, poulet, côtelette de porc et d'agneau, de saucisses, lard, steaks, de gratins, pommes de terre sautées, frites, de légumes divers et variés, de sauces onctueuses, ketchup, et, il ne savait pour quelles raisons, de bonbons à la menthe. Les Dursley n'avaient jamais privé Harry de nourriture, mais il n'avait pas vraiment le droit de manger à sa faim. Dudley se précipitait toujours le premier sur ce que Harry aimait le mieux, même si cela le rendait malade. Harry remplit son assiette d'un peu de tout, sauf de bonbons à la menthe et se mit à manger avec appétit. Tout était délicieux.

Un fantôme aux yeux vides et au visage émacié apparut à côté de Blaise, ce garçon noir qui n'avait pas décoché un mot ni un sourire. Il ne sursauta même pas, se contentant de le regarder d'un air étrange.

-Bonjour, Serpentard, fit le fantôme à la table, la voix grave et lente.

-Bonjour, Baron Sanglant ! répondit la table en cœur.

Harry lança un regard à Drago, qui le capta, et ils durent se retenir tous les deux pour ne pas laisser échapper le moindre sourire.

-J'espère que cette année sera aussi bonne que les précédentes, déclara le Baron Sanglant.

Cette fois, ce n'était pas un regard moqueur que Harry et Draco partagèrent, mais plutôt un regard d'incompréhesion. Chacun cherchait à trouver du réconfort chez l'autre en s'assurant qu'il ne comprenait pas.

-Je parle bien évidemment du la Coupe des Quatre Maison ! expliqua le fantôme, qui avait vu leur manège. Ca fait six ans qu'on gagne de suite, et je compte bien pouvoir dire aux autres fantômes combien ma maison est mieux que la leur à la fin de l'année. Encore, cru-t-il bon d'ajouter, un rictus sévère au visage.

Harry les vit alors : les taches de sang argentée sur le Baron Sanglant. Un frisson le parcourut, et il aurait donné n'importe quoi pour être ailleurs.

-C'est un fantôme, lui murmura tout doucement Draco. Et un Serpentard qui plus est. Il n'a pas du se laisser tuer comme ça.

-Que.. ?

Harry comprit alors et lui sourit une fois de plus. Draco avait compris sa panique soudaine. Et une fois de plus, il se sentit rassuré.

Lorsque tout le monde se fut bien rempli l'estomac, ce qui restait dans les plats disparu peu à peu et la vaisselle redevint étincelante de propreté. Ce fut alors le moment du dessert : crèmes glacées à tous les parfums possibles, tartes aux pommes, éclairs au chocolat, beignets, babas, fraises, gâteaux de riz..

Tandis qu'il prenait un morceau de tarte à la melasse, les autres se mirent à parler de leurs parents.

-Ma mère a eu quatre maris, fit Blaise Zabini qui s'exprimaient pour la première fois. Tous morts. On est riches.

Draco ricana, tandis que Harry pensait qu'il annonçait ça avec beaucoup trop d'indifférence.

-Mes parents attendent un garçon, raconta Daphné Greengrass. J'ai une petite sœur, mais pour l'héritage.. Je suis de sang-pur, expliqua-t-elle à Harry qui ne comprenait pas, en levant les yeux au ciel.

Elle était assise en diagonale de lui et se pencha pour qu'il puisse mieux l'entendre.

-Harry Potter, c'est ça ? feignit-elle d'ignorer, tandis qu'il hochait la tête. Tu dois savoir qu'un sang-pur et quelqu'un dont les deux parents sont sorciers, qui ont chacun deux parents sorciers, etc.. Et pour les sang-pur, poursuivit-elle, seul un garçon peut recevoir l'héritage.

Harry hocha à nouveau la tête, puis baissa les yeux vers son assiette, closant ainsi la discussion. Quelque chose lui déplaisait dans cette affaire, même s'il n'aurait su dire quoi.

Il commença à avoir chaud et sommeil, et il jeta un coup d'œil à la Grande Table. Hagrid vidait son gobelet, le professeur McGonagall parlait avec Albus Dumbledore et le professeur Quirrell, avec son turban ridicule, parlait à l'un de ses collègues, un homme aux cheveux noirs et gras, le nez crochu, le teint cireux.

Tout se passa en un éclair. Le professeur au nez crochu leva les yeux au dessus du turban du professeur Quirrell et fixa Harry celui-ci ressentit aussitôt une douleur aigüe, fulgurante, à l'endroit de sa cicatrice.

-Aïe ! s'écria Harry en se plaquant une main sur le front.

-Qu'est-ce qu'il y a ? s'inquiéta Draco.

-R.. Rien..

La douleur avait disparu aussi vite qu'elle était venue. En revanche, Harry n'arrivait pas à chasser la sensation qu'il avait éprouvé en croisant le regard du professeur – la sensation que cet homme ne l'aimait vraiment pas.

-Qui c'est, le professeur qui parle avec Quirrell ? demanda-t-il à Draco.

-Qui est Quirrell ?

-Tu sais, le professeur qui a ce turban violet.. expliqua Harry.

-Ah, c'est le professeur Rogue, déclara Draco avec fierté. Il est le Maître des Potions de Poudlard, le directeur de Serpentard, et, accessoirement, mon parrain.

Harry regarda un instant Draco qui bombait légèrement le torse, puis redirigera son regard vers Rogue, qu'il observa longuement, mais celui-ci ne tourna plus le regard vers lui.

Lorsque les desserts eurent à leurs tours disparus, Albus Dumbledore se leva à nouveau et le silence se fit dans la salle.

-Maintenant que nous avons rassasié notre appétit et étanché notre soif, je voudrais encore dire quelques mots en ce qui concerne le règlement intérieur de l'école. Les première année doivent savoir qu'il est interdit à tous les élèves sans exception de pénétrer dans la forêt qui entoure le collège. Certains de nos élèves les plus anciens feraient bien de s'en souvenir.

Dumbledore tourna ses yeux étincelants vers les jumeaux Weasley.

-Mr Rusard, le concierge, m'a également demandé de vous rappeler qu'il est interdit de faire des tours de magie dans les couloirs entre les cours. La sélection des joueurs de Quidditch se fera au cours de la deuxième semaine. Ceux qui souhaitent faire partie de l'équipe de leur maison devront prendre contact avec Madame Bibine. Enfin, je dois vous avertir que cette année, l'accès au couloir du troisième étage de l'aile droite est formellement interdit, à moins que vous ne teniez absolument à mourir dans d'atroces souffrances.

Harry éclata de rire, mais il ne fut guère imité. Gêné, il rougit et baissa les yeux, tandis que Draco lui chuchotait :

-Tu vois, quand je te disais qu'il était fou..

-Tu crois qu'il est sérieux ? questionna Harry.

-Je ne sais pas, répondit Draco. Sûrement. A lier, ce type.

-Et maintenant, avant d'aller nous coucher, chantons tous ensemble l'hymne du collège ! s'écria Dumbledore.

Harry remarqua que les sourires des autres professeurs s'étaient soudain figés. Dumbledore donna un petit coup de baguette magique, comme s'il avait voulu faire partir une mouche posée à son extrémité, et il s'en échappa un long ruban d'or qui s'éleva au dessus des tables en se tortillant comme un serpent pour former les paroles de la chanson.

-Chacun chantera sur son air préféré, dit Dumbledore. Allons-y !

Et toute l'école se mit à hurler :

Poudlard, Poudlard, Pou-du-Lard du Poudlard,

Apprends-nous ce qu'il faut savoir,

Qu'on soit jeune, ou vieux, ou chauve,

Ou qu'on ait les jambes en guimauve,

On avoir la tête bien pleine

Jusqu'à en avoir la migraine.

Car pour l'instant c'est du jus-d'âne,

Qui mijote dans nos crânes,

Oblige-nous à tout étudier,

Répète-nous c'qu'on a oublié,

Fais de ton mieux, qu'on se surpasse

Jusqu'à c'que nos cerveaux crient grâce.

Tout le monde termina la chanson à des moments différents. Les jumeaux Weasley furent les derniers à chanter, au rythme lent de la marche funèbre qu'ils avaient choisi. Dumbledore marqua la cadence avec sa baguette magique et lorsqu'ils eurent terminé, il fut l'un de ceux qui applaudirent le plus fort.

-Ah, la musique, dit-il en s'essuyant les yeux. Elle est plus magique que tout ce nous pourrons jamais faire dans cette école. Et maintenant, au lit. Allez, tout le monde dehors.

Les nouveaux de Serpentard suivirent une fille dont Harry ignorait le nom hors de la Grande Salle puis la suivirent dans un escalier qui descendait. Ils débouchèrent dans des espèces de cachots et le froid ambiant aidait Harry à se concentrer. En effet, il avait à nouveaux les jambes en plomb, mais cette fois, seule la fatigue était responsable. Il était d'ailleurs tellement fatigué qu'il ne remarqua pas que dans les rares tableaux accrochés au mur, les personnages bougeaient et chuchotaient sur le passage des élèves en les désignant du doigt. Ils parcoururent ainsi une distance qui lui paru interminable et au moment où il sentait que son manque de sommeil allait primer sur son envie de bien se faire voir, ils s'arrêtèrent enfin devant un grand mur de pierre. Il pensa distraitement qu'il devait y avoir un problème, quand la jeune fille prononça distinctement les mots :

-Salazar Serpentard !

Une porte dissimulée dans le mur s'ouvrit aussitôt et le groupe des élèves y pénétra.

La salle commune des Serpentard était une longue pièce souterraine aux murs et au plafond de pierre brune. Des lampes rondes, dont émanait une jolie couleur verte, étaient suspendues aux murs et un feu brûlait dans une cheminée au manteau gravé de figures élaborées.

La jeune fille montra alors aux nouveaux les deux dortoirs qui leur étaient réservés, celui des filles et celui des garçons. Les garçons prirent la porte de droite et traversèrent un long couloir, et trouvèrent dans une pièce annexe et trouvèrent des lits à baldaquins avec des rideaux de soie d'un vert émeraude. Leurs valises avaient déjà été amenées. Trop fatigués pour parler longtemps, ils enfilèrent leur pyjama et se mirent au lit.

Il entendit Draco lui parler mais il tomba endormi tout d'un coup. Peut-être était-ce à cause de son trop copieux repas qu'il fit un rêve étrange. Il portait le turban du professeur Quirrell et le turban ne cessait de lui répéter qu'il avait fait une erreur, d'une voix toujours plus aigue. Il répondait que non, il était à sa place ici, mais le turban devenait de plus en plus lourd. Harry essayait de l'enlever mais il lui serrait douloureusement la tête et il voyait Rogue, le professeur au nez crochu, qui riait en le regardant s'escrimer en vain, alors que son rire devenait de plus en plus sonore, de plus en plus glacé. Un éclair de lumière avait brusquement jailli et Harry s'était réveillé, le corps tremblant, baigné de sueur.

Il s'était tourné de l'autre côté et s'était rendormi. Le lendemain, lorsqu'il se réveilla, il n'avait plus aucun souvenir du rêve.

 
 
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