Titre : l'Oubli
Disclaimer : J.K. Rowling, l'Unique, possède encore tous les droits sur Harry Potter, enfin qui sait, peut-être qu'un jour ...
Raiting : j'ai mis T+ pour parer à toutes éventualités, mais il y aura plus de sous-entendus qu'autre chose, à mon humble avis (à moins que je n'eusse une pulsion d'ici là ...).
Paring : Je n'ai pas vraiment envie de tout dévoiler maintenant mais comme ça va vite être évident ... Sachez qu'il y aura du drarry mes agneaux.
Petite note d'auteur : Aheum. Tout d'abord, je suis ravie que quelqu'un dépose son regard sur ma modeste fanfiction. Modeste ? Non, je n'essaye pas du tout de vous amadouer. Bref ! Disons le clairement : c'est ma première - vraie - fanfiction. Mon p'tit bijou, mon p'tit bébé, qui murit depuis très, très, longtemps dans les tréfonds de mes fichiers. Après une gestation longue et éprouvante, je me permets d'accoucher. Aheum. Oui, donc, je disais, il y a déjà quelques chapitres d'écrits, mais j'ai la réputation d'être lente, donc ne vous attendez pas à une frénésie de postage. Avec mon avance, cependant, il y aura un chapitre par semaine, mais ça risque vite de changer. Sur ce, je vous laisse seuls juges. Bonne lecture !
Un remerciement bien mérité : Je voulais dire un très, très, grand merci à Nenashka (ma bêta lectrice, mais bien plus que ça encore). Surtout, allez lire ses fanfictions, vous ne serez pas déçus. (t'as vu, j'te fais d'la pub)
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Le dernier voyage dans le Poudlard express qu’ils feraient. Le tout dernier. C’était douloureux, autant que c’était excitant. Et l’atmosphère dans le wagon changeait souvent, un instant elle était électrique, celui d’après elle était mélancolique, presque lourde. Les trois meilleurs amis ne se regardaient pas, ils laissaient leurs yeux s’abîmer dans le paysage qui leur apparaissait par la fenêtre. C’était étrange de savoir que l’époque de Poudlard était révolue pour eux, qu’ils rentraient dans l’âge adulte en somme. Ils laissaient derrière eux des bons, comme des mauvais souvenirs.
On sentait dans leur regard qu’ils appréhendaient l’avenir, même s’ils avaient hâte de voir l’avenir justement, de le sentir, loin du château, lieu de leurs aventures trépidantes de jeunesse. Jeunesse. Voilà bien quelque chose qu’ils avaient cru avoir perdu lors de la guerre, mais elle était revenue, triomphante, lorsque le mage noir était tombé. Elle n’était pas partie, elle s’était juste tapie au fond de leurs âmes, laissant la maturité faire son office avant de revenir sans crier gare. Et ils avaient pu en profiter, restant une année de plus à Poudlard. Certains avaient de suite pensé que c’était une année de trop, qu’ils savaient déjà tout, ayant mûri à une vitesse hallucinante, d’autres y avaient vu une échappatoire à une vie d’orphelin, et puis d’autres, plus rares, s’étaient réjouis car ils pourraient ainsi passer leurs ASPICS. Mais finalement tous étaient venus, ou presque, et repartaient, mélancoliques de quitter leur maison, en quelque sorte.
Les trois amis, qui n’étaient autre qu’Hermione, Ron et Harry, avaient gardé leur uniforme, présentant une dernière fois avec fierté les couleurs de leur ancienne maison. Les Rouge et Or n’avaient pu se résoudre à porter autre chose, et d’un commun accord ils avaient prévu de les porter toute la journée, jusqu’à l’heure du couché, les rangeant alors définitivement.
« C’est bizarre de quitter Poudlard … »
Bien entendu, il fallait que Ron brise le silence. Hermione, plus pour la forme qu’autre chose, lui lança un regard réprobateur alors que le brun hochait la tête, totalement ailleurs. Il était celui qui supportait le moins cette séparation, enfin c’était ce que ces deux meilleurs amis pensaient. Ils le couvaient du regard, ce qui devenait légèrement pesant pour le jeune homme qui se leva, prétextant d’aller se dégourdir les jambes, mais c’était plutôt pour s’aérer l’esprit et ne pas reprocher le comportement mère poule de ses amis, qui voulaient, au fond, juste son bien. Voilà une chose qui ne changerait jamais même après Poudlard : le côté surprotecteur de ses amis.
Ces derniers profitèrent de l’absence du brun pour se rapprocher. Ils évitaient de se câliner quand il était là, parce que c’était bien connu, Harry Potter, sauveur du monde autant sorcier que moldu, était seul depuis un petit moment. Enfin il n’était pas vraiment seul … Mais cela, même le Survivant ne l’avait pas constaté, seule Hermione était au courant. Le regard suspicieux que glissa la brune à la suite de son meilleur ami n’échappa pas à son petit ami.
« Et moi je suis sûr Hermione qu’il n’y a rien. Et puis, imagine, ce serait si … yeurk. Déjà que j’ai du accepté qu’il ne sorte plus avec ma sœur, ensuite qu’il sorte avec … »
Une légère claque bien sentie en haut de crâne de la part d’Hermione l’empêcha de terminer sa phrase. Il s’empressa de calmer la jeune demoiselle, n’ayant vraiment pas envie de subir son courroux – en réalité, il avait peur d’elle :
« Ok, ok, je n’ai rien dit. »
Il leva les mains, puis pour se faire pardonner, il déposa ses lèvres contre celle de l’ex-gryffondor. Vaincue, elle le laissa faire, mais elle n’oublierait pas de lui rappeler à la moindre occasion qu’il n’était qu’un sale type intolérant.
* * * * * *
Harry marchait lentement dans l’allée du train. Pour une fois, il n’avait pas pris sa cape avec lui, n’ayant pas l’envie ni le besoin de se cacher. Il n’était plus question de connaître les secrets d’un blond ténébreux, ni de se cacher de qui que ce soit. Il aperçut la chevelure rousse de Ginny accompagnée de ses amis, Seamus, Neville, Dean et Luna. Pourtant, il ne vint pas vers eux, se rappelant ce qui s’était passé cette année. Trop de chose, d’après lui. A croire que sa vie ne pouvait pas être un long fleuve tranquille. Ce fut sur cette constatation qu’il vit son meilleur ennemi. Son meilleur ennemi … Se faisant la réflexion que cette promenade n’était peut-être pas une bonne idée finalement, il revint sur ses pas, retournant du même pas lent dans son compartiment.
Lorsqu’il ouvrit la porte il y découvrit ses meilleurs amis, blottis l’un contre l’autre assoupis. Attendri malgré lui – un homme attendri, ça n’a rien de viril – il s’assit face à eux. Alors qu’il n’éprouvait quelques secondes avant aucune envie de dormir, ses paupières se firent lourdes. Plus aucune pensée cohérente ne faisait irruption dans son esprit. Il aurait pu paniquer, s’il ne se sentait pas si affaibli. Ses amis auraient pu paniquer en le voyant tout doucement tomber dans l’inconscience s’ils n’étaient pas dans les bras de Morphée. Si bien que le brun perdit connaissance sans que personne ne s’en aperçoive.
* * * * * *
Ils étaient bientôt arrivés, ce n’était plus qu’une question de minutes, de secondes même. Ron et Hermione s’étaient réveillés l’un après l’autre, rougissant en se rendant compte qu’ils s’étaient endormis dans les bras l’un de l’autre. Puis ils avaient remarqué qu’Harry était revenu et s’était endormi. La brune, d’une voix sage, avait demandé au roux de ne le réveiller sous aucun prétexte ce qu’allait faire bien évidemment Ron avec un plaisir sadique, mais par respect pour sa petite amie – ou juste parce qu’il avait peur de ses représailles – s’en abstint. Il eut le droit à un hochement approbateur de la jeune fille, et il marmonna dans sa barbe quelque chose du genre « parfois, avec elle, j’ai l’impression d’être un chien » mais elle ne releva pas, habituée à ces grognements.
« On aura qu’à lui lancer un ‘levicorpus’.
- C’est encore plus sadique que de le réveiller. Quoique, j’aimerais bien voir sa tête en se réveillant la tête en bas … »
Ron fit une grimace alors qu’il se rappelait comment Harry s’était servi de ce sortilège sur lui : il s’était retrouvé retenu par un seul pied dans les airs, la tête en bas. Cela n’avait pas été très agréable.
Hermione haussa les épaules, un petit sourire en coin, se souvenant très bien de cette soirée où Ron n’avait pas pu manger ayant trop mal à la tête, avant de faire un mouvement du poignet avec sa baguette pour faire léviter son meilleur ami. Elle regarda autour d’elle avec une tristesse et une sorte de tendresse palpables. Sentant la mélancolie de sa petite amie, qu’il partageait, Ron déposa une main protectrice sur son épaule. Ils échangèrent un léger sourire, puis prirent la sortie.
* * * * * *
Hermione se mordit la langue alors que son inquiétude croissait. Devait-elle dire à Ron que ce n’était pas normal que leur ami dorme toujours ? Ou s’en était-il rendu compte ? Apparemment non, puisque ce crétin avalait déjà à pleines bouchées les petits gâteaux que Molly leur avait offert dès qu’ils étaient rentrés dans la grand maison bancale. Elle lui avait plusieurs fois lancé un regard noir, mais son petit ami était immunisé depuis le temps qu’elle lui en lançait.
« ‘Mione, mange ! Ils sont délicieux, » dit-il alors qu’il en enfournait un autre dans sa bouche grande ouverte et déjà à moitié pleine.
Hermione fit une mine dégoûtée alors qu’elle détournait le regard de ce vorace insensible.
Elle déposa ses yeux sur la silhouette allongée et assoupie d’Harry qui reposait sur le large canapé rouge.
« On ne devrait peut-être le réveiller maintenant, » murmura-t-elle plus pour elle que pour faire réagir l’autre garçon.
Mais celui-ci ne se le fit pas répéter deux fois. En quelques grandes enjambées, il était prêt de son meilleur ami, la bouche près de son oreille. Et sans douceur, il lui cria littéralement dans l’oreille que l’hiver n’était pas encore là, et que de toute façon il n’était pas une marmotte. Réflexion qui fit rouler les yeux de la miss Granger. Parfois, elle avait honte de lui. Mais ce qui l’empêcha de faire la moindre remarque fut l’air angoissé que prit le roux en se tournant vers elle.
« Dis, ‘Mione, c’est normal qu’il ne se réveille pas ? »
Se mordant l’intérieur de la joue pour ne pas paniquer, elle s’avança vers eux, pour s’agenouiller au pied du canapé. Tapotant la joue du brun, elle constata d’elle-même qu’il n’était pas prêt de se réveiller.
« Ron, va chercher Molly. »
Il n’en fallut pas plus pour l’immense jeune homme qui se précipita dans la cuisine.
* * * * * *
« Chut Ron ! J’ai vu sa paupière frémir … Ah nan, fausse alerte. »
La voix d’Hermione était éteinte, épuisée par toute l’inquiétude qui s’était abattue sur ses épaules qui pourtant en avait vu d’autre. Elle ne doutait pas que son ami s’en sortirait, mais elle ne savait pas quand, comment, et quel serait son état lorsqu’il se réveillait. Et ne rien savoir la dérangeait plus que tout. Si elle avait pu, elle aurait crié d’impuissance, car aucun livre qu’elle avait ingurgité, aucun savoir qu’elle avait emmagasiné, ne lui avait appris à gérer sa propre ignorance.
Ron recommença à babiller, plus pour détendre sa petite amie et se détendre aussi que par réel besoin de s’exprimer. Lui aussi s’inquiétait pour leur meilleur ami, mais à l’inverse de la brune, il avait l’habitude d’être ignorant. Et puis, il avait une confiance presque aveugle en son ami, suffisamment pour ne pas s’en faire tant que ça. Il s’en sortirait, assurément. Hermione savait à quel point son petit ami idéalisait leur meilleur ami, et elle était d’autant plus anxieuse, car malgré tout ce que l’on peut dire sur leur amitié forte, tout amour est fragile. Et cela, la brune en avait bien conscience. Que se passerait-il si Harry décevait Ron ?
* * * * * *
Harry Potter, le Survivant, semblait avoir survécu encore une fois. En effet, il n’avait pas été question d’un petit moment d’inconscience comme le pensaient au départ ses deux meilleurs amis, mais bien d’un coma qui dura en tout presque deux mois. Deux mois d’inquiétude, d’attente aussi. Ron en était presque devenu fou, alors qu’Hermione avait repris son calme, et avait tenté tant bien que mal de gérer l’accablement de toutes les personnes qui étaient au courant de ce qui arrivait à leur héros. Très peu de monde le savait, pour ne pas attirer les médias, mais aussi parce qu’Harry n’aurait sûrement pas supporté à son réveil d’être traité comme un malade.
La première chose que vit le brun lorsqu’il se réveilla de son très long sommeil fut un plafond blanc. Assez désorienté, il essaya de se lever brusquement, mais son corps était affaibli par l’inactivité, et il fut repoussé sur le matelas par une main posée sur sa poitrine.
« Ne bouge pas Harry, je vais chercher le médicomage, » dit une voix douce près de lui.
Il tourna la tête pour rencontrer le regard chocolat d’une brune aux traits tirés sûrement par la fatigue.
« Qui es tu ? » demanda-t-il d’une voix rauque.
Sa question eut l’effet d’une douche froide sur la brune, qui frémit avec un regard affolé. Elle n’eut pas le temps de répondre qu’un grand roux s’avançait à grandes enjambées vers eux. Il semblait en colère, comme pour cacher une peur incontrôlable.
« Tu te fiches de nous Harry, hein ? »
Le susnommé fronça les sourcils, cherchant dans sa mémoire qui étaient ces deux personnes. Mais rien, le trou noir. Comme si quelqu’un avait effacé tous ses souvenirs à grand coup d’éponge, laissant des images sans queue ni tête, incroyablement floues.
« Je ne me rappelle pas … » hésita-t-il alors qu’il voyait une flamme dangereuse briller dans les yeux du jeune homme.
« Tu ne te rappelles pas de nous ? Mais Harry, je suis Ron ! Ton meilleur ami ! Dis moi que tu t’en rappelles … Tu ne peux pas avoir oublié ça ! » hurla-t-il.
Il semblait au bord de l’explosion. Lui aussi semblait être accablé d’une très grande fatigue. La fille aux yeux couleur chocolat se leva, se mettant face à lui, comme si elle voulait le protéger, et c’était sûrement ce qu’elle tentait de faire. Cela sembla apaiser l’immense garçon, qui se recula pour tourner des talons et sortir de ce qui devait être une chambre d’hôpital.
Quand la porte se referma, le brun entendit enfin le mot qui résonnait dans sa tête. Un prénom plus exactement. Ron … Alors que déjà des milliers d’images se faufilaient jusqu’à son esprit, ses yeux se fermèrent d’eux-mêmes. Avant de tomber à nouveau dans l’inconscience, il entendit le hoquet catastrophé de la brune qui était restée à ses côtés.
« Harry, reste avec nous, Harry ! »
Mais déjà il avait sombré. Hermione se laissa tomber dans la chaise qu’elle ne quittait que rarement depuis que le brun était convalescent. Elle enfuit sa tête dans ses mains : mais que lui arrivait-il ? Aucun médicomage n’avait eu de réponse à cette question toute simple, par contre chacun avait eu son hypothèse. Et voilà que maintenant s’ajoutait à la liste commençant par le mot « coma » le mot, non moins terrifiant, « amnésie ».
* * * * * *
Si Hermione détestait bien quelque chose, c’étaient les murs blancs de Sainte Mangouste. On aurait cru que les sorciers seraient plus originaux, mais non, ils affectionnaient le blanc ‘pur’ et ‘sain’ comme leurs voisins moldus. On aurait aussi pu croire que la Gryffondor aspirait à devenir médicomage, mais c’était bien loin d’être le cas : elle avait assez vu de sang, de maladie, de mort pour le restant de ses jours. Elle voulait plutôt sauver le monde d’une autre façon, tout aussi noble, en devenant un membre de Magenmagot. Oui, elle était ambitieuse, mais aussi courageuse, car en ces temps de reconstruction, la justice était un bien pitoyable chantier abandonné.
C’était son aversion pour le blanc qui l’avait poussé à sortir Harry de Sainte Mangouste. Même si c’était la première raison, elle avait du en trouver d’autres pour convaincre aussi bien les Médicomages que les Aurors. Alors elle avait avancé l’argument comme quoi le héros du monde sorcier n’était pas en sureté dans l’hôpital, qu’un jour l’information croustillante à propos de son amnésie filtrerait et il serait impossible de dégager la foule. Puis, le Survivant apprécierait sans doute de se réveiller ailleurs que dans un hôpital. Dès qu’il avait été question du bien être de Monsieur Potter, tout le monde s’était plié à ses décisions. Elle avait pouffé de rire derrière leur dos, et avait été tenté de demander bien plus au nom de celui-qui-a-vaincu, mais sa nature gryffondorienne l’en avait empêché.
Ainsi, elle avait exploré le côté moldu de Londres à la recherche d’un appartement sorcier. Cela existait, elle en était sûre, puisqu’elle l’avait lu, un jour dans la grande bibliothèque bien fournie de Poudlard : d’après le livre – ou les livres – certaines familles sorcières aimaient habiter avec les moldus, soit parce que cela les amusait, soit parce que c’était plus reposant. Elle avait lu un nombre inimaginable de thèses sur les avantages et les inconvénients de vivre parmi les non-sorciers, mais cela ne nous intéresse pas maintenant. Le monde moldu avait un seul avantage pour Harry : personne ne le reconnaîtrait.
Après un long mois de recherche – les appartements sorciers à Londres moldu était si bien caché, que sa recherche s’était changé en chasse au trésor – elle avait enfin trouvé la perle rare, un appartement au dernier étage d’un quartier paisible, mais chic de Londres. Mais la suite s’était avérée bien plus compliqué : convaincre Ron avait été difficile. En effet, ce dernier ne comprenait toujours pas pourquoi son meilleur ami, celui qu’il considérait comme son frère, ne pouvait pas habiter avec eux au Terrier. Hermione avait essayé, avec toute la patience du monde, de lui expliquer que la maison des roux n’était pas exactement un lieu calme et paisible propice au bon rétablissement du malade. Après ça, il avait fallu le convaincre que le Square Grimmaud n’était pas un endroit assez propre et chaleureux – et encore, ces mots sont faibles – pour un esprit instable comme le serait celui d’Harry à son réveil.
Ce ne fut que lorsque Molly Weasley fit son regard sévère à son fils – et lui hurla en prime dans les oreilles, mais cela est un détail – qu’il consentit au choix d’Hermione. Il fut donc décidé qu’on transporterait le brun le plus vite possible dans son nouvel appartement. Il était clairement dit qu’il serait surveillé et qu’il lui serait interdit de sortir de chez lui avant un long moment. Ces mesures draconiennes ne dérangeaient pas la jeune fille qui comptait les imposer d’elle-même à son ami. Elle appréhendait tout de même la réaction de ce dernier quand les différentes règles lui seraient exposées : il avait toujours eu le sang chaud et un grand besoin d’espace. Et puis sa santé la préoccupait encore plus : voilà bien un mois qu’il était allongé sur son lit d’hôpital sans jamais ouvrir les yeux.
* * * * * *
Ron s’était endormi sur la chaise où s’il s’était posé pour veiller sur son ami. Toute l’après-midi il était resté à son chevet. Il avait assuré à Hermione qu’il était capable de s’occuper de lui, et qu’il savait quoi faire s’il se réveillait. Mais en réalité il était totalement démuni face au coma de son meilleur ami. Il ne savait pas du tout comment réagir s’il ouvrait les yeux, et il avait presque prié pour que cela n’arrive pas avant qu’Hermione ne revienne. Il n’était pas très fier d’être aussi lâche, mais il s’imaginait que n’importe qui dans sa position aurait autant peur que lui. Hermione aurait bien ri de lui, si elle savait tout ça, voilà pourquoi il avait fait le coq en assurant qu’il pouvait très bien la remplacer pour une journée. Et il se promettait de trouver une excuse pour ne plus jamais le faire. C’était beaucoup trop éprouvant de le voir allonger, totalement immobile. Harry pour lui ne pouvait se limiter à cette personne totalement inerte. Ce n’était pas son meilleur ami. Et cela le troublait énormément.
Soudain, il se réveilla en sursaut, regardant autour de lui avec agitation. Tout allait bien, rien n’avait bougé. Non, justement, rien n’allait puisque rien n’avait bougé. Il soupira. S’il ne se réveillait pas, il allait devenir fou. Déjà ses rêves étaient hantés par des images funestes où on enterrait le Survivant. Ron avait vu suffisamment de morts pour devenir aussi pessimiste. Son optimiste de Gryffondor était parti bien loin, pour ne jamais revenir, faisant de lui quelqu’un d’anxieux et d’encore plus colérique qu’il ne l’était déjà avant. Heureusement qu’Hermione était là pour le calmer quand la pression s’accumulait. Ne supportant plus d’être assis, à ruminer ses pensées, il se leva brusquement, sortant rapidement de la chambre. La lumière du couché de soleil l’éblouit quelques instants, le temps qu’il s’y fasse. Quand ses paupières arrêtèrent de papillonner, il put enfin voir la pièce à vivre de l’appartement.
Le rouquin était sûr que son meilleur ami allait aimer son appartement, de toute façon, il se demandait bien qui serait assez fou pour ne pas apprécier un tel logement : les murs étaient recouverts d’un papier peint jaune très clair qui rendait la pièce lumineuse et rayonnante. Le mobilier était simple et moderne, et surtout fonctionnel. Rien ne choquait, à part peut-être une chose : l’absence d’objets qui pouvait rappeler n’importe quels souvenirs. Cela faisait grimacer Ron. Il avait tout d’abord insisté pour qu’au moins une photo soit présente dans la chambre de son ami, une photo les représentant tous les trois, mais Hermione avait tout de suite refusé catégoriquement : d’après elle, ça ne ferait que rendre leur ami mal à l’aise. Pourtant, Ron était persuadé que ça ferait revenir plus rapidement la mémoire à Harry. Mais face à sa petite amie, il avait capitulé – comme toujours.
Ron continua sa revue des lieux pour s’empêcher de penser à des choses qui fâchent : la salle de bain était bleue, Hermione avait mis un point à ce qu’aucune pièce n’ait des murs blancs ; la cuisine américaine était ouverte sur la pièce à vivre qui était coupée en deux parties qu’on devinait facilement, grâce à la table qui ornait une partie de la pièce et la télévision – il avait mis beaucoup de temps pour ne plus écorcher ce mot – régnait dans l’autre partie. L’appartement avait beau être très sympathique, il ne l’aimait pas. Lorsqu’il l’avait dit à Hermione, elle avait éclaté de rire pensant qu’il plaisantait, mais lorsqu’elle avait compris que ce n’était pas le cas, elle l’avait assez mal pris. « De toute façon, ça ne doit pas te plaire à toi Ronald Weasley, mais à Harry. » Il avait alors marmonné comme quoi elle ne pouvait pas savoir si ça allait lui plaire, mais elle avait fait semblant de ne pas l’avoir entendu.
S’il n’aimait pas ce lieu, c’était tout simplement parce qu’il n’y avait rien de chaleureux, contrairement au Terrier. Même si là-bas c’était un peu le foutoir, au moins on s’y sentait comme dans un cocon. Ici tout semblait froid, tellement … impersonnel. Il doutait sérieusement que le brun apprécierait ce côté-là de son appartement. Enfin, pour le savoir, il faudrait déjà qu’il se réveille. Fatigué de cette journée – pourtant il n’avait rien fait à par somnoler en attendant un hypothétique réveil – il s’assit sur le canapé, attrapant la boîte noire – il n’arrivait décidément par à retenir son nom – pour allumer l’engin. Avec un soupir de satisfaction, il arriva à l’allumer. S’installant confortablement, il regardait fixement l’écran, sans rien comprendre à la série qui passait à cette heure-ci. Il ne comprenait rien, certes, mais c’était suffisamment drôle pour le détendre.
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Hermione fronça les sourcils. Elle ne comprenait rien, et si au départ cela l’inquiétait, maintenant cela l’agaçait plus qu’autre chose. Harry s’était réveillé depuis trois jours, et comme la première fois, il ne se rappelait de rien. C’était prévisible, mais Ron l’avait encore une fois très mal pris. Sauf que cette fois-ci, elle avait été assez rapide pour le bâillonner et l’empêcher de dire quoique ce soit. Il valait mieux y aller progressivement, le temps que le brun assimile les choses, plutôt que de lui dire tout en une fois, ce qu’avait fait son petit ami il y avait un mois de cela maintenant, avec pour seul résultat Harry retombant dans le coma. Mais voilà, elle avait beau mettre Harry sur la piste de ses souvenirs, c’était le trou noir. Alors tout doucement, elle s’était mise à dire des noms, cela n’avait eu aucun résultat. Puis, elle avait décrit les personnes, et là, ça avait été le drame : il avait eu le regard vague, la respiration saccadée, et tout son corps s’était affaissé. Evanoui.
Et le Survivant – qui n’était plus qu’une loque maintenant – s’était réveillé, à nouveau, trois jours plus tard, ayant tout oublié de ses derniers réveils, ainsi que de ses dernières années. Hermione, de plus en plus perplexe, comprenait qu’il ne puisse pas se souvenir des années passées, mais elle ne saisissait définitivement pas pourquoi il ne se rappelait pas des derniers jours. C’était comme si à chaque fois qu’il retombait dans les vapes, il oubliait tout. Alors après lui avoir posé des questions sur ce dont il se rappelait, elle recommençait son petit manège : à nouveau elle lui disait des noms, lui décrivait des visages, et indifféremment il retombait dans le coma, mais de plus en plus léger. Ce petit jeu, qui n’en était pas un, durait depuis un mois, et cela se voyait sur le visage de plus en plus blanc de la jeune fille, mais aussi du brun. Et Hermione voyait avec appréhension les vacances scolaires se terminer. Elle devrait alors entrer dans l’Université magique de droits, et n’aurait plus autant de temps pour son meilleur ami.
Ron entra dans la chambre, une grimace déjà sur le visage. Il avait fait en sorte de venir ici le moins possible, et Hermione ne lui avait jamais rien reproché, à son grand soulagement. Mais il devait quand même soutenir sa petite amie et son meilleur ami – même s’il avait de plus en plus de mal à le considérer encore comme tel. Alors ne la voyant pas revenir au Terrier, il s’était dit qu’encore une fois elle ne voyait pas le temps passé et continuait sans relâche à questionner Harry, puis à lui raconter encore une fois son passé, jusqu’à ce qu’il vacille, et tombe. Et il n’avait pas tord : elle était là, sur une chaise près du lit, et le brun semblait endormi. Une vague de rancœur prit place dans son cœur, et il ne put plus se taire.
« Hermione, dit-il d’une voix tranchante.
- Ron ? s’étonna-t-elle, car il était de plus en plus rare de le voir venir ici, et son ton ne présageait rien de bon.
- Je n’en peux plus, tu n’en peux plus. Il est temps que ça s’arrête. Il ne se souviendra probablement plus jamais de nous, ni des autres, ni du monde sorcier. Laisse-le, qu’il refasse sa vie chez les moldus. Qu’on puisse vivre heureux sans …
- Sans lui ?! s’énerva la brune, s’attendant déjà depuis quelque temps à ce qu’il lui fasse ce discours stupide. Sans lui, c’est ça que tu veux ? Une vie tranquille ? Moi aussi je veux une vie tranquille, mais pourrais-tu vivre heureux en sachant que ton meilleur ami est seul, sans souvenirs, totalement perdu ? Tu n’as donc aucun scrupule, aucun cœur, Ronald Weasley ?!
- Ce n’est plus notre meilleur ami, Mione ! Regarde-le ! Le Harry que nous connaissions ne nous aurait jamais oublié !
- Tu es si stupide, Ron, c’est désespérant, souffla-t-elle. Si tu ne le supportes plus, je ne t’imposerais plus de venir. Mais je sais très bien que tu vas très amèrement le regretter, Ronald, très amèrement.
- Alors toi tu continues ? Tu continues à t’acharner même si ça ne sert strictement à rien ?
- Oui. J’espère que ça ne change rien pour nous deux, murmura-t-elle.
- Non, évidemment que ça ne change rien. »
Il déposa un baiser sur le haut de son crâne, tout en évitant de regarder son ancien et ex ami. Il avait peut-être choisi la voie de la facilité en partant, mais sa santé mentale était en jeu.
* * * * * *
« Bon, on reprend. Tu t’appelles comment ?
- Harry Potter, souffla le susnommé, fatigué après des heures d’interrogatoire, dont les questions étaient toujours les mêmes.
- Très bien. Tu as quel âge ?
- Aucune idée. Mais si on me disait la date d’aujourd’hui peut-être que je le saurais …
- Hors de question. Et non, ne demande pas à nouveau ‘pourquoi’ sinon je sens que je vais m’énerver. Bref, reprenons, ton dernier souvenir ?
- Tu me l’as déjà posé celle-là, des millions de fois maintenant ! Bon, OK … J’étais chez les Dursley …
- Et ?
- J’ai dit que c’était trop humiliant pour que je le raconte.
- On n’avancera jamais comme ça …
- On n’avance pas depuis des heures …
- Tu sais autre chose ?
- Que je suis orphelin et … »
Hermione était suspendue à ses lèvres : depuis des heures elle n’arrêtait pas de recommencer le questionnaire juste pour entendre la suite. Parce qu’à chaque fois qu’il commençait cette phrase, il ne la finissait pas. Et elle savait que ce qui suivait était important. Très important même. Elle essayait de l’encourager en souriant, mais l’envie de sourire c’était déjà envolé depuis une heure.
« Et … Non, c’est stupide. Laisse tomber. »
Elle soupira totalement découragée, et par le comportement fataliste de son meilleur ami et par l’absence de son petit ami. Elle n’en pouvait plus. Et elle commençait à penser elle aussi peu à peu qu’il fallait laisser tomber. Aussi se leva-t-elle de sa chaise, passa une main rapide dans les cheveux du brun, puis se dirigea vers la sortie de la chambre. Elle se retourna pour le regarder, en essayant de ne pas paraître accablée, mais plutôt tendre.
« Je suis à côté si tu as besoin de moi. »
Et elle sortit, en soupirant.
* * * * * *
Elle avait craqué, elle lui avait tout raconté. Et maintenant elle s’en rongeait les doigts. Elle se sentait extrêmement coupable, et incroyablement stupide d’avoir cédé à son agacement, à son impatience. Et même si mille choses pouvaient justifier son acte, elle ne pouvait pas se pardonner l’état actuel de son ami : il était pâle, inconscient à nouveau, plongé dans un sommeil qui semblait ne jamais devoir finir. Elle avait fait venir un médicomage dès que possible, mais ce dernier avait eu le même constat qu’elle : il était retombé dans un coma, plus léger que la fois dernière cependant.
Mais comment cela se faisait il ? Pourquoi donc à peine lui avait-on raconté son passé, lui avait-on décrit quelques visages, il semblait être pris d’assaut par mille pensées, par mille souvenirs, par mille image, avant de retomber lourdement sur le lit ? Elle était persuadée qu’il y avait une explication à tout ça. Mais laquelle ? Comme toujours, elle se plongea toute entière dans les livres pour trouver sa réponse. Elle était persuadée que le mal était lié à un maléfice, une potion, peut-être même un objet magique. Elle était même sûre d’avoir lu quelque chose qui ressemblait fortement à ce qui touchait Harry. Mais elle avait lu tant de choses …
Hermione s’était presque installée chez Harry. Elle dormait souvent sur le canapé, un vieux livre emprunté à la bibliothèque sorcière de Londres encore ouvert sur les genoux. Elle avait l’impression de renouer avec le temps de Poudlard où constamment elle était à la recherche de quelque chose. Mais il lui semblait que cette fois-ci c’était encore plus important de trouver. Et plus la rentrée approchait, plus elle redoublait d’ardeur. Sa journée se résumait à veiller sur Harry, à lire pour Harry, à vivre pour Harry.
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