Quant j’ouvris mes yeux, le ciel d’encre était toujours présent. Pourtant un détail m’échapper. Un rien qui semblait avoir tout changé. Je restais bien une bonne dizaine de minute à contemplant le ciel avant de me rendre compte qu’il avait des reliefs. Pire encore, que les étoiles avaient disparues. Prise de panique, je voulus me redresser, mais mon corps ne répondit pas à ma demande. C’est alors, que je compris que mon corps avait quitté la couverture de neige et que je me retrouvais allongé sur un matelas propre, les bras enchainés à des barreaux.
J’avais envie d’hurler de crier pour qu’on m’entende mais aucun son ne parvint à franchir ma gorge sèche. Soudain, la réalité prend le dessus. Ou suis-je ? Un instant l’idée me traverse l’esprit d’être à nouveau au centre, que ma fuite ne soit qu’un rêve. Déçue, dégoutée, je cesse de forcer sur les chaînes qui me retiennent une nouvelle fois prisonnière.
Qu’est-ce qu’il fallait que je fasse maintenant ? Que j’attende, encore et toujours, qu’on vienne me chercher qu’on me fasse subir une multitude de test, qu’on me force à tuer ? Au début, cette idée me répugnait, elle me répugne toujours. Si je ne tuais pas, c’est moi qu’on torturé encore plus et qu’on blessait. Au début, je cédais, tuant des innocents de mes propres mains, pour leur plus grand plaisir. Puis, j’ai commencé à prendre sur moi. A me dire, que de toute façon, ils tenaient bien trop au monstre que j’étais pour vouloir m’éliminer définitivement de cette terre. Ce qu’ils appelaient ouvertement mon don, et ce que je qualifiais d’horreur et d’erreur de la nature les fasciné à un point qu’ils ne prendraient jamais le risque de me perdre. Ils ? Le gouvernement. Ils sont plusieurs ici à avoir décidé que moi-même et les gens de mon espèce étions des dangers publics. A vrai dire, je le pense aussi. Je suis un monstre. Ils prétendent nous garder tous enfermer dans ce centre et nous maintenir en vie en tâchant de chercher ce qui ne tourne pas rond chez nous. C’est vrai, mais ce n’est pas tout. Cet endroit ressemble plus à une prison, qu’à un centre d’éducation comme ils le prétendent. Là-bas, on a intérêt à écouter et à ne pas faire le moindre pas de travers sinon, ils n’hésitent pas à nous faire du mal. Alors, pourquoi ne me suis-je pas échappé plus tôt ? Pourquoi est-ce que j’ai attendu tant d’années avant de redécouvrir la vie à l’extérieure ? Sans doute parce que quelque part, je me sentais en sécurité entre ces quatre murs. On me faisait du mal à moi, mais je savais qu’au moins je ne ferais du mal à personne… Enfin, à moins qu’on ne me force.
Disons que la complexité de ma monstruosité n’y est pas pour rien. J’ai sans cesse peur de faire une erreur, peur de faire du mal par mégarde. Peur de tuer.
Laissant échapper un soupire, je tournais ma tête fixant le mur blanc. Détail qui ne m’avait pas choqué avant. A ma connaissance, aucune pièce du centre n’avait les murs blancs. Au contraire, de toutes les pièces que j’avais ‘visiter’ aucune d’entre elle ne présentait de couleur si ce n’est le gris défraichis du béton. Je me souvenais à la perfection de la couleur des murs, de leur texture, après tout combien d’heures étaient resté assise à la fixer, à la toucher ? Alors, sauf erreur de ma part et sauf s’il y a eu des travaux lors de mon sommeil –ce dont je doute fort- je ne suis pas au centre. Une pointe de soulagement s’empara de moi. Mais j’eu à peine le temps de la percevoir car à nouveau l’anxiété prit le dessus. Si je n’étais pas au centre, alors ou étais-je ?
Pour toute réponse, une porte, que je n’avais même pas remarqué s’ouvrit sur ma gauche.
Ils étaient trois. Le premier avait pressé sa main sur le mur, allumant la lumière, qui m’aveugla un moment, puis s’était posté à ma gauche, à la hauteur de ma tête. Il avait des allures de soldats préparé à la guerre. Le visage impassible, un nombre incalculable de kilos de muscles, les cheveux courts sur le crâne. Il était beau, même un peu trop. Mais une telle froideur amenait de lui qu’on avait aucune envie d’engager la moindre conversation avec lui. Le second, les cheveux blonds en bataille l’avait suivit et s’était posté à la même hauteur que lui, de l’autre côté de mon lit. Alors que le premier ne me regardé pas, le blond s’autorisa de croiser mon regard mais rien n’en suivit. A quoi je m’attendais à un sourire peut-être ? Enfin, le troisième referma la porte derrière lui et se posta au pied de mon lit. Les cheveux châtains coupés courts, il avait aussi une allure sportive, mais semblait moins musclé que le premier. Restant silencieux, comme les deux autres, il plongea son regard azur dans le mien. S’était de trop. Rapidement, je détournais mes yeux me demandant alors de quelle couleur étaient les miens ? Etaient-ils aussi sombres que ceux du premier ? Ou bien aussi enivrants que ceux du dernier ? La question en était d’autant plus déroutante que ce n’était probablement pas le moment idéal pour se demander ce genre de chose. Tout en gardant le silence, le blond se pencha sur moi, ouvrant les chaines qui me maintenaient prisonnière au lit. Et par reflexe j’eu immédiatement un geste de recule, recouvrant mes mains de mes manches et me tapissant sous mes draps. « Tu as peur ? » Sa bouche n’avait même pas bougé. J’en étais surprise. S’était une voix calme, agréable à attendre. Et s’était bien la première fois depuis longtemps que quelqu’un s’adressait à moi de cette manière. Voyant que je le fixais, incrédule, le blond lança un regard vers celui se trouvant au pied de mon lit, me faisant comprendre que s’était lui qui avait prit la parole. Veillant à ne pas croiser son regard, je me redressais avec difficulté dans mon lit. Comprenant que je peinais à effectuer ce simple geste, le blond voulu m’aider, approchant ses mains de mon épaule. Erreur grosse erreur. Avant que je n’eux le temps d’effectuer le moindre geste pour le repousser, sa main entra avec mon épaule nu et aussitôt il hurla. Mon cri se joint au sien, me débattant, pour rompre le contact. Aussitôt, celui qui avait des allures de machine de guerre se jeta sur le lit, m’écrasant au passage et poussa son ami en arrière pour rompre le contact qui s’était établi entre nous. Mais il était trop tard. Le blond était allongé au sol, inconscient, ou peut-être déjà mort. Regard azur s’était aussitôt précipité vers lui alors que monsieur muscle se relevait. Il ne s’excusa pas. Ne dis même rien. Ce fut celui dont les yeux me donnaient envie de plonger de dans qui leva la tête et prit la parole. « Son pouls bat encore, mais il est faible. Uriel, amène-le à l’infirmerie. » Monsieur muscle hocha la tête et contourna le lit cette fois-ci avant de prendre le blond dans ses bras comme s’il ne s’agissait que d’un vulgaire colis ne pesant trois fois rien. Laissant échapper un soupire et regardant ses deux compagnons s’en aller, le dernier se tourna vers moi. Qu’est-ce qu’il allait faire à présent ? Me mépriser comme le faisait tout le monde ? J’étais tellement habituée que cela n’aurait absolument pas dû me toucher. Pourtant, en les voyant me traiter avec un minimum d’humanité, un minimum d’espoir s’était éveillé en moi. Trop d’espoir. « C’est toi qui a peur maintenant ? » Cette question m’avait échappé. C’est comme si ce n’était pas moi qui l’avait pausé. Pourtant, s’était bien ma propre voix que je venais d’entendre. Et il parut aussi surpris que moi. Visiblement, il semblait tout aussi perdu que moi. « Qu’as-tu fais à Tylian ? » me demanda-t-il en s’asseyant prudemment au pied de mon lit. Tylian ? Ca devait être le blond. Par reflexe, je repliais mes jambes vers mon buste. « Ou sommes-nous ? » demandais-je ignorant sa question. Il laissa échapper un rictus. « Je vois… J’aurais du m’en douter. » Se douter de quoi ? Néanmoins, toute trace de frustration s’effaça de son visage et il me tendit sa main, un mince sourire sur ses lèvres parfaites. « Je m’appelle Vassili et toi ? » Je fixais un moment sa main, mais ne tendit cependant pas la mienne. J’aurais adoré le faire, vraiment. J’en rêvais même. Ne serais-ce même que l’effleurer… Mais s’était impossible. « Il serait préférable pour moi, comme pour toi que nos mains ne se touchent pas » me contentais-je de répondre même si j’avais déjà l’impression d’en avoir trop dit. Il hocha la tête, approuvant et ramena sa main sur ses genoux. « Alors… Tu m’explique ? » J’avais envie de lui demander ce qu’il voulait que je lui explique exactement, et j’avais même envie de le questionner sur un million d’autres choses. Mais visiblement je n’étais pas en position de force. S’était lui qui dirigeait notre entretien, pas moi. « Je suppose que tu veux parler de ce qui est arrivé à ton ami.. » Il approuva. « Alors, d’abord tu me dis qui tu es exactement, ou on est et ce que je fais ici. » Un nouveau sourire s’empara de ses lèvres. « On t’as retrouvé à moitié nue allongé dans un cimetière. Nos hommes ont longuement hésité avant de te porter secours. Le premier qui a voulu vérifier ton pouls est dans le coma. Le second qui a souhaité te soigner s’est retrouvé inconscient pendant trois jours. Enfin, le troisième, a dis ressentir une étrange douleur. Ils ont alors prit soin de ne plus te toucher directement et t’ont ramené ici. Nous t’avons soigné et nous avons monté la garde devant la porte à tour de rôle. Tylian a simplement manqué de vigilance et a voulu t’aider à te relever et voilà qu’il se retrouve presque mort au sol. Je crois que c’est à moi de poser les questions, pas à toi. » Je tressailli. J’avais donc fait autant de victime sans même m’en rendre compte ? Maladroitement, je ravalais ma salive, réprimant mes larmes, oubliant qu’il n’avait pas répondu à mes questions. « Je ne voulais pas… » Commençais-je sans parvenir à retenir mes larmes. Trop tard, je passais désormais pour une faible. Sans doute parce que c’est ce que je suis. Sans me répondre, il fourra sa main gauche dans la poche de son pantalon, et en ressortit une paire de gant en latex qu’il s’empressa d’enfiler. Qu’est-ce qu’il allait faire ? Gardant un genou sur le lit, il se pencha vers moi. « Je peux ? » S’était assez étrange que quelqu’un me demande la permission de me toucher. D’habitude on éviter de le faire. Et lesdits scientifiques qui avaient été contraint de le faire au centre l’avaient toujours fait sans me demander mon autorisation et avec beaucoup de brutalité. J’hochais la tête. Délicatement, il s’empara la main, la pausant dans la sienne. Il y avait beau avoir ce gant en latex qui séparé nos corps, s’était si agréable de sentir quelqu’un me toucher aussi délicatement. Sentant mes joues virer au rouge, je détournais mon regard, me concentrant sur ce qu’il allait faire. Il observa un moment ma main avant de remonter ma manche dévoilant mon poignet. C’est là que je compris. Il n’avait pas saisi cette partie de mon corps au hasard. Il voulait précisément voir cet endroit. Il passa son doigt ganté sur la marque noir de ma peau. Le signe d’appartenance au centre, le signe indiquant à toute la population que j’étais une dégénérée. Un monstre. Soudain, j’avais honte, terriblement honte. J’étais marquée à vie. Jusqu’à présent ça n’avait jamais eu beaucoup d’importance, puis-ce que je n’avais jamais quitté le centre. Mais aujourd’hui, maintenant que j’étais en dehors de ces sinistres murs, quiconque prêterait attention à mon bras comprendrait. Toujours en faisant preuve d’énormément de délicatesse, il reposa ma main sur son genou, vaillant bien à ce que la marque soit visible. Puis, au lieu de s’attaquait à une autre partie de mon corps ou de prendre la fuite par peur, sans que je comprenne pourquoi, il baissa sa propre manche, puis reposa son bras à côté du mien. Elle était là. Exactement la même, à quelques numéros près. L’ornement noir sur ma peau portait le numéro 18, sans doute car j’avais été la dix-huitième à être interné dans ses lieux. Sur le sien, on pouvait clairement lire 01.
Levant ma main j’eu envie de toucher son propre tatouage, ne serais-ce même l’effleurait, pourtant me rappelant que s’était impossible je laissais retomber ma main mollement sur les draps. « Nous sommes pareils » constata-t-il. « De quoi es-tu capable ? » demandais-je stupéfaite. « Autorégénaration » marmonna-t-il. Je l’interrogeais du regard. « Je guéris vite. La plupart du temps, je n’ai même pas le temps d’avoir mal. » expliqua-t-il. Fascinant. Vraiment. Lui, il avait véritablement un don. Quelque chose d’utile pour lui. Quelque chose qui ne m’était ni sa vie, ni celle des autres en danger. Bien loin de la monstruosité dont je faisais preuve. « Un peu mon contraire. » finis-je par dire. Il opina. Silencieuse je l’observais alors que lui-même observait ma main. Il ne semblait pas plus vieux que moi, ou alors à peine. L’arrête de son nez semblait parfaitement droite, aussi parfaite que le tracé de ses lèvres et la forme de ses yeux. Je n’avais jamais eu l’occasion de voir un homme aussi beau et aussi jeune. Au centre, ils étaient tous grisonnant et leur méchanceté masquait surement le peu de beauté qu’ils détenaient. Vassili leva la tête plongea son regard dans le mien. « Anna. Je m’appelle Anna. » |