Je m’étais sans doute imaginer que quitter cet endroit où on me retenait prisonnière serait plus facile que cela. Je m’étais imaginé que la vie dehors serait bien aisé. Je m’étais imaginé qu’à peine sorti, je serais tombé sur quelqu’un qui serait venu à mon secours. Bien sur, ce n’était que mon imagination. Une imagination qui vous donne espoir. De faux espoirs. Foutue imagination !
Je ne sais toujours pas ce qui ait le pire. La faim ? Le froid ? La douleur ? La solitude ? Je ne sais pas. Ce qui est sur c’est qu’aucun ne m’aide à aller de l’avant, chacun est un obstacle en plus. J’ignore ou je vais, pourtant j’avance, parce que c’est la seule chose qu’il me reste à faire. Avancer. Avancer, et surtout, ne jamais faire demi-tour. Jamais. Pourtant, je sens que bientôt, je serais incapable de continuer.
La neige est tombée cette nuit. Encore un obstacle. J’ai remarqué que mes pas laissaient des traces rouges dans le blanc parfait de cette dernière. Et chaque pas est devenu une véritable torture. Vraiment. J’ai envie de lutter. Mais c’est de plus en plus difficile. Je me t’autorise de temps à un autre un peu de répits, mais j’ai peur de m’endormir… Peur de ne plus ouvrir les yeux. Peur de plus être capable de me relever. Peur de mourir.
Ce que j’ai fait pour en arriver là ? Disons que c’est la faute à pas de chance. Vraiment. Si j’avais eu le choix, je serais sans doute en train de me dorer la pilule sur une plage Hawaïenne en compagnie d’un charmant garçon. Luxe auquel je n’ai jamais eu le droit. Enfin, si une fois, j’ai aperçu la plage de loin… C’est quand j’étais coincée dans la voiture m’emmenant tout droit vers ce fichu centre. Je devais avoir 5 ans, pas plus. Mais je n’ai jamais gouté aux joies des vagues et de la plage. Mes parents avaient trop peur. Tout comme je n’ai jamais gouté au plaisir d’une étreinte, d’une simple accolade ou d’un doux baisé. Jamais. Pas une seule fois ma mère ne m’a prit dans ses bras. Elle aurait pu. Mais pour elle, je n’étais pas sa fille, j’étais un monstre. Elle n’a pas tord. Je suis un monstre. C’est sans doute pour cela qu’elle m’a servit comme sur un plateau, sans aucun regret à ce fichu centre. Sans doute…
Mon pied se prit dans ce qui sembla être une racine et manquant de réflexe et de force, tout mon corps s’écrasa mollement dans la neige. Le contact fut douloureux, froid. Et à la fois apaisant. J’étais si fatiguée que même me retrouver allongé dans cette couverture de coton humide me semblait être reposant. Pourtant, je me refusais toujours à fermer les yeux. Hors de question ! M’accordant cependant un minimum de répits, je me tournais sur le dos, admirant le ciel désormais étoilé.
Laissant échapper un soupire, pour me forçais à rester éveiller, je comptais les astres. En vain. J’avais à peine atteins la septième que je sentis mes paupières se faire beaucoup trop lourde pour lutter encore plus. Je n’étais plus assez forte pour me battre. M’avouant vaincue, redoutant les conséquences, je me laissais emporter dans les doux bras de Morphée. |