Note: Ceci est le dernier chapitre de "Au Bout de la Nuit". Je réitère mes avertissements. Je l'ai écrite essentiellement pour m'amuser. Aussi, ne vous attendez pas à de grands mots ou à une analyse profonde de la relation. Attendez vous en revanche à beaucoup d'humour douteux et de chocogrenouilles périmées.
Les Reviews sont appréciées :)
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Chapitre Trois, De Quiproquos et Chocogrenouilles
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Harry ouvrit un œil et grogna. La migraine lui transperçait la tête. Il referma les paupières avec l'impression d'avoir un clou fermement planté au centre du crâne. Il fit une rapide estimation des dégâts que ses abus de la veille avaient eus sur son corps. Il avait la bouche desséchée et son cerveau semblait avoir décidé de lever une révolution, battant comme un damné contre sa boîte crânienne. Il n'avait aucune idée de la façon dont il était rentré, ni de ce qui était arrivé à ses vêtements. Il était présentement totalement nu, et, à en croire le coup d'œil flou qu'il avait jeté autour de lui avant d'abandonner toute tentative impliquant l'action d'ouvrir les yeux, il était également dans son lit de la place Grimmaurd. Il se retourna aveuglément, décidé à retomber dans l'inconscience bienfaisante du sommeil. Se lever n'était pas une option. Pas avant une bonne dizaine d'heures, du moins.
Il tira à lui l'intégralité de sa couette et s'enroula dedans. Durant une minute bienheureuse, la chaleur confortable de son lit l'engloutit et il commençait à peine à somnoler quand un grommellement douloureux parvint à ses oreilles. Le matelas s'enfonça un peu, et soudain, la couette fut arrachée de son étreinte. Harry soupira. Son lit avait visiblement décidé de ne pas être très coopératif. Il retint la couette avant qu'elle ne lui échappe totalement et la ramena à lui avec un soupir de satisfaction. Il glissait de nouveau dans l'oubli lorsqu'un grognement attira son attention. Suivi d'un bruit de draps froissés. Il fronça les sourcils et gémit lorsque l'action lui rappela que sa migraine était toujours présente et en pleine forme.
« AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARRRHH – » hurla une voix inhumaine à sa gauche. Le hurlement fut suivi d'un Boum sonore et Harry, fort de ses réflexes d'Auror fraîchement diplômé, lâcha un couinement peu digne, ouvrit les yeux et pointa sa baguette en la direction générale du beuglement.
Il les referma immédiatement, prit par une envie furieuse de se jeter un Avada Kedavra. Ou un Oubliettes. Tout pour oublier la vision d'un Ronald Weasley complètement nu, étalé sur le tapis, yeux écarquillés et visage blanc comme un linge. Qui eut cru que Ron avait vraiment des tâches de rousseurs partout ?
Il s'enfonça en grognant dans son matelas, les yeux rivés sur sa baguette, envisageant toujours sérieusement l'option Avada Kedavra. A cet instant précis, il était certain qu'il pourrait trouver suffisamment de haine envers sa propre vie pour y parvenir.
Un coup d'œil réticent vers la gauche lui indiqua que Ron était toujours dans la même position, ouvrant et fermant la bouche comme un poisson muet –ou un poisson tout court, étant donné que les poissons ne sont pas connus pour leur capacité à tenir une conversation décente.
Il abandonna l'idée de replonger dans les bras de Morphée et, pris de pitié à la vue de la terreur intense étalée sur le visage de son meilleur ami, il soupira.
« Détends-toi, vieux, tu vas te faire exploser une artère. »
Les mots d'Harry semblèrent briser l'état catatonique de Ron, et celui-ci se secoua et tâtonna, visiblement à la recherche de quelque-chose ressemblant de près ou de loin à un vêtement. Harry se leva, grimaçant lorsque quelques courbatures mal placées se rappelèrent à son bon souvenir.
« J-je – » bégaya Ron, visiblement hésitant sur l'attitude pour laquelle opter. Il sembla par se décider et lâcha un « quékissépassé ? » pitoyable.
« Je suppose que tu parles de la partie « toi et moi nus dans mon lit », » Ron grimaça, confirmant les doutes d'Harry, « eh bien, je ne peux que présumer, mais à mon avis, c'est l'idée que George se fait d'une bonne blague. Tu devrais surveiller ton frère, Ron. J'ai l'impression que son humour décline de façon inquiétante. »
Du coin de l'œil, Harry vit Ron se détendre visiblement. Il enfila des vêtements dépareillés et lança un jean et un caleçon à Ron. Il ne put résister à l'envie de torturer un peu son meilleur ami.
« Tu sais, » continua-t-il d'un ton nonchalant, « si on avait vraiment fait quelque-chose, t'aurais mal au cul en ce moment précis. Pas de douleurs inhabituelles ? »
Ron, qui était en train de mettre le pantalon, se figea, une jambe en l'air. Le tableau général faisait vaguement penser à un gros flamant rose chevelu. Tentant de garder une expression sérieuse, Harry l'observa tâter diverses parties de son corps et pâlir encore plus.
Incapable de se retenir une seconde de plus, il laissa libre cours au fou-rire qui menaçait depuis plusieurs minutes. Ron le regarda un instant, un air d'intense incompréhension sur le visage, avant de réaliser qu'il s'était fait avoir et de lancer sans grand enthousiasme un oreiller à la tête d'Harry. Il éclata de rire à son tour.
Harry descendit les escaliers, encore secoué par quelques hoquets de rire. Sa gueule de bois était passée de critique à juste désagréable, et il s'attela à la tâche de préparer un café suffisamment fort pour en balayer les dernières traces.
Attablé devant sa tasse, il passa en revue les évènements de la veille. Il se figea en arrivant à la partie Draco Malfoy, le cœur battant la chamade et les joues brûlantes.
Il se rappelait clairement avoir relevé un pari stupide, ce qui, en soit, n'était pas si surprenant que ça.
Il se rappelait clairement avoir gagné le pari en question. Jusqu'ici, rien de nouveau, songea Harry, s'autorisant une seconde d'orgueil mal placé. La partie raisonnable de son cerveau lui indiqua que gagner un pari impliquant l'ingurgitation d'une énorme quantité d'alcool n'était pas particulièrement gratifiant.
« Pas de petite victoire, » marmonna sombrement Harry à sa tasse fumante.
Il se rappelait clairement avoir plaqué Malfoy contre un mur et l'avoir embrassé comme si sa vie en dépendait. Cette partie, bien que mortifiante, n'était pas si inattendue qu'elle aurait dû l'être. Il sepouvait que, cette dernière année, Malfoy ait été un fantasme bien plus récurrent qu'il ne veuille le concéder. Un fantasme à la limite de l'obsession, s'il fallait qu'il soit honnête avec lui-même.
Au début, Harry avait simplement pensé qu'il avait un penchant pour les blonds. Puis, après quelques expériences qui, bien qu'enrichissantes, n'avaient jamais suscitées chez lui l'envie d'être réitérées, il avait logiquement déduit qu'il avait plutôt un penchant pour les blonds aux yeux gris. Trois mois plus tard, il avait été obligé d'admettre, bien qu'à contrecœur, qu'il était possible qu'il ait plutôt un penchant pour Draco Malfoy. Perspective effrayante s'il en était.
Et il se rappelait clairement que le Draco Malfoy en question lui avait rendu son baiser avec autant de ferveur, sinon plus.
Avant de l'insulter copieusement et de transplaner.
Sourcils froncée, Harry tenta de reconstituer le dialogue de la veille. Il était certain – presque certain –que ses compétences en matière de baisers n'étaient pas responsables de la fuite furieuse de Malfoy. Il se creusa la tête, frustré de ne retrouver que des bribes volatiles de conversations qui, d'une façon ou d'une autre, parvenaient à lui échapper lorsqu'il s'en rapprochait. Se promettant pour la énième fois d'arrêter de boire, il ferma les yeux et se concentra.
Malfoy, les yeux écarquillés, le souffle haletant.
Je suppose qu'on est quittes, maintenant, avait-il lancé à Malfoy.
Son visage fermé et ses poings serrés.
L'éclat de fureur froide dans son regard.
Harry poussa un grognement désespéré et se retint de justesse de se cogner la tête contre la table comme un elfe de maison pris en faute.
Harry Potter, idéal de raffinement, avait frappé de nouveau. Et, cette fois-ci, il avait bien merdé. La nausée de sa gueule de bois le reprit en force et sa tête recommença à se fendre en deux.
Il lui fallait un plan. Et pour cela, il allait lui falloir quêter quelques miettes de savoir auprès de la grande prêtresse du stratège, Hermione Granger.
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« Oh, Harry… »
La voix d'Hermione était indulgente. C'était un peu comme si elle venait de dire « Oh, Harry, tu es un crétin mais ce n'est pas de ta faute. »
Il lui lança un regard noir, auquel elle répondit par un de ses petits sourires tranquilles.
« J'étais ivre, Hermione. »
Si Hermione l'entendit, elle n'en laissa rien paraître. Elle fronçait les sourcils, le regard fixé sur un point au-dessus de l'épaule d'Harry. Celui-ci pouvait presque voir les engrenages tourner dans la boîte crânienne de son amie.
« Mh…de toute évidence, Malfoy a le béguin pour toi. »
« Mon dieu, merci Hermione, tu viens de m'ouvrir les yeux. Ma vie ne sera plus jamais la même. »
Hermione lui lança un regard perçant et tira sa baguette de sa poche. L'espace d'un instant, Harry pensa qu'il était bon pour un sortilège de Chauve-Furie. Il ferma les yeux et attendit sa sentence, résigné.
« Accio Controveisalgi. »
Harry rouvrit les yeux pour voir Hermione, l'air excédée, lui tendre une fiole emplie d'un liquide rouge.
« Bois-ça, Harry. Tu es odieux quand tu as la gueule de bois. Je refuse de discuter avec toi tant que tu ne vas pas mieux.»
Soupirant, Harry saisit la fiole et en renifla le contenu. Il réprima un nouvel accès de nausée.
« Bon sang, Hermione, c'est fabriqué à base d'œufs pourris ? »
Hermione se contenta de croiser les bras et de hausser un sourcil. Harry soupira, mais vida docilement la bouteille. Quelques haut-le-cœur plus tard, il était parvenu à ingérer le liquide sans rendre ses toasts sur sa meilleure amie, son mal de crâne l'avait quitté et son estomac avait fait quelques pirouettes avant de se remettre à la bonne place. Il lança un sourire penaud à Hermione, dont l'expression se radoucit considérablement.
« Bien. Je disais donc que Malfoy avait le béguin pour toi. Et, de toute évidence, tu nourris bien plus qu'un simple béguin à son égard depuis cette soirée à Pré-au-Lard. Ah ! Ne m'interromps pas. Tu sais très bien que c'est vrai. » Harry referma la bouche, renonçant à nier l'évidence. « Je préfère ça. Tu t'es comporté en véritable… » elle fronça les sourcils, à la recherche d'un qualificatif approprié. L'esprit d'Harry lui en fournit quelques-uns. En véritable crétin, salaud, en ivrogne. Bien entendu, Hermione fut plus raffinée. « …en véritable mufle hier soir, Harry. »
Harry fit la moue.
« D'accord, Hermione, mais je ne pouvais pas savoir qu'il allait partir comme ça. Je n'ai pas réfléchi. Ce n'est tout de même pas de ma faute s'il est si susceptible. »
Les sourcils d'Hermione disparaissaient presque sous sa frange, Harry en fut un peu alarmé.
« Harry James Potter.»
Il grimaça. L'utilisation du deuxième prénom n'était jamais bon signe. La suite confirma ses soupçons.
« Tu es vraiment incroyable ! Est-ce que dans ta vie t'est-il déjà arrivé de réfléchir avant d'agir ? Même Ron aurait été plus subtil que toi dans cette situation ! Je sais, je sais, tu étais ivre, c'était l'alcool qui parlait. Mais ne te cherche pas des excuses en blâmant Malfoy. D'autant que Malfoy est un Serpentard. S'il y a une chose qu'un Serpentard déteste c'est d'être humilié. »
Harry laissa tomber sa tête entre ses mains et ferma les yeux.
« Je sais, Hermione, je me suis comporté comme un con. Je voudrais juste savoir comment je pourrais me rattraper. Je ne sais même pas où il vit, bordel ! »
Hermione sourit.
« Je préfère ça. Quant à savoir où il vit, ce n'est pas très compliqué. Il est en colocation dans le centre de Londres avec Pansy. Je suis certaine qu'elle sera ravie de nous aider. »
Harry retint une réplique acerbe. Il ne voyait pas dans quelle sombre réalité alternative Pansy Parkinson serait ravie d'aider quiconque, mais dire ça à Hermione lui vaudrait certainement de se retrouver sans aide et probablement sans espoir d'avoir un jour une progéniture. Pour une raison qu'Harry ne comprenait toujours pas, son amie s'était rapprochée de Pansy durant leur huitième année. Harry gardait de Pansy le souvenir amer de celle qui avait voulu le livrer à Voldemort avant la dernière bataille. Cependant, il avait prudemment gardé ses réticences pour lui lorsqu'il avait été témoin de la réaction d'Hermione lorsque Ron lui avait signalé, avec sa délicatesse habituelle, que Pansy n'était qu'une « Hypocrite à tête de bouledogue ». Ron n'avait pas pu s'asseoir pendant deux jours, et n'avait jamais voulu dévoiler la nature du sort qu'Hermione lui avait jeté.
Il entendit son amie parler frénétiquement depuis le salon, les mots si rapides qu'il ne parvint pas à les comprendre. Lorsque le flot s'arrêta finalement, un lourd silence s'abattit sur la maison, puis le « whooosh » signalant que quelqu'un venait d'arriver par le réseau de Cheminette.
Harry se leva, la bouche soudainement sèche. Il fixa avec un sentiment proche de la terreur la porte qui menait au bureau.
Qui s'ouvrit à la volée pour laisser passer une Pansy Parkinson furieuse.
« Potter, il va falloir qu'on parle, toi et moi. »
Harry se laissa à nouveau tomber dans sa chaise. Hermione était devenue vraiment cruelle.
« Parkinson. » salua-t-il d'un ton brusque.
« Parkinson, » imita Pansy d'un ton sarcastique, « Parkinson qui n'a pas dormi de la nuit parce que son colocataire a jugé idéal de fracasser contre les murs le moindre objet ayant l'indécence de se trouver sur son chemin. Notre appartement ressemble à un champ de bataille, et la note sera pour toi, Potter. Et crois-moi, nous ne vivons pas dans un appartement de troisième classe. Il a littéralement réduit en bouillie ma collection de Rapeltouts, et lorsqu'il a eu fini de détruire les objets, il a décidé de casser les marbres. J'ai dû le Stupéfixer, pour l'amour de Salazar. » Pansy reprit sa respiration et Harry l'imita, prenant seulement conscience qu'il avait oublié de reprendre de l'oxygène durant la tirade de la harpie. Celle-ci tira sa baguette, fit trois pas en avant et la lui enfonça brutalement dans la joue.
« Potter, tu as exactement deux minutes pour m'expliquer ce que tu as fait à Draco. Passé ce délai, je m'occuperai personnellement de toi. Et, fais-moi confiance, après une demi-heure avec moi et ma baguette, même la mère Weasley ne te reconnaîtra plus.
Je n'ai pas peur de Pansy Parkinson, se répéta désespérément Harry, j'ai vaincu Voldemort, je n'ai PAS peur de Pansy Parkinson.
La pression de la baguette dans sa joue se fit plus insistante, et Harry se hâta de raconter les événements de la veille. Au fur et à mesure qu'il parlait, Pansy devenait de plus en plus rouge et semblait gonfler comme un crapaud-buffle mécontent, au point qu'Harry eut un instant peur qu'elle n'éclate. Lorsqu'Harry ferma enfin la bouche, elle n'éclata pas, elle explosa.
« Nom d'un chien, Potter ! Est-ce le trop plein d'Impardonnables qui a fait disparaître les quelques neurones qui t'empêchaient d'être un parfait crétin ? Non, ne réponds pas, je sais parfaitement que tu étais livré sans neurones dès le début. Mais, bon sang, Draco bave presque littéralement devant toi depuis le début de la huitième année, voir avant, même un abruti fini comme Weas…Londubat l'aurait remarqué. » Termina Pansy avec un regard penaud en direction d'Hermione. Celle-ci leva les yeux au ciel, mais ne releva pas les derniers mots de son amie.
Pansy se tourna de nouveau vers Harry, une lueur meurtrière dans le regard.
« Tu vas aller chez nous, Potter. Et tu vas me réparer ce merdier que tu as causé. Sinon… »
Harry se leva d'un bond, refusant d'entendre une menace de plus.
« Très bien, je vais y aller. Donne-moi l'adresse, Parkinson. »
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Deux heures plus tard, Harry se trouvait devant l'imposant immeuble Sorcier que lui avait indiqué Pansy. Il profita de la sortie d'une femme hautaine pour se glisser à l'intérieur et poussa un sifflement impressionné devant le hall immaculé qui l'accueillit. Les marbres autonettoyants étaient d'un blanc parfait, de hautes colonnes prétentieuses guidaient les visiteurs vers un ascenseur tapissé de velours vert. Le décor pompeux tira un sourire à Harry. Après tout, c'était de Malfoy qu'il était question. L'homme n'était pas du genre à s'abaisser à vivre comme le commun des mortels.
Arrivé au quatrième et dernier étage, il se trouva finalement devant l'imposante porte de l'appartement de Pansy Parkinson et Draco Malfoy. Un heurtoir en forme de tête de serpent lui siffla une menace, arrachant un gloussement à Harry. Les Serpentards manquaient d'originalité.
Il frappa une première fois. Après avoir attendu un temps socialement acceptable, il recommença l'opération. Encore. Et encore, avec une irritation de moins en moins contrôlée. Au bout de la quatrième tentative, il entendit finalement une voix agacée s'élever de l'intérieur.
« Ça va, ça va, j'arrive. »
Harry, qui s'apprêtait à frapper une dernière fois avant d'abandonner, baissa la main. Il entendit Draco Malfoy fourrager en grommelant des jurons incompréhensibles. La porte finit par s'ouvrir en grand.
« On ne peut même plus prendre…Potter ? »
Harry le fixa. Ouvrit la bouche. La referma aussitôt. Il fut soudain douloureusement conscient que c'était la première fois depuis le matin du départ de Poudlard qu'il se trouvait en la présence d'un Draco Malfoy sobre. Et, soudainement, le facteur sobriété prenait des allures d'obstacle insurmontable. D'autant plus que le Draco Malfoy en question était présentement vêtu en tout et pour tout d'un jean positivement obscène. Et qu'il était mouillé. Pourquoi était-il mouillé ? Le cerveau de Harry lui fournit une bonne dizaine d'explications hasardeuses, aucunes n'étant satisfaisantes.
Lorsqu'il revint enfin à la raison, il se rendit compte qu'il fixait sans un mot le torse de Malfoy depuis plusieurs minutes. Lorsqu'il remonta –avec réticence –ses yeux, il se rendit compte que celui-ci le regardait avec sur le visage un mélange intéressant d'ennui et d'indifférence.
Se rappelant la raison de sa venue, il se passa la main dans les cheveux et commença.
« Malfoy. »
Un bon début, au cas où il aurait oublié son nom, lui murmura son Hermione interne qui se manifestait toujours aux moments les moins opportuns.
« Potter. »
La voix de Malfoy ne trahissait aucune émotion.
« Je, euh…je suis désolé. »
Malfoy haussa un sourcil. Cet homme avait élevé le haussement de sourcil au rang d'art.
« Potter. Des phrases complètes seraient les bienvenues. Si tu penses en être capable. »
« Je suis désolé d'avoir fait…euh…ce que j'ai fait hier soir. »
L'espace d'un instant, le masque de Malfoy se craquela et un éclat de fureur passa dans ses yeux gris.
« Aussi étonnant que ça puisse paraître, j'avais deviné ça tout seul, Potter. »
Harry cligna des yeux. Comme un idiot.
« Tout seul ? »
« Oui, tout seul. Tu t'es bien amusé, Potter ? »
« Amusé ? »
« C'était un peu bas, même de ta part, Potter. Allons nous marrer un coup avec la tapette, allons lui faire croire qu'on a envie de lui pour le jeter après ! Après tout, ce n'est qu'une petite merde de Mangemort ! » Les joues de Malfoy était d'un rose soutenu, et Harry réalisa que la conversation était partie dans une direction très, très éloignée de ce qu'il avait imaginé.
« Malfoy… »
« Non, Potter, » cracha le blond, toute prétention d'indifférence abandonnée, « Je pense que je n'ai plus envie de te voir. »
Malfoy et son jean reculèrent d'un pas, et la porte fut refermée violemment au nez d'Harry.
« Ça s'est bien passé. » affirma-t-il au couloir vide.
A l'intérieur de l'appartement, une déflagration sonore se fit entendre.
« Parkinson va me tuer. »
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Après avoir tenté en vain d'enjoindre à Malfoy de rouvrir sa porte, Harry soupira et décida qu'il valait mieux abandonner. Morose, il sortit de l'immeuble et se laissa tomber sur un banc, décidé d'attendre que Malfoy sorte. Si ce crétin l'avait laissé placer un mot, il n'en serait pas là. Il était presque tenté de partir et de laisser Malfoy à sa stupide fierté.
Les heures passèrent, et Harry commençait à venir à bout des occupations que lui offrait la rue. Il avait compté les dalles, les pigeons et les réverbères, mangé une Chocogrenouille antédiluvienne retrouvée au fond de sa poche, fait craquer un par un les os de ses mains. Il s'était même appliqué à changer de couleur une de ses chaussures, qui était à présent d'une étrange couleur verdâtre. Couleur Morve de Troll. Sa journée ne pouvait pas être pire.
Lorsque le ciel s'obscurcit, annonçant la nuit, la porte de l'immeuble s'ouvrit enfin sur Malfoy. Harry sauta sur ses pieds et se précipita à sa suite, s'assurant de rester discret. Au cours des années, il avait acquis certaines compétences en termes de filature-de-Malfoy.
Celui-ci marcha longuement, la tête baissée et les mains dans les poches. Harry remarqua non sans contrariété qu'il n'avait pas abandonné le jean maléfique, ce qui rendait difficile sa concentration. Finalement, Malfoy entra dans un pub. N'hésitant que quelques secondes, Harry s'y engouffra à sa suite.
L'endroit était presque désert, si ce n'était quelques habitués riant autour d'une Guiness et une barmaid à l'air flapie. Harry repéra instantanément sa cible, qui s'était assis au bar, l'air profondément déprimé. Il l'entendit commander un Whisky d'une voix sèche, et son sang ne fit qu'un tour. Il s'approcha du bar d'un pas vif et retira des mains le verre plein de Malfoy. Celui-ci se figea. Il tourna lentement la tête, un air meurtrier sur le visage.
« Potter, je croyais t'avoir dit de – »
« Ton temps de parole est écoulé, Malfoy, maintenant, c'est à mon tour de parler, » coupa Harry d'un ton ferme, « et cette fois-ci, tu vas m'écouter. »
Malfoy écarquilla les yeux et sembla en oublier de rétorquer. Son regard passa nerveusement du visage d'Harry au verre que celui-ci retenait toujours en otage. Il s'humecta les lèvres et hocha lentement la tête. Harry lui fit un signe de la main.
« On sort. »
« Mais…et mon verre ? »
Harry résista à l'envie de lever les yeux au ciel.
« Je pense qu'il est assez clair que l'alcool ne te réussit pas, Malfoy. »
Pendant une seconde, Malfoy eût l'air de vouloir protester, mais il finit par hausser les épaules et se lever. Les deux hommes sortirent du pub sous le regard morne de la serveuse.
La rue était peu fréquentée. Malfoy s'adossa au mur et croisa les bras, fixant Harry d'un air circonspect.
« Je t'écoute, Potter. »
Harry prit une grande inspiration et se lança.
« Bien. Lorsque je t'ai dit tout à l'heure que j'étais désolé, je ne parlais pas du baiser. »
Malfoy décroisa les bras et leva les yeux vers Harry.
« Vraiment ? »
Le ton n'était pas tout à fait hostile, et Harry reprit courage.
« Vraiment. Je suis désolé, Malf-Draco. Je suis désolé que mes paroles t'aient induit en erreur. Je ne t'ai pas embrassé à cause de ce jeu à la con, ni pour t'humilier. Je t'ai embrassé parce que… » Harry avala sa salive et tenta le tout pour le tout. « Parce que j'en avais envie, espèce de crétin. J'en avais envie depuis la soirée à Pré-au-Lard, et j'ai, euh, sauté sur l'occasion. »
Harry se tut. Le silence retomba sur la rue. Malfoy n'avait pas bougé d'un pouce, et Harry commença à s'inquiéter. Et si Pansy lui avait dit ça pour le rabaisser ? Et s'il avait foncé tête baissée dans un piège sophistiqué à la Serpentard ? Il baissa la tête et marmonna.
« Je…Si tu ne veux pas, ce n'est pas grave. Je comprends, j'ai dû mal interpréter et – »
« Potter. »
Harry releva la tête et oublia de respirer. Les yeux de Malfoy étaient près. Très près. Le reste de son visage aussi, ce qui était à la fois rassurant et très inquiétant.
« Oui ? »
« La ferme. »
Harry n'eût pas le temps de s'offenser. Malfoy posa ses lèvres sur les siennes. Putain, enfin, songea-t-il en rendant le baiser avec enthousiasme.
Lorsque le manque d'air commença à lui faire tourner la tête, Harry recula, le souffle court. Il sentit un sourire béat étirer ses lèvres et ne chercha pas à le retenir.
Draco haussa un sourcil moqueur, mais un sourire identique ne tarda pas à faire son apparition sur son visage.
Deux heures plus tard, au milieu de marbres brisés et de miettes de Rapeltouts, alors qu'il s'appliquait à débarrasser Draco de son jean maléfique, Harry songea que la modération était décidément une notion bien surestimée.
FIN |