Draco finit son histoire avec les larmes aux yeux. Harry n’avait pas bougé de tout le long du récit et Draco était frustré : il aurait voulu connaître ses réactions. Il se leva tranquillement et s’apprêta à partir quand il sentit une main le retenir. Il se retourna et vit un Harry tout bouleversé essayer de former une phrase correcte :

-       J’igno… J’ignorais que tu avais connu tout… enfin tout ça…

-       Harry… On n’avait pas dit qu’on ne parlerait pas avant la fin de l’histoire ?

-       Si mais… Depuis quand on s’appelle par nos prénoms ?

-       Excuse moi Potter, je ne voulais pas aller trop vite.

-       Comment ça aller trop vite ? Je te préviens Malefoy, cette histoire je suis heureux de la connaître mais je… enfin je ne suis pas intéressé tu vois…

-       Oui parfaitement Potter. Le message est très clair. Alors maintenant si tu veux bien j’aimerais bien retourner dans mon dortoir, lâche moi le bras, répondit Draco en sentant son cœur se serrer.

-       Je… Oui bien sûr. Mais att…

-       Je ne veux pas de ta pitié Potter ! l’interrompit Draco.

-       Bien sûr, bon bah à demain soir.

-       C’est ça oui. Et à l’avenir si tu pouvais respecter les règles ce serait vraiment sympa, conclut le serpentard pressé de partir pour que Harry ne voit pas les larmes qui menaçaient de couler.

-       Oui…

Draco partit donc et courut jusqu’à sa salle commune. Il passa devant Blaise et Pansy et s’enfuit dans sa chambre. Blaise allait se lever pour le rejoindre, mais :

-       Laisse je m’en occupe, lui dit Pansy.

Elle entra dans la chambre et trouva Draco la tête dans l’oreiller, pris de sanglots incontrôlables. Elle le rejoint sur son lit et le prit dans ses bras.

-       Dray…

-       Il ne m’aimera jamais…

-       Ne dis pas ça… Il ne faut pas abandonner…

-       J’ai bien vu, la simple idée d’être avec moi le répugne…

-       Mais non Dray, oh je suis tellement désolée, s’exclama Pansy.

Elle le tint ainsi jusqu’à qu’il s’endorme, ses larmes s’étant taries.

De son côté Harry avait bien vu qu’il avait blessé le serpentard. Il avait remarqué ses yeux humides et il s’en voulut  pour avoir autant manqué de tact. Après tout Draco se dévoilait à lui. Mais Harry n’était pas amoureux… Il ne pouvait pas l’être, c’était impossible. Pourtant quand Malefoy avait parlé de son histoire pendant la guerre il s’était senti triste pour lui et avait eu envie d’être là pour le Draco qui avait été terrifié par la véritable identité de ses parents. En vérité, Harry ne savait plus quoi penser… Il décida d’en parler à Hermione. Celle-ci se trouvait en pleine lecture au coin de la cheminée quand il rentra dans sa salle commune.

-       ‘Mione…

-       Oui ?

-       On peut parler ? Ron n’est pas là ?

-       Non il est allé se coucher, mais tu veux que j’aille le réveiller ?

-       Non c’est bon…

-       Bon bah je t’écoute alors.

-       Je crois que Malefoy est vraiment amoureux de moi.

-       Bah il te l’a dit non ?

-       Oui, dans sa lettre et il l’a laisser sous-entendre plusieurs fois dans son histoire mais là…

-       Qu’est ce qui c’est passé ?

-       Bah je lui ai dit que je n’étais pas intéressé et ne le serait jamais. Il y a eu alors tellement de souffrance dans ses yeux que j’ai eu mal pour lui. J’avais envie de revenir sur ma parole, de le prendre dans mes bras, de le consoler pour ne plus jamais revoir des larmes dans ses yeux, finit Harry en mettant la tête dans ses mains.

-       Harry, pourquoi tu lui as dit ça ?

-       Parce que je le croyais…

-       Croyais ? Tu ne le crois plus ?

-       J’en sais rien, j’en sais absolument rien… Tu crois que c’est possible nous deux ? Enfin je veux dire, il y avait tellement de haine entre nous. Je n’avais jamais envisagé autre chose.

-       Je pense que si vous y croyez tous les deux alors oui ce sera possible.

-       Il faut absolument que je m’excuse demain…

-       Oui fais ça et va te coucher, tu as l’air fatigué.

-       Oui tu as raison, bonne nuit.

Hermione lui répondit par un sourire et se replongea dans se livre en se disant que en fait les garçons étaient tout aussi compliqués que les filles avec leurs sentiments.

L’heure de l’histoire du soir arriva et Harry y alla en se dépêchant, impatient de connaître la suite et d’excuser. Il s’assit à sa place habituelle et attendit Draco. Celui-ci ne tarda pas et Harry pu le sentir juste derrière lui. Sa présence, si proche, lui envoyait des frissons dans le dos, autant que sa voix qui ne tarda pas à commencer à conter :

« L’heure de la bataille finale arriva donc. Les mangemorts et leur maitre arrivèrent à Poudlard. Le directeur avait renforcé la sécurité créant un barrage magique autour de son école. Le Lord dut user d’une grande force magique pour le réduire à néant. Les mangemorts purent alors rentrer dans l’enceinte du château. Ce fut à ce moment là que le jeune homme et ses deux meilleurs amis rejoignirent leur vrai camp au grand désarroi des parents de celui-ci. Le combat était violent, les sorts fusaient de partout avec une vitesse impressionnante. Les trois serpentards se défendaient mutuellement. Puis le Héros arriva. Harry Potter apparut et le jeune homme ne fut jamais aussi content de le voir. Il croisa un instant ses yeux et lut une lueur d’approbation. Le jeune homme se félicita alors d’avoir choisi le bon camp. Car il savait qu’ils allaient gagner. Le regard du Survivant était résolu. Il ne montra jamais autant son courage de gryffondor que ce jour là. Mais vite, notre héros oublia ses pensées déconcentrantes. Ses parents se trouvaient face à lui. Le combat s’engagea d’abord timide avec des sorts de bas niveau. Cependant le père se décida vite à changer d’optique et lança le premier sort mortel à son fils qui l’évita de justesse. Sa mère suivit le mouvement de son mari et le fils sut qu’il devait alors oublier ses parents et les voir comme des ennemis prêts à tout. Après une bataille difficile, le jeune homme finit par mettre son père hors d’état de nuire. Sa mère l’insulta, le traita de fils indigne et l’injuria jusqu’à que le jeune homme la fasse taire à jamais. Les larmes coulèrent sur les joues de notre héros. Ses amis les protégèrent le temps qu’il se reprenne. Il y arriva quelques instants plus tard, juste à temps pour assister au combat final entre les deux protagonistes. Il fut de courte durée et le Survivant devint Vainqueur. La foule cria sa joie. Mais Harry Potter n’était pas heureux, le jeune homme le vit. Le gryffondor n’avait pas voulu tuer, il ne regrettait pas son geste,  certes, mais aurait aimé s’abstenir d’en venir à un tel acte. Le jeune homme voulut alors le prendre dans ses bras le rassurer, lui dire qu’il n’était pas un meurtrier et qu’il ne serait jamais comme son ennemi, mais il s’abstint. Il avait peur d’être rejeté. Quand il vit la sœur du Weasley se jeter dans les bras du Vainqueur pour le féliciter, il sut alors qu’il était tombé amoureux. Il voulait être celui qui profitait de sa chaleur, de son odeur, de ses bras autour de lui… Il ne l’aurait cependant pas féliciter, il l’aurait juste embrassé et soutenu dans ses bras jusqu’à qu’Harry oublie la guerre et ses malheurs. Mais le jeune homme ne fit rien. Il n’en avait pas le droit. Il l’observa juste et profita du peu que pouvait offrir sa vue.

La guerre avait fait des ravages et le nombre de morts était grand, beaucoup trop grand. Les derniers mangermorts furent mis en prison. Le directeur confirma le rôle d’espion qu’avaient joué les trois serpentards pendant la guerre et ils furent acquittés. Dumbledore les présenta même comme des héros, mais notre héros ne se considéra pas comme tel. Il n’en était pas un. Pour lui, il y en avait qu’un et il était amoureux de lui.

Le château fut reconstruit et les élèves furent rappelés pour refaire l’année perdue. Le jeune homme rentra donc en sixième année.

Notre héros qui n’en est pas un, te racontera la suite demain. »

Draco soupira, il avait passé le plus difficile. Non seulement l’épisode de la guerre était terminé mais en plus il lui avait montré son amour de manière très réelle. Il commença à partir et s’apprêta à descendre la tour quand il sentit des bras se refermer autour de lui. Il sentit l’odeur de Potter et sa chaleur. Son cœur s’arrêta. Harry le tenait vraiment contre lui :

-       Draco…

-       Tu ne respectes jamais rien, hein Harry ?

-       Je suis désolé pour hier, si tu savais comme je m’en voulais après hier.

-       Excuses acceptées. Je peux…

-       Tu sens bon, l’interrompit Harry, j’ai toujours ton écharpe d’ailleurs.

-       Tu peux la garder si tu veux. Je peux partir ?

-       Non je veux rester comme ça. Prends moi dans tes bras comme tu voulais le faire, s’il te plait…

Draco hésita puis se retourna et lui entoura la taille de ses bras. Potter enfoui la tête dans son cou et respira. Draco était figé. La chaleur de Harry se propageait en lui et le rendait tout chose. Il resserra son étreinte et Potter fit de même. Ils restèrent longtemps ainsi, heureux tout simplement. Puis Harry se dégagea et lui sourit :

-       Merci.

-       De… de rien, répondit Draco, rouge.

-       A demain, dit Harry toujours avec le sourire.

Et il partit, le laissant seul et particulièrement troublé.